I Nobody remembers being born...

J'ai toujours vécu à Savannah.
Père Français, mère Américaine, ça fait rêver. Ca aurai pu être le tableau idéal. Culture, voyages, cuisine, fast food, self-made man... Il y avait tout les ingrédients pour avoir une putin de bonne life. Mais dommage, on vivait un quartier de merde, pas beaucoup de tune, et le peu qu'on avait, partait en grande partie dans la drogue et l'alcool de mon daron.

Si déjà dès le début c'était aussi merdique, quelle idée ils ont eu de pondre un autre gamin ? Qu'est-ce qui leur a prit de me donner ce genre de responsabilité ? De veiller sur mon frère, de le protéger, d'être son pillier, de lui consacrer ma vie. J'ai rien demandé. Jamais, dans ce genre de famille, j'ai demandé à ce qu'on me colle un petit être sensible et parfait. Jamais j'aurai demandé d'aimer autant dans ces conditions. Car qui dit amour, dit peur. Putin que je l'aime, mais putin que j'ai peur pour lui.

Deux ans, c'est le nombre d'années qui nous sépare. Deux ans c'est rien, mais j'ai tellement de responsabilités envers lui. Je lui donne tellement plus d'amour que je n'en ai reçu, et que je ne pensais pouvoir donner.

Deux ans d'écart, et 10 ans à vivre dans la merde. Quels gamins préfèrent aller à l'école plutôt que de rentrer chez eux ? Nous. On avait des amis, l'école c'était tranquille, propre, joli, coloré, silencieux. A l'école, c'est impossible de retrouver sa mère morte à poil sur le lit, et son père une balle dans la tête, allongé dans la baignoire. Ce n'est pas possible de voir ça à l'école. A la maison, si. C'est possible, c'est arrivé, c'est ce que j'ai vu un matin en me levant. En me dépêchant parce que maman n'était pas venu nous réveiller et qu'on n'était en retard pour l'école.


II ...BEING BORN AND NOBODY...

Ne pas pleurer. Ne pas crier. Ne pas laisser Jordy voir ça. Préparer le petit déjeuner, réveiller Jordy, le faire s'habiller sans passer par le brossage de dent ni la douche. L'emmener à pied à l'école, mains dans la mains. Le laisser dans sa classe, avant d'aller dans la mienne. Se faire engueuler par le professeur à cause du retard, et attendre. Attendre d'avoir enfin un moment seul avec un adulte, sans que les autre puissent entendre. Attendre d'avoir un moment seul pour tout raconter. Tout raconter et rentrer officiellement dans le système de placement d'enfants. Entrer officiellement dans la catégorie "Orphelins" ce qui est un très joli mot pour dire "A la charge de l'état". Mais je m'en foutais. Au moins, mon corps ne serai plus recouvert de bleus, et ne prendrait plus de nouvelles cicatrices. En tout cas, par de nouvelle de la part de ce qui nous avait servi de géniteur.

C'était partit pour passer de foyer en foyer. De famille d'accueil en famille d'accueil. Une vie tout aussi merdique. C'était une merde différente, mais de la merde quand même. Entre moi qui en avait marre, et Jordy qui faisait de plus en plus n'importe quoi... On a pas mal bougés. Et comme nous sommes deux frères bénit des dieux... Jordy se tape en prime une bipolarité. C'est une histoire de karma ça, cherches pas... Je lui ai donné trop d'amour pour la famille que nous avions. Pourquoi avait-il pu être aussi aimé et protégé alors que moi j'ai pris toutes les merdes ? Les dieux se vengeaient sur lui, et je ne peux pas le défendre contre les dieux.

Je ne peux rien faire pour ça, mais j'ai pu le f aire sortir du système. J'ai pu trouver un mec sympa qui voulait bien de nous. Qui voulait bien nous héberger. Il fallait juste l'aider à faire certaines choses plutôt cool. Enfin, c'est ce que n'importe quel gamin de 16 ans, en pleine crise d'ado, aurait pensé. Maintenant que j'ai 19 ans, je vois bien que c'est la merde encore une fois.


III ...NOBODY REMEMBERS DYING.

Personne ne se souvient de sa naissance. Le cerveau encore en train de se former. La vision trouble, tout les sens qui s'éveillent d'un coup. C'est impossible de s'en souvenir.
Personne ne se souvient de sa mort. Pas parce qu'il n'y a rien après, ou parce que il n'y a plus d'activité cérébrale. Non. On ne s'en souvient pas, parce que ce n'est pas un moment précis. C'est un long moment. Je suis en train de mourir. Je suis au moment de ma mort.

Quand cela va t-il se terminer ? Je l'ignore.
Quand cela a t-il commencé ? Je l'ignore.

1 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où j'ai commencé à piquer de la drogue un peu partout pour me la foutre ds le nez ou directement dans les veines ?
2 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où j'ai commencé à dealer pour Peter ?
3 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où j'ai rencontré Peter et qu'il nous a proposé de nous héberger très gentiment ?
4 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où j'ai pris Jordy avec moi pour quitter ces familles d'accueil merdique ?
5 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où on a découvert la bipolarité de Jordy ?
6 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où j'ai parlé à mon professeur de nos parents mort ? Alors que j'aurai pu rester avec Jordy a la maison, faire comme si rien ne s'était passé et enfin lui faire vivre une vie sans haine ?
7 ϟ Est-ce que ça a commencé au moment où je me suis mis pour la première fois devant mon frère pour que notre géniteur me batte à sa place ?
8 ϟ Ou est-ce que ça a commencé au moment où je suis sorti de la chatte de ma mère ?