malokeur ▹ posts envoyés : 350 ▹ points : 10 ▹ pseudo : élodie/hello (prima luce) ▹ crédits : prima luce (av), sign/ prima luce (gif) ▹ avatar : ken samaras (nekfeu)
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| Sujet: tu t’es tracée comme une éclipse (pire st valentin) Lun 19 Fév - 0:45 | |
| Six mois à se damner l’âme contre des murs de béton, c’est long. Beaucoup trop long. Plus de cent-quatre-vingt jours durant lesquels la vie suit son cours alors que lui, il est coincé il avance plus. Il piétine le bitume à en crever, incapable de céder de se résigner. L’âme fendue en son épicentre, on lui a arraché l’autre moitié – brisée mortifiée dans le froid funéraire. De la morgue à la terre en un battement de cils, pendant que lui, on l’envoyait se repaître de sa rage morbide au fond d’un trou. Cadavre dépecé de son essence, balancé dans le caniveau sans la moindre défense. Mais il n’y a pas d’excuse pour les nécrosés comme lui, pas de seconde chance possible dans le sang versé. Il n’existe pas de légitime défense pour la vengeance, elle reste brutale et froide. Insatiable. Fauve enragé réduit à l’état de bête emprisonnée, à tourner en rond derrière les barreaux comme sous son crâne. Peine allégée mais toujours trop longue quand le corps devient cendres, que les adieux ont brillé par leur absence et que les amants se sont faits la malle. Il a fini par sortir Malo, rendu fou par le deuil impossible et le temps intransigeant. Aliéné par les souvenirs les fantômes, les et si ? qui n’ont jamais permis de combler les failles. Déchu de son royaume de cendres, l’empereur s’est fait silence dans l’impatience, fêlure caustique dans la douleur. Comme lui-même avait été la faiblesse de ses parents ayant précipité leur fuite de la Russie, on l’a percuté dans le grand défaut de son invincibilité – son mariage comme tendon d’Achille. Vie brisée dans sa jeunesse en ne laissant derrière elle, que des proches marchant dans leurs sanglots. 14 février 2014, les pieds et l’amour à jamais dans la boue, cimetière de Savannah. Il est devant elle, pour la première fois depuis la chute. Cette rencontre avec l’au-delà a la disgrâce du manque et des allures macabres sous le ciel gris. Pourtant, sa tombe est bien entretenue, quelques fleurs apposées contre le marbre qui avait saigné les économies de la famille. Il a l’air bête, Malo, les bras ballants le corps usé. Il a l’air malheureux, cet homme aux épaules affaissées aux cernes creusées. C’est le poids de la peine des âmes esseulés, des amants maudits – la dette de la rue, payée dans son encre vermeille. Ils n’ont jamais fêté la Saint Valentin, ils ont toujours été à mille lieux de ça. Maintenant il se sent con, il a l’impression de l’avoir amputé de quelque chose. Il regrette que de son vivant, elle n’ait jamais pu connaître ça, alors il se dit que peut-être de là où elle est maintenant, ces quelques fleurs lui feront plaisir. Il les a choisies seuls, se mouvant dans l’instinct lorsque la conscience a fait défaut ; les senteurs et les couleurs fades dans un monde sans lumière. Il est certain que ce ne sont pas les bonnes en ces circonstances, que ses sœurs auraient fait un meilleur choix. Mais ces fleurs sont son offrande silencieuse pour le mal qu’il ne pourra jamais réparer. Elles ont des bouts d’eux des bouts de regrets et d’au revoir, elles ont recueilli les larmes muettes du veuf égaré dans son ombre. Elles sont les retrouvailles et l’abandon, la bataille perdue et la guerre à mener.
Malo, c’est la peine purgée pour la violence contre le scélérat. Lula, c’est la justice qui n’a jamais eu lieu pour son assassinat.
Triste monde.
Tu manques, Lula. |
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