Sujet: migratory animals •• baby Sam 24 Sep - 20:10
We've been migratory animals- living under changing weather - ♬
SKIERA Vulcain
OBORINE Babylone
Le tourne-disque grésillait dans le vide. Vulcain mit un moment avant de réaliser qu'Edith Piaf s'était tue. Mais presque immédiatement, il comprit. « Zeus ! » Le chat se cacha sous le canapé en miaulant alors que son propriétaire, ou plutôt son colocataire humain, se levait de son lit avec de grands gestes. « T'as encore sauté sur le tourne-disque, espèce de tigre machiavélique. » Zeus feula. Vulcain retira sa main avant de se retrouver avec un avant-bras redécoré façon film d'horreur. Il éteignit le tourne-disque et rangea son vinyle après l'avoir examiné sous toutes les coutures – des fois que ce fils de Satan l'ait abimé en passant – puis ouvrit le réfrigérateur. « C'est pas pour toi. T'as déjà mangé. » Vulcain poussa Zeus avec sa pantoufle et le chat retourna se cacher sous le canapé. Il sortit un berlingot de thé froid du frigo et s'assit sur le canapé, pensif. Musique ou pas, il ne pouvait pas dormir. C'était pareil chaque nuit depuis l'ouragan. Vulcain avait eu de la chance que sa petite roulotte ait été épargnée, mais il avait dû attendre plusieurs jours avant de retrouver l'électricité – et Edith Piaf. Ce n'était rien en comparaison des autres et ils passaient leurs jours à recomposer le campement, reconstruire les habitations qui pouvaient l'être et remplacer le reste par des tentes. Vulcain partageait sa minuscule roulotte avec son ami Ludwik, qui s'échouait habituellement sur le canapé car sa roulotte avait été réduite en pièces détachées. Mais il n'était pas encore rentré et Vulcain n'arrivait pas à dormir. Il s'agita sur son canapé et lorsque son berlingot fut vide, il prit une lampe de poche et sortit. Il comptait vérifier que Wik était avec les animaux ou quelque chose comme ça. Il ne savait pas. Il ne voulait juste pas attendre sans rien faire comme une ménagère attend son mari ou un père son fils qui fait le mur, parce que c'était pas du tout son genre. Pas du tout du tout. Il marcha silencieusement entre les roulottes et les tentes et atteignit l'extrémité du camp. C'était encore plus calme par ici. La lune éclairait le campement d'une lumière glauque. Vulcain eut l'impression d'être le seul être vivant à la ronde.
Il faillit mourir de peur quand des bruits de pas surgirent derrière lui.
« Hé ! »
C'était juste une ombre mais ce n'était pas Wik – plus imposant – et au vu des circonstances du campement c'était dangereux de se promener comme ça dans le noir complet. Vulcain braqua sa lampe torche sur la personne qui tentait de passer derrière lui. Il n'avait jamais tenu une arme mais la lampe-torche, il la dégainait plus vite que son ombre et visait bien dans les yeux. C'était Lucky Luke version gardien de sécurité.
Elle ne sait plus trop comment ça à commencé, qui a frappé en premier. C’est aller vite, trop vite. C’est toujours la même chose de toute façon. Elle aurait aimé dire que les cons, c'était les autres. Mais au fond, elle ne vaut pas beaucoup mieux que ces mecs qui t’agressent alors que tu n’as rien demandé. Elle aussi elle démarre au quart de tour. Un mot de trop, quelque chose qui ne passe pas. Et c’est les poing qui se serrent, prêt à exploser la mâchoire de celui qui a eut la langue si bien pendu. C’est si facile, de chercher les ennuies, parfois, faut juste un regard. Elle avait marché dans ce vent trop fort Babel, à la recherche d’une bourrasque qui aurait su la faire vaciller. Elle aime ça Babylone, cette impression de pouvoir tomber, cette impression de rien contrôler. De sentir l’immensité du ciel s’abattre sur son corps trempé. Alors elle était sorti, pendant la tempête, comme un défi de plus, une chance de défier la mort comme jamais encore. La pluie, le vent, le coeur qui tambourine. Ce soir, elle avait seulement voulu retrouver un peu de cette sensation. Ce moment, ou pouvoir frôler la mort.
Seulement le vent était moins fort déjà, l’ouragan passé ne l’avait pas prit dans ses bras. Dommage pour toi Babylone, dommage n’est ce pas… Alors elle avait traîné sa carcasse , comme souvent. Sans savoir ou aller, porter par les rafales encore présentes. Mains dans les poches troués, yeux rivés sur une destination aussi proche que l’horizon. Hé beauté. Jolie manteau. Tu veux pas l’ouvrir un peu ? Allez répond quoi. Pute.
T'inquiète pas mec, on va s’amuser. Promis. J’espère que tu tiens pas trop a tes parties.
Ca fait mal, quand même, de jamais vouloir fermer sa gueule. De pas se laisser faire. Ca fait mal. Autant à son coeur qu'à sa pommette gauche. Elle a une sale tronche Babel, et elle entend déjà les remarques fuser. Putain. Tu te crois belle comme ça Babel ? Tu crois quoi, que les gens vont venir te voir avec un visage pareil ? T’en a pas marre de t’attirer des ennuies Babel ? De nous attirer des ennuies. Elle les entend déjà. Elle a prit l’habitude. Mais elle regrette pas. Elle regrette plus. Parce que c’est pour Babouchka qu’elle faisait des efforts. Maintenant, il y a plus personne pour qui lutter. Alors criez lui dessus, écorchez lui le coeur un peu plus, elle s’en fou Babylone. Elle s’en fou d’avoir mal, il y a qu’a voir, regardez, ça pisse le sang, elle lache meme pas une larme.
Si tu t’en fou Babel, pourquoi tu fais si attention en rentrant ? Pourquoi tu marche sur des oeufs, pourquoi tu retiens ton souffle. Tu te fais si furtive Babel, pour quelqu’un qui s’en moque. J’veux pas d’ennuies, c’est tout. Oui c’est tout Babel, c’est rien que ça. C’est vrai que rien te blesse, t’es pas de ces gens la.
Elle a tout fait pour pas qu’on la remarque Babel, du moins pas ce soir, ils auront tout le temps demain pour lui demander ce qui s’est passé. Ce qu’elle a encore fait. Mais la, elle est fatiguée, elle veut juste qu’on la laisse tranquille. Retrouver sa pote la solitude. Et vu l’heure, ça aurait du passé. Mais il y a ce bruit qui la fait se figer. Cette ombre qui menace de la découvrir. Pas maintenant. Pas dans cette état. Alors c’est la tentative d’esquive. Le tout pour le tout, rejoindre la roulotte avant d'être démasqué. Sauf qu’elle est pas assez rapide Babel, et c’est la lumière qui s’attaque à ses pupilles de plein fouet. Ouch. Elle fait ce qu’elle peut pour se protéger avec son bras. Récupérer la vu, empêcher la personne en face d’en voir trop, aussi. Trop de dégâts. Mais elle sait que c’est surement dégâts trop tard. Et c’est la rage qui vient pointer le bout de son nez. Dernières remparts. Ultime limite.
“ Putain mais baisse ta lampe tu me crames les yeux! “
Viens pas la faire chier avec ta lampe torche, vraiment, elle est pas d’humeur. Et c’est la vu qui se veut moins flou, qui s’habitue. C’est une voix que l’on commence à reconnaître. Et elle serait pas vraiment dire si elle est rassuré ou si ça la fait chier que se soit lui. Mais elle baisse les bras, comme on baisse les armes. T’as deja vu pire pas vrai ? Vulcain…
“ Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? “
C’est pas plutôt à lui de poser les question Babel ?
Elle détourne les yeux, la gamine, parce qu’elle est prise en flagrant délit. T’as quelque chose à dire Vulcain ? T’as qu'à l'engueuler comme tous les autres pour une fois. Va y. Elle est plus à ça près. T’as qu’a lui dire qu’elle est stupide, qu’elle a pas a faire ça. Vulcain, engueule la. Vulcain console la. S’il te plait. Colle des pansements sur ses joues abîmés.
“ Ils étaient deux. Le premier, j’pense qu’il peut faire une croix sur sa progéniture. “
Le deuxième, elle trouvera bien un moyen de le retrouver.
Elle parait pas fière Babylone, juste déconnecté, juste abîmées. Juste usé. Juste paumée. Et quand elle se tient devant toi Vulcain, c’est juste une gamine qui sait pas comment se comporter.
Commentaire
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Sujet: Re: migratory animals •• baby Sam 1 Oct - 17:53
Un cri, dans le silence de la nuit. Ça rassure presque Vulcain qu'on brise le mutisme du campement, trop calme depuis la tempête. Presque en deuil. Il finissait par peser sur tout le monde, ce silence, plus que la catastrophe. C'était juste un dégât collatéral. Alors Vulcain sourit, grimace presque, désolé. Il baisse la lampe, juste assez pour ne pas brûler la rétine de Babylone. Il la reconnaît maintenant, avec sa silhouette élancée, son agressivité et ses bleus. Surtout ses bleus.
« Désolé. »
Le faisceau reste sur elle alors qu'il examine machinalement les dégâts. C'était quoi, cette fois ? Au moins elle était en état de marcher. Il s'attendait toujours à ce qu'on lui dise un jour que Babylone était pas rentrée, parce que Babylone avait mené un combat qu'elle n'avait pas pu gagner. Elle se battait contre tout et n'importe quoi Baby, et aussi pour tout et n'importe quoi. Mais Vulcain s'en fichait, c'était ses combats. Elle pouvait bien péter les rotules de toute la région tant qu'elle rentrait en un seul morceau. Qu'est-ce qu'il y a ? Elle pourrait être agressive mais elle a plutôt l'air d'une gamine prise en faute. Et c'est peut-être ce qu'elle est, mais Vulcain est mal placé pour la juger. C'est pas sa mère, c'est pas son père, c'est même pas son frère. Sait pas trop ce qu'il est.
« Rien. »
Il la regarde de haut en bas comme un père regarderait sa fille qui vient de gagner le 100 mètres, mais la vie c'est pas tellement une course et surtout elle est pas aussi facile. Vulcain éteint sa lampe-torche, peut-être pour que Babylone ne voit pas qu'il a pas l'air aussi sévère qu'il devrait. Heureusement que c'est pas son père en fait, il serait carrément irresponsable.
« Le pauvre. »
Il n'y a aucun apitoiement dans sa voix, juste son sourire peut-être, qui transparaît comme il est incapable de le retenir quand il parle. Pauvre type, ouais. On a pas idée de s'attaquer à Babylone. Vulcain hausse les épaules.
« Le deuxième, tu comptes le retrouver ? T'as une sale tête », ajoute-t-il moins amusé tout d'un coup.
S'il y a un deuxième type qui s'en est mieux sorti que le premier, c'est peut-être parce que c'est lui qui l'a frappée, et Vulcain connaît Babylone. Il doute qu'elle laissera couler. Faudrait peut-être, pourtant. Mais Babylone est incapable de savoir quand se termine un combat. Il faut qu'elle aille jusqu'au bout. Qu'elle les fasse taire ou le contraire. Il y a toujours plus grande-gueule que soi, alors c'est pas facile de chercher ses limites quand on ne vous les impose pas.