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 i'll drown when i see you (sevur)

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Seven Popescu

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MessageSujet: i'll drown when i see you (sevur)   i'll drown when i see you (sevur) EmptySam 17 Mar - 11:38

Elle refuse de vous voir. Ça tourne en boucle dans sa tête encore et encore, ça lui fait serrer les poings serrer les dents, son sang qui bout et son crâne prêt à exploser. Elle veut pas le voir et ça le rend fou parce que ça fait des jours qu'il attend ça, des jours qu'il traîne sa carcasse dans ce putain d'hôpital en attendant d'la voir. Elle veut pas et elle a pas le droit putain elle peut pas lui faire ça.

Au fond, il sait qu'il l'a mérité.

Ça l'empêche pas d'être furieux, à agresser tout le monde et se faire sortir de force, à revenir à la charge encore et encore en demandant à ce qu'ils fassent une exception, à ce qu'ils lui laissent au moins lui passer un coup de fil. Il veut juste entendre sa voix, il veut juste lui parler. Mais pour dire quoi ? Tout ce qu'il voulait lui gueuler quand il l'a trouvée inconsciente ? Tous les mots qu'il a regretté de n'avoir jamais prononcés ? Il sait qu'il les dira pas maintenant qu'elle est là, maintenant qu'elle va bien – au moins physiquement. Alors il sait pas pourquoi il insiste autant mais il continuera jusqu'à ce qu'on lui donne quelque chose, jusqu'à ce qu'il puisse la voir respirer de ses propres yeux, jusqu'à ce qu'il ait droit à une nouvelle image d'elle pour effacer celle qui s'est imprimée derrière ses rétines. Son corps inerte, son visage blême, ses traits apaisés. Chaque fois qu'il ferme les yeux, il la voit morte sur son lit.

L'interne qui s'occupe d'elle est Nur Al Shaikhly. C'est tout ce qu'il a réussi à obtenir à force de revenir les harceler sans relâche, à force de semer le chaos en s'en prenant à tous ces cons qui refusent de lui donner ce qu'il demande. Il a eu le nom du médecin, du psy, et de l'interne. C'est le seul qu'il a retenu. Parce que c'est Nur et y a les flashbacks qui remontent, il se rappelle ses cris sa peur, ses mains qui se raccrochent au sable quand il la traîne comme un détraqué, ses ongles qui tentent de le griffer quand il maintient sa tête sous l'eau. La rage devenue sensation fantôme comme celle d'un membre amputé – celle de ce soir-là s'est noyée avec Nur. Il se souvient de cette sensation de puissance, cette envie d'lui arracher tout son oxygène, la vie qui coule dans ses veines. Et puis il se souvient de l'envie de gerber quand il a réalisé, quand il l'a lâchée, quand il est parti. Son visage qui l'a hanté trop de nuits, le dégoût face au miroir, l'impression de voir son père et puis se rendre compte qu'il est devenu pire que lui.

Il a tout ravalé mais c'est toujours là, ça lui tord les entrailles, ça l'assaille de remords qu'il n'est pas capable d'accepter, encore moins de gérer. Peut-être qu'il devrait laisser tomber, s'en prendre aux autres membres du corps médical, pourtant la seule à qui il pense c'est Nur. Nur Nur Nur elle est pas morte et peut-être bien qu'il a envie de s'en assurer, calmer la tempête qui dévaste tout dans sa poitrine à l'idée de ce qu'il aurait pu faire – ce qu'il voulait faire, ce qu'il avait besoin de faire. La voir pour se dire que ça va, il l'a pas tuée, elle va bien il n'est pas un monstre, c'était qu'une explosion de violence comme les autres, elle a cherché elle a trouvé il n'a rien à se reprocher. Il sait que c'est faux mais y a trop de culpabilité qui s'amoncèle et s'il se ment pas il va imploser, alors il préfère accuser les autres, rejeter les fautes, oublier que c'est lui qui fait un carnage partout où il passe.

Nur Nur Nur comme un mantra dans sa tête et il reste dans un coin sagement, ne fait plus aucune vague, tête baissée alors qu'il observe les allées et venues du coin de l'œil. Il surveille, il attend. Il finit par la voir à l'autre bout d'un couloir et y a quelque chose qui se serre dans sa cage thoracique, quelque chose qui vient lui obstruer la gorge alors qu'il a l'impression de mieux respirer – elle est là elle va bien, il n'a rien fait. Son corps se met en marche seul, ses yeux rivés sur elle alors qu'elle bifurque derrière une porte. Il suit le mouvement, la rejoint rapidement et s'introduit dans la pièce en silence. C'est étroit, beaucoup trop pour deux, y a rien d'autre qu'un tas d'étagères et du matériel un peu partout ; des bandages des médocs des perfusions, c'est là qu'ils rangent leur stock. Il annonce sa présence en fermant la porte derrière lui, son dos plaqué contre celle-ci pour bloquer la seule échappatoire. « J'sais que tu t'occupes de ma sœur. » Il reste à sa place, aussi loin d'elle que possible même si c'est sûrement pas assez, la superficie trop petite pour qu'elle puisse vraiment être hors de sa portée. Ses prunelles qui viennent trouver les siennes et il sait pas lui, qu'il a l'air encore pire qu'avant, déchet humain qu'on aurait oublié de ramasser. Les cernes comme des coquards, un pansement sur le nez, de vieux hématomes qui commencent à s'effacer. Les traits creusés, le teint trop terne, l'air de n'pas avoir dormi depuis des années. Le regard sombre, trop sombre – plus encore que cette nuit-là. « J'veux la voir. » Il ne demande pas, il ordonne.
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Nur Al Shaikhly

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MessageSujet: Re: i'll drown when i see you (sevur)   i'll drown when i see you (sevur) EmptyDim 25 Mar - 19:06


Le coeur sur pause.

Ma garde n’avait pas encore commencé quand elle est arrivée il y a quelques jours. Ils ont traité le premier trauma sans moi directement aux urgences. Ils ont remis son palpitant en marche. Ils l’ont sauvée. C’était ça le plus important. Ou peut-être pas. J’vois pas bien ce que mon titulaire pense faire en me refilant cette patiente et tout son suivi. Appréhender tous les autres traumatismes qu’elle cache en elle ? Anca Popescu. Son nom fait vriller mes organes internes, j’retiens une sueur froide et toutes les questions qui ont galopées dans ma cervelle depuis que j’ai lu le dossier. C’est la même famille. C’est la même famille. La même famille cassée. Elle est de sa famille à lui C’est vrai. Grace avait mentionné qu’ils étaient toute une flopée, que cette fratrie était compliquée, qu’elle voulait aider. Mes sens ont eu le vertige un instant. L’idée de l’aider lui d’une quelconque façon me donne envie de vomir -serment d’Hippocrate ou non. Mais l’aider elle… ça n’a rien à voir. Ses antécédents parlent pour son corps encore souvent endormi. Faudrait déjà qu’elle réussisse à sortir des soins intensifs. J’étais là quand elle a repris conscience la première fois. Que mon chef a fini par lui dire qu’elle avait du soutien qui patientait en salle d’attente, que si elle continuait de se battre, qu’on faisait tous tout pour la remettre sur pieds, elle pourrait bientôt voir sa famille. Mais ses maigres premiers mots ont annoncé la couleur. Non. Personne. Ça fait encore écho entre mes os ce rejet des autres qu’elle veut contrôler, qu’elle croit vouloir s’imposer. Ça me parle. Ça fait mal. Elle ne s’en rend pas encore compte. Elle est trop engourdie par sa propre volonté écorchée.

Elle a le coeur en pause, et moi aussi.

Peut-être que dans quelques jours, dans quelques semaines, elle voudra en laisser rentrer un. Au moins un. Mais pour l’instant, c’est pas moi qui vais la forcer, même si mes paires disent qu’il faudrait. Non, je refuse. Parfois même n’en laisser rentrer qu’un, ça peut faire plus de dégâts. Surtout quand les autres ont disparu de la partie, que y a plus vraiment personne à qui se raccrocher quand on est trahi par le plus proche. Quand on réalise qu’on ne peut plus compter que sur soi-même, qu’on va peut-être être mieux avec eux, gardés au loin. À distance. Derrière des figures abstraites qu’on essaiera d’oublier… Toutes ces émotions et ces ressentis qui blessent à l’intérieur, choquent le corps, c’est tout ça qui compose ses traumas internes. C’est ce qui fragilise sa tête et son coeur. C’est tout ça qui rend malade. On l’a étudié. Et on le vit tous à notre façon. Elle plus que les autres. Et moi en reflet biaisé. J’ai jamais eu envie de mourir à cause des autres. Mais si j’ai… rien que pour ce que Arthur a fait… envie de m’arracher le myocarde… Anca a dû en baver. Trop de souffrances entassées dans son corps si mince. Assez pour la faire craquer. Trop à l’accabler. Jusqu’où elle s’est brisée ?

Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?

Qu’est-ce qu’il t’est arrivé pour que tu rejettes à ce point ton oxygène dès que tu reprends conscience ? Elle est trop agitée aujourd’hui. On est obligé de la sédater pour qu’au moins son corps s’en remette. Je remets en place une mèche brune loin de son front, réajuste les draps avant de quitter sa chambre. Faut que je retourne aux urgences, que j’enchaîne avec le prochain accidenté. Je crois avoir capté qu’il était dans les parages, qu’il la demandait, mais mon cerveau refuse de digérer l’information. J’l’oublie. J’ai d’autres priorités, d’autres patients à gérer et la sécurité qui veille au grain. Heureusement qu’il y a ça. L’hôpital. Seconde maison. Et les heures à rallonge et les break de quinze minutes en salle de garde qui se font de moins en moins. J’carbure aux barres de céréales et au café pendant ces heures. J’enchaîne avec les cocktails mixés au redbull et les shoots artificiels pour tenir les danses quand j’ai trop besoin d’évacuer du sérieux de ces journées, entrecoupées par des recherches de disparus qui n’avancent pas. Y a un cruel manque de vie dans ma vie. L’impression d’être morte-vivante. Mais c’est comme ça. J’arrive pas à fonctionner autrement depuis que je me suis autant trompée sur Artie.

Bloquée devant un de nos panneaux d’information interne pendant cinq minutes, j’arrache le flyer de recrutement pour Doctors without borders et le glisse dans ma poche. Je peux peut-être trouver une alternative positive à tout ce merdier. Faut que je me renseigne si en tant qu’interne je peux m’y présenter. Petits points de lumière qui me font penser à Grace déjà là-bas et qui éclairent mes pensées alors que je reprends ma route vers le stockage. Focalisée sur ce que je dois rapporter, je ne fais pas attention à l’étranger qui me suis. Je ne m’arrête pas à la façon inhabituelle dont la porte se referme derrière moi. Mais quand l’espace se confine… J’la sens la présence qui grésille dans mon dos. J'sais que tu t'occupes de ma sœur. Seven. Recul immédiat, je me prends les étagères dans l’dos, m’y enfonce volontiers pour rester loin, loin, loin, le plus loin possible. Putain c’est pas vrai. Pas lui. Comment il a passé la sécurité des soins intensifs ? Ça s’entrechoque, trébuche dans mes neurones, je ne suis déjà plus le fil de mes émotions. C’est trop saccadé, trop perturbé. Mon visage se tord dans une frayeur enragée, mes poumons revivent le traumatisme et j’étouffe mon désespoir de ne pas avoir une seringue prête à s’enfoncer dans sa jugulaire pour le paralyser. Je me suis vue la lui planter dans le cou en un quart de secondes. L’idée fait glisser un frisson d’effroi sur mes os. J’sais pas si c’est à cause de lui ou à cause de cette vision que je tremble. Mais ça me fait mal, ça me dégoûte. J'veux la voir.

Les secondes flottent entre nous. Et j’le vois son état. Mais cette fois, j’m’en fous. Même si il me terrorise, même si le revoir d’aussi près, encore plus orageux que la dernière fois… J’laisserais pas ce cauchemar envahir ma réalité. T’as aussi essayé de la tuer et, à nouveau, t’as pas fini le travail ? Elle est moche ta vie Seven., que je me retiens de lâcher. Parce que c’est sa soeur. Il ne ferait pas ça quand même ?! À part si il l’a forcée à se piquer, c’est certainement faux ce que je viens de balancer, je l’espère. Mais j’ai besoin de le meurtrir comme il m’a tourmentée. Ses excuses à la con comme celles de tous les autres, c’est pas assez. Et personne ne peut la voir, elle n’est pas stabilisée parce qu’elle veut encore crever. La voix ferme qui cherche à éteindre son fracas interne. Le regard dur et aussi noir que le sien qui bombarde malgré tout. C'est peut-être dans mes gênes de ne pas pouvoir m'épargner. Laisse-moi sortir ou j’appelle la sécurité, puis les flics, et cette fois, je porte plainte. Je voudrais demander des explications sur ce qui la pousse à vouloir se tuer encore et encore. Mais je ne le fais pas. Je ne discuterais pas avec lui. Je ne jouerais pas la psy pour lui, même si la vie aime l'ironie. Ma patiente c'est Anca, pas toi.
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MessageSujet: Re: i'll drown when i see you (sevur)   i'll drown when i see you (sevur) EmptyDim 25 Mar - 23:37

Animal apeuré face à lui, il la voit buter contre les étagères, s'y plaquer, tenter de s'y ancrer comme si elle voulait passer à travers pour pouvoir lui échapper. Il n'a toujours pas bougé, lui-même collé à la porte, chacun son extrémité mais pas assez d'espace entre eux pour qu'ils respirent librement. L'impression de la voir se noyer encore une fois – et de se faire avaler par les vagues avec elle.

Elle est terrorisée, il le sent.

Sûrement qu'il devrait se sentir mal à cette idée, avoir la nausée de savoir qu'il a traumatisé quelqu'un au point de percevoir ses tremblements, culpabiliser d'être allé assez loin pour incarner un monstre à ses yeux. Y a une part de lui qui en a conscience – il a les tripes à l'envers, la sensation d'être devenu bien pire que son propre père. Mais tout ça c'est camouflé, étouffé par le reste, par l'ivresse. Le pouvoir qui flambe dans ses veines, qui le fait se tenir bien droit, qui lui donne l'air imposant alors qu'il est amaigri et qu'il a tout de la loque à la dérive. C'est l'assurance du conquérant, de celui prêt à tout piétiner jusqu'à ne laisser que des miettes après son passage. Il domine, il le sait, ça éveille une étincelle dans son regard éteint. Il la toise sans bouger, sans ciller, sûr de lui parce qu'il a soudain la certitude de réussir à la faire ployer facilement. Pourtant quand elle fait fuser les mots comme des balles, il est cueilli en plein cœur. « T’as aussi essayé de la tuer et, à nouveau, t’as pas fini le travail ? » Bang bang elle vise juste et il tressaille. À nouveau parce qu'il est pas passé loin de la tuer elle, parce que quelques secondes de plus et elle ne se tiendrait pas face à lui aujourd'hui. À nouveau comme s'il avait fait la même chose avec Anca, comme s'il avait été habité de la même folie destructrice, comme s'il avait voulu la voir mourir ne serait-ce qu'une seule seconde. L'insinuation est si loin de la vérité et pourtant si proche, la culpabilité qui revient le prendre à la gorge, qui lui rappelle que si elle est coincée dans un lit d'hôpital c'est avant tout de sa faute. Sa faute sa faute sa faute.

Il a envie de gerber. Il serre les poings sans la quitter des yeux, mais il se tait. L'orage de ses yeux parle pour lui.

Elle devrait pas le provoquer, elle devait pas revenir s'aventurer sur ce terrain après la façon dont ça s'est terminé la dernière fois. Elle devrait pas pourtant elle le fait quand même, mais ce qui l'achève ce n'sont pas les attaques, ce sont les vérités. « Et personne ne peut la voir, elle n’est pas stabilisée parce qu’elle veut encore crever. » Elle veut encore crever. Une fois deux fois trois fois, ça lui a pas suffit. Elle continue. Il l'a sauvée de justesse mais elle veut encore crever. Il se sent tomber pourtant il est toujours bien droit, debout sur ses deux pieds. C'est pas sa carcasse qui s'écrase c'est juste son cœur, son esprit, tout ce qu'il se répétait pour se rassurer qui devient vain.

Elle va bien, ils l'ont sauvée, maintenant ça va aller j'pourrai la voir et ça reprendra comme avant.
Ça sera jamais comme avant.

« J'm'en fous j'veux la voir. » Même si elle veut toujours pas vivre, même si elle veut pas de lui, même si elle est au bord du gouffre. Il a besoin de la voir, de s'assurer qu'elle est bien là, de se persuader qu'elle lui en veut pas même s'il sait que si. Il veut la voir pour qu'elle le rassure, pour qu'elle lui mente, pour qu'elle l'aide à retrouver l'équilibre alors qu'ils se sont tous les deux écroulés. Il veut la voir et c'est de l'égoïsme à l'état pur – celui d'un gosse qui a besoin qu'on lui tienne la main et qu'on lui dise que tout ira bien, même si c'est faux.

Les yeux de Nur continuent à le fusiller, pourtant il le sent à peine. Il est déjà vide il n'a plus rien à laisser couler, ni le sang qu'il a laissé sur les pavés, ni les larmes qu'il a ravalé jusqu'à s'étouffer avec. Elle le transperce et il voudrait lui dire qu'on ne peut pas espérer trouer le néant sans se faire avaler. « Laisse-moi sortir ou j’appelle la sécurité, puis les flics, et cette fois, je porte plainte. » Il devrait s'écarter et il le sait. Tourner les talons sans un mot de plus, abandonner la partie puisqu'il se bat dans le vide, puisque de toute façon Anca refuse de lui faire face. Mais il sait pas abandonner Seven, pas même quand ça devient vital ; il crèvera dans le chaos puisqu'il est incapable de le faire silencieusement. « Non. » Sa voix est aussi ferme que ses pas quand il finit par s'approcher, grignotant la maigre distance qui les sépare jusqu'à ne laisser que quelques centimètres entre eux. Ça le démange. Des fourmis dans les doigts, l'envie de l'agripper, lui tordre les poignets, lui serrer la gorge, la forcer à obtempérer. Ses bras refusent de bouger. Il est simplement là, posté trop près d'elle, la violence qui pulse dans ses veines et fend son regard, mais qui reste contenue. Comme si son corps refusait de franchir cette limite avec elle encore une fois. « Je. Veux. La. Voir. » Il détache chaque mot soigneusement, la voix basse mais vibrante de la tempête qui sévit sous sa peau, qui fait rage au creux d'ses entrailles. Ses prunelles ont quelque chose d'inquisiteur, braquées sur les siennes comme le canon d'un flingue chargé. Le doigt sur la détente, prêt à tirer. « Tu vas m'amener jusqu'à elle et tu vas fermer ta gueule. » Les mots sont corrosifs mais pour une fois sa voix n'est pas agressive, juste autoritaire, trop assurée pour un type qui a les doigts qui tremblent. Il se penche vers elle, vicieux, son souffle qui s'échoue contre la peau de Nur, le sien qu'il sent mourir sur son visage comme s'il absorbait tout son oxygène encore une fois. « Parce que tu vois Nur, c'est pas encore trop tard pour que j'finisse le travail. » Si, ça l'est. Il veut plus jamais ressentir toute cette culpabilité, ces remords, le poids de toutes ces choses qui continuent de le hanter quand il ferme les yeux. Il a failli la tuer et il n'arrive pas à le digérer, même s'il tente d'en jouer pour l'effrayer, même s'il est prêt à tout pour parvenir à ses fins. La vérité c'est qu'il a peur, peut-être autant qu'elle. Terrifié à l'idée de ce qu'il aurait pu faire, de ce qu'il voulait faire à l'instant où il lui maintenait la tête sous l'eau.

Il sait qu'elle a peur de lui. Mais depuis ce soir-là, lui aussi.
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MessageSujet: Re: i'll drown when i see you (sevur)   i'll drown when i see you (sevur) EmptyLun 16 Avr - 21:26


Je l’ai senti, je l’ai vu. Approcher, glisser ses mains autour de mon cou et puis serrer. J’l’ai imaginé comme si c’était vrai. Comme si ce placard s’inondait tout seul, rien que par sa présence. Et j’me suis vue mourir encore une fois. Ou pour de bon cette fois. J'm'en fous j'veux la voir. J’sais pas comment j’ai fait pour revenir à la réalité en un millième de seconde. Peut-être juste parce que je le déteste pour tout ce qu’il est et tout ce qu’il représente. Mais j'm’en fous de ce qu’il veut, et j’m’en fous qu’il voit combien mon corps réagit à sa présence alors que je n’ai plus que ma tête pour lutter. J’aurais dû le faire coffrer dès le début, peut-être que sa soeur n’en serait pas là. Non. Mais c’est trop tard. La menace s’est évaporée dans l’air lorsque celui-ci s’est réduit entre nous. Je. Veux. La. Voir. Tu vas m'amener jusqu'à elle et tu vas fermer ta gueule. Apnée. Volontaire, involontaire, j’en sais rien. Parce que tu vois Nur, c'est pas encore trop tard pour que j'finisse le travail. Mais il s’obstine et je fais de même. C’est pas d’ses yeux sans fond que j’ai peur. C’est de tout son corps plus fort que le mien, même cassé. C’est de son esprit fou, même brisé. Seven qu’on ne peut pas prédire. Seven qui comprend tout à l’envers, fait tout de travers. Juste Seven qui n’écoute rien. Résigné à sa façon. Probablement plus perdu qu’il n’y paraît. Sa raison, ses sens, son humanité. Y a rien de normal chez ce type. Démon dans mon ombre, sur mes dunes. Et j’ai peur. Instincts terrorisés, incertains, prêts à se recroqueviller en boule ou à griffer comme ils peuvent. Il suffit qu’il soit là pour que je me sente mourir à nouveau. Ce souffle qui m’échappe, ce souffle qu’il m’arrache. C’est mon carrousel sombre. J’ai envie de vomir rien qu’à le voir, à l’entendre, lui et sa voix détraquée, lui et tout simplement sa vie. Je reconnais beaucoup trop bien le rythme de sa respiration à lui alors que je perds la mienne. C’est une putain de ritournelle cauchemardesque implantée dans mes souvenirs et dans la mémoire de mon corps qui se tend, anticipant ses mains sur ma peau qu’il déchirera bientôt. J’me fais même pas d’illusions. J’m’en fous, j’m’en fous, j’m’en fous. J’lui donnerais rien. Trop consciente de ce dont il est capable. Jamais plus jamais. Il tirera rien et ça sera à lui d’en payer le prix. Encore et encore. Et mes pupilles s’aiguisent dans les siennes. Pourfendues, elle aussi. Fais-le., que je souffle, monotone, stable comme je n’aurais jamais cru l’être face à lui, en disant une chose pareille. T’es plus à ça près, pas vrai ? Tout le sang sur ses mains et sur sa conscience, je le devine facilement derrière le plomb d’ses yeux. T’as pas compris que c’était elle la priorité ? Elle d’abord. Avec un peu de chance, son pronostic vital ne sera bientôt plus engagé, elle pourra bientôt sortir de l’unité de soins intensifs. elle pourra bientôt te dire en direct qu’elle ne veut pas te voir. Pour l’instant tu vas devoir te contenter des médecins qui la soignent et accepte de faire les messagers. Ta culpabilité ou tes peurs, c’est pas pour tout de suite. Laisse-la survivre si tu veux avoir une chance de lui faire face plus tard. En même temps, je pourrais le laisser la voir dans ces draps pas assez confortables pour son âme morcelée. Je pourrais le laisser enfermer une nouvelle image de sa soeur aux mains bleutées par ses efforts pour se laisser mourir encore. Ça m’débecte de le protéger malgré moi, malgré tout ça. On n’est pas là pour te soigner toi. Ou alors essaye de crever et on verra si on arrive à te sauver. Ma voix monte, ma main contre son torse pour le pousser. J’suis peut-être folle depuis que je l’ai croisé. Mais aujourd’hui, Seven Popescu est le dernier de mes soucis. Ou alors tu préfères que je laisse ta soeur sans soin ? Que je ne l’aide pas… C’est toi qui vois. Faux faux faux, jamais je pourrais faire ça. Vertige. C’est juste lui qui tire le pire hors de moi. Parce que je ne sais pas comment éteindre ma frayeur autrement qu’en les faisant gronder plus forts. Faire tout trembler comme pour me secouer, m’obliger à ne pas rester pétrifiée. Sauf que le résultat fera probablement exploser toutes mes chances de survie.
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MessageSujet: Re: i'll drown when i see you (sevur)   i'll drown when i see you (sevur) EmptyDim 22 Avr - 11:44

« Fais-le. » Les mots viennent s'écraser contre son visage, son regard qui ne quitte plus le sien, leurs souffles qui se mêlent parce qu'il se tient beaucoup près d'elle. Celui de Nur lui crame la peau. « T’es plus à ça près, pas vrai ? » Peut-être bien. Peut-être qu'il est allé si loin que le retour en arrière n'est plus possible, peut-être qu'il a fini par s'enfoncer dans une impasse et que son seul moyen d'avancer c'est de creuser. Sa propre tombe ou celle des autres, il arrive plus trop à faire la différence.

Pourtant il reste immobile.

Poings serrés le long de son corps, mâchoire crispée, les traits qui tressautent nerveusement. La violence est là, palpable dans l'air, dans chaque millimètre carré de sa carcasse. Ça émane de lui par vagues, ça vibre, c'est électrique. Mais il ne bouge pas. Il ne cède pas. Il se contient, son cerveau qui refuse de donner l'ordre d'agir, ses doigts qui n'veulent pas entrer en contact avec Nur. Il se contente de la fixer – prunelles sombres qui reflètent l'orage à l'intérieur, la lutte qu'il mène contre lui-même. C'est dur quand on devient son propre ennemi. « T’as pas compris que c’était elle la priorité ? Elle d’abord. » Et il voudrait dire qu'il sait, sûrement mieux qu'elle. Bien sûr qu'Anca est la priorité et c'est pour ça qu'il déraille, c'est pour ça qu'il est désespéré. Parce que c'est elle et qu'il sait pas comment faire pour l'aider, pour l'atteindre, pour s'faire pardonner. Se pardonner tout court.

Il serre les dents, silencieux. « Ta culpabilité ou tes peurs, c’est pas pour tout de suite. Laisse-la survivre si tu veux avoir une chance de lui faire face plus tard. » Ça lui donne l'impression que sa présence pourrait suffire à l'achever et il supporte pas cette idée – ça n'fait que remuer le couteau dans la plaie, lui rappeler que si elle est dans ce lit d'hôpital c'est de sa faute plus que celle des autres. « Ferme-la. » Ça siffle comme un avertissement, trop bas, trop chargé de toute cette colère sourde. Mais Nur n'écoute pas. Nur a peur il le sait il le sent, mais elle veut pas s'laisser abattre. Pas cette fois. « On n’est pas là pour te soigner toi. Ou alors essaye de crever et on verra si on arrive à te sauver. » Il aurait pu ricaner, si elle l'avait pas pris par surprise en le poussant. Il fait un pas en arrière, ses sourcils qui se froncent, son regard qui se fait noir. Immobile, il la dévisage à mi-chemin entre l'incrédulité et l'envie de lui sauter à la gorge. Dans l'air la tension est soudainement à couper au couteau. « Ou alors tu préfères que je laisse ta sœur sans soin ? Que je ne l’aide pas... C’est toi qui vois. » Silence. Le temps suspendu, l'équilibre fragile qui se fend.

Il sombre.

Brusquement, son corps vient se plaquer contre celui de Nur pour la tenir en place, ses mains agrippent ses poignets férocement pour les remonter de part et d'autre de sa tête. Plus grand, plus fort, il se sent invincible quand il se penche sur elle, à l'emprisonner presque trop facilement. « Joue pas avec moi putain, t'as pas retenu la leçon ? » Elle aurait dû, pourtant. Elle devrait pas se risquer à le défier à nouveau – encore moins quand il est aussi instable. Mais elle a franchi la ligne, menton dressé et regard fier, y a plus qu'à assumer. « Essaie même pas d'me menacer. T'façon t'as que d'la gueule, tu feras rien. » Il la connaît peu trop peu, pourtant il sait qu'elle n'est pas comme ça. Pas comme lui. Elle fera rien qui pourra blesser Anca. « Arrête de vouloir m'faire chier, j'veux juste la voir c'est tout. » Il exige comme s'il était en position de le faire, comme si elle lui devait quoi que ce soit. Sa prise qui se resserre sur ses poignets, si fort que la trace de ses doigts laissera sûrement une marque. « Faut que j'puisse voir comment elle va et que j'lui parle et– putain. » Il refuse de continuer la liste pour se justifier – il estime qu'il n'a pas à le faire. Elle a pas besoin de savoir, c'est sa sœur c'est une raison suffisante, elle doit céder. De toute façon, il compte lui ôter le droit de refuser. Ses yeux dans les siens, la colère et la douleur qui font des nœuds, la violence qu'il tient difficilement en laisse. « M'oblige pas à recommencer, Nur. J'te demande qu'une chose. » Elle n'a qu'à céder et il la laissera. Les pulsions ont beau courir sous sa peau, il n'a pas envie de s'en prendre à elle encore une fois, il n'a pas envie d'emprunter le même chemin que ce soir-là. C'est pour ça qu'il se contient, qu'il se contente de la tenir en place alors qu'il voudrait la secouer pour la forcer à faire ce qu'il demande. Ça le démange mais il se l'interdit, parce qu'il a trop peur de perdre le contrôle à nouveau. Il veut pas que cette fois soit celle de trop.
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Nur Al Shaikhly

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MessageSujet: Re: i'll drown when i see you (sevur)   i'll drown when i see you (sevur) EmptyMar 22 Mai - 19:39


J’ai dégoupillé la grenade toute seule. J’me doutais qu’un truc allait céder à la seconde où j’ai prononcé ces mots.
Tu préfères que je laisse ta soeur sans soin.” Menace inconsciente et impossible. J’suis pas calibrée comme lui, j’pourrais pas faire ça. Mais il me fait dire une connerie pareille. C’est de sa faute à lui. C’est lui qui tombe et qui m’tire avec lui. T’accroche pas putain. Laisse-moi. J’ai même pas vraiment eu l’temps de réapprendre à respirer, de me relever, qu’il m’fait à nouveau plonger.

Son corps contre le mien, c’est l’choc. Entrave, une prison à lui tout seul. Et j’ai rien pour encaisser. Je retiens une plainte entre mes dents pour étouffer la sensation de sa grippe sur mes bras. Joue pas avec moi putain, t'as pas retenu la leçon ? Mais c’est tout ce que je retiens. J’sais même pas si il peut sentir mes chocs internes, mes tremblements. Essaie même pas d'me menacer. T'façon t'as que d'la gueule, tu feras rien. Est-ce que je me défends ou est-ce que je le laisse faire ? Ça m’a traversé l’esprit si facilement. Il pourrait me désosser en un clin d’oeil, j’m’écroulerais à ses peids, démantelée et personne verrait rien. Ça a l’air facile pour lui aussi. Pourquoi ce mec a encore autant de force pour m’entraver après tout ce qu’il a fait ? Alors qu’il a l’air lui-même en morceaux ? J’comprends pas, j’comprends pas, j’comprends pas. Pourquoi tu t’en prends à moi ? T’as si peur que ça ? T’es si seul que ça ? Arrête de vouloir m'faire chier, j'veux juste la voir c'est tout. Pourquoi tu t’accroches comme ça ? Tu peux compter que sur tes anciennes victimes, c’est ça ? Faut que j'puisse voir comment elle va et que j'lui parle et– putain. Je me crispe en sentant sa force se marquer sur ma peau. Il pourrait passer à travers et atteindre mes os. J’peux pas. Et j’coupe ma respiration sans m’en rendre compte. M'oblige pas à recommencer, Nur. J'te demande qu'une chose. Il a tellement de poids sur moi que c’est difficile de se détourner. Mais mon regard se vide et ça me demande un effort surhumain que de détourner le visage. J’te dois rien. Alors j’m’en fous. Les nerfs qui abandonnent et les muscles qui se relâchent. Tanpis qu’il me fracasse, ça changera rien au fait qu’il ne verra toujours pas sa soeur.

Sauf qu’il y a l’éclat de rire de Moreno qui vient résonner jusqu’à moi. L’infirmier-molosse ne doit pas être loin. Ça m’fait l’effet d’un électrochoc, parce que si il m’entend, si il m’atteint, c’est Seven qui ne sera plus rien. On a tous parié qu’il était un ancien membre d’un gang latino et que ce job était sa rédemption. Sa carrure est plus large et plus épaisse que celles des gars d’la sécurité. J’disparais si j’me planque derrière lui. J’voudrais disparaître derrière lui. Pourquoi j’ai pas appelé à l’aide plus tôt ? Pourquoi c’est pas ça mon premier réflexe ? Qu’est-ce que j’fous putain ?! Mon souffle revient et l’envie de déchirer Seven aussi. Ou du moins de le voir tomber à mes pieds, démembré. HEYY !! La porte n’est peut-être pas verrouillée ? Quelqu’un peut peut-être entrer et m’tirer de là ?! L’élan est là, il revient comme une gifle bourrée de sulfure. L CHE-MOI !! J’sais pas comment j’parviens à le pousser encore une fois, à le surprendre une nouvelle fois. Mais j’sais que j’suis incapable d’atteindre la poignée sans le passer. Et tout ce que je trouve à portée de mains devient projectiles. Plus il y aura d’bruits, plus il y a de chances pour attirer l’attention. L CHE-MOI ET LAISSE-LA !! ELLE N’A PAS ENCORE ASSEZ D’FORCE POUR PARLER ELLE N’A PAS ASSEZ D’FORCE POUR VOULOIR VIVRE !! POURQUOI TU COMPRENDS RIEN !! Plateau en mains, j’apprêtais à le lui claquer là où j’pouvais mais l’idée même de devoir le soigner après m’a stoppé. Instant figé. J’suis en train d’me perdre.
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