tu voulais marquer le monde au fer rouge de tes phalanges.

john c'est le quatrième d'une longue lignée de rednecks. dans la famille sheridan on demande daisy la mère, gordon le père, peter le premier, qu'est suivi de bethany, cindy, john qui se place juste ici, et qui après lui a pu rencontrer - ou non - priscilla, henry, billy, charity, ed et enfin mary.

se faire élever par un sheridan, c'était très tôt se faire envoyer dans la forêt avec papa, pour chasser la cerf, le biche, le lapin. c'était aussi supporter les karaokés foireux de maman, applaudir en fin de course par fierté. c'était la première bière à onze ans, devoir subir les courses de bagnoles tunées - c'était pas glorieux, et dès le départ john savait qu'il était en décalage. john il en avait marre de cette ambiance, et surtout il voulait plus. il voulait pas rester dans ce bled qui puait la pisse et la bière à même pas deux balles, il voulait plus qu'une vieille bagnole retapée, il voulait faire grand, aller en ville. alors il s'est mis à bosser pour ça, dur, mais ça suffisait pas forcément. c'est à sa mère daisy qu'il a demandé un surplus, surplus qu'elle lui a donné au départ de bon coeur, et que maintenant elle veut récupérer - elle a jamais cessé de le rappeler pour lui souffler sa dette.
c'est à 18 ans que john se taille, se tire, qu'il veut prendre ses clics et ses clacs, partir dans une grande ville, aller à l'université. la veille du départ, ça a pété si fort que le père s'en est jamais vraiment remis - faut dire qu'il voyait en lui, tout comme peter son premier, une bonne descendance, de quoi perpétuer les sheridan en georgie. y'a eu des larmes, y'a eu des cris, y'a eu sa valise puis son départ. parce que john il avait déshonoré le bail familial, parce que john, selon son père, il se croyait au-dessus d'eux, pompeux, ingrat, richard de ses couilles.

il a fait de longues études dans la finance, dans le marketing, des choses que bitaient pas forcément la famille - dont un seul voulait bien le soutenir, billy, même si à son départ il avait que 8 ans - dans une université - nom au choix, elle peut être la meilleure comme la plus moyenne. dieu qu'il y arrive john, il sort pas major, mais il sort fier, il sort avec de superbes notes, puis des idées. avec son associé(e) ils se lancent dans la création d'une boîte qui prône l'envoi rapide aux meilleurs prix - purement et simplement partisans de la surconsommation. faut dire que john, la misère des sheridan c'était pas pour lui. il en avait plein le cul de la boue, des viscères de bêtes et du bide gras devant le foot.

ça s'est lancé, lancé si vite que lui-même il a pas percuté. après ça, papa et maman sont vite revenus lui téléphoner, lui demander un peu de rab - même cindy, même bethany, un peu tous voulaient quelque chose de lui. john il a jamais répondu à ceux qui lui ont tourné le dos - c'était comme s'ils étaient morts. y'a qu'avec billy qu'il a gardé de bons contacts, y'a qu'avec billy qu'il a eu des retours, et à qui il a bien voulu filer de la thune.

la suite est totalement libre. il peut s'être marié, avoir divorcé, il peut avoir vécu des emmerdes ou autres, c'est le flou pour moi et je vous laisse le flambeau.

puis y'a eu l'entrée en bourse y'a quelques mois, puis y'a eu la chute de son empire. la chute totale. ça a coulé. ça a coulé si fort qu'il devait tout et rien à tout le monde. ça a coulé si fort que son appartement gigantesque n'était même plus. alors john a chopé le premier bus, après des mois de galère. alors john s'est dirigé vers savannah, là où habitait son frère. là il a son sac sur le dos, il est prêt à toquer à sa porte. parce que plutôt crever que de retourner chez papa et maman. parce que ça doit être le moment d'avoir une épaule sur laquelle se reposer - après la chute dans le noir.