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 Dans le noir _(Ivy)

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MessageSujet: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyVen 16 Déc - 21:16

Dans le noir
Ivy & Soan
ALL IN YOU

Les ténèbres. C'était une chose étrange que le noir. Cette absence de lumière qui vous apportait irrationnellement un réconfort certain. Et les ténèbres m'enveloppaient complètement, aussi profondes et âpres que des abysses. J'étais dans un gouffre. Flottant? Chutant? Je n'en savais foutrement rien. Tout ce qui comptait était cette oppression qui me pesait sur tout le corps. Cette impression d'être lentement engloutie et dissolue...
Je me réveillais en griffant l'air. Des rigoles de sueurs me descendaient le long du dos et j'avais la bouche plus sèche que du papier de verre, grinçante presque. Le palpitant encore au galop je clignais fébrilement des yeux, ébahie devant le soleil couchant se déversant par les hautes fenêtres. La bonne idée de faire une sieste de plusieurs heures en plein après-midi. Maladroitement je me rendis dans la cuisine pour y avaler un verre d'eau fraîche à grandes goulées avant de m'emparer d'un paquet de blonde. Mes mains tremblaient tellement fort que je dus m'y reprendre à trois fois avant de parvenir à m'allumer une cigarette. Rendue fébrile par l'adrénaline j'ouvrais ma fenêtre laissant un air froid se déverser dans la pièce et les filets de fumée s'enrouler autour de moi. J'étais rentrée d'une week-end dans le Maine où j'avais séjourné pour y voir ma mère, cloîtrée dans une maison de soins. Elle ne m'avait pas reconnu, persuadée d'être encore une Lisbeth lycéenne devant se préparer pour son bal de promo. Malgré ses délires elle semblait aller assez bien pour une femme atteinte par un Alzheimer dévorant. J'étais rentrée après deux jours éreintant moralement, claquée du voyage. Fatigue et soucis formaient le meilleur combo pour la création de jolies terreurs nocturnes. Si ce n'était que les vilaines se déclaraient maintenant en plein jour.
J'avais besoin de sortir. Voir du monde, des lumières. Rester enfermée dans mon appartement ne me convenait pas. C'était pour ça que j'avais capté Ivy qui, fidèle au poste, avait volontiers accepté d'aller traîner ses guêtres avec moi.
Ah Ivy. Trois lettres qui rassemblaient tout un univers mêlant l'obscurité des trous noirs, la chaleur de soleils, le mystère des étoiles. C'était la pureté du diamant, sa fragilité aussi. Ivy la douce rêveuse névrosée, dont les courbes produisaient un effet des plus étranges sur mes nerfs, les faisant chanter comme l'acier lorsqu'elle les martelait de regards embrasés.
Et la voilà perchée en sirène sur mon canapé, la comète. Brillante, presque aveuglante dans les résidus d'angoisse s'attardant encore dans mon esprit. Irrationnels, certes, mais surtout irrésistibles. Elle avait débarqué immédiatement après que j'ai envoyé un SOS enrobé de sarcasme ("ramène ton p'tit cul chez ta mégère préférée"). En voyant son petit sourire nonchalant, la gratitude c'était disputée à la répulsion, hésitant presque à la renvoyer chez elle. Comme si ça pouvait se passer ainsi. Comme si on pouvait dépendre, au moins un peu, de quelqu'un et se complaire dans l'idée de la diriger à sa guise parce qu'on était trop craintif pour vraiment assumer. Aussi parce qu'avec elle, on passait notre temps à s'envoyer dans les cordes lors d'un round sans fin, s'envoyant des pains avec toute la violence possible, regardant avec satisfaction le liquide carmin souiller la face de l'adversaire, pour mieux s'enlacer dans un nouveau corps à corps furieux.
Je me penchais vers la tendresse de son cou, dégagé par le rideau soyeux de ses cheveux rabattus sur le côté. Mes lèvres frôlèrent sa peau brûlante afin d'amorcer les prémices de ma demande. "T'es ok pour qu'on sorte faire un tour?" murmurais-je, la bouche encore enfouie dans sa douceur.
C'étaient pas des âmes à tourmenter qui manqueraient, et c'était un domaine dans lequel notre duo excellait. Ça ferait passer le temps, gentiment, et puis qui sait, nous permettrait peut-être de faire une rencontre moins morne que d'habitude. Peut-être qu'il y aurait quelqu'un dehors avec une âme au gabarit assez solide pour nous supporter. Toutes les deux. En même temps.



Dernière édition par Soan Barlow le Mer 8 Fév - 2:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyMer 21 Déc - 22:45

Y avait des jours comme ça, des trop plein de tout, d’angoisse, de douleur, de dégout. Y avait des jours comme ça om le simple fait de sortir de son lit lui apparaissait synonyme d’épreuve dignes du Tartare. Y avait des jours comme ça où la boule dans la gorge était trop grande, torp lourde, prenait toute la place et l’écrasait complètement contre le sol. Bim. Incapable de bouger. Incapable même de respirer. Y avait que des larmes qui coulaient. Et encore même les larmes étaient incapables. C’était tout, c’était rien, c’était la folie qui ronge au creux de la tête et qui griffe, qui griffe la boîte crânienne en ne demandant qu’à sortir.
Trop de fois elle s’était réveillée persuadée d’entre Meo se glisser à ses côtés, trop de fois elle avait tout simplement compris trop tard qu’elle hallucinait. C’était ça sa vie, une constante d’hallucinations dégueulasses et un flou perpétuel. Et puis parfois y avait des pointes de lumière. Des sursauts dans cette pénombre quotidienne, un brin de chaleur qui lui faisait dire que tout n’était pas perdu. Peut-être pas. Juste quelques instants. Des sursauts comme Soan, la première, l’indémodable, celle gravée dans son cœur et qui avait pris une place trop importante ces derniers temps. Soan et ses rires doux-amers, Soan et sa provoque trop facile, Soan qui s’était incrustée dans sa vie sans rien demander.
Soan c’était celle qui avait toujours le mot, toujours l’idée, toujours le sourire pour lui faire oublier à quel point la vie était merdique. Deux femmes-flammes à bruler trop vite, trop tout, tout le temps pour passer les secondes.
Quand Ivy avait reçu le sms de Soan, elle n’avait pas vraiment réfléchi. Elle s’était extirpée de sa couette et s’était préparée en un temps record, des années d’entrainement pour une apparence parfaite en un minimum de minutes. Optimisation, optimisation comme lui répétait en boucle sa mère. C’était facile, le maquillage, pour cacher tous les vices. Comme un trompe-l’œil peint sur un mur, pour oublier la réalité pendant quelques temps. Cheveux trop longs, yeux trop grands, lèvres trop pleines, trop rouges, cœur trop vide. Hypocrite lui balança la voix de Léonard dans sa tête et Ivy lui adressa un majeur fictif avant de se dépêcher de quitter son appartement.

Elle était rentrée sans vraiment demander, s’invitant chez Soan comme un peu toujours, manteau balancé dans un coin, talons à l’opposé, étalée sur le canapé, devenu sans doute un de ses repères préférés. Y avait sur son visage un de ces foutus sourires qu’elle maitrisait à la perfection. Attachiante comme dirait Romeo, non sans tort au final.
Elle était bien Ivy, dans cet endroit plus vivant, à quelques centimètres de celle qui pouvait la faire vibrer en un instant, vacillant entre hargne et passion, quelque chose qui la rendait vivante, un peu comme la douleur qu’elle s’infligeait consciemment pour respirer. Encore. Toujours plus. Continuer d’avancer. Ouais, Soan c’était sa lame, tranchante comme pas deux, à faire couler le sang et la libération. T'es ok pour qu'on sorte faire un tour? Qu’elle lui demanda, le nez niché dans son cou. Chaleur. Ivy ferma les yeux un instant pour profiter de ce contact qui lui faisait défaut, s’en repaitre avec indécence, parce qu’il n’y avait que Soan aujourd’hui pour lui offrir un peu de présence. Elle ne comptait pas s’en priver. Puis lentement Ivy s’écarta un peu, tournant la tête pour faire face à Soan, yeux dans les yeux, nez se frôlant cœurs trop proches. « Toujours partante. » Pour le meilleur et pour le pire, mais surtout pour le pire. Ivy s’étira légèrement avant de venir à son tour se nicher contre la jeune femme, un peu comme un gamin capricieux qui demande toujours plus. « T’as une idée en tête ? Un bar ? Un ciné ? La rue tout simplement et on pourra jeter des cailloux aux passants ? » Elle énuméra les idées Ivy, un peu plus mesquine à chaque proposition. Parce que c’était leur jeu préféré à toute les deux, faire trembler le reste du monde, les faire tomber, coup de pied dans les rotules. Sales gosses. « Y a le marché de Noël on pourrait faire nos Grinches. Ou je sais pas » Machinalement elle attrapa la main de Soan, jouant avec celle-ci, faisant glisser ses ongles sur la peau légèrement halée de la jeune femme. Noël hein. Elle détestait cette fête. Mais peut être qu’avec Soan, tout serait plus marrant. Different…
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyLun 26 Déc - 21:06

Dans le noir
Ivy & Soan
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Je laissais traîner ma joue sur la courbe de son épaule, écoutant avec un sourire grandissant la liste de ses propositions. Au fur et à mesure j'y reconnaissais la sale gosse, souvent enfouie, pourtant bien vivace, de la sulfureuse jeune femme. Je gardais le silence pendant qu'elle emprisonnait ma main chaude d'une étreinte gelée. Elle était souvent comme ça Ivy. Un carcan de glace lui enserrait le cœur et l'âme, engluant son corps dans une gangue de froideur. Son corps moineau. Son corps volatile. Presque aussi léger qu'un papillon...
Avec voluptuosité je consentais à m'écarter légèrement d'elle pour planter mes prunelles claires dans les siennes. "J'ai quelque chose qui rejoint ta troisième proposition. Avec une touche de la quatrième."
Un brusque regain d'énergie à la vicieuse perspective qui s'annonçait me fit me lever droit vers le buffet. Au milieu du fatras sans nom qu'il renfermait, je parvins à mettre la main sur la bombonne métallique. Je l'agitais ensuite en direction de mon invitée, un sourire malicieux étirant mes lèvres. La bille s'agita dans un cliquetis sardonique.
"J'ai retrouvé ça hier. Une de mes vieilles reliques de ma période "gangsta"!" éclatais-je d'un rire joyeux.
Plus jeune, j'avais pour sale habitude de traîner constamment avec deux jeunes qui eux avaient la sale habitude de taguer à qui mieux mieux les murs de notre ville. Je n'avais aucun talent artistique majeur, mais je pouvais au moins reconnaître modestement savoir me servir correctement de ces engins.
"Habille-toi chaudement ma jolie, parce que je pensais marquer Savannah de notre empreinte temporairement indélébile."
Je rejoignis Ivy d'un bond, percevant sa chaleur dans les quelques centimètres nous séparant.
"On va aller taguer nos ombres dans le quartier. En train de faire des choses et d'autres. Et si on se fait pas toper ce sera impossible pour eux de savoir qui c'était. Dans tout les cas y a de quoi se marrer je pense."
C'était puéril. Une farce enfantine qui pourtant promettait son lot de fou-rires et d'adrénaline, comme à l'époque où il nous suffisait d'une corde à sauter pour nous amuser des heures durant. Et je n'aurais pu trouver meilleure interlocutrice. Ivy était la compagne de jeu idéale. L'insouciance volubile et les pupilles gourmandes. Les doigts avides et la langue curieuse.
Déjà excitée à cette perspective, je retournais fouiller dans un autre tiroir avant d'en sortir victorieusement un petit sachet de poudre blanche. Comme en agitant une souris sous les yeux d'un chat, je le suspendais devant mon amie. "J'en prends une p'tite. T'en veux une?"
Sans vraiment attendre son aval et armée d'une carte de crédit, je commençais à m'affairer minutieusement sur la table basse. Une fois satisfaite de l'aspect, j'entrepris de tracer deux lignes parfaitement égales. Je m’adonnais rarement à ce genre d'excès, considérant la prise de cocaïne comme une occasion spéciale, signe d'une soirée sans lendemain. Et justement j'avais l'impérieuse envie de kidnapper la jeune mannequin jusqu'à plus soif, sans prêter attention à la ronde monotone des aiguilles. J'voulais que le sommeil me fuit, que les étoiles s'allument sous mon crâne, se dissipant en fines bulles dans mes synapses.
Les cheveux en rideau rabattus d'un côté de mon visage, j'inspirais tranquillement le long de la trace avant de délaisser la paille. L'amertume me picota l'arête du nez tandis que je renversais ma tête en arrière, profitant du délicieux coussin qu'offraient les cuisses d'Ivy. Comme une lionne à l'affût je guettais l'approbation, les approbations même, à mes plans abracadabrants. Enchanteurs également, pour l'emmener loin de sa réalité souvent trop maussade, parfois trop garce. J'avais besoin de la soustraire à cette grisaille ambiante de son intérieur. Parce qu'il méritait d'être peint de couleurs vives.


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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyMer 28 Déc - 23:23

Elle aime quand Soan se love contre elle, peau contre peau. Elle fait le plein de contact, elle remplit ses poches de caresses, son sac de baisers, ses trousses d’amour vache. Tout ce que Soan peut lui donner elle prend Ivy, elle avale tout, comme un gouffre sans fond en manque d’affection. Parce que c’est ce qu’elle est, un foutu puit de tristesse et de solitude, que même toute une armée d’être aimant ne pourrait remplir. Mais Soan est une bonne alternative, elle sait toujours comment pimenter les choses, comment rendre le quotidien trop morne usuellement plus coloré. J'ai quelque chose qui rejoint ta troisième proposition. Avec une touche de la quatrième. Ivy hausse un sourcil, intriguée. « Dis-moi tout » Soan se lève et Ivy s’écarte un peu, regardant son amie traverser la pièce pour fouiller dans ses affaires. Quand Soan se retourne avec une bombe de peinture entre les mains la jeune femme la regarde amusée, ne sachant pas tout à fait où elle veut en venir. J'ai retrouvé ça hier. Une de mes vieilles reliques de ma période "gangsta"! Cette fois ci c’est un rire qui la traverse et Ivy secoue la tête. « Une période gangsta ? Mais on en apprend tous les jours… Faudra que tu me raconte » Parce qu’au fond même si elle sait des choses sur Soan et inversement, y a toujours une part d’ombre qui persiste, des chose oubliées au fond d’un tiroir, des mots qu’on ne veut pas prononcer. Mais l’idée que Soan ai pu avoir une période rebelle fait sourire Ivy. Au fond, ça ne l’étonne même pas, connaissant la jeune femme. Habille-toi chaudement ma jolie, parce que je pensais marquer Savannah de notre empreinte temporairement indélébile. Soan la rejoignit ensuite avant de reprendre On va aller taguer nos ombres dans le quartier. En train de faire des choses et d'autres. Et si on se fait pas toper ce sera impossible pour eux de savoir qui c'était. Dans tout les cas y a de quoi se marrer je pense. Un chat, un véritable chat. Voilà ce que Soan lui rappelait, à courir partout dans tous les sens, à inventer des plans de bataille saugrenues, puis à venir atterrir tout près d’elle à chercher de la chaleur, un peu d’attention. Elle rigole à nouveau Ivy, le cœur bien plus léger. Parfois elle se demande ce qu’elle aurait fait sans Soan. Pas grand-chose surement. Elle aurait finit par tuer Meo avant de se tuer elle-même par la suite. Mais heureusement pour elle Soan l’avait récupéré et la trainait dans son sillage sans jamais la lâcher. « J’aime bien. Imposer notre marque, crier au monde qu’on est là. C’est bien. » Elle dévisage Soan, sourire amusé plaqué sur les lèvres. Déjà dans sa tête Ivy réflechi à ce qu’elle va bien pouvoir graver sur les briques de Savannah. « T’inquiète je sais où on peut aller, je connais le policier qui gère ce secteur et si on le croise je suis sur qu’il voudra nous rejoindre plutôt que de nous enfermer » La référence à Aden la fait sourire doucement. Parce que Aden c’est sa licorne, c’est son trésor. Parce que Aden est trop pur pour comprendre qu’elles sont fondamentalement mauvaises, il ne verra que le brillant en elles, et non le terne. Elle adresse un petit clin d’œil à Soan de son canapé mais cette dernière est déjà repartie. Intenable quand une idée lui colle à la peau, Ivy se demande si elle ne se fatigue jamais. Peut être quand tout le monde dort, quand personne n’est là pour voir son aspect faible. Trop douée pour cacher la crasse qui lui colle au cœur. Cette fois ci c’est un sachet de poudre blanche qu’elle sort triomphalement de son joyeux bordel et Ivy applaudit comme une enfant, battant des mains avec entrain. La drogue, ça a jamais été son grand truc, parce qu’avec un cerveau foireux comme le sien, c’est pas vraiment une bonne idée. J'en prends une p'tite. T'en veux une? « Pourquoi pas » [/b][/color]Parce qu’aujourd’hui Ivy s’en fout. Parce qu’aujourd’hui Ivy n’a plus de limite, n’a plus de barrière. Parce qu’aujourd’hui Ivy se fout en l’air en silence, alors un pas de plus dans le vide, comment refuser ? La jeune femme regarde son amie tracer les lignes, se pencher sur la table, inspirer la poudre blanche et rejeter la tête en arrière pour finalement atterrir sur ses genoux. Ivy fit courir lentement ses doigts le long de la gorge de Soan avant de remonter jusqu’à ses lèvres. « Tu prends toute la place la pffffff » qu’elle ajoute en rigolant, décalant légèrement la tête de Soan pour pouvoir elle aussi accéder à la table basse. Rapidement, sans réfléchir, elle fit disparaitre la deuxième ligne blanche avant de laisser un petit soupir de contentement s’échapper. Puis elle se baissa vers Soan et déposa un rapide baiser sur le front de son amie avant de se laisser partir en arrière. Dans son corps tout se dissout, la tristesse, la crainte, la solitude. Y a plus que de la joie qui court dans ses veines, dans ses nerfs. Un rire amusé s’échappe de ses lèvres et elle contemple le plafond un instant, béate. « Ca m’avait manqué je crois » ouais. Depuis que y avait Meo elle avait arrêté de toucher à toutes ces drogues, toutes ces poudres. Il était devenu son essentiel et elle avait envoyé valdinguer le reste.
Puis d’un bond Ivy se releva avant de d’attraper les mains de son amie, la tirant vers elle. Un instant elle se love contre elle, la tête nichée dans son cou, profitant de cet instant de lucidité, où chaque cellule étrangère semble scintiller, où chaque souffle échappé résonne à ses oreilles. Puis elle s’écarte de nouveau, attrapant son manteau, ses chaussures, son sac, se préparant à sortir. « Et si on à froid j’ai amené ma meilleure amie. » Ivy sort de son sac en rigolant une jolie flasque rose qu’elle agite avant de reprendre « Oui désolé Soan, la Vodka est quand même de plus agréable compagnie que toi » même si ce n’est pas vrai. Pas vrai du tout.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyMar 3 Jan - 17:00

Dans le noir

Et la plus douce des choses arriva. Ivy sourit. Pour l'instant c'était un léger frémissement, comme les rayons d'une aube hésitante, annonçant l'astre solaire irradiant. Puis elle se pencha pour entrer dans la danse. Inspiration, expiration. La voilà embarquée avec moi pour une folle ronde afin de célébrer un sabbat endiablé dont l'utilité n'était connue que de nous seules.
Je savourais l'effleurement de ses lèvres sur ma peau fraîche. Un chaste baiser qui me repaissait bien plus qu'elle ne pouvait le savoir. Ivy souriait réellement cette fois, la joie fleurissant finalement sur son joli visage. De bonne grâce je me levais à mon tour, la laissant m'attirer dans une charmante étreinte. Avec tendresse, je lui rendis la pareille, caressant doucement les petits os de sa colonne vertébrale, de la même manière que si je souhaitais les compter tous.
Puis ce fut la fin, laissant un brusque courant d'air traverser l'espace entre nous. J'imitais ma compagne, m'arnachant également de plusieurs couches, soucieuse d'éviter l'hypothermie. Enfin c'était sans compter sur Ivy qui avait déjà tout prévu. J'esquissais un sourire devant la flasque ressemblant plus à une bonbonnière d'un rose poudré qu'à un objet de perdition. Clairement, je n'étais fana d'aucun alcool, mais pour continuer le jeu je voulais bien me résigner à l'aider dans cette tâche.
"Je savais bien que tu me faisais des infidélités..." soupirais-je avec un air faussement contrarié.
Ca sonnait notre départ. Dans un tourbillon de tissu nous dévalâmes les escaliers, nous hâtant de trouver le couvert de l'obscurité.
L'air s'échappait en petits nuages de vapeurs d'entre nos lèvres. D'un signe de la main, je lui indiquais la première direction qui me passa par la tête et nous filâmes dans des ruelles sombres et désertes. Enfin presque. Y avait toujours du monde dans City Market, qu'on le veuille ou non. Le quartier déversait son lot de noctambules, de gens de passages, de voyageurs pour certains. Je refermais mes doigts sur la froideur du métal et décidais que le mur derrière Ivy ferait un parfait tableau en son hommage. Éclairée par la lueur diffuse des lampadaires, son ombre se projetait nettement contre les briques usées et noircies par la pollution.
"OK prends la pose chérie, c'est ton heure de gloire!"
J'agitais la bille puis appuyais sur le diffuseur. Soigneusement je traçais chaque contour de la frêle silhouette de la jeune femme.
"Fais comme si tu buvais une gorgée Ivy..." lui fis-je en sentant la drogue s'évaporer en bulles de champagne sous mon crâne, me prenant d'une soudaine inspiration. Je dessinais les ombrés de la petite bouteille. "C'est bon tu peux bouger mais attends que je te le dise pour te retourner."
J'ajoutais une paire d'ailes façon fée clochette dans le dos de mon oeuvre d'art. J'étais pas si mauvaise que ça en dessin. En tout cas pour les choses simples. J'ajoutais une inscription en bas. La fée verte. Définition parfaite pour la volubile jeune femme. Légère. Insolente. Charmante. Enivrante.
"C'est bon chérie, tu peux regarder."
J'étais pas peu fière. Si peu que je tendis la main pour attraper de quoi boire à mon tour, laissant l'alcool blanc me dévaler l’œsophage et me désinfecter au passage l'intégralité de mon système digestif. Ca faisait un bail que j'avais pas picolé. Pas par peur d'une cirrhose, de la prise de poids ou d'une perte de contrôle. Mais les images en sépia de ma mère trop ivre pour ne pas jouer culbuto dans l'escalier me freinait toujours. Lisbeth avait détruit sa vie en biberonnant un nombre incalculable de goulots. Tout du moins ça l'y avait bien aidé. Pour elle c'était un analgésique fantastique lui permettant d'oublier son statut de femme désavouée, seule avec sa marmaille dans un quotidien morose. P't'être que ça avait été son destin et l'alcool la rampe ne faisant qu'accélérer la descente aux enfers. Ou p't'être qu'elle aurait pu éviter un paquet de disgrâces en devenant pas dépendante. On le saurait jamais de toute façon, alors autant passer par-dessus mes regrets. En tout cas c'est ce que je me disais en repassant la flasque à Ivy, la fixant d'un large sourire victorieux.

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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyDim 8 Jan - 19:54

Elle aime ça Ivy quand Soan joue les chats aimant, quand ses doigts papillonnent sur son corps et lui prodiguent les caresses qui lui manquent. Elle a compris depuis le début Soan, le besoin vorace de contact qui constitue Ivy. Elle voudrait rester comme cela éternellement, sentir les mains de Soan le long de son corps, comme une corde de sécurité, un harnais pour pas chuter. Mais l’instant est trop fugace, trop rapide et Ivy se sépare, pour ne pas craquer. Pendant quelques secondes l’absence se fait pesante et elle se dépêche de s’habiller plutôt que de rester à ruminer. De toute façon Soan ne partira pas, elle est bien là en face d’elle, alors ça sert à rien de commencer à broyer du noir pas vrai ? De nouveau Ivy plaque sur son visage un sourire de gamine, qui fait echo au rire qui s‘échappe de ses lèvres, à moitié influencé par la drogue, le reste par l’euphorie de la situation. Je savais bien que tu me faisais des infidélités...  « Désolé ma belle, mais on peut partager si tu veux »  Ivy pouffe doucement avant d’offrir un clin d’œil appuyé à son amie. Elle rigole bien sur, Soan est bien plus agréable qu’une flasque de vodka, mais l’alcool a toujours eu une place non négligeable dans la vie de la jeune femme. Surtout ces derniers temps. Mais pas le temps d’y penser, car Soan l’entraine dehors, la porte claque derrière eux, leurs pas résonnent dans les escaliers et finalement elles se retrouvent propulsées dans la rue, Ivy légèrement haletante par l’effort. Parce qu’elle n’est pas sportive comme Soan, elle a un corps pourris Ivy, sans muscle ni graisse, juste de la peau et des os. Le froid les rattrape et Ivy frissonne un peu, enfouissant son visage dans sa large écharpe fluo. Ce fut Soan encore une fois qui pris les devants, trainant Ivy dans son sillage, comme depuis le début de leur relation. C’était plus simple comme ça, se laisser faire, se laisser porter, rien qu’une fois dans la semaine.
Elles sillonnent les rues, les ruelles, les mains dans les poches pour pas sentir les doigts se congeler. Y a la douce euphorie qui anesthésie leurs synapses et l’impression que le monde bat à cent à l’heure autour d’elles.  Finalement Soan s’arrête et lui indique un mur. OK prends la pose chérie, c'est ton heure de gloire! Les mots résonnent dans la tête d’Ivy et elle contemple un instant l’endroit, son amie, le ciel. Son heure de gloire hein ? Si seulement. Mais qu’importe, ce soir c’est éphémère, c’est s’autoriser des choses pour oublier.  Alors Ivy tire une petite révérence avant de se plaquer au mur, pose provocante pour un publique de brique.  « Je te préviens tu fous de la peinture sur mon manteau jte parles plus jamais »  qu’elle murmure boudeuse, pendant que Soan s’active autour d’elle, agitant la bombe de métal pour réveiller la peinture. Fais comme si tu buvais une gorgée Ivy... Ca c’est facile, Ivy fait semblant de porter la flasque à ses lèvres tout en fixant Soan du coin de l’œil. Elle la surveille, l’observe, la concentration qui se peint sur ses traits et qui lui donne un air plus adulte. Ca fait pouffer Ivy qui essaye tant bien que mal de rester immobile, malgré le froid et l’engourdissement de ses doigts. C'est bon tu peux bouger mais attends que je te le dise pour te retourner. Elle a toujours aimé cette sensation Ivy, de faire partie de quelque chose, un morceau dans l’œuvre de quelqu’un. C’est comme les photos, les défilés, les vidéos. Plus on l’utilise et plus elle se sent complète. Alors elle trépigne un peu sur place, se réchauffe les mains en attendant le feu vert de son amie. « Je suis sur t’as été méchante et t’as fait de moi un ogre ou un truc comme ça »  qu’elle balance en attendant. Elle sait que Soan ne ferait jamais ça, que son amie est bien consciente de son besoin de briller, de son besoin d’exister. C'est bon chérie, tu peux regarder. Elle bat des mains, comme une enfant devant ses cadeaux à noël et s’écarte de la surface froide du mur pour venir se placer à côté de son amie. Son regard se pose sur le mur, sur l’ombre verte, sur l’inscription. Et ça lui arrache un rire joyeux qui tinte dans la nuit. La fée verte. Comme sur les bouteilles d’absinthe. C’est elle, vraiment elle. Et ça la touche au fond que Soan ai réussi à la croquer comme ça sur un mur, en quelques coups de bras et de peinture un peu usée. « Je savais pas que t’étais douée là dedans, t’es toujours pleine de surprise Soan. Je me demande ce que tu me cache encore » qu’elle murmure en observant son amie pendant que celle-ci boit une bonne gorgée d’alcool. Parce que c’est vrai, Soan ne cesse de l’impression à lui sortir des talents venus de nulle part. Elle se sent un peu nulle à côté Ivy, comme toujours elle a besoin de se comparer, de briser les moments magiques avec sa maladie qui lui ronge les os. Alors Ivy récupère sa flasque, la porte à ses lèvres et en bois une longue gorgée. La brûlure familière de l’alcool dans sa gorge la détend et elle se sent mieux, réchauffée. Elle range ensuite la flasque dans son sac avant d’attirer Soan contre elle, se plaçant devant son œuvre. « On va pas laisser ça comme ça, sans souvenir tu crois pas ? »  Et Ivy sort son téléphone, le tendant devant elles pour prendre plusieurs photos, immortalisant leur premier exploit de la nuit. « Tiens attend prends moi à côté ! »  Elle tend son téléphone, prend la pose et reproduit le mouvement du dessin, sourire malicieux aux lèvres, puis reviens récupérer son portable. Un instant elle se tait, contemple les photos en silence puis dévie son regard vers les yeux de Soan. Hésitante elle attrape sa main avant de la serrer fort, mêlant ses doigts aux siens. « Merci Soan. »  Même si c’est pas un cadeau voulu autre chose. Merci tout simplement pour être là avec elle, pour la supporter dans ses hauts et ses bas, pour combler les vides et bruler trop vite avec elle.
Puis Ivy secoue la tête et se met à sautiller sur place avant de reprendre, plus enjouée cette fois ci, plus gamine.  « Bon chef, on va où ensuite ? On se laisse porter ? Tu veux encore taguer des murs ? On est loin de chez mon boss, dommage j’aurais bien aimé écrire de la merde sur lui. Une prochaine fois. » Parce que Jeff est trop loin, et que de toute façon, une fois formulée l’idée lui semble moins intéressante. La main toujours dans celle de Soan Ivy trépigne d’impatience, boostée à poudre blanche, qui brûle quand un feu d’artifice dans son cerveau.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyDim 15 Jan - 12:47

Dans le noir
Ivy & Soan
BE YOUR LOVE

J'étais ravie du sourire d'Ivy. Ravie de son rire en cascade se répandant tout autour d'elle en ondes chaudes. J'étais fière comme un coq et pour un peu j'en ébourifferais mes plumes. Mais je la jouais modeste, évidemment. "Pleine de surprises hein? C'est toi qui m'inspire, tu devrais le savoir depuis le temps." Je me rengorgeais en lui accordant volontiers la prise de photo. Image numérique immortalisant notre duo improbable, certainement immoral, et volontiers immanquable. Un grand sourire s'étala sur mon visage, le regard pétillant sous l'effet de la poudreuse. Un flash plus tard, c'était dans la boîte nous permettant d'admirer les talents de photographe de ma jeune amie. Le graphe apparaissait en arrière-plan tandis que nous riions toutes dents dehors, les joues rosies par la froid. Mais le regard de Ivy me laissa un étrange malaise. Malgré son expression radieuse, ses prunelles ressemblaient à deux billes de verre gelées d'où la joie ne parvenait pas à émerger. Je lui jetais un coup d’œil alors qu'elle agrippait mon attention et ma main.
"De rien ma biche." répondis-je, désinvolte, en appuyant mes lèvres chaudes contre sa joue fraîche.
Ivy continua à babiller vivement pendant que je réfléchissais à la chose. Les troubles de la jeune femme ne m'étaient pas inconnus: briguée et dirigée impitoyablement par une mère à l'amour toxique, puis lessivée et endoctrinée par un idiot au cœur de pierre. Ces épreuves avaient rejailli sur la psyché de la mannequin dans un kaléidoscope douloureux, affamant son corps pour se libérer de son poids. Instable, j'aurais pourtant juré qu'elle se trouvait dans une phase ascendante, mais je savais pertinemment que Ivy était une manipulatrice hors pair et se confrontait peu volontiers à la réalité coupante. Qui plus est, et sans que je ne me l'explique, elle montrait toujours un visage constant en ma présence, comme si elle avait peur de m'effrayer par un quelconque démon intérieur si je m'avisais d'approcher trop près.
"Baladons nous un peu. Si on voit un coin sympa ce sera à toi d'exercer tes talents!" lançais en commençant à marcher. La cocaïne fourmillait dans mes membres, m'empêchant furieusement de rester immobile. J'voulais bourlinguer, peu m'importait où, en compagnie de mon amie dont la présence me procurait un étrange réconfort.
Je me tus quelques secondes, hésitante sur la manière de procéder, le mots bloqués dans ma gorge nouée. Drogue aidant, je décidais néanmoins de me jeter à l'eau en espérant ne pas couler à pic. Avec précaution j'enlaçais mes doigts aux siens, comme deux âmes-sœurs lors d'une promenade romantique. Par ce contact j'essayais de l'ancrer avec moi pour qu'elle ne s'échappe pas dans de morbides divagations.
"Ivy... Tu sais qu'il y a pas de secret entre nous hein?" Je cherchais son regard, quêtant une approbation quelconque, un assentiment qui m'encouragerait à poursuivre. Mais je me heurtais à un air indéchiffrable. Inspiration, expiration dans un panache de vapeur pour reprendre un peu de courage. "Est-ce que ça va en ce moment?"
Pas la peine de se perdre en digressions, elle savait très bien ce que je voulais lui signifier. J'étais là, pour le meilleur et pour le pire, liées par un contrat au texte non-écrit et sibyllin sur une peau douce, sur lequel nous avions toutes deux apposé nos signatures. Machinalement je lui caressais le dos de la main en petits cercles d'apaisement. J'avais besoin de savoir qu'elle allait au moins à peu près bien. Besoin de la sentir en sécurité. Besoin de l'arracher aux griffes de son abruti de mec.
Le silence s'installa, pesant. Cassant. Je détaillais les gens que nous croisions dans un mélange improbable de personnes désœuvrées, celles sortant du boulot légèrement débraillées et le regard fatigué. Un SDF, assit en tailleur contre un porche attira mon attention. Il avait la mine sale, des yeux bordés de noir et une barbe emmêlée. Mais cette lueur sur son visage... Cette intelligence qui transparaissait malgré la première apparence miteuse et son petit sourire amusé derrière sa pilosité me piqua au vif. J'savais pas exactement pourquoi, mais il portait en lui comme un secret brûlant, précieux, empreint de force et de mystère qui pouvait lui rendre tout plus vivant et vivable. Je lâchais un gros billet dans la boîte de fer-blanc devant lui. Libre de picoler, se piquer au s'offrir une nuit à l'hôtel, c'était sa possession maintenant. Il me remercia d'un simple signe de tête, sans effusion parce qu'on avait tous notre dignité après tout.
Je reportais mon attention sur Ivy, considérant que ce petit intermède lui avait fourni suffisamment de temps pour se livrer.


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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptySam 21 Jan - 18:01

Pleine de surprises hein? C'est toi qui m'inspire, tu devrais le savoir depuis le temps. Les mots de Soan l’enveloppent, la bercent, la réchauffe. Un sourire de contentement s’étale sur les lèvres d’Ivy et elle voudrait se repasser encore et encore la phrase. A chaque fois que Soan lui fait des compliments de la sorte, Ivy se sent invincible, comme si le monde ne pouvait plus l’atteindre. Alors elle immortalise le moment, sur son téléphone, une photo d’elles deux, duo imbattable. Elle regarde la photo et pendant un instant elle se sent projeté en arrière, quand les choses n’allaient pas trop mal et que sourire n’était pas si compliqué. Parce qu’elle a cet effet là Soan, un peu comme un pansement pour calfeutrer les plaies, arrêter l’hémorragie, le temps d’un instant. De rien ma biche Soan se penche pour déposer un baiser sur sa joue et Ivy serre peut être un peu trop fort sa main dans la sienne, comme pour s’assurer qu’elle est bien réelle. Parce que les illusions se superposent de plus en plus à la réalité, et elle ne voudrait pas se retrouver dans le vide, la main essayant vainement d’attraper un fantôme à l’apparence de son amie.
Ivy se secoue doucement, comme pour se sortir de son rêve et pose de nouveau sur son visage son sourire fêlé. Elle se doute bien que Soan voit claire dans son jeu, mais c’est plus une habitude, de faire semblant. Elle s’écarte doucement, libérant ses doigts de ceux de la brune et lui demande ce qu’elle a de prévu pour la suite. Oui. Parce qu’il faut une suite, que ce n’est que le début de leur périple, et que ce soir Savannah tremblera sous leurs pas. Baladons nous un peu. Si on voit un coin sympa ce sera à toi d'exercer tes talents! « Se balader c’est bien aussi ! Et t’inquiète que je trouverais quoi faire à un moment ou à un autre » Qu’elle rigole doucement, même si elle se demande ce qu’elle pourrait bien faire. Parce que ses talents à Ivy, c’est de maitriser la scène, c’est de chanter avec assurance et de sourire nue à la caméra. C’est de dévoiler une part tellement intime d’elle-même sur chaque photo qu’au final personne n’y croit.
Elles reprennent leur marche aléatoire dans les rues animées de Savannah, leur souffle se transformant en nuage blanc de vapeur. Il fait froid, mais Ivy ne s’en plaint pas. Elle se contente de suivre son amie docilement, l’observant à la dérobée, essayant de deviner à quoi elle pense. Parce qu’elle a toujours été très mauvaise à ça Ivy. A essayer de comprendre les gens, trop égoïste elle préfère penser à elle plutôt qu’aux autres. Parfois elle se dit que c’est à cause de cet aspect-là que Meo est parti. Ivy... Tu sais qu'il y a pas de secret entre nous hein? Ivy sursaute, tirée de ses pensées, elle n’avait même pas senti les doigts de Soan s’emmêler de nouveau aux siens. Ca lui arrive de plus en plus souvent, des absences, des moments de vide où plus rien ne bouge. Ivy essaye de rigoler un peu, serre la main de son amie pour essayer de la rassurer. Des secrets ? « Bien sur que non il n’y en a pas. » Menteuse. Mais ça elle ne peut pas l’avouer, elle ne veut pas l’inquiéter. Alors elle relève les yeux pour dévisager son amie, se perdre un instant dans ses prunelles si particulières. Est-ce que ça va en ce moment? Les mots lui semblent difficiles, comme si elle ne savait pas vraiment formuler là. Ivy a soudain l’impression d’être une de ces malades, avec lesquels les gens prennent des pincettes pour ne pas les brusquer. Et ça fait mal. Parce qu’Ivy n’est pas en porcelaine, elle ne l’a jamais été. Elle aime la douceur, elle aime les caresses, les baisers que lui donne Soan, mais elle aime aussi qu’on la bouscule. Elle ne veut pas être considérée comme fragile, à manipuler avec précaution. Elle veut être cognée dans tous les coins de la pièce, serrée trop fort, et ressentir quelque chose. Elle a besoin des deux, comme un équilibre, pour se sentir exister.
Elle dévisage son amie, pendant un instant, les lèvres scellées. Elle essaye d’imaginer la réaction de Soan si elle lui disait qu’elle avait essayé de sauter du haut du balcon de Jedediah, ou si parfois elle s’asseyait juste sur la rambarde de la fenêtre, les pieds dans le vide, à attendre quelque chose. Que quelqu’un la pousse. Qu’elle chute pour de bon. Elle essaye aussi d’imaginer la réaction de Soan si elle lui répondait que tout va pour le mieux, qu’elle est heureuse et en pleine forme, si tous les mots qui sortaient de sa bouche n’étaient que des putains de mensonges. Dans les deux cas son amie serait blessée. Elle le sait bien. Et ça la rend triste d’imaginer Soan triste. Alors elle se perd, pensive, essayant de formuler les choses, balayant des idées des phrases trop clichées. La drogue dans son organisme lui donne l’impression de brûler et que ses mots sont parfaits, qu’ils toucheront juste. Mais elle n’ose pas encore parler.
A côté d’elle Soan s’éloigne un instant pour déposer un billet dans la gamelle d’un SDF. Ce geste est simple, anodin, mais trahit toute la bonté qui émane de la jeune femme. Parfois Ivy voudrait devenir comme elle. Souvent même. Cette femme forte, qui avance et qui ne recule jamais, à l’aura tellement brillante que ça vous fait cramer les rétines.
Quand Soan revient et se plante devant, yeux dans les yeux, Ivy soupire doucement et se love contre Soan. Elle entoure sa taille de ses bras et pose sa tête sur son épaule. Pendant un instant elle ne dit rien, profite juste de ce contact qu’elle ne cesse de chercher depuis le début de leur rencontre. « J’aurais du tomber amoureuse de toi. T’aurais été mieux qu’un Roméo stupide » mais on ne choisit pas, le cœur est capricieux, indomptable. « Parfois je passe des journées dans le noir, et quand j’ouvre les yeux de nouveau le temps s’est écoulé sans que j’ai pu faire quoi que ce soit » Elle tourne la tête vers le cou de Soan, cherchant la chaleur, une source de réconfort. « Parfois je passe des heures à pleurer dans la cuisine jusqu’à m’endormir sur le carrelage » foutu carrelage glacé. Elle déteste la sensation de se réveiller dessus, au milieu des bouteilles qu’elle a vidé. « Et parfois je me sens comme dans un rêve, comme maintenant, comme si rien d’autre n’importait que ce qui se passe actuellement. » Comme si tout cela n’était pas réel et elle ne souhaite qu’une chose : ne jamais se réveiller. « Tu vois pas de secrets » qu’elle murmure contre la nuque de son amie, les yeux remplis de larmes, parce que c’est douloureux de mentir. Pas de secrets, je veux crever, je veux vraiment crever Mais ça elle ne l’avouera pas.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptySam 4 Fév - 22:35

Dans le noir
Ivy & Soan
ALL WE DO

Plantée sur le trottoir elle ne bougeait plus. Les yeux grands ouverts balayés par des mèches folles dans le vent glacial. Malgré toutes ses épaisseurs elle me semblait plus légère qu'une feuille morte menaçant d'être emportée dans les airs, pas assez forte pour se raccrocher à la terre ferme.
Ce furent pourtant des bras solides qui m'entourèrent d'une poigne surprenante. Comme si elle s'arrimait à une attache vitale. Je respirais l'odeur de ses boucles soyeuses, les effluves délicatement sucrées qui émanaient de sa peau et ses habits. Je goûtais à sa chaleur ténue mais bien présente, doux foyer auquel se frotter. Hésitante, je finis par m'abandonner au même geste avec le soulagement de me persuader ne pas l'avoir perdue. Jusqu'à ce qu'elle ouvrit la bouche.
Si j'esquissais un sourire lors des premières phrases la suite me fit vite déchanter. C'était ce que je redoutais. Des paroles dures, traduisant un mal-être toujours présent, que je désespérais presque de voir un jour guéri. Son souffle brûlant me parcouru de frissons alors que sa jolie voix continuait à débiter des horreurs. Je m'imaginais sa petite silhouette, presque minuscule sur le sol froid, incapable même d'ouvrir les yeux. Trop fatiguée par un train d'enfer, trop blasée pour trouver quelque chose qui vaille la peine. Même ses accès d'euphorie, je parvenais presque à les ressentir. Comme une perche carabinée qui vous transportait au travers de Nirvana encore inconnus. L'évidence était qu'une personne normalement constituée ne pouvait pas prétendre aller bien en subissant des montagnes russes de la sorte.
Désemparée, je me raccrochais à elle, passant la main dans les cheveux sur sa nuque, la plaquant davantage contre moi de l'autre.
"Ivy, faut que tu m'appelles quand c'est comme ça, je te l'ai déjà dit."
Je culpabilisais. A mort. Je savais pertinemment qu'elle ne me reprochait rien, cette belle plante au palpitant trop tendre, mais mon subconscient me fustigeait néanmoins sans répit. L'idée même de ne pouvoir lui être d'aucun secours dans ces instants me tordait les tripes. J'aurais voulu faire disparaître d'un battement de cil les soucis qui la taraudaient. Optionnellement Roméo également, qui faisait planer sur sa vie une ombre de terreur irrationnelle. J'aurais voulu pouvoir la soutenir comme elle méritait. Comme elle pensait ne pas valoir la peine.
"Viens..." soufflais-je en l'entraînant à ma suite dans une autre ruelle anonyme.
Je récupérais la bombonne enfouie dans une poche avant de l'agiter furieusement. Au lieu du contour des deux ombres chinoises prévu j'encrais une paire d'yeux ronds et un sourire immense.
"Ça c'est nous. Ça c'est ce que tu devrais ressentir. Et si tu peux pas, si t'es perdue dans ta cuisine à hésiter sur quelle bouteille descendre, tu m'appelles."
Oh j'en mourrais s'il lui arrivait quelque chose. J'en deviendrais une éclopée avec un cœur tout juste bon à battre pour irriguer le corps. C'était impossible pour moi d'envisager me passer de son sourire malicieux, de sa folie douce, de ses mimiques enfantines.
Je serrais davantage sa main. Peut-être jusqu'à lui faire mal.
"Ivy, ça fait des semaines qu'on s'est pas vues. Qu'est-ce qu'il s'est passé?"
Amie indigne que je pouvais faire. Trop occupée à arpenter les fêtes, à me repaître de paillettes indigestes. J'avais bien envoyé quelques messages mais pas pris la peine de discerner la détresse derrière les smileys trop nombreux. J'étais une idiote doublée d'une égoïste. Depuis quand l'amitié pouvait-elle se montrer suffisante au travers d'un écran de téléphone? Depuis quand recevoir un "tout va bien" évasif avec SMS interposé pouvait apaiser la conscience?
J'avais le coeur au bord des lèvres, prête à rendre tout ce que j'avais ingurgité depuis une semaine tellement le dégoût de moi-même me prenait à la gorge. Mais soucieuse de ne pas plus inquiéter Ivy je me composais une mine avec un sourire timide, l'oreille affûtée.


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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptySam 18 Fév - 15:10

Elle sent Soan se raidir. Un instant. Puis se détendre, s’abandonner à cette étreinte surprise. Tant mieux. Ivy aurait été triste. Très triste. Mais non, Soan se love contre elle, proche, très proche. Ivy pourrait entendre son cœur battre, si elle prenait le temps, si elle fermait les yeux un instant. Mais elle n’a pas le courage. Ce qu’elle a à dire à son amie est trop important pour se focaliser sur autre chose. Sur du trivial. Sur un souffle qui quitte les poumons pour se condenser en fumée dans l’air. Elle inspire. Expire. Hésite. Les mots roulent sur ses lèvres, sur sa langue, elle balance. La vérité. Rien que la vérité. Ou presque. Plus de mensonge entre elles deux, transparence pour ne plus jamais abandonner l’autre. Si seulement. Mais c’est déjà plus que ce qu’elle ne voudrait dire. Bien plus. Que ça va mal, qu’elle pense à crever parfois, que y a son cœur qui pleure un peu plus chaque soir, quand elle se retrouve seule dans son appartement trop grand. Elle baisse les yeux, fuyant le regard de Soan, Soan qui commence à comprendre la gravité de la situation. Soan qui la presse contre elle, comme si un peu plus de chaleur pouvait l’aider à sortir la tête hors de l’eau. Ivy sent sa gorge se nouer, s’accroche au tissus du manteau de la brune, comme pour se tenir à quelque chose, à la réalité. Ivy, faut que tu m'appelles quand c'est comme ça, je te l'ai déjà dit Beaucoup de gens le lui on déjà dit. Jed, Lola, Solveig, Soan. Ces amis qui essayent d’être là quand ça va pas. Ces amis qui forment une sorte de barrière protectrice contre le mal, contre le point final. Mais elle y arrive pas Ivy, à parler de ce qui ne va pas, de ce qui la bouffe continuellement, de cette douleur qui persiste.  « Je sais. Mais tu vois, c’est difficile. »   Difficile de s’avouer qu’on est malade, qu’on est triste, qu’on est seule. Surtout quand on s’appelle Ivy Meister est qu’on est fière, trop fière pour son propre bien. Viens... Ivy se laisse attirer et suit Soan dans les ruelles de la ville, l’esprit ailleurs pour protester ou même remarquer qu’elles se sont remises à marcher. Elle est plongée dans une sorte de léthargie qui ne s’arrête que lorsque la voix douce de Soan résonne de nouveau dans l’air. Ça c'est nous. Ça c'est ce que tu devrais ressentir. Et si tu peux pas, si t'es perdue dans ta cuisine à hésiter sur quelle bouteille descendre, tu m'appelles Elle relève doucement les yeux, cligne un peu pour ajuster sa vision et fixe le visage qui se dessine sur le mur. Les yeux, le sourire et Soan. Soan qui brille comme un putain de phare dans la nuit. Elle ouvre la bouche pour parler mais rien n’en sort. Elle a mal. Terriblement mal. Parce qu’en cet instant elle se sent égoïste. Egoïste d’infliger à Soan ses crises de folie, de la rendre inquiète, de la rendre même coupable. Elle chasse les larmes qui menacent de se pointer puis reprend confiance en elle. « Je vais essayer Soan. Je promet rien mais je vais essayer »  Pour toi, rien que pour toi. Parce que les autres ne valent pas vraiment la peine, parce que les autres ne sont pas là, parce qu’il n’y a que Soan qui se tient toujours devant elle, la main tendue pour la tirer de là. D’ailleurs elle la serre, sa main, fort, un peu trop, mais Ivy n’en tient pas compte. Elle est trop occupée à respirer, à se concentrer sur son rythme, sur le souffle qui sort et qui entre dans ses poumons, pour pas dérailler. Ivy, ça fait des semaines qu'on s'est pas vues. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Beaucoup de choses, beaucoup trop de choses. En si peu de temps. Et pourtant. L’ouragan, Halloween, Meo. Tout qui se mélange dans sa tête, le temps qui s’effrite, cette nuit sur le balcon de Jedediah, les pieds dans le vide et le cœur prêt. « J’ai enlevé mon plâtre »   ses mots semblent anodins mais c’est la seule chose qu’elle arrive à prononcer pour le moment. Son plâtre, sa jambe. Et l’ouragan qui lui revient dans la tronche. Ces heures passées avec Leonard coincé au sommet du foyer, lui enseveli sous les décombres et elle à deux doigts de crever d’hypothermie. U cauchemar qui l’avait marqué plus qu’elle ne voulait le laisser paraitre. « Et puis Meo m’a quitté, juste après Halloween. Il a fait ses valises et il s’est cassé »   sans un mot, sans un regard. Elle serre les dents, refoule le cri qui monte dans sa gorge.  « et d’autres trucs plutôt banales au fond tu sais. »  elle n’a pas envie de s’éterniser la dessus, sur elle sur ses problèmes. « s’il te plait Soan. Ce soir j’ai pas envie de parler de ça. J’ai juste besoin…besoin de toi »  Caresse sur le dos de sa main, Ivy ferme les yeux. « J’ai besoin de mon amie pour déconner, pour me changer les idées. Pas de ressasser ce qui se barre en couille dans ma vie. »    De Soan et de ses rires trop sincères, de sa chaleur déconcertante et de son aura salvatrice.  « Et toi aussi non ? »  Juste un peu, elle arrive à le sentir derrière les félures des sourires de la belle, que y a pas tout non plus qu’est rose. Mais ce soir encore un fois, elles ont besoin d’autre chose, de faire battre leur cœur à cent à l’heure de vibrer dans la nuit. Alors Ivy se rapproche dépose un nouveau baiser sur la tempe de son amie et commence à la tirer vers d’autres ruelles, autre part, comme pour continuer leur course sans fin dans un Savannah fantomatique.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyDim 26 Fév - 20:34

Dans le noir
Ivy & Soan
HATEFUCK

J'voyais bien qu'elle était sincère. Ça transparaissait dans l'accent de sa voix soyeuse et sa mimique d'ange désolée. Si elle voulait déjà bien essayer c'était un premier pas. Je pouvais effleurer l'angoisse qu'elle ressentait dans ces instants terribles. J'étais déjà passée par là, à me retrouver tellement désorientée et paniquée qu'il m'était impossible de distinguer l'envers du droit. Mais finalement j'avais appris à me recentrer en faisant appel aux autres. Au final j'étais peut-être qu'un parasite qui se nourrissait de la sève vitale dont rayonnait certaine personne. Pt'être que j'avais fait pareil avec Ivy mais que, trop fragile, j'avais pompé jusqu'à la dernière goutte sans lui laisser aucune ressource?
Je chassais cette idée glauque d'un coup de tête et souriais à l'évocation de la fin de ses soins, sans me rendre compte de la souffrance qui sommeillait derrière cette phrase simple. Ivy avec un plâtre c'était comme un papillon coulé dans du béton. Ca lui enlevait cette légèreté propre à elle-même qui lui donnait l'image de danser en permanence. Mais cet accès de joie complice pris vite fin dans un embrasement de colère. Lorsque la voix de la mignonne se cassait, butant sur des mots durs à prononcer.
Romeo. C'était un boulet à sa délicate cheville qu'elle traînait depuis trop longtemps dans des gerbes d'étincelles douloureuses. Mes jointures blanchirent tant je crispais les poings. J'aspirais vivement à arracher les yeux du type et à lui faire subir les pires horreurs avec délectation. Si seulement je savais où le trouver...
"Putain... Sérieusement Ivy..." m'étranglais-je d'indignation.
Je serrais les lèvres, désirant accéder à ses demandes et ne pas retourner le couteau dans la plaie. Néanmoins je conservais soigneusement cette information dans l'espoir de pouvoir lancer une vendetta sanglante à l'encontre du malheureux.
"Ouais, on va se changer les idées ma belle..."
Je sortais à nouveau le sachet pour prendre une inspiration de poudre amère. J'savais plus trop si je voulais me bousiller les neurones ou déconnecter complet. Ivy avait vu juste avec sa question boomerang. En ce moment j'avais pas l'esprit clair, trop accaparé par l'état de ma pauvre maman en train de se retrouver avec un cerveau partant en lambeaux. Les doigts légèrement tremblant je rangeais l'objet du délit et chassais les idées noir corbeau au loin.
Sans qu'elle ait besoin de vraiment me tirer, sans hésitation je m’engageais à la suite de la jolie poupée dans des ruelles plus ou moin désertes et sombres. On papotait, se charriait à qui mieux mieux tout en créant progressivement une bulle fragile mais emplie de bonheur appartenant à nous seules. Et puis un panneau lumineux attira mon attention.
"Exposition temporaire, entrée libre, présentée par l'université de Savannah". Évidemment à cette heure-ci c'était fermé. Évidemment, aidée par ce sentiment d'invulnérabilité mâtiné de je m'en foutisme, j'avais qu'une envie: y entrer. Oh, pas pour admirer ce qui pouvait s'y trouver - je n'avais quasiment aucune sensibilité à l'art contemporain - mais juste pour provoquer le frisson d'adrénaline bienfaiteur. On se faufilerait comme deux petites souris, presque trop discrètes en espérant qu'il n'y ait pas d'alarme quelconque, à se balader parmi les chefs-d’œuvre incompréhensibles qui trônerait dans les pièces.
Je m'arrêtais dans une attitude de défi, mains sur les hanches, en train de fixer songeusement la petite fenêtre entrebâillée sur le côté du bâtiment. Un bref coup d’œil à Ivy me permit de constater son demi sourire complice.
"Ça pourrait être drôle nan?"
Et joignant le geste à la parole je m'engouffrais près de l'ouverture inespérée en cherchant la solution classique de la benne traînant dans le coin pour me hisser par le soupirail. Les jambes ballottant dans le vide j'attendis quelques secondes pour vérifier la présence d'un système anti-intrusif. Mais seul le silence me répondit. Souplement je me laissais tomber sur un vieux parquet qui grinça sous mon poids avant d'essayer d'habituer mes pupilles à la pénombre ambiante. Pas un bruit. Un sourire triomphal se dessina sur mes lèvres avant de se transformer en grimace de surprise lorsque la mannequin m'atterrit presque dessus dans un grognement étouffé.
"Merde Ivy!" riais-je sous cape "Préviens avant de te jeter sur moi!"
Un fou-rire joyeux me saisit tandis que j'essayais du mieux possible d'éviter de couiner trop fort.



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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyLun 6 Mar - 18:42

Parler est libérateur. Un peu. Elle a l’impression qu’un poids lui a été enlevé et que sa poitrine est plus légère. Pas aussi légère qu’une plume, mais quand même. Elle peut respirer, un peu plus. Il y a encore beaucoup de secrets, les bouteilles qu’elle vide à longueur de journée et les soirées à trainer dans les bars miteux de la ville, à se laisser embarquer par n’importe qui pour une nuit dont elle ne se souviendra même pas le lendemain, gardant juste dans la bouche ce goût dégueulasse du vomi et de la honte. Mais elle n’est pas encore prête à parler de ça, peut-être un jour, mais pas tout de suite. Puis y a les journées avec Mervi, la spirale néfaste dans laquelle il l’entraine sans aucun cas de conscience. Elle se considère comme une funambule Ivy, petite danseuse en équilibre sur son fil, vacillant, bousculée par le vent. Putain... Sérieusement Ivy.. Elle sent Soan qui se tend au fur et à mesure qu’elle lui raconte. Soan qui prend sur elle pour ne pas continuer dans cette direction et ça Ivy en est reconnaissante. Merci qu’elle voudrait souffler. Merci d’essayer de la sauver. Mine de rien, sans Soan, Ivy aurait plongé il y a bien longtemps. « Désolé Soan… » Désolé d’être aussi nulle, d’être aussi faible, de pas savoir affronter le reste du monde comme toi. Elle voudrait pourtant, t’es son modèle tu sais, mais elle a du mal, poupée fragile déjà trop brisée.
Ouais, on va se changer les idées ma belle... Ivy regarde son amie prendre une nouvelle inspiration de cocaïne et l’accompagne de son côté en avalant une longue gorgée d’alcool. La chaleur lui brûle la gorge et lui ramène un peu de joie dans son cœur, à chacune leur moyen de sortir de leur misère personnelle. Finalement les deux jeunes filles reprirent leur course dans les rues de Savannah, rigolant, se bousculant légèrement, main dans la main pour ne pas se perdre dans le néant alentour. Plus elles marchaient et plus Ivy s’apaisait, se concentrant sur la chaleur de son amie.
Finalement Soan interrompit leur déambulation lui montrant d’un signe de la tête la pancarte annonçant une exposition organisée par l’Université de Savannah. Ça pourrait être drôle nan? Peut être oui, sans doute même, surtout si c’est avec Soan. Puis l’idée de pénétrer par effraction pour observer quelque chose sans la foule, juste elles deux, ça avait quelque chose de palpitant. « Carrément » Ivy rigole avant de suivre son amie et grimper sur la benne. L’effort lui arrache une grimace mais elle se force à continuer, maudissant un instant son corps trop faible pour toutes les activités physiques banales. Un instant elle attend que Soan se faufile par l’ouverture pour se glisser à son tour. La pièce est totalement noire et Ivy doit tendre l’oreille pour s’assurer que Soan est bien en vie et ne s’est pas cassée la tronche en tombant dix mètres plus bas. Elle étouffe un rire en entendant son amie se réceptionner sans soucis puis, le cœur battant, se jette à son tour dans le vide. C’était sans compter que Soan était presque en dessous d’elle. Ivy étouffe un cri de surprise qui se transforme en rire cristallin qu’elle tente de taire le plus rapidement possible. Merde Ivy! - Préviens avant de te jeter sur moi! Elle se redresse, se rattrape à Soan, rigolant toujours le plus silencieusement possible. « Que veux-tu, tu es si irrésistible que j’ai pas pu m’empêcher… » qu’elle lui murmure avant de lui donner un ptit coup de coude dans les côtes.
Fouillant dans ses poches Ivy en sorti son téléphone et activa la lampe pour éclairer autour d’elles. « Je crois qu’on est pas encore au bon endroit ça a l’air plus une réserve ici non ? » Oui. Des étagères avec des produits d’entretien, des seaux, des draps. Pas vraiment l’exposition qu’elles sont venu visiter non ? A tâtons elle finit par trouver la porte de sorti et l’ouvre, poussant un soupir de soulagement en constatant qu’elle n’est pas fermée à clé. « Imagine on se serait retrouvées enfermés ici ! » Terrible. Ivy frissonne avant de recommencer à rigoler, l’esprit un peu aidé sans doute par toutes les gorgées d’alcool avalée. Elle se sentait déjà plus légère, plus joyeuse, prête à tout jusqu’au bout de la nuit.
Seules dans un couloir sombre, Ivy regarda un peu autour d’elle se demandant où aller. Instinctivement elle attrapa la main de Soan, comme si ça pouvait la rassurer, la protéger du vide, du noir, du néant permanent. « Tu crois que y a des fantômes ici ? Y a toujours des fantômes dans les histoires » et quoi de pire que les fantômes d’anciens étudiants pour les hanter ? Rire, encore et toujours, un peu mélangé avec de l’angoisse. Nouvelle gorgée pour se donner du courage, Ivy éclaire du mieux qu’elle peut le chemin avec son téléphone. « On ouvre toutes les portes ? » Oui Soan ? On fait quoi ? C’est mieux que ça soit toi qui prenne la tête, elle a jamais été très douée à ça Ivy, préférant se laisser porter, moins touchée par les conséquences des actions.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyLun 20 Mar - 22:48

Dans le noir
Ivy & Soan
ACID RAIN

La lumière crue du cellulaire de Ivy me transperça les yeux, jetant un nouveau jour au décor autour de nous. Pots de toutes tailles, escabeau, produits d'entretien... On se trouvait manifestement dans le placard de service. Pas de quoi transcender notre âme d'artiste. Précautionneusement, mon amie se mit à tâtonner à l'aveugle jusqu'à débusquer la porte. Devant son soulagement de la trouver ouverte je riais sous cape, transportée dans une montée de poudreuse. J'étais excitée, bouillonnante d'adrénaline.
Les yeux grands ouverts pour ne pas rater une miette, je m'engageais derrière elle dans le couloir étroit et me laissais faire lorsqu'elle enroula ses doigts autour des miens. J'me sentais invincible, prête à crocheter des serrures ou frapper n'importe quoi qui se mettrait en travers de notre chemin. Même un fantôme.
"C'est pas impossible, on dit souvent que les artistes disparus laissent une trace d'eux dans chacune des œuvres réalisées. Y en p't'être ici." murmurais-je d'un ton sérieux alors qu'un immense sourire me fendait le visage.
J'pouvais pas m'empêcher de l'embêter; Ivy était adorable dans son rôle de froussarde. Y avait quelque part où elle me donnait l'impression normale et apaisante d'avoir une frangine. Une de celle à qui on pouvait se confier, rire de rien, refaire le monde jusqu'à pas d'heure. Avec qui le silence était doux et les sourires précieux. Ne disait-on pas que l'on choisissait sa famille? Celle du sang n'était plus grand-chose pour moi: un père inconnu, une mère cinglée et un frère volatilisé dans le vaste monde, rien qui me rattachait à la terre ferme. C'étaient ceux qui partageaient aujourd'hui ma vie, qui en composaient ce patchwork si coloré et inégal, qui me procuraient des filins d'acier pour m'arrimer. Alors boostée par ce lien indicible je ne perdrais pas une miette de chaque moment.
De part et d'autre des murs se dessinaient l'ombre de portes closes. Mais pas verrouillées.
"Si madame veut bien me suivre..." chuchotais-je pompeusement en en poussant une. "Je serais votre guide personnel pour une visite privée. La galerie est à vous."
Nous pénétrâmes dans une vaste pièce, seulement éclairée par le flash de nos portables. Devant nous, en plein centre, trônait fièrement une étrange sculpture composée de pièces détachées, broyées, jusqu'à avoir été assemblées par une presse pour carcasse de voiture semblait-il. Je piquais un fou-rire incontrôlable avant de la désigner du doigt à mon acolyte.
"Voici donc une sculpture contemporaine de l'artiste... Kormac." fis-je en déchiffrant tant bien que mal la petite étiquette sur le socle présent "Il s'agit de la personnification du désarrois intérieur de l'auteur."
J'racontais n'importe quoi. En réalité je me foutais royalement de ce que pouvait bien vouloir signifier ce tas de merdes: j'y étais absolument insensible. Y avait rien dans ces formes cubiques qui m'interpellait, rien qui résonnait au creux de ma poitrine si ce n'était l'incroyable fou-rire que je contenais tant bien que mal.
"Merde, j'aimerais bien savoir ce qu'ils prennent pour pondre des trucs pareils..."
Autour de nous se succédaient des toiles de toutes tailles dont les taches et motifs restaient totalement obscurs. Certains n'étaient que formes incertaines, sombres ou multicolores. D'autres une multitude de lignes plus ou moins raides. J'pigeais rien mais ça m'amusait bien.
On repassait dans le couloir pour pénétrer dans une nouvelle pièce. Cette fois-ci l’œuvre exposée me parla bien plus. Une silhouette d'arbre faite de plâtre était faiblement éclairée par un halo de lumière bleue, le rendant luminescent. Son doux scintillement s'imprima dans mes rétines alors que je tendait la main pour toucher ses feuilles factices en m'attendant à en voir surgir une myriade de petites fées. Lorsqu'un claquement de porte retentit.
Je sursautais vivement avant d'entraîner Ivy par la main dans un réflexe de survie. Le coeur haletant, on s'accroupit derrière l'énorme pot contenant l'arbre magique en écoutant nerveusement le pas lourd retentir de plus en plus près. Je regardais la jeune femme avec de grands yeux en lui serrant convulsivement la paume, tandis que mon autre main se pressait sur mes lèvres. Lèvres qui malgré la catastrophe de la situation s'épanoussaient en un sourire radieux.



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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyMar 28 Mar - 12:54

C’est pas qu’elle est croyante Ivy, ou qu’elle persuadée de l’existence de fantôme. C’est juste que la drogue plus l’alcool, plus Soan c’est un mélange de tout qui lui file des frissons dans le ventre, mélange de peur et d’excitation. Elle a l’impression d’avoir de nouveau cinq ans, trainée par la brune comme ça dans un établissement au beau milieu de la nuit. C'est pas impossible, on dit souvent que les artistes disparus laissent une trace d'eux dans chacune des œuvres réalisées. Y en p't'être ici. Et voila Soan qui en rajoute une couche et Ivy qui laisse échapper un gémissement désespéré, avant de voir que son ami se moque d’elle gentiment.  « Soan ! arrête de me faire peur comme ça ! »    Chuchotements dans le noir et le sourire qui se calque sur celui de son amie. Elle était elle même ce soir, la vraie Ivy, pas la connasse fichée sur des talons trop hauts. Elle était elle même, la pauvre gamine d’après 21 ans, celle qui refuse de grandir et qui dors toujours avec des peluches quand la nuit se fait trop sombre. Ca lui fait du bien, de faire tomber les masques, de se sentir vrai. D’arrêter de mentir. Ca fait encore plus de bien quand la personne qui lui permet d’être comme ça c’est Soan.
Et déjà la brune qui reprend la course : Si madame veut bien me suivre... ton pompeux qui ne lui va pas du tout mais qui fait pouffer de rire Ivy. Je serais votre guide personnel pour une visite privée. La galerie est à vous. Et la porte qui s’ouvre, Soan qui s’efface pour la laisser entrer, ce qu’Ivy s’empresse de faire. « Vous êtes bien aimables, je penserais à vous laisser un bon pourboire à la fin »   et la voilà à son tour, en train d’imiter cette bourgeoisie coincée qu’elle s’amuse à traumatiser avec Mervi lors de leurs soirées.
Le portable toujours en avant pour éclairer le chemin les deux jeunes femmes se faufilent dans la pièce, le rire facile et le pas léger. Immédiatement leur attention est attirée par une immense sculpture qui occupe le centre de la pièce. Ivy se rapproche un peu, suivant Soan, observant l’œuvre un instant. Perplexe. Elle avait toujours été assez hermétique à l’art, et quand il était abstrait comme ça, c’était encore pire. Heureusement qu’elle avait un bon coup dans le nez et une amie à l’imagination plus que fertile. Voici donc une sculpture contemporaine de l'artiste... Kormac petit rire qui échappe à Ivy, elle hoche la tête, faisant semblant d’être passionnée par l’explication de son amie. Il s'agit de la personnification du désarrois intérieur de l'auteur. La c’est plus fort qu’elle et Ivy n’arrive pas à retenir son rire qui retenti dans la pièce. « Eh beh merde, moi si je devais représenté mon désarrois intérieur je ferais pas un bloc de fer sans forme. J’aurais fait une bouteille de vodka géante ou un truc comme ça »    et le pire c’est qu’elle y réfléchit vraiment, pendant quelques secondes, totalement sérieuse. Avant de recommencer à rigoler, plus bas cette fois ci. Merde, j'aimerais bien savoir ce qu'ils prennent pour pondre des trucs pareils...  « Je sais pas Soan… Après tu risque de devenir tarée et tu voudras concasser des voitures dès que tu seras contrariée »    Ivy hausse les épaules en souriant, se moquant doucement de la brune.
Elles s’amusèrent à tourner encore un peu dans la salle avant de retourner dans le couloir, à la recherche d’une nouvelle caverne à découvrir. Et elle se sent bien Ivy. Pour la première fois depuis longtemps Meo est absent de ses pensées et la tristesse écartée. Elle s’amuse vraiment comme une folle et dans sa tête elle note pour elle-même qu’il faudra qu’elle trouve quelque chose pour remercier Soan.
Et déjà leurs pas qui les amènes dans une nouvelle pièce, plus poétique cette fois ci et Ivy qui sent son sourire se transformer en une expression admirative. Le truc c’est que soudain un bruit de pas résonne et Ivy se fait tirer au sol par Soan, la forçant à se cacher derrière le pot. Merde que ses lèvres miment muettement pendant qu’elle regarde son amie, légèrement paniquée. Parce que si elles se font choper et envoyer au commissariat, vu leur taux d’alcool dans le sang et de drogue dans le corps…Elles iront pas bien loin. Mais Soan ne semble pas s’en formaliser et Ivy voit son visage s’illuminer d’un sourire à peine contenu. La jeune fille s’enfonce dans le sol, ferme les yeux et arrête presque de respirer pendant que les pas se rapprochent. Encore, encore. Elles vont définitivement se faire choper et tous les bobards qu’elles pourront trouver ne suffiront pas.
Et elle attend Ivy. Elle attend l’impact.
Mais ça vient pas.
A la place la porte claque de nouveau et le verrou qui se fait entendre. « Il nous a enfermé. »    Ivy qui chuchote à Soan, légèrement paniquée.  « Non ? Tu crois qu’il nous a enfermé ? »   Mais elle n’ose pas se lever, pas encore, de peur de faire du bruit et de rameuter le gardien. « Merde Soan on va faire quoi si on est enfermées ? »    la main sur l’épaule de son amie, Ivy n’attend plus et se redresse, se précipitant sur la porte pour essayer de l’ouvrir. Bloquée. « non non non » et la frustration devant la poignée qui refuse de tourner. « Soaaaan ! Dis moi s’il te plait que dans ta trousse de super nana tu sais comment crocheter une serrure »   parce qu’elle refuse de passer la soirée ici, dans le noir, avec Soan et un arbre pour seule compagnie. Remarque c’est toujours mieux que chez elle, mais quand même. « Et si j’ai envie d’aller aux toilettes je fais comment ! »   qu’elle chuchote, soudain complètement atterrée, persuadée qu’elles vont rester enfermées pour l’éternité.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyDim 9 Avr - 20:22

Dans le noir
Ivy & Soan
WHITE TIGGER

Plus les secondes s'étiraient, plus mon cardiaque s"affolait. Et plus la tension nerveuse menaçait de s'exprimer par un fou-rire malvenu. Le gardien des lieux nous épargna pourtant de sa présence: pas étonnant que les portes nous aient été grandes ouvertes puisque la tournée des serrures n'avait jusqu'alors pas été faite. Verrou qui claqua dans un fracas définitif de la fusillade de notre liberté. L'information pénétra doucement mon cerveau. Ivy matérialisa mes craintes sous la forme d'un chuchotement angoissé (qui n'allait peut-être pas tarder à devenir franchement hystérique lorsque la paranoïa de la poudre allait faire effet).
"Nan j'sais pas crocheter de serrure, juste connecter les fils d'une bagnole." ricanais-je devant ce stress affiché.
Avec précaution je me redressais. Dans la pièce rien n'avait bougé en dehors de notre sentiment d'enfermement brusquement apparu. L'arbre, encore une fois, m'attira l'oeil plus que de raison, empêchant toutes mes pensées de se concentrer sur un moyen pour sortir d'ici. C'était si joli à regarder ces feuilles bleutées, comme vivantes sous l'effet de la rétro-luminescence... Mais les piaillements de Ivy me rappelèrent sur terre.
"Relaxe bébé. On va commencer par vérifier qu'il y ait pas de fenêtre. Parce que si j'avais été l'auteure de ce bonzaï magique j'aurais voulu les occulter en pleine journée."
Alors que quelques minutes auparavant je me montrais incapable de piger quoique ce soit au sens des oeuvres alambiquées, la manière de voir celle trônant devant nous m'apparaissait clairement. Je me mis donc à longer les murs, me battant avec mon téléphone pour activer le flash.
"Tu vois!" lui lançais-je triomphalement en désignant les grandes plages de carton recouvrant les vitres. "Il suffit d'en casser une et de sortir. On est toujours au rez-de-chaussée et ça donne sur la rue. On aura juste à courir vite."
Plus facile à dire qu'à faire évidemment. Mais cette sensation d'invincibilité me transcendait, comme si j'allais me mettre à voler pour filer dans les airs d'un seul coup. Les cartons, recouverts de scotch, furent une vraie plaie à retirer. Heureusement nos clefs de domicile nous facilitèrent le travail. Restait maintenant le carreau à exploser et je rechignais à l'idée de me servir d'une des œuvres (même hideuse) exposées.
Le coup de coude que je balançais ne fit que lamentablement rebondir dessus, nous tétanisant alors que l'on tendait l'oreille pour guetter l'éventuelle arrivée du vigil. Mais seul le silence nous répondit tranquillement. La blanche m'empêchait totalement de rester immobile plus de trente secondes. Fallait que mon corps se mût d'une quelconque manière. Mes doigts partir à l'assaut des poches de mon blouson, comme si elles renfermaient un moyen de nous sortir d'ici d''un claquement de doigts. A la place de quoi je butais contre le petit sachet de plastique négligemment rangé là. Je haussais les épaules avant de m'en jeter une petite: j'étais plus à ça près, et autant avoir tout fini avant que les flics nous choppent.
Enfin, à force de fouiller les lieux de ma petite lanterne aveuglante, j'avisais le lourd pied d'un panneau. Super. Ça vaudrait bien autre chose.
"Couvre-toi les yeux Ivy, mais t'éloigne pas trop."
J'en fis autant en rabattant ma capuche et en étirant mes manches jusqu'à ce qu'elles recovurent mes phalanges exposées. Je dus m'y reprendre à deux fois avant d'obtenir une ouverture suffisante. Prestement, je déblayais les larges morceaux acérés, inconsciente de celui me perçant la paume. Je dépêchais Ivy de passer pour fuir.
Y avait déjà ces putains de bruits de pas qui me parvenaient à l'oreille. Il marchait comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Qui pouvait bien avoir l'idée d'engager ce genre de phénomène pour un boulot exigeant force et discrétion? C'était idiot.
Cet enchaînement insolite d'idées ne prit qu'une poignée de secondes avant que je ne me faufile à la suite de ma comparse. Je ne me retournais qu'une seule fois dans la nuit, juste le temps d'apercevoir un rayon de lampe torche fouiller l'obscurité, une ombre gigantesque au bout à l'agiter. Petite vision d'horreur qui se transforma vite en allégresse, éclats de rire filant dans l'air froid avant de s'éparpiller dans les flaques d'eau.

Au terme d'une longue course nous finîmes par nous réfugier dans un parc, hors d'haleine. Mon coeur battait dans un joyeux galop, souhaitant ardemment hurler au monde cette joie possessive.
Sans parvenir à prononcer un mot je fixais Ivy. Et sa bouche étirée en sourire. Et sa silhouette fragile qui respirait à plein poumons un air vicié de nuit, humant si bon la liberté. Notre liberté.
Bordel. Que je l'aime.



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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyMar 18 Avr - 1:23

Elle commence à paniquer Ivy. Et dans sa tête fleurissent des millions d’idées que l’alcool ne fait qu’accélérer. Et si, et si, et si. Et Si elle restait seule pour toujours enfermé ici ? Incapable d’en sortir ? Et si, et si, et si. Et si Soan n’était qu’un rêve, une illusion de son cerveau comme pour la protéger de la solitude malsaine qui s’étale chez elle. Elle fabule, compte les possibilités, et y a son cerveau qui fait le reste, qui pédale dans le vide, trop rapidement, et Ivy qui se perd rien qu’un instant. Elle cherche ses médicaments dans ses poches mais rien, trop sûr d’elle, elle avait tout oublié sur sa table de nuit. Innocente, insolente, stupide gamine. Nan j'sais pas crocheter de serrure, juste connecter les fils d'une bagnole Et puis y a Soan. Plus efficace que n’importe quel cachet. Y a Soan bien présente malgré les rêveries solitaires d’Ivy. Y a Soan et son rire qui raccroche Ivy à la réalité, le détachement dont elle fait preuve qui commence à la rassurer lentement. « Dommage. Je pensais que t’étais une vraie dure » qu’elle murmure la voix encore tremblante, mais la provocation comme une preuve que le stress s’efface. Relaxe bébé. On va commencer par vérifier qu'il y ait pas de fenêtre. Parce que si j'avais été l'auteure de ce bonzaï magique j'aurais voulu les occulter en pleine journée. Elle fait tout paraitre si facile Soan. La vie, les gens, la panique. Parfois Ivy se sent jalouse, elle voudrait savoir comment elle fait, persuadée que c’est bien plus rose dans le cerveau d’à côté. Elle voudrait que Soan lui apprenne, que Soan lui montre comment faire pour réussir à devenir solide. Et quand Soan lui dit se calmer. Elle se calme, se concentre sur les battements de son cœur affolé pour les calmer lentement, petit à petit. « Désolé je crois que j’ai un peu paniqué » qu’elle murmure un peu gênée, bien consciente que son comportement était bien éloigné de l’image qu’elle renvoyait d’habitude. Elle venait de dévoiler son vrai visage pendant quelques instants seulement, gamine paumée dans un univers de grands.
Alors elle tourne un peu autour d’elle Ivy, les yeux perdus dans le noir et les formes qui se dessinent. Elle observe un instant les œuvres, essaye de comprendre un peu, sans vraiment parvenir, hermétique à l’art primitif représenté ici. Tu vois! Puis soudain c’est l’exclamation de Soan qui la fait sursauter. Elle se retourne pour rejoindre son amie qui dirige la lumière de son téléphone vers ce qui semble être des fenêtres protégées par du carton. Il suffit d'en casser une et de sortir. On est toujours au rez-de-chaussée et ça donne sur la rue. On aura juste à courir vite. Ivy hausse les sourcils, essayant de visualiser le plan avant de rigoler doucement, à la fois soulagée que Soan ai trouvé une solution à l’enfermement, mais aussi légèrement inquiète par les répercussions que ce geste pourrait avoir. Si elles se faisaient chopper…. Ca jaserait de partout, dans les journées, et elle se ferait encore engueuler. « Eh beh madame Barlow. On rajoute casseuse de vitre à la longue liste des délits réalisés cette nuit ? » Rire pas vraiment rassuré, elle secoue la tête, faisant semblant d’être légèrement en colère, imitation un peu ratée de sa mère quand elle lui faisait la leçon. Puis sans attendre elle se mit à aider son amie à dégager les vitres de ces grands cartons, clés en mains pour couper le scotch. Le truc c’est qu’il fallait encore briser ces foutues vitre et que les jeunes femmes n’avait pas grand-chose de solide à balancer dedans. Ivy regarda Soan frapper du coude, timidement, puis un peu plus fort mais sans réel résultat. Juste la peur d’ameuter le gardien et de se retrouver piégées de nouveaux. Puis Soan qui sort son paquet, légère pincée de poudre blanche dans le nez et Ivy qui l’imite en vidant sa flasque, laissant les dernières gouttes d’alcool rejoindre son organisme.
Couvre-toi les yeux Ivy, mais t'éloigne pas trop. « Pourqu… Non. Tu vas lancer ça ? » Et la voix d’Ivy qui monte encore une fois des aigues quand elle avise le plan de son ami. Puis sans se faire attendre elle tourne le dos et ferme les yeux, crispée en attendant le son de l’impact pour détaller. Bruit qui se fait entendre. Un coup. Deux coups. Et le verre qui tombe en une pluie d’éclats au sol. Ivy se retourne pour regarder Soan libérer le passage, grimace légèrement en voyant le sang qui s’étale sur la main de la jeune femme. Mais pas le temps de s’apitoyer. Déjà Ivy travers la vitre brisée, et c’est le vent frais de la nuit qui l’accueille une fois sortie. Rapidement Soan la rejoint et ce fut le début d’une course sans fin à travers les rues de Savannah. Elle court Ivy, elle court malgré ses chaussures un peu trop hautes et son corps qui supporte plus vraiment. Elle court, encore, même si ses poumons sont en feux parce qu’elle se sent bien. Elle court jusqu’à ce foutu banc sur lequel s’effondre Soan et elle, incapable de s’asseoir, qui récupère tant bien que mal son souffle évaporé. Une minute. Puis une autre. Et la tête qui lui tourne, entre alcool, adrénaline, fatigue, et la liberté. Un shot, deux shots. Putain, elle en deviendrait presque accro. « C’était…. » et sa voix qui s’évanouit. C’était quoi ouais. Grisant ? Flippant ? Merveilleux ? Un mélange des trois et bien plus encore. Elle finit par se laisser tomber à côté de son amie en soupirant doucement, le souffle plus fluide déjà. « Merci » et sa main qui vient se glisser dans celle de Soan. Main qui rencontre un fluide légèrement visqueux et qui la fait sursauter. « Putain Soan ta main ! » et la coupure évidente qui cisaille la paume. « Faut soigner ça tout de suite ! Merde. Merde. » Ivy panique de nouveau, un peu, elle se redresse et cherche dans ses poches pour en tirer un petit mouchoir rose qu’elle noue autour de la main blessée. « Viens on rentre ma belle, faut pas laisser ça comme ça d’accord ? » Parce que Soan c’est le roc, c’est l’indomptable, ça rime à quoi qu’elle se mette soudain à pisser le sang comme ça hein ? Et doucement Ivy attrape son amie par sa main intacte et la tire doucement derrière elle vers le chemin de la maison.
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MessageSujet: Re: Dans le noir _(Ivy)   Dans le noir _(Ivy) EmptyLun 8 Mai - 20:25

Dans le noir

Fumeuse invétérée je peinais à reprendre mon souffle. Les sprints c'était pas mon truc je préférais de loin l'endurance. A mes côtés Ivy semblait étonnamment récupérer bien plus vite que moi malgré sa silhouette aérienne. Pendant quelques secondes j'eus peur qu'elle s'effondre là, sur l'herbe humide et sous les arbres bourgeonnant à peine. Mais ce fut une main fraîche qui accapara la mienne, m'arrachant une grimace alors que la plaie s'éveillait doucement.
"Merde!" grognais-je en observant mon amie contempler l'étendue des dégâts. "J'suis pas encore au point pour les cambriolages."
Sur son visage s'épanouissait une nouvelle fois l'incertitude et un semblant de panique devant le pourpre nous tachant toutes les deux. Ca avait quelque chose de romantique, comme un serment pour devenir soeurs de sang. Ivy avait pas l'air du même avis.
"Si tu veux bien jouer l'infirmière j'suis d'accord. Et si tu souris. T'es belle quand tu souris."
Je lui montrais l'exemple toutes dents dehors pendant qu'elle pansait ma paume au moyen d'un adorable mouchoir rose. Mignonne jusqu'au bout des ongles. On se mit à marcher comme deux noctambules, nous esclaffant sur l'incroyable culot dont on avait fait preuve et toutes les anecdotes croustillantes de notre aventure. J'sentais à présent à peine la douleur engourdie par le froid et grâce à l'effet magique de la poudre blanche qui endormait mes nerfs. J'aurais même pu remettre ça là tout de suite, galvanisée par l'adrénaline qui avait du mal à me lâcher. Ivy avait meilleure mine qu'en débarquant chez moi, avec ses joues rosies par la course. Même ses coups d’œil angoissés à mon égard ne parvenaient pas à m'ôter le ravissement qui m'habitait en observant un sourire fréquent se dessiner sur ses lèvres. J'préférais mille fois ça à son air perdu d'auparavant qui laissait sous-entendre qu'elle pouvait se tirer une balle dans la bouche. Boum. Une détonation et plus de problème.
Autour de nous le temps se cabrait en perdant le fil. Y avait plus d'heure, juste la nuit. Y avait plus les autres, mais juste nous. Perdues au pays des merveilles que j'entretenais avec une nouvelle trace. Délices d'une droguée en vadrouille. On parvint rapidement au pied de mon immeuble (ou p't'être qu'on avait marché des heures, je savais plus. J'm'en foutais.). Un tour de clef pour revenir à notre point de départ, dans mon petit appartement qui nous accueillait avec une température plus clémente qu'à l'extérieur.
"J'ai une trousse de soins dans la salle de bain. Prépare la table d'opération j'vais la chercher."
Je voguais au travers des pièces, peu concentrée sur mon objectif. Mon corps me semblait aussi léger qu'une plume et se trouvait, à l'inverse, rattaché à mes pieds lourds et maladroits comme des enclumes. Encadrements de portes, coins de meubles, je rebondissais de l'un à l'autre sans me soucier des bleus qui ne manqueraient pas d'apparaître sur ma peau. J'étais perchée. Enfin, je revenais tant bien que mal jusqu'au salon en brandissant triomphalement la mallette arborant une énorme croix blanche. Je l'ouvrais devant mon amie en farfouillant d'une seule main à l'intérieur avant de lâcher l'affaire et de m'affaler à côté d'elle. A la place j'ôtais sans délicatesse le tissu qui me bandait la paume ayant viré à l'écarlate. Je serrais des dents silencieusement en le décollant comme une sauvage de l'entaille.Merde! Ça faisait un mal de chien! Maladroitement je tâtonnais à la recherche de mon illégal sachet et esquivais le regard de ma compagne. J'avais pas envie d'y lire la réprobation ou le dégoût: ç'aurait été trop blessant. Et de toute façon le karma avait l'air d'être contre moi puisque mes poches étaient désespérément vides. J'avais du le faire tomber dehors en m'envoyant la petite dernière... Voilà comment on s'asseyait sur 240 billets.
Finalement je me rencognais dans l'assise moelleuse pour regarder avec curiosité Ivy s'affairer. Je ne criais pas lorsque le désinfectant me brûla au trente-sixième degré. Ni quand elle m'appliqua avec douceur compresses et bandages. Restait plus qu'à prier pour que ça laisse pas de cicatrice.

Il faisait noir. Intensément noir. Mais la peur n'était pas de la partie cette fois-ci, chassée par la présence réconfortante d'Ivy lovée contre moi. Elle avait rapidement sombré dans le sommeil alors que le mien s'échinait à fuir devant les résidus de drogues dans mon organisme. Je somnolais tranquillement, me laissant faire par une chaleureuse torpeur. Je savais que j'aurais droit à quelques heures de repos sans terreur nocturne grâce au corps tiède à mes côtés. J'avais plus peur dans le noir. Merci Ivy.


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