14/05/1995; Naissance à Savannah, sixième gosse des Popescu, troisième fille, la malchance déjà aux trousses.
2000; Gosse trop calme dans une maison trop bruyante. 5 ans et déjà qu’elle suit Lavinia comme un caneton, s’emmêle les pieds dans les escaliers quand elle essaye d’aller trop vite pour pas se faire semer. Y a Valerian avec qui elle dort trop souvent, Elena qu’elle admire maladroite, y a Lucian Junior encore bébé qu’elle décide d’aimer plus que tout. Famille bancale, famille cassée, famille qu’elle aime un peu trop fort.
2001; Les amitiés qui se forment, les gamins du quartier qui se rentrent dedans. C’est Nash, c’est Malo. C’est tout ceux qu’elle aime bien trop fort même encore aujourd’hui, petite dernière qui essaye de marcher à leur rythme, envie de faire partie de ce qu’ils représentent, le cœur qui bat un peu trop fort quand ils la laissent rester.
2002;Quand ça hurle à la maison, les cris, les hurlements, les coups qui partent pour les garçons. Le regard blessé de Valerian, celui de Ioan, de Serghei. Iulia qui se rebelle, Elena trop triste. Y a que Seven qui comprend pas encore. Quand la tempête éclate elle va se cacher sous l’escalier, sous le lit, le placard dans la cuisine, fuir le bruit et les larmes.
2003;Le sang au bout des doigts, pas le sien, celui des autres. Première blessure refermée, le front de son père ouvert, alors qu’elle essaye du bout des doigts d’atténuer la douleur. C’est le début d’une liste trop longue, encore, encore, encore, ça devient une habitude, le surnom Poppy qui prend forme, la façon qu’elle a d’aider les autres du haut de ses 7 ans.
2004;La danse, ça la prend un peu par surprise, un jour qu’elle se balade, gamine pas surveillée qui s’arrête quand les gars continuent un peu plus loin. Il faut pas longtemps avant de convaincre Lavinia que ça lui servira, Lucian qui grogne comme toujours, mais y a l’argument de l’argent qui rentre facilement en jeu. Cours gratuits payés par la mairie, c’est la passion qui prend racine, un petit coin de paradis loin de la misère habituelle. Juste à elle, rien que pour elle.
2005;Popescu, sales gosses, ça lui fait mal l’insulte, à l’école quand on la repousse, à cause de Ioan et de tout ceux avant elle, à cause de ces enfants trop turbulents qui sont ses frères, ses sœurs, réputation mauvaise qui colle aux baskets. Ca la rend triste Anca, l’envie d’avoir des amies, des vraies, de ces jolies filles avec qui elle voudrait discuter. Alors à la place elle s’attache un peu plus à ceux qui veulent bien d’elle, à Sydney qui arrive, Lena qu’elle admire un peu trop. Et dans son cœur ça bat trop fort quand elle regarde Malo, premier amour, le rouge aux joues, ça la fait glousser en secret.
2006;Débordement, vie qui prend trop de place, elle essaye de garder la tête hors de l’eau. Seulement 11 ans et parfois l’impression qu’elle en a le double alors qu’elle s’occupe comme elle peut de sa famille un peu trop bancale. Y a les gens qui partent petit à petit, c’est Valerian, c’est Elena, ça laisse des vides, sentiment de trahison qui prend racine dans un coin de son crâne. Et y a la peur, peur de voir les autres lui filer entre les doigts.
2009; Y a Seven qui disparait pour la première fois, l’envie de hurler, l’envie de chialer, quand tout s’effondre un peu plus. Y a Seven qui disparait pour la première et y a comme le sentiment que ça sera pas la dernière fois. 14 ans, toujours le double sur les épaules, les chiffres qui dansent devant ses yeux sur le tableau. Première fois que ses notes chutent autant, solitude qui grandi, une corde qui s’enroule autour de son cou lentement et y a qu’elle qui la voit.
2010;Mateo ça fait boom dans son cœur. Mateo ça lui donne envie de tout. Mateo elle l’aime trop. Trop. Trop. Mateo, le genre de gars dont son père lui a toujours dit de se méfier, 17 ans et l’odeur des clopes sur le bout des doigts. Mateo pour qui elle pourrait crever. Elle comprend ce qui la frappe Anca, premier amour, ça bousille tout, ses promesses, ses certitudes, tout ça pour lui, toujours pour lui, gravé à la pointe sur sa poitrine. Bulle de bonheur, sans se rendre compte que tout vacille autour, que Mateo est un fil et qu’elle n’a jamais apprit à marcher en équilibre.
2011; Tout qui part en vrille. Tout. Tout. Elle a merdé, ils ont merdé. Il a merdé. Ca fait mal partout, l’impression que son corps brûle à chaque mot qui la touche. Larmes, trop de larmes, premier chagrin d’amour, un peu trop fort. Tout est trop fort. Le monde qui tourne plus, le souffle qui lui manque, incomplète. Morsure de la trahison sur son palpitant, Mateo qui y a laissé ses crocs, poison diffusé qui serpente dans ses veines. C’est Seven aussi, disparu encore, encore. C’est Lucian intraitable, violence sur violence, pour elle. C’est cette famille qui pèse trop, trop trop sur ses épaules. C’est le lycée terrible, jungle qui la bouffe, horde de loup qui la déchire. Le fil est cassé, elle a pas prévu de parachute Anca. Jamais.
22/05/2011; Y a du sang et pour une fois c’est le sien. Y a du sang et l’impression de partir. C’est les sirènes qu’elle entend au loin, la voix suppliante de Ioan, les hurlements dans la maison. Presque un an enfermée, presque un an à se faire traiter. Y a des mots mis sur son mal, Bipolaire, des médicaments qui s’entassent sur la table de nuit. Elle a du mal Anca, à accepter qu’il faut avancer. Et pourtant elle le fait. Pour eux. A cause d’eux. Toujours.
2012; La reprise qu’est difficile, soigner un cœur c’est compliqué, redoubler le lycée encore plus, voir ses rêves partir en fumée. Pas d’université, début de galère, alors qu’elle enchaine les boulots pourris, essayer d’amasser quelques billets qu’elle met sagement de côté. Pas pour elle, pour Seven, pour Mihail, pour Tereza. Pour ceux après elle qui n’auront pas le même avenir qu’elle. Elle espère vraiment très fort.
2014; Y a les études d’infirmière, cours du soir qui finissent bien trop tard. Ca coûte cher, c’est usant, fatiguant, elle arrive pas à suivre et pourtant elle s’accroche. Puis y a Adam qu’elle rencontre, nouveau tour de manège, grisée par la sensation, cœur qui se remet à marcher, avant de finir piétiné. Encore, encore, encore. A croire qu’elle n’a pas le nez pour les choisir. Vraiment pas. Ca lui laisse des bleus au palpitant et c’était bien suffisant.
2016; Elle aurait pu crever cette année là, dans une ruelle dégueulasse, balle en pleine tête. Elle aurait pu crever si Drazen ne l’avait pas sauvé. Venu d’autre part, c’était pas prévu, loin de là. Drazen c’est différent des autres, c’est l’accent au creux de la voix et quelque chose de dur dans un creux de son âme. Drazen il fait briller un truc, elle s’accroche à ça, presque sans s’en rendre compte, 2016 pas si mauvais, 20 ans et des galères qui semblent un peu plus légères.
2017; Tout qui dérape encore une fois, l’impression que tout n’est qu’une succession de déception. Mensonges, ça lui attaque la peau, les os, y a Mateo qui revient dans sa vie, solution trop facile, oublier l’un avec l’autre, elle a jamais trouvé mieux pour cicatriser.
2017;l’Ouragan à Savannah, ville saccagée. Ca tombe sur elle encore une fois, malchance qui la colle aux trousses, c’est une barre de fer dans le ventre qui la traverse alors qu’elle tente de se mettre à l’abris. C’est Seven qui la retrouve, allongée sur ce matelas détrempé, à deux doigts de crever. J’ai besoin de toi, des mots qu’elle a toujours rêvé d’entendre, accepter de rester pour lui quand tout est si tentant. Trop tentant. Mais elle vit.
2017;Il y a Mateo puis il y a Michael. Il y a la rage de Mateo, la jalousie de Mateo, la violence de Mateo. Il y a ses mains autour du cou d’Anca, les coups qui partent. Salope. Il y Michael puis il n’y a plus Mateo, pour la deuxième fois il la laisse sur le côté. On est pas fait pour durer. Alos elle essaye comme elle peut Anca, consoler son cœur encore une fois. Michael plus là, c’est Stefan qu’elle laisse entrer. Roumain comme elle, même accent chantant que son père, que sa mère, l’impression que c’est le bon. Vraiment le bon.
2018;Mais ça ne l’est pas. Pourtant il lui passe quand même la bague au doigt, lui promet un futur meilleur, lui et elle, même maison, des gamins pour l’occuper, colorer de bleu sa poitrine, son dos, ses joues comme un cadeau. Elle dit oui, rêve déjà de la robe, cliché guimauve à en gerber, persuadé que tout est déjà joué.
2018;Bague au doigt quand la police arrive, bague au doigt quand ils emmènent son père les poings encore en sang, bague au doigt à l’enterrement. Il a pas supporté Lucian, les traces de doigts imprimés sur le cou de sa fille, lèvre explosée, visage tuméfié. Je suis tombée dans l’escalier, excuse vieille comme le monde qu’il n’a pas avalé. Alors il a dérapé et c’est Stefan qui a payé. Enterré six-pieds sous terre, Lucian en prison pour meurtre, l’impression de pas pouvoir aller plus bas.
Alors elle mélange les médicaments avec minutie, compte les grammes pour que ça soit léthal. Elle mélange le tout avec détermination, quand elle laisse un dernier message pour Michael : T’avais raison, avant de s’allonger, nouvel essais, cette fois ci ça sera le bon. Tu parles, essaye encore
2018;Parait que ça va mieux, elle tente de relever la tête comme elle peut. Y a tout qui s’enchaine un peu trop vite, quitter la maison qui lui rappelle trop de souvenirs qu’elle voudrait effacer, Michael et elle, comme une promesse de s’aider à avancer, chercher un job et atterrir au Gentlemen’s comme une étrange fatalité. It’s gonna be alright qu’elle chantonne en nettoyant les verres derrière le comptoir, essayer de se rappeler de ce que Drazen lui a apprit pour pas se planter. Ouais, promis, ça va aller.

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