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| nos baisers chargés de fiel (lavinia) | |
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Auteur | Message |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 0:18 | |
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Lavinia Popescu la rouille fait grincer les couleurs dans le matin, à contre jour crédit-images|tumblr, arc. ✧ PRÉNOM(S) LAVINIA, comme cette gymnaste roumaine pourtant plus jeune qu’elle, Lavinia, comme cette princesse mythologique qu’elle ne connaît pas. Lavinia, comme pas grand-chose, au bout du compte, grands yeux un peu absent, la fatigue au bord des yeux et les années passées quelque part dans son dos. ✧ NOM POPESCU. Elle suppose que c’est un nom connu, maintenant, aux urgences et dans la rue, un nom qui n’apporte rien de bon, un nom qu’on chuchote sans y faire attention. C’est le nom de son mari mais ce n’est pas le plus important. C’est le nom de ses enfants et c’est pour ça qu’elle y tient tellement. ✧ ÂGE 54 ANS. Elle ne les fait pas, pas tout le temps, pas quand elle est détendue, pas quand elle est heureuse, pas quand elle n’est pas sur ses gardes. Elle les fait souvent, ces derniers temps. ✧ LIEU DE NAISSANCE SIBIU, ROUMANIE. Elle s’en souvient avec une émotion palpable, quelque chose de sensible et de tendre. Elle se souvient de l’église orthodoxe Saint-Anthony et de l’ombre des tours sur la rue, des fresques rouges et bleues et dorées, des balades près des murs jaunes du musée d’histoire naturelle et son envie brûlante d’y entrer, du sourire de sa grand-mère et du goût des mititei en été. ✧ NATIONALITÉ AMÉRICAINE. Elle y habite depuis un peu plus de trente ans, a fini par gagner la nationalité. C’est un peu un miracle, quelque part, et sans doute n’aurait-elle pas pu maintenant, parce qu’elle n’écrit pas l’anglais, déchiffre à peine quelques mots, parce qu’ils ont profité d’un creux pour s’implanter, d’un laxisme pour faire des États-Unis leur maison. ✧ ORIGINE ROUMAINE. Elle en garde la langue et les spécialités culinaire, les traditions qui durent et perdurent, sans jamais l’abandonner, comme un rappel, encore et encore, qu’elle est étrangère et qu’elle n’a rien fait pour s’intégrer, une piqûre de rappel douloureuse de ses propres capacités. ✧ ÉTUDES, EMPLOI FEMME AU FOYER. Elle n’a jamais fait que ça, mère et femme au foyer, on mélange, on fait tourner les deux, on prie un peu. Elle a eu d’autres ambitions dans la vie que le mariage a cueilli au vol, que la docilité inculqué dès le plus jeune âge a achevé de tuer. Elle est heureuse, pourtant, autant qu’elle puisse l’être. Autant que son silence lui permette. ✧ STATUT CIVIL MARIÉE. Il s’appelle Lucian Popescu et elle l’a aimé autant que la situation le lui permettait. Elle s’est attachée, en tout cas, parce que c’est un pilier, un roc, la seule chose à laquelle elle pouvait se rattacher dans la tempête. Elle s’est attachée, en tout cas, parce que c’était plus facile comme ça, parce que c’est plus dur de détester l’homme que l’on est destiné à voir tous les jours de sa vie. ✧ CARACTÈRE Personne la regarde jamais.
Elle sait pas, c'est comme ça. C'est quelque chose que lui a soigneusement appris sa mère, baisse les yeux, serre les poings, serre les dents, dis oui, survis, disparais, comme une tactique pour sauver sa peau, la transparence pour une sécurité factice. Ça se transmet de mère en fille, dans la famille, les mêmes routines, les mêmes conseils, le même art de la disparition, une technique polie et travaillée, pour voler sous les radars, éviter de se faire repérer. C'est toujours le même héritage de la violence où les pères deviennent des maris, où rien ne change jamais. Personne la regarde jamais, c'est vrai, caméléon silencieux et souriant, pas un mot plus haut que l'autre, la soumission tissée dans les gènes, ancrée dans les chairs, la leçon apprise par cœur, ingérée, digérée, recrachée encore et encore, à chaque enfant qui naît. Personne la regarde jamais, c'est peut-être pour ça que personne ne voit les années pressées sous sa peau et les un deux trois quatre cinq six sept huit neuf conseils qu'elle aurait aimé à présent ne jamais avoir eu à distribuer, maintenant que le sol s'effondre sous ses pieds et que tout s'effiloche, maintenant qu'elle a oublié de fermer les yeux et qu'elle ne peut plus ignorer. C'est facile, de ne pas savoir. C'est simple, de ne pas chercher. C'est ce qu'elle a fait, jusque là, une pantomime de bonne épouse, les poings pressés contre ses paupières pour mieux s'aveugler et le sang sur le sol et les yeux rivés au sol. C'est ce qu'elle a fait, jusque là : ignorer le loup qui dort de l'autre côté du matelas. Ils la trouvent stupides, Lavinia, silencieuse et docile, dépendante, l'anglais fragile et la lecture fuyante, des siècles de tradition orale dans le sang et l'incapacité de deviner la signification des mots écrits qui la fuient. Pas besoin de savoir, disait sa mère alors qu'elle l'assoit pour lui faire éplucher des légumes. Pas besoin, alors elle n'a jamais appris. Pas besoin, et elle n'en ressent que maintenant la nécessité, maintenant que les chiffres qu'elle manie si simplement ne suffisent plus, maintenant que ses plats se réduisent et que sa liste de course couverte de dessins trace la géométrie variable de ses enfants, slalome entre ceux qui la haïssent et ceux qui la quittent, ceux qui crachent sur leur nom et ceux qui ne l'aimeront plus jamais. ✧ GROUPE FIXED. Elle le croit, tout du moins. C’est une question de point de vue, en fait. Elle suppose, elle ne sait pas trop. Elle essaye très fort, en tout cas, d’être heureuse, d’être silencieuse, de se satisfaire de ce qu’elle a. | Votre pire souvenir (ou par défaut votre meilleur souvenir) ? ✧ Ce sont ses enfants, les meilleurs comme les pires souvenirs, c’est Valerian qui sourit et le premier mot de Seven et le visage démoli d’Anca, la disparition d’Elena. C’est le regard qui brille de Serghei et les yeux un peu paumé de Ioan, l’énergie qui brûle chez Tereza. C’est le regard fuyant de Mihail et les visites au parloir de Iulia, les naissances et les départs, les sourires, les pleurs, le mépris, son mari qui tabassent ses fils et la cuisine qui se remplit de ses filles. C’est sa vie, qui est comme ça, un amas d’enfants, ses meilleurs souvenirs comme ses pires, ses possessions les plus chères.
Quelles sont les personnes en qui vous avez le plus confiance ? ✧ Elle a confiance en Anca. Elle a confiance en Serghei. Elle a confiance dans ses enfants, même ceux à qui elle ne peut pas faire confiance, même à ceux qui la déteste, même à ceux qui l’évite. Elle a confiance en son prêtre, en une poignée de gens qui ne partagent pas son sang. Elle aimerait dire qu’elle fait confiance à son mari mais ce n’est pas le cas, pas vraiment. Elle aimerait y croire. Elle aimerait le penser. Elle se contente de se mentir à elle-même pour continuer à y croire.
Avez-vous perdu un être cher au cours de votre vie ? ✧ D’une certaine façon, oui. Elle a perdu Seven. Elle a perdu d’autres gens, bien sûr, sa famille en Roumanie, d’autres enfants, mais de façon moins terrible, de façon moins nette. Valerian est revenu, Iulia est sortie de prison, elle caresse l’espoir de retrouver Elena, un jour. Elle sait que Seven la méprise, lui, que Seven la hait, que Seven ne lui pardonnera jamais. C’est quelque chose qui la brise, quelque chose qui l’écorche, quelque chose auquel elle pense toutes les nuits. Elle sait qu’elle l’a perdu ; elle ne sait pas si elle pourra un jour le retrouver. |
✧ 01 Elle a seize ans lorsqu’elle le rencontre ; il est beau, charismatique, il lui promet la lune et elle a envie d’y croire. Il la demande en mariage et c’est trop tôt, trop rapide, mais sa mère a son âge était déjà enceinte, mais sa grand-mère la pousse gentiment. Il a les yeux qui brillent un peu trop fort. Elle a le cœur qui bat un peu trop. ✧ 02 Des années avant cela, sa grand-mère l’asseyait au coin du feu pour lui apprendre tout ce qu’elle avait à savoir, tout ce qu’elle avait à ignorer, tout ce qu’elle devait occulter. Elle a gardé ce savoir, quelque part au creux de son ventre, a arrêté de poser des questions sur les pleurs de sa mère et les bruits de coup dans la pièce d’à côté. ✧ 03 Il a les yeux qui brillent un peu trop et elle a la main serrée dans la sienne, un peu tremblante, lorsqu’il la conduit à l’aéroport. Ils sont jeunes, beaucoup trop jeunes, mais ils ont jeté leurs maigres possessions dans la soute de l’avion et il n’y a plus rien vers quoi revenir à présent. Elle a voulu dire non, elle a tenté de dire non, mais on lui a dit que c’était un mot qu’elle devait oublier alors elle s’est juste tu. Lorsqu’ils atterrissent, elle a le mal du pays. Il ne s’est jamais vraiment apaisé depuis. ✧ 04 Il y a une liste très courte d’objets qui ne la quittent jamais. Son alliance, un bracelet offert à la fête des mères par l’un de ses fils, le dernier martisor que Lucian lui a offert, des années auparavant. Elle n’a pas pu se résoudre à l’attacher à un arbre, cette année-là, peut-être parce qu’elle sentait que tout allait basculer, peut-être parce qu’elle savait déjà à quoi tout cela ressemblerait des années après. ✧ 05 Son père la prenait sur ses genoux lorsqu’elle était plus jeune et faisait les comptes, sur la table de la cuisine. Sa mère fredonnait derrière et tout allait bien. C’est comme ça que ça a commencé, les mathématiques, par des chiffres qu’elle comprenait pas puis par des chiffres qu’elle comprenait, trois œufs plutôt que deux, diviser, multiplier le reste, la main sûre et le sourire radieux. Ça s’est corsé lorsqu’elle a grandi, parce que c’est toujours à ce moment-là que tout foire, son père est retourné dans son bureau, elle est restée derrière les fourneaux. ✧ 06 Elle est forte pour raconter les histoires, Lavinia, la voix douce et la voix basse, quelque chose comme dans la mélancolie lorsqu’elle monte des mondes imaginaires. Elle est douée pour ça, pour créer sur le pouce, pour improviser. Elle n’a jamais eu le droit à la littérature écrite, n’en éprouve plus l’envie maintenant, ça ne l’empêche pas d’inventer des aventures, de faire fleurir des mondes. Ça ne l’empêche pas de rêver. Heureusement. ✧ 07 C’est peut-être pour ça, qu’elle aime aller à l’église. Ça lui permet de s’échapper, quelque part, de retrouver un bout de la Roumanie, les mêmes mots, les mêmes prières, mais à des milliers de kilomètres de l’église orthodoxe qu’elle fréquentait. C’est peut-être pour ça qu’elle en fréquente deux, peut-être pour ça ou peut-être parce que c’est une façon de fuir quelques heures les quatre murs étouffants de sa maison. Elle ne sait pas et, si elle savait, elle ne l’admettrait pas. ✧ 08 C’est stupide, peut-être, mais Lavinia sait, la plupart du temps, fait de son mieux pour savoir, pour garder un œil, pour laisser aucun de ses enfants glisser hors de son radar. Elle se renseigne, s’intéresse, fait des concessions. Elle a pas besoin d’aimer ce qu’ils font tant qu’elle sait qu’ils existent encore quelque part, tant qu’elle sait que ça va autant que faire se peut. Elle peut pas les forcer à rester. Elle veut pas les forcer à lui parler. Elle veut juste savoir où ils sont et si ça va, ce qu’ils font et comment ça se passe. Elle y arrive bien, généralement, peut-être parce qu’elle est aimable et souriante, peut-être parce que la caissière du supermarché lui parle des YOBBOS et que la dame à qui elle ramène toujours un peu de pain dur pour les pigeons lui glisse un mot sur Elena, parce qu’elle grappille des détails, petit à petit, trace les grandes lignes de leur vie loin d’elle. ✧ 09 Ce que retient le mieux Lavinia, ce sont les petites choses, la petite histoire avant la grande, les dates d’anniversaire et celle des fêtes, les goûts, les préférences, les détails. Elle tricote, parce que c’est ce qu’elle fait de mieux, couds, parfois, cuisine, souvent, envoie ses paquets ou les dépose directement, des moufles pour Mihail parce qu’il avait les doigts froids et qu’il rentre tard le soir ou ne rentre pas, une écharpe pour Seven dans les couleurs qu’il aimait autre fois – pas signé, le paquet, évidemment, des gâteaux pour Anca découpés soigneusement dans des formes compliquées, un joli pull pour Valerian, un bonnet pour Serghei, une couverture déposée sur les marches du dernier endroit où elle a vu Elena ou, un martizor à Iulia et un sac à Ioan, un plaid pour Tereza, des petites choses utiles, des minuscules détails, trois fois rien. ✧ 10 Elle n’en parle jamais mais son ventre s’est arrondi, entre Ioan et Anca, quelques mois, à peine, avant que le bébé ne meurt, avant qu’elle le perde. Ça n’était jamais arrivé avant et tout s’est émietté sous ses doigts. Ça a été difficile, parce qu’elle avait déjà un nom, sur le bout de la langue, des rêves pour le bébé et les mains contre le ventre, difficile parce qu’elle l’imaginait déjà grand et en bonne santé et que même une vingtaine d’année plus tard le souvenir de ce qui aurait pu être et de la douleur insoutenable qui a suivi n’est pas effacée, pas guérie, pas apaisée. Elle a traversé l’épreuve seule et il y a des cicatrices qui ne disparaîtront pas. PRÉNOM, PSEUDO Lev. AGE 24 ans. PAYS France. | AUTRE COMPTE Eoin Taggart, Merle Brekker. AVATAR Winona Ryder. | |
- Code:
-
<pp>WINONA RYDER</pp> ~ lavinia popescu - Citation :
- eoin taggart, merle brekker
Dernière édition par Lavinia Popescu le Lun 5 Fév - 23:05, édité 5 fois |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 0:19 | |
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Nos regards en apesanteur fixent le point de non retour ️ creditimage|tumblr. L’odeur de la viande qui cuit et le crépitement de l’huile, le bruit de sa grand-mère et de sa mère, plus loin, le ronronnement du moteur de la voiture de sa mère. « Est-ce que tu veux m’épouser ? » demande-t-il, et il a les yeux qui brillent et quelque chose de beaucoup trop sérieux dans la voix. L’histoire commence comme ça. Elle pourrait commencer à un autre moment, la première fois qu’elle ouvre les yeux, sa première dent, la première fois qu’elle comprend que papa tape maman, le premier sourire, le premier martizor tissé, le premier mot, le premier pas, le premier conseil reçu, le premier conseil donné. Elle pourrait commencer n’importe quand avant ses seize ans, dans les rues lumineuses de Sibiu, n’importe quand avant ses seize ans, les yeux rivés sur les peintures de l’église et un rire dans la gorge, n’importe quand avant ses seize ans, penchée sur ses aiguilles et les sourcils froncés. Ce n’est pas le cas. Ça n’arrive pas. Son histoire commence ce jour-là, Lucian Popescu devant elle et un sourire incertain sur les lèvres. Elle commence là parce que lorsqu’il a tendu la main, elle l’a saisi, parce qu’elle était trop jeune, parce qu’elle n’a pas tout compris, parce qu’elle était trop jeune, mais que c’était ce que le monde attendait d’elle parce qu’elle était une fille, parce qu’elle était faite pour ça, seize ans d’apprentissage auprès de sa famille et l’éternité entière à être femme et mère, à passer le savoir qu’on lui a donné. L’histoire commence là et peut-être qu’elle l’aime, elle ne se souvient plus, ça fait presque quarante ans, il la demande en mariage et ils se connaissent depuis six mois, il la demande en mariage et elle a à peine seize ans, il la demande en mariage et elle dit oui, même si ce n’est pas pour tout de suite, même si ça attendra deux ans, même si elle en a dix-huit lorsqu’elle franchit le seuil de l’église, dix-huit parce que c’est mieux comme ça, dix-huit parce que c’est ce que veulent ses parents. Y a le voile blanc devant son visage lorsqu’il passe la bague à son doigt, le voile blanc des nuages devant ses yeux lorsqu’il la met dans un avion, après quelques mois. * « Shh. » Elle murmure au bébé, qui gazouille, allongé près d’elle sur le lit. « Tu veux que je te raconte un secret ? » Elle lui demande, frotte doucement son ventre pour l’apaiser. « Je t’aime. » Il est beau. Il est beau et elle a envoyé des photos, à sa mère, à sa grand-mère, parce que c’est son premier enfant, parce que c’est son premier fils, parce que ça la chamboule, quelque part, parce que ça lui retourne l’estomac, neuf mois et elle a bâti un être humain, neuf mois et ils ont construit quelque chose comme le futur. C’est une émotion étrange, cette fois-là et toutes les fois d’après, la sensation d’être à sa place, la sensation de ressentir de l’amour jusque dans le bout de ses doigts, la sensation que le reste n’a pas d’importance, que peu importe la Roumanie si loin ou la dureté de Lucian, peu importe le reste, parce qu’elle a ses enfants et que tout a commencé avec Valerian, ce jour-là, allongés sur le même matelas, lui beaucoup trop jeune pour s’en souvenir, elle beaucoup trop jeune pour pouvoir prédire l’avenir, pour prévoir Iulia, Elena, Serghei, Ioan, Anca, Seven, Mihail ou Tereza, trop jeune pour savoir qu’elle aurait de la chance, encore et encore, qu’elle regrettera beaucoup de chose mais pas ça, la petite main fermement agrippée à son index, les rires, les histoires et les chansons, les biberons et le ventre rond, le bonheur enraciné fermement malgré les quatre murs qui l’enserre, malgré tout ce qui ne va pas, malgré tout ce sur quoi elle ferme les yeux. * C’est le hurlement qui lui fait serrer les dents, brièvement. Ce n’est pas la première fois. Elle sait ce qui se passe. Elle sait ce qui arrive. Elle connaît les rites et les coutumes, la tradition mise en place par Lucian, le goût du sang sur son bonheur et son silence comme un voile qui occulte tout. Elle ne dit rien, Lavinia, elle pense les plaies, certain soir, mais elle ne s’oppose pas. C’est son silence, sa plus grande faute, ses yeux clos, son péché, elle laisse faire et laisse faire et ne fait rien pour s’opposer, parce qu’on lui a appris à elle que non était un mot qu’elle n’avait pas le droit de prononcer, parce qu’on lui a expliqué et qu’elle a bien retenu, parce qu’elle sait qu’elle n’a le droit d’aller que dans la même direction que son mari. C’est comme ça, c’est écrit, c’est dans son sang parce qu’elle est une femme, parce qu’elle est tout ce qu’on attend d’une femme, parce que ça ne peut pas être autrement. Il y a un cri, à nouveau, et puis d’autres, beaucoup trop d’autres, et elle relâche les doigts, fait de son mieux, le visage un peu blême et les yeux rivés sur la fenêtre de la cuisine, attend une seconde, hésite, finit par reprendre la recette qu’elle apprenait à ses filles, finit par reprendre là où elle s’était arrêtée, parce que c’est comme ça, parce qu’elles non plus n’ont pas le choix, parce que c’est écrit, fixé, prédestiné, parce qu’il n’y a rien que l’on puisse faire contre ça. * « Passe une bonne journée. » Elle lui dit, lorsqu’elle lui rend son baiser, par habitude. Passe une bonne journée et ça lui semble anodin, stupide, terrible. Passe une bonne journée, elle lui dit, alors que son fils a disparu, alors que son fils a mis les voiles une nouvelle fois. Passe une bonne journée plutôt que je veux savoir où il est, passe une bonne journée plutôt que je vais le chercher, passe une bonne journée plutôt que tu n’as pas le droit de me l’interdire. Elle ne dit rien de tout ça, évidemment, elle reste juste là. Y a son gamin qui crapahute dehors et elle peut rien y faire, rien y changer, son enfant à qui il pourrait arriver n’importe quoi, son gosse qui fugue une nouvelle fois. Elle sait, elle, ce qui se passe. Elle se doute qu’il étouffe, elle se doute que ça lui convient pas. Elle sait, elle, qu’elle a tord, qu’elle a pas arrêté la main qui s’est levée, qu’elle aurait dû. Elle sait, que c’est mérité, qu’il la déteste, qu’il lui en veut, elle sait, c’est marqué dans sa chair, dans ses yeux, elle sait qu’un jour il partira et ne reviendra jamais. Elle sait. Elle est préparée pour ça lorsque ça arrive, préparé à le voir partir lui aussi, sans un mot, sans un regard, sans un au revoir. Elle le retient pas. Elle a pas le droit. Elle l’a pas retenu toutes les fois avant, elle l’a laissé tomber, comme elle a laissé tomber les autres, et tous les paquets déposés pour Noël et son anniversaire n’y changeront rien. Elle le retient pas, même si elle sait. Pour autant, elle l’oublie pas. * Lucian ne lui demande pas pourquoi elle pleure, ce soir-là. C’est Anca qui lui a lu la lettre, Anca parce qu’elle ne sait pas, parce qu’elle n’a jamais appris, parce qu’elle a raté le coche, parce qu’on lui apprenait à cuisiner plutôt qu’à écrire, à coudre plutôt qu’à lire, à tricoter plutôt qu’à s’exprimer. Lucian ne lui demande pas pourquoi elle pleure, ce soir-là. Peut-être que ça n’a pas d’importance, peut-être que c’est plus simple de ne pas y faire attention. Elle sait qu’il tient à elle, elle sait aussi qu’il n’a pas la patience pour ce genre d’effusion. Elle sèche ses larmes, remet le feu sous le plat qui chauffait, déglutit. Elle a attendu qu’Anca soit partie pour pleurer. Elle a attendu que la cuisine soit vide, pour craquer, parce que les mots maladroitement écrits en roumain qu’elle a lu annonce la mort de sa mère, parce que les mots griffonnés par son père sont froids, dépersonnalisés, parce qu’il lui demande de ne pas rentrer, parce qu’il lui demande de continuer à être une épouse qui n’aurait pas fait honte à sa mère. C’est intolérable, le sentiment qui lui perce le cœur, affreux, la douleur qui la paralyse. Elle a appris, pourtant. Elle sait, pourtant. Peut-être qu’il y a quelques larmes dans le ragoût qu’elle sert ce soir-là en souriant. * Elle a des bleus partout sur le visage, lorsqu’elle rentre, cette fois-là. C’est curieux ce qui cause un déclic, étrange comme des années à subir en silence n’ont pas su la faire bouger mais qu’il suffit d’une seconde cette fois-là pour que la colère monte, pour que la colère s’installe, parce qu’Anca est couverte de bleu, parce qu’Anca lui ressemble, parce que c’est sa faute, parce qu’elle a provoqué ça, parce qu’il y a eu un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf conseils de trop, parce qu’elle a causé ça. Ça tremble, quelque part dans son corps, ça la révolte, ça lui donne envie d’hurler, parce que c’est sa fille qui se tient bleuie devant elle, sa fille qui pleure, sa fille, sa fille, sa fille, et que c’est elle qui a causé ça, en restant silencieuse, elle qui a provoqué ça, elle qui a inculqué ça, toutes ces règles et toutes ces erreurs. C’est douloureux, c’est cruel, c’est toutes ses fautes qui la rattrapent, toutes les erreurs qui s’agitent, tous ses fils cognés et toutes ses filles qu’on essaye de faire rentrer dans la boite trop étroite qu’on lui a imposé. Elle a envie d’hurler, mais elle ne le fait pas, à la place elle murmure : « Laisse-moi t’aider à soigner ça. » alors qu’elle pense : « Laisse-moi t’aider à régler ça » et si Lavinia n’est pas violente, il n’y a plus une once de paix dans son corps ce soir-là. Lorsque Lucian rente, elle lui sourit. Lorsque Lucian l’embrasse, elle sourit. Lorsqu’il s’endort, tard dans la nuit, elle s’imagine libérer tout le monde de là.
Dernière édition par Lavinia Popescu le Mar 6 Fév - 0:34, édité 1 fois |
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petit soldat en plastique ▹ posts envoyés : 164 ▹ points : 8 ▹ pseudo : unserious/agnès ▹ crédits : tumblr, bazzart / avatar : praimfaya ▹ avatar : louis garrel ▹ signe particulier : des cicatrices un peu partout, une jambe en moins, une voix un peu trop discrète pour qu'on ne le remarque vraiment
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 4:23 | |
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 7:31 | |
| omg putain mais tu vas nous tuer lavinia + wynona je vais courir après des liens rebienvenue tu rocks |
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SURVEILLE TON DAIRIÈRE ! ▹ posts envoyés : 4448 ▹ points : 24 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : amor fati (av), whi (pr). sign/ tumblr (gif) lomepal (paroles) ▹ avatar : polly ellens ▹ signe particulier : elle est atypique, daire. des tâches de rousseur prononcées, l'accent bourdonnant de l'irlande du nord, la peau encrée et la clope au bord des lèvres. une balle dans la poitrine, et une nouvelle cicatrice sur son bas-ventre.
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 8:42 | |
| et soudain, la lumière se fit dans mon cerveau : pourquoi zozo était dans tous ses états quand tu lui parlais de ton tc, et pourquoi lavinia était réservée très trop bon choix entre le pré-lien et winona et comme d’hab ta plume est parfaite, le début de ta fiche est jsushsgs rebienvenue chez toi |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 10:43 | |
| AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH T'ES TROP UNE MILF (j'aime bien dire ça avec Lenny) JE L'AIME DÉJÀ DE TROP, TOUT CE QUE T'AS ÉCRIT Luv-luv. |
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il est gay ▹ posts envoyés : 5420 ▹ points : 58 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : miserunt 666 (av+gif) ▹ avatar : sasha trautvein ▹ signe particulier : dents en vrac et sourire pété, yeux cernés, le nez qui saigne trop souvent et les mains toujours déglinguées.
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 10:45 | |
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1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 11:18 | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 11:45 | |
| MAIS NON MAIS NON MAIS LEV MAIS OHLAZLALALALALALALALAA JE M'Y ATTENDAIS PAS JSUIS TROP CONTENTE ?????? MEILLEUR CHOIX D'AVATAR DE PERSO DE TOUT ????? QUEEN
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 14:32 | |
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banana-split on me ▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun ▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 16:19 | |
| tu devrais avoir honte d'avoir enfanté des horreurs pareilles :nora: :nora: |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 16:20 | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 16:22 | |
| Genre allez y faites moi rougir je vous dirais rien (non je vous aime bande de vous, mais aaaah) @Jem : C'EST TOI LA PARFAITE VAS-Y. (Je t'ai dit que j'aimais Jem, preuve en image, il m'échappera pas sous ce compte, je suis déter à ce qu'on se trouve un lien, prends note) @Niamh : Merciiii grjkgntjkn j'espère que je lui rendrais justice. @Siam : Deal, pour les liens, je t'attends ! @Daire : Mystère résolu, hinhinhin. Merci d'exposer Zoé, elle le mérite et merci gtrjkgntrjk @Lenny : COMMENT C'EST TROP CHELOU DE VOIR LENNY AVEC MILF À CÔTE. Merci de nous éclairer sur les catégories que ton perso fréquente régulièrement sur youporn. @Seven : grtghlykhjùpmklyuùmjjdkchnkgkhlmyn,knbktplùmgt (voilà) (non sans déconner) (j'ai si hâte) @Mihail : Je vais t'ajouter dans mon Death Note tu rigoleras moins Kenny :lucian: @Rhoan : WINONA 4EVER. BASICALLY. (mais haha je suis là où m'attends pas t'as vu) @Anca : maw tout est de ta faute en vrai c'est toi qui m'a convaincue quand j'hésitais grerjgntj tellement hâte aussi en vrai @JJ : toi, fais gaffe à tes fesses, tu risques de sentir un souffle dans ta nuque et cette fois ce sera pas pour t'enculer. @Novak : J'étais si triste de te voir plus faire Ioan gjektng j'espère qu'on pourra se chopper un lien quand même d'une façon ou d'une autre dans tous les cas |
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banana-split on me ▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun ▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 16:30 | |
| (mais si les bisous dans le coup implique un poteau de quatre ou cinq mètres pour te taper dessus sans m'approcher count me in) |
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1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 17:03 | |
| je rigole jamais bad mommy |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 17:10 | |
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1000 x 0 = kurt ▹ posts envoyés : 897 ▹ points : 2 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : hoodwink (avatar) - tumblr (gifs) - saez (texte) ▹ avatar : jaw ▹ signe particulier : légèrement alcoolique
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Lun 5 Fév - 18:18 | |
| AZZYYY LE TC POUR PRENDRE LA MADRE POPESCU AVEC WINONA Rebienvenue, ce perso m'ambiance déjà de ouf (maintenant faut un Lucian Popescu en Johnny Depp pour faire un revival de Johnny/Winona merci) |
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Barbie Cœur de Pétasse ▹ posts envoyés : 696 ▹ points : 24 ▹ pseudo : bangkok. ▹ crédits : neon cathedral ; vocivus ; afanen. ▹ avatar : Sahara Ray. ▹ signe particulier : Les tatouages qui marquent sa peau, l'air superficiel pour mieux berner ses proies.
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petit poney ▹ posts envoyés : 2027 ▹ points : 56 ▹ pseudo : zoé (baalsamine) ▹ crédits : hoodwink(avatar) & sial(sign) ▹ avatar : Taylor Lashae ▹ signe particulier : cicatrices sur tout le corps qu'elle tente maladroitement de cacher, souvenirs d'épisodes de folie désespérée. Une voix douce, des doigts de fées, une chaleur humaine parfois trop brulante. Syndrome du Saint Bernard qui colle au coeur.
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Mar 6 Fév - 1:54 | |
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1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Mar 6 Fév - 7:34 | |
| maman |
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et le château de sable, il est dans l'eau maintenant ▹ posts envoyés : 2287 ▹ points : 19 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : dude (avatar) / tumblr, whi (signa, profil) / amy winehouse, les cartons(texte) ▹ avatar : ben nordberg ▹ signe particulier : très maigre, cocaïnomane et toujours habillé avec des vêtements bariolés
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Mar 6 Fév - 8:45 | |
| @SEVEN POPESCU YA TA MERE QUI A KILL LE GAME DES DARONNES ET DES FEELS VIENS DONNER TA BENEDICTION. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Mar 6 Fév - 11:57 | |
| je veux mm pas lire ta fiche jv pleurer wesh |
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il est gay ▹ posts envoyés : 5420 ▹ points : 58 ▹ pseudo : marion ▹ crédits : miserunt 666 (av+gif) ▹ avatar : sasha trautvein ▹ signe particulier : dents en vrac et sourire pété, yeux cernés, le nez qui saigne trop souvent et les mains toujours déglinguées.
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) Mar 6 Fév - 13:41 | |
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| Sujet: Re: nos baisers chargés de fiel (lavinia) | |
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| | | | nos baisers chargés de fiel (lavinia) | |
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