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Invité ☽ ☾
| Sujet: (ioan) phantom thread Dim 29 Avr - 21:27 | |
| écorché mon visage, écorchés mes genoux. ft. cole sprouse. icones : dandelion. ϟ prénom : ioan et juste ioan, par flemme de chercher ou parce qu'au bout du cinquième, on commence à arrêter les seconds prénoms. ioan qui se prononce iou-wan en roumain mais que la plupart des gens roulent comme yoann et souvent simplement io'. Tu les laisses faire parce que t'as pas envie de donner des leçons de phonétiques et aussi parce que io', cela fait yo, cela donne l'illusion qu'on t'appelle et c'est agréable, parfois, d'avoir le sentiment d'attirer l'attention. ϟ nom : popescu cinquième du nom. le gosse du milieu, celui qui, coincé dans les murs de l'école comme dans les rues de la ville, subissait la réputation des quatre du dessus et en rajoutait une couche pour les quatre du dessous. popescu, le nom connu comme le loup blanc dans la cour de récré, qui t'faisait écarter d'office des parties des billes à la récré parce non toi tu joues pas, c'est nos boulards, t'as pas le droit de les voler, vas t-en ou on l'dit au maître et tu t'éloignais par principe, même si le maître aurait rien fait parce que sergheï passé juste avant toi avait achevé de le blaser et qu'il voulait plus s'en mêler. popescu le patronyme qui a fait soupirer instituteur après instituteur, puis prof après prof parce que oh non, pas encore un cette année, bon vas t'asseoir au fond de la classe et essaies de te tenir tranquille si tu en es capable et tu tenais tranquille mais en primaire comme au collège comme au lycée, t'étais incapable de prêter attention malgré tout, tu restais dans ton coin en silence, écoutant le cours d'une oreille tandis que l'autre était concentrée sur les bruits extérieurs, le vent, le chant des oiseaux, la liberté qui perçait à travers la fenêtre fermée à côté de laquelle tu prenais place dans chaque salle de classe. popescu le rêveur, le sensible, le mélancolique, trop plongé dans son imagination pour s'adapter à l'éducation carrée qu'on enseigne dans les salles de classe, qui passait son temps à remplir ses cahiers de cours avec des dessins et des histoires à la place des dictées et des fractions, popescu qui s'est tiré des bancs de l'école dès qu'il a pu et qui s'est a enchaîné les boulots trouvés à l'arrache, popescu qu'a mal fini en somme aux yeux des profs et des riverains de savannah en général – mais ils ne devaient pas en attendre moins de toi, pas avec ce nom de famille. ϟ âge : vingt-quatre piges, le quart de siècle qui pointera le bout de son nez dans quelques mois et le temps qui s'écoule parfois trop lentement, parfois trop rapidement depuis le premier avril 1994. ϟ lieu de naissance : savannah comme tout le reste de la tribu popescu, tes aînés et tes benjamins. la marmaille de tes parents s'est forgé une réputation dans cette ville et tu aurais du mal à la quitter, parce qu'ici au moins on te connaît, ici au moins on sait à quoi s'attendre de ta part alors qu'ailleurs, faudrait que tu recommences à t'adapter et à quoi bon tout reprendre à zéro dans un lieu ou tu ne serais pas plus accepté qu'ici ? Trop faible, trop sensible, trop craintif, trop accroché à ses habitudes, les raisons manquent pas pour tu restes dans cette ville et pire encore, chez tes parents. Tu sais pas ou tu pourrais aller d'autre, t'as pas d'autres points d'accroche et même si c'était le cas, t'as à la fois trop et pas assez de rêves dans la tête pour t'envoler ailleurs, pour quitter le nid familial même. alors tu restes et t'attends, en te disant qu'un jour peut-être, mais pas aujourd'hui et sans doute pas demain. ϟ nationalité : américain parce que le droit du sol a bien fait son travail, soûlé dès tes dix ans au bourbon plutôt qu'à tuică, instruit musicalement par metallica bien que par o-zone – chose dont tu es d'ailleurs reconnaissant, gloire à l'expatriation sur ce point – mais t'as quand même un avantage, c'est que tu peux insulter les gens sans qu'ils ne comprennent ce que tu leur balance et que tu peux lancer un fils de pute dans ta langue natale avec l'intonation polie d'un merci quand cela te chante, le débile en face ne fera pas la différence. ϟ origine(s) : roumain parce que le droit du sang officie également et surtout, tu le voyais dans les yeux des autres gamins à l'école, dans les iris teintées de méfiance de ton voisin de classe qui faisait la gueule parce que toutes les bonnes places étaient prises, qui foutait sa trousse sur le bord de la table pour l'éloigner de toi, qui posait soigneusement sa règle entre vous deux et qui précisait ton coin, mon coin en appuyant son index de chaque coté du double décimètres comme s'il te trouvait trop demeuré pour comprendre sans explications. tu détournais les yeux, boudeur, jaloux de voir que l'droit du sol primait pas vraiment dans le regard des gosses – maintenant qu't'as grandi tu comprends surtout qu'il primait et ne prime toujours pas dans le regard des gens. ϟ emploi : les études, c'était pas ton fort. trop rêveur pour parvenir à t'adapter aux choses un peu trop structurées, t'as mis les voiles loin des bancs de l'école dès que t'as eu l'âge nécessaire et t'as enchaîné les boulots ici et là, passant de maçon à plombier, de plombier à électricien, d'électricien à garagiste et de garagiste à d'autres trucs qui pourraient toujours te servir dans la vie avant d'atterrir aux portes de la fourrière animale de la ville. tu sors les chiens, tu joues avec les chats, tu nettoies les cages à tes heures, mais la principale raison pour laquelle on t'as employé, c'est parce que faire les euthanasies ne te répugnait pas. dans cette chienne de vie ou la souffrance te colle à la peau dans le métier comme dans le privé, mettre à terme à la douleur des animaux dont personne ne veut ou à ceux qu'on balance comme des déchets aux portes de la spa après les avoir battus et maltraités au point qu'on puisse plus les réparer, que la mort soit la seule solution, cela t'aide à tenir. preuve salvatrice que tu peux faire quelque chose d'utile dans la vie pour les autres, elle te maintient la tête hors de l'eau parce que là ou t'as l'impression que ta souffrance s'arrêtera jamais, tu diminues au moins celles de quelqu'un, parce que les animaux sont parfois plus humains que les gens. ϟ statut civil : le néant, qu'tu combles quand on te pose la question en prétendant que t'es fiancé à l'alcool et tu montres l'heureuse élue, une bouteille d'eau remplie de vodka que tu traînes toujours dans ton sac à dos. tu t'maries pas pour autant, parce que t'as tendance à l'adultère avec tes carnets de dessins ou d'écriture qui te permettent aussi de t'évader du monde réel pendant un temps, mais t'as pas le cran de remplacer un de ces trois éléments par une présence humaine. t'as pas l'envie non plus, parce que qu'aimer, c'est donner, c'est s'abandonner à l'autre et que t'as rien de beau à offrir sur ce point. ϟ caractère : T'es une âme effacée, le genre d'adepte à la routine métro, boulot, dodo parce que t'as tendance à te réfugier dans la baraque familiale une fois le travail terminé pour écrire et pour boire. Y a des fois ou tu déroges à la règle, ou tu t'aventures dans les bars parce que l'ambiance familiale assortie aux fantômes de ta faiblesse qui règnes dans la baraque Popescu te perturbent et que t'as besoin de prendre l'air pour pas étouffer mais la plupart du temps, tu aimes être seul. Ombre parmi les ombres, l'une des seules qui reste au final, t'es à la fois trop faible pour partir parce que tu sais pas ou aller et trop faible pour rester sans te noyer dans l'alcool ou te plonger dans ton imaginaire à coup d'écriture ou de dessins. T'es un paumé incapable de prendre sa vie en main, incapable même d'arrêter de carburer à l'alcool même en ayant envie de t'en détacher parce que tu as besoin de t'évader, d'échapper à la réalité et qu'il y a que comme cela que tu parviens à oublier un peu à quel point tu te sens minable et inutile. Tu t'aimes pas beaucoup, tu te trouves beaucoup trop de défaut et trop peu de qualités – aucune même, parce que t'es pas capable de reconnaître que t'écris bien, que tu dessines bien, tu penses que tu le fais juste pour t'aérer l'esprit et pas par talent ou par passion. Tu penses que tu le fais pour rester seul aussi, parce que t'aimes pas trop aller vers les autres, t'as trop la trouille d'être jugé par rapport à ton nom de famille pour cela et tu supporterais pas. T'as pas les épaules pour vivre et pas les couilles de te foutre en l'air, alors tu restes là, les pieds sur terre et l'esprit dans le ciel, rêveur, mélancolique d'une époque heureuse que t'as jamais vraiment connue parce que tout ce qu'il y a eu de beau dans ta vie n'était au fond qu'une illusion – l'amour pour l'apprentissage que des années d'école ont jamais réussi à développer, l'affection de Seven qui s'est retournée contre toi du jour au lendemain, la confiance placée en ton père qui s'est effritée au fil des années parce que t'as jamais su renvoyer l'image du fils qu'il voulait, que tu l'as déçu malgré toi. Tu t'enfonces dans les erreurs du passé parce que c'est plus facile de les ressasser que de s'en servir pour construire l'avenir, avenir qui te fait peur d'ailleurs et que tu te sens pas prêt à affronter malgré tes vingt-quatre piges. Tu préfères te réfugier dans l'esprit d'escalier, que tu crayonnes à travers des dessins, que tu retraces à travers l'écriture. T'aurais du être ça, t'aurais du faire ça plutôt que tu devrait être ça, tu devrais faire ça. T'as l'impression que tu seras toujours un raté parce que tu prends jamais les bonnes décisions et tu sais pas comment évoluer ni t'en sortir avec cette impression qui te tort l'estomac. Faudra que cela bouge un jour mais tu sais pas comment faire alors t'attends. Les choses se débloqueront forcément d'elles même à un moment. ϟ groupe : il se voit pas ailleurs que chez les broken, petit jouet de la vie qu'elle a lacéré à coup d'ongles, jeté sur le sol pour tester sa résistance, piétiné sans faire gaffe parce qu'il traînait au milieu des autres bibelots servant à s'amuser et puis laissé pour compte parce que la vie a grandi, qu'elle est passé à d'autres jouets plus de son âge. il est resté sur le carreau depuis, incapable de s'adapter, d'évoluer pour lui plaire, il a pas su ce qu'il comment agir ni ce qu'il fallait dire pour qu'elle s'intéresse de nouveau à lui. alors il traîne une allure d'adulte depuis, mais c'est toujours un regard de gamin paumé qui anime ses iris et c'est toujours le genre de type qui file l'impression que noël est arrivé dès qu'on pose un œil positif sur lui.
en savoir plus. ϟ Votre pire souvenir (ou par défaut votre meilleur souvenir) ? C'est des veines ouvertes, un visage exsangue et des eaux dont les teintes vermillons ne semblaient pas vouloir partir à travers le siphon. C'est ce jour ou Anca à voulu partir alors qu'elle était au lycée, ce jour ou t'as piqué la bagnole familiale et roulé comme un malade à travers la ville, grillant les feux rouges, ignorant les passages piétons et les limitations de vitesse pour la conduire à l'hôpital, ce jour ou t'as cru que t'allais perdre ton seul soutien, ce jour ou tu parlais au volant en lui répétant sans cesse qu'elle devait tenir, qu'elle pouvait pas vous laisser pas comme cela, qu'elle avait pas le droit de crever, pas dans une putain de baignoire ni sur un siège passager qui puait la clope. Pas elle, pas Anca. C'est des eaux dont les teintes cramoisies ont hanté tes nuits pendant des mois, dont les reflets rougeâtres se dessinaient à travers tes paupières dès lors que tu fermais les yeux, c'est Anca qui refusait de t'adresser la parole et qui te rejetait plus encore que les autres membres de ta famille depuis sa chambre d'hôpital, Anca qui devait se faire soigner au lieu de soigner les autres pour une fois, Anca que tu souffrais de ne pas avoir réussi à aider au moment ou elle en avait le plus besoin et de n'avoir rien su faire d'autre que de la serrer dans tes bras pendant les nuits de solitude, parce que même au milieu de neuf gosses, vous étiez seuls. Longtemps, même après qu'elle t'ai pardonné et ai accepté de te reparler, ces eaux ensanglantées te sont restées en tête, martelant ton crâne et tes pensées de lueurs rouges sombres, parce qu'elles reflétaient le puits sans fond de ton inutilité. T'avais pas su l'aider, t'avais pas pu l'aider, elle qui te semblait si forte, elle qui parvenait à te soutenir et à te relever même lors que tu étais au fond du gouffre, elle qui était la seule à ne pas rejeter tes défauts et ta faiblesse parce qu'ils avaient tous finis par te tourner le dos. T'avais pas su écouter la souffrance de celle qui supportait la douleur qui te rongeait depuis des années, t'avais pas su apaiser celle qui te soulageait depuis votre enfance, ton double, ta fusion, celle dont les cris étaient aussi insonores que les tiens parce que vous vous laissiez bouffer de l'intérieur, vous encaissiez en silence, elle parce qu'elle voulait ou qu'elle avait besoin paraître forte et toi parce que t'étais un mec, qu'un homme un vrai cela ne laisse pas ses émotions l'envahir. Putain de virilité que tu t'obligeais à adopter sans vraiment y parvenir et qui avait mené la personne à laquelle tu tenais le plus dans l'aile psychiatrique d'un hosto, parce que t'avais pas été foutu de la soutenir autrement que la nuit, en la serrant contre toi dans ton sommeil, parce que t'avais pas été capable de lui offrir une aide en journée de crainte de passer pour une tapette aux yeux d'ton père. Des mauvais souvenirs, t'en as des tas, tu pourrais les ramasser comme des feuilles à la pelle s'ils étaient matérialisés, mais le pire, y en a qu'un et c'est celui-là, c'est la souffrance d'Anca que t'es incapable de saisir malgré votre proximité et que tu ne comprends que trop tard. Lorsqu'elle est allongée sur un lit d'hôpital avec des bras bandés, une perfusion dans le poignet et un regard fuyant parce que tu mérites pas d'être regardé. Lorsque tu rentres au domicile familial et qu'pendant des jours, des semaines, des mois, à chaque fois que tu t'laves ou qu'tu bois, t'as l'impression que c'est du sang qui dégouline des robinets, de celui de la baignoire, de l'évier, du lavabo, du sang, partout, tout le temps.
ϟ Quelles sont les personnes en qui vous avez le plus confiance ? Y a guère qu’Anca. Enfant tu avais confiance en ton père et tu en conserves quelques restes puisque tu acceptes qu’il te traite à longueur fe temps d’une façon que les autres personnes n’ont pas intérêt à effleurer ne serait ce qu’une seconde. Il y a eu Seven, aussi, duquel tu étais proche durant votre enfance mais qui a fini par te tourner le dos – et tu en as fait autant malgré ton envie de le protéger car ce que tu acceptais de Lucian, tu ne le tolérait pas de tes frères. Maintenant y a juste Anca qui est restée pour te soutenir, Anca à qui tu pourrais tout dire sans être jugé, Anca qui encaisse comme toi malgré votre fragilité, Anna qui en sait presque autant que les cahiers auxquels tu te confies depuis que t’as appris à tenir un stylo. Les autres ne comptent pas, ne comptent plus, ils t’ont déçus ou te décevront à un moment où un autre alors tu places tout tes oeufs dans le même panier comme on dit et tu gardes juste Anca, la meilleure de la famille à tes yeux.
ϟ Avez-vous perdu un être cher au cours de votre vie ? Oui et non. T'as jamais vécu de réel deuil, t'as jamais enterré de proches mais y a des fractures qui te donnent le sentiment qu'elles se répareront jamais avec ton père, avec tes frères et même certaines de tes sœurs. C'est ce genre de plaies qui se referment pas et que t'arrives pas à cicatriser, avec Valerian et avec Sergheï, avec Seven et avec Elena, parce que t'es trop sensible, trop décalé par rapport à la dureté de caractère que la vie leur a forgé alors que toi, t'es resté sur le carreau avec ta sensibilité, incapable de t'endurcir – t'es une âme de môme coincé dans un corps d'adulte, le pauvre type qui n'est pas foutu d'évoluer et de s'adapter. C'est pourtant pas faute d'essayer mais y a rien à faire, t'as toujours cette mélancolie qui t'éclates le cœur, cette sentimentalité qui fait qu'à vingt-quatre ans, t'es pourtant plus immature aux yeux de Lucian que Seven et Mihail, même si toi, t'es resté – il aurait peut-être préféré d'ailleurs, le père, que ce soit toi qui parte et l'un des autres qui reste, il aurait peut-être préféré que ce soit la tapette gorgée de sensibilité, comme il dit, qui fasse preuve d'ingratitude et qui claque la porte derrière lui plutôt qu'un des durs, des vrais mecs. C'aurait été sûrement plus facile à encaisser pour lui, de garder les béliers et de foutre le mouton – resté au stade d'agneau – dehors. Mais c'est eux qui sont partis, les battants, les endurcis, avec leurs fêlures et leurs cicatrices et c'est toi qu'est resté, le faible, l'émotionnel, avec tes cahiers et tes crayons. Le fossé déjà percé à achevé de se creuser et maintenant, y a un écart plus large que le grand canyon entre vous, que t'arrives pas à franchir ni à surmonter. Tu les croises parfois, tu les salues toujours – salut, ça va, bah c'est cool, bonne journée, bye – mais de façon rapide et évasive parce que t'arrives pas à réellement renouer le contact. Des fois c'est simple, des fois c'est dur, parce qu'il y a ceux avec lesquels les choses ont toujours été pareilles, Lucian, Valerian ou Sergheï, y a ceux qui t'aimaient et ont fini par te rejeter comme Elena et Seven mais au final les choses sont les mêmes. Tu sais pas sur quel pied danser avec l'un comme l'autre des deux groupes, parce que t'es doué avec les mots sur papier mais pour les faire sortir d'ta gueule, c'est autre chose et tu t'vois pas leur écrire des lettres pour évoquer tout ce qui te manquent depuis qu'ils sont plus là, tu passerais encore plus pour une gonzesse. Alors t'as laissé couler sans chercher parce que tu savais pas comment faire et au final, y a qu'Anca que t'as perdue puis retrouvée après sa tentative de suicide. Les autres qui sont à la fois trop proches et trop loin, ils t'ont laissé un trou dans le cœur que t'arrives pas à boucher, un goût amer dans la bouche que tu sais pas comment faire partir. Ils sont pas morts, mais ils sont plus vivants et tu sais pas, tu sais plus comment les faire sortir des limbes mentales qui vous séparent.
anecdotes. Décrivez votre personnage aux travers de tics, manières ou anecdotes et ce, en quelques points. (au moins 20 si vous ne faites pas d'histoire, sinon 10.)
ⅰ ϟ Des neufs mômes de la fratrie, t'étais sûrement le plus chiant. T'avais tout le temps une question au coin des lèvres qui brûlait de sortir et tu passais ton temps à interroger tes aînés ou tes parents. Alternant questions banales pour un mioche telles que pourquoi le ciel est bleu ? et insolites, trop décalées et matures comme comment est-ce que l'électricité fonctionne pour faire marcher les lampes et la télévision ?, t'as jamais eu de réponse dans une catégorie comme dans l'autre. Tes aînés s'en foutaient, ton père trouvait cela débile, ta mère savait pas. T'as fini par cesser de poser des questions mais t'osais pas aller chercher les réponses toi-même parce que t'aurais voulu que quelqu'un s'intéresse à toi et prenne le temps de t'expliquer plus qu'autre chose. Pour autant, cette indifférence familiale teintée d'agacement face à tes questions à répétition a contribué à faire de toi un paumé, parce que t'avais besoin de comprendre le monde qui t'entourait pour pouvoir l'affronter et que t'y ai jamais vraiment parvenu au final. ⅱ ϟ Gamin, t'as failli sauter des classes. À l'heure ou t'es entré à l'école, quand les mômes de six ans peinaient encore à déchiffrer des lettres, tu savais lire depuis deux ans et écrire de façon maladroite mais lisible depuis quelques mois ; mais il était pas question pour Lucian que tu prennes Sergheï de haut en passant dans la même classe que lui, de même qu'il n'acceptait pas l'idée que tu sois un intellectuel et que tu sois récompensé pour une qualité de gonzesse qui consistait à passer son temps le nez dans les livres. À l'époque, t'avais pas bien compris sur quelle pente cela t'engageait et t'avais été content que ton père refuse parce que tu lui faisais confiance ; plus tard, cela t'as foutu un goût de regret amer dans la bouche mais il était trop tard, t'avais perdu pied avec les études et ces années, passées à t'ennuyer ferme et à regarder dehors en enviant la liberté pendant que les autres apprenaient des choses que tu savais depuis longtemps, n'auraient pas pu être rattrapées. ⅲ ϟ Ton bureau est rempli de stylos, de crayons de papiers, de feutres et de crayons de couleur, tes tiroirs regorgent de cahiers. Tu peux pas t'empêcher d'amasser de façon compulsive, tu gardes tout même si les stylos ont la plume pétée ou que les bics n'ont plus d'encre depuis des années. Atteint du syndrome cela peut toujours servir et autres on sait jamais, tu te sens mal à l'aise de jeter même s'il y a peu de chances que ce quatre couleur volé en 1999 et qui n'a plus versé une goutte d'encre depuis 2000 se remette à fonctionner un jour. T'assumes plus ou moins bien mais après tout, tant que cela reste sur ton bureau, cela ne dérange personne. En théorie en tout cas, la pratique à te faire frapper pendant des années par tes frères parce que tu prends trop de place, c'est autre chose.ⅳ ϟ T'aimes les animaux d'une façon décalée et non conforme aux yeux de la plupart des gens, tu les aime quand tu les mets à mort parce que tu les empêche de souffrir, de s'attarder dans un monde qui veut pas d'eux avec des gens qui les rejettent. C'est ta croix à porter pour t'être trop enlisé dans la souffrance, tu dois mettre un terme à celle des autres. C'est pas toujours évident de supporter le regard des gens quand tu parles de ton métier et t'évites en général de dire que tu aimes ce que tu fais parce que c'est le seul moyen qui te permet de te sentir utile aux autres parce que tu n'as pas envie de passer pour un détraqué, mais tu apprécies ton boulot à la fourrière malgré tout. ⅴ ϟ Tu ne peux d'ailleurs jamais te résoudre à balancer les cadavres des chiens et chats, parfois d'animaux plus insolites qui atterrissent à la fourrière, à la décharge municipale. Tu sais pas pourquoi tu réagis comme cela mais tu te sens obligé de tous les enterrer, c'est viscéral, cela te prendrait aux tripes si tu leur faisais pas des funérailles correctes. T'es allé jusqu'à prendre le pli de mettre en terre des animaux que tu croises écrasés au milieu ou sur le bord de la route quand tu te balade ou que tu rentre du travail, parce que tu peux pas, tu peux plus laisser un corps pourrir à la lumière de ce monde pourri. ⅵ ϟ Tu bois. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. T'aimerais t'en détacher, arrêter de picoler, de traîner dans les bars, mais tu peux pas, parce que parfois on ne peut pas toujours même si on veut. T'en as besoin, t'en as envie, pour oublier, pour t'évader. Quand l'écriture suffit plus, tu trouves le repos au fond des verres d'alcool, des bouteilles parfois quand tu as amassé suffisamment d'argent. Tu te mets minable, le regard troublé et les jambes qui tiennent plus, chutant dans la rue et devenant une proie facile pour les pickpockets mais t'as jamais rien à voler parce que quand tu sors d'un bar, c'est que t'as claqué ton dernier centime ou que t'as dépassé le plafond de paiement d'ta carte bancaire mais dans tous les cas, t'es toujours bourré et soulagé quand t'émerges d'un pub. ⅶ ϟ Tu sors rarement de Savannah et les rares fois ou tu as dépassé les limites de la ville, c'est pour aller à la rencontre de tes auteurs favoris lors de foires aux livres ou de séances de dédicaces organisées en Georgie. Y a rien que tu serais pas capable de faire pour la lecture et le partage de l'écriture, c'est le seul thème qui te permets de dépasser ta crainte de l'inconnu et d'aller à la rencontre des autres pour partager ta passion. Il en résulte des dizaines de livres dédicacés et entassés dans tes tiroirs, de Stephen King à JK Rowling en passant par Tom Clancy, Mary Higgins Clark et autres Phillip Pullman. T'aimes tout lire, en américain comme dans les langues étrangères parfois parce que l'amour des mots t'as poussé à apprendre le français, le russe, le japonais et l'espagnol pour connaître de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, t'ouvrir à de nouvelles cultures et les connaître à travers les romans. ⅷ ϟ T'aimes aller voir les adaptations cinématographiques des livres. Y en a qui font la gueule parce que de toute façon, cela sera pas fidèle au livre et ils peuvent pas retranscrire toute l'oeuvre en deux heures de film mais toi, tu aimes comparer quitte à être déçu au final. T'as le plaisir de voir l'adaptation des effets spéciaux, de voir comment le casting interprète chaque personnage et en général, tu vois pas le temps passé quand t'es captivé. T'as conservé un regard de môme ébloui par les effets spéciaux et la magie du septième art, encore un point sur lequel t'as pas grandi mentalement, mais t'assumes parce que quand tu ressors du ciné et que le film t'as plu, t'as les iris étoilés et une joie étrange qui t'inonde le cœur. C'est bien le seul moment ou t'es heureux d'avoir une âme de gosse d'ailleurs, le seul moment ou cela te pèse pas sur la conscience comme dans le reste de ta vie. ⅸ ϟ Si t'as pas réussi à décrocher de l'alcool, tu t'es éloigné de la clope et de la bagarre. Si t'as jamais été doué pour la seconde partie et que tu as repoussé la violence dès ton plus jeune âge pour lui préférer les insultes et les regards noirs, arrêter de fumer t'as demandé un effort de plusieurs années pour réduire et t'as pas pu arrêter complètement, tu tires une clope une ou deux fois par semaine à l'heure qu'il est mais compte tenu de ton éducation, tu trouves cela déjà prodigieux et tu t'en contentes. ⅹ ϟ De tous les styles de romans, tu préfères les thrillers ou les biographiques tragiques comme les viols, les maltraitances enfantines et autres drames de la vie courante. Si tu ne rejettes pas les autres thèmes, tu es cependant attiré par les récits avec du sang et de la souffrance parce que tu as au moins des exemples de gens qui s'en sortent en tête, que ce soit réel avec les biographies ou imaginaires avec les thrillers, ça t'aide à ne pas étouffer et à ne pas sombrer complètement. Dans les romans comme avec les animaux, t'accordes plus d'importance au ressenti et à la salvation mentale des autres qu'à la tienne, un reste d'altruisme que t'étouffes au fin fond de ton esprit et dont tu parles à personne parce que les gens comprendraient pas et qu'ils s'en serviraient pour se foutre de ta gueule s'ils savaient.
HORS-JEU. ϟ prénom/pseudo : press start (chloée) ϟ âge : 24 ans. ϟ pays/ville : france, frontignan (un coin paumé vers montpellier). ϟ autres comptes : aucun. ϟ avatar : cole sprouse. ϟ mot de la fin : je suis fan du design - Spoiler:
- Code:
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<pp>COLE SPROUSE</pp> ~ ioan popescu
css & couleurs : miserunt inspiration : bat'phanie.
Dernière édition par Ioan Popescu le Ven 11 Mai - 12:44, édité 13 fois |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Dim 29 Avr - 21:27 | |
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écorché mon p'tit cœur tout mou. icones : dandelion. (juin 1998) « IULIA ! Ioan il a encore pris la boite de cacao et il veut pas la rendre ! » Matin habituel. Tu déambules tant bien que mal dans l'couloir, les yeux rivés sur les inscriptions avec Sergheï sur les talons qui essaies de récupérer son trésor et toi qui tentes de l'en empêcher. « Mais je lis c'qu'y a d'écrit laisses-moi ! » « Lis autre chose ! C'est toujours pareil avec toi, tu prends la boîte d'chocolat ou le pot de confiture ou la brique de lait et résultat on peut jamais déjeuner avant d'partir à l'école ! Rends moi la boîte ! » « Non, j'veux demander à p'pa c'que c'est des émulfisiants, j'veux lui montrer le mot parce qu'j'sais pas l'écrire ! » « Déjà c'est émulsifiants et pas émulfisiants et puis tu vas rien lui d'mander du tout, tu vas encore l'faire gueuler ! Comme si tu savais pas qu'il aime pas qu'tu lises. IULIAAAA !! VIENS S'TEUPLAIT IOAN VEUT PAS RENDRE LA BOÎTE ! » La voix d'l'ainée résonne dans la baraque, qui hurle pour se faire entendre qu'elle termine un truc avec Lucian junior avant d'venir vous voir. Et t'attends, tu t'défends pendant ce temps contre un Sergheï de six ans qui te tire les cheveux, te pince les bras et tente des brûlures indiennes pour que tu libères la boite fermement maintenue contre ta poitrine avant que tu tournes dans tous les sens pour échapper à ton aîné. « Maaaais laisses moi, t'as qu'à boire ton lait tout seul je veux savoir c'que c'est des é-mul-si-fiants ! » T'as la voix plaintive comme d'habitude et un caractère de faible déjà à quatre ans, qui préfère se tortiller dans tous les sens pour converser la boîte plutôt que de la poser à terre et que de rendre les coups. Y a Iulia qui revient à la charge, qui précise qu'elle en a plus que pour une minute avant d'venir mais elle a pas le temps, y a la porte qui claque d'un autre côté de la baraque et la voix du père qui intervient. « Bon les mômes vous êtes prêts pour l'école ? » Tu tends l'oreille, attendant qu'il se rapproche pour lui poser la question qui te brûle les lèvres mais déjà Sergheï a bondi en profitant de ta distraction et il tire la boite en plastique vers lui. Tu ripostes pour la conserver et l'couvercle saute dans votre duel. Fini le chocolat en poudre désiré par ton frère, il se retrouve étalé dans le couloir. « Tiens, tu voulais la boîte j'te la donne ! » Tu réagis au quart de tour en lui jetant le plastique protecteur dans les mains et tu files sans demander ton reste parce que les pas du père se rapprochent. « Ehh, r'viens ici rahat ! » Tu gagnes les escaliers, montant les marches aussi vite que ton âge te le permets mais ses deux ans supplémentaires te rattrapent facilement et la bataille reprends sur le pallier sans que tu n'ai eu le temps de t'enfermer dans ta chambre. Tu n'frappes pas, tu te débats plus en esquivant les coups. Tu t'doutais bien qu'il te laisserait pas t'en tirer aussi facilement mais t'espérait après le temps d'atteindre la chambre et d'claquer la porte – t'y arriveras un jour quand même, quand tu s'ras plus vieux avec de plus grandes jambes mais en attendant tu t'fais démonter. « Lâches-moi, c'est ta faute c'est toi qui voulais récupérer la boîte alors que j'faisais rien ! T'es jaloux parce que j'sais mieux lire que toi alors que j'suis plus p'tit ! » T'as appris à lire, ils savent pas comment et toi encore moins. L'idée lancée par Iulia qui a finit par faire son chemin généralement, c'est que tu t'ennuyais tout seul dans ton coin parce que t'étais trop petit pour aller à l'école et trop grand pour traîner avec ta mère qui s'occupait d'Anca et de Lucian junior, que c'était venu tout seul, à force de regarder les boîtes entassées dans la cuisine pour passer le temps. Et c'est la croix et la bannière depuis ces quelques mois, parce que tu veux tout savoir, tout comprendre et dès que tu butes sur un mot, tu vas d'mander à qui veut bien répondre ce que c'est que ce truc. T'es plus soûlant qu'une bouteille de tuică a dit ton père un soir avant de manger et il t'as envoyé au lit sans dîner quand tu lui a demandé ce que c'était que la tuică – t'aurais pas du mais c'est plus fort que toi, t'as envie de savoir, t'as besoin de savoir et tu peux pas t'empêcher de poser des questions à longueur de temps dès que quelque chose t'intrigue ou t'échappe. « C'est toi le jaloux parce que t'as pas l'âge d'aller à l'école ! » Tu grinces des dents, il a pas tort. Tu l'envies d'aller à l'école parce que toi, t'es trop petit, tu dois attendre six ans d'avoir l'âge obligatoire pour y entrer – c'est pas question d'sous parce que c'est une primaire gratuite, mais Lucian voit pas l'intérêt d'envoyer de ton plein gré à l'école, parce que t'as déjà le nez assez collé sur les étiquettes ou dans les bouquins pour qu'il évite de t'envoyer apprendre d'autres choses. Il fout tout ce qui contient des mots dans la maison en hauteur pour que tu tombes pas dessus et il demande à ta mère d'en faire autant dans la cuisine parce que lire tout le temps, c'est un truc de tapette, de gonzesse. Résultats des courses, t'es obligé de subtiliser des objets sur la table pendant les heures des repas et tu finis par te faire taper par les autres que t'empêche de déjeuner correctement, principalement par Sergheï qu'a le regard le plus dur. Cela s'termine que quand il s'fait appeler par Iulia parce que c'est l'heure de l'école et il gueule contre toi parce qu'il a pas eu l'temps de manger correctement. « J'm'en fous j'vais dire à p'pa qu'c'est toi qu'a renversé le chocolat. » il rajoute ce matin pour sa vengeance personnelle avant d'déambuler les escaliers pour répondre à votre aînée, qu'a plus la place d'une mère que d'une sœur – c'est elle qu'il appelle à la rescousse quand tu piques des trucs ou qu'il a besoin de renfort. Tu soupires, libéré et tu vas te caler dans ta chambre, attrapant les couettes des lits de Valerian et Sergheï et de les empiler sur la tienne, en dessous de laquelle tu te blottis comme si être couvert davantage pouvait augmenter tes chances de pas te faire engueuler par Lucian. Blotti contre le matelas, calant l'oreiller contre ton ventre et te lovant en position fœtale, tu joues avec tes mains en mordillant tes lèvres et en attendant, en espérant que p'pa vienne vite dans sa chambre parce que plus vite il t'engueulera, plus vite il s'en ira. Y a les minutes qui passent et puis la porte qui finit par claquer parce qu'il a du finir d'engueuler Sergheï après avoir gueulé à Iulia de nettoyer les dégâts faits dans l'couloir, parce que c'est aux femmes de faire le ménage. « Sors de là, Ioan, t'es plus un bébé. » T'émerges timidement, incapable de te défiler plus longtemps et tu te redresses sur le lit, rejetant les couvertures avant d'le regarder l'air coupable. « J'ai pas fait exprès, c'est Sergheï qu'est v'nu m'taper moi j'faisais rien. » « Si ton frère te frappes tu dois lui rendre ses coups. » Tu baisses la tête. T'oses pas dire que t'aimes pas cette idée, que t'aimes pas la violence et que tu préfères t'esquiver à longueur de temps, alors tu gardes le silence et tu le suis du regard pendant qu'il vient s'asseoir sur le lit à côté de toi. « Et puis il a raison, t'avais pas à prendre cette boîte. J't'ai déjà dit que la lecture c'est un truc de gonzesses, c'est pas apprendre c'que c'est qu'un émulsifiant qui t'fera bouffer plus tard. » Tu fais la moue – cafard de Sergheï qu'a pas pu s'empêcher de raconter. « Mais c'est quoi ? » tu peux pas t'retenir, c'est viscéral, fallait que tu poses la question. « C'qu'y a dans la poubelle à l'heure qu'il est, vu qu'Iulia a du ramasser tes conneries avec le balai. » il a la voix agacée, ce ton moralisateur que t'aimes pas entendre. « Pourquoi tu poses autant d'questions ? Qu'est c'que ça t'apporterais d'le savoir ? » « J'sais pas. » T'as envie d'apprendre, mais tu sais pas pourquoi. « Alors cherches pas. Les garçons c'est pas sensés avoir le nez fourré dans des bouquins, c'est sensé se battre et faire son trou dans la vie et crois moi, c'est pas la lecture qui f'ra de toi un homme. » T'acquiesces la tête par principe, parce que c'est ton père et que tu lui fais confiance mais t'as un pincement au cœur quand même. T'es trop p'tit pour savoir que les mêmes scènes se répéteront jour après jour, trop p'tit pour savoir qu'après avoir appris à lire tu te plongeras dans l'écriture et qu'tu passeras ton temps à inventer des histoires pour Anca et pour Lucian Jr, trop p'tit pour savoir que rien ne changera et que tu seras un jour une tapette aux yeux de ton père parce que t'es pas capable de contrôler cette passion pour les mots, trop p'tit pour penser à tout ce qui découlera de positif et de négatif de cet attrait pour les mots. Alors tu le regardes se relever et quitter la chambre en lui adressant un faux sourire pour paraître fort mais dès qu'il est parti, y a ton regard qui croise un des cahiers d'cours que Valerian a oublié avant d'partir au collège et directement, y a tes yeux qui s'illuminent. Tu bondis dessus, serrant le bouquin contre ton cœur comme un trésor avant de retourner t'allonger sur le matelas à plat ventre. Tu caresses doucement la couverture, observant la photo qui représente une sorte d'avion très vieux – à croire que c'est plutôt une maquette qu'ils ont immortalisée –, le spirit of saint-louis à en croire l'inscription. Tu le regardes un moment, curieux parce qu'il y a des étiquettes de drapeaux collées sur l'avion en question et que tu t'interroges un temps sur les pays desquels ils proviennent avant de t'intéresser au reste de la couverture pour prendre le coup avant d'ouvrir le bouquin. « His-toire des états-unis, pro… programme 1997-1998, 7ème grade. De la gue… guerre civile à nos jours. » Note dans un coin de ta tête : demander à Valerian ce que c'est que la guerre civile quand il rentrera ce soir.
(avril 2004) « Y la voiture du vieux qui vient d'tourner au coin de la rue. Tu vas pas tarder à y passer. » Tu te concentres sur le dessin que tu es en train de faire. Tu crayonnes les traits d'Anca et de Lucian junior avec un soin tout particulier, parce que ce sont les seuls avec lesquels tu t'entends ici et que tu souhaites leur faire plaisir. Tu grinces des dents malgré tout parce que la trouille commence à t'envahir et que ton frère l'attise avec ses conneries. Tu sais pas exactement pourquoi ton père vient de chercher, tu sais que c'est une sorte de test mais Sergheï se refuse à en parler autrement que de façon évasive – et Valerian est plus là. Il s'est barré de la maison dès qu'il a pu en t'laissant derrière lui et l'seul souvenir qui t'en reste, c'est le livre d'histoire que tu lui avais piqué des années en arrière quand il avait treize ans, quelques mois avant qu'il s'barre pour la première fois mais pas la dernière. De toute façon il t'aimait pas, il te trouvait trop faible, trop rêveur – et Sergheï prends le même chemin. Y a que Lucian junior qui t'aime, qui vient se blottir contre toi pour chercher du réconfort et écouter tes histoires. « Il est en train de se garer, il va pas tarder à monter t'chercher. » « Mais lâches-moi t'es chiant ! Futu-ți dumnezeii mă-tii, tarfa ! » « QU'ES'T'AS DIS LÀ ? » T'as lâché le crayon de papier et le carnet au moment ou les insultes ont franchi la barrière de tes lèvres et t'as foncé sans attendre vers l'issue de secours dans l'espoir de te barrer. « Tarfa toi-même, sale pédale avec tes dessins de gonzesse ! R'viens ici j'vais te saigner ! » T'as juste réussi à ouvrir la porte et il t'a sauté dessus, t'es au sol et il commence à frapper, et tu commence à appeler parce que tu peux pas t'défendre tout seul, parce que t'as jamais réussi à rendre les coups. « Iulia, à l'aide Sergheï veut m'crever ! » T'as pris l'habitude d'appeler votre aînée à la rescousse toi aussi, parce que t'as mal à faire un lien avec ta mère – c'est pas sa faute pourtant si elle sait pas lire ni écrire, mais tu parviens pas à créer quelque chose avec elle à cause de cela. T'es beaucoup trop attaché aux mots et tu sais pas t'exprimer autrement, alors y a une fracture entre vous deux parce qu'elle peut pas te comprendre de façon concrète. Elle doit en avoir marre pourtant, des bruit des coups et des insultes qui fusent à longueur de temps, et qui s'échappent en ce moment de ta bouche comme de celle de Sergheï parce qu'il veut t'atteindre à son tour – c''est vrai que t'as fait fort en lui gueulant d'aller niquer les dieux de sa mère. Au delà de l'image maternelle, insulter la religion cela se fait pas surtout qu'tes deux parents sont très axés sur l'orthodoxie, mais c'est la seule injure qui t'étais venue en tête pour qu'il la ferme. Vous roulez dans la chambre, toi pour t'échapper, lui pour continuer à te cogner et à un moment tu t'arrêtes brusquement. Sergheï te regarde d'un air méfiant et t'en profites pour rouler sous le lit, pelotonné en dessous des lattes pour te protéger. « Qu'es'tu fous ? T'es taré ? » « Y a p'pa qu'est en train d'monter, j'l'entends. S'teuplait Sergheï dit lui qu'j'suis sorti, j'ai vingt dollars dans mon tiroir prends les mais dis qu'j'suis pas là, j'veux pas y aller. » Il hausse les épaules, se relève et va choper l'argent sans répondre. Il a à peine le temps de refermer le tiroir du bureau que la porte s'ouvre. Tu sais pas s'il a eu le temps de foutre le billet dans sa poche mais il s'arrête net comme un chien de chasse qui a repéré une proie, sauf que c'est vous les proies et le chasseur vient de survenir. Ton aîné recule de quelques pas pour échapper au champ de vision paternel, mais c'est toi qui est dans le viseur de toute façon. « C'est quoi ce bordel ? On vous entend gueuler jusqu'dans la rue ! » Tu plaques ta main droite contre ta bouche pour pas faire de bruit même en respirant. « Il est ou ton frère ? » « Sous l'lit comme d'hab, il s'est planqué en t'entendant arriver. » Salaud ! T'as pas le temps d'élaborer des plans de vengeance à son égard parce que ce connard vient de te siffler vingt balles pour te planter dans le dos pourtant, Lucian s'est déjà penché à plat ventre et il te chope par les jambes pour te tirer hors de te planque. Tu te retrouve en travers de son épaule gauche avant d'avoir pu comprendre ce qui t'arrives et il t'emmène hors de la pièce de cette façon, comme un sac à patate. Y a le décor d'la baraque qui défile à l'envers devant tes yeux, le pallier, les escaliers, l'couloir et puis la sortie, la rue et t'es jeté sur le siège passager après qu'il ai ouvert la bagnole. Tu jettes un coup d'yeux vers la fenêtre de ta chambre et y a Sergheï qui te fait des doigts d'honneurs à travers la vitre. T'as une haine sourde qui te bouffe l'estomac, t'as envie de fuir de la bagnole et de remonter l'insulter de toute tes forces mais t'es pas un fugueur toi, tu saurais pas ou aller ni comment et puis t'as pas le cran de Valerian qu'a fini par se barrer. Alors tu restes sur le siège passager, la tête appuyée contre la vitre avec un regard de chien battu et la bouille remplie de désespoir parce que tu te sais faible mais que t'assumes pas pour autant. Y a le bruit du contact et la voiture qui démarre qui te font sursauter comme un animal qu'on emmène à l'abattoir et il te faut quelques minutes pour oser prendre la parole. « Ou est-c'qu'tu m'emmènes ? » « Dans un endroit ou tu vas d'venir un homme. » Tu serres les dents – c'est pas une réponse ce qu'il vient de balancer mais t'as pas le cran de demander des détails, alors tu laisses le ronronnement du moteur redevenir le seul bruit du moment. « Allez. Montres-moi comment tu t'défends maintenant, montres que t'as la rage comme un homme, un vrai. » Tu le regardes, de la brume dans les yeux et une mimique d'incompréhension sur le visage. Te défendre contre qui, contre quoi ? Sergheï avait parlé d'un test sans rentrer dans les détails malgré ton insistance mais t'es seul avec ton père et y a rien qui ressemble à une épreuve ici. Rien, sauf la paluche droite de ton père qui t'atterrit dans la face et qui t'envoie rouler au sol à deux trois mètres de là et ton regard qui s'anime encore d'un trouble. Tu comprends pas c'que t'as fait, Sergheï a pas eu le temps de lui dire les insultes que t'avais balancées et il te punirait pas juste parce que tu t'es réfugié sous le lit, si ? T'as fait cela des dizaines de fois pour te protéger lorsque t'entendais les coups qui valsaient, pour endurcir ou pour punir quand ils dépassaient les bornes, comme cette fois ou à quatorze ans Valerian avait piqué la bagnole familiale après avoir envoyé son poing dans la gueule paternelle et craché dessus, cette fois ou les flics l'avaient ramenés après l'avoir repêché à la frontière de l'état et que tu t'étais blotti contre ta mère d'abord, contre Iulia ensuite, puis dans ta chambre pour finir, l'oreiller calé contre le ventre à l'aide de tes jambes repliées et tes mains plaquées sur les oreilles. Des occasions de rouler sous ton lit pour pas entendre, pour plus entendre, t'en a eues des dizaines alors pourquoi aujourd'hui, qu'est-ce que cela change ? Il revient à la charge, te relèves et tu reçois une nouvelle baffe. T'es balancé de l'autre côté cette fois et tu te retrouves à peu prêt à l'endroit ou t'étais au début. Tu restes au sol, les bras placés devant ton visage quand il revient vers toi. « Pardon p'pa, pardon j'irais plus sous le lit je promets je s'rais sage mais arrêtes, pardon pardon s'teuplait. » T'es à nouveau soulevé par le col de ta chemise sale et c'est un coup de poing que tu reçois dans la gueule cette fois, qui t'envoie de nouveau sur la droite. Tu chancelles mais tu parviens plus ou moins à te rattraper avec les mains et à te relever tandis que du sang commence à couler de ta narine gauche. T'as le regard qui fuit désespérément, pour chercher une issue, un moyen de te barrer et de retourner à la maison. « M'man… Iulia… » Tu sais pas pourquoi tu les appelles, elles sont à des kilomètres de toi mais t'as l'impression que tu pourrais les téléporter comme cela d'un coup, que l'amour qu'elles te portent est capable de faire cela – et puis tu réalises pourtant qu'elles doivent pas t'aimer tant que cela, comme Valerian ou comme Sergheï, parce qu'elles laissent faire. Elles laisseraient pas faire cela si elles t'aimaient vraiment, si ? Un violent coup de pied dans le dos te coupe dans tes pensées et tu trébuches au sol et y a des larmes qui s'échappent le long de tes joues et qui se mêlent au sang qui te coule du nez. T'essuies ton visage d'un mouvement du bras, salissant la manche droite de ta chemise avec l'hémoglobine parce que tu sais qu'il aimerait pas te voir pleurer, encore moins en ce moment mais t'oses plus te relever pour autant, parce qu'il te fera encore tomber avec de nouveaux coups et tu veux pas. « Bon, t'es un peu entraîné, on va passer aux choses sérieuses. » « J'veux pas passer aux choses sérieuses p'pa, j'serais sage, ramènes moi à la maison, j'ai des d'voirs à faire et j'dois aider Lucian Jr et Anca avec les leurs et j'irais plus sous le lit je promets mais j'veux pas passer aux choses sérieuses s'teuplait… Pardon… » « Arrêtes de t'excuser comme une tapette et montres-moi plutôt comment tu cognes ! » Il te contournes pour se placer face à toi et tu relèves le regard, inquiet. Tu te remets sur tes jambes pourtant mais tu comprends pas, tu veux pas comprendre surtout. « Mais j'ai rien à cogner p'pa, c'est tout vide ici, c'est un vieux chantier. » « Tu fais exprès d'être con ? Cognes sur moi, sur qui d'autre tu veux taper ? » Tu secoues la tête en signe désapprobateur, tu veux pas faire cela, tu peux pas faire cela. C'est ton p'pa, tu veux pas le frapper même si tu sais que t'as aucune chance de lui faire mal, t'arrives déjà pas à rivaliser avec Sergheï quand il s'y met. « Mais j'veux pas te taper toi, p'pa. » « Putain mais quelle gonzesse… Frappes je te dis ! » Tu papillonnes des yeux pour pas te remettre à pleurer et tu finis par te décider parce qu'il insiste, tu fermes ton poing qui paraît minuscule à côté du sien et tu donnes un coup dans la chair juste en dessous des côtes. T'es surpris par la fermeté de sa peau d'ailleurs, quand tu te touches toi même à cette endroit c'est tout mou et tout faible alors que de son côté, cela résiste et cela n'émets qu'un son ridicule pour contrer le coup qui a du à peine l'effleurer. « Tu te fous de ma gueule, c'est cela qu't'appelles cogner ? Même tes sœurs auraient fait mieux ! J'vais t'montrer ! » T'as pas le temps de réagir, t'es déjà attrapé par le col de ta chemise qui se déchire sous la poigne solide et t'es envoyé en arrière par l'effet d'un violent coup de poing dans le bide, parce qu'il t'a lâché au dernier moment juste avant de frapper, tellement fort que t'en a la respiration coupée. Après cela, il se défoule. Des claques, des coups de poings, des coups de pieds, dans les jambes, dans la tête, dans le ventre, partout ou il peut t'atteindre tandis que tu roules dans tous les sens sans avoir le courage de retenir tes larmes cette fois. T'attises sa rage en chouinant et les insultes s'ajoutent aux coups, cela fuse en roumain comme en américain. Et puis y a la dose de trop, trois coups de pieds envoyés de toutes ses forces dans tes côtes et un craquement sinistre qui résonne en même temps qu'un hurlement d'agonie. T'as l'impression qu'il vient de t'éclater toute la poitrine et tu roules désespérément sur le côté pour qu'il ne te frappe plus à l'endroit blessé. « J'ai mal… » T'as envie de vomir mais tu sais que cela sortira pas et tu plaques tes mains sur ta tête, parce que ton crâne commence à tourner et à être douloureux comme si t'avais bu, comme les quelques fois ou Sergheï te fourre de force le goulot d'une bouteille de vodka entre les lèvres après t'être grimpé dessus en pleine nuit, parce que tu tiens pas l'alcool et qu'il trouve marrant de te voir marcher comme un crabe. Ton père arrête de cogner pour le moment et il se contente de t'attraper par le bras, tirant ton poignet d'un coup sec pour te forcer à te relever. « C'est rien d'grave, tu dois avoir deux trois côtes cassées. C'est des choses qu'arrivent quand on devient un homme, t'en auras d'autres des os pétés quand tu t'battras à l'avenir, faut pas couiner pour si peu. » T'essaies de pas chanceler malgré la douleur mais ta tête tourne trop pour le moment et tu tombes à genoux, les mains sur les tempes. T'essaies de pas trop respirer parce que cela te lance dans la poitrine et que cela tire sur tes côtes quand tu le fais et tu réfléchis vaguement au moyen de calmer la douleur, parce que tu sais qu't'auras pas de médocs, que c'est pas la peine de perdre du temps et de l'argent à l'hôpital parce que les côtes cela s'plâtre pas comme un bras ou une jambe, faut attendre qu'elles s'réparent d'elles même. Tu lâches un vague grondement de douleur tandis ton père reprend la parole, une expression fière et heureuse sur le visage que tu parviens pas à comprendre. « Fais pas l'bébé, t'es grand maintenant. Relèves-toi, on rentre, c'est fini pour aujourd'hui. Sois content, tu pourras dire à ta mère et à tes sœurs que t'es un homme pour de bon ! »
(janvier 2009) T'écris pas cette nuit, parce que la tête d'Anca est posée sur ton épaule et que t'as pas le courage ni l'envie de bouger, tu risquerais de la réveiller. Tu te contentes de songer, d'essayer d'ordonner tes pensées dans l'espoir de pouvoir les sortir autrement que sur papier mais c'est flou et cela te perturbe. Tu effleures entre tes doigts les cheveux de celle qui est devenu ton seul soutien, parce qu'Elena s'est barrée, parce que Seven enchaîne les fugues et que même s'il le faisait pas, il te méprise comme les autres maintenant. Cela te fait mal parce que tu t'y attendais pas de sa part, parce que tu pensais qu'il était différent de Lucian, de Valerian et de Sergheï, que lui te traiterait jamais en tapette. Il te semble loin, le temps ou tu allais encore le chercher quand il se barrait de la maison parce que tu t'inquiétais à l'idée qu'une emmerde lui arrive – kidnapping, pédophile, agression à cause de son caractère de chien aussi, parce qu'il est plus facile comme avant le gamin – et pourtant cela remonte qu'à quelques mois en arrière. Maintenant, tu fais plus rien. Tu te contentes de laisser la trouille te bouffer de l'intérieur mais t'es devenu incapable de faire un pas vers lui. T'aurais pu, s'il avait pas eu ce mépris envers toi, s'il t'insultait pas, s'il te molardait pas à la gueule à la première occasion, s'il essayait pas de te frapper aussi parfois. Tu réponds jamais à ses provocations mais t'as fini par adopter le comportement que t'avais avec Valerian et Sergheï pendant tes jeunes années, des regards noirs lancés à la volée et des insultes qui franchissent parfois tes lèvres, mais la plupart du temps tu l'ignores et tu fuis la maison parce que l'ambiance devient insoutenable. Tu supportes plus l'absence d'Elena et de Valerian, l'emprisonnement d'Iulia, le mépris de Lucian, la haine de Sergheï et le rage soudaine de Seven, tu supportes plus le silence de ta mère avec laquelle tu parviens pas à communiquer aussi, parce que cela fait des mois que t'adresse plus la parole à ta famille autrement que pour les insulter. T'as plus que jamais ce pli que t'as pris quand t'étais gosse d'aller voler des carnets d'écriture ou de dessins dans les libraires, des stylos dans les supermarchés. T'as jamais été le môme utile qui piquait de l'argent ou de la bouffe pour aider financièrement à la maison, du moins pas tout le temps. Tu l'faisais des fois pour pas paraître totalement inutile dans la baraque, mais le plus souvent tu volais de quoi écrire parce que tu préférais t'évader que bouffer – ta passion pour les mots te fera crever un jour balance maintenant Lucian et tu peux pas lui donner tort. Tu sautes souvent des repas pour rester écrire dans ta chambre mais tout comme ils ne remarquent plus les fugues de Seven, ils ne se soucient pas de ton absence. Y a plus que quatre bouches à nourrir à temps complet dans la baraque, parfois cinq mais plus jamais six parce que tu descends pas souvent quand Seven est plus là mais tu descends plus jamais quand il est là, tu supportes plus son attitude. Au moins, cela fait des économies de bouffe pour tes parents, c'est déjà cela de gagné – pour ce prix là, tu te fous d'avoir les os qui percent ta peau, qu'tu caches derrière des tee-shirts amples et des ceintures sur lesquelles t'arrête pas de percer de nouveaux trous. T'es un peu maigre et t'es pas super beau à voir mais tu t'en fous, c'est pas hyper grave. Si t'étais une meuf on dirait que t'es anorexique mais c'est une maladie de gonzesse et t'en es pas une alors personne dit rien. Même si tu bouffais normalement, personne dirait rien de toute façon, personne dit jamais rien dans cette famille, de la mère fantôme aux gosses démolis en passant par le père dégoûté par l'ingratitude des trois qui sont partis et des deux qui sont aux abonnés absents, Seven dans la rue et toi dans ta chambre. Y a qu'Anca qui te parle encore pour pas t'insulter ou te mépriser, Anca contre laquelle tu te blottis d'ailleurs pour tenter de trouver le sommeil, parce que sa présence est apaisante. Tu caresses ses cheveux, ses joues et tu la reprends dans tes bras pour la serrer contre toi dans une posture affectueuse et protectrice – quoi que plutôt protégée que protectrice, parce que c'est toi qui est faible et elle qui est forte. Tu mets encore longtemps à t'endormir pour autant, les pensées axées sur Seven qui est rentré ce soir et qui pionce dans une autre chambre avec Mihail mais qui repartira peut-être demain pour tu sais pas combien de temps. Il a seulement douze ans putain, il pourrait s'faire enlever, violer, agresser, n'importe quoi parce qu'être dans la rue à son âge, la journée comme la nuit, c'est malsain. Tu te laisses ronger en silence parce que tu veux plus t'en mêler, parce que t'accepterais de passer pour le frère protecteur et d'endosser le rôle de tapette aux yeux de Lucian si cela en valait la peine mais puisque tu te fais cracher à la gueule par l'avant-dernier fils, c'est pas la peine de prendre ce risque. Tu t'en veux mais c'est sa faute, c'est lui qui a tout fait pour que tu le rejettes, pour que tu le laisses tomber et que t'arrêtes de le chercher dans les rues – tu le cherches plus que dans ta tête maintenant et les seuls moments ou tu penses encore à lui, c'est quand tu écris dans tes cahiers, des milliers de mots sur des centaines de lignes pour évacuer ta trouille et ton ressenti. T'as jamais autant écrit sur d'autres membres de ta famille que sur Elena et Seven, parce que les autres ont toujours eu le même comportement, parce que les autres ont jamais viré mentalement et que tu savais à quoi t'attendre de leur part mais ces deux là, c'est différent. T'étouffes un sanglot, ravalant des larmes qui commencer à se former et essuyant tes yeux d'un mouvement rageur malgré la présence d'Anca à tes côtés et la crainte de la déranger dans son sommeil, tu le fais quand même parce qu'un mec cela pleure pas et t'es un vrai mec quoiqu'ils en disent. Ils peuvent bien t'insulter et te foutre de ta gueule, cela changera rien – c'est cela le pire d'ailleurs, de voir que t'arrives pas à évoluer et à t'endurcir malgré tout cela. Tu griffes tes joues de la main gauche, celle contre laquelle Anca est pas appuyée. Tu t'dégoûtes, tu t'écoeures. C'est peut-être bien toi qu'aurait du mettre les voiles au lieu de Valerian, Elena ou Seven – parce que c'est qu'un gamin pour le moment mais il se barrera un jour définitivement – parce que c'est toi qui aurait le moins manqué, à ta mère, à ton père, à tes frères et à tes sœurs. Y aurait eu qu'Anca a qui t'aurait manqué et à elle, t'aurait pu écrire parce que c'est la seule qui parvient ou qui accepte de te lire. Tu la serres plus fort contre toi dans l'espoir que cette étreinte t'apaise définitivement mais y a trop de pensées qui tournent dans ta tête ce soir et quand tu sombres enfin, faute de la famine, de l'épuisement et de la douleur, c'est davantage pour aller à la rencontre de cauchemars plutôt que d'un sommeil réparateur.
(novembre 2010) « Nous ne pouvons plus vous garder. » « Ouais, j’comprends. » Tu hausses les épaules, tentant de prendre l’air coupable même si tu es plutôt soulagé. T’as toujours eu du mal avec le système scolaire, trop carré pour ton esprit évadé, trop carcéral pour la liberté octroyée par ton père. Ne pas fumer en classe. Ne pas arriver saoul dans l’enceinte de l’établissement. Écouter le professeur, écrire ce qui est dicté ou feutré sur le tableau noir. Ne jamais faire preuve d’initiative personnelle, ne pas rêvasser en classe. Tu ne parviens plus à respecter ces règles et tu as dépassé les bornes ce matin en vendant de l’alcool piqué à Lucian aux lycéens qui ne peuvent pas en acheter vu leur jeune âge. Tant mieux pour ton renvoi du lycée. C’est devenu une cage dans laquelle ton esprit de lionceau se perd et tu es étrangement heureux d'avoir dépassé les bornes, d'avoir poussé les dompteurs à bout. Un regret percé pourtant, celui de n’avoir pas suffisamment appris des autres, ce sentiment de n’être qu’un oisillon faiblard, n’ayant pas assez de connaissances pour voler de ses propres ailes. Tu es à la fois assez vieux pour savoir que tu fais une erreur et trop jeune pour ne pas écouter les sensations euphoriques qui se perdent dans ton corps et ton esprit. Tu es libre, libre et la vie s’ouvre enfin devant toi. Tu as malgré ton caractère moins endurci que celui de tes frères des envies d’évasion et tu veux croire pour une fois que la vie ne sera pas une chienne, que tu prix tout faire, tout réussir, que des portes dorées peuvent d’ouvrir devant toi. Elles se refermeront dans quelques mois, quand la principale de ton ancien lycée viendra faire réparer sa bagnole dans le garage ou tu te seras réfugié pour gagner ce qui servira à gagner le début de la partie la plus piteuse ta vie. Des boulots dégradants, parfois crades, à te faire mépriser par les américains les touristes et à les servir comme un chien, garagiste, électricien, plombier, bon à rien et mauvais en tout, pebdant huit ans. Huit putain de longues années ans à serrer les dents et à passer de petit boulot en petit boulot, huit putain de longues années à être payé au black, huit putain de longues années a se faire renvoyer des qu'un contrôleur un peu trop pointilleux traînait sa silhouette chez tes patrons. Huit putain de longues années à apprendre des trucs utiles pour les autres mais trop manuels pour ton esprit littéraire. Huit putain de longues années à crever de l'intérieur dans le métier comme dans le privé, à danser dans la douleur entre la tentative de suicide d'Anca, les départs et les retours d'Elena et de Valerian, la dureté de Lucian et de Sergheï. Et puis un jour de Janvier, la lueur perçant dans l'obscurité, le réverbère éclairant les ruelles sombres de ton esprit, la révélation attendue depuis trop longtemps, le boulot salvateur qui se présente soudainement avec des allures d'un Noël en retard de vingt trois ans.
(mars 2018) « V'là la décharge d'abandon en deux exemplaires, un pour vous et un pour nous, faut parapher toutes les pages. » T'as le regard dans le vague et un timbre banal, sans émotions, sans compassion. T'as fini par prendre l'habitude, te dire que c'est pas la peine de réconforter ces gens dans leurs choix et tu les fixes pas, ni la mère, ni le gosse ni le chien. Elle griffonne sa signature sur les différentes feuilles avant de te rendre l'un des formulaires et de fourrer l'autre à la hâte dans son sac à main, probablement parce qu'elle ose pas le foutre à la poubelle directement devant toi. « Nous faudrait aussi son nom et sa date de naissance ou au moins l'mois et l'année si vous les connaissez. » « Pour l'adoption ? » elle demande, curieuse, pleine d'espoir peut-être, que tu piétines sans le vouloir parce que tu sais pas quoi faire d'autre. « Nan. Pour sa tombe quand on l'aura euthanasié. J'aime pas les jeter à la décharge alors j'les enterre. » Timbre naturel, comme si tu venais de lui donner l'heure. T'as perdu l'habitude de prendre des pincettes, tu l'as peut-être même jamais eue. Et puis y a ce genre de bruit, des sortes de gémissements comme si quelqu'un reniflait sans pouvoir se moucher et qui évolue crescendo à travers la pièce. Tu hausses les sourcils, perturbé par ces jérémiades – c'est quand même pas le chien qui émets ce genre de plaintes – et tu t'penches par dessus le comptoir pour en vérifier la source. Y a le gamin, qu'a huit, neuf, peut-être dix ans qui vient de se laisser glisser sur le sol, les genoux ramenés contre son visage. Tu fermes les yeux. Mais arrêtes de chialer ! Tu rouvres les paupières, balayant la salle d'un regard paniqué. T'es une gonzesse ? T'es une pédale ? T'aimes pas cette voix qui résonne dans ton crâne, t'as la putain de sensation qu'elle s'est enfuie par tes oreilles et qu'elle se répercute sur tous les murs de la salle, comme s'il était vraiment là, comme s'il t'avait suivi jusqu'au travail. Mais t'es l'seul à l'entendre et tu tentes de reprendre des couleurs en te concentrant sur le môme dans l'espoir qu'il se lève et qu'il dégage de l'accueil parce que t'as son chien à piquer, parce que c'est un bull terrier et que ceux là ne trouvent jamais de famille – c'est déjà pas facile pour les beaux, les labradors et les cockers, alors quand y a délit de sale gueule en plus d'abandon, on t'as appris à les endormir de suite. « J'veux pas qu'vous le tuiez, j'veux qu'il ai une famille… » Et il continue à chouiner de plus belle. T'as l'visage fermé, plus compatissant envers le sort du chien que du gosse et l'espace d'un instant t'arrêtes d'être professionnel. « Bah ouais mais qu'est c'que tu veux. Fallait prendre un chien plus beau, il aurait eu des chances de trouver une famille, t'en connais beaucoup des gens qui seraient prêts à adopter un bull terrier de deux ans ? Même ta mère en veut plus alors des inconnus... » Tu traces un geste qui se veut désinvolte en balançant ton bras dans les airs pour expliquer que non, c'est pas possible. « On va pas le garder en vie, t'as pas envie qu'il souffre pendant des mois enfermé en cage pour rien, si ? C'est mieux d'le payer direct, ce soir il sera dans la poubelle des anges comme on dit. » « Eh mais vous êtes malade de lui parler comme cela ? C'est un gosse, il a dix ans ! » intervient la mère et tu tournes le regard lentement vers elle, comme si t'avais un torticolis. « C'est quoi votre problème, cela vous aurait arraché la langue de lui dire que le chien allait bien trouver une famille pour lui faire plaisir ou le consoler ? Vous n'avez jamais eu de rêves étant gosse ? Vous n'avez jamais eu d'enfance ? » Tu retiens un rictus de justesse, tu t'contentes de passer ta main contre ta nuque, ta langue contre tes lèvres. Et puis tu fais l'tour du comptoir pour ouvrir la porte et aller récupérer le chien en le prenant par laisse. « Vous voulez récupérer le collier ? » Tant pis pour l'âge tu l'noteras pas en creusant la tombe, le prénom t'en trouveras un toi-même. Elle te regarde d'un air écœuré et sans rien dire, elle prends son fils par la main, le force à se lever et gagne la sortie. Tu t'mords la lèvre inférieure mais t'as le réflexe de parler, avant qu'elle ne disparaisse. « Bonne journée quand même, madame. » Claquement d'porte. Et tu t'laisses glisser à ton tour au sol, un goût d'amertume dans la gueule et du coton à la place du cerveau, qui t'empêches de penser. C'est l'chien qui te ramènes à la réalité, en couinant et en te léchant les joues et le menton dans un gest d'affection, comme s'il pouvait t'faire confiance. Comme s'il devait t'faire confiance. Comme si t'étais gardien d'un chenil et pas employé dans une fourrière. Tu soupires, tu l'prends dans tes bras avant de te relever. « T'inquiètes vieux, là ou tu vas tout ira bien. Y aura plus personne qui t'abandonnera là-haut. » Tu grinces des dents. Constat amer de voir qu'un clébard aura eu plus de chance en dix minutes que toi en vingt-quatre piges. css & couleurs : miserunt inspiration : bat'phanie.
Dernière édition par Ioan Popescu le Mar 8 Mai - 16:18, édité 10 fois |
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Barbie Cœur de Pétasse ▹ posts envoyés : 696 ▹ points : 24 ▹ pseudo : bangkok. ▹ crédits : neon cathedral ; vocivus ; afanen. ▹ avatar : Sahara Ray. ▹ signe particulier : Les tatouages qui marquent sa peau, l'air superficiel pour mieux berner ses proies.
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Dim 29 Avr - 22:31 | |
| Encore un Popescu bon j'avoue ça a l'air pas mal par ici bienvenue parmi nous |
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Invité ☽ ☾
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Lun 30 Avr - 15:47 | |
| Oui, le pré-lien est trop chou J'espère que la fiche te plaira alors Et super choix d'avatar de ton côté aussi Merci |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Lun 30 Avr - 15:56 | |
| INVASIOOOOON Je conçois que le choix de la bouille rattrape le coup Bon courage pour supporter cette famille (c'est le mal) et bienvenue sur WAB! |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Lun 30 Avr - 16:38 | |
| Ouaip, la famille a l'air bien implantée Merci Je connaissais pas ton avatar mais elle est bien cute aussi Je devrais m'en sortir Merci |
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1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Lun 30 Avr - 18:41 | |
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Invité ☽ ☾
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il est gay ▹ posts envoyés : 5420 ▹ points : 58 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : miserunt 666 (av+gif) ▹ avatar : sasha trautvein ▹ signe particulier : dents en vrac et sourire pété, yeux cernés, le nez qui saigne trop souvent et les mains toujours déglinguées.
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mar 1 Mai - 12:51 | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mar 1 Mai - 16:47 | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mar 1 Mai - 16:54 | |
| T'as fait le bon choix. Je pourrais légitimement finir le travail de Lulu la main de fer ! Bienvenue officiellement |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mar 1 Mai - 17:06 | |
| Ouais tu vas pouvoir te faire plaiz' irp J'ai hâte de te croiser aussi Merci |
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mer 2 Mai - 16:18 | |
| alors @Valerian Popescu il va se calmer tout di suite vilain frère pas touche à bébé Ioan ok ????????? sinon bref tu sais déjà ce que je pense de ce bout d'amour que tu pond. J'ai trop hâte qu'on joue ensemble et de lire la fin de cette fiche qu'est déjà très bien partie (et je te répond soon à ton mp no worries ) |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mer 2 Mai - 16:38 | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mer 2 Mai - 17:20 | |
| IOIO IOIO IOIO (excuse moi je réponds à ton mp aujourd'hui ohlalala) - mimi le traître a écrit:
- Bienvenue dans notre famille de merde
pffff l'écoute pas, on est A+ :jed: bienvenue sur wab, courage pour le reste de ta fiche frérot |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Mer 2 Mai - 18:24 | |
| LENAAAAA (t'inquiètes ) Ouais on gère Merci |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Jeu 3 Mai - 15:54 | |
| encore un popescu j'en ai marre wesh (je rigole bienvenue, la bise) |
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Invité ☽ ☾
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Rest In Prison ▹ posts envoyés : 1934 ▹ points : 23 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : dude (avatar) tumblr (gifs) beerus (code signa) soad, white stripes (textes) ▹ avatar : rami malek ▹ signe particulier : des yeux de magicarpe
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Dim 6 Mai - 16:14 | |
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⊱ Oups ⊰ ton délai est dépassé. le délai pour ta fiche de présentation vient d'expirer, elle est donc classée dans la partie "fiche en danger". tu as encore trois jours pour te manifester et demander un délai supplémentaire. passé ces trois jours, ton compte sera supprimé css, couleurs: miserunt. / inspiration code : bat'phanie. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Dim 6 Mai - 16:31 | |
| Oups désolée J'aimerais bien un délai yep Merci |
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1000 x 0 = kurt ▹ posts envoyés : 1146 ▹ points : 9 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : tumblr (gif) sardaukar (vava) ▹ avatar : matt hitt ▹ signe particulier : fume des menthols
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread Lun 7 Mai - 9:05 | |
| jusqu'à jeudi 10 ça ira ? :) |
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| Sujet: Re: (ioan) phantom thread | |
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