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 warfun (Ioan) - flashback

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Nemo Hornigold

Nemo Hornigold
s’il a de l’humour il finira mort noyé
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MessageSujet: warfun (Ioan) - flashback   warfun (Ioan) - flashback EmptyVen 15 Déc - 13:12

T’es rentré à c’qui paraît.

C’est qu’un texto à la con parti sans qu’il y réfléchisse vraiment, le joint calé dans une main et la bouteille de rhum bon marché dans l’autre, trop défoncé, trop déchiré, trop déprimé. Même pas assez.  Pas assez pour que ça justifie d’envoyer des sms à pas d’heure à Popescu en vertu de leur amitié perdue d’avance depuis qu’ils sont gamins. Non, il sait pas quelle heure il est. Il fait nuit, à en juger par l’absence de soleil pour lui niquer les rétines. Ça lui fait bizarre, de pas être mort alors que Ioan est rentré. Il se souvient vaguement lui avoir balancé qu’il serait plus là quand il reviendrait, s’il crevait pas avant lui sur le champ de bataille, s’il revenait pas au pays entre quatre planches. Il avait espéré, multiplié les tentatives merdiques de mettre fin à ses jours, Atticus était loin, il l’est toujours, mais il doit revenir dans pas longtemps, parce que Mam est malade. Il avait espéré qu’il serait mort avant le retour d’Atticus, aussi. Mais il l’est pas, le corps bien vivant, qui ressent bien le froid qui lui dévore la peau, et le battement entêtant de son cœur qu’il entend toujours trop fort quand il est seul. Il mate le terrain vague qui s’étend devant lui, juché sur un muret à moitié en ruines d’où il surplombe les immondices, cadavres de bouteilles et de canettes de bière, surtout, sûrement des seringues usagées, aussi, peut-être un macchabée planqué sous les déchets. Ça serait une bonne idée de dissimuler un corps ici, y’a jamais personne, jamais rien, juste deux réverbères à la lumière faiblarde et un silence de cimetière. Ambiance de rêve. Il tape l’adresse sur son clavier, ajoute un ramène-toi, appuie sur envoyer. Il sait pas pourquoi, il a pas envie de savoir, il veut pas rester tout seul ce soir. C’pas pour regarder les étoiles, y’en a pas, trop de nuages, c’pas pour refaire le monde au beau milieu de la nuit, c’juste pour avoir quelqu’un. Quelqu’un qu’il fera fuir à force de sarcasmes dès qu’il se pointera. S’il se pointe. Il doute pas mal là-dessus.

Allongé sur son muret, il sait pas depuis combien de temps il attend, les yeux rivés sur le ciel noir, le joint quasiment consumé entre ses doigts qui lui crame presque les phalanges. Ça fait longtemps, peut-être. Il sait pas, il sait que la marijuana a tendance à tordre sa notion du temps, lui donner l’impression que ça fait des heures alors que ça fait peut-être que quelques minutes. Il sait que Ioan a aucune raison de venir, en fait, s’ils ont été un semblant potes, c’était y’a des années et c’était vraiment de l’ordre du faire semblant. Pour Nemo, en tout cas, plus obsédé par la famille Popescu et sa ribambelle de psychopathes que par autre chose – même si le p’tit cul de Ioan l’a pas mal obsédé à une époque, aussi. Il sait pas ce que Ioan pense, d’eux deux, il a jamais bien su. Il était toujours un peu là pour l’empêcher de faire une connerie, mais lui ça l’emmerdait. Alors non, en fait, ils doivent pas être potes. Il devrait pas lui envoyer des textos en plein milieu de la nuit, ni se soucier qu’il soit rentré du front bien vivant. Il devrait pas, il l’a fait, et y’a des bruits de gravier à l’autre bout du terrain vague, une silhouette qui se détache sous le halo du réverbère. Il se redresse pas, Nemo, se contente de tourner la tête vers lui en plissant les yeux, pas sûr que ce soit pas un clochard plutôt que son cher Popescu rescapé de la guerre. Il aurait pu partir avec, ça doit être facile de périr là-bas, suffit de s’jeter sur une mine quand on t’a dit marche pas là, même si y’a plus de chances de s’faire amputer des quatre membres que de mourir pour de vrai. Surtout pour lui et sa déveine monumentale. Puis toute façon l’armée refuse les dépressifs chroniques, sont pas trop fans des suicidaires. Pourtant les kamikazes font toujours des strikes, eh. « Bah merde. Les Talibans ont même pas réussi à t’exploser une jambe. » Il ricane face à Ioan en un seul morceau, zéro blessure de guerre à déclarer. Zéro blessure de guerre apparente, en tout cas, il est à peu près certain que Ioan est le genre à se taper un PTSD, tous les militaires le sont, de toute, quand ils réalisent qu’ils ont risqué leur vie pour faire plaisir à un connard millionnaire qui vit dans une belle maison blanche. « J’espère au moins qu’t’as perdu ton anal cherry, qu’tu sois pas parti pour rien. » Les clichés, toujours les clichés, il aime ça, Nemo, ça le fait bien marrer.  
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