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Invité ☽ ☾
| Sujet: I need a dollar (Merle) Lun 18 Juin - 0:10 | |
| Y’a des mots qui résonnent dans sa tête et qu’il ne comprend pas. Les yeux rivés sur une pile d’enveloppes encore fermées, tamponnées de rouge pour la plupart. Il panique. Le cœur qui s’affole, les paumes moites au point d’en souiller le courrier, il ne sait pas quoi faire, ne sait pas qui appeler à l’aide, ne sait pas réfléchir calmement à tout ça. On va vous couper l’électricité, qu’on lui a dit au téléphone, un monsieur pas sympa avec une voix caverneuse d’ours mal léché. Il a bien proposé de lui offrir des fleurs, supplié qu’on lui explique en détails les démarches à suivre. Mais on a cru qu’il se moquait, on lui a raccroché au nez et on l’a laissé seul avec ses larmes et ses papiers. Aucune phrase du manuel maternel ne l’a préparé à cela. Il ne sait pas trop à quoi il pensait. Que sa mère payerait toujours depuis les plages hawaïennes, peut-être. Qu’il n’existait pas au monde de choses telles que des factures d’électricité et d’eau, assurément. On lui demande de l’argent pour ce dont il a besoin pour vivre et ça lui paraît insensé, lui qui ne sait même pas combien d’argent il a sur son compte en banque, qui a même récemment paumé sa carte bancaire et ne s’en est même pas soucié. Il lui reste du cash, mais pas assez pour rembourser le montant indiqué par l’homme à la voix d’ours. Il est tenté d’envoyer un sms à Casper mais se sent toujours intimidé par leur dernière rencontre, leur première rencontre en chair et en os, et son cœur s’emballe davantage dans sa poitrine rien que d’y songer. Alors ça doit être une mauvaise idée. Par contre, il se souvient que Gogo lui a dit qu’elle avait récupéré un petit pactole en vendant ses fringues dans une friperie de Historic District. C’est comme ça qu’il se retrouve dans le bus en direction du quartier central de Savannah par une chaude journée d’été, des tongs aux pieds et un sac plein à craquer de vêtements dans les bras. Pas les siens, parce que ses placards ne sont déjà pas très fournis, mais ceux de sa mère et de ses grands-parents restés derrière eux depuis qu’ils sont partis. A Honolulu et au Ciel. Il ne sait pas comment il parvient à trouver le magasin dont lui a parlé Gogo, mais il le trouve, et c’est avec un air grave qu’il se dirige vers le vendeur, posant le sac débordant d’affaires sur le comptoir comme s’il s’agissait de ses biens les plus précieux. « Je veux vendre tout ça. Il me faut à peu près cinq mille dollars. » En comptant les factures et la nourriture pour les prochains mois, ça lui laissera le temps d’y penser plus sérieusement. Même s’il risque plutôt d’oublier jusqu’à ce qu’il n’ait de nouveau plus d’argent. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I need a dollar (Merle) Sam 18 Aoû - 2:01 | |
| Y a Bob qui court sur le comptoir. C’est pas très professionnel mais, à sa décharge, il est déjà en train de faire de l’air guitar sur une chanson des Smiths derrière sa caisse ce qui n’est, sommes toutes, pas vraiment plus professionnel. Son coup de bol à lui, c’est que Daria ça la fait marrer, quand il fait des trucs comme ça, parce que le reste du temps il est ponctuel et souriant et vraiment trop motivé pour le taff qu’il fait. Elle lui dit pas comme ça, Daria, mais c’est un peu pareil au bout du compte qu’elle le traite de sale môme en lui ébouriffant trop fort les cheveux ou qu’elle lui adresse un compliment : au point il en est, il fait plus trop la différence. Il est pas sûr que ça ait d’importance.
Ce qui a de l’importance, par contre, c’est la cloche de la porte et Merle qui se redresse, des étoiles dans les yeux. C’est pas le premier client de la journée mais c’est le premier client depuis deux heures et il commençait à s’ennuyer même en compagnie des Smiths à qui il chantait please, please, please en valsant langoureusement avec une robe jaune il y a une seconde à peine. Enfin un client, c’est vite dit parce qu’il voit plus un sac qu’un être humain et il se demande une seconde si c’est un nouveau cryptide made in Savannah. Peut-être il devrait poster ça sur insta. Peut-être pas parce que le type demande cinq mille balles de l’arrière du sac et que Merle s’étrangle de rire.
« C’est un braquage ? » Il demande, en se mettant sur la pointe des pieds pour essayer de voir un peu la tête du type qui se cache derrière. Il est presque sûr que c’en est pas un mais il préfère être sûr avant de faire quoi que ce soit – il est presque sûr qu’il a promis à Asher d’être prudent, un jour, et il essaye vraiment très fort de tenir sa parole de ce côté là. Ce serait plus facile si sa bouche fonctionnait pas plus vite que son cerveau, vraiment, mais bon il fait avec ce qu’il a – une grande bouche et rien dans le crâne, clairement, parce que même si le type a pas l’air méchant, Merle est bien placé pour savoir que ça veut pas dire qu’il est armé. Enfin il est à peu près sûr qu’il l’est pas ou alors c’est le braquage le plus chelou du monde et il plonge les mains dans le sac pour en sortir les frippes, les sourcils froncés. « Pourquoi 5000 au fait ? »
Il tape pas trop la discussion aux vendeurs, en général, surtout avec ceux qui ont l’air dans la merde. Il sait ce que c’est d’avoir honte et de se débarrasser de tout ce qu’on a, il sait ce que c’est d’être dos au mur, de pas avoir le choix, il sait, c’est par charité qu’il évalue, donne le prix, sourit. Il demande jamais pourquoi, il force toujours un peu sur le prix, compense avec sa paye. C’est pas qu’il est généreux, c’est juste qu’il sait à quel point se serrer les coudes est nécessaire quand on a rien du tout.
« Je veux dire, mec, je suis désolé mais ça vaut pas plus de 200 balles, 250 si y a des trucs vraiment en bon état mais même en forçant plus on atteindra pas 5000. »
Il attrape entre les doigts une robe, fronce les sourcils, plisse les yeux.
« T’es sacrément dans la merde, je me trompe ? »
Il est presque sûr que non : il a du nez pour ça. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: I need a dollar (Merle) Dim 26 Aoû - 17:01 | |
| Isha cale un long moment lorsque le vendeur se met à rire, léger bug à la première question, erreur système à la seconde. Il se décale du sac de vêtements pour mieux pouvoir déchiffrer le jeune homme, sourcils froncés et concentré, mais rien n’y fait. Il n’a jamais été bon pour comprendre les gens, en même temps, alors il suppose que cette histoire de braquage n’est qu’une forme d’humour qu’il ne saisit pas trop. Ou alors c’est un reproche. Parce qu’il vient de réaliser qu’il a oublié d’être poli, et il se mordille la lèvre inférieure, incapable de se rappeler comment rattraper le coup dans une situation sociale aussi désespérée que désespérante. Il reste un long moment muet, les yeux baissés, la mine dépitée quand il apprend que ce gros tas de fringues ne vaut pas plus de deux cents dollars. Il n’a vraiment aucune notion de la valeur des choses. Il soupire, finit par reporter son attention sur le comptoir sur lequel un petit lapin se promène. Il tend les mains pour l’attraper et le gratter derrière les oreilles, songeur, d’un geste aussi naturel qu’un réflexe, comme si caresser un lapin l’aiderait à penser. Il n’a pas réfléchi un seul instant que ce n’était pas son lapin à lui et qu’il ne devait donc pas le prendre, encore moins s’en servir comme peluche, mais il ne s’en rend même pas compte. Il aime tellement les animaux. Très sérieux, le lapin dans les bras, il se remet à parler d’une voix encore moins assurée qu’avant. « Je suis désolé. Je voulais dire bonjour et s’il vous plaît, mais j’ai oublié. J’ai aussi oublié de vous apporter des fleurs. » Il a l’air complètement déconfit, comme s’il venait de faillir à son éducation tout entière. Sans doute que sa mère ne serait pas fière du tout de son impolitesse. Ce n’est pas grave, il ira lui acheter un bouquet en sortant de là, pour peu qu’il lui donne des sous. Ça lui semble être une solution raisonnable. « C’est pour payer des factures. Je savais pas qu’il fallait les payer. Ils ont dit qu’ils allaient me couper l’électricité. Et c’est grave parce que j’ai besoin de mon PC. » Besoin, oui, y’a pas d’autres mots, à ses yeux c’est aussi important que de manger ou de respirer, sans son ordinateur il ne sait pas ce qu’il pourrait faire de ses journées. Ça lui donne presque envie de pleurer. « Vous devez m’aider, s’il vous plaît. » Y’a trop de solennité dans sa voix, trop de supplique dans ses prunelles. Il est clairement en train de partir dans un monologue tiré d’un jeu vidéo quelconque. |
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| Sujet: Re: I need a dollar (Merle) | |
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