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Rest In Prison ▹ posts envoyés : 1934 ▹ points : 23 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : dude (avatar) tumblr (gifs) beerus (code signa) soad, white stripes (textes) ▹ avatar : rami malek ▹ signe particulier : des yeux de magicarpe
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| Sujet: samih | daire Mar 17 Avr - 15:22 | |
| Il était sûr de lui. Sûr que c’était la bonne chose à faire. Il avait retourné ça dix fois dans sa tête. Les flics ne chercheraient pas plus loin. Sam avait déjà une affaire de séquestration sur le dos à cause de Radjit et JJ pour laquelle il avait écopé, si ses souvenirs étaient exact, d’un peu de sursis, il était parmi les suspects principaux dans ces histoires de disparitions qui avait secoué toute la ville. Il trainait depuis des semaines à l’hôpital sans aller voir personne, parce qu’il n’osait pas pénétrer dans la chambre de Trixia. Mais le personnel soignant l’avait vu traîné, lui et sa sale dégaine. Tout matchait parfaitement. Mais ce n’est pas parce qu’on a un plan parfait qu’on veut vraiment l’exécuter. Et quand on se retrouve face au mur, quand on sait que d’ici une dizaine de minutes la totalité de votre vie sera remise en question, y a de quoi douter. Il s’apprêtait à renoncer à tout, absolument tout, là, dans cette vieile voiture, celle de JJ. Y avait le gosse sur le siège à côté, callé entre des coussins et rapidement attaché avec une ceinture de sécurité à moitié arrachée. Sam avait roulé un joint le dernier qu’il pourrait fumer avant longtemps. Ce n’était pas tellement pour les nerfs, il avait vidé sa dernière boite d’oxy tout à l’heure pour ça. C’était surtout pour le goût. Pour l’habitude. Il avait entrouvert la fenêtre, il fumait tranquillement, sans trop se préoccuper du bébé à côté de lui.
Il était garé non loin de l’hôpital, il avait vu sur l’entrée principale et les girophares des voitures de police garées devant dansaient devant son regard vitreux. Comme prévu, l’hôpital avait déjà signalé la disparition du gosse, une nuit plus tôt. Comme prévu, ils étaient tous là, rassemblés, à chercher des indices. À chercher Eanna. Sam allait mettre fin à leurs recherches, réglé la situation. Le plan parfait. Et comme souvent dans ces cas-là, c’est une histoire d’amour qui peut tout foutre en l’air.
Il sortit son téléphone, Daire était parmi ses derniers numéros contactés. Une sonnerie, deux. La voix reconnaissable de la rousse résonna sur les ondes. Ca aurait été plus facile si elle n’avait pas déccroché. Plus facile de laisser une message sur son répondeur. C’est moi. Qu’il déclara d’une voix vague. Je sais qu’il est tard… ou plutôt tôt. Le soleil se levait à présent. j’voulais simplement que tu saches que… d’ici quelques heures tu vas avoir l’impression que j’ai fais une immense connerie. Mais... Il pouvait encore changer d’avis, parier sur le fait que les flics étaient des incapables, prier pour qu’Eanna ne se fasse pas prendre. Mais ça foutrait en l’air l’autre partie du plan, celle qui l’avait décidé. Même si ça voulait dire qu’il ne pourrait pas revoir Daire pendant un long moment. Un très long moment. Il prit une grande inspiration. Tu vas sûrement te dire que tout part en couilles. Mais j’veux tu aies confiance en moi Daire. S’il lui disait la vérité, elle débarquerait en deux secondes et foutrait tout en l’air. Il le savait. Fallait qu’il lui mente, au moins par omission, une dernière fois. Réponds juste à ça. Dis-moi que tu garderas confiance. Ok ? Comme je vous le disais, un plan parfait peu rapidement être remis en cause pour une simple histoire d’amour, ou quelques mots balancés à travers les ondes.
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SURVEILLE TON DAIRIÈRE ! ▹ posts envoyés : 4448 ▹ points : 24 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : amor fati (av), whi (pr). sign/ tumblr (gif) lomepal (paroles) ▹ avatar : polly ellens ▹ signe particulier : elle est atypique, daire. des tâches de rousseur prononcées, l'accent bourdonnant de l'irlande du nord, la peau encrée et la clope au bord des lèvres. une balle dans la poitrine, et une nouvelle cicatrice sur son bas-ventre.
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| Sujet: Re: samih | daire Mar 17 Avr - 16:02 | |
| Une douleur sourde la propulsa en dehors de son songe, la conscience encore ensommeillée perforée par un bruit sifflant. Elle se redressa dans un sursaut en même temps qu’elle ouvrit les yeux, et vint se masser la main qui avait percuté le meuble d’appoint à côté du fauteuil. Victime d’un spasme dans son sommeil agité, vraisemblablement. Les neurones dans le coton, il lui fallut quelques secondes et une sonnerie supplémentaires pour comprendre que son téléphone sonnait, et qu’elle n’était pas à l’appartement. Le nom de Samih à l’écran, l’inquiétude spontanée dans les plis de son front. Peut-être à cause de ce qu’il avait fait, de tout ce qui leur échappait ; ou peut-être bien simplement son instinct, qui avait déjà tout compris. Compris que le monde serait toujours aussi lourd, et que les cendres seraient autant indigestes. — C’est moi. Je sais qu’il est tard… ou plutôt tôt. — Hmm ? Ça va ? Son regard glissa autour d’elle, l’éveil s’immisçant plus profondément dans ses veines. Elle ne connaissait que trop bien ce salon, ce théâtre qui l’avait propulsée trop rapidement à la personne qu’elle était aujourd’hui. Un souffle régulier transperçait à travers une couverture usée, laquelle camouflait une masse échouée sur le canapé et que l’on pouvait aisément deviner comme étant trop frêle. — J’voulais simplement que tu saches que… d’ici quelques heures tu vas avoir l’impression que j’ai fait une immense connerie. Mais... — J’te jure que si tu refais une overdose, j’t’étrangle Les mots qui avaient fusé trop rapidement, comme souvent. Daire laissait peu de place à l’hésitation et aux remords, pourtant elle regrettait déjà de s’être emportée si facilement. Elle soupira, mais ne s’excusa pas. Elle avait le sentiment que la suite n’allait pas lui plaire, et Samih vint immoler ses craintes comme une confirmation d’expédition. — Tu vas sûrement te dire que tout part en couilles. Mais j’veux tu aies confiance en moi Daire. — Je- — Réponds juste à ça. Dis-moi que tu garderas confiance. Ok ? Elle se mordit les lèvres, s’abstint d’une remarque cinglante – certainement les nerfs qui capitulaient avant d’entrer en collision. — J’t’ai toujours fait confiance Loyauté aliénée trop souvent bafouée, elle savait qu’elle aurait toujours une confiance aveugle en Sam. C’était peut-être ce qui l’amènerait à la chute, elle qui n’avait jamais eu peur de la gravité. — Sam, c’pas toi qui fait les conneries. J’comprends pas. — Qu’est-ce qu’t’as fait ? Les questions, toujours. Parce qu’elle ne tenait plus en place, qu’elle se mettait à arpenter la pièce dans un arrière-goût de désespoir. Parce qu’elle n’avait pas Sam en face d’elle, et qu’elle ne pouvait pas prendre l’ampleur de la situation. Dis-moi que mon monde ne va pas s’effondrer sous mes pieds là, maintenant, de ta main. Sans analyse, elle n’avait pas de solution. Sans solution … eh bien elle les regardait tomber les uns après les autres, impuissante.
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| Sujet: Re: samih | daire Mar 17 Avr - 17:59 | |
| J’te jure que si tu refais une overdose, j’t’étrangle Samih ne répondit rien, il ne lui en voulait même pas. Daire avait des épaules solides, mais en ce moment elle portait trop de choses. L'overdose de l'autre jour était un parfait exemple. Daire qui pliait mais ne cassait pas, Daire immobile dans la tempête. Elle tiendrait le coup, Sam n'en doutait pas, mais il espérait seulement qu'elle ne soit pas trop abimée après tout ça. Le sourire triste de son visage fatigué fut rapidement balayé par son besoin viscéral de la savoir à ses côtés, quoi qu'il arrive. Fallait qu'elle promette de garder confiance, parce que bientôt elle n'aurait plus confiance en rien. JJ était en prison, Sam ne tarderait pas à disparaître, Eanna avait fuit. Elle serait seule ou presque, avec Max et Ailish, à tenter de gérer la situation comme elle le pouvait. Et elle aurait l'impression, pour la deuxième fois, de perdre une partie de son coeur. Il le savait. Il espérait que cet appel changerait quelque chose. Mais quoi ? Le résultat serait le même. J’t’ai toujours fait confiance. Je sais. Qu'il répondit doucement, la fumée de la marijuana qu'il savourait comme la dernière volonté d'un condamné dans la gorge. Il expira bruyamment juste après. Et elle sentait que quelque chose clochait. Aussi sûrement que ce bébé commençait à paniquer dans cette voiture qu'il ne connaissait pas et qui puait une drogue qu'il fumerait quinze ans plus tard, le temps que la vie le mâchouille juste assez pour qu'il ne ressente le besoin de s'évader. Sam regarda ce nouveau-né une seconde, tentant de le calmer de sa main libre, le joint coincé entre les lèvres. Sam, c’pas toi qui fait les conneries. Il le savait ça aussi. Sam était trop phobique sociale pour ne serait-ce avec que des interactions avec autrui, à côté de ça il tentait d'être la seule valeur sûre dans cette bande de bras cassés. Enfreindre la loi pour leur donner à manger, un peu d'argent ou les aider de se sortir d'un mauvais pas, mais ne jamais aller trop loin, rester un figure paternelle acceptable. Ce genre de connerie. Ça semblait loin ce temps-là. Qu’est-ce qu’t’as fait ? Il lâcha l'enfant et reprit son joint en expirant la fumée. Rien. Rien encore. Qu'il avoua, dosant parfaitement la dose de vérité qu'il voulait bien lui accorder. J'vais l'faire là. Qu'il ajouta doucement en fixant les girophares qui continuaient d'éclairer le parvis. J'voulais te parler avant, parce que je sais pas quand est-ce qu'on pourra le faire ensuite. Sans doute très vite, quand elle arrivera paniquée au poste de police en hurlant qu'elle voulait le voir. Mais à partir de ce moment-là, ils ne pourront plus parler librement. Tout sera enregistré comme preuve pour le procès, Daire devra se tenir à leur vérité, celle que Sam avait décidé pour sauver Eanna. Et te venger de JJ. Oui aussi. Un court silence, qui ne fut possible que parce que Daire accusait le coup, enfin, sans doute. C'était ça où Sam avait déconnecté une seconde. Tant que tu te tiendras au plan, tout ira bien Daire. Tu comprendras tout très vite, j'te promets. Inspira profondément. J'aimerais t'en dire plus, vraiment. Mais tu vas essayer de m'en empêcher. Et j'finirai par t'écouter. C'est qu'elle est convaincante, et si elle se retrouvait en face de lui, il n'aurait plus envie de la quitter, de la laisser seule. |
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| Sujet: Re: samih | daire Mar 17 Avr - 18:44 | |
| — Je sais. Pourtant, il demandait quand même. Il n’insistait jamais de cette manière sauf lorsqu’il avait une bonne raison, et de taille, pour assurer ses arrières : qu’elle ne vienne pas tout foutre en l’air. Il faisait toujours ça, Sam, quand il essayait de rattraper une de leurs conneries dans laquelle elle pouvait encore venir interférer. Quand elle voulait se mêler de tout, à mieux détruire qu’arranger les situations. Il avait toujours été celui qui avait su tempérer son caractère et ses grands excès ; peut-être que c’était ce qu’il essayait encore de faire. Une dernière fois, mais ça, elle ne le comprendrait que trop tard. La confiance, c’était la sienne qu’elle avait profané. Celle de Samih, qu’elle avait mis à mal, égratignure dont elle avait eu beaucoup de peine à s’en débarrasser. Elle n’avait jamais imaginé qu’un jour, les rôles seraient inversés. Ça aussi, si elle le ressentait déjà quelque part au fond d’elle, elle n’en prendrait conscience que plus tard. Quand il n’y aura plus de marche arrière possible, quand il ne restera plus que des et si ? à la place des doutes. Et si je n’étais jamais partie à Belfast, est-ce que JJ aurait continué de dérailler comme ça ? Est-ce qu’on en serait là aujourd’hui ? — Rien. Rien encore. J'vais l'faire là. Rien encore. La mâchoire crispée si bien, qu’elle craqua lorsqu’elle ouvrit la bouche pour abandonner une question qui n’aurait probablement aucune réponse. — Tu vas faire quoi ? Les syllabes découpées distinctement, proportionnellement à l’exaspération panique qui s’enlisait dans ses veines ses muscles ses pensées. — J'voulais te parler avant, parce que je sais pas quand est-ce qu'on pourra le faire ensuite. Les mots se bousculaient dans son esprit sans qu’elle ne veuille vraiment les assimiler, comme si en fermant les écoutilles le navire ne pourrait pas chavirer. Si elle ne l’entendait pas, il ne se passerait rien. Si elle ne lui accordait pas, il ne ferait rien. Mais il ne lui demandait pas la permission. — Tu vas faire quoi ? Elle répéta, l’intonation à la dérive dans une colère envahissante. Exaspérée, mutilée, usée. Ballotée entre sa rage et ses sentiments, perdue dans des flots qu’elle ne comprendrait peut-être jamais. — Avant quoi, hein ? L’impression de l’avoir perdu ne l’avait jamais réellement abandonné depuis qu’elle l’avait retrouvé au bord du précipice. Il avait fallu frôler l’inévitable pour qu’elle prenne conscience de toute ce qu’il représentait pour elle. Il n’avait pas le droit de recommencer. Parler pour combler le vide, poser les questions pour le retenir au bout du fil. Elle avait l’impression de parler à un condamné, qui n’était déjà plus avec elle. Silence méfiant, plus rien n’avait de sens. — SAM ? — Tant que tu te tiendras au plan, tout ira bien Daire. Tu comprendras tout très vite, j'te promets. — Non. Mais il s’en fichait bien, Sam. Il n’était plus à cette frontière d’un territoire insoumis, il n’y avait plus de retenue à son attention. Il avait fait un pas dans ses cendres, puis un autre. Jusqu’à être celui qui arrivait à dompter sa contradiction, à la faire ployer le temps qu’elle se plie à sa demande. — J'aimerais t'en dire plus, vraiment. Mais tu vas essayer de m'en empêcher. Et j'finirai par t'écouter. Un rire s’échappa d’entre ses lèvres, presque venu d’outre-tombe. Fallait dire qu’il faisait très sombre, dans ses entrailles où s’emmêlaient sa rage et ses doutes. — C’est exactement c’que tu vas faire ! Tu vas m’dire où t’es, tu – ta gueule tu m’laisses finir – tu vas attendre que j’arrive, et j’vais t’traîner de force jusqu’à la maison s’il le faut. La couverture glissa dans son champ de vision et son regard se posa sur le visage endormi de sa mère. Défoncée à en perdre la raison, depuis longtemps. Depuis l’overdose de Sam, elle recommençait à venir plus souvent. Plus que pour la simple nécessité de lui déposer des billets pour régler les factures – et sa consommation. Ses épaules s’affaissèrent, un peu. Seulement le poids d’une charge supplémentaire dont elle ne percevait pas encore la nature. Mais dans son regard, c’était le brasier de la détermination. Ce même feu ravageur qui aurait pu consumer Sam intégralement. De la colère, de l’incompréhension. — Qu’est-ce qu’tu vas faire ? Une dernière tentative, la voix mitraillée par trop d’émotions. Ses doigts se crispèrent autour du téléphone, elle avait besoin d’insister. Sourcils froncés, joues échauffées. Besoin de l’entendre. — Sam, t’as pas l’droit. Le droit de quoi ? Elle ne savait même pas ce qu’il se tramait à quelques kilomètres. Il ne lui devait rien, à personne. Il avait tout donné pour eux, mais elle voulait encore lui en prendre. Assez pour qu’il revienne sur sa décision, quelle qu’elle fût, car elle était assurément stupide.
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| Sujet: Re: samih | daire Mar 17 Avr - 19:07 | |
| Tu vas faire quoi ? Elle répétait ça en boucle. Et Sam ne répondait rien. L'autre aurait voulu hurler dans le combiné, mais bizarrement, il n'a pas de contrôle, pas le moindre, Sam sait le faire taire quand il le faut, quand il a la bonne stratégie. Et c'est une stratégie parfaite. L'autre veut se débattre, dans son crâne, il veut gueuler, il veut reprendre la main, prendre le volant -littéralement, celui de la voiture- et foncer voir Daire le plus vite possible, tout lui raconter et la supplier d'empêcher Sam de faire une connerie pareil. Il ne veut pas être enfermé l'autre, pas une deuxième fois, pas encore plus qu'il ne l'est déjà. Et pourtant, c'est lui qui réclame sa vengeance depuis le début. Pas comme ça. Alors comment ? Hein ? Comment ? Y a pas d'autres solutions, cinq mois c'est trop long. Cinq mois où JJ peut préparer son retour et faire encore plus de mal qu'il ne l'a déjà fait. Si JJ sortait de taule, Sam finira pas se dégonfler, il en était persuadé. L'occasion était trop belle. Sauver Eanna, punir JJ. rester enfermer pendant un nombre encore indéfini dans une prison fédérale de haute sécurité. on n'a jamais dit qu'il n'y avait pas d'ombre au tableau.
SAM ? Qu'elle cria d'un coup dans le combiné, le ramenant sur la terre ferme. C'est dingue comme on se laisse doucement bercer par le silence apaisant du calme avant la tempête. Les dernières minutes de répit, de paix absolue, peu importe le bébé qui gazouillait à côté et la voix de Daire qui s'effritait au téléphone, parce qu'elle ne supportait pas de ne pas comprendre de ne pas pouvoir agir. Daire est une femme d'action, qui a besoin d'être au coeur de la mêlée pour se rendre utile. Mais elle ne comprenait pas qu'elle est mille fois plus utile à l'extérieur, gérant tout ce qu'il ne pourra plus gérer maintenant. Tu fais quoi si t'arrive plus à sortir ? Et s'ils t'enfermaient pour dix ans, tu ferais quoi ? Alors ce coup de téléphone, ça sonnerait comme des adieux, ça serait poétique, une vraie scène de cinéma. Samih avait un air triste en fixant devant lui et en se disant que c'était peut-être la dernière fois qu'il parlerait librement à Daire. Le calme avant la tempête avait un goût acide au final. C’est exactement c’que tu vas faire ! Tu vas m’dire où t’es, tu – Daire éc- – ta gueule tu m’laisses finir – tu vas attendre que j’arrive, et j’vais t’traîner de force jusqu’à la maison s’il le faut. Tu sais pas où j'suis. Fut la seule chose qu'il pensa à lui faire remarquer. Elle pouvait bien partir maintenant, et foncer au premier endroit qui lui passerait par la tête, ça serait toujours trop tard. Sam était à dix minutes de foutre sa vie en l'air, elle était à des heures de pouvoir l'en empêcher.
Il sentait bien qu'elle désespérait et que quelque chose de terrible était entrain de se passer en elle. Il aimerait s'excuser mais il ne le peut pas. Elle va lui en vouloir et ça va être terrible, mais elle a confiance en lui, elle l'a promis. Alors ça ira. Qu’est-ce qu’tu vas faire ? Il devrait raccrocher, mais il ne pouvait pas. Il étirait cette conversation qu'il devrait avorter, parce qu'il n'arrivait pas à lui dire au revoir, pas tout de suite. Et pourtant, il ne disait pas grand chose. Simplement de l'entendre ça suffisait, l'entendre s'énerver, partir au quart de tour. Ça lui manquera. Sam, t’as pas l’droit. Qu'elle tenta, comme pour décocher sa dernière flèche. La vérité c'est qu'elle ne savait pas du tout ce qu'il ferait. Daire serait la première à se jeter dans les flammes pour épargner un Kids. Elle comprendra, fallait qu'elle comprenne. Il se rassurait comme il pouvait, pas tellement sûr de pouvoir gérer le fait que Daire le déteste, en plus du reste. J'te jure qu'il y a une bonne raison derrière tout ça. J'vais tout arranger, pour tout le monde, tu vas voir. Daire, t'as confiance en moi, c'est ce que t'as dis. Il laissa un petit temps avant d'ajouter en tirant une dernière fois sur son joint avant de le balancer par la fenêtre. Moi aussi j'ai confiance en toi, je sais que tu vas y arriver, tu vas... tu vas y arriver sans moi. Et puis.. Non, il ne pouvait pas en dire plus, ça lui donnerait trop d'informations. Il se stoppa donc et tourna la tête vers le bébé, puis vers les lumières sur le parking de l'hôpital. Va falloir que j'y aille. Et pourtant, il ne raccrocha pas. Ultime hésitation, sans trop savoir si elle venait de lui ou de l'autre. Sans trop savoir ce qu'il voulait ajouter après ça. |
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| Sujet: Re: samih | daire Mer 18 Avr - 21:36 | |
| — Tu sais pas où j’suis. Putain. Elle balaya la remarque de la main en levant les yeux au ciel d’un air exaspéré, mais ses doigts ne rencontrèrent que de la poussière, et ses prunelles une absence misérable. Les mots se percutèrent dans son encéphale en surchauffe, consciente qu’elle pouvait bien claquer la porte, elle n’avait aucune idée de l’endroit où il pouvait être. Elle savait qu’elle ne le trouverait ni à l’appartement, ni à la supérette. Elle n’avait pas le temps d’arpenter tous les quartiers de Savannah l’infâme, à pieds comme à bécane rien ne serait jamais assez rapide pour contourner le gouffre qui les séparait. Ce fossé béant qu’il instaurait de lui-même, sans lui laisser le choix. Crevasse qui allait prendre trop de place au fond de son âme, quand elle ne saura plus comment la combler. Elle avait les pensées dans la tourmente, Daire, l’agitation fébrile dans chaque parcelle de son corps. Incapable d’accepter que la fatalité puisse intervenir dans cette histoire, que Sam puisse s’être envoyé à l’abattoir. La décision était prise avant même qu’elle ait décroché son putain de téléphone, et elle enrageait. De cette distance inconnue qui les séparait, de ses paroles incompréhensibles, de son impuissance dans ce monde pourtant en suspend – et de tout ce qu’elle ressentait qui lui tiraillait les entrailles, qui ne demandait qu’à lui déchirer le cœur. Ajouter de la rouille à la ferraille de son cœur balafré, pour qu’elle en crève doucement. Elle s’emportait et il la laissait faire. Elle avait la violence au bout des doigts, les jointures de ses mains blanchies par l’accumulation de trop de rage, et il ne réagissait pas. Elle lui crachait sa fureur désespérée sous l’ombre des tourments en devenir, et son silence était une exécution. Le sang martelait ses tempes dans cette incompréhension cuisante, de cette impossibilité d’avoir des réponses. De ne pas pouvoir mettre des mots sur des actes, de ne pas pouvoir comprendre de quoi il en retournait. Elle venait seulement de réparer son téléphone victime d’un éclat de rage suite à son appel avec JJ, qu’elle était déjà à presque rien de le fracasser à nouveau contre un mur. — J'te jure qu'il y a une bonne raison derrière tout ça. Sa voix transperça le magma de ses veines, s’apposant dans le chaos comme un combustible supplémentaire. Au lieu de l’apaiser, Samih décupla sa colère. Sauf que ce n’était pas son rôle ça, putain. — J'vais tout arranger, pour tout le monde, tu vas voir. Daire, t'as confiance en moi, c'est ce que t'as dis. Il lui parut si lointain dans le grésillement des ondes, bien plus que de manière physique. Au fond de sa poitrine lacérée, sa vieille solitude vint reprendre le bout de place qu’un égyptien forcené était parvenu à conquérir. — Arrête d’faire ça, joue pas sur les mots. C’est bon Sam tu peux arrêter d’faire le bon samaritain pour une fois ! — Moi aussi j'ai confiance en toi, je sais que tu vas y arriver, tu vas... tu vas y arriver sans moi. Et puis.. Soupir excédé, pincement des lèvres pour ne pas cracher une insanité, et puis l’immobilisation sur place. — Hein ? Tu vas y arriver sans moi. Tu vas y arriver. Sans moi. Sans moi. Et cette poignée de lettres douloureuses tourna en boucle dans tête, encore et encore, piétinant les vestiges d’un empire qu’ils avaient mis trop de mois à construire. Soufflant dans les cendres entassées, de nouvelles poussières de rien, de tout, d’eux-mêmes. Des brisures de vie défragmentées, comme les bouts de verre qui avaient si souvent jonchés leurs pas. En cet instant, elle n’aurait su dire que d’entre Samih et elle partait à la dérive – mais ce qui était certain, c’était qu’il n’y avait plus d’ancre à laquelle se retenir. Ni d’obstacles contre lesquels s’échouer s’écorcher se fracasser. Aussi tumultueux que lui étaient apparus les flots, la tempête n’était en réalité que dans sa tête. Samih s’était tracé un chemin sans encombre, et sans elle. — Qu’est-ce qu’tu racontes ? Son cerveau avait assimilé l’information beaucoup trop rapidement, si bien qu’elle avait ricoché dans sa boîte crânienne sans prendre le temps d’être réellement comprise. — Comment ça ‘sans toi’ ? C’quoi cette merde ? Tu t’casses d’ici ? Boum boum boum. Ses prunelles déboussolées qui ne trouvèrent plus de point d’ancrage, comme si la pièce avait disparue et qu’elle se trouvait déjà au fond des abymes. S’il n’y avait pas eu le semblant de cadavre de sa mère endormie sur ce canapé de misère, peut-être bien qu’elle les aurait trouvées, ces abysses. Toujours bancale, Daire. Toujours trop vindicative à se battre pour ne récolter que du vent et ne semer que de la poussière. Tu vas y arriver sans moi. Condamnation, exécution, disparition. Mais dans quel sens ? — Tu vas … Tu veux … Enième soupire exaspéré, incapable de prononcer l’inconcevable. — P’tain on dirait qu’tu vas te tirer une balle ! … C’pas ça hein ? Tu vas pas faire CETTE connerie ? Silence des âmes éperdues, dilapidées à la potence. — Va falloir que j'y aille. — MAIS PUTAIN BON SANG NON ! Inspiration. — MERDE MERDE MERDE ! Samih Scully si tu t’casses, j’vais te faire la peau ! Chute libre.
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| Sujet: Re: samih | daire Mer 18 Avr - 23:35 | |
| Il entendait ses souffles saccadés, à bout d'souffle, à bout d'nerfs, à bout tout court. Daire était à bout, il sentait tout ça comme si c'était sa propre angoisse. Et pourtant la sienne était précise, définie, pour une raison qu'il connaissait parfaitement. Mais elle, elle ne savait rien, elle nageait dans les ténèbres sans savoir quoi craindre. Et ça le tuait de passer ce coup de téléphone, de devoir lui faire ce qui se rapprochait d'adieux. Chacun d'un côté et de l'autre de la ville, accrochés à ce smartphone, à ces derniers moments en tête à tête. Ou presque, le bébé gazouillait encore. Mais il n'avait pas le choix, y avait une bonne raison dernière tout ça, il allait tout arranger. Et toi ça t'arrange. s'enfermer dans une nouvelle routine, toxique, terrifiante, mais une nouvelle routine. Là où il n'y avait rien qui n'était pas millimétré. Là où il pourrait aller au bout de ce qui traversait son esprit depuis des années maintenant, depuis qu'il avait trouvé Assia sur le sol de son salon : se venger. Arrête d’faire ça, joue pas sur les mots. C’est bon Sam tu peux arrêter d’faire le bon samaritain pour une fois ! Un sourire en coin fendilla son visage fatigué. Usé par tout ça. Maintenant que tout s'était déjà fracassé contre son crâne, y avait plus rien qui pouvait empirer la situation. Rien qu'il n'aurait déjà anticipé. Tout s'était déjà cassé la gueule de toute façon. Alors quoi ? Alors il ne pouvait pas se mettre à être égoïste, il l'avait trop été tous ces mois, a refusé de voir la vérité, refusé de comprendre ce que l'autre criait déjà dans un coin de sa tête, refusé de comprendre ce qu'il savait déjà depuis longtemps. C'était JJ. Ca avait toujours été JJ. C'était JJ depuis le début. Il n'avait rien empêché, ni pour Assia, ni pour Trixia, ni pour Eanna. Mais ça, il pouvait l'empêcher. Et tout arranger. C'était sa mission, n'est-ce pas ? J'ai signé pour ça, pas vrai ? Il répétait ces propres mots, ceux qu’elle avait balancé, étouffée par la rancoeur de leurs secrets pas encore dévoilés. Il s’en souvenait et pourtant ça semblait si loin maintenant, hors d’atteinte. Dans un coin de sa mémoire, enflammé dans son coeur. Il avait signé pour ça, il avait promis de veiller sur eux, chacun d’entre eux. Même les plus allumés. Daire n’avait jamais oublié de l’empêcher d’oublier.
C’est pour ça qu’elle y arrivera si bien, sans lui. Qu’elle fera une parfaite chef de meute. Elle en avait plus l’allure que lui de toute façon. Et là il sentit la brisure, il entend presque le crac que fit son coeur dix secondes après que les mots furent balancés. Le coeur de Sam loupa un mouvement, en même temps que celui de Daire s’emballait, il l’entendait au téléphone. Hein ? il garda le silence, soudain muet. Qu’est-ce qu’tu racontes ? Ses phrases étaient ponctuées d’angoisse, et tout ça électrisait l’égyptien de peur. Il se passa une main tremblante sur son front et tira une dernière fois sur le joint, la dernière et longue latte avant un bon bout de temps. Sam, tu peux pas lui faire ça. Tu peux pas lui faire un coup pareil. Ultime instant d’hésitation, ses doigts se reserrèrent autour de son téléphone, sans qu’il ne puisse les contrôler. Il entendait ses souffles, comme si ça lui poinçonnait le coeur à chaque fois. Elle listait tout ce qui lui passait par la tête, à mille lieux d’imaginer ce qui se tramait vraiment. Elle ne pouvait pas deviner, elle ne pouvait pas savoir. pas avant que ça soit trop tard. P’tain on dirait qu’tu vas te tirer une balle ! … C’pas ça hein ? Tu vas pas faire CETTE connerie ? Il lança le mégot par la fenêtre, il avait soudain les larmes aux yeux. Mais plus rien ne sortait. Il devait tout garder, rassembler toutes ses maigres forces. Faut qu’il y aille.
Il gueule, elle le rattraper de la seule manière qu’elle peut. MERDE MERDE MERDE ! Samih Scully si tu t’casses, j’vais te faire la peau ! Tout résonnait en lui trop fort, et le vacarme redoublait dans sa tête, en désespoir de cause, l’autre hurlait lui aussi. Parce qu’il était réellement en train de faire la pire connerie qu’il n’avait jamais faite. Tu t’rends pas compte de ce que tu nous fais. Sans doute. JJ avait détruit son système, il n’était même plus capable de réfléchir. Tu comprendras tout très vite. lâcha-t-il dans un souffle, la voix brisée. Il éloigna le téléphone prêt a raccroché. Une seconde d’hésitation suspendue son geste. Je… il se stoppa d’un coup net étouffé par sa propre peur. T’oses pas lui dire hein. il était figé complètement sur pause. Y avait que la voix de l’autre qui résonnait dans son crâne. Après ce coup-là, elle t’aimera jamais aussi deux, trois, quatre secondes. Je compte sur toi. sa décision était prise la seconde d’après. Il raccrocha. |
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SURVEILLE TON DAIRIÈRE ! ▹ posts envoyés : 4448 ▹ points : 24 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : amor fati (av), whi (pr). sign/ tumblr (gif) lomepal (paroles) ▹ avatar : polly ellens ▹ signe particulier : elle est atypique, daire. des tâches de rousseur prononcées, l'accent bourdonnant de l'irlande du nord, la peau encrée et la clope au bord des lèvres. une balle dans la poitrine, et une nouvelle cicatrice sur son bas-ventre.
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| Sujet: Re: samih | daire Jeu 19 Avr - 0:41 | |
| — MERDE MERDE MERDE ! Samih Scully si tu t’casses, j’vais te faire la peau ! La menace intangible qui percuta les ondes en ne trouvant pas même un écho, le cri qui fracassa le néant en ne s’éteignant que dans la distance. Quelque chose lui échappait, et pas seulement. Tout un monde dont elle avait pris conscience récemment était en train de se dissoudre pour ne devenir qu’une parcelle supplémentaire à la sécheresse du désert de son existence. C’était inhérent à son être ; les pas de travers, à faire semblant de pas entendre, trop aveuglée dans son cataclysme alors qu’au fond d’elle tout était assimilé instantanément. Sam était là, quelques instants, et puis il n’était plus. Non, il était beaucoup trop loin, à l’entendre se déchirer à l’autre bout de fil, à ne rien faire pour étouffer la plaie qu’il avait ouvert en quelques syllabes écorchées. — Tu comprendras tout très vite. La voix brisée de Sam entra en collision avec les battements effrénés de son cœur, prêt à s’arracher de sa poitrine pour se faire la malle. Peut-être qu’il était là le problème, cet organe qu’on avait déjà essayé d’abattre et qui s’accrochait désespérément pour mettre à feu et à sang son monde de misère. Du souffre dans ses traces, de la rage dans ses veines, de l’insurrection dans ses mots ; tout n’était toujours que désolation. Danse infernale qui n’avait de cesse que de réduire à néant tout le bien qui pouvait l’entourer. Peut-être que sans son myocarde, elle n’aurait jamais eu à prendre cette balle pour son frère. Peut-être qu’elle ne serait jamais partie, qu’aucun Kids ne lui en aurait voulu, que JJ n’aurait pas déconné, que Nana n’aurait pas pris la fuite. Peut-être qu’elle ne se serait jamais déchirée avec Samih, qu’ils n’auraient jamais eu à se rendre des comptes, que les inadaptés sociaux qu’ils étaient à leur manière n’aurait jamais trouvé un écho troublant et complémentaire chez l’autre. — J’déconne pas, ne t’avise pas de raccrocher ! Peut-être que s’il ne s’était jamais rien passé entre eux, elle n’aurait pas eu l’impression de perdre une part de son âme. — Dis-moi où t’es. Peut-être que si son cœur n’en était jamais venu à battre de cette manière pour lui, il ne lui aurait pas arraché de sa cage thoracique pour le dissoudre dans le dernier bastion encore debout entre eux. — Je… Souffle suspendu à ses lèvres fantomatiques, dans l’attente d’une lueur. D’un espoir qu’il ne resterait pas que des ruines après cet appel, qu’il n’allait pas tout foutre en l’air comme son appel le laissait présager. Dans le vacarme assourdissant de ses pensées et du sang qui martelait ses tempes, elle essaya de capter le moindre son. Le moindre mot qu’il essayait de prononcer, le moindre bruit qui l’entourait. Elle voulait tout entendre, ses pensées, sa voix, son environnement. Une indication, tout pour le rejoindre, un rien pour ne pas le laisser tomber dans le précipice. Sauf qu’elle ne trouva rien, seulement un désastre. — Je compte sur toi. — BORDEL NE RACCROCHE PAS Son ordre impuissant beuglé dans le vide ne rencontra que la tonalité signalant la fin de la communication, et s’emmêla dans un cri de rage qui se répercuta contre les murs du salon sans plus aucune retenue. C’était certainement le bruit que faisaient les âmes, lorsqu’elles tombaient de leur piédestal. Elle tituba sur quelques pas, une douleur la foudroyant sur place. Elle avait comme un arrière-goût d’abandon, comme l’acidité des adieux silencieux au creux de ses entrailles. « Daire ? Mon bébé ? » Le surnom dans cette voix écorchée, mêlé au chaos de la conversation qui venait d’avoir lieux, lui donna la nausée et elle dût se faire violence pour ne pas recracher de la bile sur le plancher. Sa mère s’ébranla imperceptiblement sur le canapé, un bras trop maigre s’échappant de la couverture pour venir tâtonner sur la table basse à la recherche de sa survie destructrice. Sa fille l’a regarda faire, d’un regard vide pourtant empli du désespoir de l’enfant oubliée, de la détermination de la jeune femme révolutionnaire, de la colère encore et toujours de celle qui avait trop à dire. Dans les traits en décomposition d’une beauté irlandaise fanée, murmuraient les fantômes des disparus. Son père, sa sœur, son frère. Sa mère, d’autrefois, d’avant la chute. Toutes ces personnes qui l’avaient laissé derrière sans un regard. Toutes ces personnes pour lesquelles, pourtant, elle oubliait encore de vivre – jusqu’à leur donner sa vie. Sam, ne m’abandonne pas. Pas toi aussi. Daire se détourna de sa mère dans une once de dégoût et de mélancolie, ramassa rapidement ses affaires, enfila son casque et claqua la porte dans la rage du désespoir. Abandonnant encore une fois sur le pallier, une enfant écorchée. Sa loyauté la ramènerait ici, comme toujours. Mais pour l’instant, elle était vouée à quelqu’un d’autre. Quelqu’un à retrouver avant qu’il ne soit trop tard. Elle devait sauver Samih.
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| Sujet: Re: samih | daire | |
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