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 Un samedi ordinaire ft Eleanor

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MessageSujet: Un samedi ordinaire ft Eleanor   Un samedi ordinaire ft Eleanor EmptyLun 15 Oct - 8:21


Un samedi ordinaire

6 heures du matin, il avait bravé la nuit chez une vague connaissance. Lukas titubait sur ses talons aiguilles lorsqu'il rentrait aux petites heures du matin. La rue commençait à peine à s'animer pendant que lui commençait à ressentir la fatigue. L'alcool faisait sa descente, il continuerait bien encore un peu, mais il fatiguait. Il se tordit la cheville, jura, mais se redressa, il n'était plus qu'à quelques blocs de chez lui. On lui jettait parfois des regards de travers, la police pourrait bien l'arrêter pour ivresse sur la voie public, mais en même temps, il avait besoin de rentrer chez lui pour dormir et cuver. De toute façon la police trouverait toujours une raison pour arrêter qui que ce soit aujourd'hui. Il était sûr que même sa tenue serait déjà un motif. Quand enfin il retrouva son immeuble il chercha désespérément ses clés. Sa mère devait encore dormir et il ne voulait pas faire face à son père. Il devait avoir l'air louche à rester devant cette porte, adossé au mur pour gagner en stabilité. Après une fouille désorganisé, il termina par trouver son trousseau ainsi que sa libération, mais l’ascenseur était encore en panne ou devrait-il dire toujours en panne. Lukas se motiva difficilement à monter les huit étages qui le séparaient de son lit avant de s'effondrer dedans, tout habillé.

Le soleil était déjà bien haut dans le ciel lorsque sa mère venait le réveiller, mais les volets fermés il n'en percevait rien. La bouche pâteuse, un calvaire sous la voûte, le regard brumeux il distinguait mal le visage de sa mère qui, assise au bord du lit, lui caressait les cheveux. Elle lui tendit un verre d'eau trouble qu'il avala sans rechigner : la traditionnelle aspirine du lendemain de soirée. Lukas posa sa tête sur les genoux de sa mère, émergeant doucement.

« - Ton petit déjeuné est prêt. Ton père est partie pour la journée, la pêche avec ses amis. Je vais devoir y aller aussi, mon pretty boy. Remets-toi doucement, pense juste à faire la machine. »

Elle termina sa cigarette, se leva tout en aidant son fils à en faire de même. Elle le guida à la salle de bain pour qu'il prenne sa douche car il sentait l'alcool à des kilomètres. Pendant qu'il se glissait sous le jet d'eau chaude, elle retouchait son maquillage tout en lui parlant, lui demandant si il aurait du temps à lui consacrer, qu'elle avait envie de profiter d'une après-midi avec son adorable garçon puis elle partit, claquant la porte d'entrée. Lukas était seul avec sa gueule de bois. Seul face à son café noir et ses tartines de miel. Dans un coin de l'entrée, il pouvait voir le sac pour la laverie de prêt, il n'aurait plus qu'à descendre en bas de la rue pour le fourrer dans un tambour qui fera son travail. Il soupira, mais de toute façon il n'avait pas grand chose à faire en attendant les prochaines lueurs de la nuit.

Son café fini, il alla s'habiller d'un simple joggings gris mouché et d'une robe de chambre noir à fleurs colorées. Il avait attaché ses cheveux en un vulgaire chignon branlant sur le haut de son crâne ; lui qui aimait être coquet ne ressemblait pas à grand chose en cette après-midi, mais il n'en avait pas grand chose à faire, il commençait seulement à émerger de sa soirée. En tongue il se dirigea comme un automate à la laverie. C'était sa corvée et il l'acceptait. Ses parents continuaient de l'héberger sans lui demander de participer aux frais de la maison, il n'allait pas s'en plaindre.

Il avait mit ses écouteurs, profitant d'un peu de musique classique. Il n'était pas encore assez lucide pour identifier ce qu'il entendait, mais l'important était qu'il se sente bien. Le linge tournait dans le tambour, comme le bordel dans Savannah ces derniers temps. Il détestait ce couvre-feu qui lui retirer ses heures adultes, cette milice qu'il craignait de croiser à chaque instant. Il se savait être une proie facile pour eux : après tout il n'avait plus besoin de réel motif pour faire régner la « loi ». Sur ces pensées il poussa un long soupir et s'arracha à la contemplation du mécanisme pour sortir et s'appuyer contre la vitre, cigarette entre les lèvres. Lui qui avait pensé en terminer avec l'enfer qu'il avait connu au collège et au lycée, celui-ci revenait le hanter au présent.

       
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