Vingt-et-une heures. Il sort à peine de la douche et ne se sèche qu'à moitié avant d'enfiler ses fringues à la va-vite. T-shirt qui colle à sa peau encore humide, cheveux en vrac encore trempés – ça coule jusque dans sa nuque. Il a des airs de clébard abandonné mais c'est trop tard pour essayer d'y faire quelque chose. Il verrouille la porte derrière lui et descend les marches quatre à quatre, clope perchée au bord des lèvres, l'air pressé.

Quand il arrive devant le Garage, c'est déjà bondé. Tellement qu'il se demande s'il reste encore des places à acheter. Il soupire, jette un œil à son portable pour vérifier si sa cible de la soirée lui a envoyé quelque chose.

Rien. Il en déduit qu'elle est pas encore là.

Il se fraie un chemin entre les gens, joue un peu des coudes et de la voix pour arriver jusqu'à l'entrée. C'est là qu'elle a demandé à se retrouver. Il scanne les environs, observe les filles postées là, mais aucune ne semble correspondre à girly_albanian. Trop maigre, trop grosse, beaucoup trop blanche ou pas assez, trop vieille, trop jeune, et un tas de donzelles en groupe qui n'ont pas l'air d'attendre qui que ce soit. Ça commence déjà à l'agacer. Il dégaine son portable, prêt à envoyer un message, mais une silhouette attire son attention avant qu'il aille au bout de son geste.

Il ricane.
Mads fait tache dans le décor.

Il s'approche d'elle l'air de rien et vient se poster à ses côtés, crachant un nuage de fumée dans sa direction quand elle lève la tête. « Rassure-moi, t'es au courant qu'c'est pas un concert de Taylor Swift et ses copines ? » Il a jamais vu sa playlist, mais il est persuadé que c'est le genre de conneries qu'elle écoute. « Tu t'es perdue ou quoi ? » Son sourire est si moqueur que c'en est presque insultant. Il le sait – comme souvent, c'est fait exprès. Il sait pas quand arrivera son rencard du soir, mais au moins avec Mads, il a de quoi passer le temps.

Toujours arriver en retard. Question de principe.
Elle traine devant le miroir, essaye toutes les combinaisons possibles et imaginables de ses fringues avant de se décider. Mini-jupe en jean, particulièrement moulante - et courte - et un petit top blanc qui ne cache pas grand-chose. Une paire de petites baskets blanches aux pieds - histoire de compenser avec le reste... plus ou moins en tout cas - et elle est prête. Elle ne se maquille pas - ça la saoule - et elle n'attache pas non plus ses cheveux - elle a du mal à se sentir elle-même avec sa crinière emprisonnée dans des élastiques. Elle vérifie l'état de sa manucure malgré tout, se parfume déraisonnablement et quitte sa chambre enfin parée. Elle devrait déjà être là-bas. Elle s'en fout.

Quand elle débarque sur place, elle vérifie son téléphone. Rien. Il n'est pas encore là ? Elle voit rouge. Si elle trouve parfaitement normalement d'arriver en retard, elle ne supporterait pas qu'il lui fasse subir le même traitement. Elle se traine jusqu'à l'entrée du Garage, ses yeux qui balaient les alentours. Ils auraient dû s'échanger une photo de leurs visages, ç'aurait été quand même plus simple. Et puis s'il était moche, ça lui aurait éviter de perdre son temps. Elle peste en silence, se maudissant d'avoir voulu jouer le jeu. Elle se pose contre le bâtiment et sort son téléphone, prête à lui envoyer quelque chose quand une voix l'interpelle, la faisant légèrement sursauter au passage.

— Rassure-moi, t'es au courant qu'c'est pas un concert de Taylor Swift et ses copines ? Elle agite sa main devant elle pour chasser la fumée qui vient lui heurter le visage, toussant sans trop de raison - pour le principe, encore une fois. Et quand elle comprend qui s'adresse à elle, elle lève les yeux au ciel, déjà saoulée. — Seven. Génial. Elle détourne la tête, ne lui donnant pas plus d'attention - il aime trop ça. — Tu t'es perdue ou quoi ? Elle souffle bruyamment avant de tourner la tête vers lui pour le foudroyer du regard. Les sourcils haussés elle lui fait les gros yeux. — J'attends quelqu'un et ta gueule de merdeux risque de le faire fuir alors s'te plait, barre-toi Seven. Elle lui offre un sourire hypocrite avant de baisser les yeux sur son téléphone tout en secouant la tête de gauche à droite. Elle pianote sur les touches pour envoyer un message à ce connard en retard.

T'es où ?!!

« Seven. Génial. » Ça le fait marrer. À peine une phrase qu'elle a déjà l'air lassée de lui, passablement énervée. Il lui en faut peu pour péter les plombs – il trouve même qu'elle est pire que lui. Alors elle a beau détourner la tête, il continue d'afficher son sourire en coin, fier que sa simple présence suffise à l'emmerder. Et il peut pas s'empêcher de se foutre d'elle, parce qu'elle fait tache à côté de lui ou peut-être que c'est l'inverse, il sait plus trop. Ses yeux glissent quand même jusqu'à ses cuisses dénudées, alors qu'elle le fusille du regard. « J'attends quelqu'un et ta gueule de merdeux risque de le faire fuir alors s'te plaît, barre-toi Seven. » Son sourire s'élargit. « Nan j'vais pas t'laisser toute seule, tu serais trop triste. » Il est toujours partant pour faire capoter les plans des autres. Et pendant qu'elle baisse la tête sur son portable, il se sort une clope en ricanant.

Il tire une taffe. Sa poche vibre. Quand il affiche le message, ses sourcils se froncent.

Ses yeux se mettent à scanner les alentours jusqu'à retomber sur Mads. Mads sur son portable. Mads qui attend quelqu'un. Mads fringuée comme si elle avait un rencard. « Putain. » Il sait plus trop s'il a envie de rire ou de se barrer. À défaut, il fait aucun des deux. « Sérieusement ? De toutes les chaudasses de Savannah, faut qu'j'tombe sur la plus casse-couilles ? » Des filles pénibles, il en connaît des tas. Mais des comme Mads, y en a qu'une.

Il lâche un soupir en tendant son téléphone vers elle, la conversation avec girly_albanian qui s'affiche à l'écran. « C'toi ? » Il demande pour la forme – le doute est plus vraiment permis. Il tire un peu la gueule, se vengeant sur sa cigarette comme pour se donner l'énergie d'affronter miss prise de tête. « Bon, bah on va devoir baiser maintenant. » C'est lâché sans le moindre enthousiasme, à croire que c'est une punition et qu'on l'a condamné contre son gré. Pourtant, quand ses yeux glissent sur sa silhouette à nouveau, y a l'esquisse d'un sourire qui revient. Elle a beau être invivable, il crache pas dessus.

— Nan j'vais pas t'laisser toute seule, tu serais trop triste. Penchée sur son téléphone, elle ricane, mauvaise. — J'suis jamais triste quand il s'agit d'me débarrasser de toi morveux. Message envoyé, elle relève la tête pour le regarder, lui offrir un large sourire teintée d'une fausse innocence ; insupportable. Puis elle croise les bras et s'affaisse contre le mur derrière elle en soupirant bruyamment - au cas ou il n'avait pas encore bien compris qu'elle était saoulée. Elle le voit sortir sur son portable mais elle ne fait pas attention à lui. Elle se concentre sur tous les mecs qui passent dans le coin, continuant de se demander à quoi il peut ressembler. — Putain. Elle ne réagit pas, elle s'en fout de lui. — Sérieusement ? De toutes les chaudasses de Savannah, faut qu'j'tombe sur la plus casse-couilles ? Elle se marre, moqueuse, toujours sans le regarder. Ses yeux scrutent la foule. Elle fait claquer sa langue sur son palais et souffle tout bas, provocatrice. — Karmaaaa. Il se mouve à côté d'elle, brandissant son téléphone dans sa direction. Elle soupire brièvement et tourne la tête pour regarder ce qu'il lui montre, sans comprendre pourquoi il s'évertue à vouloir communiquer avec elle - c'est clairement pas le moment. Et là, c'est la douche froide. Elle écarquille les yeux et se décolle du mur. — ... Putain ! Qu'elle reprend, après une seconde de perplexité. Son regard qui vrille dans celui de Seven, l'indignation brûle ses rétines. Non, c'est pas possible. — C'toi ? Elle voudrait bien dire que non, mais elle s'est déjà grillée. Elle ferme les yeux et se laisse retomber contre le mur, plaçant ses mains sur son visage, honteuse. Et dire que ce sale petit con a des photos compromettantes d'elle. Comme si le fait d'avoir couché avec elle si jeune ne suffisait déjà pas à le faire jubiler en sa présence. Elle retiendra la leçon pour les rencontres suivantes : toujours demander à voir la tête en premier. — Bon, bah on va devoir baiser maintenant. Elle retire subitement ses mains et se redresse tout en échappant un bref éclat de rire sarcastique. Elle tourne la tête vers lui et son expression change du tout au tout. Regard noir, elle le fusille. — Même pas en rêve trouduc, je ferais pas cette erreur deux fois. Elle secoue la tête de gauche à droite et balance son sac à main sur son épaule. — J'me casse, va t'trouver une autre chaudasse c'est pas c'qui manque ici. Frustration naissante dans ses entrailles, elle s'était déjà imaginée terminer dans le lit de ce mec, à laisser ses doigts et ses lèvres parcourir les sillons creusés par ses abdos légèrement apparents et ses nombreux tatouages. Putain de karma de merde.

« J'suis jamais triste quand il s'agit d'me débarrasser de toi morveux. » Elle continue à le traiter comme quand il avait treize ans et ça lui donne envie d'lui montrer qu'il en a sept de plus maintenant, mais la vibration de son portable le coupe dans son élan.

T'es où ?!!

Il l'observe et il finit par faire le rapprochement – y a trop de coïncidences pour que ça soit un réel hasard. « Karmaaaa. » Elle imagine pas à quel point. Y a une pointe de moquerie dans l'fond de ses yeux, quand il tend son portable vers elle. « ... Putain ! » Au moins ils sont sur la même longueur d'ondes. Partagé entre l'agacement et la déception, il peut pas s'empêcher de sourire en coin quand il voit combien elle a l'air indignée. Sûrement qu'elle pense valoir mieux que lui. Sûrement qu'elle a pas tout à fait tort, mais c'est quand même sur lui qu'elle a jeté son dévolu. Il est prêt à faire avec, de toute façon s'il est là c'est pas pour lui faire la conversation, alors il peut passer outre son caractère de merde.

À en juger par la gueule qu'elle tire et son rire sec, c'est pas réciproque. « Même pas en rêve trouduc, je ferai pas cette erreur deux fois. » Erreur. Ça le fait ricaner, parce que c'est ce qu'elles disent toutes quand elles se réveillent à côté de lui. Il a l'habitude. « J'me casse, va t'trouver une autre chaudasse c'est pas c'qui manque ici. » Elle a l'air prête à se tirer mais il lui barre le passage, refusant de se pousser pour la laisser s'échapper. « Roh allez, moi j'commençais à bien l'aimer, girly_albanian. » Ses lèvres s'étirent dans cet angle aussi charmeur qu'insupportable, alors qu'il termine sa clope et l'écrase sans quitter Mads des yeux. « Puis maintenant que j'sais qu'c'est toi, j'veux bien monter à sept et demi. J'vois qu'y a eu de l'amélioration. » Il a envie d'la voir fulminer autant qu'elle a dû le faire quand il lui a collé un sept sur dix. La situation le fait plus jubiler qu'autre chose, et il a même pas la décence de le cacher. « Si t'es venue c'est qu't'as kiffé aussi. » Elle peut même pas essayer de lui mentir. Son sourire se fait arrogant quand il se rapproche, quand il accroche ses mains à ses hanches tranquillement. « T'es pas tombée sur moi pour rien. » Il se penche, sa bouche qui vient se caler tout près de son oreille, sa voix qui sonne trop moqueuse. « Karma. »

Elle est déjà prête à se tirer mais il lui barre le passage - classique. Elle s'arrête et soupire, lui jetant un regard noir. Elle sait déjà qu'il ne va pas lâcher le morceau, qu'il va insister, tout tenter. Elle le connait encore pas si mal que ça, malgré les années passées. Elle détaille son petit sourire arrogant et elle voudrait le griffer pour le faire disparaitre - ça l'agace trop. Ça se voit, elle le sait et ça l'énerve encore plus, parce qu'elle l'imagine très bien jubiler. D'ailleurs, pas besoin d'imaginer. C'est flagrant, c'est écrit en lettres capitales sur le front de ce petit con. Putain, mais qui a pu enfanter un emmerdeur pareil ? — Roh allez, moi j'commençais à bien l'aimer, girly_albanian. Elle ne dit rien et se contente de rouler des yeux avant de fixer un point dans la foule, bras croisés sur sa poitrine. Elle n'a pas envie de coopérer pour l'instant. — Puis maintenant que j'sais qu'c'est toi, j'veux bien monter à sept et demi. J'vois qu'y a eu de l'amélioration. Ce sont les mots de trop. Mads se fige, l'égo piqué à vif. Elle tourne lentement la tête vers lui, yeux écarquillés, prête à lui bondir à la gorge pour dévorer ses cordes vocales et lui faire regretter cet affront. Elle tente de se contenir, parce qu'elle sait qu'il fait exprès. Mais c'est trop dur pour elle, elle n'arrive pas à calmer sa fierté embrasée. Ses bras qui se contractent, ses doigts qu'elle plante dans sa peau et elle serre les dents pour se retenir de lui retourner une gifle - en fait, elle sait pas bien pourquoi elle se retient. — Si t'es venue c'est qu't'as kiffé aussi. N'importe quoi. Elle retient un hoquet indigné, ses yeux toujours braqués dans les siens alors qu'il fait le malin. Un petit coup de genoux bien placé et on en parle plus. C'est terriblement tentant mais elle n'arrive pas à s'y résoudre - et c'est clairement pas à cause de la pitié. Fait chier. Il se rapproche, ses mains qu'il pose sur ses hanches, ça fait passer un courant électrique qui remonte jusque dans son dos et crispe ses épaules. Elle ne se défend pas, se contente de le mitrailler du regard. — T'es pas tombée sur moi pour rien. Un bref rire méprisant - ou dépité, elle ne sait plus trop. Parce qu'il a trop raison et que ça commence à sérieusement la gonfler. Il tente le tout pour le tout, ses lèvres qu'il glisse près de son oreille pour murmurer le mot de trop. Ça éclate sous sa peau et elle craque. Sa main vient agripper les cheveux de Seven et elle tire dessus pour l'obliger à se tordre un peu, la tête penchée en arrière. — J'suis un putain de 10/10 petit con ! Trop plein d'assurance, il en a toujours été ainsi. Elle approche son visage du sien, ses lèvres qui frôlent un peu les siennes tandis qu'elle ajoute, dents serrées. — Admet-le ou tu peux aller t'branler. Prête  à se vendre pour un compliment satisfaisant, elle n'a pas changé.

Elle se laisse faire. Quand il se rapproche, quand il s'agrippe à ses hanches – elle le repousse pas et il sait qu'il a déjà gagné. Il sait qu'elle va craquer, peu importe combien elle essaie de faire celle qui s'en fout. Les provocations ont toujours marché sur Mads, parce qu'elle a encore moins de patience que lui.

Ça ne loupe pas.

Ses lèvres trop près de son oreille, défi ultime et elle explose, ses doigts de furie qui emprisonnent ses cheveux en vrac pour le forcer à basculer la tête vers l'arrière. Il a le sourire moqueur et un brasier au fond des yeux. « J'suis un putain de 10/10 petit con ! » Ça le fait rire, à mi-chemin entre le foutage de gueule et l'amusement sincère. La poigne qui tire sur ses mèches ne le perturbe pas le moins du monde ; au contraire même. Ça lui plaît. « Hmm ? » Il continue à la chercher, sourcil arqué d'un air narquois. Même pas besoin d'ouvrir la bouche pour remettre sa parole en doute.

Leurs visages sont soudain beaucoup trop proches et ses lèvres s'étirent un peu plus alors que celles de Mads les frôlent. « Admets-le ou tu peux aller t'branler. » Cette fois il ricane. Ses doigts s'enfoncent plus fort dans ses hanches, pressant la chair jusqu'à faire mal – le genre qui fait du bien. « J'préfère qu'ce soit toi qui t'en charges. » Et il se met à avancer pour la forcer à reculer, encore et encore jusqu'à ce qu'elle heurte le mur contre lequel elle était appuyée un peu plus tôt. Il cherche même pas à se défaire de l'emprise qu'elle a sur ses cheveux, se contentant de bouger la tête comme il veut et tant pis si ça tire, tant mieux si ça fait mal. Elle peut tout arracher si ça lui chante, il a déjà planté ses griffes dans sa peau et il lâchera pas. Maintenant il veut y plonger les crocs.

Il finit par libérer ses hanches pour venir chasser sa tignasse de lionne, libérer la place pour qu'il puisse se pencher dans son cou. Son bassin se colle au sien, ses mains finissent leur course au creux de ses reins, dangereusement bas. Toujours un sourire en coin, ses lèvres viennent se glisser contre l'angle de sa mâchoire, l'effleurant tout du long pour mieux descendre vers sa gorge, son souffle qui coule sur sa peau comme une traînée de lave. « S'tu veux un dix, faut m'prouver que tu l'mérites. » Il obéira pas si facilement mais il sait qu'elle non plus, c'est les fiertés en étendard et leurs délires narcissiques qui se font la guerre. Ses dents lancent l'assaut quand elles s'attaquent sournoisement à sa jugulaire.

— Hmm ? Elle ne peut pas s'empêcher de se demander comment il peut être encore en vie avec de telles attitudes. Il est tellement exaspérant que ça lui refile des envies de meurtres même à elle. Alors vu les gens qu'il fréquente généralement, c'est surprenant qu'il soit toujours là. Elle provoque, elle tire, il adore, ça l'énerve. — J'préfère qu'ce soit toi qui t'en charges. Lèvres retroussées dans un mouvement de mépris. — Même pas en rêve. Pourtant, c'est pas l'envie qui manque et c'est bien ça le problème. Elle n'a jamais compris pourquoi il lui plaisait. Jamais compris comment elle avait pu se laisser tenter à l'époque. Et ça la révolte de voir que l'histoire est à deux doigts de se répéter ce soir. Elle pourrait trouver mieux que lui facilement, mais elle n'est plus capable de repartir en chasse. Trop énervée pour se focaliser sur autre chose, il a toute son attention. Les doigts de Seven s'enfonce et malmène sa peau, elle serre les dents, le souffle qui devient irrégulier sous l'effet de l'euphorie. Elle se laisse faire quand il avance, son dos qui heurte le mur et lui arrache un hoquet qui ressemble vaguement à un soupir d'excitation. Yeux revolvers, elle voudrait le mitrailler et le voir tomber à terre, mais elle ne fait que s'agripper encore plus à lui. Il redresse la tête malgré sa poigne, elle pince les lèvres frustrée mais ne le lâche pas pour autant. Sa main libre qui se pose sur son torse, comme pour le forcer à se maintenir à distance d'elle. Il s'en fout, il l'ignore. Il libère ses hanches et ça laisse un froid là où il était en train de la brûler. Il dégage ses cheveux et elle fronce les sourcils, l'observant faire sans plus rien dire, cherchant à calmer ses palpitations - ses traitresses. Il vient se plaquer contre elle, sa main qui se retrouve prise en étau entre leurs deux bustes. Leurs bassins qui se heurtent et elle retient son souffle une seconde, ignorant la chaleur qui se diffuse déjà dans cette zone. Elle se cambre malgré elle quand les mains du garçon se posent un peu trop bas. Les lèvres de Seven se glissent dans son cou, elle enfonce ses doigts dans son crâne, réaction immédiate. Il joue avec ses nerfs et ça la rend folle de se sentir partir en combustion pour si peu de choses. — S'tu veux un dix, faut m'prouver que tu l'mérites. Elle revient un peu à elle, échappant un petit ricanement mauvais. Elle sent les dents de Seven s'enfoncer légèrement autour de sa jugulaire et elle réagit aussitôt. Elle libère ses cheveux et se tortille pour venir attraper ses joues entre ses doigts. Elle presse et l'oblige à reculer sa tête, plantant son regard furieux dans le sien. — J'sais que t'es un putain d'chien Seven, mais range tes crocs. Rictus mauvais, elle retrouve sa contenance. Elle profite de sa main sur son torse pour recommencer à le pousser en arrière pour briser un peu cette proximité qui la rend trop docile à son goût. Ses ongles s'enfoncent carrément dans la peau de Seven alors qu'elle continue de serrer ses joues. — Si y a quelqu'un qui a quelque chose à prouver ici c'est toi. Si tu m'veux, va falloir me convaincre de me laisser tenter malgré la déception de la dernière fois. Elle s'en fout de savoir qu'il n'avait que 13 ans, de savoir que c'était sa première fois. Va falloir lui prouver qu'il s'est amélioré depuis. Elle n'a pas de temps à perdre avec une deuxième fois tout aussi décevante.

« Même pas en rêve. » Il sait qu'elle ment. Il sait qu'elle le veut – c'est dans son regard assassin et l'accélération de son souffle, sa peau qui brûle à son contact et sa cambrure quand ses mains s'aventurent dans la chute de ses reins. Alors il prête aucune attention à ses fausses protestations, à la main posée sur son torse et aux doigts qui continuent de tirer ses cheveux. C'est pas important quand il glisse ses dents contre sa gorge.

Si elle libère enfin ses mèches c'est seulement pour se rabattre sur ses joues, le forçant à reculer son visage même s'il n'en a aucune envie. Il fronce un peu les sourcils, frustré, leurs prunelles qui s'affrontent à nouveau. « J'sais que t'es un putain d'chien Seven, mais range tes crocs. » Elle affiche un rictus, il la mime. Ses mots à moitié avalés parce qu'il a du mal à articuler avec la pression qu'elle exerce toujours sur ses joues. « Qui s'ressemble s'assemble, pas vrai ? » Il pousse la provocation jusqu'au clin d'œil insolent.

Elle continue à le pousser vers l'arrière mais il refuse de s'éloigner réellement, son buste séparé du sien mais ses bras qui encadrent toujours sa taille. Maintenant qu'il la tient, il lâchera plus.

Elle a raison il n'est qu'un chien et elle est l'os qu'il a décidé de ronger. Jusqu'à la moelle.

Les ongles qui s'enfoncent dans sa chair lui arrachent un rire dans un souffle. Il s'amuse tellement que c'est indécent. « Si y a quelqu'un qui a quelque chose à prouver ici c'est toi. Si tu m'veux, va falloir me convaincre de me laisser tenter malgré la déception de la dernière fois. » Il plisse un peu les yeux, piqué dans sa fierté. Bien sûr que c'était décevant – il avait treize ans et elle était sa première fois. Pourtant il prend pas la peine de se défendre, il sait qu'elle le provoque en pleine connaissance de cause. Alors plutôt que les mots il choisit les gestes. D'une main, il attrape celle qui emprisonne son visage, tirant dessus jusqu'à la forcer à lâcher et tant pis si elle le griffe au passage. Il saisit son poignet fermement pour l'empêcher de revenir à la charge, sa main libre qui glisse de ses reins à la courbe de ses fesses et qui continue sa course jusqu'à s'aventurer à l'avant de ses cuisses. Son visage penché de manière à ce que leurs souffles se mêlent, ses phalanges continuent d'effleurer sa peau dénudée jusqu'à se faufiler sous sa jupe, frôlant sa peau et son sous-vêtement sans la toucher réellement. Il se contente de jouer avec le feu, mais se refuse à l'allumer. « J'ai pas besoin d'te convaincre. » Comme s'il était persuadé d'avoir déjà gagné.

Pourtant, il la relâche. C'est soudain et ça manque de délicatesse, il coupe tout contact sans prévenir, se reculant de quelques pas. « Mais j'ferai p't'être mieux de chercher un vrai dix sur dix, finalement. » Menton levé, sourire narquois. Il sort son paquet de clopes en se désintéressant d'elle, comme si elle était même pas aussi séduisante qu'une dose de tabac.

— Qui s'ressemble s'assemble, pas vrai ? Et il ponctue le tout d'un clin d’œil. Elle se demande encore comment c'est possible d'être aussi casse-couilles que ce mec. Elle plisse les yeux et fronce le nez, agacée. L'air de dire 'hinhin, très drôle'. Mais au fond, il n'a pas tort, elle le sait. Ça l'énerve. Elle a beau avoir calmé le jeu ces derniers temps, pour diverses raisons, elle ne peut pas nier son passé sulfureux. Aventurière avide de corps nouveaux, elle n'est jamais pleinement satisfaite. Un bon psy dirait probablement que c'est parce qu'elle ne cherche pas du bon côté. C'est sûrement pour ça qu'elle ne voit pas de psy, pour ne pas entendre ce qu'elle n'est pas encore prête à accepter.

Il se marre mais son rire se dissipe rapidement alors qu'elle lui rappelle leur dernière fois. Elle remonte à loin, certes, mais elle n'a pas oublié et lui encore moins. Sa première fois. Ça a quelque chose de jouissif de se dire qu'il ne pourra jamais l'oublier. Alors que lui n'a été qu'une coucherie parmi les autres. Une erreur, de toute évidence. Et aussitôt il se remet en mouvement, pour reprendre l'ascendant. Sa main qui tire celle qui serre ses joues. Elle s'accroche, les ongles qui râpent la peau, histoire de lui laisser un petit souvenir de son insolence. Mais elle ne résiste pas plus, elle sait que c'est inutile. Mads n'est pas de ces filles qui peuvent faire face physiquement à un homme. Sûrement qu'elle n'en a pas envie non plus. Se complaisant dans son rôle de poupée de verre. Poupée féroce, mais poupée quand même. Il serre son poignet et elle sait déjà que les marques resteront dans les jours à venir ; elle a l'habitude. Fichue manie de fréquenter des mecs qui ne connaissent pas le principe de tendresse. Il laisse glisser son autre main jusqu'à la courbure de ses fesses avant de la passée sur sa cuisse et de s'aventure sur la jupe. Il se penche sur elle, elle se contracte, son regard qui ne quitte pas le sien pour autant. La poitrine qui se bombe légèrement, par réflexe. Leurs souffles impatients qui s'affrontent, l'air qui s'électrise nettement autour d'eux. Elle en oublie même les regards posés sur eux, à la fois curieux et inquiets. — J'ai pas besoin d'te convaincre. Son visage se braque, œillade mauvaise. Pourtant, elle est prête à céder. Sauf qu'il arrête tout. Elle ne l'avait pas vu venir. Il la relâche et s'écarte, provoquant un courant d'air glacé qui s'éclate sur sa peau. Frisson désagréable qui remonte le long de son dos, la chaire de poule qui se dessine un peu partout. Elle écarquille les yeux, scandalisée. Le sale con. — Mais j'ferai p't'être mieux de chercher un vrai dix sur dix, finalement. Elle se redresse et passe une main dans ses cheveux pour se redonner un peu de contenance. Lèvres pincées, sa fierté mise à mal par ce gamin arrogant. — Toi et moi on sait que tu n'trouveras pas. Ça claque, le ton sec. Mais elle refuse d'abandonner le jeu si facilement et de le laisser gagner de cette façon. Son honneur ne s'en remettrait pas. Coup d’œil rapide autour d'elle, les gens sont nombreux mais elle décide de s'en foutre. Intrépide, elle agit encore comme une adolescente incapable de se contrôler. Et sans plus hésiter, elle retire sa culotte. La fait glisser le long de ses jambes halées et avant de finalement la ranger soigneusement dans son sac-à-main. Elle relève la tête, pose son regard dans celui de Seven, persuadée d'avoir toute son attention désormais. Elle hausse les épaules, un faux sourire tranquille sur les lèvres. — Mais ok. Bonne chasse alors. Son sourire qui s'élargit, à mi-chemin entre la séduction et l'envie de meurtre. Et puis elle se détourne, affronte tête levée les regards braqués sur elle et commence à s'éloigner, démarche chaloupée, histoire qu'il réalise bien ce qu'il va rater.

« Toi et moi on sait que tu n'trouveras pas. » Il ricane. Peut-être qu'elle a raison, il le sait et dans le fond, il s'en fout un peu. C'est pas toujours des dix qui finissent dans ses draps, mais tant que ça suffit à satisfaire ses pulsions, il en demande pas beaucoup plus. Alors il affiche un rictus arrogant, menton levé trop haut, à la jauger comme si elle était définitivement pas à la hauteur. « Tu veux parier ? » Et il est déjà prêt à chercher autour d'eux s'il voit une jolie fille – une qui pourrait agacer Mads s'il la mettait en compétition avec elle, qui pourrait venir froisser cet ego aussi large que le sien. Mais elle se met à guetter les alentours elle aussi, le faisant arquer un sourcil perplexe. Encore plus quand elle se met à bouger.

Il a un rire incrédule quand elle ôte sa culotte.

Ses yeux suivent le mouvement le long de ses cuisses, jusqu'à ce que le bout de tissu arrive à ses chevilles et qu'elle le retire complètement. Elle a regagné tout son intérêt alors qu'il tire sur sa clope, prunelles aimantées à Mads, le brasier qui redouble d'intensité. Faut croire qu'elle sait comment communiquer avec lui. « Mais ok. Bonne chasse alors. » Douche froide.

Elle affiche un sourire salaud, et elle s'en va. Juste comme ça.
La garce.

Il l'observe une seconde, les dents qui s'enfoncent dans sa lèvre inférieure alors qu'il secoue doucement la tête. Sa fierté voudrait qu'il la laisse partir sans un mot ni un regard, qu'ils finissent la soirée chacun de leur côté, le goût amer de la frustration en fond de bouche. Mais il peut pas se résoudre à ignorer sa provocation finale. Pas alors que ses veines flambent et qu'un crépitement s'éveille déjà dans son bas-ventre. Ça le pousse à se mettre en marche derrière elle rapidement, clope abandonnée sur le bitume, ses doigts qui attrapent le bas de sa jupe quand il arrive à sa hauteur. Il la tire vers le haut brusquement pour dévoiler ses fesses, relâchant le tissu quand Mads fait volte-face. Sa main coupable vient se placer devant sa bouche alors qu'il prend un air faussement stupéfait, les yeux un peu écarquillés et les sourcils haussés. « Ouhhh, tu devrais pas t'balader cul nul quand y a du vent comme ça. » Il tient le masque encore dix secondes avant d'afficher un large sourire, dévoilant ses dents mal alignées. « Mais merci pour le spectacle. » Il se rapproche d'elle avec assurance, bien décidé à ne plus laisser de distance entre eux. La vérité c'est que le jeu s'éternise un peu trop à son goût. Elle cède pas assez vite, et il n'a pas la patience de continuer le bras de fer indéfiniment. Alors il finit par enrouler un bras autour de sa taille pour l'attirer à lui avec un peu trop de vigueur, la faisant prisonnière, ses phalanges qui se faufilent doucement sous son t-shirt pour aller au contact de sa peau. Il se penche un peu plus dans sa direction, ses lèvres proches des siennes, son souffle brûlant s'écrasant contre elles. « Si t'arrêtais d'faire ta diva maintenant ? Paraît qu'j'ai des trucs à t'montrer. » Et il n'a plus envie de tourner autour du pot. Pas après qu'elle ait déclenché un incendie au creux d'ses entrailles.