Les Etats-Unis c’est franchement pas le rêve des films. Déjà cette ville c’est de la merde. Et puis leur bouffe c’est de la merde. Et y a pas assez de meufs bonnes ou alors elles font genre elles sont meilleures que lui ou elles sont déjà prises en mode reine du lycée qu’a épousé son joueur de foot attardé et qui s’est déjà fait déformer les hanches par deux gosses alors qu’elle a même pas vingt-cinq ans. Du gâchis ce pays de merde. Il pensait que ce serait comme la Californie des Fast & Furious, qu’à chaque coin de rue on trouverait des mannequins en maillot de bain qui ont la bonne idée de ne pas avoir de lignes de dialogue. Quelle déception à son arrivée de se rendre compte qu’ils étaient bien mieux lotis en Serbie que de ce côté-ci de l’Atlantique. Mais quand on travaille dans une boîte de nuit doublée d’un strip club on finit toujours bien par trouver des choses à se mettre sous la dent. En quelques mois le serbe a bien sûr enchaîné les demoiselles volontaires, même s’il a noté une certaine baisse dans ses standards, ayant été obligé de se taper quelques 7/10 faute d’autres options ; et il s’en est même trouvé quelques régulières. Dont une fausse brune carrément chiante mais carrément bonne. Mary ? Molly ? Quelque chose comme ça, mais le nom du contact dans son téléphone c’est ses mensurations.

Citation :

Je t’attends chez moi à 19h30.

Les ordres c’est pas trop son truc à Anton, y compris en matière de sexe mais quand on a rien d’autre de prévu ça ne se refuse pas un booty call, ça fait partie des rares principes moraux auxquels il se tient. La ponctualité, cependant, n’en fait pas partie. Quand il frappe à la porte c’est une tornade qui lui ouvre ? « 45 minutes late are you kidding me ? » Il savait bien qu’elle était chiante de toute façon mais il préfère des accueils plus langoureux, alors il s’invite dans son appartement sans répondre à ses accusations. Elle le scrute de bas en haut, une vague grimace au coin des lèvres. « What the fuck are you wearing ? » C’est vrai qu’il est plus costard cravate d’habitude mais bon, pour aller tirer un coup la veste en cuir et le T-Shirt c’est tout de même pas proscrit. Elle, en revanche, est moulée dans une robe rouge qui laisse très peu à l’imagination, plantée sur des échasses plus que des talons, se croyant visiblement sur la croisette. L’effort est apprécié par le proxénète mais c’est un peu excessif pour rester dans un appartement, si elle voulait l’exciter de la lingerie aurait été plus appropriée. « Ugh, you better be taking me some place nice ! » Il regarde autour de lui quelques secondes puis finit par intégrer l’information, s’arrête sans comprendre ? « You what ? Go where ? » Ce n’est plus une tornade, c’est un ouragan, elle n’aurait pas eu l’air plus outrée s’il avait déterré tous ses ancêtres et les avais baisés sous sa fenêtre. Ses réflexes sont suffisamment bons pour éviter le sac à mains qui siffle à côté de sa tête et va s’écraser dans une étagère. « Valentine’s Day you motherfucker ! You didn’t even bring me roses ! » Putain c’est vrai y a ce truc là mais ça se fait pas trop là d’où il vient. Sauf que son idée à lui du romantisme à lui c’est se laver la bite avant de passer à l’acte. Et puis s’il avait une once de prince charmant en lui il ne la montrerait certainement pas avec elle qui ne sait pas fermer sa gueule. « I don’t do that gay shit. You just a whore anyway. » Lorsque le deuxième projectile le manque de peu il se rue sur elle et l’immobilise violemment. « You want to lose teeth ? » Sauf qu’il n’y a pas de peur dans les yeux de la brune, juste une rage grandissante, et cette étincelle de la gamine qui n’a pas eu assez de cadeaux à Noël et qui brûlera tous ceux de ses cousins. « My dad’s a cop you bastard so you’re taking me out tonight or I’m telling him you raped me ! » Pendant quelques secondes il est prêt à lui rire au visage, comme s’il avait peur de la flicaille, comme s’il était de ceux du côté de la réception quand il s’agissait de menaces. Mais le visage intransigeant de Lazar lui revient en tête et il sait. Il sait que s’il merde il sera crucifié. Alors comme un chien bien dressé il baisse la tête, retient ses aboiements. « You fucking crazy bitch. »

…

« So what will it be for the lovely couple ? » Lui il grommelle vaguement un nom de steak parce qu’il a même pas envie de lire la carte, tandis qu’elle commence à énumérer tous les articles les plus chers du menu. Déjà presque vingt minutes qu’elle parle, parle, parle, il ne comprend même pas la moitié de ce qu’elle dit, avec son niveau d’anglais ses conversations sont limitées. De toute façon même en serbe il n’écouterait pas. Quasiment enchaîné à la table, il a envoyé un message à Bran pour le sortir de là mais il s’est juste foutu de sa gueule. Alors Anton porte sa croix, supporte l’odeur écœurante des bougies parfumées, fuit le regard de cette connasse qui le paiera un jour. D’un petit coup de pied elle le rappelle à l’ordre, se penche vers lui, lui susurre un secret. « If you think after this you’re gonna get to fuck me you’re wrong. » Comme une envie de mourir qui vole autour de lui. Pays de merde.