✧ Améthyste elle doit cacher ses bleus sous du fond de teint parce que le beau-père a la main lourde. Parfois aussi, il laisse tomber son futal sur ses chevilles, alors qu'il tient la pauvre fille. Mais Améthyste elle en dit rien. Sa mère le sait mais elle s'abstient. Et puis plus les années passent, moins elle est intéressante Amé. Elle quitte son corps de gamine androgyne. Et puis les courbes de la femme enfant.
✧ Enfant qui ne veut pas grandir. Surtout pas. Amé a le syndrome de Peter Pan. Petite fille perdue dans les songes. Petite fille perdue qui se ronge.  Vieillir c'est son pire cauchemar. Elle pas peur du vide, elle pas peur du noir. Elle a juste peur de voir les rides creuser son visage. Le gris qui viendra remplacer le blond. Alors Amé elle fête jamais son anniversaire.
✧ Cygne noir ou cygne blanc. Tourmente de Tchaikovski. Amé pourrait sortir tout droit d'une de ses inventions. La passion qui suinte des orteils malmenés. Des heures sur les planches, des heures sur la pointe des pieds. Améthyste un peu masochiste. Depuis gamine elle enfile ses ballerines. Se fait un nom auprès des associations. Douée, même trop. Comme si toutes ses émotions passaient par la danse. Parfois elle s'amuse dans la rue, elle accompagne les mouvements hip hop de sa touche classique. Comme un boum des cultures. Le conservatoire bientôt terminé, Amé pourra s'envoler. Trouver une troupe, et s'envoler.
✧ Superficielle. Elle essaie de se hisser parmi la haute société. Elle se tape les fils et les filles de bonne famille. Histoire d'avoir le pied dedans. Ou en tout cas d'être dans leurs draps. Cette obsession d'être invitée à ces fêtes à la con où seules les apparences comptent. Alors parfois, elle deale pour aller s'acheter des fringues hors de prix. Amé c'est pas la pauvre qui s'assume non, c'est pas Robin des bois. Elle est pas pauvre d'ailleurs, mais il manque quelques zéros au compte en banque.
✧ Mépris pour l'humanité mais l'amour des animaux. Améthyste elle aide quelques associations ici et là. Vegan, elle lutte pour la cause animale. Plus déterminée que pour sa propre cause perdue.
✧ Attachée à la nature aussi. Sans doute de par ses origines. Les paysages, l'air pur, les falaises. Le vert partout. L'Irlande dans le coeur. Amé a dû quitter sa belle Irlande parce que beau-papa avait trouvé un travail ici, à Savannah. Et après tout, c'est beau-papa qui paye tout.
✧ Amé elle pleure devant les films. Les mouchoirs éparpillés sur le canapé. Elle pleure tout ce qu'elle ne sait pas pleurer. Elle pleure la vie, l'amour, la mort, la connerie humaine, la fatalité. Sensible au cinéma, elle aime regarder les œuvres de la Nouvelle Vague. Le cinéma français l'inspire. L'aspire à travers les histoires en noir et blanc de Godard et Truffaut.
✧ Une mère docile et conne. C'est ça l'image qu'elle a de la famille. Blondie elle a jamais pu faire confiance à sa mère. Elle vacille entre la haine et l'adoration, pourtant. Cette foutue conne qui sait rien faire d'autre de sa vie que de faire la bouffe à son gros porc de mari. Elle a jamais connu son père Amé. Elle sait pas ooù il est, ce qu'il fait, s'il est vivant. Il s'est cassé bien trop vite. Pas étonnant vu le potentiel inexistant de celle qu'il a engrossé. Alors Amé elle n'a toujours eu que ça comme modèle. Une femme qui ferme sa gueule quand on violente sa fille.
✧ Paradoxale. Amé sniffe mais ne boit pas. Jamais d'alcool dans les veines déjà overdosées par le plaisir cocaïné. Elle aime pas ça de toute façon. C'est dégueulasse. Et puis il faut plusieurs verres pour être défoncé. Aucun intérêt. Alors quand on lui propose un verre, Amé elle prend un diabolo grenadine.
✧ L'eau. Amé ce qui l'apaise c'est l'eau. L'océan qui vient écraser ses vagues contre les falaises ou sur le sable. L'écume qui va et vient. L'odeur de l'eau salée. Elle va souvent sur la plage le soir pour regarder les vagues danser. Parfois, elle danse avec elles.