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 on brûlera toutes les deux (pialina)

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Halina Kida

Halina Kida
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MessageSujet: on brûlera toutes les deux (pialina)   on brûlera toutes les deux (pialina) EmptyMer 9 Mai - 11:46

Je devrais me réjouir, c’est ce qu’on fait dans ces cas-là non. On se réjouit que la personne aille bien. On arrive, le visage dégoulinant d’hypocrisie, on fait une déclaration d’amour mensongère, on jure qu’on se pardonne. Le fait est que c’est pas le cas. Les morts ou les comateux ont toujours raison, sont toujours des gens exceptionnels dont on aime se rappeler les bons souvenirs. Mais des bons souvenirs, j’en ai pas avec Pia. Que des mauvais, de ceux qui font mal, de ceux qui vont douter de tout, surtout de moi. Pia et moi, on s’est trop déchirée pour pouvoir se rabibocher. Pia et moi, on aime se faire du mal, car c’est notre seul moyen de nous sentir mieux. On se voit sans nos masques, on se voit aussi hideuses qu’on peut l’être, et on ne supporte pas de savoir que l’autre sait, qu’elle voit. Voilà pourquoi, personnellement, j’allais beaucoup mieux sans elle. J’ai rien dis bien sûr, j’ai fais comme si c’était bien. Quand on nous a annoncé la nouvelle, j’étais avec mes tantes. Elles ont poussé un long soupir de soulagement pendant que j’ai juste pas réagis dès que les regards se sont tournés vers moi, j’ai souri, hypocrite. Et pourtant, y a qu’une chose qui s’impose dans mon esprit à ce moment-là : notre dernière entrevue.

Je m’en souviens encore. Les cris, les pleurs, mon coeur à découvert, mon corps à vif sous ses coups de couteaux qu’elle envoie sans s’arrêter. Pia a décidé de me faire du mal ce jour-là et elle a terriblement réussi. J’me souviens de m’être enfuit loin de sa caravane pour courir me réfugier dans celle de Zyki. Chercher partout les preuves de mon échec, l’échec à celui de prendre soin de lui. J’me souviens avoir dit à Pia qu’elle pouvait tout prendre. Zyki, Jax, mon trône si ça lui chante. J’voulais qu’elle prenne tout ce qu’elle me croit pour acquis, qu’elle gagne puisque j’avais de toute façon déjà perdue. Et au final. Au final Jax est à nouveau mien, mon trône est toujorus à sa place et Zyki et moi on s’est rabibochés. Comme si suffisait qu’elle arrête de me bouffer de l’oxygène pour que je recommence à briller d’une lumière pas trop sombre. Aucun rapport bien sûr, mais le parallèle est sympa.

J’aimerais savoir ce qu’elle en pense. Quand on se quitte en si mauvais terme et qu’on frôle la mort juste après, qui doit regretter ? Moi ? Et si je regrette pas ? J’en sais foutre rien. De quoi elle se souvient ? D’avoir gagné la partie ? Cette idée me glace tout entière. Pia et moi on est dans un bras de fer qui ne se terminera jamais. Des fois j’en arrive à me dire qu’on aime tout simplement se détester.

“T’es allée lui parler ?” qu’on me demande sans arrêt, comme si je lui devais quoi que ce soit.

Vous voulez qu’on parle ? Parfait.

J’ai revêtu mon costume traditionnel, celui de la garce sans merci qu’elle pense que je suis. Mon visage froid et lisse habituel, mes cheveux attachés solidement, mon maigre corps dans un simple jean et un débardeur, je travers le cirque à sa recherche, sans surprise je la trouve perdue dans un coin, au milieu d’une tonne de tissue, petit rat de Cendrillon, voilà à qui elle me fait penser au final. Je m’accroche à l’un des échafaudages, surgit de nulle part. Tiens Pia, ça va ? Pas trop mal à la tête ? J’rigole doucement et m’avance près d’elle. J’ai pas eu l’occasion de te dire à quel point j’étais contente que tu sois de retour parmi les vivants. Voilà c’est fait. J’peux partir ? Je fais demi-tour, fais un pas pour m’éloigner.

Je sais pas si c’est à cause de l’éducation que j’ai reçu. Les Kida, ces grandes gueules incapables de laisser passer quoi que ce soit. Ceux qui foncent dans le tas plutôt que de réfléchir. L’envie brûlante de lui faire comprendre qu’elle avait tout faux, sur toute la ligne. Je m’occupe de Zyki, Jax est encore avec moi. Secret ou non, j’veux qu’elle sache que je n’ai rien perdu, et qu’elle n’a rien gagné dans la bataille. Alors je me retourne après deux pas, et je lui fais mon plus grand sourire. Au fait, que tu saches, j’ai géré le truc avec Zyki, et avec Jax. Bref tout va beaucoup mieux, donc t’as plus besoin de t’inquiéter pour nous. Nous tous, nous trois, Zyki, Jax et moi. Sans toi. J’ai aucune idée des souvenirs qu’elle garde de notre dernière entrevue. Mais mes souvenirs sont encore brûlants dans ma mémoire.
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Valdis Astadóttir

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MessageSujet: Re: on brûlera toutes les deux (pialina)   on brûlera toutes les deux (pialina) EmptyVen 18 Mai - 23:34

C’est quelque chose d’étrange dans le carnet, essayer de remonter les jours et essayer de comprendre les passages flous qui encrent son cerveau. C’est des mots qu’elle ne comprend pas, qu’elle ne remet pas, des situations qui ne lui disent vraiment rien. Y a le prénom d’Halina qui revient trop de fois, mais ça c’est habituel, depuis tout le temps où la jalousie la ronge à chaque fois que la rousse lui passe devant, l’envie de la pousser, prendre sa place, l’oublier. Impossible. Et ça la dérange, comme une piqûre d’insecte brulante, qui gratte tellement fort qu’on en vient à s’arracher quelques morceaux de peau.
Alors elle essaye d’oublier Pia. Du moins pour le moment. Surement que c’est pas le plus important. Surement qu’elle devrait se mettre à corps perdu dans la montagne de travail qu’on lui a laissé pendant qu’elle dormait. Voilà. Coudre, broder, couper, assembler. C’est plus facile comme ça, faire quelque chose qu’elle n’a pas oublié. Se perdre dans les mètres de soie, sous les kilos de perles et de fil doré. Les doigts qui n’ont pas perdu de leur agilité et la tête toujours aussi créative, ça lui permet de faire une pause, fermer les yeux un instant et se perdre dans sa bulle. Y a plus de Zyki, plus de Jax, plus d’Halina. Plus personne. Plus d’Adela non plus pour tirer la gueule depuis qu’elle est revenue, plus de Ninel à peine revenue qui tremble de peur comme un animal battu. Plus rien. Juste des couleurs trop douces, des pelages à brosser, un coin de paix dans lequel se cacher.
Elle aime bien cet endroit dans le cirque, pas très loin de là où sont gardés les animaux, un peu à l’abris, une table qu’on lui sorti juste pour elle, son fauteuil qu’elle fait rouler dans la poussière et s’installe. Nouveaux costumes à préparer, carnet ouvert et crayon affuté elle griffonne, rajoute des couleurs, imagine des histoires. Le cirque est prêt à partir. Enfin. Et qui dit nouveau pays, dit nouveaux costumes, un nouveau show. Pour montrer qu’ils peuvent renaitre de leurs cendres. Secrètement elle a hâte Pia, de faire ses valises et de reprendre la route. Polaroïd de prêt, elle a même acheté un nouveau carnet pour l’occasion, Savannah ça traine, c’est long, c’est mauvais ; Que des souvenirs qui la tirent vers le bas ; Ou pas de souvenirs du tout. C’est au choix.

Elle est bien dans son coin, fredonne même une vieille chanson en polonais alors que les couleurs prennent vie sur le papier, aquarelle de fleurs, de rouge, d’or, plumes esquissées pour la tenue de sa voltigeuse détestée. Halina. Toujours Halina. Encore Halina. Pourtant elle ne peut pas cacher qu’elle a toujours aimé imaginer des costumes pour elle, muse involontaire, ça lui donne envie de rigoler. Et de pleurer. Tiens Pia, ça va ? Pas trop mal à la tête ? Quand on parle du loup justement. Sursaut de frayeur, les crayons qui lui échappent et qui roulent en sol. . J’ai pas eu l’occasion de te dire à quel point j’étais contente que tu sois de retour parmi les vivants. Regard qui dévisage Halina, les sourcils froncés, elle essaye de comprendre où se trouve le piège. Parce que c’est pas elle ça, d’être aussi gentille, même si on voit bien l’effort fournit pour prononcer ces amabilités. « Heu. Ok ? » elle prend sur elle, essaye de ne pas montrer sa surprise mais surement que ça rate un peu. Beaucoup. « Merci je suppose ? » Même pas le temps de finir sa phrase qu’Halina lui tourne déjà le dos. Tant mieux. L’impression qu’elle va de nouveau pouvoir respirer.
Mais non.
Halina qui revient, sourire triomphant sur le visage et Pia sent venir l’orage. Elle s’arme comme elle peut, s’enfonce un peu plus dans son fauteuil pour s’assurer une certaine stabilité, garde la tête haute et le menton relevé. Mais ça ne la prépare pas au choc. Du moins pas assez. Au fait, que tu saches, j’ai géré le truc avec Zyki, et avec Jax. Bref tout va beaucoup mieux, donc t’as plus besoin de t’inquiéter pour nous. « Hein ? » ça lui échappe sans qu’elle le veuille vraiment, incrédule elle regarde Halina, pas sur de comprendre où elle veut en venir. Ou peut être qui si en fait. Peut être que c’est un mélange des deux, un mélange d’avant et d’après la chute, des souvenirs qui ne demandent qu’à être arraché. « Mais de quoi tu parles ? » Les mots qui lui reviennent, ceux qu’elle avait gravés sur le papier quelques jours avant de finir à l’hôpital. « et depuis quand je m’inquiète pour vous ? T’as cru que c’était noël ou quoi ? » le rire sidéré qui lui échappe, surjouer, imiter. Provoquer. Elle tend la canne, patiente pour voir ce qui va mordre à l’hameçon. Parce que ça mordra. C’est sur. C’est Halina après tout.
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Halina Kida

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MessageSujet: Re: on brûlera toutes les deux (pialina)   on brûlera toutes les deux (pialina) EmptyLun 18 Juin - 18:35

Y a un détachement insolent dans son regard vide. Quelque chose d’impalpable mais qui électrise tout autour de nous. Comme un genre de combat de regard auquel on ne participerait pas vraiment, un bras de fer qu’on a toutes les deux perdu. On ne sait pas sur quel pied danser, et tout ce que je dis, ça semble être dans une langue qu’elle ne comprend pas. Pia et moi, on a toujours eu du mal à se comprendre, quoi qu’il arrive. Mais là, j’sens pour la première fois un once d’honnêteté, quelque chose de rare dans ses yeux fourbes. Je fronce légèrement des sourcils, et adopte au plus vite ma plus belle grimace, celle du sourire complaisant. Dis donc, sacré coup sur la tête. Que je commente directement après son “hein” d’incompréhension qui a glissé sur sa langue de vipère. C’est plus fort que moi face à elle, je refuse de perdre la face une seconde fois. Y a les images de notre dernière entrevues qui tourbillonnnent dans mon esprit, elles tournent si vite qu’elles me filent le tournis. Je me revois, si faible, tellement à découvert. Comme si elle avait arraché ma peau avec ses ongles pour mettre mon coeur à nu. Grande brûlée, totalement à vif. Et chacun de ses mots comme du poison dans mes veines, qui me paralysaient de plus en plus. J’te laisse tout Pia, Jax, Zyki, mon putain de trône. Que je hurlais à m’en arracher la voix. Parce qu’à l’époque j’aurais donné n’importe quoi juste pour ne pas avoir à être dans ma peau, me glisser dans une autre. Me glisser dans la sienne tant qu’à faire. Aussi pénible et douloureux que ça doit être d’être clouée dans ce maudit fauteuil, c’est le genre de douleur plus facile à appréhender que celle qui vous étrangle même dans votre sommeil. Celle que JJ a fait naître au fond de moi, irréparable, inoubliable. Et puis tout le reste, l’inquiétude quasi pire que mon état de détresse actuelle. L’inquiétude pour Zyki qui a foutu le feu à mon système. La crise de panique qui s’est suivi. Tout ça, si rapide et violent à la fois, impossible de ne plus y penser maintenant que ses yeux las sont posés sur moi. Je lui ai laissé trop d’opportunités de me salir, de m’atteindre, maintenant que j’ai officiellement perdue une fois devant elle. Mais de quoi tu parles ? Je plisse les yeux mais ne répond rien, pas immédiatement en tout cas. Je cherche à démêler le vrai du faux, parce que tout à des airs de conneries dans sa bouche. Elle sait tellement bien jouer la comédie, une vraie artiste. Une artiste du mensonge qui les tisse de ses dix doigts fonctionnels. Je serre les poings, non j’en serre un, celui qui fonctionne et l’autre reste à mi-clos du mieux que mes nerfs endommagés me le permettent. et depuis quand je m’inquiète pour vous ? T’as cru que c’était noël ou quoi ? Sourire hypocrite. Elle joue bien la conne. Elle s’en sort comme une chef avec son histoire de choc à la tête. Avec son hospitalisation. On est toujours gentils avec les gens comateux. Ils n’ont jamais tort. Ils sortent gagnant, ardoise effacée. Tu parles Pia, tes mots tranchants sont plantés dans ma mémoire. Que c’est pratique, hein ? D’oublier. Chargée de reproche, je ne sais toujours pas à quel jeu elle veut jouer. A-t-elle vraiment oublié ? J’crois plus rien la concernant, plus rien. Tout ressemble à une manigance. Et si elle avait vraiment oublié ? Si sa mémoire avait fait reset ? Parfois j’aimerais, tout effacer, repartir de zéro, virer de ma tête les souvenirs cauchemardesques qui surgissent parfois, comme une vague qui viendrait m’avaler toute entière. C’est dingue comme les doutes sont plus puissants maintenant que je suis face à elle. On est un genre de miroir déformant l’une pour l’autre je pense. On se renvoie une image biaisée de nous. Et dans ses yeux je me sens toute petite, faible, laide à crever. Sans doute qu’elle ressent la même chose de son côté. Pas besoin de jouer les filles détachées hein. Que j’ajoute en haussant les épaules. Peut-être bien qu’elle espérait que j’me plante. Que je reste enfermée dans cette solitude infinie, dans cette tour de chagrin que j’ai construite autour de moi, malgré moi. Comme ça elle aurait eut toute la place pour piquer Zyki, piquer Jax, m’évincer. Comme tu le vois, j’me démerde très bien sans tes conseils à deux balles concernant mon mec. Et mon frère. J’insiste sur chacun des mots pour les marteler dans son crâne abimé. On est le plus parfait exemple d’un dialogue de sourd, parce que dans son regard y a rien qui filtre. Alors je soupire un bon coup, un grand coup et je croise mes mains sous ma poitrine. Si elle veut que je lui rafraichisse la mémoire pas de problème. Le temps de rassembler mes pensées et je fais un pas vers elle. La dernière fois qu’on s’est parlée, t’as été infecte. J’vois pas tellement pourquoi j’le précise, vu que c’est comme ça à chaque fois. Mais sérieusement, tout ce que t’as dit, oublié ? Je me garde bien de préciser à quels points mes mots étaient aussi tranchants que les miens. Au fond de moi j’aimerais juste qu’elle ressente, l’espace d’un instant, la culpabilité qu’elle m’a fait ressentir à ce moment là. Qu’elle se sente être la pire personne de l’univers, juste un tiers de seconde. Ca serait mal la connaître, sans doute. On se connaît trop bien et trop mal à la fois elle et moi. J’attends pas vraiment tes excuses. Juste, assume au moins tes actes. J’pousse le bouche un peu trop loin, juste un petit peu, histoire de la faire réagir si elle s’en rappelle, de la faire cogiter si ses souvenirs se sont envolés.
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MessageSujet: Re: on brûlera toutes les deux (pialina)   on brûlera toutes les deux (pialina) EmptyDim 15 Juil - 12:15

Dis donc, sacré coup sur la tête. C’est acide, ça fait mal dans la gorge, dans la poitrine, la grimace qui s’étale sur le visage de Pia quand les mots d’Halina la touche. Pourquoi elle est là ? Pourquoi est-ce qu’elle la provoque alors qu’elle vient de rentrer. Elle pouvait pas attendre un peu avant de relancer les hostilités ? Elle est fatiguée Pia, en colère aussi, perdue surtout. Et c’est pas Halina avec ses mots tranchants qui va l’aider à avancer. Ca sème une sorte de doute au fond de son crâne, des images qui luttent pour revenir, des flash qu’elle refoule malgré elle. Pourtant elle sens qu’Halina a un morceau du puzzle. Peut être pour ça aussi qu’elle ne tourne pas tout de suite les talons, qu’elle se contente d’écouter, sourcils froncés, incrédulité réelle qui se peint sur le visage alors qu’elle sort ses armes pour répondre à Halina.
Que c’est pratique, hein ? D’oublier. Halina ne la croit pas. Ca se voit dans son regard. En même temps pourquoi est-ce qu’elle le ferait ? Après toutes ces années de guerre, d’actes mesquins et de coups dans le dos. Y a plus aucune confiance entre les deux, plus rien du tout, juste de l’acidité et de la haine pure et dure. Alors quand elle regarde le sourire d’Halina elle voit bien qu’il sonne faux. Terriblement faux. Ca lui fout des frissons dans le dos, l’envie de lui arracher ce putain de sourire et de le piétiner. « Ouais t’as pas idée » qu’elle improvise, joue le bluff, plaque à son tour un sourire sur son visage, du genre suffisant, méprisant, celui qu’elle arbore toujours quand elle joue un sale tour à la Kida. Elle devrait savoir depuis le temps que ça signifie jamais rien de bon. Mais pour une fois elle a rien calculé derrière, c’est juste faire semblant, pas se faire renverser.
Pas besoin de jouer les filles détachées hein. Blablabla, Pia qui lève les yeux au ciel, l’envie de tourner les talons, de la laisser là, mais c’est pas possible. Coincée dans son fauteuil il ira pas bien loin. Parfois elle voudrait hurler. Elle le fait souvent d’ailleurs, dans son oreiller, la nuit, quand y a personne pour l’écouter. Prisonnière de cette cage, de ce corps cassé, qui l’empêche de combattre pleinement. Elle voudrait tourner les talons ou alors se lever, toiser Halina de toute sa hauteur, la mépriser comme elle le fait si bien. Mais à la place elle se contente de lever la tête, cou tendu, se mord l’intérieur de la joue pour pas déraper. Comme tu le vois, j’me démerde très bien sans tes conseils à deux balles concernant mon mec. Et mon frère. La bouche qui se tord dans un rictus amer alors qu’elle évoque Jax, Zyki. Ouais. Elle a vu ça en revenant à elle, en ouvrant les yeux. Quatre mois, c’est tout ce qu’il a suffit pour que Jax et Halina se remettent ensemble, surprise désagréable pour son retour parmi les vivants. Elle ne sait pas pourquoi ça la touche toujours autant, même après toutes ces années. Elle le sait pourtant, que Jax et Halina ça sera surement pour la vie, qu’elle aura jamais ce privilège, qu’elle l’a laissé filé y a déjà trop longtemps. Jax n’a jamais été pour elle. Jamais. Et même avec toute sa haine pour Halina elle ne peut pas s’empêcher d’être soulagée, de savoir que peut être quelque part y a le cœur de Jax qui s’apaise. Mais quand même. Pas pour autant qu’elle lancera du riz à leur mariage et qu’elle portera un toast. Faut pas rêver non plus.
Et puis Zyki. Zyki c’est différent. Zyki elle voit bien que c’est comme avant, elle bluff, il déraille, déconne, quand il est venu la chercher à l’hôpital pour la ramener elle a bien vu que rien n’avait changé. Toujours aussi paumé, toujours aussi poison. « Tu te démerdes toujours très bien Halina, c’est connu » serpent, vipère, elle siffle un peu trop fort, sort les crocs, les griffes, tout ce qu’elle peut. « T’attends quoi ? Que je te dise mazeltov ? » rire acide qui lui traverse la gorge alors qu’elle secoue là tête. Combien de temps avant que tout s’effondre de nouveau Halina ? Elle a lancé le chronomètre, compte les secondes, le regard braqué sur toi, attend la chute avec impatience.
La dernière fois qu’on s’est parlée, t’as été infecte. J’vois pas tellement pourquoi j’le précise, vu que c’est comme ça à chaque fois. Mais sérieusement, tout ce que t’as dit, oublié ? La dernière fois ? C’est quand déjà ? Elle essaye de remonter, mais ça bloque. Encore. Encore. Ca bloque toujours, l’impression qu’elle ne retrouvera jamais les morceaux de vie qui ont décidé de sauter. . J’attends pas vraiment tes excuses. Juste, assume au moins tes actes. « Mais putain faut te le dire en quelle langue ? » ça craque, ça dérape, les mots trop secs, les insultes qui tanguent sur le bord de ses lèvres. « Tu crois que ça m’amuse ? Tu crois que je fais semblant ? Que je me souviens de tout mais que je prétends ? » Elle tâtonne, attrape sa canne rangée à ses pieds, la plante dans le sol pour se redresser. Ca tremble de partout, colère et fragilité mélangée, elle tiendra pas longtemps, mais juste assez pour se défendre. « Assumer mes actes ? Des excuses ? Je sais pas ce que je t’ai fais Halina. Remarque me connaissant et te connaissant ça devait surement être mérité. » sourire dégueulasse sur son visage, elle la défie de la contredire. « Oh t’en fais pas ma grande, mes actes je les assume très bien, même ceux que j’ai oublié, pas besoin de toi pour me faire la morale. » Yeux dans les yeux, ça brûle, surement que les spectateurs qui passent par là devraient se mettre à l’abris, c’est jamais joli quand elles dansent comme ça. « Mais pour les excuses, t’as bien raison de dire que t’en attend pas. J’en ai aucune pour toi et j’en aurait jamais. » Tête haute, menton droit, fierté qui brille dans son regard.
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