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 (you can have this heart to break), nivak

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MessageSujet: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyLun 9 Juil - 21:49

Novak.
Il s’appelle Novak.


Même des heures après, Niamh a encore du mal à se faire à l’idée. Les paroles de Daire lui semblent étrangement lointaines, et alors que le temps passe, elles deviennent de plus en plus insensées. Il s’appelle Novak, qu’elle a dit. C’est impossible - Novak est mort. Du moins, ça fait deux ans que l’irlandaise en est persuadée. Deux ans qu’elle se le répète, qu’elle s’en convainc. Aucune autre option. Novak est mort, Novak est perdu. Et pourtant une partie d’elle a toujours voulu croire le contraire, s’est raccroché à un morceau d’espoir stupide qu’il était parvenu à sa cacher, comme elle, qu’il était parvenu à se faire oublier, comme elle. Qu’il s’était rappelé de ce qu’elle avait dit, Savannah, mon frère est à Savannah, et que le destin finirait par les réunir. Mais elle avait pas voulu y croire - pas après que les autorités irlandaises l’ait relâchée, et que la prison ait été évitée. Pas après que tout lui hurlait que Novak s’était sacrifié, que Novak avait sauvé sa vie en échange de la sienne. Que les serbes ne l’avait laissée tranquille que parce qu’il leur avait donné ce qu’ils voulaient - sa vie avec. Amertume au fond de la gorge, Niamh avait fait son deuil. Avait passé deux ans à se répéter qu’il ne pouvait être que mort. À ne pas savoir l’oublier, à essayer de lui rendre hommage comme elle le pouvait. À se rappeler de lui, à continuer de penser à lui, son coeur qui continue de battre pour lui, stupide stupide stupide, et pourtant inévitable. Le serbe dans la peau, dans les veines, un passage si bref à New York et pourtant sa vie calquée sur ces morceaux de bonheur et de vie partagée. Stupid Serbian, qu’elle avait reniflé pendant deux ans. Le serbe dans la peau, littéralement, l’encre noire sur sa peau pâle, le souvenir de Novak, dans sa tête, sur son poignet. Novak est mort, et pourtant Daire l’avait regardé sans mensonges, sans prétention. Il s’appelle Novak. Pourquoi ?

Parce que Novak devrait être mort.

Niamh essaie de respirer, essaie de ne pas se plier en deux sous les coups dans ses tripes. L’estomac noué, si serré que ça fait mal, tremblante des pieds à la tête, ça ne se peut pas après tout. Elle ferme les yeux, inspire l’air humide de Savannah, laisse retomber sa tête contre la brique. Ça n’a pas été difficile de trouver l’adresse que Daire lui avait refilé, pas difficile de repérer l’immeuble, et elle s’était mordu la langue en pensant, yeah, that’s his kind of place. Ça doit être un autre serbe, un autre Novak, ça ne peut pas être lui, et pourtant ça ne peut pas ne pas être lui. Les tatouages, l’allure, tout, la description de Daire est parfaite en tout point, parfaite pour lui détruire pour de bon le coeur si ce n’est pas lui. Les coincidences pareilles ça n’existe pas, et pourtant il semblerait que si. Ça ne serait pas si fou, si c’est vraiment lui, après tout elle lui a parlé de Savannah, après tout il savait qu’elle voulait venir, ça lui a juste pris deux ans, deux ans à errer dans le reste du monde, deux ans à le croire mort. Niamh s’est accoudée à l’immeuble, elle attendra trois jours sous la pluie s’il le faut, elle doit savoir, elle doit juste savoir. Si c’est lui, si ce n’est pas lui. Incertaine de vouloir le savoir, et pourtant plantée là, encore nourrie d’un espoir qu’elle essaie de rationaliser sans en être capable. Breathe. Elle expire, rouvre les yeux. Scrute l’horizon, les passants. La gorge nouée, le coeur frénétique. Ça résonne dans sa tête, ça résonne fort, tambours puissants, Novak, Novak, Novak. Could it really be you ?

Et alors ses yeux repèrent une silhouette. Des larges épaules, une démarche calme pour la stature. Les lèvres de Niamh tremblent, alors qu’elle se redresse sur ses pieds. Son souffle se coupe, son coeur cesse un peu de battre. Elle le voit, il est là, il marche en sa direction. Pas un rêve, pas une hallucination - Novak est là. Elle le regarde marcher, et y’a quelque chose qui bouge, en dedans d’elle, autour d’elle, elle en sait rien. Quelque chose qui se déplace et qui se met en place, quelque chose qui se casse pour mieux s’assembler, quelque chose qui se remplit là où y’avait un creux, quelque chose qui se décide en elle, et qui ne dérogera plus jamais. Novak. Elle a envie de sourire, mais elle peut juste le regarder. He’s there. He’s not dead. Elle ne le croit pas, elle a peur que ce ne soit pas réel, et pourtant il est là. La même dégaine, les mêmes tatouages, les yeux de Niamh se remplissent de larmes mais ne glissent pas sur ses joues, elles restent juste là, brouillant légèrement sa vision, mais pas assez pour qu’il ne disparaisse. Novak est là. Daire avait raison. C’est lui. Revenu d’entre les morts, des spectres du passé, pour revenir se poser dans le présent, en vie, en vie, en vie. Ici, à Savannah, là où elle a dit qu’elle serait. Il est là. Elle déglutit, Niamh, essaie de se reprendre. Relève un peu le menton, ouvre les lèvres pour se remettre à respirer. L’air passe difficilemment sa gorge, c’est un peu sifflant, elle l’ignore. Elle est secouée, l’irlandaise, elle a perdu pied, autant qu’il lui semble retrouver un équilibre qu’elle avait cru perdu.

« Hey. » Elle renifle, la voix qui se fissure un peu. Grande Niamh, debout là sous le soleil montant à l’horizon. Les jeans troués et le t-shirt trop grand, les cheveux en tresse presque entièrement en dehors de l’élastique qui s’accroche vainement à des mèches rousses trop fines. Niamh qui retrouve Novak. Novak qui retrouve Niamh. Puis elle remarque l’air amoché, qui ne l’avait pas troublée tellement elle a été habituée - les bandages, l’épuisement dans les traits. Coup de poignard au coeur - Novak en vie, Novak entier, ou presque. Elle renifle encore, secoue légèrement la tête. Sourire instinctif qui se dessine sur ses lèvres. « What the fuck happened to you again ? » Juste un peu de malice, juste un peu d’incompréhension - et juste un peu de bonheur de la familiarité du passé retrouvé.


Dernière édition par Niamh O'Leary le Jeu 12 Juil - 5:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyMar 10 Juil - 17:20

▼▲▼



Pas en état de conduire. Le bras trop faible pour ça, et la fatigue trop étouffante pour qu'il ne décide de faire l'imprudent. Rex lui avait dit, j'te raccompagne, Rex lui avait dit, j'vais aller au Smoking Dogs à pied, embarquer Mandy, et on ira chercher ma bagnole après. Rex avait dit, t'en fais pas. Et Novak n'avait pas protesté. Le morceau de verre à l'arrière de son bras avait été enlevé, et un grossier bandage empêchait le sang de goutter partout sur les sièges. Le même autour de sa taille — mais va te falloir de sérieux points de suture, mon pote, que Rex avait dit. Rex qui avait promis de ne dire que le strict minimum à Malo. Novak viendrait lui-même. Après avoir dormi une heure ou deux, après avoir grossièrement fait les points de suture qu'il avait refusé de voir le nettoyeur exécuter. Rentre chez toi. Et Rex avait acquiescé. Voiture garé à l'habituel distance du bloc où le serbe vivait. Et les deux hommes s'étaient séparés — l'un repartant vers le bar, et l'autre traînant péniblement des pieds jusqu'à son appartement, dans l'espoir d'y trouver du repos. Du fil et une aiguille. Et suffisamment de vodka pour faire passer une douleur qui était en train de le tuer.

Avancer. Ne pas faiblir, ne pas s'arrêter. Rester en perpétuel mouvement, malgré la douleur qui lui sciait le flanc, et celle qui lui déchirait l'arrière du bras. Il sait que les bandages ne retiennent plus rien. Que le sang est en train de glisser dans sa manche, le long de son bras, de son poignet, de ses doigts. Qu'il a transpercé les bandes et le t-shirt, au niveau de son abdomen, et s'étale paisiblement sur le vêtement. Étend son influence par capillarité — et seule la veste grossièrement rabattue par-dessus, malgré la chaleur qui lui donne envie de l'ôter, empêche d'offrir à la vue du monde encore endormi la gravité de son état. Il était tôt. Trop tôt pour que les rues ne soient déjà animées — et le serbe n'en était pas mécontent. Le silence, la paix. Les quelques restes de partys, les pneus qui crissaient non loin. Mais personne pour venir l'interpeller. Tant mieux.

Avancer. Bientôt, l'immeuble est en vue. Ses yeux se posent sur la porte du hall. Son objectif, si précis. Ciblé. Objectif soudainement arraché à son attention par la silhouette se tenant à ses côtés.

Chevelure rousse. Un air sauvage, qu'il aurait reconnu entre mille. Une dégaine si familière. Des traits qui firent s'arrêter son coeur, un instant. Et malgré la douleur et la fatigue qui le terrassent, malgré la faiblesse qui rend sa vision trouble, il la voit. La reconnaît. Songe éveillé. Niamh.

Il a ralenti l'allure, un instant. Ses paupières clignent, mais lorsqu'il les rouvre elle est toujours là. Comment est-ce qu'elle peut être là ? Ses jambes s'actionnent à nouveau. Il continue de se rapprocher. Même pas lent, même démarche abîmée. Blessée. À tout instant, il pourrait tomber. S'effondrer sous la douleur qui le déchire, cette douleur qu'il n'avait pas ressentie depuis bien longtemps. Et qui, cumulée à la fatigue, physique, psychologique, l'épuisement d'une vie à encaisser, était en train de le terrasser. Avance, Novak. Elle ne bouge pas. Elle est toujours là. Plus proche à chaque pas. Si proche. Avance, Novak. Elle ne peut pas être réelle. Si elle l'était, elle ne serait pas là. Pas alors qu'il a tant besoin d'elle, pas alors qu'une part de lui voudrait sentir la mort refermer ses maigres bras autour de son corps de géant pour le bercer. Elle ne peut être que l'hallucination. Portée par cette mort qui s'en vient, mort si proche, mort qui ne le touchera pas, il le sait — mais qu'il ne repousserait pourtant pas. Ça ne peut être que ça, n'est-ce pas ?

Si c'est pas ça, comment est-ce que tu peux être là ?


« Hey. » Il est presque à sa hauteur lorsqu'elle lui parle. Rêve qui se raccroche à la réalité, qui essaie de balayer la fatigue léthargique de l'esprit du serbe. Elle est là. Elle est bien là. Mais c'est impossible. Impossible qu'elle l'ait retrouvé. Impossible qu'elle arrive à point aussi bien nommé. Les yeux de Novak qui ne la lâchent pas, comme si à tout instant elle pouvait s'envoler. Et pourtant, elle ne s'envole pas. Elle a les yeux qui brillent, elle renifle, secoue la tête, et finit par sourire. Hallucination. « What the fuck happened to you again ? » Elle parle, encore. Et il ne comprend plus si elle est vraie ou non. Ne comprend plus ce qui est en train de se passer. Ne comprend pas comment elle peut être là, alors qu'elle ne l'a pas été pendant deux trop longues années. L'esprit brouillé par la douleur, par le choc, par le gouffre sans fond qui s'était creusé au centre de sa poitrine, au moment où il avait tué de nouveau. L'abîme qui avait avalé son coeur. L'abîme qui ne le quitterait plus, désormais. Malgré l'apparition soudaine de ce visage, rêve éveillé, qui lui rappelait que la vie pouvait continuer d'exister, même lorsque la mort se faisait trop poignante. Trop pressante. Trop insistante. But are you even real ?

« Helped a friend. » Il n'est pas capable d'en dire plus — mais n'est pas capable de se taire, non plus. Pas alors que c'est la voix de Niamh qui a trouvé ses tympans. Cette voix qu'il aurait pensé ne plus jamais entendre. Cette voix qui lui fait se demander jusqu'à quel point l'hallucination pourrait ressembler à la réalité. Are you real ? Elle est proche. Si proche. Il pourrait presque la toucher. Et une part de lui en a besoin. Besoin pour se raccrocher à la réalité, besoin pour continuer d'exister. I need you. L'hallucination qu'il accepte, mais qu'il se refuse à quitter des yeux. Son corps qui se rapproche, oscillant sous la douleur. Le sang qui coule entre ses doigts. Goutte au sol. Il essuie sa main contre son pantalon, essaie de le retenir dans ses vêtements. Nul besoin d'attirer l'attention. Sa main indemne se glisse dans la poche de sa veste, en tire lentement ses clés. Ses doigts qui tremblent, alors qu'il les lève vers elle. Are you real ? Les lui tend. Besoin d'elle pour déverrouiller la porte d'entrée de l'immeuble. Puis celle de l'appartement. Prove me you are.

Et elle lui prouve. Les clés qui tombent dans une main bien réelle, et les yeux de Novak qui se ferment un instant. You are real, aren't you ? Pour se rouvrir. Alors que son bras indemne, lourd, se lève. Sa main qui se glisse doucement sous la tresse sauvage, se pose sur la nuque. Légère, malgré le poids entier de son corps. Un faible instant. La toucher. « Help. » Un murmure. Les forces qui l'abandonnent en même temps que le sang. Le contrecoup de son endurance, à vouloir aider Rex avant de penser à se rafistoler. Le contrecoup de la violence. Contrecoup de ces deux dernières années à attendre, attendre en refusant de chuter, attendre en refusant de s'écrouler et d'abandonner. À l'attendre, elle.

Son bras qui glisse sur ses épaules. Il est lourd, mais il ne laisse pas son poids entier retomber sur la rouquine qui le retient sans protester. You are real, aren't you ? Ses yeux qui voudraient se fermer — mais c'est trop tôt. La mort n'est pas encore là, et Niamh ne pourra pas le porter jusqu'au deuxième étage. Niamh qui n'est même pas vraiment là. « Second floor. Eight. » Les indications sont grognées. Sommaires. Mais si c'est elle, si c'est bien elle, elle les comprendra. Elle l'a toujours fait.

Avancer. Sans faillir, sans s'effondrer. Soutenu par une frêle silhouette qui tient de l'irréel. Qui doit être un songe. Une hallucination. Le visage d'un ami, un vrai, déformé par ce qu'il voudrait voir. Par le visage auquel il voudrait s'adresser. Les mains qu'il voudrait sentir le toucher. Not real. Can't be.

Et pourtant, elle est là. Là, contre lui. Là, avec lui. Ses clés en main, son corps contre le sien. Real.

How can you be ?

How did you find me ?

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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyMar 10 Juil - 20:33

Il est là. Il est là, et il est en vie. Toujours le même, toujours la même démarche, toujours la même dégaine. Le tatouage autour du cou, qui fait brûler un instant le poignet de l’irlandaise. Le regard noir et profond, posé sur elle. Ça vient la faire trembler jusqu’au plus profond d’elle-même, il est là et il la regarde, il est là et il la voit. Postés tous les deux, en face l’un de l’autre, comme si même pas quelques heures s’étaient écoulées, alors qu’une éternité semble avoir passé, alors que le monde s’est écroulé. Un nouvel univers où ils flottaient sans trop être ancrés nulle part, et voilà que l’attache se fait finalement, voir que des noeuds se défont et que d’autres se créent, plus solides, plus vrais. Novak est là, Niamh est là, le petit matin les acceuille, quelque chose de nouveau commence. Et pourtant tout est pareil au même, elle est toujours la même, il est toujours le même. Et ça vient lui grignoter un peu le coeur, à l’irlandaise. L’envie de pleurer, l’envie de sourire, l’envie de le serrer. Incapable pourtant de bouger, la gorge serrée, le coeur gonflé. Il reste calme, son visage garde son impassabilité habituelle - et n’importe qui pourrait se vexer de l’absence d’un sourire, mais Niamh perçoit l’éclat dans le regard, un vent qui change de cap, et ça diffuse une drôle de chaleur dans tout son corps. Jusqu’à ce que la douceur vienne se tacher du sang qui s’écoule de la manche, et qu’elle réalise qu’il est blessé - et pas juste un peu. Le rouge tache les doigts et s’écoule au sol, et malgré la veste elle devine les blessures profondes. Voit à son dos légèrement vouté qu’il a mal - pas besoin d’un grognement ou d’un cri pour le deviner. Niamh le connaît, le grand loup - elle le connaît bien. « Helped a friend. » Il répond, et le coeur de Niamh se reconstruit définitivement au son de la voix, des syllables tranchantes, de la profondeur du ton. Elle secoue légèrement la tête, helped a friend, au péril de sa propre vie bien sûr, Novak qui n’a jamais su faire autre chose. Elle déglutit, parce qu’elle a peur d’être arrivé trop tard, ou juste un peu trop tôt, à temps pour le voir se vider finalement de son sang, pour le voir finalement crever, comme une apparition destinée à lui offrir le salut avant d’inspirer le dernier souffle. No. Pas question, hors de question, l’irlandaise ne le permettera pas, plus maintenant, plus jamais.

Le temps semble ralentir un peu, alors qu’il soulève une main tremblante. Niamh qui renifle doucement, le visage un peu tiré par l’inquiétude. Novak ne tremble pas, Novak ne tremble jamais, et pourtant elle le voit. Des clés entre les doigts, elle tend la main afin de les accueillir. Les yeux qui se baissent un instant pour regarder l’objet, pour s’attarder sur les doigts de Novak, tâchés de sang, tremblants de douleur. Le feu qui s’allume dans les tripes, l’envie de détruire ce qui a pu lui faire mal, peu importe ce que c’est, peu importe qui c’est. Mais elle reste silencieuse, les étincelles contenues par le soudain contact. Elle ne sursaute pas, mais son coeur déraille, quand la main de Novak effleure sa peau pour se déposer sur sa nuque. Elle relève la tête, se perd dans la tempête de ses yeux. Tout son corps magnétique qui veut juste se fracasser contre celui du serbe, mais elle ne peut pas, ils ne peuvent pas - il est blessé, et tout est trop compliqué. « Help. » Éclair dans le ciel, et il n’en faut pas plus pour l’irlandaise qui acquiesce. Elle bouge, l’aide à glisser son bras autour de ses épaules. Il ne s’appuie par sur elle, trop lourd, mais elle le supporte tout de même. Sa main qui se glisse sur la taille du serbe, en faisant bien attention de ne pas appuyer sur quoi que  ce soit, qui attrape un bout de t-shirt et qui le serre dans son poing. J’te lâcherai pas. J’te lâcherai pas. Son coeur qui se débat dans sa poitrine, de le savoir juste , contre elle, Novak pas mort, pas encore, mais presque. Peut-être que c’est le destin qui lui donne finalement son opportunité de le sauver, de l’arracher à la mort qu’elle s’était cru incapable d’empêcher. Elle se rattrapera, elle va le sauver. J’te lâcherai pas. « Second floor. Eight. » D’autres indications que Niamh accepte en silence. Les clés bien serrées entre ses doigts, leurs corps côte à côte. Ils bougent, lentement, sûrement, et Niamh tient Novak comme elle tiendrait un coeur battant, délicatement et fermement. Elle y va doucement, qu’il avance sans se faire mal davantage. Sait qu’il est en train de se vider de son sang, mais elle prendra soin de lui. Mâchoire serrée, coeur tordu, ils se hissent dans les escaliers. C’est compliqué, mais ils y vont lentement, en silence. Chaque pas posé avec attention, chaque respiration prise en connaissance de cause. Niamh ne relâche pas, pas une seconde, les clés lui lacèrent presque les doigts mais elle ne le réalise pas. Tout ce qui compte, c’est d’emmener Novak à bon port. L’étage atteint, elle repère le numéro 8 et continue d’avancer. Des taches écarlates les suivent, comme des miettes de pain. Elle a peur qu’il tombe, peur qu’il s’effondre, peur d’être arrivée trop tard, de l’avoir retrouvé trop tard. Les questions flottent dans sa tête, se multiplient. Depuis quand il est là, pourquoi il est là, ce qui est arrivé, si ce sont les serbes, si c’est autre chose. Niamh déglutit, et s’arrête finalement devant la porte 8. « Ok. Here we go. Hold on, big guy. » Léger vertige. Fantôme du passé. C’est à se demander si tout ça est réel.

Elle empoigne les clés et déverrouille la porte. L’irlandaise remarque à peine l’appartement qui se dessine autour d’elle, et se contente de se diriger vers le canapé qu’elle repère du coin de l’oeil. Quelques pas de plus, et elle est en mesure de l’aider à s’y assoir, le grand loup couvert de sang. « That’s it. Good. » Elle ne s’assoit pas, le regarde simplement. Le coeur toujours serré dans le barbelé, le barbelé de deux dernières années où elle a essayé de gérer la perte, où elle a essayé d’encaisser le vide, pour finalement le retrouver à nouveau. Un léger sourire étire ses lèvres, quand elle le regarde à nouveau. Ils sont seuls ici, ils sont en sécurité. Les doigts de Niamh qui déposent les clés sur la table basse, et qui se relève pour venir glisser sur la joue du serbe. Effleurent la peau, englobe la ligne de la mâchoire, pour caresser la ligne du cuir chevelu. Brièvement. Tendrement. Big guy. My big guy. « We’ll remove your jacket now, all right ? » Lentement, elle glisse ses mains dans le cou de Novak, afin de faire retomber le col de la lourde veste. Le corps qui se tend un peu, qui essaie de combattre la douleur que le mouvement impose. Mais Niamh insiste, délicatement - et essaie de ne pas frissonner trop fort, avec son corps si proche de celui du serbe, si proche de celui qu’elle avait cru perdu. Mais non, pas cette fois - cette fois elle ne le perdra pas. Cette fois elle se battra.

J’te lâcherai pas.
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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyMer 11 Juil - 17:40

Un pas. Deux pas. Avancer, ne pas s'arrêter. Le bras autour d'un fantôme du passé, l'appui de deux frêles épaules pour l'empêcher de sombrer. Pour lui rappeler qu'il n'est pas seul, pas vraiment — et que même si elle n'est pas réelle, le contact sous son bras, lui, l'est. C'est peut-être Drazen, ou Rex qui est revenu. Malo, Daire. Ça peut être n'importe qui. N'importe qui mais pas Niamh. Niamh n'est pas là. Niamh a fui, lorsque sa vie a été menacée. Niamh a été interceptée, Niamh a été mise en danger par son refus de coopérer. Niamh ne peut pas être revenue. Niamh ne peut pas être là. Niamh est ailleurs. Niamh ne reviendra pas. Pas après deux ans de silence. Pas après deux ans d'absence. Niamh n'est pas là.

Niamh est là. Niamh a son bras autour de lui, et tient son t-shirt à s'en blanchir les doigts. Niamh l'aide à gravir les marches une à une, et l'emmène devant la porte de l'appartement sans un mot. Et lorsqu'elle s'arrête finalement devant la porte, c'est sa voix, sa voix et celle de personne d'autre, qui vient glisser contre ses tympans. « Ok. Here we go. Hold on, big guy. » Elle déverrouille la porte, et les mots de Novak se bloquent au fond de sa gorge. Volonté de lui dire qu'il y a un chien, de lui dire de faire attention, de lui dire que le chien mord, pourrait la mordre, qu'il n'obéit qu'aux mots en serbe — mais il ne dit rien. Ne le peut pas, et sent son corps irrésistiblement attiré par la gravité. Tente de ne pas être plus lourd que ce que les épaules de l'irlandaise ne peuvent supporter. Mais à chaque seconde qui passe, c'est un peu plus compliqué. Et heureusement, le chien ne vient pas. N'aboie pas, n'est pas planté derrière la porte. Pas là. Un instant, les pensées de Novak s'emmêlent. Entre la douleur, l'inquiétude de l'absence de la bête, et le soulagement illusoire de savoir Niamh à ses côtés. Trop. C'est trop. Il ferme les yeux, se laisse guider. Where's the fucking dog ?

« That’s it. Good. » Son corps qu'on a guidé jusqu'au canapé. Et elle l'y assoit. Ignorant les traces de sang qu'elle va laisser, ignorant que le tissu sera certainement foutu dans quelques minutes, et qu'il leur faudra trouver une solution pour le nettoyer. Il sent les yeux de Niamh sur lui, l'entend poser les clés sur la table basse. S'apprête à lui demander une serviette, quelque chose pour empêcher le canapé d'être taché — mais une silhouette sombre, derrière le mur de la cuisine, l'interrompt. Le chien dressé, chien qui ne bouge pas, chien qui ne fait pas un bruit, chien qui se fond dans les ombres, comme il le lui a toujours montré, comme il l'a lui-même toujours fait. Il regarde l'animal, l'animal le regarde. Et lorsque la caresse de Niamh vient chercher sa joue, la ligne de sa mâchoire, son cuir chevelu, le contact visuel est coupé. Paupières qui se ferment. Кербер sait que Niamh n'est pas un danger. Il ne la connaît pas, mais il le sait. Brave bête. « We’ll remove your jacket now, all right ? » La douceur de la caresse qui s'interrompt, et les doigts qui tombent dans le cou. Le serbe qui rouvre les yeux, et la souffrance qui le fait réagir. La peur de bouger, peur de devoir se débarrasser des vêtements que le sang fait coller à sa peau. Peur de voir l'état de ses plaies, peur de voir l'expression sur le visage de l'hallucination de Niamh. Peur de crever, salement, sur ce canapé. Même s'il sait que ça n'arrivera pas. Sait qu'il attrapera son téléphone pour appeler Arthur, bien avant ça. Mais pour le moment, il n'en fait rien. Laisse le mirage forcer sur le col de sa veste, forcer pour l'enlever. Il n'arrive pas à se détendre, mais il essaie de ne pas résister. Et, petit à petit, la veste glisse. Sa mâchoire se crispe violemment lorsqu'elle doit se détacher du bandage détrempé, bandage qui a collé au cuir, bandage qu'il sera douloureux d'enlever. Et c'est à cet instant que l'aboiement éclate, un peu plus loin dans l'appartement.

Les oreilles couchées sur la tête, le corps sorti de l'ombre de la cuisine, tapi à même le sol, prêt à bondir, et pourtant plus apeuré qu'autre chose. La bête qui a senti la douleur du maître, senti la résistance, et qui ne sait plus comment considérer la présence à ses côtés. L'animal qui la traite comme une menace, à défaut d'avoir d'autres comportements à lui manifester. Mais il ne bondit pas. Reste là, à les observer. Incertain de la manière d'agir. Manière qui lui est rapidement dicté par un grognement sec, tandis que le serbe, profitant de la surprise, profitant de l'attention détournée de Niamh, achève de se débarrasser de la veste et la laisse retomber sous son bras. Au moins, si le sang tombe, il tombera là. « Остани ту где јеси. » Alors, le chien ne bouge pas. Reste exactement où il est, comme on ne lui a demandé. Lâche un léger gémissement. Un nouvel aboiement. « Ућути. » Et l'animal se tait. Grognement guttural. Le serbe qui le regarde, droit dans les yeux. Son mirage du coin de l'oeil — elle ne s'en va pas, elle reste là. Reste à ses côtés. Elle va l'aider. La bête veut japper, la bête veut s'approcher. Et après quelques longues secondes à la fixer, Novak finit par lever sa main indemne vers elle. « Хајде. » Viens. Et elle vient. S'approche, ventre à terre. Vient lécher les doigts qu'on lui tend, les doigts couverts de sang. Le serbe qui la laisse faire, lui frotte le museau un instant. Tout va bien. Et il déglutit. Les yeux qui se ferment trop facilement, le corps soudainement lourd au fond du canapé. La présence de Niamh à ses côtés. « It's ok. » Tant à l'intention du chien que de l'irlandaise. L'une n'attaquera pas l'autre — il en fait la promesse. Et au milieu de la douleur, au milieu de la volonté de baisser les bras et de rester là, à saigner tranquillement sur le canapé en attendant que quelque chose se passe, il trouve au milieu de ces deux présences la force nécessaire à ne pas s'écrouler. À relever les yeux vers l'hallucination qui se tient toujours proche de lui. Si proche. À l'observer. La revenante du passé. Un souvenir qu'il avait toujours souhaité retrouver, mais que son esprit embrumé n'était pour le moment pas prêt à accepter. You're not real. You can't be. Et pourtant, il a besoin qu'elle l'aide. Besoin qu'elle fasse ce que Rex n'avait pu faire. Qu'elle désinfecte, qu'elle recouse. Qu'elle prenne soin de lui comme il n'était présentement pas en état de le faire. « I have some thread, and a needle. In the bathroom. » C'est imprécis, mais il sait qu'elle trouvera. Bien incapable de se souvenir lui-même d'où il les avait rangées — mais sachant que ce devait aisément être à portée. La voix éraillée, les yeux qui luttent pour ne pas se fermer. La main toujours en proie à la langue du chien. Et son regard qui ne veut pas lâcher la rouquine dressée à ses côtés. Help me, Niamh. If you're real, if you're here, please.

Help me.


hors rp:

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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyJeu 12 Juil - 5:24

Elle ne remarque pas l’animal. Trop concentrée sur Novak, sur son corps lourd et le sang qui en coule. Trop concentrée sur ces retrouvailles qui lui semblent profondément iréelles, tirées d’un songe enfantin. L’espoir de le retrouver, le grand loup solitaire. Peut-être est-elle en train de rêver tout ça, mais Novak est réel, et elle aussi. L’odeur du sang est réelle, l’appartement est réel. Et plongée dans son inquiétude pour Novak, par les blessures qu’elle voit du coin de l’oeil, par ses muscles contractés par la douleur, elle ne remarque pas l’animal. Ne sent même pas sa présence dans les ombres. Elle continue de tirer doucement sur la veste, afin que celle-ci ne soit plus dans le chemin. Elle ne sait pas dans quel état sont les blessures de Novak, mais clairement, rien n’a été recousu ou même agraphé - ça pisse trop le sang pour ça. Peu importe ce qui s’est passé, c’est récent, très récent, et il n’y a pas eu de temps pour un bandage digne de ce nom. Coeur tordu, Niamh serre des dents. Et alors que Novak se crispe, un aboiement résonne dans l’appartement. L’irlandaise sursaute violemment, fait volte-face pour finalement apercevoir la silhouette canine. Le chien, gros, noir, bien à l’image de son maître - étendu sur le sol, prêt à bondir. Le coeur de Niamh fait un tour complet dans sa poitrine, et elle se paralyse, comme attendant le saut inévitable de l’animal en sa direction. Elle est une étrangère, et elle connaît bien Novak pour savoir comment il a pu éduquer un chien - mais la bête reste là, méfiante, hostile, sans toutefois bouger. Le souffle de Niamh se bloque dans sa gorge, alors qu’elle arrête tout mouvement. Mais la voix tranchante de Novak vient troubler le silence à nouveau, des directives en serbe que Niamh comprend - du moins en gros. Comprend qu’elles sont destinées à l’animal, qui ne doit répondre qu’à son maître, et qu’à la langue serbe. Niamh déglutit, mais ne sursaute pas quand le chien aboie à nouveau. Sait que Novak le contrôle - et sa confiance envers le blessé reste la même, même après deux ans d’absence. Même après la séparation, même après le deuil. L’animal et le maître se fixe, et les yeux de Niamh quittent finalement le chien pour se poser sur le visage de Novak, qui tend la main et dis à l’animal d’approcher. La veste est tombée, et Niamh baisse les yeux vers le bandage ensanglanté. Le coeur qui se serre, à la pensée des blessures qu’elle voit, et encore plus pour celles qu’elle ne voit pas.

« It’s ok. » Elle le regarde à nouveau, ses yeux fermés, ses traits tendus, le sang au bout des doigts. Puis c’est vers le chien qu’elle se tourne, bête effrayante qui pourtant lui adoucit le coeur - de savoir que peu importe à quoi ressemble la vie de Novak à présent, il n’est pas seul. « I have some thread, and a needle. In the bathroom. » Elle acquiesce, sentant son regard sur elle. L’irlandaise, elle, regarde le chien. Un animal magnifique, aux allures féroces - tellement à l’image de celui de qui il lèche les doigts. Ça lui donne envie de sourire, mais sa bouche est trop pâteuse pour ça. Elle sait qu’elle va devoir soigner Novak, lui faire mal avant de pouvoir lui faire du bien - et elle l’accepte. Hors de question qu’elle le laisse une seule seconde, ou qu’elle autorise son sang à continuer de couler ainsi. Alors elle vient attraper son regard à nouveau, et acquiesce avec plus de fermeté. « Ok. » I’ll help you. Don’t worry. I got you. Elle se redresse, lentement, pour ne pas alarmer le chien. De mouvements fluides, s’éloigne un peu de la bête et du maître. Parcoure l’appartement, tentant de trouver ses repères. La cuisine est juste là, et elle passe devant la porte de la chambre avant de trouver la salle de bain. Un appartement modeste, sans décoration - si semblable à celui dans lequel elle avait passé tellement de temps à New York. Semblable et pourtant différent, des kilomètres plus loin, une éternité plus tard. Une fois dans la salle de bain, elle allume la lumière - ouvre la pharmacie, puis l’armoire, avant de trouver ce qu’elle cherche. Empoigne une grande serviette au passage, ainsi qu’un linge qu’elle prend le temps d’humidifer - son coeur toujours battant dans sa poitrine. Novak est là. Il est là, juste là, en vie. En vie. Puis elle se rassemble, se concentre, refoule les larmes de soulagement qui lui piquent les yeux. Blessé, aussi. Concentre-toi, Niamh. Il compte sur toi.

Prenant une grande inspiration, l’irlandaise revient vers le salon. Le soleil montre doucement le bout de son nez au travers des rideaux, chauffant lentement la pièce. Novak toujours là, l’animal à ses côtés. Niamh revient vers le fauteil, dépose ses trouvailles sur la table basse. « I think I got everything. » Elle ressent le besoin de parler, elle ne sait pas trop pourquoi. La nervosité, les tripes en noeud serré, peut-être. Puis elle prend un instant pour observer le chien, lui adresser un sourire. « Здраво. » L’animal bat un peu de la queue, mais reste à son poste, toujours méfiant. Niamh ne s’en formalise pas - il y a d’autres priorités pour l’instant de toute façon. S’assoit aux côtés du serbe, et prend la serviette. La dépose sur le fauteuil, sous le sang qui s’écoule - ça ne sauvera pas complètement le fauteuil, mais ça sera déjà mieux que la veste de cuir. Reniflant un peu, l’irlandaise pose les yeux sur le t-shirt et le bandage ensanglanté. Ça, ça va être douloureux - mais l’étape est inévitable. « We have to remove it. » Elle parle doucement, retrouvant un instant le regard du serbe. Puis elle ne peut plus endurer la sécheresse dans sa bouche, et un sourire nerveux se dessine sur ses lèvres. « Hold on. We’re missing something. » Elle se relève d’un bond, et se dirige vers la cuisine. N’est jamais venue ici, mais pas de doute - la vodka est là, trônant sur le comptoir. Elle empoigne la bouteille - a envie de regarder s’il y a du whisky, mais elle en doute. Alors elle revient simplement vers Novak, ouvrant le bouchon pour le laisser retomber sur la table. Prend une gorgée, plisse du nez. Aussi désagréable qu’agréable. « Never too early, huh ? » Ça pourrait presque être drôle. L’irlandaise se rassoit, laisse la bouteille sur la table. Là, s’il la veut - juste à la portée de la main.

Empoigne les ciseaux, et coupe le t-shirt. L’éclarlate sur la surface metallique. Et de doigts légèrement tremblants, attrape l’ourlet du tissu. Commence à tirer, lentement. Serre les dents alors que le sang à moitié séché s’accroche désespérément. Le chien qui se met à grogner, pas loin. Une sale blessure à l’abdomen, qui se révèle lentement alors que Niamh regarde le bandage. « Whoever did this made a fucking awful job. » Elle secoue la tête, expirant lentement. Le souffle qui tremble légèrement. Ne reste plus que le bandage - et Niamh reprend les ciseaux pour révéler la peau à nouveau. Faisant bien attention de ne pas empirer la situation. Et finalement, la blessure se révèle - sans grande surprise, l’empreinte nette d’un poignard dans la peau. L’irlandaise déglutit, et inspire profondément. « Ok. You ready ? » Prend la bouteille de vodka et mouille un peu le linge. Vient désinfecter la plaie, anticipant les grognements et les muscles tendus. Mais elle ne s’arrête pas - ne peut pas s’arrêter. Empoigne le fil et l’aiguille, inspire à nouveau, et se met au boulot. J’t’ai dit que j’te lâcherais pas. Alors j’te lâche pas.

Tu crèveras pas, Novak.
Pas tant que j’suis là.
Et maintenant, j’suis là pour rester.
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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyJeu 12 Juil - 7:00

« Ok. » Elle ne proteste pas. Ça ne lui vient même pas à l'idée — et elle se contente de se redresser. Les yeux qui ne lâchent pas le chien. Novak le sent, Novak le sait : elle a eu peur. Peur qu'il l'attaque, peur qu'il la blesse — peur qu'il la tue, peut-être. Et malgré le doute toujours planté au fond de son esprit, la certitude se fraie peu à peu un chemin : si Кербер l'a sentie, si Кербер l'a considérée comme une menace, c'est qu'elle est là. Si elle a eu peur, peur pour sa vie, peur d'y passer, c'est qu'elle est vraiment à ses côtés. Lutter. Essayer de dissiper la suspicion qu'il lui reste à l'égard de sa présence tangible. Essayer d'accepter l'idée que c'est Niamh qui est là, belle et bien là. Niamh, qui s'est éloignée avec fluidité. Niamh, qui explore l'appartement, s'y repère rapidement. Trouve la salle de bain et y disparaît, l'espace d'un instant. Alors que, dans le salon, le serbe se laisse retomber lentement contre le dossier. Maintient son bras blessé sur son torse, pour éviter de le mettre en contact avec les coussins du canapé. Et il ferme les yeux. Sa main indemne toujours à portée de la langue du chien, qui lui lèche les doigts en geignant à l'occasion. « Добар пас. » Et l'animal couine. Frotte sa tête contre la paume ouverte en sa direction, avant de se laisser retomber entièrement au sol. Le vide. Le silence. Le calme.

Fermer les yeux, et se laisser aller. Ne pas s'endormir, mais ne pas non plus faire d'efforts qui ne seraient pas nécessaires. Son esprit qui s'égare, oublie déjà la présence de Niamh. Accepte bien trop facilement l'idée qu'il l'avait hallucinée, et qu'elle n'avait aucune raison valable de se tenir à ses côtés. Deux ans pour les séparer. Un océan — et une vie entière, il lui semblait. Niamh n'était pas là. Niamh était quelque part en Europe, quelque part en Irlande, quelque part en Amérique du Sud. À vivre sa vie, une nouvelle vie. Dans l'illégalité, selon toute vraisemblance — et perpétuellement en fuite. Mais Niamh n'était certainement pas là. Pas auprès de lui, pas alors qu'il en aurait eu tant besoin. La solitude qui lui broie le coeur, et l'absence de volonté de devoir à nouveau s'en tirer seul. Les facteurs catalysants d'un mirage qui lui avait paru, l'espace de quelques instants, terriblement doux et parfumé. Terriblement vrai.

« I think I got everything. » Il a entendu le bruit du matériel que l'on pose sur la table basse, mais ce n'est que lorsque la voix résonne qu'il ouvre les yeux. Son regard qui trouve le visage de l'irlandaise, et son esprit qui en ressort secoué. Elle est toujours là. Il a fermé les paupières, et elle ne s'est pas évaporé. How do you do that ? Mais il ne dit rien. Hypnotisé par sa manière de se mouvoir, sa manière de respirer, sa manière d'exister. Par le regard qu'elle donne au chien, et par la façon dont ses lèvres s'activent pour produire quelques sons qui lui semblent soudainement beaucoup trop doux et familiers. « Здраво. » Impossible. C'est impossible. Elle ne parle pas le serbe. Et c'est la preuve ultime qu'elle ne peut être là, la preuve ultime que tout cela n'est qu'un rêve, douloureux et pernicieux, dont il finira par se réveiller à un moment ou à un autre. Rien ne sert de s'attacher, rien ne sert d'espérer. Elle n'est pas vraie, et le croire ne fera qu'achever de briser un coeur déjà trop affaibli par le poids des années.

Et pourtant, le chien la regarde. Le chien ne répond pas, mais le battement régulier de sa queue se charge de le faire à sa place. La serviette, elle, est douce quand elle vient s'étendre sous les blessures pour amortir la chute du sang sur le canapé. Douce, et réelle. « We have to remove it. » Et il le sait. Hoche la tête, oubliant un instant le fait qu'il répond à un fantôme, et acceptant que celui-ci a l'air bien vivant. Apercevant son sourire, du coin de l'oeil, alors qu'elle rajoute quelques mots. « Hold on. We’re missing something. » Il ne réagit pas. La regarde se redresser à nouveau et s'éloigner. Se faufiler jusque dans la cuisine, et revenir avec une bouteille dont la vue lui est bien familière. Elle en prend une gorgée, grimace, et la pose sur la table basse. Il n'a qu'à se décoller du dossier pour s'approcher, tendre son bras et l'attraper. En avaler une grande lampée, pour faire honneur au trait d'humour qui avait sonné agréablement doux à ses tympans. Never too early, no.

Elle attrape doucement le t-shirt, et il ne dit rien. Déjà trop conscient des vagues de douleur qui s'en viennent — et sachant que si la vodka aidera à les supporter, elle ne pourra cependant rien faire pour vraiment les éliminer. Il n'y aurait qu'à attendre, et à endurer. À laisser les soins nécessaires être appliqués, et le temps faire son effet dans le processus de cicatrisation. Elle commence à couper le tissu, commence à le soulever. Il prend une longue inspiration, alors que le sang séché résiste, et veut désespérément garder le t-shirt accroché au bandage et à la plaie. Le chien grogne, un peu plus loin — mais ne bouge pas. Un regard du serbe, et le grondement se mue en couinement. Les griffes qui cliquètent sur le plancher, et l'animal qui recule un peu, en rampant, tandis que l'irlandaise poursuit péniblement son oeuvre. « Whoever did this made a fucking awful job. » Et le serbe renifle. Tous les muscles de l'abdomen contractés, alors que les pans du t-shirt sont finalement écartés, et qu'elle s'attaque au bandage lui-même. « Wait to see my arm. » Un trait d'humour qui n'en est pas vraiment un, alors qu'il serre les dents. We did our best. Il n'y avait rien, là-bas. Novak ne voulait pas demander à Mads, ne voulait pas l'obliger à le regarder plus longtemps. Rex n'avait que des bandages dans son véhicule. Rien pour recoudre — jamais il n'y aurait pensé. L'état du géant l'avait surpris autant qu'inquiété, mais il savait qu'il survivrait. Raison pour laquelle il lui avait obéi, ne le bandant que sommairement pour ensuite le ramener chez lui. I'll do it myself, que le serbe lui avait dit. L'autre n'y avait pas vraiment cru, mais avait jugé bon de ne pas insister. Pas le moment. Et maintenant que Niamh était là, maintenant que le serbe était assis avec la vodka à portée de main, l'idée de ne pas avoir à être seul pour faire les points lui procurait un soulagement étrange. At least, it'll be done even if I pass out.

Rapidement, elle coupe les bandes. Le sang qui résiste, à nouveau — et le serbe se contracte par réflexe. Attrape la bouteille de vodka, en reprend une gorgée. La repose, sachant que Niamh en aura besoin aussi — sachant qu'il vaut mieux en garder pour le moment où elle devra s'attaquer à son bras. « Ok. You ready ? » Il sait que la question est rhétorique, qu'il n'a rien à répondre, qu'elle va le faire pareil. Mais lorsqu'elle commence à imbiber la serviette de vodka, désinfectant sommaire mais efficace, il marmonne un mot de son habituel accent écorché. « Yes. » Déglutir, inspirer. Le contact de la serviette qui lui fait violemment crisper la mâchoire, et ses paupières qui se ferment un instant. Respire, Novak. Lui fait pas défaut maintenant. Habitue-toi. La prochaine heure va être longue. Et encore plus si tu ne te détends pas. Lorsqu'il rouvre les yeux, c'est pour la voir prendre le fil et l'aiguille. Se pencher vers lui, prête à se mettre au boulot. Et, lentement, il redresse le dos. Se cale dans le fond du canapé, reprenant la bouteille de vodka en main. En avalant une nouvelle gorgée, et en laissant l'irlandaise commencer à rapprocher les bords de cette plaie trop fraîche — mais heureusement peu large.

Au fond de sa gorge, les mots sont pâteux. La seule véritable option pour se changer les idées, pourtant. L'anglais emmêlé, entre la souffrance et l'impossibilité de définir si oui ou non c'était bien elle qui était en train de le recoudre. Ses doigts à elle, sur sa peau. Si doux, et si appliqués. Doigts qui étaient loin d'être experts, mais qui feraient ce qu'il fallait pour le retaper. « What are you doing here ? » La question est finalement sortie. Rocailleuse, et teintée d'un brin de désespoir. Le désespoir de ne pas comprendre, le désespoir d'être en train de mourir, peut-être, et de ne pas être capable de s'en rendre compte. Désespoir qu'il puisse s'agir d'un nouveau cauchemar, et qu'elle en soit une incarnation particulièrement douce. Si c'était ça, tout tournerait bien vite à l'horreur. Mais une petite voix au fond de lui lui soufflait que ce n'était pas le cas. La douleur était bien trop vraie pour ça.

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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyVen 13 Juil - 5:21

Le goût de la vodka sur la langue, alcool qu’elle n’a pas pas pu avaler pendant ces deux dernières années sans avoir un pensée pour lui. Pas une seule goutte qui échappait à son souvenir, brumeux et douloureux. Liquide transparent, témoin de si nombreuses nuits partagées, partenaire fidèle des plaies et des guérisons, du sexe et des ricanements devant les films de fin de soirée. Deux ans à la goûter avec le spectre de Novak, et voilà maintenant qu’il est là - à portée de main, juste au bout de ses doigts. Sa peau qu’elle effleure en accomplissant le boulot, les tatouages que ses yeux peuvent enfin revoir, les cicatrices qu’elle n’a pas pu oublier. Tout lui revient en une grande vague, l’emportant doucement - les grognements de Novak lui indiquant comment il a eu chacune d’elle. Et Niamh se souvient, se souvient bien. Le coup de couteau là, la balle là. Ce qui a fait mal, ce qui a pincé. Tout lui revient. Mais elle doit rester concentrée - sur le boulot à faire, sur les plaies à recoudre. De ses doigts plus ou moins assurés, la gorge sèche et les poumons contractés. Pas habituée de faire ce genre de choses, et pas très douée. Mais pour lui elle le fait - pour lui, y’a pas grand chose qu’elle ferait pas. Et ça, c’est la simple vérité. C’est pas beau à voir, peu importe ce qui est arrivé au serbe. Et le bras continue de saigner, l’horloge continue d’avancer, Niamh le sait. « Wait to see my arm. » Elle lui jette un regard rapide, et c’est presque un sourire qui se dessine sur ses traits, au moins il est pas assez proche de la mort pour ne plus faire de sens. C’est presque même une touche d’humour, et ça vient lui mordre dans le corps à pleines dents. Elle est une proie facile pour le serbe, il sait comment l’attraper, de quelques regards et de quelques mots - ça a toujours été comme ça, sans qu’il ne lui demande rien, Niamh a toujours voulu tout lui donner. Ou presque.

Il a pris la bouteille de vodka en main, et elle lui laisse. Il en a bien plus besoin qu’elle - le boulot sera long et difficile. Elle devra se concentrer - regrette le manque de sommeil des derniers jours. Ne saurait pas trop mettre le doigt sur la dernière fois où elle a fermé l’oeil plus que quelques heures. Pas dans ses habitudes. Malgré le boulot, la routine est incapable de s’installer, et elle a passé la nuit debout à se ronger les ongles et à se poster devant l’immeuble d’un serbe qu’elle avait cru mort. Mais il ne l’était pas, et elle était là - à le recoudre, à éponger le sang et à ignorer les acrobaties de son coeur à chaque fois qu’il bouge ou qu’il parle. Les mains de Niamh qui s’activent, peu habituées mais pas pour autant hésitantes. Elle sait qu’il faut y aller sans trop trembler, au moins en attendant que quelqu’un de plus doué ne puisse repasser. Pour l’instant ce qui compte c’est de fermer les plaies pour que le sang arrête de couler autant. Et elle est concentrée, l’irlandaise, les yeux fixés sur la coupure, tentant de ne pas s’égarer sur la peau et les tatouages autour. Son esprit concentré sur l’aiguille qu’elle glisse dans la peau, le fil qui suit lentement, pour essayer de ne pas se perdre dans la sensation du souffle de Novak, de son corps juste à côté du sien. « What are you doing here ? » Elle lève les yeux quand la voix de Novak tranche le silence. Il a pris un certain ton qui vient la chercher, plus profondément qu’elle n’aurait pu s’y attendre. S’arrête le temps de reprendre son souffle, réalisant qu’elle en avait presque oublié de respirer. Tirant délicatement sur le fil, continuant son opération tout de même. « Besides preventing you from bleeding out, you mean ? » Elle a un petit sourire qui étire le coin de ses lèvres, Niamh, alors qu’elle lui répond. Mais rapidement, elle hausse les épaules, son regard toujours fixé sur la plaie à l’abdomen. Elle ne sait pas trop quoi répondre - son incompréhension fait miroir à la sienne.

« I mean. You know why. My brother. And…  yeah. Apparently we have some friends in common. » La voix tombe, un peu plus douce, calme malgré le coeur de Niamh qui continue de battre rapidement, tambour fracassant dans sa poitrine. Elle lève les yeux, un instant, pour regarder Novak. « Daire. » Retourne sur la blessure, pince la peau afin de faire passer l’aiguille. Inspirant profondément, essayant de calmer les tremblements instinctifs de ses doigts. « She was telling me about this Serbian guy she knows, and… well. I had a hard time believing it could be you. But I needed to know. So I came here. » Because I thought you were dead. Mais ça, elle ne le dit pas. Les mots restent écorchés sur le rebord de sa langue, et elle est incapable de les prononcer. Parce que le deuil est encore trop récent, et que les retrouvailles sont trop fraîches pour en avoir fait disparaître l’amertume. Parce qu’à queqlue part, y’a encore la possibilité que ce soit vrai, parce que ça s’est pas encore installé dans la tête de l’irlandaise qu’elle est vraiment en train de le soigner. Gorge serrée, elle tire sur le fil une dernière fois et fait glisser le noeud. S’empare des ciseaux et vient couper le tout, expirant longuement. Les paupières qui se ferment un instant. « Ok. One down. And the easiest, I assume. » Elle sent que le bras blessé sera une autre histoire - mais elle le fera sans hésitation tout de même. Petit regard en direction du serbe, qui ne bouge pas. Elle lui adresse un sourire, presque un peu timide, et lève la main pour enrouler ses doigts autour de la bouteille de vodka. La porte à ses lèvres, et en boit une gorgée. Lui redonne l’alcool précieux, alors que le liquide lui brûle la gorge et l’estomac. Ça fait du bien. « What are you doing here ? » Qu’elle lui demande finalement, les mots qui lui brûlent la gorge. Les milles questions inclusent dans une seule - why are you here ? How are you here ? Si tout cette scène est réelle, il y a bien des choses à dire, bien des événements à rattraper. Niamh qui se tourne finalement vers le bras, inspire profondément. Et sans un autre mot, s’empare de l’ourlet du bandage pour commencer à le dérouler. Le coeur palpitant dans sa poitrine. Novak à ses côtés, Novak en vie. What are you doing here, big guy ? How are you not dead ?
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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyVen 20 Juil - 6:04

« Besides preventing you from bleeding out, you mean ? » Elle a un sourire en coin — et, au fond de sa poitrine, le serbe sent son coeur se serrer. Ses yeux qui se détournent une seconde, pour se poser sur les points serrés qu'elle s'applique à exécuter. Regarde dans quel état t'es. La déglutition est pénible, et chaque seconde à douter est une torture. Incapable de se décider sur la véracité ou non de cette apparition. Incapable d'accepter complètement l'idée que Niamh était là. Qu'elle était revenue, comme il l'avait espéré. Il avait besoin qu'elle le dise. Besoin que les mots soient cohérents, dans sa bouche à elle. Besoin que sa voix lui coule contre les tympans, et le berce pour l'attirer loin de cette douleur qui menaçait à tout instant de l'emporter dans les abysses.

« I mean. You know why. My brother. And…  yeah. Apparently we have some friends in common. » Lentement, son coeur se desserre. Les yeux de Niamh qui trouvent les siens, et le myocarde se met à battre comme il ne l'a plus fait depuis deux ans. Sourdement. À lui en tirer l'esquisse d'un grognement, dont la provenance pourrait tout aussi bien être issue de la douleur qu'il combattait pour la laisser le soigner en paix. « Daire. » La mention du nom, et ses sourcils se froncent. Son visage tiré en une expression d'incompréhension. « She was telling me about this Serbian guy she knows, and… well. I had a hard time believing it could be you. But I needed to know. So I came here. » Niamh qui connaît Daire. Daire qui connaît Niamh. Impossible. L'hallucination en est bien une. Et bientôt, elle s'évaporera pour ne laisser que le vide et la souffrance. Le vide de l'absence.

Le silence. Incapable de lui répondre, alors qu'il est persuadé qu'elle ne peut être réellement assise à ses côtés. Il la laisse finir les points sur son abdomen, sans la lâcher un seul instant du regard. Prêt à la voir disparaître, à chaque battement de cil qui passe. Profitant de sa complexité et de sa beauté, tant qu'il le peut encore. Observant sa mine concentrée, la couleur diaphane de sa peau. La caresse de ses mèches rousses, sauvages, contre ses joues. You can't be real. Et pourtant, la première plaie est refermée. Elle finit le noeud, coupe le fil pour la dernière fois, et ferme les yeux. Se laisse le temps de respirer. Le temps d'accepter qu'elle s'en est tirée. « Ok. One down. And the easiest, I assume. » Il devrait dire quelque chose. Un commentaire léger, pour lui montrer qu'il est toujours conscient. Toujours disposé à rester à ses côtés. Mais son regard droit le fait pour lui, alors qu'elle lui donne un petit sourire et attrape la bouteille de vodka. Et il voudrait pouvoir lui rendre le rictus. Sentir ses lèvres s'étirer, savoir qu'il rendait à cette sublime hallucination le bonheur dont elle le gratifiait par cette simple attention. La chaleur qui se répand dans son coeur, à la vue du sourire. De la gorgée de vodka, et de l'impression de la sentir savourer cet alcool qu'elle avait soigneusement évité de boire durant les mois passés à New York à ses côtés. Chaleur douce. Baume sur l'ensemble de son corps. Ou peut-être n'était-ce que ses nerfs, lâchant finalement prise face à la douleur.

Ses doigts se tendent, alors qu'il attrape la bouteille qu'elle lui tend. Ne la porte pas à ses lèvres, pourtant. L'observe, toujours aussi fixement. « What are you doing here ? » Et alors seulement, il bouge. Le goulot qui trouve ses lèvres, ses yeux qui se détachent un instant de Niamh tandis qu'elle s'approche pour retrousser sa manche, et s'attaquer au bandage dégouttant de sang qui enserrait toujours son bras puissant. L'alcool qui brûle les parois de son oesophage. Le cul de la bouteille qui se pose sur sa cuisse, et ses prunelles qui reviennent se poser sur l'irlandaise. La réponse qui ne se fait que trop désirer — mais l'anglais s'est perdu quelque part entre le serbe, le russe, et la souffrance qui ne fait que les mélanger. Lorsqu'il articule finalement quelques mots, ceux-ci sont pénibles. Lourds. Mais plus doux et sincères qu'aucun auparavant. Acceptant l'idée qu'elle ne soit qu'une hallucination, mais que la vérité puisse tout de même lui être dévoilée. Après tout, qu'avait-il à cacher ? « I waited for you. » Et c'est tout ce qu'il parvient à lâcher. Le serbe revient envahir sa gorge, une fois les quatre pauvres mots d'anglais prononcés. Des explications qu'il ne savait comment agencer. L'absence d'envie d'expliquer à un mirage les raisons pour lesquelles il était en vie. Mais ça, il pouvait bien le lui donner. Ça, elle avait bien le droit de l'entendre prononcé. Pour la tendresse qu'elle lui donnait, et la délicatesse avec laquelle elle s'échinait à le soigner. Pour l'attention que son illusion lui portait, et qu'il recevait avec la douceur d'une caresse. I waited for you, Niamh.

I didn't know you'd come. But I hoped so.
I hoped so.

Hoped for two years.
Hoped to see you again. Hoped you'd decide to come and see your brother, after all.

Hoped I'd still be alive to meet you.

Hoped you'd still want to see me too.

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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptySam 21 Juil - 19:51

Elle s’interroge, Niamh. Se demande si les blessures de Daire pouvaient être liées à celles de Novak, d’une manière ou d’une autre. Que les retrouvailles ne soient pas totalement le fruit du hasard, et que quelque chose les ait rassemblés. Pourquoi maintenant, pourquoi pas plus tôt, pourquoi pas plus tard ? Des questions auxquelles elle n’aura pas de réponses. Inutiles de se les demander, et pourtant elle ne peut pas trop s’en empêcher. Tout s’entre-mêle et se fracasse, son inquiétude pour Novak, son bonheur de le retrouver, l’étrangeté de la situation. Elle peut sentir son regard sur elle - inébranlable, franc. Comme s’il essayait de détecter une quelconque hallucination. Essayer de discerner le vrai du faux - et elle ne peut pas le blâmer. Ça en est iréel, de se retrouver ainsi. Presque trop facilement, quelque part entre la nuit et le jour. Elle a peur que le rêve se brise en milles miettes, qu’elle se réveille en solitaire quelque part dans un lit froid, le serbe sous la peau, à ne pouvoir que le pleurer, à ne pouvoir que se rappeler de lui, à ne pouvoir que laisser ses doigts le retrouver autrement. Mais il est là, vraiment là - elle peut le toucher, le regarder. Sa voix, son corps, sa présence. Toujours aussi effacé, toujours aussi amoché. La gorge sèche de l’irlandaise, qui pose la question, what are you doing here. Elle a peur de la réponse, peur que ça ne gâche quelque chose, que ça ne brise les espoirs qui se forment inévitablement par les retrouvailles. Mais elle a besoin de demander, besoin de savoir. Alors qu’elle retrousse lentement la manche du t-shirt, évitant soigneusement la blessure sanglante, elle peut le voir lever la bouteille de vodka pour en avaler une longue gorgée. Elle l’observe, oubliant un instant le bandage et l’aiguille, ses yeux qui se perdent le long de la mâchoire carrée, du nez familier, de la racine des cheveux. Novak. He’s there. He’s right there. Les doigts de Niamh le touchent. Sa peau, la sienne. Et il revient la regarder, lui aussi - et les regards se croisent, s’assemblent. On dirait que le temps se suspend, alors qu’elle attend la réponse du serbe - les secondes qui s’effritent, qui se déposent délicatement dans le creux de leurs mains, pétales d’une fleur qu’elle avait cru piétinée par la cruelle faucheuse. « I waited for you. » Et c’est la sensation brûlante qui se mélange à la douceur de l’aveu, Niamh qui ne relâche pas le serbe des yeux. La flamme au fond du regard, la tempête grise et froide qui va s’échouer contre les rochers acérés. I waited for you. C’est doux et ça percute, c’est chaud et ça la fait basculer dans le vide. I waited for you.

Et elle se souvient, d’avoir parlé de Savannah. D’avoir parlé de son frère en Géorgie, qu’elle s’était promise d’aller voir. Avant que tout ne tombe en morceaux, avant que Novak ne débarque chez elle pour lui dire de foutre le camp de New York. Avant l’accident, avant le goût du sang dans sa bouche, avant les mains qui l’avaient empoignées pour la sortir de la voiture brisée, avant les regards sévères des autorités irlandaises, avant la peur de finir sa vie en prison, avant la fuite en compagnie de son Da, avant le deuil, avant tout ça. Savannah, mon frère est à Savannah. Il s’en est souvenu. Il est venu. Il l’a attendu.

Elle l’observe, et c’est une tendresse nouvelle qui déborde de ses yeux. Couvrant le grand serbe, voile qui se dépose sur leurs deux corps, les enveloppent et les réchauffent. Les doigts de Niamh qui se resserrent un peu autour du bras, sans vraiment appuyer, mais juste pour affirmer leur présence. Le sourire se joint au portrait, simple et sincère. Le coeur qui déraille, les noeuds qui délient. Ça vient chercher quelque chose en elle, et malgré le manque de réponses, malgré les questions qui subsistent, Novak est là, Novak est venu pour elle, Novak l’a attendu. Elle. Après New York, après les déchirures sanglantes, il est venu à Savannah pour elle. « Sorry it took me so long. » Finalement sa voix brise le silence, calme et tremblante à la fois. Comme elle aurait envie de venir se perdre contre lui, de se fracasser pour oublier les nuits solitaires, le froid de sa perte, la douleur de sa mort. Novak revenu à la vie, juste là, pour elle. Son pouce, qui caressait lentement la peau, se redresse, alors qu’elle retourne son regard vers le bras blessé. « Let’s finish this, all right ? » Avant tout elle doit s’occuper de la chair ouverte, et de la douleur physique qu’elle s’efforce à apaiser. Elle tire lentement sur le bandage, la gorge gonflée d’émotion, son coeur qui tambourine dans sa tête. Elle sait que ça lui fait mal, mais elle sait qu’elle n’a pas le choix. Déglutissant, la blessure se révèle, et Niamh inspire profondément. C’est une boucherie, la peau déchirée, le sang et la chair, c’est à en avoir le vertige et elle se demande comment Novak avait pu se tenir debout jusqu’à quelques minutes auparavant. Et pourtant ça ne la surprend pas, c’est du serbe dont il est question - increvable, mais pas invincible. Et Niamh le sait. Elle inspire prondément, puis expire. Ferme les yeux, reprend du courage à nouveau. « Fuck. Ok. » Renifle, attrape le linge humide avec lequel elle avait désinfecté l’autre blessure. Relève les yeux vers Novak, lui donne un petit sourire. Sa main qui vient attraper la bouteille, effleurant les doigts du serbe au passage. Humidifie le linge à nouveau. Une main qui se dépose sur son poignet - pas pour l’empêcher de bouger, plus que pour lui affirmer sa présence. Et elle vient lentement désinfecter la blessure. Enlever le sang de trop, s’assurer que la chair est prête à se faire recoudre. Le coeur au bord des lèvres, à sentir la douleur de Novak, à se répéter en boucle les mêmes mots, I waited for you, I waited for you. Attrape l’aiguille, attrape le fil. Le plus tôt ça sera commencé, le plus tôt ça sera terminé.

L’aiguille perce la peau, le fil glisse. Elle ne sait pas ce qui a causé la blessure - mais ce fut violent. Niamh déglutit. Les questions viendront plus tard. « I had to disappear. » Qu’elle dit, tentant de garder sa voix calme. Se dit qu’elle peut au moins essayer de le distraire un peu, en parlant. Qu’il y ait autre chose que les points de suture hésitants, que les soins incertains, que le sang qui vient tacher les doigts de l’irlandaise, son jeans, son t-shirt. Rien à foutre. « My Da got me out, but we couldn’t stay in Ireland. Obviously. So we travelled. We went to Austria first. » Elle ne sait pas même pas ce qu’il sait - ce qu’on lui a dit, ce qu’il a appris. Mais elle se doute qu’il posera les questions dont il a besoin, si seulement il veut le savoir. Niamh, ses doigts tremblants, rouges du sang du serbe, qui continuent le boulot. La boule au fond de la gorge, les poumons enflammés, et le coeur en tambour. « Then it was Cape Town. And some other places. It took a while to get the fake papers. » Ce ne sont que des bribes d’explications, mais ça occupe la conversation. Le regard de Niamh qui glisse, qui se pose sur le serbe. Il ne la lâche pas des yeux. Ça vient lui serrer le coeur, sans l’empêcher de battre. « How long have you been here ? »
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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyMer 25 Juil - 16:03

I waited for you.

Pendant quelques secondes, il a l'impression que ses mots restent suspendus dans l'air. Qu'ils ne veulent pas retomber. Que Niamh les garde là pour les observer, les accepter. La tendresse qui déborde de ses yeux — et le serbe refuse de s'en détourner. Refuse de prendre le risque de la voir disparaître, au moindre clignement de paupières. L'illusion est belle, complexe, parfaite. Il veut la voir rester. Veut pouvoir en tirer tout ce que le temps imparti le lui permet. Veut être capable de la prendre pour réalité, avant que la cauchemardesque réalité ne finisse à nouveau par le rattraper. « Sorry it took me so long. » Elle a la voix tremblante, lorsqu'elle lui répond finalement. Et il ne dit rien. Accuse les mots sans un son, ses yeux refusant toujours de s'éloigner de son visage aux douces formes, de ses cheveux sauvages, de son corps qu'il avait tant rêvé pouvoir effleurer, toucher, posséder à nouveau. It's ok.

It's ok.


Mais les mots ne passent pas sa bouche. Esclave du silence qui lui étreignait le coeur de plus belle, depuis leur séparation. Il ravale le serbe, déglutissement silencieux. Mais l'anglais ne vient pas. Et il ne lutte pas. Trop faible pour ça. La douleur qui lui cisaille encore l'abdomen, et qui lui déchiquète le bras. Et ce n'est que lorsqu'elle stoppe sa petite caresse, du bout du pouce, qu'il réalise ce qu'elle faisait. Réalise le soin qu'elle prend de lui — la douceur avec laquelle elle tente de le préserver. She's here, mate. You better wrap up your mind around the idea. « Let’s finish this, all right ? » Et il hoche légèrement de la tête. Mouvement presque invisible, mais qu'il la sait capable de détecter. Il décroche ses yeux d'elle, un instant, pour les fermer. Sent le grossier bandage qu'elle retire, et une sensation étrange lui tordre l'estomac. La peur, le dégoût. La honte. Le chagrin, de l'obliger à subir ça. L'obliger à se pencher dessus, l'obliger à recoudre ce qui n'aurait jamais dû être ouvert s'il avait fait les choses plus proprement. « Fuck. Ok. » Et pourtant, les regrets sont inexistants. Ce type avait tenté de violer Mads, et l'idée lui restait encore en travers de la gorge. Il l'avait tué, comme il avait failli tuer le violeur de Katja alors qu'il n'avait que seize ans. L'avait tué, comme il avait tué ce type qui avait voulu brusquer Niamh à New York, deux ans auparavant. Rien pour le faire regretter. Rien qu'un étrange dégoût envers lui-même, de n'avoir d'autre réponse que la mort à toutes les abominations que la vie lui présentait.

Lentement, il rouvre les yeux. Son regard qui croise celui de Niamh, et il accueille le petit sourire qu'elle lui fait avec le coeur serré. I'm sorry, baby. Pourtant, ils n'ont pas le choix de s'y coller. La main de l'irlandaise qui se dépose contre son poignet, et le linge humide qui commence à nettoyer. Le regard du serbe qui se détourne, fixe un point invisible, un peu plus loin. Les mâchoires crispées, le coeur soulevé sous le coup de la douleur. Prêt à en terminer, prêt à sentir l'aiguille faire faiblement son travail, là où l'oeuvre d'un véritable médecin aurait été la seule solution pour contrôler les dégâts et les séquelles qu'une telle blessure pouvait causer. Mais on fait avec ce qu'on a, pas vrai ? L'aiguille perce finalement la peau, et il garde les dents serrées. Les yeux fixés au loin, et la volonté immuable de ne pas flancher. Ne jamais flancher. La laisser faire son travail, sans un bruit. « I had to disappear.  » Douce voix. Elle vient se couler jusqu'à son tympan, l'arracher à la concentration qui l'avait envahi pour faire face à la douleur sans nom qui lui déchirait le bras. Et, lentement, sa tête se tourne à nouveau. Ses yeux qui se reposent sur Niamh, la couvent. Il occulte la blessure qu'elle est en train de soigner, occulte la souffrance. Attiré par ses mots et sa distraction comme un papillon de nuit le serait par la flamme d'une chandelle. « My Da got me out, but we couldn’t stay in Ireland. Obviously. So we travelled. We went to Austria first. » Son coeur qui se broie, à mesure qu'elle progresse. Tout ça à cause de lui. À cause de sa vaine tentative de la protéger, de son refus premier de coopérer avec Ivana. Tout ça à cause de ses erreurs, qui avaient continué de s'empiler et qui avaient bien failli la condamner. Mais elle s'en était sortie. Ils avaient tenu leur promesse — et même s'il ignorait l'implication réelle des serbes dans sa fuite, le point n'était pas là. Le point, c'était qu'elle n'était pas passée par la case prison. Qu'elle s'en était tirée. Et qu'elle avait pu s'en aller en paix. « Then it was Cape Town. And some other places. It took a while to get the fake papers. » Elle continue, et le coeur du serbe se laisse bercer par les mots qu'elle lui donne. L'accent irlandais, écorché, qui lui avait manqué plus qu'il ne saurait l'avouer. Il continue de la fixer, continue de l'observer alors qu'elle tremble lentement, le sang qui lui barbouille les mains, le coeur, l'âme. Ce qu'il l'oblige à faire, et que personne ne devrait avoir à accomplir. Le monstre à rafistoler, l'âme brisée à tenter de réparer. Leurs regards reviennent se croiser, et Novak tente de réguler davantage sa respiration. Rester calme. Occulter la douleur, comme il l'avait fait tant de fois par le passer. Ça va aller.

« How long have you been here ? » Question qui le cueille au creux de l'estomac, et le conduit à rompre le contact visuel entre eux. La laisser retourner à son travail. Le plus vite ce sera fait, le plus rapidement ils pourront cesser d'y penser. Plaies laissées à cicatriser — et il fera ce qu'il faut pour ne pas les rouvrir. Pour les garder immobiles, le temps qu'il faudra à la chair pour cicatriser. « Two years. » Les mots tombent, et il déglutit lentement. Reprend la bouteille de vodka, en avale une gorgée. La sensation familière, la chaleur qui se répand dans son visage, dans sa gorge, dans sa poitrine. Two years. « New York went down not long after they caught you. » Et les trois derniers mots lui lacèrent le coeur, sans la moindre pitié. Caught you because of me. Le simple fait d'y repenser lui donne envie de retourner le monde, et de retourner les tuer. Mais tout est terminé. Plus rien à faire. Tout ce qu'il leur restait, c'était d'avancer. Niamh l'avait fait. Et lui aussi, d'une certaine manière. « I disappeared, and I went straight to Georgia. » Looking for you, waiting for you. Il s'efforce de développer, s'efforce de ne pas la laisser face à un silence qu'elle n'a pas mérité. L'esprit faisant le tri au fur et à mesure, et balayant toutes les informations auxquelles elle n'avait pas besoin d'être confrontées. La mort, la misère. Les retrouvailles avec Drazen, les Dogs. Drazen. « Drazen is here too. » Quatre mots simples. Trois mots qui lui viennent naturellement. La cellule de New York s'était effondrée, mais Drazen s'en était tiré. Elle avait le droit de savoir qu'un ami était en vie — et ce fut le regard dans le vague qu'il le lui annonça. Le coeur trop lourd pour continuer de parler. La réalité lui parvenant petit à petit, entre les quelques gorgées de vodka qu'il avalait. You're here, aren't you ? You really are. Irréel, mais pas impossible. Il l'avait attendue dans un but. L'avait espérée pour une bonne raison. Et elle l'avait retrouvé. Au moment où il avait le plus besoin d'elle — miraculeux mirage. Inespéré, après des années à le souhaiter. But you're here.

You're here.

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MessageSujet: Re: (you can have this heart to break), nivak   (you can have this heart to break), nivak EmptyMar 7 Aoû - 21:06

Le coeur au bord des lèvres, face à la chair ensanglantée. À la peau déchiquetée, elle ne sait pas trop comment - n’ose pas demander, pas tout de suite. La priorité, c’est de le saigner, d’au moins l’empêcher de pisser le sang et de complètement se vider, et pour de bon. La priorité c’est de l’apaiser un peu, au moins qu’il puisse souffler et ne pas perdre pied pour s’écraser. Elle est là, à présent - là pour le retenir en cas de chute, là opur lui rappeler de continuer d’avancer. Elle a peine à y croire, qu’elle soit de nouveau à ses côtés. Qu’il soit vraiment en vie, amoché certes, mais en vie - et qu’il soit juste là. Près d’elle, contre elle. Elle a envie de sourire, de pleurer, de crier, tout ça à la fois. Mais elle doit rester concentrée, au moins juste pour quelques minutes encore. Novak a besoin d’elle. Et elle veut être là pour lui. Elle continue de parler, malgré les mêmes mots qui se répètent, encore et encore dans sa tête. I waited for you. Niamh qui regrettait à présent avoir mis autant de temps, et qui détestait le monde de lui avoir fait croire à la mort du serbe. Toute la douleur qui aurait pu être évitée. Elle continue de parler, enchaînant les histoires qui n’ont plus trop d’importance, mais qu’elle ressent le besoin d’articuler. Au moins pour lui changer les idées, le temps qu’elle lui recoude la chair, que le sang cesse de couler. L’aiguille qui perce la peau, le fil qui replace tout ensemble. Les doigts de Niamh, tremblants, le sang déjà collé à son épiderme, qui continuent le boulot, ne s’arrêtent pas malgré le léger vertige et la nausée latente qui lui colle à l’estomac. Elle peut sentir qu’il la regarde, aussi - il n’arrête pas, depuis tout à l’heure. Mais ça ne la dérange pas, cette sensation lui avait manqué. Et ça la rassure étrangement, d’avoir les yeux de Novak sur elle à nouveau. Elle se sent plus en sécurité, déjà, et moins seule. Affreusement moins seule.

Novak est un patient calme et obéissant, et il ne bouge pas alors qu’elle continue à lui prodiguer ses soins. Aussi douloureux peuvent-ils être. Et c’est au bout d’un court silence qu’il répond à sa question. « Two years. » Elle ne s’arrête pas, même si son coeur cesse de battre un instant dans sa poitrine. Two years. Il est donc venu ici directement après New York, ou presque - à quelques semaines près. Niamh a la bouche sèche, soudainement. Tout ce temps. Il t’a attendu tout ce temps. Sa poitrine a envie d’exploser, sous la tendresse, sous la portée du geste. Deux ans à t’attendre. « New York went down not long after they caught you. » Le souvenir de Novak qui lui dit de foutre le camp, les affaires rapidement ramassées, puis l’accident de voiture - le monde complètement flou, les bras qui l’attrapent et la tirent de la voiture. Elle avait voulu hurlé, la vitre du pare-brise lui lacérait les jambes, mais elle avait été trop sonnée. Niamh continue de recoudre Novak. Ne cille pas. « I disappeared, and I went straight to Georgia. » Elle déglutit, légèrement. Il était venu ici en sachant que c’était sa destination - l’endroit où elle viendrait éventuellement retrouver son frère, où on lui avait dit que JJ se retrouvait. Les détails manquent à l’histoire du serbe, mais ça n’a pas d’importance - pas maintenant. Pas alors qu’ils viennent à peine de se trouver. Niamh reste concentrée. Plus que quelques points, et ça sera terminé. « Drazen is here too. » Ça la fait relever des yeux, un court instant. L’étincelle qui apparaît dans ses yeux - Drazen. Elle avait cru tout le monde mort. Et voilà que peut-être pas, finalement. Au moins, Novak et Drazen. « He is ? » Elle demande, le sourire qui se forme sur ses lèvres. Longtemps qu’elle n’a pas vu le barman, longtemps qu’elle avait cru ne jamais le revoir. Et pourtant. « He’s a good guy. » Contrairement aux autres. Niamh a le souvenir de soirées au whisky, de Drazen l’ombre ambulante. Et ça lui fait franchement plaisir, l’idée de le revoir.

Elle attrape les ciseaux, et coupe le bout de fil. Les points de suture sont sommaires, hésitants - mais au moins, le bras a cessé de saigner. La guérison sera compliquée, et la cicatrice plutôt vilaine. Mais au moins, Novak est hors de danger. Pour le moment. Niamh expire longuement, dépose tous les instruments sur la table. Lui vole la bouteille de vodka pour en prendre un longue gorgée, petite grimace qui ponctue son mouvement. « You and your cheap vodka. » Mais elle le dit affectueusement, se sentant déjà mieux une fois la charcuterie terminée. Attrape le linge humide et termine de nettoyer un peu la peau tatouée. « It should hold, at least while you get some rest. » La voix est douce, alors qu’elle retourne son regard vers le serbe. Le rêve est presque parfait - il ne manquerait qu’un peu de whisky pour lui donner le courage. Elle se perd un instant sur les traits de Novak. Le désir de se coller à lui, pour s’assurer qu’il est réel, de l’embrasser, de goûter à ses lèvres qui avaient hantées ses rêves. Le corps qu’elle n’avait retrouvé que dans les nuages le soir, les doigts qui s’égarent et les soupirs solitaires. Mais Novak n’est pas en état - alors Niamh se contente de sourire, et de se redresser suffisamment pour l’embrasser sur la joue. « C’mon, big guy. Bed time. » Pas question qu’il s’obstine. Il y a tellement de choses à se dire, encore - tellement de choses à faire. Mais pour l’instant, il doit fermer les yeux et laisser Morphée lui accorder un peu de répit. Ils auraient amplement le temps de se rattraper plus tard. Now that I’m here, I’m not leaving. Elle attrape ses doigts, les serrent entre les siens. Se relève, afin de l’induire à faire de même. Elle ira le coucher, puis elle ira laver ses mains. Se déposera dans le fond du canapé, en compagnie du chien qui est toujours pas loin, et attendra qu’il émerge à nouveau. Niamh qui refuse la possibilité de repartir - ne veut pas le laisser seul, ne veut pas redevenir seule. Elle lui sourit, tendrement, malicieusement, juste un petit peu.

I’m here, big guy.
I’m not leaving.
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