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 On en parle maintenant ? (Samih)

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Meadbh O'Driscoll

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MessageSujet: On en parle maintenant ? (Samih)   On en parle maintenant ? (Samih) EmptyDim 14 Oct - 0:09

Tu ne pensais pas revenir de sitôt à la prison locale et franchement, ça ne t’avait pas manqué : sitôt les lourdes portes métalliques franchies, tu avais vu ta liberté se refermer avec elles, prise au piège. Tu avais déjà ressenti cette oppression la première fois que tu étais venue pour JJ, tu t’étais alors promis de ne plus jamais y remettre les pieds, qu’importe ce qu’il en dise sauf que t’étais bien là aujourd’hui, non ? La vérité, c’est que tu ne pouvais pas faire une telle promesse quand l’un de vous y était toujours coincé. Enfermé à tort. Puni pour rien. Parce que Samih, aujourd’hui encore, tu ne comprenais pas ce qu’il fichait là. Tu ne comprenais rien à rien en fait et ce flou dans lequel ils vous avaient plongé, lui, Daire et même JJ, ben ça te rendait folle de rage. Mais de quel droit vous tenaient-ils à l’écart, toi et Cal ? Vous n’étiez pas assez bien pour avoir le droit de connaître la vérité ? Les petits secrets ? Ben non. Ça ne marchait pas comme ça. Une famille se serait les coudes, tous ensembles. Pas seulement dans les grands moments, dans le pire aussi vous deviez rester unis.
Samih n’était-il plus en mesure de comprendre ça ? Tu étais tombée de haut le jour où il t’avait demandé de choisir ! ça avait été tellement surréaliste d’entendre ces mots de sa bouche ! Tu ne t’étais d’ailleurs pas gênée pour lui gueuler tes quatre vérités dans le combiné, sans te soucier le moins du monde des raisons qui avaient pu le pousser à agir de la sorte. Dans ta colère, tu avais mis fin à l’appel sans même lui laisser le temps d’en placer une seule…mais aujourd’hui était peut-être venu le temps des explications ?
Il t’en avait fallu du temps avant de digérer tout ça…Tu n’étais d’ailleurs pas vraiment certaine d’être parvenue à passer au-dessus mais…ça restait Samih. Et toi, tu ne pouvais pas tourner le dos à Samih, qu’importe ce qu’il ait dit ou fait, on t’avait déjà fait bien pire que ça alors pourquoi le condamner lui quand tu acceptais le centuple de la part des autres ? Non, tu n’étais pas comme ça. T’étais peut-être butée dans tes idées mais tu n’avais jamais eu l’âme d’une rebelle ou même d’un électron libre. Tu suivais sagement, avec toute la loyauté dont tu étais capable. Aux Kids. A cette famille bizarre un peu explosive, un peu déraillante mais qu’importe. Tu les aimais de manière inconditionnelle.
Pour la première fois, tu commençais pourtant à perdre confiance alors que tu t’installais au parloir, la boule au ventre. Ce n’était pas par peur d’affronter son regard, Samih avait toujours su se montrer bienveillant malgré son agacement face à tes minauderies. Non, ce que tu craignais réellement, c’était les vérités qu’il risquait de te dévoiler. Pourquoi est-ce qu’il était vraiment là ? Pourquoi est-ce qu’il t’avait demandé de choisir ? pourquoi est-ce que JJ n’était pas rentré au loft ? Pourquoi tout.
Trop de questions se bousculaient dans ta tête tandis que du bout des doigts tu tapotais le rebord métallique de la tablette, scrutant du regard la porte qu’il franchirait d’ici quelques instants. Ces dernières secondes qui te restaient pour composer un masque désinvolte, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes, pour toi du moins. Si tu ne voulais pas dévoiler la vérité à JJ, tu n’allais certainement rien lui dire à lui non plus…Tu n’étais pas venue parler de toi après tout.
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MessageSujet: Re: On en parle maintenant ? (Samih)   On en parle maintenant ? (Samih) EmptyLun 29 Oct - 16:14

May n’aurait jamais accepté d’abandonner JJ. Plutôt le suivre en enfer que de le perdre. Et ce que Sam avait pris comme un genre de trahison, un désaveu total, une absence complète de loyauté, au départ, sonnait maintenant comme la preuve de sa clairvoyance. Elle n’avait pas voulu croire ce qu’on lui disait elle s’était refusée à accepter que JJ ne faisait plus partie de la famille. Sam avait tort, elle avait raison. Mais elle a choisi. Tu le sais maintenant, tu sais que si faudra choisir entre vous, c’est lui qu’elle choisira, quoi qu’il arrive. Pas étonnant, il pouvait encaisser ça. Tu peux pas, non. Ca avait fait mal, très mal sur le coup, de se retrouver seul avec la tonalité sourde de la communication téléphonique avortée. Qu’elle le laisse, seul au milieu des taulards, seul en plein milieu de la cour, accroché à ce téléphone. Les nuits après l’avaient tétanisé. May avait cristallisé ce qu’il avait toujours redouté, au final, sa famille pouvait tout aussi bien le laisser tomber que les autres. Comme Assia l’avait fait avant ça. La parano était déjà étouffante dehors, une fois enfermée, elle s’était décuplée. Y avait plus eu de nouvelles pendant un moment. Plus eu de nouvelles, de personne. Sam avait continué la même routine qu’on vous impose en prison. Les sonneries à répétition pour l’appel, les bastons de cours, les matchs de basket, la bouffe dégueu de la cantine, les cigarettes chipées ici et là, les remontrances des gardiens, l’enfer des douches collectives. Il avait continué, encore et encore, attendant le moment où il craquerait définitivement. Ce moment n’était pas encore arrivé, non. Il avait tenu le coup, jusqu’à ce que toute la pression redescende brutalement. Jusqu’à ce que ça s’arrange avec JJ, jusqu’à ce qu’il apprenne la vérité. Cette vérité trop brute qui avait implosé en lui. Mais cette vérité, celle qui dédouanait JJ, avait le mérite de remettre de la colle entre eux, entre les Kids.

Et comme si de rien n’était, les visites reprenaient. May serait là aujourd’hui.

May, pour Sam, c’était comme une petite soeur avec qui on avait jamais trop pris le temps de créer une relation. Il l’aimait comme si elle était de son propre sang, il s’était occupé d’elle depuis toujours, comme si c’était son devoir. A côté de ça ils n’avaient rien en commun. Ils ne passaient jamais du temps ensemble, rine que tous les deux, sans doute qu’ils n’auraient rien à ce dire. Sauf aujourd’hui. Aujourd’hui y avait des tas de choses à dire, des tas de choses à réparer. Et Sam prenait la liste dans l’ordre : maintenant c’était à May qu’il devait présenter des excuses. Elle qu’il devait rassurer, parce que personne ne s’était occupé de le faire ces derniers mois. Il appréhendait bien sûr, aussi bien à cause des marques sur son visage qu’il devrait bien expliquer. Faudrait qu’il trouve les bons mots, sans doute, pour ne pas l’effrayer. Hypersensible malgré tout, elle l’était ouais. Teigneuse aussi. Casse-pied, beaucoup. Il inspira profondément pendant que le bruit sourd des portes métalliques grinçait dans ses oreilles. Il tenta de se canaliser, lui qui n’arrivait pas à faire taire les voix dans sa tête. Il tenta de faire de faire bonne figure, d’être rassurant. Finalement il s’installa en silence face à elle, pas très sûr qu’elle ait déjà passé l’éponge, vu la tronche qu’elle tirait. Merci d’être là. Qu’il prononça d’une petite voix avant de s’éclaircir la gorge bruyamment. Il la cherchait du regard, il ne trouvait pas de réponse dans son regard vague. Il fronça légèrement les sourcils. C’était ça le pire, dans le fait d’être enfermé ici : ne pas savoir comment ils allaient tous. Ne rien pouvoir faire. Être écarté.

Comment ça va ? Il lui laissa le temps de répondre. Il lui laissa la place pour se confier. Même s’il était clair qu’elle n’était pas là pour ça. Elle attendait des explications. Il se passa une main sur ses yeux fatigués, rougis de nuits blanches. La dernière fois qu’on s’est parlé… Il lui lança une oeillade. Clairement elle allait pas s’excuser de lui avoir raccroché au nez. Bref, j’voulais pas te faire flipper, ni te mettre en colère. Mais tu peux pas péter un câble et plus donner signe de vie ensuite. D’accord ? Elle s’en fiche, elle veut juste t’entendre dire que JJ est encore de la famille. Foutue parano. Sam baissa les yeux sur sa main libre qui grattait quelque chose d’invisible sur la table devant lui. Ca s’arrange avec JJ, tout n’est pas réglé mais… j’y travaille. Ca nouait la gorge de le dire à haute voix, parce que c’était encore trop frais. Comme une brûlure encore à vif.
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MessageSujet: Re: On en parle maintenant ? (Samih)   On en parle maintenant ? (Samih) EmptyVen 2 Nov - 15:54

Depuis votre dernière conversation, tu n’avais plus cherché le moindre contact avec Samih, mais dire que tu n’y avais plus pensé ou que tu l’avais oublié, ce serait mentir. Les mots de ton mentor t’avaient heurté de plein fouet et tu avais enragé à la seule idée qu’il puisse aussi facilement décider de torpiller votre petite famille bizarre mais depuis, le temps avait fait son œuvre et surtout, tu avais revu JJ. Tu n’en avais d’ailleurs parlé avec aucun des autres Kids de cette altercation. Surtout pas à Daire dont tu redoutais la réaction et puis Cal…ben Cal semblait tellement ailleurs en ce moment qu’il n’était plus une option pour recueillir tes états d’âmes. Finalement, le seul qui avait été mis au courant de l’appel, c’était encore le principal intéressé et ce connard n’avait même pas eu l’amabilité d’apprécier le geste ! Non, pour lui, ça ne valait rien puisqu’il était encore et toujours buté sur la même histoire, comme si tu avais commis un crime de n’être venue qu’une fois. Peut-être qu’il avait raison dans le fond mais merde, t’avais tué personne ! Tu ne méritais pas qu’il t’incendie pour si peu. Encore moins qu’il te frappe !
Instinctivement, tu te passais la main sur la pommette, là où son poing était venu s’écraser. Pour l’occasion, tu avais usé et abusé du concealer et du fond de teint pour cacher les traces même si de son passage à lui, il n’en restait rien. Celles de Seven en revanche, c’était une autre histoire. Les masquer n’avait pas été simple. Tu ne faisais pas ça par pudeur, ça t’était bien égal que leur crime soit affiché sur ta face, en fait ça avait même quelque chose d’exaltant, de surmonter les coups et garder la tête haute malgré tout. Ta manière à toi de faire comprendre qu’on ne se débarrassait pas de toi aussi facilement.
Mais devant Samih, c’était une autre histoire. Samih était enfermé derrière les barreaux et à part constater et regretter son impuissance, il ne pouvait rien faire, ni pour toi, ni pour lui, ni pour personne. Alors sans doute pour le ménager, tu avais effacé les traces et lâché tes cheveux pour qu’ils prennent suffisamment de place pour qu’il ne s’attarde pas trop sur les détails. Tu n’étais pas sure qu’il marche dans le panneau mais ça se tentait. Et puis, d’une certaine manière, ça t’arrangeait bien que ce soit lui qui te voit et non pas l’un des autres. Tu ne voulais pas leur expliquer ce qui était en train de se passer et puis part poser des questions, il ne pourrait rien faire de plus.
De toute manière, tu n’étais pas venue pour te plaindre de qui que ce soit, tu étais venu pour qu’il t’explique une bonne fois pour toute pourquoi il était assis là, de l’autre côté de la vitre et pas avec vous au loft. Avec vous tous. Parce que les Kids, ce n’était pas seulement JJ, c’était aussi Samih. Tu avais un peu tendance à l’oublier mais depuis que l’enfant sauvage était en liberté, rien ne s’était vraiment arrangé, la vie n’avait absolument pas repris son cours normal et plus le temps passait, plus seule tu te sentais auprès de ce groupe qui n’avait de groupe plus que le nom. Pour la première fois, tu te rendais compte que les Kids ne pouvaient exister que tous ensemble. Tout ou rien. Vous aviez déjà été amputés d’Eanna, vous étiez capables de vivre sans un bras mais vous n’étiez certainement pas en mesure de survivre sans la tête. Ou sans le cœur. Là, derniers gamins du loft, vous n’étiez guère plus que des moignons qui peinaient à rester en vie, nécrosant un peu davantage jour après jours.
Tu avais mis longtemps à t’en rendre compte.
Et tu n’étais pas encore prête à abandonner. Ils étaient trop essentiels à tes yeux.
Attrapant le combiné entre tes doigts, tu remis furtivement une mèche le long de ta joue. Lui aussi en aurait bien besoin, tu n’avais jamais vu Samih en aussi mauvais état. Des coups, il s’en était déjà pris mais là, tu avais l’impression qu’il était tombé dans le malaxeur, ses traits étaient plus tirés que jamais et ses yeux semblaient lui sortir de la tête. Plus que d’habitude en tout cas. Ça te fit mal de le voir ainsi et tu t’en mordis la langue, assez fort pour refouler la boule dans ta gorge. Foutue émotivité. L’écoutant en fixant un point imaginaire, tu ne répondis pas tout de suite. C’est toi qui avait demandé à le voir, pourquoi te remercier toi ? Tu avais presque envie de lui en faire la remarque mais tu n’étais pas venue pour l’accuser ou le mettre plus bas qu’il ne l’était déjà. Tu étais venue parler d’adulte en adulte, t’étais désormais assez grande et digne de confiance pour avoir le droit de tout savoir, ce n’était pas le moment de jouer à l’enfant capricieuse.
« Je pense que ça va pas si mal, mieux que toi on dirait… » finis-tu par prononcer en dardant finalement ton regard azur dans le sien. Tu mentais. Tu n’allais pas si bien que ça, tu ne serais pas obligée de te cacher des tiens sinon. Tu ne passerais pas de motels en motels pour éviter de déclencher une guerre que tu voulais (stupidement) mener seule. Malheureusement pour Samih, il ne récolterait pas beaucoup plus d’informations, tu n’avais pas besoin de t’écouter te plaindre, voilà bien longtemps que tu avais appris à refouler tes sentiments, ils ne valaient pas grand-chose de toute manière et comme l’avait bien dit Knox, ce n’était pas en pleurnichant que ça irait mieux. Le laissant poursuivre, tu ne réagis pas alors qu’il abordait sans détour le sujet culminant. Samih savait que tu ne t’excuserais pas pour ça, il connaissait ta fierté puérile, il était assez malin pour savoir qu’il valait mieux oublier ça et passer à autre chose. A vrai dire, tu n’avais pas grand-chose à dire à ce sujet, il avait raison oui, mais l’admettre te coutait trop alors tu fis un petit signe nonchalant, un mouvement d’épaule qui voulait tout et rien dire à la fois. Quand il reprit, comprenant bien que ce serait à lui de mettre les cartes sur table, tu te mordis à nouveau la langue, doucement puis de plus en plus fort jusqu’à sentir le gout de fer dans la bouche. « Tout… » soufflais-tu en écho à ses mots, avais-tu la moindre idée de ce que signifiait ce tout ? Non. Tu étais persuadée de ne pas en connaître le plus infime pourcentage. « Depuis qu’on est arrivés ici, j’suis fidèle aux Kids mais il reste quoi de nous tous, hein ? Toi t’es en prison ? Daire fait la guerre, Eanna n’existe plus, Cal on sait pas et JJ est banni. Il reste qui ? Y’a que moi qui croit encore à la famille quand je me fais cracher à la gueule par la terre entière ? Je me demande pourquoi je suis encore là en vrai… » lançais-tu comme on décochait une flèche empoisonnée, le regard brillant de rage et peut-être d’émotion. Tu te redressais un peu pour le toiser. « On se sent comment en prison ? ça tue un homme pas vrai ? A petit feu, d’être mis à l’écart comme ça, oublié… » t’étais cruelle, à croire que ton cœur était resté au fond du marécage. Tu te rapprochais alors lentement de la vitre, fouillant quelque chose dans son regard, une réponse peut-être. « Moi je suis mise à l’écart depuis le début. Tu comprends ce que je peux ressentir quand je vois ma famille tomber en miette sans personne pour penser à me dire ce qui se passe ? J’ai vraiment besoin de savoir Samih sinon je partirais de là et je reviendrais plus jamais » Et ce serait la fin du chapitre pour toi. La fin d’une famille déjà bien détruite. Tu refusais de vivre une seule seconde de plus dans l’ombre. Il n’y avait plus d’enfants à coucher pour aborder les sujets importants.
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MessageSujet: Re: On en parle maintenant ? (Samih)   On en parle maintenant ? (Samih) EmptyMar 20 Nov - 9:04

Je pense que ça va pas si mal, mieux que toi on dirait… Difficile d’aller plus mal. Sam esquissa un sourire et ne répondit rien d’autres. Inutile de s'apitoyer. Cette entrevue n’était pas là pour gagner des points de sympathie auprès de May, il s’agissait de remettre un peu de colle entre eux. La colle, ça avait toujours été JJ. Lui qui assurait que tout le monde reste ensemble. Ce n’était pas Sam, comme il avait pu le croire. La place de leader ne donnait rien de plus qu’une autorité qu’il n’avait pas. Pas assez pour les garder dans le cap. Au final, il n’était qu’une farce. Qu’un imposteur. Fallait se parler sans faux-semblant maintenant. Fallait que May reparte en souriant, sinon la brisure serait trop profonde pour être réparée. Alors il tenta de la rassurer, du mieux qu’il le pouvait - et ce n’était pas grand chose. Lui-même avait du mal à accepter encore tout ce qui s’était passé. L’ascenseur émotionnel avait été trop violent. La même année, il avait dû accepter que son meilleur ami avait tout foutu en l’air, avait piqué sa nana, violé sa soeur, était devenu nazi. L’instant d’après, tout avait été remis en question, on avait tout ravagé au moment même où il commençait à avaler la nouvelle. Fallait faire machine arrière, alors qu’ils étaient tous partis trop loin dans leur délire. Sam avait vendu huit ans de sa vie à cause de ça. Huit ans. Comment être rassurant auprès de May s’il ne pouvait même pas l’être pour lui-même ? Fallait qu’il parle, des menaces qu’il recevait tous les jours. De l’absence de médicament, des hallucinations qui s'aggravait ? Fallait qu’il le dise, qu’il n’était pas sûr que ça soit vraiment réparable ? Non, bien sûr que non. May ne cherchait pas à se rapprocher de son ami. Elle attendait des réponses. Elle attendait un père. Et même si Sam ne se souvenait qu’à peine de son propre paternel, il devait assumer ce rôle. Il avait toujours voulu assumer ce rôle. Avoir une famille. S’en construire une, puisque la sienne avait flambé. Triste constat. Tout cramait, quoi qu’on y fasse, hein ? Depuis qu’on est arrivés ici, j’suis fidèle aux Kids mais il reste quoi de nous tous, hein ? … Pas grand chose, des cendres. Des ruines. Tout avait été ravagé. L’incendie n’avait rien épargné. Et c’est qui le pyromane de la bande, hein ? Sam ignora la voix qui continuait de crier dans un coin de son crâne. Il n’osait même pas regarder May dans les yeux. Il fixait le vide, un point invisible entre eux. Il serra la mâchoire, pas sûr d’être prêt à désarmer la bombe qui arrivait. Toi t’es en prison ? Daire fait la guerre, Eanna n’existe plus, Cal on sait pas et JJ est banni. Il reste qui ? Y’a que moi qui croit encore à la famille quand je me fais cracher à la gueule par la terre entière ? Je me demande pourquoi je suis encore là en vrai… Il se passa une main derrière la nuque. C’était comme des centaines de petites coupures. De sales petites coupures faites au papier. C’était désagréable d’être mis face à un aussi mauvais constat. Lui était en prison. Pour on ne sait combien de temps. Nolan pouvait bien lui faire miroiter un appel, un non lieu, une sortie d’ici quelques mois avec une bonne défense. Y avait aucune garantie et tous les faux espoirs que cet avocat à la coiffure impec’ voulaient bien distribuer finiraient très probablement par rendre la chute encore plus dure, violente. Il ferait quoi, si le juge annonçait qu’il n’y avait pas de remise de peine ? Et si on lui confirmait qu’il ferait bien huit ans. Cinq avec une bonne conduite ? Il ferait quoi, merde. Eanna n’existe plus. Dans l’histoire, ils l’avaient tous perdue. Sam avait sacrifié sa vie pour qu’elle puisse fuir. Il lui avait conseillé, de fuir. Loin. Jamais revenir. S’éloigner de JJ. Disparaître pour toujours. Se reconstruire ailleurs. Il avait accepté ça aussi. Accepté qu’il ne la reverrait plus jamais. Ce n’était pas comme s’ils étaient très proches. Ils se disputaient la plupart du temps quand elle était là. Et pourtant, son absence avait tout déséquilibré. Elle était la première victime de cette histoire. Celle que JJ avait abîmé à vie. Celle que Sam avait voulu sauvé. Sans doute qu’il ne saurait jamais si elle avait réussi à s’en sortir. Où si elle se consumait autre part, à l’abris des regards, comme un putain de chat. Cal, on savait pas. Sam avait perdu depuis longtemps son respect et sa confiance. Cal, il se fichait bien de savoir combien de temps Sam ferait en prison. Cal il finirait par se lasser. May pourrait jamais accepter ça. JJ est banni. Un genre de rictus fit trembler la lèvre de l’égyptien. Il ferma les yeux une secondes et tenta d’en placer une, la voix tremblante : May j’te dis que je suis en train de… De tout arranger ? Laisse moi rire, tu peux rien faire d’ici. Et comme si elle l’entendait aussi, May fit d’elle-même écho à la voix : On se sent comment en prison ? ça tue un homme pas vrai ? A petit feu, d’être mis à l’écart comme ça, oublié… Il leva les yeux sur elle, assommé. Chacun de ses mots étaient comme des lames de rasoir dans ses veines. Son regard se voila instantanément. Putain, tu vas pas te mettre à chialer ? Elle tapait trop juste. Elle s’approcha du plexi et c’était comme une claque en pleine face. Même elle, il avait réussi à la flinguer. Réussi à la faire douter si fort qu’il n’était même pas sûr qu’un jour ses doutes s’envoleront. C’est un peu ça… qu’il articula difficilement. Et c’était encore plus dur de se l’admettre. Admettre qu’on est terriblement seul. Tellement seul que votre propre subconscient vous construit des amis inventés de toutes pièces. Sam avait toujours eu cette capacité rare de se sentir incroyablement seul dans une pièce bondée. En prison, toutes ses névroses avaient été décuplées. Alors ouais, ça tue un homme. Ça vous bousille pour toujours. Moi je suis mise à l’écart depuis le début. Par-dessus sa voix, il rétorqua catégorique : T’es pas mise à l’éc… mais elle ne l’écoutait pas et elle continuait. Dramatique, catégorique : Tu comprends ce que je peux ressentir quand je vois ma famille tomber en miette sans personne pour penser à me dire ce qui se passe ? J’ai vraiment besoin de savoir Samih sinon je partirais de là et je reviendrais plus jamais. Comme un coup d’poing dans le bide. Ca lui coupa la respiration une seconde. Il cligna plusieurs fois des yeux, sonné. Non, il pouvait pas en perdre un de plus. Il avait accepté, ravalé sa rage et sa peine depuis trop de mois maintenant. Mais un de plus, il encaisserait pas. Non. qu’il ne pu ravaler. Il se redressa sur sa chaise. Son coeur s’emballait. Il tapait contre ses côtes maintenant. Si fort, trop fort. Il finirait par bondir d’ici pour s’écraser contre cette vitre en plexiglas. Non, tu peux pas partir. il secoua vivement la tête. Ses doigts se serraient autour du combiné. Faut que tu gardes confiance. J’ai besoin que vous gardiez confiance en moi, tous autant que vous êtes. C’était un triste constat, de se rendre compte après autant de temps que tout était si fragile. Lui qui pensait sa famille indestructible. Et toutes ses émotions, qu’il anesthésiait normalement avec les opiacés, gueulaient si fort à l’intérieur maintenant. Il fit tomber sa main libre contre la table devant lui, un peu trop fort peut-être. Beaucoup en fait. J’me crève pour que ça marche. Ca fait quinze ans que j’fais ça. Quinze ans. Y a quinze piges JJ était rentré dans sa vie, dans sa famille, de son ADN. Et tout était encore trop douloureux. Il inspira lentement, et ça brûlait. Il ferma les yeux, se passa une main sur le visage. Finalement, il la regarda. Vraiment dans les yeux cette fois. Y avait de la détresse. Comme un SOS qu’il lançait sans savoir si elle capterait le message. J’ai besoin de toi.
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MessageSujet: Re: On en parle maintenant ? (Samih)   On en parle maintenant ? (Samih) EmptyMer 28 Nov - 0:19

Assise face à Samih, tu restais un long moment sans rien dire, juste à l’observer et détailler son visage constellé d’ecchymoses Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis la dernière fois que tu l’avais vu mais en ce court laps de temps, tu devais admettre que le changement était frappant. Choquant même. Du Samih posé que tu avais connu, toujours plus réfléchi que vous autres, tu le découvrais sous un jour nouveau et tu n’étais pas certaine de savoir comment gérer ça. Qu’es-ce qu’il lui était arrivé ? Pourquoi l’avaient-ils frappé ? Est-ce que JJ avait été dans le même état à son arrivé en prison ? Si oui, tu comprenais mieux ses réactions, sa colère d’avoir été laissé là sans soutien, sans personne sur qui compter. Mais il n’avait pas été seul, il y avait eu Daire et Eanna, non ? Tu ne pensais pas avoir de l’importance dans l’histoire même s’il t’avait dit le contraire. Tu ne pensais toujours pas en avoir pour Samih mais tu avais appris de ton erreur, tu ne la referais pas deux fois. Pas celle-là du moins.
Inspirant profondément, tu tentais de passer outre les marques de son visage et te concentrer sur son petit sourire entendu. Ce sourire qui en disait long. Peut-être même qu’il scellait là un accord tacite entre vous, celui de fermer les yeux sur vos blessures respectives. Vous n’étiez pas aveugles ni cons, vous saviez aussi bien l’un que l’autre que ce qui faisait votre force jusqu’à alors, c’était votre unité. Seuls, vous étiez plus vulnérables que jamais. Vous aviez besoin des Kids pour vous relever. La vraie question était justement de savoir s’il restait quelque chose de votre famille désarticulée. Tu l’espérais de tout coeur même si tu te donnais de mal pour ne rien laisser transparaître. Face à Samih, tu étais pourtant habituée à jouer un rôle, tu surjouais comme pour essayer de le convaincre que ta personnalité valait la peine d’être retenue, comme si tu devais te battre chaque seconde pour défendre ta place parmi les Kids. Tu avais longtemps été perdue entre ce que tu étais, ou pensais-être, ton éducation et ce modèle de vie que tu devais justement détruire pour ressembler à celui des Kids. Bref, t’étais plus paumée que jamais et plus tu te cherchais, plus solo tu devenais. Ce constat avait de quoi t’effrayer, toi qui craignait de te retrouver seule. Tu avais besoin de lui pour te ramener sur le bon chemin mais de là à le lui dire…Tu avais l’impression de devoir traverser un ravin, il s’était passé trop de choses pour que ce soit aussi simple.
Puis finalement, quand tu ouvris la bouche, ce n’était plus pour minauder: tu décochais flèches sur flèches, toutes plus empoisonnées les unes que les autres. T’avais conscience du mal que tu lui faisais. Tu n’étais pourtant pas venue lui faire la guerre mais c’est ce que tu avais fini par devenir, une forteresse, les mots durs te venaient plus naturellement que les mots doux, sans doute trop bien dressée à ne plus rien montrer, habituée à devoir mordre la première pour ne laisser personne te marcher sur les pieds.
Et puis à quoi bon envelopper tes sentiments de papiers de velours quand ils étaient à vifs ? A quoi bon lui faire croire que tout allait bien quand tout partait en vrille ? En plus, si tu en étais là, c’était un peu sa faute à lui. Il n’aurait jamais du se faire maître des secrets. Aujourd’hui, il le payait au prix fort. Tu ne t’excuserais pas de ses erreurs, tu ne les remettrais pas non plus sur le tapis. Samih avait suffisamment de tourments mais il devait se reprendre. Il devait reprendre sa place, retrouver la face. T’étais venue lui donner sa chance même s’il n’y paraissait pas. Tu ne lui laissais pas le temps de répondre, tu l’enchaînais sans le laisser souffler, sans lui laisser le temps de démonter tes arguments. Tu ne voulais pas lui donner l’occasion de te remettre à ta place, pas avant d’en avoir terminé. Et ce n’est qu’une fois avoir prononcé tes dernières paroles que tu te tus, posant ton regard bleu azur dans le sien.
Tu semblais calme, déterminé mais tu étais bien heureuse d’avoir cette vitre entre vous. Pas parce que tu craignais ses réactions comme avec JJ mais à cet instant, ton coeur battait à t’en faire mal à la poitrine, le sang pulsait dans tes tempes à t’en assourdir. Dents serrées, tes mâchoires tressaillaient sous ta peau encore bronzée sous l’épaisse couche de fond de teint, ultime tentative de lui voler la vérité alors qu’elle était là, juste sous ses yeux. Plus que jamais, tu espérais qu’il se mette en colère, qu’il te hurle dessus de plus jamais douter de lui. Tu avais besoin qu’il te prouve qu’il était toujours là pour vous, pour toi. Tu voulais qu’il te retienne. Et s’il ne le faisait pas ? Que resterait-il ? Exilée au motel, loin des tiens, il ne te resterait plus rien.
Sans le quitter des yeux, tu observais ses réactions, essayant de déceler ses émotions. Comprendre ce qui se passait dans sa tête. Tu n’avais jamais trop su, jamais essayé non plus. Non. C’est le premier mot qui vient. Va falloir faire mieux Samih songeais-tu, lèvres pincées. Contrariée qu’il ne s’énerve pas davantage. Tu n’étais plus habituée à ce calme, tu ne reconnaissais que les délires violents de Knox et les humeurs orageuses de JJ ou même la brutalité de Seven. Y’avait plus de calme et de douceur dans ton petit univers. Sourcils froncés, tu repositionnais le combiné en t’avançant légèrement vers la vitre. « Et comment tu veux que j’garde confiance Samih ? » Soufflais-tu moins perfide qu’il n’y paraissait. T’attendais que ça, qu’il te donne ses bonnes raisons. « J’ai besoin de réponses, j’ai besoin de comprendre comment ça a pu partir en couille comme ça… » murmurais-tu en regardant un instant autour de vous, comme si tu craignais être écoutée, ce qui était forcément le cas, c’était forcément sur écoute, pas vrai ? Desserrant tes mâchoires, tu vins glisser tes dents sur ta lèvres, aspirant cette dernière avant de la relâcher alors qu’il semblait tout juste se rendre compte à quel point son rôle pouvait être ingrat. C’était frustrant oui, tu n’avais pas besoin d’être particulièrement intelligente pour comprendre sa lassitude, son découragement ou même son agacement. Soutenant son regard un long moment, tu finis par abdiquer la première. « Il faut que tu me racontes tout…comment tu as pu finir de ce côté de la vitre, pourquoi Eanna s’est volatilisée dans la nature et ce qui s’est passé entre toi et JJ…J’ai besoin de savoir… » répétais-tu, inlassable. Tu voulais bien lui promettre ta loyauté, tu l’étais sincèrement, mais ce serait pas sans contre-partie. « On veut la même chose, j’suis prête à n’importe quoi pour les Kids mais il m’faut toutes les cartes, tu comprends ? » Repris-tu en repensant un moment à JJ, vos retrouvailles sous forme de montagnes russes, sa colère incandescente, son poing écrasé contre ton visage, ses mains sur toi et ses lèvres contre les tiennes. Encore un petit secret que tu ne révélerais sans doute pas à Samih bien qu’au fond de toi, tu avais envie de connaître son avis sur la question. T’étais quasiment certaine qu’il désapprouverait. Raison de plus pour ne pas trop en dire. « Est-ce que tu sais où est Eanna ? »
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