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 (castle of glass), nivak.

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MessageSujet: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyMer 18 Avr - 18:45

Lulla ?
Lulla, tu m’entends ?
Où tu es, Lulla ?
Lulla ?


Les yeux qui s’ouvrent. La pénombre. Le plafond blac, le luminaire. Au coin droit, la lumière nocturne qui traverse les rideaux. Beau milieu de la nuit. Le lit de Novak.

Calme-toi, Niamh. Lulla va bien. Elle est de retoura vec son père. Amochée. Les grands yeux qui ont trop vu, trop entendu. Une expérience dont elle aura du mal à se remettre, qui la suivra toute sa vie. Mais elle est en vie. De retour avec son père. Tout va bien. Tu peux respirer, Niamh. Plus à s’en faire à chaque seconde qui passe. Les dernières secousses d’adrénaline et de peur dans les veines. Ce n’est que l’après-choc. Elle bouge la jambe, s’étire sur le dos. Roule sur le côté, les yeux collés d’un sommeil agité. Elle veut dormir encore, juste un peu, profiter de la quiétude et de la chaleur des draps. Son bras retombe et heurte un autre corps, allongé à ses côtés. Niamh se fige, ouvre les yeux. Si elle est chez Novak - et elle reconnaît le matelas, reconnaît le plafond, reconnaît les odeurs - y’a qu’une seule personne qui peut être dans le lit avec elle. Elle reconnaît sans difficulté le dos large, couvert de tatouages. Il est dos à elle, et elle peut l’entendre respirer. Irrégulièrement. Le sommeil du serbe est agité. Rien de surprenant. Niamh reste là quelques instants, n’osant pas trop bouger. Depuis qu’elle le connaît, c’est la première fois qu’elle le voit dormir. Malgré le sexe et les nuits passées ensemble, jamais elle ne l’a vu dormir, jamais ils n’ont dormi ensemble. Côte à côte, dans le grand lit de son appartement. Elle y a toujours été seule, les fois où elle s’est assoupie. D’habitude, Novak esquive habilement la possibilité - il s’occupe pendant qu’elle dort, se maintient éveillé. Ou alors c’est elle qui repart quand elle sent le sommeil la gagner. Pas cette fois.

Son esprit brumeux de sommeil tente de remettre les souvenirs en place. L’appel de Willis, Lulla est en vie, Lulla est ok, Lulla est avec moi. Le sourire de l’irlandaise, la visite à sa nièce. Petit chou-fleur qu’elle a serré fort dans ses bras. Puis la petite qui s’endort, épuisée, le père aussi, tombé d’épuisement après le soulagement. Niamh les a laissés, s’est rendue chez Novak. Et toi, alors ? Et Bran ? Quand elle croise le regard sombre du serbe elle comprend, que Bran aussi est ok, ou du moins il est en vie, et il a été récupéré aussi. Niamh qui est venue se fracasser leurs lèvres et leurs corps, qui l’a attiré à elle, ivre de soulagement, avide de lui, le temps de vivre un peu après avoir eu aussi peur. Les muscles qui se relâchent, l’esprit qui vogue enfin librement. L’amour aussi brutal que d’habitude, mais fou des émotions partagées, ils vont bien, ils vont bien. Après ça, c’est flou, sans doute qu’elle a du s’endormir là et lui aussi, épuisés de l’amour et du reste, la vigilance qui retombe après des semaines sur les nerfs. Et les voilà allongés côte à côte, endormis, étrangement immobiles.

Niamh sursaute quand le corps de Novak a un sursaut. Ses yeux qui reviennent du passé pour se poser dans le présent. Il dort. Pas de doute là-dessus. Mais son souffle est erratique, et ses muscles tendus. Comme un prédateur prêt à bondir. Si son poing se fracassait sur elle, il lui pèterait le nez sans difficulté. Niamh se redresse sur son coude, le regard attentif et intrigué. Elle porte le t-shirt de Novak et ses culottes. Clairement il n’avaient pas pris la peine de vraiment se déshabiller. Peu importe. Elle chasse les mèches rousses qui lui tombent devant les yeux et s’étire le cou pour regarder Novak. Sa main se pose sur son épaule en guise d’appui, et son regard glisse jusqu’aux traits du serbe. Son visage est crispé, comme de douleur. Il a l’air sauvage, autant qu’il a l’air désespéré. Elle ne sait pas ce que c’est, mais ça lui brise le coeur. Sa gorge qui s’assèche, en voyant la tempête, elle n’a jamais vu Novak comme ça, elle n’a jamais vu personne comme ça. Pas avec autant de souffrance dans les traits. Un mauvais rêve, c’est certain. Et Niamh comprend soudainement pourquoi il a évité ce genre de situation jusqu’ici, si son sommeil est agité de cauchemars. Pas question qu’on le voit comme ça, surtout pas avec elle, avec qui c’est sensé ne pas être compliqué.

Le coeur de Niamh se serre. Elle ne peut pas le laisser comme ça, alors que le corps de Novak s’agite encore, la faisant sursauter. Il marmonne queqlue chose, son serbe n’est pas encore assez développé pour qu’elle comprenne. Mais elle sent la détresse dans les mots, c’est tranchant et ça finit de la convaincre - elle doit l’apaiser, le réveiller s’il le faut. Alors ses doigts serrent un peu l’épaule de Novak, et elle le secout doucement. « Novak ? » Sa voix perce le silence. Il ne réagit pas, son sommeil est trop lourd. « Novak. » Sa voix est plus insistante cette fois, et elle le secout un peu plus. Elle hésite. Il semble l’avoir entendue, comme s’il retenait soudainement son souffle. Et pourtant il ne bouge pas - c’est sans doute son imagination. Alors elle tend la main, pour attraper sa joue. Lui donner un peu de douceur. L’apaiser, le gros loup, juste un peu. Comme il l’a fait tant de fois avec elle, à ton tour Niamh. Juste un petit peu.
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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyMer 18 Avr - 21:50

▼▲▼

Bran est vivant.

Bran est rentré.

La nouvelle était tombée quand le serbe ne s'y attendait plus, mais le soulagement n'en avait pas été moins grand. Les épaules qui s'étaient relâchées, l'inquiétude écrasante qui s'était évaporée. La culpabilité avait tenu son poste, pourtant. Il lui faudrait quelque temps pour se dissiper — mais elle n'altérerait pas le reste des événements. La fatigue, elle aussi, avait finalement décidé de profiter de l'allégresse pour s'installer. Meurtrière, elle avait frappé sans qu'il ne s'y attende. Frappé après le plaisir qu'il avait procuré à Niamh, et que Niamh lui avait procuré. Frappé pour le faire succomber. Et il n'y avait pas eu une seule seconde pour lui faire prendre conscience qu'il s'endormait. L'esprit noirci par le chaos des dernières semaines, le corps drainé de sa mauvaise énergie par la fougue des hanches de Niamh. Épuisé, engourdi, il s'était assoupi. Sans se rendre compte que l'irlandaise n'était pas partie. Sans s'imaginer, un seul instant, de la cruauté des cauchemars qui l'assailliraient, dès l'instant où ses yeux auraient roulé derrière ses paupières alourdies par les récentes insomnies.

Il rêve. Rêve de la mort, rêve des coups. Rêve de Bran, projeté au milieu de ce champ de bataille qui avait enlevé la vie à tant d'hommes. Rêve de Bran, au milieu des flammes. Des balles qui le traversent, et de son corps encore debout. De sa carcasse qui s'effondre finalement, et de son impossibilité de l'atteindre. Son corps est lourd, refuse d'avancer. Le feu de la guerre lui ronge les pieds, et il se prend à ramper. Du sable qui se mêle au sang dans sa bouche. Et Bran, étendu un peu plus loin. Bran, que la mort a fait quitter l'âge adulte pour le ramener à l'adolescence. À cet état dans lequel Novak l'avait rencontré, il y avait tant d'années de cela. Les monstres des ombres sont en train de le dévorer. Et le gamin continue de rajeunir. Un âge auquel son mentor ne l'a jamais connu. Redevenu enfant. Dommage collatéral d'une vie de cruauté et d'horreur.

Un contact. Dans la réalité, Niamh s'est réveillé. Ses doigts se sont posés sur le loup pour essayer de le ramener. Le ramener dans un monde où les monstres d'ombres n'existe pas. Dans un monde où Bran n'est pas un enfant, et où il est vivant. Mais la connexion est trop ténue. Et le contact ne sert qu'à faire tressaillir le colosse, qui a soudainement vu les yeux de l'enfant s'ouvrir. Le regarder. Et au milieu des balles, au milieu des explosions, au milieu du sang et des membres arrachés, il peut voir ses lèvres remuer. N'entend pas ses mots, mais les devine pourtant si clairement. You didn't find me.

Et ce qu'il lui restait de lien avec la réalité se brise, au fond de lui. Fatigue trop lourde pour qu'il puisse se tirer de ce cauchemar. Et il essaie de crier, Покушао сам.

I tried.
I tried.


Incapable de se rendre compte qu'il l'a murmuré dans la réalité. Qu'il a inquiété Niamh, et qu'elle s'est mise à le secouer. Ça ne le tire pas des horreurs qu'il voit. Ses yeux qui refusent de se détacher de l'enfant Bran, alors qu'il continue de vouloir ramper. Continue de vouloir le rejoindre, dans une volonté brisée de tirer son corps des griffes de ses démons. Mais les secousses l'en empêchent. Les secousses tirent Bran loin de lui, le tirent loin de Bran. La voix ne perce pas le voile du sommeil, trop bruyant des atrocités qui l'entourent. Les cris, les balles, les bombes. Et son coeur, battant à en exploser au fond de sa poitrine compressée.

Nouvelles secousses, et il se sent perdre prise sur la réalité. Il sent que Bran va lui échapper. Qu'il va le perdre, et que les démons vont gagner. Il ne peut pas se le permettre. Ne peut pas le laisser filer. Il n'a pas pu le retrouver. N'a pas pu le sauver. Il faut au moins qu'il l'atteigne. Qu'il puisse le protéger, et l'enterrer.

Il faut que–
Il faut–
Il–

Ouvre les yeux. La guerre est finie. Bran est en vie. Niamh est là, sa main sur la joue du loup. Là pour le réconforter, là pour l'apaiser. Bran est en vie.
Et Niamh est à tes côtés.

Non.


Non. Le lien avec la réalité s'est brisé, et ouvrir les yeux ne l'a pas rétabli. Ouvrir les yeux a arraché l'enfant Bran de son regard. Lui a fait le perdre, à jamais. Incapable de l'atteindre, incapable de l'aider, incapable de le protéger. Les monstres ont gagné. Ils les ont séparés. Les monstres ont gagné.

Une main qui se projette vers la gorge de celui qui a finalement réussi à l'attraper. Et ses autres doigts se sont saisis du couteau sous son oreiller, alors que son corps tendu se redressait brutalement pour faire basculer la créature sur le dos et l'immobiliser. La lame qui se pose sur sa gorge, gorge broyée par sa poigne effrayante. Poigne de guerre, poigne des cauchemars. Poigne de terreur et d'hallucination, alors que ses yeux fous trouvent ceux du monstre. Si doux.

La réalité est trop fragile, et l'horreur de la vision de l'enfant Bran ne quitte pas son esprit. Trop forte. Il ne comprend pas. Ne comprend plus. Figé, le couteau se retenant de percer la jugulaire gonflée par la pénurie d'oxygène du cerveau qu'il asphyxiait. Le corps qui se débat sous ses doigts, chétif et impuissant. Quelque chose qui cloche. Quelque chose qui l'a arrêté. Quelque chose qui refuse pourtant de briser les digues cauchemardesques de son esprit endormi. Le monstre n'est pas. Le monstre n'existe pas.

C'est Niamh. C'est Niamh, et tu es en train de la tuer.
Reprends-toi, Novak. Bon sang, reprends-toi.

Réveille-toi, Novak.

Réveille-toi.

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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyJeu 19 Avr - 5:36

Le temps se suspend. L’espace de quelques souffles, tout se tait, tout arrête de bouger. Quelque chose cloche. Quelque chose ne va pas. Quelque chose ne va pas du tout. Les doigts de Niamh se posent contre la joue de Novak. Sa peau est brûlante sous ses doigts froids. Sous son petit doigt, elle peut sentir le relief du tatouage qu’il a sur le cou. Quelque chose a changé dans l’air au moment où elle a posé sa main là. Pendant un instant, l’irlandaise croit qu’elle est parvenue à l’apaiser. À amadouer le loup, le temps que ses cauchemars laissent place à un sommeil dénudé d’images et de douleur. Que sa présence a été suffisante pour le calmer, pour apaiser une respiration erratique et des spasmes brutaux de ses muscles. Que le géant pourra souffler un peu, et qu’au réveil ce seront des yeux calmes qu’elle pourra accueillir. Pendant un instant, Niamh croit que c’est bon, elle y est parvenue. Novak se calme, Novak dormira mieux. Grâce à elle. Ça lui fait tout drôle. Tout drôle de prendre soin de quelqu’un, d’avoir envie de le faire, aussi. Elle se dit que ce n’est plus trop nécessaire de le réveiller. Elle relâche un peu ses épaules, observe le serbe. Ses cheveux un peu emmêlés, les cicatrices qu’elle peut discerner. Pendant un instant elle croit vraiment y être arrivée.

Puis elle réalise ce qui cloche. Novak ne respire pas plus paisiblement. Il ne s’est pas calmé - il retient son souffle. Alors que son regard glisse sur son bras, elle réalise qu’il est tendu. Que tout son corps semble prêt à bondir, que les secondes coulent comme les derniers grains de sable d’un sablier. Tout devient soudainement statique, plus rien ne bouge, pas un seul souffle dans l’air. Sa propre respiration se bloque dans sa gorge, alors qu’elle réalise qu’elle vient de commettre une grossière erreur. Une erreur difficile à pardonner, qui n’annonce rien de bon. Une erreur qui va coûter cher. Très cher. Trop cher. Niamh n’a pas le temps de réfléchir. Pas le temps de retirer sa main. Pas le temps de se reculer pour éviter la tempête. Elle s’est plongée tête première dans l’oeil de la tornade, et elle en sera la première et seule victime. Il ouvre les yeux. Elle soulève sa main de surprise, mais c’est déjà trop tard. Ses yeux sont noirs, flous, nuageux. Pendant la fraction de seconde où le temps reste suspendu, Niamh réalise qu’il ne la voit pas. Il ne la voit pas.

Novak.
C’est moi.
C’est Niamh.


Des doigts viennent agripper sa gorge, et l’exclamation de surprise est étouffé par le contact brutal. Il n’attend pas qu’elle soit sur le dos pour serrer - les mots de Niamh restent dans sa gorge, étouffés sous la main de Novak. Il la bascule sur le dos, elle n’a aucun moyen de résister, il est trop fort, trop fort pour elle. Et alors qu’elle se sent enfoncée dans le matelas, c’est une lame froide qui se pose contre sa gorge. Elle ne respire déjà plus, mais elle attend le coup fatidique. Attend que le couteau ne tranche la jugulaire, que le sang ne gicle, son sang. Son esprit se ferme, son corps se débat, elle ne respire plus.

Novak, j’arrive pas à respirer.
Novak, tu me fais mal.
Novak, tu vas me tuer.


La main puissante du serbe lui broit la gorge, la lame menace de lui trancher définitivement la gorge. Niamh ne réalise même pas qu’elle se débat, de toutes ses petites forces, trop faibles, trop pitoyables face au géant de roc. Des mots étranglés tentent de s’échapper de sa gorge, mais ça ne sert à rien. Il ne la voit pas, pas elle. Les larmes fusent, les points noirs se multiplient. La peur se glisse dans ses veines, froide. Les sanglots et les supplications meurent dans sa poitrine avant d’avoir le temps de naître, elle ne peut pas respirer, Novak, je peux pas respirer. Elle ne comprend pas.

Novak, c’est moi.
C’est Niamh.
Arrête, s’il te plaît.
S’il te plaît, arrête
Arrête
S’il te plaît
Arrête arrête
Arrête


Les larmes coulent, alors que ses yeux se révulsent, et que l’inconscience prend peu à peu prise de son corps. Ses bras se débattent toujours dans le vide, ses mains tentent de le pousser, d’agripper ce qu’ils peuvent. La lame n’a pas tranché la peau, elle ne croit pas. Pas besoin. Elle va mourrir étouffée. Novak va la tuer. Novak qui ne la voit pas. Novak qui ne voit que les démons de ses cauchemars. Niamh devenue l’ennemi, de part un simple contact.

J’suis désolée.
J’suis tellement désolée.
J’aurais pas dû.
Je savais pas.


Elle est terrifiée. Terrifiée de l’ombre qui l’écrase de tout son poids, terrifiée de l’homme qui est en train de la tuer. Terrifiée de celui qui n’est pas Novak, non, Novak ne lui ferait jamais de mal. Pas comme ça. Et pourtant c’est son visage qui est au-dessus d’elle, ses yeux à lui qui la regarde alors qu’elle est en train de crever. Sa main autour de sa gorge, son corps qui l’écrase. Les doigts de Niamh qui griffent la peau qu’elle trouve, qui tire sur les cheveux, qui donne des coups qui faiblissent de plus en plus. Elle s’enfonce, encore et encore. Elle a envie de pleurer, elle ne veut pas mourir, elle a peur.

J’te faisais confiance.
Pourquoi tu me fais du mal ?


Ses yeux se ferment peu à peu. La noirceur est là, les ombres sont là. Elle n’a qu’à tendre la main pour se laisser envelopper. Ça serait facile. Tellement facile. Il la broie, il la détruit, il la brise. Il ne reste plus rien qu’un peur sans nom dans le regard de l’irlandaise. Ses mains se détendent étrangement, et glissent sur la peau du serbe. Dernière caresse, souvenir d'un autre temps. Sans doute mérite-t’elle de mourir. Elle y a échappé un peu trop souvent, sans doute. Et pourtant elle a peur. Peur de son bourreau. Peur de sa sentence. Peur de son jugement.

Pourquoi tu ne me vois pas ?
Pourquoi je te ne vois plus ?
Qu’est-ce qu’on est devenus ?
Pourquoi on en est là ?

J’veux pas mourir.
S’il te plaît.
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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyJeu 19 Avr - 15:33

Elle se débat. Impuissante, perdue dans les affres d'une violence qu'elle n'aurait jamais pensé avoir pu réveiller. Et lui ne s'arrête pas. Lui ne le peut pas. Aveuglé par la guerre qui refuse de relâcher sa prise brûlante sur sa conscience. Aveuglé par la mort de l'enfant Bran, et par son impuissance à l'aider. Terrifié, à l'idée que les monstres ne viennent ensuite le chercher.

Terrifié, de savoir qu'il ne s'en est jamais vraiment tiré.
Terrifié par la guerre.
Et plus encore par l'illusion de la paix, que l'enlèvement de Bran avait fait voler en éclat.
Retourné en guerre.
Guerre qui ne le quitte pas.
Guerre qui ne le quittera jamais.
Guerre qui le tuera.

Mais pour le moment, ce n'est pas lui qu'elle est en train de tuer. C'est le monstre sous son poids, le monstre aux yeux si doux, le monstre qui se débat. Le monstre qui pleure, le monstre qui a le visage rouge, gonflé, le monstre qui lui frappe les bras, lui tire les cheveux, lui griffe le visage. Le monstre qui cesse finalement de se débattre, alors que les ténèbres semblent l'envahir. Le monstre qui laisse sa main retomber contre la peau du géant. Une caresse. Longue et trop douce pour être celle d'une ombre. L'ultime tendresse d'un monstre. La vie quitte ses yeux. C'est presque terminé. Tant mieux.

... Tant mieux ?


La caresse est devenue fantôme et se répète. Illusion répétant le souvenir d'une vraie douceur. Douceur qui ne provient pas des ombres, douceur qui ne peut exister dans le monde où il est plongé. Et ces yeux, qui sont en train de fermer. Ces yeux doux, ces yeux intelligents, ces yeux remplis de toute la terreur qu'il leur infligeait.

Ces yeux, il les connaît.

Un coup invisible qu'on lui porte à l'estomac. Violent, meurtrier. Le coup de la réalité. Le coup qui lui fait écarquiller les yeux plus encore, alors que l'air qui trouve ses poumons est empoisonné par sa tentative de reprendre pied. Sa tentative de comprendre pourquoi les yeux doux, si doux, seule chose qui parvenait encore à lui donner envie de vivre et d'exister au travers des cauchemars, pourquoi ces yeux se fermaient.

Il ne comprend pas. Ne comprend plus. Il a quitté le cauchemar, mais n'a pas la force de se laisser retomber pleinement dans la réalité. Pas la force d'accepter ce qui est en train de se jouer. Il résiste. Essaie de rester dans l'illusion, et essaie de s'en sortir. Pris entre deux eaux. Eaux noires et boueuses. Eaux sanglantes, remplissant ses poumons. Une longue inspiration, et le voile se lève enfin. Niamh.

Choc. Le coeur broyé, l'esprit encore noirci par les atrocités. Niamh. Elle ne respire plus, elle a le visage rouge, les yeux révulsés. Niamh. Le souvenir d'une caresse sur son bras, le souvenir d'une chambre qui se dessine autour d'eux. Niamh.

Pourquoi tu respires plus, Niamh ?
Ouvre les yeux.
Regarde-moi.
Pourquoi tu ne respires pas ?


Et alors, il comprend. Comprend que la main et le couteau sont à lui. Comprend qu'il est celui qui l'asphyxie. Comprend que la colère et l'horreur se sont retournées contre elle. Comprend que c'est son poids qu'elle a sur la gorge. Ses erreurs à lui qui la font suffoquer. Il comprend.

Il comprend et il se recule, abruptement. Sa main qui relâche le cou si fin, cou si rouge de la pression qu'il y a exercée. Et tout son corps qui se détache du sien. La chambre qui se découpe de plus en plus précisément dans son champ de vision, et le cadavre de l'enfant Bran qui se dissipe dans la clarté de la réalité. Une réalité qui, soudain, lui apparaît plus atroce encore que le cauchemar duquel il était incapable de se tirer.

Coup de poignet. Un réflexe qui lui fait retourner la lame du couteau, l'éloigner au maximum de l'irlandaise. Qu'est-ce que t'as fait, Novak ? Il recule, sans pouvoir s'en empêcher. Descend du lit à reculons, encore haletant de ses instincts de tueur. Effrayé. De l'avoir blessée, d'avoir manqué de la tuer. De lui-même. Qu'est-ce que t'as fait ?

La chambre n'est pas grande, mais son corps s'arrête avant de heurter le mur. Flottant au milieu de la pièce. Lourd et dérangeant. Ses yeux refusent de quitter Niamh. Et tout son corps voudrait s'approcher, se précipiter, l'aider à respirer. Ses lèvres voudraient s'excuser, encore et encore, jusqu'à ce que l'anglais perde son sens et que seul le serbe lui reste. Mais il reste figé. Animal errant dans le vide, bien trop effrayé de ses propres mains pour être capable de les poser sur elle à nouveau. Monstre terrifié à l'idée d'empirer encore la situation. Qu'est-ce que t'as fait, Novak ?

Son coeur est remonté dans sa gorge, et il n'est plus capable de bouger. Le couteau laissé à pendre contre sa cuisse, les griffures sur son visage, sur ses bras, sur son torse, qui le brûlent. Et la plaie béante que la réalité a laissé sur son esprit refuse de s'estomper. Refuse de partir avec le cauchemar, et de le laisser aller. L'air qui rejoint ses poumons est plus empoisonné encore que celui que la guerre lui faisait aspirer. Et au milieu des morceaux brisés de son coeur, de son âme, il ne reste plus rien que le néant.

Regarde c'que t'as fait, Novak.
Regarde.
Regarde et n'oublie pas.

Regarde c'que t'as fait, Novak.
Pourquoi tu continues d'infliger aux autres le risque de ton existence ?
Pourquoi, Novak ?

Pourquoi ?

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Dernière édition par Novak Zoranovic le Dim 22 Avr - 17:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptySam 21 Avr - 3:02

La mort tend la main. Elle est là, juste là, au bout de ses doigts. Elle voit la noirceur, la ressent dans son corps entier. Ses muscles qui s’engourdissent, son esprit qui s’embrume. La mort est là, la regarde. Attend patiemment que les derniers spasmes traversent son corps, qu’elle finisse par abandonner, qu’elle accepte de capituler. Que cette fois elle n’y échappera pas, que cette fois la mort va la happer, et pour de bon. Que ces mains seront les dernières à la toucher, de la manière la plus cruelle qui soit. Novak. Niamh ne comprend pas. Ne comprend pas ce qu’elle a fait de mal, ce qu’elle a fait ou n’a pas fait. Ce qui a mérité autant de violence, ce qui a soudainement provoqué la rage dans les tripes de celui chez qui elle a si souvent trouvé refuge. Elle s’était toujours sentie en sécurité, ici, dans ce lit, dans cette chambre, dans cet appartement. Auprès de lui, auprès d’un serbe pas bien bavard mais qui, pour une fois, ne lui demandait pas de changer quoi que ce soit à propos de qui elle était. Auprès d’un homme qu’elle savait violent à bien des égards, mais jamais envers elle. Jamais dangereusement envers elle. Et pourtant c’était ses mains à lui autour de sa gorge. Ses mains à lui qui lui coupait la respiration. Ses mains à lui qui la tuait. La force quitte peu à peu son corps. Laisse toi aller, Niamh. Ça ne sert à rien de lutter. Le géant t’as écrasée. C’est terminé.

C’est terminé, Niamh.
Tu peux tout relâcher.
Laisse toi aller.


Et alors que ses yeux se ferment, Niamh sent soudainement la pression se retirer. Tout à coup, l’air passe à nouveau entre ses lèvres, dans sa gorge, dans ses poumons. Elle ne bouge pas, pendant quelques secondes. Résignée à la mort, résignée à l’asphyxie. Elle mets un temps à comprendre qu’elle peut à nouveau respirer. Que la main a disparue, le couteau aussi. Son corps a un soubresaut, l’instinct de survie la frappe en plein visage. Tu peux respirer. Tu peux respirer.

Respire Niamh putain respire.


D’un grand coup, elle avale l’air qu’elle peut. Se redresse, le géant a disparu, elle peut bouger à nouveau. Son corps se propulse vers l’avant alors que l’air s’engouffre dans ses poumons. Ça siffle, ça fait mal, ça brûle, ses yeux dégoulinent de larmes, et alors que l’air remplit ses poumons, les gonfle à nouveau, elle se mets à tousser violemment. La toux est rauque, profonde, alors qu’elle vacille sur le matelas, se glisse avec peine sur le côté, comme pour s’éloigner de cet endroit maudit où elle a failli crever, où elle pourrait encore crever. Elle se débat pour respirer, ça fait mal, ça fait mal, elle tousse, encore et encore, ça siffle et ça crache et ça grogne. Respire Niamh putain respire. La toux est entremêlée de sanglots, les jambes de Niamh la poussent en dehors du lit, elle rampe, sors de là, va-t’en de là. Le monde est toujours noir, les points sont flous et grossiers. Elle a l’impression que ses poumons vont exploser, que sa gorge va se briser, que quelque chose va lâcher. Elle ne peut retenir les sanglots, respire Niamh respire, t’es en vie, t’es pas morte, t’es en vie, t’es en vie. Elle rampe jusqu’à finalement sortir du lit, toussant à en cracher les poumons, et alors qu’elle tombe brutalement sur le sol sa main se porte à sa gorge. Elle lâche un gémissement alors que la douleur se propage dans le reste de son corps, elle est glaciale, elle a froid, fait froid putain, elle tremble de la tête aux pieds. Pas capable de se calmer, pas capable de vraiment comprendre qu’elle vient vraiment de manquer d’y passer. Question de secondes, de fractions de secondes sans doute. T’es pas morte Niamh. Respire.

Ses yeux se relèvent difficilemment, écrasée par terre, haletante. Sa toux se calme alors que sa respiration se stabilise. Sifflante à l’inspiration, rauque à l’expiration. Les larmes fusant toujours de ses yeux, la peur glaciale dans les veines. À se remettre d’une mort qu’elle avait acceptée, à laquelle elle s’était résignée. Pas encore. Pas aujourd’hui. Ça fait mal de bouger les yeux, tout bascule et tourne et fait mal. Pourtant elle repère la silhouette de l’autre côté du lit, encore debout, tendue, le visage baissé. Novak. Novak, encore tout près, Novak, couteau en main, Novak.

Les mains de Novak.
Les mains de Novak autour de son cou.


Un souffle lui échappe, tremblant et plaintif, le chagrin d’une gamine effrayée en pleine forêt. Ses jambes et son corps bougent avant qu’elle ne puisse y penser, la pousse vers l’arrière, l’éloigne, le plus possible du presque-meurtrier, et rapidement son dos cogne contre le mur, elle se replie contre elle-même, les grands yeux posés sur Novak, incapable de comprendre, incapable de penser autre chose à une mort qui n’est peut-être pas encore écartée. Elle reste là, à l’observer. Les deux silhouettes, chacunes dans un coin de la pièce, Niamh tremblante, Niamh haletante. Lentement, les souvenirs lui reviennent, Novak qui fait dort, Novak qui fait un cauchemar. Elle a essayé de le réveiller et il a essayé de la tuer. « What's wr- » Les mots éclatent de sa gorge sans qu’elle ne puisse se préparer, la peine est trop grande, la peur est trop grande, son coeur est brisé en milles morceaux. Les mots éclatent et se perdent automatiquement, sa voix n’est même plus la sienne, ce n’est qu’un sifflement, ça ne fait que recommencer sa toux, les poumons en feu. Les sanglots qui redoublent, son corps qui se replie sur lui-même, sa propre main autour de sa gorge, endolorie, comme si la peau avait été arrachée pour ne laisser que la chair. T’as failli crever, Niamh. Il a failli te tuer.

Pourquoi ?
Pourquoi, Novak ?


Elle est incapable de s’arrêter de pleurer. Elle a mal, au corps et à l’âme - et surtout au coeur, à un coeur fracassé par un marteau, à un coeur en hémorragie, à un coeur qu’on vient d’étrangler jusqu’à le broyer. Plus capable de le regarder, plus capable de savoir qu’il est là, tête détournée, corps replié, sanglots étranglés. Niamh qui essaie de reprendre contrôle d’un corps qui la trahit de secondes en secondes, ses yeux brûlent, elle ne voit pas clair, sa respiration ne veut pas se calmer. Elle inspire longuement, essaie de se reprendre. Reprends-toi, Niamh. Reprends-toi et fous le camp. Fous le camp et ne regarde pas en arrière.

T’as plus rien à faire ici.
Plus rien à voir avec lui.
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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyDim 22 Avr - 19:14

Regarde.

Regarde, Novak.

Regarde c'que t'as fait.


Le temps s'est figé. Les particules d'oxygène remplissent ses poumons, mais n'atteignent plus vraiment son cerveau. Tout s'est arrêté. Tout sauf Niamh. Niamh qui tousse, Niamh qui sanglote, Niamh qui essaie de respirer. Respirer après ce qu'il lui a infligé. Respirer pour survivre. Respirer pour s'en tirer. Tu vois, Novak : tout ça, c'est à cause de toi.

Elle rampe. Sur le lit, sur les draps. Perdue dans l'étreinte mortelle du matelas, tentant vainement d'en réchapper. Elle rampe et elle finit par tomber. Le sol froid l'accueille, mais la toux ne cesse pas. Empire à chaque minute, tandis que l'air gagne sa gorge atrophiée, ses poumons brûlants. Et lui ne bouge pas. Lui ne bouge plus. Ne le peut pas. Regarde c'que t'as fait.

La confusion s'est levée. Il l'a regardée se recroqueviller contre le mur, porter la main à sa gorge. Il n'arrive pas à détacher ses yeux d'elle. L'observateur figé. L'agresseur terrorisé. La confusion s'est levée, et il comprend ce qui s'est passé. Comprend, mais n'arrive pas à l'accepter. Il voit la peur dans ses prunelles. La sent émaner de son corps tremblant et choqué. C'est Niamh. Niamh sous ses yeux. Niamh à l'autre bout de la chambre. Niamh contre le mur. C'est autour de Niamh que sa main s'est refermée. C'est sur son cou que le couteau s'est posé. C'est Niamh, qu'il a failli tuer. Oh, Novak.

Elle peine à retrouver ses forces, et lui ne peut pas bouger. Tétanisé. Ravagé par la peur. Celle dans son coeur, d'abord. Et puis, plus forte encore, plus destructrice, celle qui envahit la chambre et qui l'étouffe. Celle qu'il lit dans les yeux de Niamh. Des yeux qui, jusqu'à lors, n'avaient jamais reflété ce que les regards du monde entier lui rendaient. La crainte. L'anxiété. La peur pour sa vie. La monstruosité. Mais cette fois, c'était terminé. Cette fois, l'horreur avait gagné. S'était implantée dans les yeux de l'irlandaise. Les derniers encore capables de le regarder avec une innocence et une malice désormais envolées. T'as perdu ta seule alliée.

Coeur brisé. C'est pas la première fois que ça lui arrive, mais ça fait longtemps que ça ne lui avait pas fait aussi mal. La voir se replier, contre le mur opposé de la chambre. Sentir le poids du couteau, et avoir l'impression que ses doigts ne peuvent se décrisper. Qu'ils tiennent encore le cou pour le serrer. Pour la tuer. Et dressé là, il sent sa poitrine se soulever de manière erratique. Il sent les brûlures causées par les griffures. Les ongles dans sa chair, la volonté de survivre qu'il avait bien failli anéantir. Il a l'impression d'être encore sur elle. L'impression qu'il pourrait encore la tuer. D'un battement de cil, d'un souffle trop rapide. L'impression qu'elle pourrait s'effondrer pour de bon s'il bougeait. Alors il reste immobile. Les yeux écarquillés dans une tentative de revenir à la réalité. De se calmer. De lui aussi respirer.

Il voudrait l'aider. Il voudrait lâcher le couteau et s'approcher. S'accroupir, et lui dire de respirer. D'essayer de se calmer. Qu'elle est en sécurité. Qu'il est désolé. Désolé. Désolé. Désolé. Mais c'est vain. C'est vain, et il le sait. Il ne peut plus rien faire pour l'aider. Il est la cause du mal. La cause des plaies qu'il voudrait panser. La cause de la terreur qu'il lit dans ses yeux, et qu'il voudrait voir s'en aller. S'il intervient, il risquerait de la blesser.

S'il la touche, il risquerait de la tuer.  

« What's wr- » Ça sort mal, c'est éraillé, c'est douloureux, écorché, et elle n'est même pas capable de terminer. Mais dans le silence de sa douleur, le serbe sent son coeur remonter dans sa propre gorge. Pas besoin d'en entendre plus pour comprendre. Pas besoin qu'elle termine pour piger. What's wrong with you, Novak ?

What's wrong with you ?
What's wrong with you ?

Everything.


C'est un couteau planté à l'arrière du crâne. Puis dans le bas du dos. Et en plein coeur pour terminer. Une lame qui ne lui laisse pas la chance de se redresser ou de se reprendre. Une blessure invisible, mais plus véhémente que toutes celles qu'il avait encaissées ces dernières années. C'est le retour amer de la vérité, après quelques mois à avoir cru que les choses étaient en train de s'arranger. C'est réaliser que rien ne s'arrangera jamais. Que rien ne changera jamais. Que les démons resteront tapis au fond de son esprit, prêts à bondir et à dévorer tous ceux qui auraient le malheur de l'approcher d'un peu trop près. Les monstres ont creusé trop loin dans son âme. Ils ont atteint le point de confort qui les a décidés à s'y installer. Et rien ni personne ne pourra jamais les déloger. Voilà ce qui arrivait, quand on essayait.

Elle a peur. Elle a peur et elle n'ose pas bouger. Elle ne peut pas traverser la chambre pour s'en aller sans dangereusement s'approcher. Et il le sait. Le visage griffé, les yeux perdus dans une douleur et un chaos de pensées qu'il était bien incapable de cerner. Il sait qu'elle ne peut pas rester. Sait qu'il doit la laisser s'en aller. Si tu restes, je vais finir par te tuer.

Alors, le couteau finit par tomber. Rebondit au sol, glisse à ses pieds. Et il bat des cils, déglutit lentement. Les mains monstrueuses qui restent ouvertes, pendant mollement le long de son corps. Corps qui recule. Un pas. Un deuxième. Son dos qui effleure le mur. Il sait qu'il ne peut pas aller plus loin. Mais il n'en a pas l'attention. Tout ce qu'il voulait, c'était lui faire comprendre qu'il ne la toucherait plus. Qu'il n'essaierait pas de s'approcher. Qu'elle pouvait s'en aller.

Il voudrait baisser les yeux pour insister, mais il n'en a pas la force. La culpabilité l'oblige à regarder. À être témoin de la mort qu'il avait failli semer. De la chance que la vie lui avait donnée, et qu'il venait de gâcher. Il fixe Niamh, et il se refuse à bouger. Pris dans les filets d'un cauchemar devenu réalité. La suppliant de partir. La suppliant de rester.

La suppliant de se mettre en sécurité.
La suppliant de ne pas l'abandonner.

Suppliant de lui pardonner.

La culpabilité dans l'oeil, l'amertume dans la bouche. L'âme noircie à jamais, entachée par les erreurs qu'une vie de monstrueuse l'avait poussé à perpétrer. Il voudrait s'excuser. Lui expliquer. Mais rien ne sort. Rien ne vient.

Dans son corps la douleur, et dans son coeur le néant. Et pourtant.

Et pourtant.

Si seulement tu savais, Niamh.

Si seulement tu savais à quel point je suis désolé.

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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyJeu 26 Avr - 4:25

Concentre-toi.
Concentre-toi, Niamh, et fous le camp.


Compter jusqu’à trois, et inspirer. Puis compter jusqu’à trois encore, et expirer. Elle ignore la sensation de brûlure dans ses poumons, la main fantôme toujours serrée autour de sa gorge. Se concentrer, inspirer, expirer. Calmer les battements frénétiques de son coeur pour être capable de se rassembler suffisamment pour foutre le camp. Faire abstraction de la peur latente, du souffle de la mort dans son cou. Se rassembler, et partir. Mettre le plus de distance possible entre elle et cet appartement. Entre elle et Novak. Niamh ferme les yeux. Ça ne pouvait pas être lui. Pas être lui qui avait ses mains serrées autour de sa gorge, broyant la chair sous ses doigts. Pas être lui, pas le même homme qui lui tenait compagnie presque toutes les nuits, qui le laissait promener son chien, l’homme dont elle portait le t-shirt presque tous les putains de jour. Ça ne pouvait pas être lui.

Il a essayé de te tuer, Niamh.
Rassemble toi et fous le camp.


Elle a envie de pleurer toutes les larmes de son corps, de juste rester là et de se laisser pourrir, là, dans le coin de la chambre. Pleurer et ne pas comprendre, pleurer et rester là. À juste laisser la douleur et la confusion prendre emprise sur son corps, terminer de l’achever. Attendre que le cauchemar se termine, qu’elle puisse se réveiller. Mais non. Le cauchemar ce n’est pas ça, le cauchemar il était dans la tête de Novak. Novak qui se tient toujours là, à l’autre bout de la pièce, mais il n’est pas loin, la chambre n’est pas grande. Elle peut l’entendre respirer, même s’il ne bouge pas, elle sent son odeur, ressent sa présence. Une présence qui l’avait toujours rassurée, qu’elle avait toujours aimée savoir près d’elle. Depuis ce soir-là dans le bar, où elle avait repéré le géant à travers la foule. Ce soir-là où elle avait plaqué son équipe pour aller le saluer, et lui demander comment il avait bien pu survivre au crash de voiture. Ce soir-là où leurs corps s’étaient trouvés pour la première fois.

Ce soir où leurs corps se sont trouvés pour la dernière fois.

Elle rouvre les yeux, sèche ses larmes de gestes appuyés. Non. Arrête. Pas le moment. Pas le moment de pleurer ce qui vient d’être brisé. Il faut juste qu’elle se remette à respirer. Alors elle continue d’inspirer, d’expirer. Son corps tremble bien trop, elle ne sait pas si ses jambes pourront la supporter. Elles vont devoir. Elle doit sortir d’ici. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas ce qu’elle a fait, ce qu’elle a dit. J’ai fait quoi pour mériter ça ? Qu’elle a envie de lui hurler. Incapable de rationaliser, incapable de rassembler les pièces du puzzle. Les pièces lui tombent des mains, tombent en poussières, ne sont que grains de sable. Elle erre dans la noirceur, nage dans le silence de Novak. Elle lève finalement les yeux vers lui, l’observe. Sa vision est floue, ses yeux lui font mal. Sa respiration est toujours erratique, mais plus silencieuse. Elle le regarde, et elle l’attend. La peur l’empêche de bien discerner la douleur dans les traits du serbe. Elle ne voit que le visage impassible, et que ce foutu silence. Pas un désolé. Pas un calme-toi. Pas un ça va aller. Juste du silence. Des lèvres scellés. Du silence.

Elle détourne les yeux alors que le couteau tombe par terre. Sursaute au bruit que ça fait. Se rappelle de la lame contre sa gorge. Froide et violente. À un geste de lui trancher la jugulaire pour faire gicler le sang. Elle ferme les yeux. Voit le rouge asperger le serbe. Le sang. Son sang. Elle ne lève pas les yeux quand elle sent qu’il bouge. Pendant une fraction de seconde, y’a l’espoir qui fraye son chemin. Peut-être qu’il va dire qu’il est désolé. Peut-être qu’il va venir me tenir la main. M’aider à respirer. L’espoir s’éteint. Novak n’avance pas. Il recule.

C’est mieux comme ça.
Il a essayé de te tuer.


Elle sent son regard sur elle. Elle ne comprend pas. A envie de hurler, mais qu’est-ce que tu r’gardes !? T’as essayé de me tuer, putain, t’as essayé de me tuer. Est-ce qu’il la regarde parce qu’il est désolé ? Parce qu’il contemple l’ampleur des dégâts ? Parce qu’il attend qu’elle bouge, parce qu’il veut terminer le boulot ? Un frisson parcoure Niamh, et elle se redresse. Tout son corps tremble, elle se sent comme une poupée désartibulée. Ses jambes la supportent à peine, elle titube jusqu’à la paire de jeans qui traîne. L’attrape. Ne le regarde pas. Ne veut pas le voir. Ne veut pas comprendre. Ne veut pas savoir. Titube encore jusque dans le salon. Le chien qui est redressé. Elle l’ignore. Fous le camp, fous le camp. Le sanglot qui s’échappe malgré elle de sa gorge irritée, ça fait mal, ça la fait pleurer encore. Les larmes qui fusent, la douleur fantôme, l’ombre de Novak au-dessus d’elle, qui l’écrase, elle ne peut pas respirer, pas respirer, elle doit sortir d’ici, fous le camp Niamh fous le camp, elle attrape ses chaussures, sa veste, ouvre la porte, sort, claque la porte derrière elle.

Le couloir.

C’est bon, t’es sortie.
Maintenant rentre chez toi.


Mais elle ne fait que relâcher la tension et ses jambes croulent sous elle. S’effondre contre la porte, glisse jusqu’au sol. Ses vêtements qui tombent autour d’elle, les sanglots qui ne s’arrêtent plus. Sanglote comme une fillette, comme une pauvre fille qui s’est fait avoir. Coeur brisé, gorge broyée. Novak a essayé de te tuer. Ça fait mal. Trop mal. Envie de vomir, envie d’aller le tuer elle-même.

Pourquoi tu m’as fait ça ?
Pourquoi tu nous a fait ça ?


Son visage se glisse sous ses mains, et elle reste là à pleurer. Une minute, dix minutes, une heure. Elle ne sait pas. S’en fout. Puis les pleurs cessent. Plus de larmes. Plus d’énergie. Son corps ne répond plus. Elle se redresse. Enfile les jeans, enfile les chaussures, enfile la veste. Rentre chez toi. Plus rien à faire ici. Elle descend les escaliers, ne pleure plus, respire lentement. Ça siffle entre ses lèvres, ça brûle dans sa poitrine. Elle arrive dehors et inspire un grand coup l’air frais, à la recherche de la délivrance. Ça ne fait qu’empirer son cas, le froid de l’extérieur clashe avec le feu de ses poumons, et une quinte de toux la traverse. Violente, râpeuse. Elle va s’accrocher à la poubelle la plus proche et vomit. Presque rien. De la bile, de la salive. De la peur, la mort qu’elle vient de frôler. Gémissement qui s’échappe de ses lèvres, elle ne comprend pas, elle ne comprend pas. Un gars qui vient la voir, sourcils froncés, est-ce que ça va ? Elle l’envoie chier, le pousse quand il s’approche. Il ne demande pas son reste, la laisse tranquille.

Niamh qui titube. Comme si elle était ivre, alors que l’alcool est depuis longtemps hors de son système. Nulle part où aller. Personne avec qui être. Le visage de Novak derrière les paupières, la peau de Novak au bout des doigts. Juste la nuit.

Juste la nuit et la douleur.
Juste la nuit et la peur.
Juste la nuit et le coeur en miettes.
Juste la nuit et la mort.
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MessageSujet: Re: (castle of glass), nivak.   (castle of glass), nivak. EmptyLun 14 Mai - 5:21

Elle s'en va. Elle s'en va, et il ne réagit pas.

Planté là à la regarder, comme si la réalité s'était effritée. Il n'a plus d'emprise sur l'instant présent. Désincarné du corps meurtrier dans lequel il était d'ordinaire coincé. Il lui semble que tout se déroule avec une lenteur affolante — désarmante. Et, dans le même temps, une vitesse qu'il est bien incapable de contrôler. Bien incapable de mesurer.

Elle enfile son pantalon, et elle sort de la chambre. Il n'est pas capable de la retenir. Son corps reste planté là, inerte. Le couteau à ses pieds, et la réalisation de son erreur poignardant un peu plus fort son coeur, ses tripes, son esprit, à chaque seconde qui passait. Il a failli la tuer. C'est un fait. Et maintenant il le sait. Tiré du cauchemar, en l'état où il était, il n'y avait plus le moindre doute sur ce qui était arrivé. Elle avait tenté de le réveiller au moment où il ne le fallait pas. Et le pire s'était produit. Ce pire qu'il cherchait à éviter, chaque jour depuis qu'il était rentré. Ce pire qui l'avait fait dormir sur le canapé dans son propre appartement, toutes les fois où Niamh s'était endormie sur le lit. Toutes les fois où Katja cherchait le repos, dans la chambre d'à côté.

Mais malgré les précautions, rien n'y a fait. Il a fini par s'assoupir avec elle, et elle a fini par goûter à l'amertume d'une existence à ses côtés. Amertume au goût métallique si particulier, qui lui resterait probablement en bouche pour les quelques semaines à venir. Meilleure issue que ce pire qui avait bien failli survenir. Le pire qui avait failli lui prendre la vie. Et il ne s'en était fallu que de peu — de trop peu. Mieux valait qu'elle parte. Mieux valait qu'elle fasse en sorte que ça ne se reproduise pas. Qu'elle continue sa vie sans lui, et qu'elle soit assurée de passer la nuit chaque fois qu'elle s'endormait.

Il n'a pas bougé lorsqu'il entend la porte claquer. Le chien japper en écho, et se mettre à pleurer. Les griffes qui crissent sur le plancher. En temps normal, le serbe sifflerait. Aboierait un ordre sec, et ferait en sorte que l'animal cesse de geindre et de s'agiter. Apaiser son tourment, son inquiétude. Кербер était bouleversé. D'ordinaire, l'information se serait frayée un chemin jusqu'à son esprit. Mais ce soir, il n'en était rien.

Ce soir, le maître était aussi bouleversé que le chien. Et derrière son visage fermé et ses muscles toujours contractés, agités de spasmes bien impossibles à contrôler, le couperet  s'était finalement abattu sur sa nuque. Froid, et sans pitié. Exécuteur de la cruauté sans pareille de la réalité.

Regarde, Novak.
Regarde c'que t'as fait.

Elle est partie, et tu laisses le chien aboyer.
Elle est partie, et tu as failli la tuer.
Tu laisses le chien aboyer, et tu pourrais le tuer.

Regarde, Novak.
Regarde c'que t'as fait.

Tu le sais, pourtant, que les monstres n'ont pas le droit à la paix.
Pas le droit au calme.
Pas le droit au pardon.

Et que tu n'auras jamais le droit à la rédemption.



( RP TERMINÉ )

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