C’était pas sur le contrat bébé,
Mais le vie elle est compliquée.
Y’a les erreurs du métier,
Les bébés pas nés de la prostituée,
Ta mère, elle était désespérée,
Seul à jamais qu’elle s’est dit, alors elle t’a gardé.
La marchandise,
La sale Aphrodite,
C’est ce qu’ils ont dit à l’eglise,
Que la pute était maudite.

Et puis t’es arrivé.
Dans l’air on t’a noyé,
T’as rien dit du tout,
Elle te perdait comme tout.
Le petit cœur te faisait sûrement déjà mal,
T’as préféré l’éteindre comme un anormal.
Et l’abandonnée elle a crié,
« Il faut le sauver…
Il faut le sauver ! »
Peut-être que tu voulais pas qu’on s’acharne,
Mais par maladresse t’as laissé une lucarne,
Les médecins s’en sont saisis,
Ils ont chamboulé ton palpitant,
L’autre était pleine de frénésie,
Elle priait bruyamment,
Puis Dieu lui a sourit,
T’es revenu à la vie.
Même ton arrivée tu l’as raté,
T’étais trop maigre et un peu fracassé.
Voilà bébé, il faut vivre maintenant !
Mais tu n’as fait que survivre seulement.



...On te demande rien bébé, juste d'être une poupée.

Il faut dire au revoir au père qu’elle a dit ta mère. Toi tu t'es avancé, encore un peu niais, t’avais les joues roses et bien gonflées, t’étais mignon, c’est ce que les clients lui diront en te croisant dans les couloirs, à ta maison, à sucer ton pouce, à les regarder dans le reflet du miroir, en te posant des questions. Tu t’es approché de lui, « au revoir » que poliment tu as dit. « Au revoir Ariel… » toi tu pensais que c’était un regard paternel. La vérité c’est qu’il fallait fuir ma belle. Ta mère elle voyait rien, c’était le seul qui vous voulait du bien quand tous les autres ici, s’amusaient à vous traiter de pourris. Mais t’étais jeune, jolie rose, les pétales lisses et les épines innocentes, toi tu faisais comme ta mère avec l’enfance insouciante. Tu faisais bien tes prières à sautiller près des rivières. Douze ans que tu as, tu dors encore avec un doudou que tu serres contre ton cou. Et puis un jour est arrivé.
Bébé… Bébé y’aurait fallu… Y’aurait fallu te sauver. Ce soir-là t’a coulé.
C’était un soir un peu particulier, maman elle s’est dit qu’il fallait t’éloigné, que c’était peut-être pas très bien que tu vois les clients défiler. Le père, il s’est proposé. Il a dit je te comprends ma fille. Elle t’a déposé bébé, à l’église que tu connais bien, tu avais pris ta peluche et un bouquin. Le père t’attendait. Il était-là, avec ce sourire que tu pensais attentionné.
Maman elle s’est barrée et elle t’a laissé bébé, avec Lucifer à tes côtés.
Ensemble, la bible vous avez lu, il t’a appris quelques tournures de phrases, et toi tu as tout bu. Puis tout à coup, une main se pose sur ton genoux. Tu la regardes, c’est peut-être qu’une mégarde, alors tu dis toujours rien, tu continues juste d’aller bien. Et puis tu lis, à voix haute, cette religion qu’est la votre, sur ce lit offert par ton hôte, lit qui sera bientôt votre. Et puis c’est à ton oreille que bientôt il te dit quelques merveilles et toi tu stoppes ta lecture, cette main qui glisse dans ta chevelure voilà qu’elle caresse gentiment ta nuque et tes blessures. « Tu arrêtes de lire ? », « je veux juste dormir » que tu murmures. T’as tes yeux verts fixé sur les pages, doucement c’est l’enfer et toi tu restes bien sage. Il pose ses lèvres, juste-là, sur ton oreille, toi t’as un frisson, ses doigts sur tes bras, il émet quelques sons. « Tu sens bon… » à ton oreille. Bébé, t’as le cœur qui panique, le cerveau dans un Titanic. T’essais de reculer ton visage, mais lui il te fait basculer, « sois sage » bébé tu sais pas nager, ce soir tu vas sombrer. Tu fixes un point noir, là-bas proche de l’armoire, tu cherches à t’évader, tu sais pas quoi faire, il faudrait peut-être crier, mais maman elle s’est barrée et te voilà en solitaire. Il enlève pas ces beaux vêtements, mais il déchire les tiens tendrement. Tu veux te protéger, c’est normal, t’es apeuré, de tes mains levées tu t’opposes, t’essaie de le repousser, un peu alarmé, mais c’est morose, bébé, que tu te sens achevé. Le ventre sur ce matelas, la mâchoire serrée, les mains à plat, tu trembles. Tu sens les marées monter, la douleur te déchiqueter. C'est le cœur qu'il te mutile, t'as le cerveau stérile. T’es effrayé. Et d’horrible affection, c’est lentement
Qu’il te viole
À la fenêtre, dans le ciel, tu observes les quelques lucioles.

T’as peur bébé, c’est rien, ça va passer…
Ferme juste les yeux, et prie les cieux.
Alors t’as pris ton doudou,
Et tu la serrais contre ton cou.



Un jour ça c’est passé comme ça :
Dans la pauvreté on fait avec ce qu’on a, ta mère elle épluchait des pommes de terre. « Bébé, tu peux couper celles-là ? » qu’elle t’a demandé, t’as rien répondu, sur le comptoir tu t’es accroché, tout était un peu confus, « bébé ? », et puis à terre, tu es tombé, « Ariel ! »
A l’hôpital tu t’es réveillé, t’avais la crâne lourd, le corps en plomb, t’avais l’impression que tout c’était déchiré mais que rien n’avait fait de son. Tu as juste froncé les sourcils, à papillonner des cils, la lumière t’as battu, t’étais juste abattu. T’as attendu, sûrement des heures, ou quelques instants, t’avais pas l’allure du combattant. T’as voulu partir de ce lit d’hôpital pour retrouver tes draps sales, mais à peine tu t’es redressé, c’est ton dos qui s’est effondré. Et puis, la porte s’est ouverte, ta mère est entrée bien verte, elle a croisé tes yeux, ses pupilles étaient cassées et les tiennes se brisaient. T’as compris. T’as compris que quelque chose n’allait pas. Elle n’a même pas fait un pas, qu’à son tour elle a coulé, elle est tombé à terre, elle s’est effondré, elle a pleuré, pleuré, elle dit à Dieu que c’était pas possible, elle a répété des « non », et des « non ! », et puis elle a tournée son visage vers toi, t’as cru qu’elle était morte, simplement contre cette porte, et puis elle a murmuré, comme flingué, « je suis désolé… J’ai tout foiré » elle savait qu’elle n’aurait jamais dû te garder.
Parce que bébé,
Tu méritais pas ces choses-là.
Maintenant elle prend des somnifères,
C'est la descente en enfer.



Maman elle a tenté de se relever, elle a voulu gagner des procès. Maman elle était pas infectée alors il n’y avait qu’une solution, un jour tu lui as tout avoué, t’as dit que ça venait sûrement de l’affection du père. D’abord elle n’a rien dit, puis elle a klaxonné, et elle fut prise d’une frénésie, à gueuler à la volée comme pour évacuer. Sauf que rien n’est parti, la voiture elle a continué à faire du bruit parce que sur le volant, c’est la tête de ta mère qui s’y est déposé. Ta mère, tu l’as certainement tué, maintenant elle passe pour une écervelée et toi tu tends juste un mouchoir, tu veux plus les essuyer ces larmes parce que chez toi, on a déjà pointé l’arme, et puis on a tiré. C’est toute ta cervelle qu’a explosé, c’est ton cœur qui s’est cassé, et t’as même la vue qui commence à se barrer. Maman elle veut gagné, mais les prostituées ne le font jamais. Ce qui est juste est que t’es simplement le môme d’une pute, et qu’elle peut bien continuer sa lutte, de toute façon elle n’aura jamais l’argent pour avoir le tiquet gagnant. Les avocats ils sont radins, ils tendent jamais les mains.
Merci.
Grâce à lui, tu es infecté, ta mère est affectée, c’est toute la famille qu’est tombée.

Et toi, t’en veux plus de ce combat,
Il est terminé, il est mis bien bas,
humilié, tu ne veux que fumer,
Il n’y a plus que des ruines qu’il faut oublier,
Il n’y a plus que des chagrins qu’il faut ignorer.
C’est 120 coups de tonnerre,
T’es devenu un peu Lucifer,
T’attends la dernière seconde
En étant cette personne immonde
Et toi, elle te font bien rire ces pubs à la con,
Ces trucs de sidaction.
En vérité que tu crèves à ton chevet,
Personne n’en a rien à péter.