Sujet: (père nottard) be careful what you wish for Jeu 7 Déc - 14:53
C’est comme des échos d’un temps passé. Une chaleur dans tes bras, un regard trop bleu, un peu trop semblable au tiens. L’espoir qui renait, doucement, comme si tout n’était que poussière sauf elle, toujours elle. Des voix qui hurlent, la gamine qui disparaît de tes bras, et t’avances, à l’aveuglette, comme si t’étais prisonnier d’un cube en verre, présent et pourtant translucide, la personne qu’on ne voit pas, qu’on ne remarque pas. Tu paniques, tu cherches, regarde, observe, une scène, trop connue, trop vécue sans doute, la main de ta mère qui se lève, s’écrase sur le visage de la gosse, avec une violence non contrôlée qui la fait reculer, et tu hurles, frappe le verre, un morceau dans ta peau, une épine trop profonde. Une scène, encore, l’autre, seule, fatiguée, un homme avec elle, désillusion, elle cherche sa mère et il la cherche aussi, et t’hurles, encore une fois, plus fort, c’est déjà arrivé, ça aurait pu mal tourner, papa n’est pas là, il n’est jamais là. T’as comme une chanson dans la tête, elle hurle, mélodie russe effrayante, tu ne veux pas qu’elle l’entende, qu’elle la ressente, qu’elle la comprenne. Il s’éloigne, tu soupirs, tu frappes encore, le sang qui coule, encore. Peut-être que c’est toi qui est mort, peut-être que c’est arrivé pour qu’elle vive, que t’es condamné à observer. Des gosses qui la poussent, la frappent, l’humilient, et t’as les larmes qui perlent Luka, t’as le cri de rage qui brise tes cordes vocales.
Tu sais, tu connais, elle est belle, beaucoup trop, gamine au sourire solaire et aux cheveux roux, yeux bleus et taches de rousseur, elle ressemble à maman, elle te ressemble à toi, et tu te déchires les jointures, la lèvre, l’esprit et le cœur. Tu la vois qui pleure, sur une tombe, peut-être la tienne, tu sais pas, trop jeune pour souffrir, trop jeune pour comprendre, et t’as la rage, la rage de mourir, la rage de vivre, l’envie de lui prouver que t’es là, que t’as besoin d’elle, l’espoir de te prouver qu’elle aurait été mieux, par deux fois la même erreur. Ton cœur gelé, congelé, disparu, en fumer, cœur trop vivant qui laisse passer les sentiments. Les fleurs trop rouges, et ces larmes trop irritantes t’ont une envie de vomir violente. Ce gars qui la regarde, l’observe, qui la touche, l’embrasse, ce gars qui la brise, lui fait perdre conscience d’elle-même, cri de rage, tu n'as jamais voulu ça, tu ne veux pas ça, t’as envie de le buter, t’as envie de te buter mais t’es déjà mort Luka. Parfois elle pense à toi, se dit que t’es son étoile, que tu lui portes chance, mais t’es la pire étoile de la galaxie, tu lui offres seulement de la souffrance et du désespoir et tu t’en veux. Elle fume la gosse, trop grande, trop sulfureuse et t’a envie de lui écraser son joint, Papa qui lui répète que c’est mal, qu’elle ne devrait pas faire ça, et elle s’en fout, elle te maudit et te dit que c’est de ta faute, que tu ’avais qu’à rester avec elle, mais tu comprends pas, t’aurais aimé, mais une vie prise contre une vie donnée. Les poings qui s’abattent sur le marbre de ce que tu crois encore être ta tombe, le sang qui coule, qui perle, d’elle, de toi, tu sais plus, presque la même entité la même âme, la même personne. Les hurlements de douleur quand elle les pousse, le cœur ouvert poisseux de sang, lames qui coupent, font dégouliner le liquide carmin, tout est trop dur et elle a plus de force que toi. Elle a vu, comprit, maman et sa tentative de suicide après l’anniversaire de ta mort, t’es égoïste Luka. T’as les poings, le corps, l’esprit qui se fracasse contre ce cube, tu te blesses, tu veux agir, un seul droit d’action, peut-être que tu veux la prendre avec toi, lui prouver qu’elle aurait pu avoir une vie meilleure grâce à toi. Mais t’a voulu échangé ta vie contre la sienne. Tu gâches tout ce que tu touches Luka, même ce en quoi t’avais de l’espoir.