|
| Auteur | Message |
---|
1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
☽ ☾
| Sujet: oh, sister (elena) Ven 25 Mai - 17:34 | |
|
Oh, sister, when I come to lie in your arms You should not treat me like a stranger
Mon fils. Elena qui dit mon fils. Il y a tellement de questions qu'il n'a pas osées poser. C'est qui le père ? Pourquoi tu m'as rien dit avant ? Il a quel âge mon neveu ? Mon neveu.
Il n'a pas osé insister. Il a voulu prendre le temps de réfléchir avant de lui répondre et il a quand même fini par dire de la merde, il allait pas risquer de la braquer encore plus. Il a du mal à savoir où est sa place dans tout ça. Pas le droit de trop en demander, pas le droit de lui reprocher quoique ce soit. C'est comme à la maison, on s'en sort mieux quand on ferme sa gueule. Il sait même pas s'il fera partie de sa vie ou pas à ce gamin, il sait pas si elle prévoit de rester. Comment quelqu'un peut être à la fois si familier et si étranger ? Elena qui s'est cassée, Elena qui revient vers lui en premier, Elena qui s'est cassée quand même. C'est ce qu'elle allait lui dire au téléphone la dernière fois, avant que ça coupe — que ça coupe, ouais, on va dire ça. J'ai un fils. Ça lui paraît encore difficile à croire. C'est comme si un bébé était une chose trop énorme pour arriver à sa sœur comme ça, aussi près de lui, sans qu'il s'en aperçoive. Elle était pas là, et alors ? Ça aurait dû faire trembler la terre. Il aurait dû recevoir des messages cosmiques. Il s'en fout des bébés, mais pas de celui d'Elena. Il se fout pas d'Elena, même s'il l'aurait bien voulu quelques fois, et il a beau ne plus vraiment la connaître il est certain que Matei a tout chamboulé dans sa vie. Faut croire qu'elles se touchent plus assez, leurs vies, pour qu'il n'ait rien ressenti.
Il aurait pu demander à rencontrer Matei hier. Il aurait été bien obligé de croire à son existence, s'il l'avait eu sous les yeux, peut-être même dans les bras, mais il est pas prêt. Il fait le fier, il déconne sur l'hôpital psy, mais c'est pas le cœur léger qu'il y remet les pieds. Ils devraient leur faire une carte de fidélité pour la famille, au moins un geste commercial. Une chambre occupée, la deuxième à moitié prix. Il sait pas ce qu'a foutu Elena pour s'y retrouver, elle était loin d'être claire dans son message, mais au moins il ne croit pas qu'elle ait essayé de rejoindre les étoiles par la voie rapide. Ça ne l'empêche pas d'angoisser quand l'ascenseur l'emporte dans les étages, quand il traverse les couloirs en baissant les yeux sur son téléphone toutes les deux secondes pour vérifier le numéro de sa chambre, alors qu'il doit déjà l'avoir imprimé à vie. Et quand il arrive devant la porte déjà entrouverte. Boum boum boum. Il a pas vu Elena depuis un an.
Il pianote des jointures sur la porte et se permet d'entrer. « Hey. » Il a joué plusieurs scénarios dans sa tête hier soir et puis encore sur le chemin mais là il a tout oublié. Il approche et se laisse tomber sur un fauteuil. « Salut. Ça fait bizarre de... » Il avait prévu des paroles pleines de tact pourtant, c'est dommage. Il se passe la main dans les cheveux pour les dégager de ses yeux, ils commencent à être trop longs. « Ça fait longtemps. Tu vas comment ? » T'en as pas d'autres des platitudes ? Mais c'est pas tu vas bien, au moins, il est trop conscient de l'endroit où ils se trouvent pour lui demander si elle va bien.
|
| | |
Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Mer 27 Juin - 12:09 | |
| Ça frappe à la porte. Elle a presque oublié.
Mihail. Elle aurait du se préparer avant, relire les répliques pour la grande première, prétendre qu'elle avait déjà quelques lignes de prêtes dans un coin, à recracher mécaniquement à l'arrivée de son frère. Page blanche. Elle aurait du, peut-être, au lieu de se lever énervée d'avoir dormi et de planter ses dents dans les gélules alors qu'on lui répète sans arrêt d'incliner le gobelet en plastique et d'avaler sans rien dire. Elle sait pas rien dire, sauf quand Mihail apparaît dans l'encadrement de la porte, mirage de la journée et les ongles rongés qu'elle fait grincer sur le pâle de sa peau, mauvais rêve. Pour se dire que c'est vrai, parce qu'elle peut jurer derrière la barre que ça lui semble faux. Parce que ça fait un an, un appel avorté et un gamin qu'en est plus un. Plus tout à fait. Elle se redresse légèrement, le dos se plaint dans un craquement sourd. Parfois elle rêvasse trop longtemps et oublie de s'étirer ou de changer de position. Ça fait sûrement une heure qu'elle se tient sur son îlot de draps, les jambes repliées contre sa poitrine, le menton abandonné sur les genoux et le regard perdu à l'horizon. Elle a presque oublié, et son corps entier proteste. On était bien. A ne rien sentir du tout et à laisser couler les heures. Tu trouves pas ? Moyen. Elle se résout à au moins relever la tête dans la direction de la voix. « Hey. » Sourire fatigué et hochement amorphe. « Hey. » On se dit quoi, on se regarde comment, on prétend qu'on a jamais rien fait de mal ou que ça a pas d'importance ? Elle sait pas, Mihail.
« Salut. Ça fait bizarre de... » de le voir affalé dans le fauteuil où Asher s’assoit d'habitude. De le voir tout court. Elle le dévisage sans s'en cacher, comme pour remettre son portrait à jour – l'ancien date d'une période qu'elle reverra pas. Une période où elle pouvait se permettre de lui parler sans réfléchir à ce qui pouvait venir après, pas comme maintenant. Maintenant, la gorge fait semblant d'avoir paumé les cordes vocales quelque part. Coup bas. C'est pas comme s'ils l'avaient assignée à un foutu palace, ça devrait pouvoir se retrouver facilement, avec un peu d'effort et un coup de main. Elle parie que c'est tombé derrière le lit. « Ça fait longtemps. Tu vas comment ? » Ce genre de coup de main. Le coup de main qui joue les innocents et donne l'impression que Mihail demande comment se sont passées ses dernières vacances. Elle retrouve sa voix et l'ironie en même temps. « J'ai jamais été aussi bien. » Elle rayonne. De l'intérieur. De très loin. De kilomètres en kilomètres à s'y perdre. De rien du tout. Le terne est jaloux de la couleur de son teint et du vide qui résonne quand elle parle. Elle s'essaie à un sourire peu convaincant. « A vrai dire je vais tellement bien, ils ont décidé de me garder encore un peu pour montrer l'exemple aux autres. » Les autres. Elle les ignore royalement. Elle est pas folle, putain. « Et toi ? » A regarder plus loin que son centre de l'univers, elle se rend compte qu'elle sait pas non plus, faute de s'y être intéressée. Sœur de l'année, sans aucune hésitation. « T'as peut-être, j'sais pas, des questions ? » qu'elle hésite, déjà saoulée d'avoir tendu une perche pareil. Mais sœur de l'année, elle fait de son mieux pour rectifier le tir. Encore. |
| | |
1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Ven 29 Juin - 18:01 | |
| C'était beaucoup plus facile avant, quand il avait encore l'âge de voir le monde en noir et blanc. Parler à Elena, recevoir ses sourires et même ses réprimandes, même se faire envoyer bouler parce qu'il la dérangeait dans une de ses activités mystérieuses de grande sœur, c'était naturel, c'était facile, ça lui faisait pas peur. Il a jamais été fait pour marcher sur des œufs et maintenant, même quand il essaie de le faire, c'est évident qu'il y arrive pas. L'ironie d'Elena ne le fait pas sourire, même pas un peu, même pas — justement — ironiquement. Il se retient juste de lui rétorquer qu'il peut aussi repartir s'il est pas le bienvenu. Sans doute que ce serait excessif, sans doute qu'il lui en veut un peu plus qu'il le pensait et que ça le fait chier qu'elle ne fasse rien pour le ménager. Lui, il essaie, et c'est lui le petit frère ici, c'est lui le merdeux de service, c'est lui l'ado caractériel. Il est censé savoir comment s'y prendre dans ce genre de situation ? C'est crevant d'être mature, il a l'impression qu'on lui demande beaucoup trop souvent de l'être depuis quelques temps. Il voudrait craquer. La seule chose qui le retient c'est la panoplie de détails qui lui rappelle qu'ils se trouvent dans une chambre d'hôpital, c'est le fait que les médecins considèrent que sa sœur a besoin d'être retenue ici contre son gré. Elle a dû vraiment dérailler. Alors même s'il n'en peut plus, il écoute encore la voix de la raison, pousse juste un soupir pour évacuer le trop-plein de frustration.
« Et toi ? T'as peut-être, j'sais pas, des questions ? » Sois pas con. Sois pas con. Peut-être qu'elle essaie finalement. Il la regarde un moment, le visage sans expression, et finit par hausser les épaules. « Nan. J'sais pas. Ça sert à rien. » Bah si, il est con. Désolé Elena, j'suis né comme ça. Nouveau soupir et l'index qui vient pianoter contre ses lèvres. « J'veux pas te faire subir un interrogatoire. Dis-moi juste... C'est toi m'as écrit, tu voulais m'voir non ? Dis-moi ce que t'as envie, j'prends tout. » C'est mieux ? Le regard un peu hésitant qui cherche celui de sa grande sœur. Aide-moi. Il pense pas avoir complètement tort, ça sert à rien de lui poser des questions. Il y a des questions auxquelles elle refuserait de répondre, ou bien seulement de façon évasive, et il poserait sûrement pas les bonnes. C'est pas qu'il en a pas, des questions, il en a un million, mais y a qu'elle qui peut savoir par où commencer. C'est un peu triste, mais il la connaît plus assez. « J't'ai manqué ? » Tiens, en v'là une de question. Et cette fois le fantôme d'un sourire se glisse au coin de ses lèvres.
|
| | |
Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Mar 3 Juil - 17:28 | |
| Elle attend rien du regard absent que Mihail lui jette, même à l'ouest, y a un semblant de cap qu'elle croit tenir. Pitoyablement, les mains hésitantes sur la boussole. Et elle les remonte sur son visage, écrase la fatigue au passage sous la pulpe de ses doigts. Ouais. Ça va être difficile de le convaincre que tout va bien quand les paupières veulent pas coopérer et qu'elle étouffe à peine un bâillement. T'es qui, putain. Un mélange bizarre d'humain et de calmants qu'aurait jamais du voir le jour. On se réveille, là-dedans. Elle essaie. C'est ça le pire. Elle essaie et elle échoue. Encore, et encore, et encore. Sous le violet de ses veines, ça gronde. « Nan. J'sais pas. Ça sert à rien. » D'accord. Elle penche légèrement la tête à droite, dépose son menton sur les genoux sans rien dire. Il fait comme il le sent, ça risque juste d'être long s'ils restent tous les deux assis à s'observer en silence. « J'veux pas te faire subir un interrogatoire. Dis-moi juste... C'est toi m'as écrit, tu voulais m'voir non ? Dis-moi ce que t'as envie, j'prends tout. » Y a un sourcil qui s'arque. Elle a fait ça ? Elle a fait ça. Sans réfléchir à quoi balancer quand elle l'aurait en face. Maintenant qu'elle l'a en face. Maintenant que la possibilité qu'il se pointe jamais au bout du compte peut être écartée. Il est pas elle. Y a aucune urgence à chaque fois qu'il pose le pied quelque part. Tu voulais m'voir, non ? Ça marche sur son palpitant. Pas besoin d'aller-retour. Pulvérisé sur le coup et ça s'arrête pas parce qu'il repose une deuxième question. Ça fait pas mal de points d'interrogations dans l'air, pour un gars qui trouve que ça sert à rien. Ça fait pas mal de pointes au cœur, pour un gars qui se trimbale une gueule d'ange. Faut toujours s'en méfier de ceux là. « J't'ai manqué ? » J'crois que tu me manques encore même si t'es là. C'est dingue, on croirait que ça sort d'un film pour gamines. Elle a pas signé pour qu'on la transforme en adolescente en manque d'amour. Elle se contentera d'imiter son sourire, et d'un demi battement pour répondre platement. « Non. » Milles fois oui. L'écoute pas, Mihail, elle te fait marcher. C'est peut-être de mauvais goût vu les circonstances. Elle hausse les épaules et soupire. « Ouais. Ouais tu m'as manqué, Mihail. » Evidemment, ça veut dire. C'est toi, idiot. Et merde, elle recommence avec les niaiseries. Vivement la fin. Elle attend le jour de sa sortie avec la patience d'un gosse la veille de Nöel. « Et j'sais pas, c'est … » épuisant de ressasser les derniers mois ? Un coup sur deux elle se trompe. « Tu veux que j'commence par quoi ? » Dans les grandes lignes, elle peut faire. Elle croit. « Y a Matei. » Autant commencer par le plus simple et broder autour. « Il a deux mois et quelques, j'sais pas combien il mesure mais j'ai toujours l'impression qu'il est trop petit, et il tire un peu la même gueule que toi quand il est sur les nerfs. » Quoi. Il a dit qu'il prenait tout. Elle fouille sous l'oreiller pour trouver son téléphone et les photos qu'Asher lui envoie des fois. Trente secondes et autant de putain après, elle a fini de se batailler avec et se décide à le passer à Mihail. « Tiens. » |
| | |
1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Ven 27 Juil - 11:11 | |
| Il hausse une épaule quand elle prétend que, non, il lui a pas manqué. Ça veut pas dire j'm'en fous, ça veut dire j'te connais, je sais que tu déconnes (et tu m'connais, tu sais que ça veut pas dire j'm'en fous, pas vrai ?), ça veut dire j'te crois pas de toute façon, j'avais pas le moindre doute - et il est là son mensonge à lui. Il hausse une épaule quand elle concède que, si, en fait, il lui a manqué. Ça veut dire j'le savais. En réalité, ça veut dire c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai ? Mais il va pas lui montrer qu'il doute, ni combien il est rassuré.
Il sait pas par quoi il veut qu'elle commence, il veut rien, il veut tout, c'est bien ce qu'il vient de dire. Il prend tout. Il a pas la moindre idée de ce qu'elle a pour lui mais il préfère lui confier le volant et voir où ça les mène, tant pis si c'est dans le mur.
« Y a Matei. » Ouais, autant commencer par là. L'essentiel. Mihail s'avance un peu sur le fauteuil. « Il a deux mois et quelques, j'sais pas combien il mesure mais j'ai toujours l'impression qu'il est trop petit, et il tire un peu la même gueule que toi quand il est sur les nerfs. » Il peut pas s'empêcher de sourire. Il est pas calculé du tout celui-là, c'est pas le genre de sourire qu'on voit souvent sur sa gueule d'adolescent. C'est un peu tordu quand même, peut-être parce qu'il essaie de le retenir, peut-être parce qu'il y a quelque chose qui coince au coin de ses lèvres, mais c'est presque tendre. Et il est quasiment au bord du siège quand Elena sort son téléphone de sous l'oreiller pour lui dégoter une photo (du moins c'est ce qu'il en déduit). Il force sa main impatiente à rester collée contre l'accoudoir pendant que sa sœur lutte contre l'ennemi technologique. Il est pas sûr de l'avoir déjà vue avec un portable dans les mains, ils pourraient pas être plus différents là-dessus. « Tiens. » Sa main jaillit comme si elle était montée sur ressorts pour attraper le téléphone et il rive les yeux sur l'écran. Il fixe un moment la première photo, comme s'il attendait que quelque chose de passe, spontanément. Parce que c'est le cas. Il attend de le reconnaître, de l'aimer, quelque chose comme ça.
C'est un bébé. Il voit pas l'air de famille. Matei se forme silencieusement sur ses lèvres. Peut-être qu'il faut coller un prénom sur ce visage inconnu, cette petite tête aux yeux trop grands et au nez mal défini, pour qu'il devienne le fils d'Elena, son neveu à lui, quelqu'un qui va faire partie de sa vie, quelqu'un. Mais ça pourrait être n'importe quel bébé en série casé dans un cadre photo encore emballé. Alors il se permet de fouiller un peu, il fait défiler d'autres photos pour qu'il prenne vie. Ah. À un moment, il se retrouve face à sa gueule des mauvais jours ou quelque chose qui y ressemble, et y a son sourire qui revient. OK. Peut-être qu'ils partagent le même sang, alors. Pas de bol Matei. Il rend le téléphone à Elena. « J'peux être son parrain ? » Ça se fait pas de demander ça. Il sait même pas si Elena compte le faire baptiser, il parle pas vraiment d'une cérémonie ou d'un bout de papier, il sait pas vraiment de quoi il parle d'ailleurs, juste d'un mot de sa sœur, un truc qui doit rimer avec confiance. Mais y a pas de raison pour qu'elle lui fasse confiance alors que c'est pas réciproque. Nan, laisse tomber, il sait même pas pourquoi c'est la première chose qu'il a pensé à lui demander. Il a même pas dit qu'il était mignon. (Il est pas sûr qu'il le soit.) « J'déconne. » Allez, il va pas lui demander de prendre des décisions maintenant. « Du coup il est où en ce moment ? » Pas avec elle. Est-ce que ça fait mal ?
|
| | |
Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Mer 1 Aoû - 11:13 | |
| Appréhension. Sans un mot, elle laisse Mihail s'amuser avec le téléphone et l'angoisse qui enfle petit à petit dans son ventre. Ça dégage les organes au passage, se love tout contre la froideur de son être – regarde, on est bien comme ça. Reste avec moi, tu veux pas ? Maintenant que la nausée a rejoint le cortège, on a plus rien à perdre. Sauf ma tête. Encore et toujours. Tu connais le prix à payer, Lena, fais pas ta mijaurée. Mais. Ça te rend moche, qui voudra de toi après, avec tout ce que tu traînes derrière, t'es pas l'premier choix. Qui voudra bien se prendre les pieds dans tes filets et s'empaler sur tes angles. Qui dans cette foutue ville, cet hôpital, cette chambre, serait assez imprudent pour s'approcher trop près de la flamme ? Elle relève la tête, doucement. Son frère. Ça fait taire les voix une seconde et s'arrêter le temps en pleine course. Il fixe les photos et elle le fixe, lui. Dix ans plus tard, elle s'assure encore qu'il est trop collé à l'écran avant de décocher l'ombre d'un sourire. Trop occupé à regarder ailleurs pour voir ce qu'elle pose juste devant ses yeux. Trop assommé par le sommeil et la naïveté pour la sentir s'échapper de ses bras maigres et s'évanouir dans la nuit. Qui voudra – son frère qu'est là comme une illusion, suffirait de passer le bras à travers pour serrer que du vide et trois grains de poussière. Alors elle se tient loin, soupire fort, comme s'il mettait trop de temps à faire défiler les photos et qu'elle avait d'autres plans pour occuper sa journée. Au fond elle a peur de se tenir plus près de lui. Elle ressert les genoux contre sa poitrine, barrière de sécurité. Elle a peur de souffler et de faire voltiger les particules. T'envole pas. Mihail lui retend le téléphone, ses doigts s'empressent de repeindre l'écran à la couleur du moite de ses empreintes. Matei et sa bouille floue sous les digitales. Matei qui fait la gueule, elle est certaine d'avoir déjà croisé un air aussi aimable quelque part – on lui souffle à l'oreille que c'est dans le reflet du miroir. Ah ouais. Elle cale le téléphone sous l'oreiller, s'attend au moins à ce que Mihail commente. A propos de Matei, pas du portable. A force de tendre l'oreille, puis à force de rien entendre, elle fronce des sourcils. C'est pas dans ses habitudes de se pendre à l'avis des autres, alors pourquoi elle fout la corde dans les mains de son frère ? Y a des absurdités comme ça qu'elle comprend pas. « J'peux être son parrain ? » Parrain, oncle, père, mère, il prend ce qu'il veut, honnêtement elle s'en fiche. La moitié de la planète serait plus apte à s'occuper de son gosse. L'autre moitié a peur des gènes et refuse de s'aventurer trop près. Un haussement d'épaules plus tard, elle répond. « T'es c'que tu veux, Mihail, il s'en rendra même pas compte. » Il réalise déjà pas dans quel foutoir il est né, tu crois que d'te faire parrain sur sa parole ça changera quelque chose ? Le monde a assez tremblé. Tu feras plus bouger les continents à ce chapitre de l'histoire. « J'déconne. » Tu déconnes vraiment, Mihail, ou t'es aussi doué qu'elle pour masquer ce qui se trame réellement à l'intérieur ? « Si ça t'fait plaisir. » qu'elle insiste à défaut de savoir ce qu'il veut vraiment. Sois le parrain, sois le silence des autres frères et sœurs qui savent pas, sois ce qu'elle peut pas contrôler puisque tout lui échappe des mains. « Du coup il est où en ce moment ? » Loin. Tu vois comme ça lui fend le cœur en deux et craquelle son visage ? Loin comme ça. Dans une autre vie, elle a connu des meilleurs jours. « J'sais plus, tu l'as pas vu par terre dans l'couloir en rentrant ? » Lena. Quoi, ils s'attendent tous à ça, non ? Pas la peine de mentir. Elle arque un sourcil, provocatrice coupée à l'eau qu'ils versent à côté de ses cachets. Sois celui qu'ose le dire. « C'est son père qui l'a. En attendant. » Et elle aime pas attendre. |
| | |
1 jour j'auré du poil au menton ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 17 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : miserunt (av) ; marion (aes) ; anaphore (sign) ▹ avatar : John Tuite ▹ signe particulier : L'air de se faire chier, gros frileux, des lunettes de soleil sur le nez, du vernis à ongles au majeur, une odeur de beuh et/ou de sauge qui plane autour de lui + une sale tendance à justifier ses défauts par l'astrologie (il est lion ascendant taureau, lune en bélier, et ça en dit long n'est-ce pas (non)).
☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Jeu 9 Aoû - 1:43 | |
| Il lève les yeux au ciel. Ça vaut rien ça. T'es c'que tu veux. Le monde marche pas comme ça, on lui a rien dit à Lena ? Si on pouvait décider de ce qu'on est d'un claquement de doigt elle serait pas là. Lui non plus. Mais sûrement qu'elle le croit des fois, quand elle décide de se casser et de faire une croix sur eux, sur lui. Pour refaire sa vie, pour repartir à zéro, il sait pas mais il suppose que c'est quelque chose comme ça. Y a de quoi quand on grandit dans une famille comme la leur. C'est juste égoïste. C'est juste naïf parce qu'on peut pas pendre tout ce qu'on veut, parfois faut que quelqu'un veuille bien donner. Il voulait juste qu'elle lui donne ça. Ouais, Mihail, tu peux être son parrain. Mais il se serait passé du il s'en rendra même pas compte. Super, il crève visiblement de soif et elle lui jette du sable. Ce qu'elle est chiante sa sœur. Un peu plus on croirait qu'ils sont de la même famille. Alors il déconne. On va dire ça. Puisqu'elle s'en fout et Matei s'en fout, il s'en fout.
« J'sais plus, tu l'as pas vu par terre dans l'couloir en rentrant ? » Il roule pas des yeux cette fois, il la fixe avec un sourire niais en papillonnant des cils. Prends-moi pour un con. C-h-i-a-n-t-e. Et putain qu'est-ce qu'ils peuvent se ressembler, c'est dingue parce qu'il l'a pas eue comme modèle pourtant, il est devenu comme ça pendant qu'elle était partie chercher l'herbe verte ailleurs. « C'est son père qui l'a. En attendant. » Il s'enfonce à nouveau dans le fauteuil, satisfait d'avoir au moins eu son info. Il se demande si c'est aussi pénible que ça de lui tirer les vers du nez à lui. Il sait que c'est au moins aussi pénible que ça en fait. Y en a qu'ont du courage, et pas étonnant qu'ils soient pas nombreux. Étonnant qu'ils existent. Mais il existe, lui, et il est pas prêt de la jeter sa sœur déglinguée. « Il est bien son père ? T'étais avec lui alors ? » Toute cette année, avant de revenir. Il sait toujours pas si elle vraiment revenue, si elle était vraiment partie. Il sait pas si elle a fait le tour du monde ou seulement le tour de la ville. Il sait pas si elle a préféré ne pas le voir pendant un an — dix ans — alors qu'elle était juste à côté ou si elle était loin. Ça change pas grand-chose au final mais ça lui resterait davantage en travers de la gorge si elle était pas au moins à l'autre bout du pays. C'est pour ça qu'il demande pas, il préfère encore ne pas savoir. Par contre il pense pouvoir encaisser qu'elle ait choisi un mec plutôt que sa famille, mais il est pas tellement convaincu que ce soit ça l'histoire. Il est pas sûr que Lena choisisse qui que ce soit, peut-être même pas elle-même. Enfin, jusqu'à Matei. Ça doit changer la donne, Matei. À moins que le raté dans l'instinct maternel soit héréditaire, pour ce qu'il en sait. Il fixe son regard las sur ses jambes repliées devant elle. Y a de la place pour Matei ? Peut-être un peu, juste dans le creux, là, entre ses genoux et son ventre. Mais il va grandir, il lui en faudra plus que ça. « Tu sais, il s'en rendra compte à un moment. Si j'suis son parrain. » Et ça lui fout le vertige quand il réalise. Cette permanence. La place qu'il prend déjà, pas juste dans la carte mémoire d'un téléphone. « Il va pas s'envoler. » Nan, il est là pour rester. Mihail aussi. Et toi Lena ? « 'fin pas sans toi. » La supplique pas tout à fait dissoute dans l'acide, il cueille au vol le regard de sa sœur. T'envole pas encore.
|
| | |
Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) Mar 14 Aoû - 23:41 | |
| Elle ramène les genoux contre sa poitrine, encore plus près, toujours plus près. Ça a plus rien de confortable comme position, mais elle s'obstinue à tuer les quelques centimètres de vide restant, le creux impossible entre ses jambes et son cœur. Parce qu'y a que l'idée de Matei qu'elle peut tenir pour l'instant, ça prend rien de place, un fantôme, elle peut en faire ce qu'elle a toujours voulu. Bien le planquer au chaud, le garder contre elle et pour elle, mentir à toute la surface de la terre. Matei ? C'est que le produit de son imagination, et elle en a une très bonne. Matei, il existe pas. Il a jamais existé. Elle ment comme elle respire, elle a jamais été honnête, pourquoi ça changerait maintenant ? Forcément, ils se mettent tous à la croire quand elle en a surtout pas besoin. L'étau se ressert d'un cran, y a des cris qui commencent à remonter ses mains, les coudes qu'elles retiennent fermement. Passé le seuil du supportable mais elle s'accroche. Mihail la regarde depuis son fauteuil, elle lui renvoie la pareil avec calme comme si elle crevait pas de se lever et de se dégourdir les jambes avant de les perdre pour de bon. Faire semblant. Faire bonne figure. Matei ? Il existe que pour elle. Et ils ont réussi à lui arracher à même la tête, qu'ils s'étonnent pas pour toutes les fois où elle se tord de douleur après. Ils l'ont écorchée vive avec leurs griffes sales. « Il est bien son père ? T'étais avec lui alors ? » Elle s'étouffe sur un rire, un faux, un mélange de surprise et de colère et de putain. Il pouvait pas taper pire. Il pouvait pas savoir. Prise de court, elle lui renvoie la question, certaine de l'avoir comprise mais prête à jouer les idiotes à tout prix. « Quoi, Asher ? » Les négatifs de la soirée défilent à ses yeux, l'engueulade, les cris, la porte qui claque comme un élastique entre ses mains. A trop tirer dessus, c'était voué à lâcher. Le film saute, elle veut plus revoir, c'est trop d'un coup. Elle relève le menton, ça colle pas avec la façon dont son dos est courbé, signaux dans cinq directions à la fois. Elle sait plus laquelle emprunter. « J'étais pas avec, non. » C'est un début. C'est insuffisant au possible. Elle soupire et vise le plafond, la lèvre inférieure prise au piège entre ses dents. Il est bien ? Non. Il a fait un nombre incalculable d'aller-retours sur la ligne de son palpitant, depuis, y a plus rien. Non. Elle a jamais retiré le garrot, la veine est toujours gonflée et prête à ce qu'il lui envoie une nouvelle dose. Et elle reste le bras tendu comme une junkie désespérée, sourde aux crampes. « On a eu un différent, » elle aurait pu lui arracher la tête, « ça s'est mal fini. Il savait pas pour Matei, quand, tu sais. » Quand elle a encore filé. Peut-être qu'il aurait jamais su si elle avait réussi à tenir toute seule. Elle hausse des épaules. « J'savais pas non plus. » Ça fait moins conasse si elle l'avoue ? Il faut quoi pour avoir Mihail de son côté de l'histoire. Il faut quoi pour qu'elle arrête de vouloir rallier pour mieux abandonner, ça devient malsain. « Tu sais, il s'en rendra compte à un moment. Si j'suis son parrain. » Il se rendra compte de beaucoup de choses, quand il sera trop grand pour qu'elle puisse prétendre qu'il vit seulement dans un coin de son esprit. Ça lui fait peur. La réalité est floue, elle est à demie-prise dans son propre mensonge. Il existe pas. « Il va pas s'envoler. » S'il est pas vrai, ça ira. « 'fin pas sans toi. » Plongeon au fond des yeux de son frère. Elle relâche enfin ses genoux. « C'est pas comme si j'pouvais vraiment m'en aller, là. » Tiède, ça sort pas cinglant. Comprend ce qu'elle peut pas dire. Comprend qu'elle peut pas promettre, l'attacher c'est lui payer un aller simple en dehors de Savannah. « Ils m'aiment trop ici, Elena par ci, Elena par là. J'te jure, je les entends. Ils parlent toujours de moi à la pause. » C'est jamais avec des termes très flatteurs. « Ils m'lâcheront pas. D'ici que j'sorte, t'as le temps de revenir. » Si tu veux. Son regard se perd sur son frère, lui maintenant, lui plus jeune. S'il est pas vrai, ça ira, hein ? Petit comme il est, elle peut ranger et lui faire une place, comme ça même loin il sera toujours là. S'il est pas vrai, s'il existe pas. S'il existe que pour elle. Elle se tord les mains. Onze pauvres années pour se rendre compte qu'il est bien là. |
| | |
☽ ☾
| Sujet: Re: oh, sister (elena) | |
| |
| | | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |