01 ; Géniteur absent, tu rageais d’un père qui ne connaissait même pas ton existence. Il était de passage dans les draps de ta mère, elle n’est même plus sûre de son visage ou du moins c’est ce qu’elle t’a raconté. En réalité, tu as bien vécu sans cette figure jusqu’à l’arrivée d’un père de papier.

   02 ;Tu as décidé assez jeune d’avoir une crinière si longue. L’objectif était que l’on cesse les moqueries sur les longs cheveux de ton meilleur ami. Voyant que les autres enfants avaient peur de toi, mais pas de lui, tu as laissé pousser tes cheveux pour qu’ils aient peur de rire de vous deux.  

   03 ;  Anarchiste sans le savoir, tu as toujours eu l’autorité en horreur. Prêt à détruire toute chose qui tenterait de prendre le dessus sur toi, c’est pour ça que tu as trop de mal à rester le cul visser sur une chaise quand ton professeur t’intime de te taire, de cesser de te balancer, de faire ci ou bien cela. Cracheur professionnel, c’est ta salive ou tes molards qui a finit sur plus de gueule que de trottoirs.

   04 ; Exemplaire, tu ne l’es pas. C’est ton casier judiciaire qui le dit, une petite tripoté de délits mineurs, et un plus gros qui t’as amené en taule. Comment tu pouvais savoir que le type que t’avais tabassé l’autre soir -t’avais tes raisons- c’était un flic ? Il savait pas très bien se battre pour un gars de la maréchaussée.

   05 ; Un souvenir, des mains à l’allure rocailleuse. Le golem frappe, le golem cogne, et toi tu saigne mais tu ne dis rien. Pleurer serait un aveux de faiblesse, ça ferait paniquer encore plus ta mère qui supplie. Tu maudis son nom qui est le tient, tu maudis son air de faux père, tu pris pour qu’il n’ait pas d’enfant. Restes seul, c’est mieux.

   06 ; Amoureux, tes yeux ne quittent plus les siens. ça y est enfin, t’es heureux à dix-sept ans. T’as le coeur qui fait trois fois la taille de tes poumons, l’estomac en vrac quand tu la vois. Ses lèvres contre les tiennes ça te fait du chaud pour l’hiver, sa vie et la tienne, équation simple de un et un font trois. Tout à craqué, mais vous aviez décidé de le garder.

   07 ;  Tu te souviens qu’il pleuvait pas ce jour là. Il faisait même beaucoup trop soleil, ça manquait de nuage. Tu te souviens la première fois que t’as vu sa bouille, t’étais déjà fou d’elle. Pourtant sa mère a paniqué, t’as vu ses larmes et la folie montante dans ses yeux. Tu l’as vu s’écrouler à la vue d’un enfant, et partir loin, très loin de vous.

   08 ; De la taule t’en as fait et c’est pour ça que t’as si peur d’y retourner. être enfermé, confiné, constamment surveillé, ça a fait vriller ton mental pendant un moment. ne voir les gens qu’à travers une vitre ou des barreaux, devoir serrer tes poings, ne cogner que les murs à en faire saigner tes phalanges, imaginant que le crac que tu entends, c’est le cartilage d’un nez qui s’écroule sous tes coups. De la taule t’en as fait, un an, et plus jamais.

   09 ; T’as un rêve, pleins d’éprouvettes et de bouquins. T’as un objectif enfoui, des recherches, des recherches et toujours plus de recherches. Soif de savoir, curiosité morbide que tu te refuses à montrer, tu veux être chercheur. On te rirait au nez si tu osais le dire.

   10 ;  Il y a un ange dans ta vie, elle a la peau douce et le sourire ravageur. C’est quand tes yeux rencontré les siens que tu te calmes, tu crèverais pour cet angelo. Elle n’a rien de toi si ce n’est la blondeur de ses cheveux, le bleu de ses yeux. Arrivé par erreur, t’avais jamais commandé un tel paquet, pourtant tu l’aimes réellement, c’est ta fille, ta bataille, ton idéal. Si t’es pas mort encore, c’est bien parce qu’elle est là.