pas de stress, y'a Luna
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Déjà deux jours que le père n'a pas téléphoné . Ça ne lui arrive que quand il a énormément de boulot. Tu pensais juste qu'il avait omis de te le dire. Tu aurais préféré qu'il te cache un boulot monstre plutôt que de te cacher qu'il planifiait son suicide.

Il était 17h quand la police a appelé. Par chance, tu n'étais pas à l'appartement. Tu avais besoin de calme et surtout de solitude. La coloc n'est vraiment pas le meilleur endroit. Pas de voiture pour rejoindre la ville de ton père, tu voulais absolument aller le rejoindre pour lui faire un câlin, t'assurer que la police s'est trompée dans l'identification du corps.

Après avoir raccrochée, les larmes sont montées, mais tu les as retenus. Tu es allée au Starbucks dans lequel vous alliez toujours ensemble. Commander un latté en essuyant les quelques larmes qui perlaient sur des joues. Tu t'obligeais à croire qu'il était encore là. Te répétant que ce n'était qu'un canular.

Hors de question de rentrée, il fallait que tu remontes dans le temps. Que tu puisses observer les étoiles, pour vérifier si comme dans les histoires de papa une étoile s'ajoutait dans le ciel. En chemin, tu t'empêchais de penser à ça. Tu chuchotais comme une vieille folle une des pièces de théâtres que tu connaissais par cœur, une où ton personnage est assez gai pour te remonter le moral à travers elle.

Tu avais pas mal de marche à faire jusque là-bas, mais tu ne pouvais pas aller ailleurs. Tu ne voulais pas retourner à la coloc pour t'effondrer devant eux et surtout devoir tous leur dire. Tes pas rapide mais tremblotant t'amenaient dans ton petit repère secret.

Celui que tu partages avec ta demi-soeur Luna. C'est le toit d'un immeuble, tout proche de celui de son père là où notre famille s'est rassemblée. La gardienne est très gentille et connait l'histoire de notre famille. Elle nous donne accès à son immeuble pour éviter que l'on ne s'aventure trop dans le quartier. C'est notre petite gardienne à nous.

Le plaid et les oreillers retirés de leur cachette, tu t'allonges laissant toutes les larmes de ton corps se faire absorber par ton oreiller. La sonnerie de ton téléphone retentit. Luna te propose de fêter la fin de son projet. Tu sais que ça lui tient à coeur, mais tu n'as pas la tête à parler ce soir. Alors, tu déclines avec une excuse bidon, mais ton cerveau est hors service pour trouver mieux.

Luna refuse d'entendre cette excuse et c'est bien normal, puisqu'elle croit que tu ne sors pas avec d'autres personnes qu'elle la nuit. De toute façon elle va finir par te trouver et tu n'as pas la force de tenter de faire partir cette sangsue.

Les images de ton père tournent dans ta tête, tu n'étais pas assez présente pour lui. Lui qui a toujours été là pour toi. Il ne méritait pas ça, cette salope ne le méritait pas. La porte du toit claque, tu sais que c'est elle. Énervée d'avoir attendu pour rien. Après ses menaces tu tournes la tête vers cette brune, laissant apparaître des yeux rouges et des joues encore humides. « Je suis comme ma mère » tu repars pour une nouvelle crise de larmes « Je me suis souvent demandée si j'étais une salope comme elle. C'est le cas Luna » les mots ont du mal à sortir, le dire était pire que le penser. tu sers tes genoux contre ta poitrine et continu de parler pour éviter qu'elle ne pose trop de question « Tu devrais me laisser là Luna. Tu interromps mon date, tu ne vois pas ? » Tu te mouches et avance le mouchoir vers elle « Gérald Luna, Luna Gérald, les présentations sont faites. » tu n'arrives même pas à rigoler, mais tu espères que cette blague la fera partir. Après tout pourquoi tu parlerais toute une soirée avec la fille du gars qui a rendu cocu ton père, celui qui a enclenché le divorce de tes parents, celui qui a rendu malade ton père. Celui qui l'a tué.
Tu te rends compte de tes pensées et de ton regard noir vers Luna. Après tout, Luna et toi vous êtes comme des amies si on cache cette sombre vérité. Tes yeux redeviennent ceux que Luna connait « J'avais besoin d'être seule et mon appart n'est pas le bon endroit pour ça. » cette fois c'est calmement et sincèrement que tu lui parles. Tu sèches tes larmes et t'efforce de ne plus pleurer en laissant de côté cette histoire « Bon, j'espère que tu as ramené la bouteille de champagne ! » Tu te convins d'être joyeuse, elle veut faire la fête, pas se morfondre avec une pleurnicharde de ton genre et toi, tu n'as pas envie de parler de cette histoire.

La brune s'énerve sur toi quand tu te compares à ta mère. On ne peut pas nier qu'il y a une partie d'elle en toi, c'est génétique. Tu as envie de lui dire que ce serait toi qu'elle haïrait si tu sortais avec son père. C'est juste une question de place dans la famille. Tu n'as pas pris la place de sa mère adorée alors forcément qu'elle ne te déteste pas. Ça ne change pas le fait que tu ressembles à cette folle.
Alors, tu tentes une petite blague pour faire comme si tout allait bien. Comme si tu pouvais encore sauver les meubles. Comme tu t'y attendais, ça ne lui a fait ni chaud ni froid. Le regard noir est intercepter et tu sais que tu vas passer une mauvaise soirée. Qu'à-t-elle fait pour recevoir ce regard... C'est surement quelque chose que tu aurais dû faire bien avant. Pourquoi est-ce que tu lui fais confiance ? Pourquoi est-ce que vous êtes amies ? Tu vois le mal partout. C'était peut-être pour t'éloigner de ton père, te faire passer plus de temps à Savannah et moins de temps chez lui. « Je pensais que tu n'aurais pas fini ton projet aujourd'hui. Je pensais être tranquille pendant que tu bossais. » Quelques mots secs sortis sans vraiment le vouloir.
Il ne te faut pas plus longtemps pour réaliser que tu allais regretter les pensées et les mots si bruts. Un grognement et tu t'allonges. Tu respires calmement pour essayer de reprendre tes esprits. Elle était là pour toi et tu la rejettes. Une idée de reprendre tout à zéro et tu proposes que l'on fête la bonne nouvelle de ta demi-sœur, mais Luna n'est plus d'humeur. « Désolé » Tu te redresses et cette fois tu affiches un regard coupable, coupable d'avoir gâchée sa soirée et sa bonne nouvelle. Ton énervement se transforme une nouvelle fois en tristesse. Les épaules de Luna rapidement attrapées, un câlin pour te donner la force de prononcer à haute voix la vérité si dure à accepter « Papa est mort » faible voix, triste nouvelle.

Elle s'énerve la demoiselle. Au final elle a raison, puisque tu n'as pas été très délicate à son sujet. Les mots sont lâchés, elle est au courant. Pas de toute l'histoire pour l'instant, juste de la finalité de la chose. Tu sais que ça risque de la toucher aussi puisque c'est avec son père que ta mère trompait ton père. C'est à cause de ça qu'il s'est enfermé dans une dépression, qui te paraissait légitime vu les circonstances, mais que tu ne pensais pas si grave. Alors tu sais que maintenant tu vas devoir te débrouiller sans lui. Passer à autre chose, garder en mémoire les souvenirs du passé, mais savoir que rien ne pourra changer. Rien ne pourra se rajouter à ta liste de bons souvenirs avec lui. « C'est terminé » tu chuchotes ces deux mots simples, mais lourds de sens. « Je ne suis rien sans lui.. » Tu essuies tes larmes et te livre complètement à Luna « La coloc, les études, les petits week end avec lui. Rien ne peut continuer ! » A bout de nerfs tu fais le constat de la présence de ton père dans ta vie. « C'est lui qui me paye le loyer, lui qui me paye mes études. Maman serait incapable de me donner autant ! » Tu prends une voix pleine de reproche « trop occupé avec sa passion pour les seringues ! » tu t'allonges et continue de vider tes pensées « Je ne sais pas ce que je vais devenir Luna. Impossible de retourner vivre avec la folle. La salope qui a tué son mari. »
Nos deux familles se sont réunies, un simple anneau autour du doigt, mais ce n'est pas pour autant que nous formons une famille. Notre famille c'était nos autres parents, ceux qui se sont fait lâcher pour des histoires de baises et de coc'. « Cette folle ne sait que briser des vies, celle de mon père, mais aussi la mienne. » Tu regardes Luna l'air désemparée « Elle a déjà commencée à vous détruire aussi ! » Il y a eux, puis nous. Nous sommes deux contre deux, la guerre était déclarée depuis déjà un bout de temps, mais tu es prête à remettre de l'huile sur le feu pour détruire cette folle. « Elle va le payer. » La colère dans tes yeux, tu sers tes poings et te lèves pour faire les cent pas en réfléchissant. Frêle comme tu es, tu ne fais peur à personne, mais tu ne comptes pas être seule. « Oh oui elle va payer. » L'envie de vengeance est plus forte que la tristesse.

Tu ne fais que parler, te vider de tristesse « Jamais je ne lui demanderai de l'aide. Tu as raison, je vais aller travailler au macdo ! Servir de bons petits nuggets en imaginant les pauvres animaux défilant sur le tapis roulant en direction de l'issu fatale. » Tu regardes ta demi soeur en cherchant un autre boulot « Bar, strip Huuum qu'est ce qui paye encore ? Escort ! » Tu sais très bien que ça fera réagir Luna, un rapide petit sourire d'ange dans sa direction et tu arrêtes de parler. Il y a d'autres petits boulots et c'est surement la seule solution au problème, mais tu avais d'autres projets, d'autres envies. Tout risque de tomber à l'eau, toi y compris.
Ton silence te laisse trop réfléchir et tu parles beaucoup trop. Te voilà obliger d’expliquer quelques détails que tu as gardés pour toi.  « Indirectement » tu fermes les yeux et mors tes lèvres. « La dépression a touché mon père quand il a appris pour…  » Tu rouvres les yeux, sans continuer ta phrase. « la police s’est entretenu avec son psy. Les boites de médicaments étaient encore pleines depuis son renouvellement. » tu respires profondément « Il a laissé une lettre pour moi à côté de lui. » nouvelle grande respiration et tes larmes commençaient à monter. « Il s'est suicidé par la faute de ma mère. » ces derniers mots te font froids dans le dos. Tu ne te soucis pas du -pourquoi maintenant-, mais comme à ton habitude tu cherches le point de départ. Hors là, il est sous ton nez. Tes angoisses ont laissé place à la colère. Tu ne l'aimes plus depuis que tu connais son vrai visage, mais quand Luna te parles d'orphelin tu t'arrêtes. « J'ai pas l'intention de la tuer Luna ! Tu me prends pour qui ? » Un sourire et tu continues « Je compte bien la garder en vie le plus longtemps possible. » Toute fière tu reprends ta marche. « Je vais juste m'arranger pour lui pourrir la vie. » un sourire satisfait sur ton visage.

T'étais clairement en train de t'énerver, de devenir méchante envers Luna. Elle faisait de son mieux pour t'aider et toi tu étais en train de lui détruire sa soirée. Tu regretteras surement un autre jour. En plus de ça tes paroles résonnent comme celle d'un enfant qui fait un caprice. Et quand tu lui racontes ce que tu lui as toujours caché, tu ne peux pas répondre à ses questions. Son père, les médocs c'est beaucoup trop présent dans ta tête. Alors quand elle laisse sous-entendre que ce n'est pas seulement de la faute de ta mère avec un air presque coupable « T'y es pour rien. Si elle avait eu ne serai-ce qu'un peu de principe, l'histoire avec ton père ne serait jamais arrivée... Jusque-là » tu secoues la tête pour faire éloigner cette vague de tristesse qui revenait, et te voilà prête à venger ton père.
Tu écoutes ce que Luna te dit. 'ça finira mal' rien ne peut aller si mal qu'aujourd'hui. Elle est en train de se faire sauter sur un nuage de coc' par son amant pendant qu'à quelques kilomètres de là, Le poison qu'elle lui a injecté dans le coeur qui s'appelle 'l'amour' a fini d'agir. « Je suis en pleine digestion. » ces petits mots sortent de ta bouche sans vraiment vouloir aller jusqu'à Luna. Tu te stoppes et tu la regardes « Tu sais ce qu'il me faudrait là tout de suite ? » Tu souris en regardant ta demi-soeur « Un petit joint qui me calmerait. » après tout, elle n'a surement pas envie de me voir aussi énervée. « Tu n'as pas ça dans tes poches ? »