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 du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)

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MessageSujet: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyDim 3 Déc - 20:53

Il a les mains rouges et des cernes bien trop profondes sous les yeux, des crevasses de fatigue à même le visage et un sourire crispé sur les lèvres alors qu’il coupe la route à une voiture qui roule trop doucement pour faire monter son vélo sur le trottoir. Il est pas prudent, Eoin, pas prudent, pas sympa, trop crevé, battu par le vent salé qui fouette son visage et par le son de ses roues qui crissent sur le macadam lorsqu’il s’arrête, près du spot qu’il a remarqué, près du spot devant lequel il passe tous les jours pour se vider la tête. C’est débile de passer par là en vérité. Pas parce que la mer sert à rien ou qu’il peut pas se baigner, pas parce qu’il perd du temps de sommeil et qu’il nourrit sa fatigue, pas pour tout ça. C’est stupide parce qu’il fait un détour, un grand détour, parce qu’il pédale aussi vite qu’il le peut jusqu’à Tybee Island plutôt que de rentrer sur River Street, tout ça pour observer l’eau et le sable et respirer l’odeur des coquillages qui crèvent à marée basse. C’est pas glamour, la plage, avec les algues et l’odeur et tous les détritus qui jonchent le sable. C’est pas glamour mais il en a rien à foutre parce qu’il aime le bruit des vagues et la façon dont tout est vide une fois la chaleur partie et la nuit tombé. C’est plus simple quand on fait ce qu’il fait, quand on est un peu illégal, couvert de peinture et de rage, plus simple quand on a besoin d’être seul, un peu, d’échapper à une maison perpétuellement bondé.

Il laisse son vélo s’échouer sur le sable, à peine un regard en direction des stickers qui le recouvrent de motifs fluorescents. Certaines nuits, il se contente de cette lumière là. Pas celle-là, et il grimace en imaginant la gueule qu’il a avec une lampe frontale sur la tête. Ça doit pas être glorieux et il aimerait s’en cogner complètement mais il peut pas s’empêcher de penser à la tête que ferait les gens de sa promo s’ils le voyaient. Une tête bizarre, sans doute. Non pas que ce soit des lumières ou que leur avis ait de l’importance, il les apprécie même pas, mais il peut pas s’empêcher au gouffre entre le type sage qui se pointe à quasi tous ses cours et le vandale couvert de sable, une lampe verte fluo vissée sur le front. Il est pas glorieux, non, mais il l’est jamais vraiment quand il sort ses bombes de son sac. Il est pas glorieux, mais il est concentré, quand il trace les lignes du dessin qui le hante depuis des nuits et des nuits. Il est concentré et peut-être sourd, aussi, parce qu’il entend que trop tard que quelqu’un s’approche. Il prend pas la peine de se cacher, parce qu’il a fini en prison un paquet de fois, il éteint juste sa lampe, les bras croisés, comme pour se défendre.

Il a pas besoin de se défendre, en fait, parce qu’il reconnaît le visage qui lui fait face subitement. C’est pas difficile, en fait, il a une tête un peu étrange, un prénom encore plus étrange et des compétences qui frôlent le ridicules. Ça a suffi à le marquer, Eoin, parce qu’il a jamais compris comment quelqu’un pouvait intéresser autant de monde en racontant sa vie sur les réseaux sociaux et que s’il y a quelque chose que Mihail Popescu incarne, c’est bien cette interrogation-là.

« Hey. » Il lance, en agitant sa bombe dans sa direction, dans une vague tentative de politesse. Il sait pas qui est poli à quatre heures du matin mais il suppose que ce sera lui, cette fois-là, parce que Mihail a l’air ailleurs. « Qu’est-ce que tu branles là, Popescu ? »

C’est plus sec que ce qu’il ressent, mais il s’embarrasse pas de douceur alors qu’il tourne les talons, rallume sa lampe, recommence à tagguer. C’est pas qu’il a pas le temps pour discuter, c’est juste qu’il voit pas pourquoi il pourrait faire autre chose en même temps. Y a que vingt-quatre heures dans une journée et il passe déjà beaucoup trop de temps à s’user.

« Je savais pas que t’habitais dans le coin, j’aurais été tagguer ta baraque sinon. »

C’est presque menaçant, parce que son visage est dissimulée par la lumière qui s’obstine à pulser de son front. Il a pas l’air menaçant, pourtant, derrière son armure en lampe frontale. Un peu blasé, peut-être, franchement claqué, certainement. Rien de bien méchant.

Il est presque sûr que Mihail kifferait vivre dans une œuvre d’art, de toute façon.
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Mihail Popescu

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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyLun 4 Déc - 11:26

Il y a un sourire abruti accroché à ses lèvres bouffées par le froid et l'alcool, ses pieds nus décrivent des zigzags chaotiques dans le sable humide et il est difficile de dire s'il danse ou s'il est simplement incapable de marcher droit. Il a les yeux bien trop rouges et bouffis pour n'accuser que le manque de sommeil mais son sourire est ce qui le trahit le plus : Mihail Popescu est défoncé. En soi, c'est pas comme si c'était rare ou étonnant. Il est seul parce qu'il fait partie de ces gens-là, il quitte les soirées sans prévenir ceux avec qui il est venu, il pense pas une seconde qu'on pourrait le chercher ou qu'il va manquer à quelqu'un. Bien entendu parfois c'est exactement ce qu'il espère parce qu'il n'est qu'un adolescent attardé, jaloux de l'attention qu'on porte à ses amis et plus encore de l'attention que ses amis portent à d'autres que lui. Il est parti en vrille tout à l'heure, il ne sait plus pourquoi, mais ça va mieux maintenant qu'il est seul et qu'il plane à quinze mille.

Les grosses soirées chez les bourges de Tybee Island sont ses préférées parce que la plage est toujours à deux pas. Y a rien qui le calme davantage que la mer même s'il la préfère en été. Il préfère tout l'été. Le sable est glacé entre ses orteils, il se demande s'il va pas choper une pneumonie mais il garde ses chaussures à la main et poursuit son errance décousue. Il envie les nordiques capables de se jeter dans les mers gelées. Lui, en hiver, il ne peut plus nager qu'à la piscine et ça n'a rien à voir. Le chlore passe encore et il a des moyens d'éviter la foule grâce à ses privilèges d'employé qui lui permettent de s'y faufiler entre les heures d'ouverture, mais y a rien à faire contre l'enfermement. La piscine c'est trop de murs, même en plein air c'est tellement étroit. Et puis c'est sûr aussi et y a pas de liberté sans danger, pas d'euphorie sans prise de risque. Ouais, la mer lui manque en hiver. C'est ce qu'il s'est dit tout à l'heure, quand il faisait la gueule pour une raison maintenant mystérieuse et qu'il a décidé d'aller s'y promener. Il a même cru pendant une seconde et demi qu'il serait apte à se faire un bain de minuit mais il s'est vite ravisé, la première vaguelette sournoise qui s'est glissée jusqu'à ses pieds l'a fait bondir à trois mètres. C'est probablement pour le mieux.

Il est en train de fouiller ses poches de sa main libre à la recherche d'un briquet quand il entend le son caractéristique d'une bombe de peinture. Il n'a rien capté avant, trop dans son monde à écouter le ressac. Curieux de choper le vandale à l’œuvre et trop stone pour se dire que ça pourrait lui attirer des ennuis, il remonte la plage en direction du bruit diffus sans chercher à se faire discret. Il l'est sans doute encore moins qu'il le pense d'ailleurs parce que Taggart le salue avant qu'il soit arrivé à son niveau. En fait y a comme un glitch dans le temps. Mihail a l'impression de s'être téléporté de quelques mètres et il se souvient pas d'avoir vu L'Owenoïde s'arrêter et se retourner, pourtant il lui fait face maintenant. Merde, il pensait avoir été soft, il a pas pris de champis ni rien.

« Euh... Même question. J'vais app'ler les flics f'gaffe. » Il ricane et se téléporte encore, les derniers mètres qui les séparaient évaporés. « Ouh là... OK. » Il lâche sa paire de pompes et étend ses mains devant lui comme pour prendre appui sur une table invisible. Il ne se sent pas tanguer mais clairement la lampe frontale de Taggart fait des vagues qu'elle ne devrait pas faire. « Tu peux pas pointer ça ailleurs ? P'tain mais j'vis pas ici, tu m'as pris pour quoi ? Tu connais mon nom pourtant... » Et ça l'étonne un peu qu'il l'ait retenu, surtout que ceux qui connaissent son nom savent généralement que ça rime avec déchetterie plus qu'avec villa en bord de mer. Peut-être qu'il l'a vu traîner avec Jesse et Jesse a carrément l'air d'un enfant choyé qui vivrait sur Tybee Island — faut dire que c'était vrai avant. « Mais tu tagues ma baraque quand tu veux. Juste j'te protégerai pas des mâles territoriaux qui voudront t'faire la peau, c'est ta merde. T'p... T'as pas du feu ? » Ce serait un juste retour de bâton qu'on lui ait piqué son briquet, à lui qui n'en a à peu près jamais acheté un, mais ça le fait chier quand même.
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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyLun 4 Déc - 11:59

Il sait pas trop quoi faire de Mihail, en vérité, parce que Mihail est un branleur, il suppose, et qu’il lui parle de flic à quatre heures du matin alors qu’il a pas l’air d’être déchiré qu’à la piquette. Peut-être que ce type n’a aucun instinct de survie – et c’est une théorie valable vu que visiblement sa famille s’est dit que c’était un bon plan de débarquer aux États-Unis avec un nom qui sonne plus communiste que Lénine lui même, peut-être que c’est génétique, il sait pas, il est pas sûr d’avoir envie de savoir de toute façon. Il détourne la tête, quand il lui demande aimablement d’arrêter de lui foutre la lumière dans les yeux, se concentre avec une application presque insolente sur complètement autre chose que son invité du soir. C’est pas qu’il l’aime pas ou que la conversation le saoule, dans le fond, c’est juste qu’il prend un malin plaisir à ignorer les gens quand on l’y invite parce qu’il sait que presque toujours les mots dépassent leur pensée – et que la meilleure façon de les faire hurler est de les ignorer. Il peut pas laisser passer l’occasion, cette fois-là, pas alors que Mihail le relance et lui pose des questions – même pas des questions intéressantes en plus, dans le fond, merde, il pourrait faire un effort – et il change de bombe pour attraper un bleu plus profond. Il a presque envie de lui demander de le distraire, parce qu’il a besoin de se changer les idées et que l’entendre refuser en jurant serait distrayant, sans doute plus que s’il acceptait, mais il reste silencieux encore un long moment, pour lui enfoncer le nez dans la merde, parce qu’il a pas le cœur à se forcer à ressentir de la pitié ce soir-là.

Il éteint sa lampe, quand même, lorsqu’il se retourne pour lui parler. Il a pas envie qu’il lui casse les couilles à geindre, non plus, parce que y a rien de plus exaspérant et que ça va vite le tanner s’il s’y met. Il a pas de patience, c’est vrai, presque pas de compassion, certainement, mais il a vite appris qu’éviter de provoquer son propre énervement était encore la meilleure façon de pas laisser les autres lui pourrir la vie – et merde, ça ressemble à une phrase des bouquins de développement personnel que lit sa mère depuis qu’elle est ménopausée peut-être qu’il est ménopausé aussi.

« Je suis censé savoir où tu crèches ? » Il demande et il penche la tête sur le côté. Est-ce que c’est quelque chose que les gens savent sur des presque inconnus, en général ? Est-ce que son nom de communiste est censé lui indiquer quoi que ce soit ? Il a entendu des rumeurs, bien sûr, parce que c’est difficile d’y échapper, surtout quand ça tourne autour d’une famille aussi nombreuse que celle des Popescu mais il est pas sûr d’y avoir beaucoup prêté attention – en fait, non, il est sûr d’avoir jamais écouté parce qu’il en a rien à branler, en fait, mais il cherche une façon poli de le dire à Mihail. « Je suis même pas sûr de savoir comment se prononce ton prénom, mec, j’ai pas été chercher ton adresse, on s’envoie pas des cartes de Noël que je sache. »

Ouais bon. PoliselonEoin, certes, ce qui est une toute autre catégorie de politesse sans doute, pour le peu qu’il en ait à carrer, en réalité. C’est même pas vraiment un doigt d’honneur, il envoie de cartes de Noël à personne, Eoin, parce qu’il y pense pas, déjà, parce qu’il trouve ça débile, ensuite, qu’elles finissent une fois sur deux dans un espèce de néant postal dont elle ressorte des mois plus tard. Autant envoyer un sms, sérieux. Au moins, ils arrivent presque systématiquement – il peut pas envoyer de sms à Mihail non plus, mais ça reste un détail, le raisonnement reste le même, ou presque, il a des moyens plus pertinents pour le contacter, il a pas besoin de son adresse, en prime.

« Fouille dans mon sac, il est dans mon paquet. » finit-il par ajouter, presque à contrecœur, parce qu’il aime pas qu’on fouille dans ses affaires mais qu’il a les mains pleines de peinture et qu’il a pas envie de dégueulasser son dernier sac qui hurle pas qu’il vandalise les murs de la ville pour passer ses états d’âme d’adolescent sur le tard. Il relève pas ses histoires de cassage de gueule, il a l'habite de filer des coups et de les rendre de toute façon, hausse les épaules, à peine, pour lui dire qu'il a entendu. « Allumes-en une pour moi, au passage, j’ai les mains prises. »

C’est peu de le dire et il rallume sa lampe, lorsqu’il se retourne pour faire face à la fresque qui commence à prendre forme, doucement. Il espère avoir le temps de finir avant que le jour se pointe et qu’il doive se casser, il pensait pas être distrait quand il a calculé le temps qu’il lui faudrait. C’est même pas que Mihail pourrissent particulièrement sa concentration, en réalité, c’est juste qu’il se pose des questions et la dernière en date vient de lui brûler la bouche :

« Tu rentres comment, au fait ? »

Parce que s’il habite pas Tybee, ça veut dire que Mihail a une longue marche à pied à faire au milieu de la nuit.
Non pas que ça le regarde.
Ou même que ça le concerne, en fait.
Nan, Tag s’en fout.
Évidemment.
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Mihail Popescu

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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyMar 5 Déc - 14:55

Il a eu cette impression la première fois qu'Eoin lui a parlé déjà. Ce mec prend tout au premier degré. Il faut lui dire les choses directement dans les deux sens du terme, sans détour et immédiatement aussi, parce que c'est un putain d'impatient. Forcément, avec Mihail en face, ça passe pas trop. Mihail est tout en détours et en points de suspension, Mihail fait dans le sarcasme et les sous-entendus. Ça ne l'empêche pas de pouvoir être honnête et, ouais, direct à sa façon, direct dans le sens où il n'y va pas par quatre chemins pour dire ce qu'il pense de quelqu'un, mais dans la vie tout n'est pas question d'opinions. Dans la vie on raconte des histoires aussi, vraies ou non peu importe, ce qui est sûr c'est qu'il faut savoir prendre son temps. Quand il dit à Eoin qu'il peut taguer sa maison, il lui raconte une histoire, il lui fait même une promesse. Il lui raconte qu'il vit avec des mecs pas commodes, il lui dit qu'il aime assez ses tags pour en vouloir sur sa maison, il lui avoue qu'il ne se dressera pas entre Taggart et son père et il le fait avec provocation parce qu'il en a un peu honte évidemment, et puis surtout il lui assure qu'il la lui filera, son adresse, s'il la veut vraiment. Implicitement. Taggart ne fait pas dans l'implicite. Taggart n'entend pas son histoire, il bute seulement sur la question de l'adresse, ne lui laisse même pas le temps de développer. On peut pas faire de pause pour demander du feu quand on raconte une histoire à Taggart. Il faut aller droit au but, au diable le rythme. Ça doit être emmerdant d'être Taggart.

Actuellement, Mihail est aussi dans un état second, ce qui n'arrange rien surtout en terme de vivacité. Il sait pas ce qu'il a pris en plus de son pétard, mais c'était pas du speed c'est sûr. Il lâche un grognement et se baisse pour fouiller dans le sac. Il se fiche un peu de ce qu'il y a dedans, il est focalisé sur le paquet de clopes. Le feu le feu le feu. On en revient toujours à ça, hein. Là tout de suite il est un être primitif, mais après le feu viennent les histoires, on en revient toujours à ça aussi. Il allume une clope à Taggart et profite de sa générosité pour tirer longuement dessus avant de la lui tendre, toujours accroupi, mais un regard sur ses mains peinturlurées et un peu occupées lui fait comprendre qu'il va bien falloir se redresser. Son propre esprit l'épate à continuer de filer la métaphore de l'homme des cavernes, mais il prend pas la peine de partager. Taggart ne saurait pas l'apprécier de toute façon. Il se redresse donc, tâchant d'ignorer le nouvel accroc qu'il créé dans l'espace-temps, et plante la cigarette entre les lèvres du vandale avant d'allumer la sienne. Sa première bouffée s'achève dans un soupir, l'exaspération à retardement. « Tu t'emballes mec. T'sais j't'ai pas dit d'y courir tout d'suite non plus, j'te montrerai où j'habite un de ces quatre si t'y tiens vraiment. » Eh, même pas j'te donnerai mon adresse, nan, j'te montrerai, mais il est sûr qu'Eoin captera pas quelle différence ça fait. Il va juste lui demander quand. Ça doit être un peu triste d'être Taggart.

« Pis moi j'comprends pas comment on l'écrit ton prénom alors on est quittes, » au fait. C'est pas entièrement vrai, il sait que l'Owen de Taggart s'écrit E-O-I-N, mais il sait aussi que ça n'a pas de sens.
Il prend un peu de recul pour avoir une meilleure vue d'ensemble sur l'embryon de la fresque. Ses yeux éclatés additionnent les formes et les couleurs pour essayer de leur faire prendre sens. C'est abstrait, mais les couleurs lui font penser au ciel en été. Ça suffit à lui plaire, ou peut-être que ça lui fait penser à l'été parce que ça lui plaît, il est sûr de rien à cette heure-ci. La question de Taggart l'interrompt dans sa rêverie embrumée. « Euh... J'pensais continuer à me geler le cul sur la plage jusqu'à l'heure du premier bus. Ça doit pas être dans trop longtemps. » Il sait pas vraiment quelle heure il est. Il devait être trois heures quand il a quitté la fête, le rabat-joie. « Mais si t'as des roues je prends. » Comment ça, c'était pas une offre ? Mais si, et au passage Taggart saura où il habite comme ça, il sera satisfait. En parlant de se geler, il réalise qu'il va bientôt choper des engelures aux orteils. Il se laisse tomber dans le sable et sort ses chaussettes d'une de ses baskets. « Tu sais, j'ai jamais vraiment cru que t'étais un alien, » il dit en enfilant ses baskets, savourant le confort retrouvé d'avoir les pieds bien au chaud. Il a jamais cru ça non, mais il est pas sûr qu'Eoin avait compris qu'il déconnait dans ses tweets. En fait, c'est plutôt maintenant qu'il commence à se demander si la rumeur n'était pas fondée.


Dernière édition par Mihail Popescu le Mar 5 Déc - 18:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyMar 5 Déc - 18:28

Ça le fait rire, Eoin, quand Mihail se rebiffe. Ça le fait rire parce qu’il s’imagine faire un sprint jusqu’à chez lui juste pour le faire chier, là, maintenant, au milieu de la nuit. C’est pas le rire le plus puissant du monde mais c’est là, quand même, un vague son autour de sa cigarette quelque chose qui fait briller un peu ses yeux. C’est débile, comme conversation, parce que les ivres et les insomniaques devraient jamais avoir le droit de se parler, absurde, même, parce que ça part de rien et qu’il s’emballe mais que Mihail rajoute de l’huile sur le feu sans aucune vergogne. Il essaye de ravaler son rire, parce que merde, quoi, c’est pas digne, mais ça roule dans sa gorge sans qu’il puisse vraiment s’en empêcher, comme le tonnerre qui approche, et il se retrouve à glousser comme une adolescente devant fifty shades of grey en un temps record, une main pressée sur le visage pour tenter de camoufler son fou rire. Quand il fait ça, il sait que c’est une connerie, parce qu’il a de la peinture plein les doigts et qu’il sait qu’il va en avoir plein la gueule dans trente secondes, mais il réfléchit pas, pas vraiment, et ça arrive pas assez souvent pour qu’il sache comment le gérer sur l’instant. Putain de Popescu, il a envie de dire, mais c’est pas de sa faute, pas vraiment, c’est un tout, la situation, la conversation, la clope allumée entre ses lèvres et la fresque qu’il essaye de finir, le ciel et le froid autour d’eux. Putain de Popescu, quand même, parce qu’il a envie, et il lui fait un doigt juste parce qu’il peut. Quand il rattrape sa dignité, il reste silencieux, trace de longs arcs de couleur le temps de trouver une réponse appropriée.

« T’es con, Popescu. » est apparemment la réponse la plus appropriée qu’il ait, ou en tout cas la moins emmerdante qu’il ait trouvé. T’es con, Popescu, mais c’est dit sans flamme et sans hargne, une trace d’amusement quelque part dans la voix parce que ouais, il est con, évidemment, ils le sont tous les deux, y a pas de raisons que y en ait un qui vole plus haut que l’autre. « Les irlandais ont aucun sens pratique quand il s’agit d’écrire, laisse tomber. La moitié de ma classe pense que je suis pas la même personne quand ils voient mon blase écrit. » Putain, il est pas là pour raconter sa vie mais c’est le cas. Y a cette nana qui a été tirée au sort pour être son partenaire d’exposé qui a passé un mois et demi à râler sur le fait que son partenaire foutait jamais les pieds en cours avant qu’il réalise qu’elle parlait de lui. Faut dire qu’elle l’appelait « Win », il risquait pas de se reconnaître, bordel de merde. Heureusement qu’elle avait pas besoin de prononcer son nom complet, ils auraient pas été sorti de l’auberge, sinon, clairement.

« Si je te ramène chez toi, tu m’enverras une carte de remerciement ? » Il pousse, c’est vrai, parce qu’il prend trop bien l’air sérieux et que c’est un masque solennel qu’il a sur la gueule à cet instant-là. Merde, il sait trop bien la faire, cette gueule, il pensait pas qu’il aurait acquis ce genre de compétence passé vingt ans lorsqu’il était adolescent et que son plus grand talent c’était de faire tenir des crayons au bout de sa langue. « Tu dois pas peser plus lourd que Veronica, t’auras le droit de monter sur le porte-bagage, si tu crèves pas de froid entre temps. »

Ou s’il se lasse pas de le regarder, pour ce que ça vaut, il est encore là pour un moment vu la vitesse à laquelle il va. Ça s’arrange pas, parce qu’il s’arrête, encore une fois, parce que la phrase de Mihail trébuche au coin de son crâne et qu’il se demande s’il pense vraiment qu’il a pu croire que n’importe qui de sensé pouvait penser qu’il était alien. À défaut d’autre chose, il pense que Mihail est quelqu’un de suffisamment sensé pour savoir qu’un alien n’aurait jamais choisi E.T. comme pseudo pour passer inaperçu – ne serait-ce que parce que ça sous-entend que l’alien connaît une part de la culture terrienne et que ça n’a juste aucun sens comme hasard, pour être honnête. Y a rien dans cette théorie qui tient de bout, de toute façon, mais il sait que y a des mecs qui y croient sans second degré et ça lui file des boutons. C’est les mêmes abrutis qui sont sûr que la terre est plate, à tous les coups, ceux qui sont persuadés qu’on a jamais marché sur la lune ou des conneries comme ça.

« Mince, moi qui pensais avoir été clair sur le fait que j’étais un mec d’une autre planète. » Il finit par répondre, parce qu’il préfère ça plutôt que de lui donner la satisfaction de savoir que ça lui a jamais traversé l’esprit – ce serait presque un compliment, s’il faisait ça, putain, il fait pas de compliment. « Tu m’expliques, ton histoire de mâles territoriaux, au fait ? Que je sache qui éviter la fois où je repeindrais ta boite aux lettres. »

Ouais, il détourne la conversation sur un autre sujet.
Ouais, il essaye de le faire parler pour pas avoir à répondre.
Ouais, peut-être qu’il est intéressé par ce qu'il a à raconter, en fait.
Fait chier.
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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyMer 6 Déc - 8:55

Il comprend pas ce qu'il a dit de drôle. Quand Eoin commence à se marrer, il se contente de hausser un sourcil — bon un et demi, il maîtrise pas tout à fait. Il se concentre sur sa tâche et fait pas attention dans un premier temps, mais il finit par se rendre compte qu'Eoin est en train de se taper un fou rire tout seul comme un con. T'es con Popescu. Non non c'est toi qui es con Taggart. Mihail n'a rien dit de si drôle, rien qui justifie ça il en est sûr. Ou alors c'est peut-être que sa langue a fourché mais il a rien entendu, il espère qu'il a pas dit une énormité. Peut-être que les mots se sont juste emmêlés et que ça a fini en quelque chose comme... bleuah. Ça, c'est fort possible. Mais au bout d'un moment même Mihail ne peut pas rester indifférent au gloussement de Taggart. Il sent un sourire qui vient lui chatouiller la bouche et il le retient à peine. Taggart n'a pas l'air de rire tellement souvent lui non plus, c'est peut-être ce qui rend la chose si difficile. Il finit par s'installer là au coin de ses lèvres, ce foutu sourire un peu trop fier, comme si c'était un exploit d'avoir fait rire Taggart alors que n'importe qui peut éclater de rire sans raison avec assez peu de sommeil au compteur, et maintenant qu'il y pense il se dit qu'en effet c'est rien de plus que ça. Taggart a juste besoin d'une bonne nuit de sommeil. Il lui rend son doigt, et le sien est plus beau parce qu'il a l'ongle verni en rose fuchsia, même s'il est pas certain que ça se voie dans la semi-obscurité, surtout qu'il l'a un peu grignoté. Au moins ils sont d'accord sur l'absurdité de l'orthographe irlandaise.

Et en plus voilà qu'il fait des blagues, l'autre couillon. Et toutes ses théories sur Taggart qui est trop sérieux et qui doit être triste et emmerdant ? Il a pas le droit de les faire voler en éclats comme ça, aucun scrupule le type. Depuis son spot dans le sable où il est occupé à refaire les lacets de ses baskets — pas si simple que ça en a l'air quand on contrôle pas bien ses doigts, qu'on a la fumée de sa clope dans la gueule et qu'il fait nuit —, il lui retourne sa question avec un regard appuyé, subtilité maximum. « Je suis censé savoir où tu crèches ? Je suis censé savoir qui c'est Veronica ? Tu m'as jamais présenté tes petites copines, que je sache. » Et cette fois il se fait rire tout seul parce qu'il est con, effectivement, et que la drogue c'est mal. L'alcool aussi. Le combo est pire. C'est un rire pas très gracieux en plus, le genre avec option reniflements à la limite du ronflement. Tag a pas tort sur le fait qu'il pourrait crever de froid avant et il est pas sûr que ce soit mieux au niveau du sol, mais il a pas envie de se relever. Il va rester au stade moins évolué de l'humanité encore un peu, le temps que sa tête tourne moins et qu'il ait plus confiance en ses pieds pour le supporter. S'allumer une clope c'était pas une bonne idée, il a souvent de mauvaises idées, se dit-il en tirant une nouvelle taf.

Il s'installe en tailleur sur son coussin de sable, les bras tendus derrière lui et le menton levé pour observer Taggart et les grands arcs de son bras. Ça a quelque chose de magique de voir ce mur triste se transformer sous ses yeux après chaque passage de la bombe. Il pourrait fixer là-dessus pendant des heures. Vue la relativité du temps cette nuit ça veut pas dire grand chose, mais bon. Il croit bien que Tag se fout de sa gueule avec son histoire d'extraterrestre alors il relève pas, il préfère feindre l'indifférence quand il manque de répartie. Au fond de lui il sent sa jauge de sympathie pour Taggart gagner quelques points parce que visiblement il s'était fait une fausse idée du mec, mais ça il va pas lui dire. Il pousse un grognement quand Taggart le relance. « Mon papa chéri principalement. Il a pas la fibre artistique. Si mes frères traînent dans le coin c'est pas dit qu'ils kiffent trop non plus. C'est les mêmes que moi en plus vieux et plus poilus. » C'est pas vrai, la ressemblance est tout sauf frappante et ils sont pas tous barbus, mais il va pas lui montrer des photos non plus. « J't'invite à prendre le petit dèj' si tu me déposes. 'Fin avant, du coup, pas à la maison, sauf si tu tiens à serrer la patte à papa ours. » Ça se refuse pas hein. Il lag encore un moment sur la fresque qui commence à prendre forme, la bouche entrouverte tandis que sa cigarette finit de se consumer entre ses doigts. Il se reprend juste à temps pour rattraper un filet de bave. « J'vis à Historic District, t'es dans quel coin to—ouaaahhh ? » Sa question s'achève sur un long bâillement sonore qui lui colle des larmes au coin des yeux.
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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyJeu 7 Déc - 15:21

Y a comme un écho dans l’air quand Mihail lui répond et il réprime le fou rire qui menace de naître à nouveau. Il est presque sûr que c’est une question de manque de sommeil, en soit, pas parce que Mihail n’est pas drôle mais parce qu’il a moins de mal à se maîtriser, normalement, et que le gloussement presque enfantin qu’il a laissé échapper un peu plus tôt ne fait définitivement pas parti de son registre en temps normal. Il se mord l’intérieur de la joue, pour se retenir, appuie sur sa bombe, recommence à peindre, un peu plus vite, un peu plus fort, parce qu’il aimerait bien pas trembler quand il a besoin d’être précis, pas se retourner encore une fois parce qu’il aime pas lui parler en lui tournant le dos, parce qu’il aime bien l’observer, complètement amorphe sur le sable à se tortiller comme un vers, parce qu’il est plutôt drôle à regarder, plutôt amusant à contempler. C’est une crevette, Mihail, il se dit. Une putain de crevette qui gigote et qui ressemble à rien, parce qu’il a du sable sur les vêtements et qu’il est clairement pas armé pour affronter le froid, parce qu’il a l’air complètement ailleurs et que ça doit l’approcher à peu près de la capacité de réflexion d’un crustacé. Il émet un bref son en guise de consentement, colore ses poissons à grands traits de peinture, ravale une grimace en sentant celle qui commence à sécher contre sa joue. Faudra qu’il attende de rentrer pour pouvoir la nettoyer, pas moyen qu’il fasse ça là, il a pas envie de se retrouver avec la moitié de la gueule rouge à force de frotter. Sa mère va encore poser des questions, c’est certain, Deirdre va sans doute le regarder d’un air bovin. Il vaut pas mieux que les trains, dans le monde statique de Deirdre, ça le nique un peu. Il chasse la pensée d’un geste de la tête. Faut pas y penser, il jure, faut pas y penser, il promet, faut pas y penser, jamais, jamais, jamais.

Il préfère penser à la famille de Mihail et à ce qui se cache derrière ses paroles, aux portraits qu’il dessine du bout des mots et à tout ce qu’il y a derrière. Il se demande si c’est aussi difficile qu’il l’entend, s’il projette ou s’il y a vraiment quelque chose de pesant, si son père se contente de manquer de sens artistique ou s’il manque aussi d’affection et de fibre paternelle. Il se demande si ses frères sont horribles ou s’ils s’aiment, si sa famille ressemble un peu à la sienne ou un peu plus à un film d’horreur. Il sait pas. Il arrive pas à se décider, arrive pas à se décider à poser la question. Il rajoute une crevette sur la fresque, finit par se retourner pour jauger son interlocuteur. Il a envie de demander. Il a envie de demander si y a des bleus sous ses fringues, si y a des bleus plein son âme, si y a des bleus partout, des ecchymoses qui traînent et qui font mal, des milliers de brûlures qu’on récolte quand la famille est une prison plus qu’un refuge. Il ouvre la bouche, la referme, se déteste pour ça. Il n’a pas l’habitude de l’hésitation.

« Je suis sur River Street. On peut aller prendre le petit-déjeuner chez moi. » Il fait une pause et c’est étrange de l’inviter chez lui mais il sait qu’à cette heure de la matinée, y a peu de chance de croiser quelqu’un. Peut-être Rowan, avant qu’il parte au lycée, mais le gamin est cool, Mihail devrait pouvoir gérer. « Tu m’inviteras une autre fois. » C’est débile parce que ça sous-entend qu’il y aura une autre fois et personne peut vraiment en être sûr. « Je te déposerais chez toi après, c’est à peu près pareil si on part d’ici, de toute façon. »

Il tire sur sa clope pour empêcher les mots qu’il crève de prononcer de sortir, jette un coup d’oeil sur la fresque qui commence à sortir lentement de la pagaille de couleur qu’il a balancé sur le mur et se laisse tomber au sol lui aussi. Il a besoin d’une pause, parce qu’il a les mains gelées et qu’il a les doigts qui commencent à s’ankyloser, besoin d’une pause, parce qu’il aime pas le tour que prennent ses pensées, besoin d’une pause parce qu’il en a ras le bol de se faire interrompre toutes les trente secondes par la conversation qu’ils ont.

« Y aura p’t-être ma sœur. Faudra pas faire gaffe, elle est pas tout à fait là en fait. » C’est plus vraiment un être humain, quelque part, ou peut-être que si, il en sait rien, il arrive juste plus à la traiter comme ça depuis qu’elle l’a mis au rebut. Peut-être que c’est lui qu’est plus humain, dans le fond, il en sait rien. Il balance les centres sur le sable, les yeux perdus quelque part sur les vagues qu’il devine au loin. « Il se prononce comment ton prénom, alors ? » Il finit par demander, parce que c’est la question la plus sûre qu’il a en réserve.

Sujet anodin, ni plus ni moins. Il veut pas s’aventurer plus loin.
Peut-être qu’il a un peu peur d’en savoir trop.
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Mihail Popescu

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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyVen 8 Déc - 11:44

Il essuie les larmes au coin de ses yeux avant qu'elles ne givrent là — il sait pas s'il fait assez froid pour ça, mais c'est pas impossible, il est gelé. Dans l'espoir de se réchauffer, il entoure ses genoux de ses bras, rentre un peu plus le cou dans son écharpe et rabat sa capuche doublée polaire sur sa tête. Va falloir qu'il déménage carrément en Floride. Il sent le regard d'Eoin peser sur lui et fronce les sourcils, mais pas sûr que ce soit visible depuis l'ombre de la capuche. Il a pas le courage de lui demander ce qu'il lui veut, pas envie de l'envoyer chier par principe, du moins pas tant qu'il se contente de le regarder un peu trop longuement.

« J'te devrai deux faveurs du coup, c'était pas le deal, » mais on entend le petit sourire dans sa voix qui veut dire d'accord, peut-être même avec plaisir. « Mais j'vais mettre du sable partout chez toi ! » il réalise soudain. En guise de démonstration, il étend les bras et les jambes pour montrer dans quel état il est — oui le sable humide ça colle aux vêtements et oui il en a plein les chaussures aussi —, et il en projette partout autour de lui. Et encore un peu plus sur lui. C'est sûr, c'est mieux maintenant. Il s'apprête à lui demander s'il habite tout seul pour inviter un pote sans problème à cinq ou six heures du matin. Putain il aimerait bien pouvoir faire ça, lui aussi. Il aimerait bien voir qui il veut quand il veut où il veut, il aimerait bien ne pas avoir peur de croiser son père trois fois sur quatre, parce que trois fois sur quatre il y a quelque chose sur lui qui ne lui plaît pas, il aimerait bien ne pas raser les murs dans sa propre maison, ne pas avoir à cacher ce qu'il est et ce qu'il aime pour avoir la vie tranquille, tout juste tranquille, pas vraiment tranquille. Il s'apprête à lui demander mais Eoin lui parle de sa sœur et le ton de sa voix arrache une grimace à Mihail. Même dans son état il entend bien que ça lui fend le cœur, à Eoin. « Pas tout à fait là » ça veut dire quoi ? Elle a des problèmes mentaux ? C'est carrément un légume, du genre à fixer un point invisible toute la journée et à faire dans sa couche ? Il ose pas demander. Il sait pas comment on pose ce genre de question. Il connaît pas les mots appropriés, il sait pas lesquels lui vaudront un poing dans la gueule. « OK. » Il se fait pas confiance pour plus que ça et de toute façon Taggart aussi préfère de changer de sujet, apparemment.

« Mih-a-ïl, normalement. Chez moi ça dépend un peu, en dehors les gens disent Mihail comme dans... All hail the king ! Ce qui me dérange pas en soi, il précise, les lèvres retroussées et de la malice plein la voix. Enfin tant que tu m'appelles pas Mike on peut s'entendre. » Y a toujours eu quelques abrutis pour insister avec ce foutu diminutif qui n'en est pas un pour son prénom, depuis qu'il est gamin. Il éprouve aucune fierté particulière à porter un prénom roumain mais il aime bien le fait qu'il sorte du lot, et puis il a pas une tête de Mike merde. C'est pas faute de l'avoir expliqué, avec des mots ou même ses poings quand il était plus jeune et plus prompt à la violence. Nouveau bâillement à s'en décrocher la mâchoire. Il promène son regard du visage pensif de Taggart qui tourne le dos à son travail à la fresque elle-même. « T'as fin— ? OH MAIS C'EST LA MER ! » Son énergie se croit sur des montagnes russes. Il a dû mélanger des trucs. Il vient de gueuler comme un gosse qui voit la mer pour la première fois, des étoiles plein les yeux, même si la mer il la voit quasiment tous les jours depuis sa naissance et que les fonds marins qu'il contemple maintenant ne sont que des traînées de peinture sur un mur. Y a un « J'kiffe la mer » qui lui échappe encore et il remonte son écharpe au-dessus de son nez pour pouffer de rire à l'intérieur, comme si ça pouvait en étouffer le son. Une fois calmé, il finit par remonter à l'air libre. « Pardon pardon faut qu'j'arrête la drogue. » Mais heureusement qu'il a cette excuse, sinon il pourrait presque avoir honte. Il ose un coup d’œil un peu furtif sur Taggart. C'est seulement maintenant qu'il remarque qu'il s'est peinturluré la tronche. « Tu feras gaffe mec, on dirait que t'as roulé une pelle à la Joconde. » Ou la Jeune Fille à la perle ? C'est peut-être plus dans ces teintes-là, ouais.
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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyVen 8 Déc - 20:14

Plus il regarde Mihail et plus c’est familier, comme s’il reconnaissait ses gestes et ses mimiques, comme s’il le connaissait, quelque part. C’est pas le cas, évidemment pas, mais ça lui fait bêtement plaisir, et il ramène ses genoux contre lui pour garder la chaleur, amusé par la situation, par la conversation, par tout ce qui se passe. C’est pas une mauvaise façon de finir sa nuit, pas du tout, pas une mauvaise façon de finir sa journée ou même sa soirée, pas une mauvaise façon de finir du tout. C’est pas qu’il s’est mis à aimer les gens subitement – heureusement que non, putain – c’est juste que c’est confortable, comme compagnie, là, tout de suite, et qu’écouter Mihail piailler lui écorche pas les oreilles autant qu’il aurait pu le penser. Il lui balance un peu de sable, pour le faire chier, parce qu’il ressemble à un méchant monstre de la plage et que ça le fait marrer, hausse les épaules, quand il a l’air extrêmement perturbé à l’idée qu’il l’invite chez lui alors qu’il est dégueulasse et avance un peu pour aller s’asseoir à côté de lui. Il sait qu’il a perdu, déjà. C’est évident, la peinture c’est fini pour ce soir, il arrivera pas à s’y remettre et certainement pas à reprendre là où il s’est arrêté. Il reviendra demain, c’est pas grave, il s’en fiche, il doute que qui que ce soit vienne la recouvrir en plein décembre ; la plage est pas le lieu le plus fréquenté de Savannah à cette époque de l’année, à part pour trois paumés qui s’y retrouvent – lui compris et visiblement Mihail aussi.

« Quel deal ? » Il demande, l’air faussement innocent, et il hausse un sourcil. Il sait de quoi il parle mais il a envie de le faire chier. Quel deal, il demande, parce qu’il s’en fout, il fait pas ça contre rétribution, il a juste la flemme d’aller manger un petit dej dehors et encore plus la flemme de parler à des gens qu’il connaît pas. Il étend les jambes, un instant, parce qu’il en a rien à foutre du sable, il a autre chose à penser. Ce sera chiant à nettoyer cinq minutes et puis ce sera fini après, y a pas de quoi en faire une maladie. Enfin chez lui, en tout cas, Eoin se demande si Mihail va pas se faire tacler une fois rentré chez lui. « Je te filerais de quoi te changer, si tu veux, histoire que tu sois pas complètement dégueu, déjà que tu vas ruiner mes fringues en montant derrière moi autant que tu ruines pas ma cuisine. » Enfin celle de ses parents. Il est pas chez lui, là-bas, de toute façon. C’est facile d’être gentil et méchant à la fois, il pense, lorsqu’il pose les yeux sur Popescu. C’est une seconde nature, une deuxième langue maternelle, quelque chose qu’il manipule avec un soin exacerbé et qu’il exerce beaucoup trop bien. Il sait même pas pourquoi il le fait chier, en vrai, parce qu’il a déjà dit oui et qu’il a pas envie qu’il dise non finalement mais qu’il peut pas s’empêcher de se montrer cassant, vexant, peut-être un peu chiant. Il se passe une main sur le visage pour dissimuler son sourire, porter la cigarette à ses lèvres.

« Miha-ï-l » Il répète. Enfin il croit, il est presque sûr de pas l’avoir bien prononcé, mais il fait ce qu’il peut. Au moins il l’appelle pas Mike et la simple pensée que certaine personne le font lui arrache un rire nerveux. C’est important, un nom, lui a enseigné sa mère quand elle lui parlait de fées. C’est important, essentiel, c’est unique, c’est précieux. Il sait pas s’il y croit encore aujourd’hui, il sait pas si c’est pour ça qu’il a opté pour Tag ou si c’est juste de la facilité, si y a pas une partie de superstition derrière ses choix. Il a pas trop envie de penser à ça, comme il a pas envie de penser à beaucoup trop d’autres choses. Il est trop paumé pour ça. « C’est pas fini mais j’arrive pas à me concentrer, d’habitude j’ai pas l’air de m’être roulé dans la peinture quand je fais ça. » Il balance un regard par-dessus son épaule pour contempler la carcasse de ce qui sera une fresque le lendemain. Il a aucun scrupule à la laisser inachevée, à ce moment-là, parce que l’important y est, parce qu’elle peut tenir toute seule un peu, qu’il a juste à rajouter de la chair sur ses os. C’est du superflu, rien que du superflu. Ça tire, sur sa peau, de toute façon, et il lance un regard d’avertissement à Mihail pour lui demander de lâcher l’affaire. « Sache que la Joconde est trop cheum pour que je l’embrasse. » Il joue avec une poignée de sable, soupire. « Moi aussi je kiffe la mer. » C’est évident, il sait, mais il le dit quand même, comme pour expliquer ce qu’il branle là à cette heure de la nuit. Il écrase sa cigarette sur sa semelle, lève les bras pour s’étirer de tout son long, parce qu’il sent la fatigue commencer à poindre, petit à petit, se transformer en lassitude. « Ça te dit qu’on bouge ? Je sens plus mon nez et je suis presque sûr que tu commences à te transformer en glaçon. J’ai moyen envie de ramener le yéti chez moi, tu vois. »

Ou toute autre personne susceptible de le faire crever de froid sur le chemin du retour, remarque, il est pas très regardant là dessus.

« J’aime bien ton vernis, au fait. » Il ajoute, comme une arrière pensée.

C’est vrai que c’est joli, un éclair rose dans la nuit.
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Mihail Popescu

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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyMar 12 Déc - 16:43

Mihail fait mine d'être agacé et époussette le sable que vient de lui balancer Taggart, comme si ça changeait quoique ce soit. On dirait qu'il s'est roulé dedans, ce qu'il n'a pas fait mais il faut croire que ses gestes étaient moins maîtrisés qu'il en avait l'impression. « Quel deal ? » lui fait Taggart. Mihail lui lance un regard dédaigneux et passe à autre chose sans commentaire. Autre chose, c'est le lacet qui lui résiste encore — faut dire que c'est beaucoup demander à un homme des cavernes ou un enfant de trois ans. Il a dans l'idée que Taggart se fout de sa gueule et c'est trop facile, franchement, plus facile que voler sa sucette à un bébé assommé aux barbituriques. N'empêche qu'il lui devra deux faveurs quand même mais c'est pas dit qu'il s'en souviendra après avoir cuvé. Trois faveurs s'il accepte de lui emprunter des fringues, mais l'aigreur qui s'invite sans raison dans la proposition de Tag suffit à réveiller l'esprit de contradiction de Mihail. « Hm nan, ça devrait aller, j'pense qu'on va se prendre assez de vent dans la gueule. » En plus c'est vrai, s'ils filent jusqu'à River Street à vélo, ça devrait suffire à déloger le plus gros du sable de leurs vêtements, même humide. Et il pensait que c'était Taggart le pragmatique d'entre eux. Mais bon, c'est un pragmatique qui maquille des murs en océans alors...

C'est peut-être ce qui le perturbe chez Taggart, pas juste cette nuit mais depuis la première fois qu'il a croisé son chemin. Y a des contrastes insensés chez lui, y a des couleurs qui jurent ou qu'arrivent pas à se mélanger vraiment. Y a ce E.T. qui vandalise les murs de Savannah, E.T. l'artiste qui doit bien rêver un peu, et Eoin Taggart qu'a pas l'air de savoir s'amuser, Taggart qui fait la gueule et qu'on approche en marchant sur des œufs. Certains diraient que c'est l'hôpital qui se fout de la charité, n'empêche qu'il est pas très accessible Taggart, et Mihail le trouve un peu intimidant même s'il l'avouera jamais. Pourtant il est sympa avec lui, relativement, même quand il l'envoie chier c'est plutôt sur le ton de la plaisanterie, ou alors Mihail a trop l'habitude de tout prendre pour de l'humour, même si c'est mi-figue mi-raisin. Et il sait pas trop comment le prendre ce type qui vire de bord au beau milieu d'une phrase, dans le ton et dans ce sourire tantôt gamin tantôt grimace amère.

Elle est pas finie sa fresque et ça se voit mais elle plaît déjà beaucoup à Mihail. Après son éclat et son gloussement étouffé dans l'écharpe, il reporte son regard dessus et examine ce qu'il distingue des détails. L'étoile de mer qu'il avait prise pour une étoile de ciel au début et puis un truc qui ressemble à une crevette. Pour une raison qui lui échappe, c'est le détail qui le fait rire. Ça change des poissons. Il a fini par abandonner l'idée de réussir à lacer sa basket droite et s'amuse maintenant à construire un pâté de sable bancal. Il est dans un drôle d'état, à la fois stone et incapable de rester complètement en place. Enfin en tout cas il a la bougeotte des doigts. Le reste met un certain temps à s'agiter quand Taggart lui propose de bouger. Sans répondre, il prend son temps, rassemble son pâté de sable entre ses deux mains et le lâche mollement sur les genoux de Taggart. « C'est pour avoir dit que la Joconde est moche. » Il sait pas vraiment ce qui lui a pris en réalité mais il est bêtement fier de lui. Il était tellement amorphe que Taggart ne risquait pas de voir venir l'offensive. Là-dessus il se lève et lui tend la main. « Oh, j'pourrai te vernir les ongles. » Il sait pas trop si ça compte comme un retour de faveur. « En noir. Ou vert. Mais c'est peut-être cliché le vert. » Vert leprechaun, tout ça. Le rose, c'est pour les soirs de fête et il voit pas franchement Eoin porter du rose ou que ce soit à part peut-être sur la gueule. Alors que le noir... Il titube vers le vélo échoué sur la plage et brandissant le poing, index et auriculaire levés. « Anarchiiiiie ! » Et puis il manque de trébucher sur le lacet rebelle qui se balade toujours. Il le fourre à l'intérieur de sa basket pour éviter qu'il se prenne dans le dérailleur et poursuit son chemin, ni vu ni connu. Enfin il croit.
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MessageSujet: Re: du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail)   du whisky ou de la vodka, peu importe ça ira (mihail) EmptyJeu 14 Déc - 1:03

Il regarde d’un air parfaitement serein le pâté de sable qui coule littéralement le long de son genou. Il aurait pu crier, lui faire un doigt, lui faire un croche-pied, c’est vrai. Il aurait pu faire la gueule et le planter là, aussi, le laisser tituber comme un con sur la jetée parce que ça aurait été mérité. Il fait rien de tout ça, au final, parce qu’il voit pas l’intérêt, parce que le mec est déjà tellement perché que même ses lacets défaits sont des obstacles et qu’il défend la Joconde, entre toute autre chose, ce qui est juste absurde et de mauvais goût. Elle est cheum, Mona Lisa, avec son manque de sourcil et son air austère, elle est cheum et le tableau est minuscule en plus, c’est un peu le plus grand guet-apens de l’histoire de l’art, ce tableau, parce qu’il mérite rien et qu’il apporte rien, parce que merde, y a des siècles peut-être que c’était impressionnant mais qu’elle dégage rien, Mona et ses grands yeux sans expressions, Mona et son teint cireux, Mona et sa sale gueule de nana qui a passé mille ans sous un pont. Le modèle devait avoir choppé un truc grave, c’est pas possible autrement, mais elle est pas joli, putain, loin de là, y a tellement d’autres toiles qui méritent qu’on parle d’elles. Genre les chaussettes du radeau de la méduse, ça, c’est un super sujet de conversation, ou la façon dont le visage de Judith ressort dans les toiles de Klimt, les bleus beaucoup trop profond de Van Gogh, ce genre de truc. Ça, il veut bien en parler et balancer du sable à la gueule des gens qui sont pas d’accord avec lui mais Mona Lisa, là ? Il pige pas.

C’est pour ça qu’il lui fait couler du sable dans le cou, lorsqu’il passe à côté de lui sur le chemin jusqu’à son vélo. Il en aura plein les cheveux et c’est un peu bien fait pour sa gueule, parce que c’est un putain d’homme des sables et qu’il va lui coller du sable partout, de toute façon, le goujat. Lorsqu’il enfourche son vélo, il attend patiemment qu’il arrive à se traîner jusqu’à lui, guette la moindre incertitude dans ses pas en se demandant s’il aura le plaisir de le voir se planter le nez dans la plage parce que ce serait quand même beaucoup trop drôle pour rater ce genre de spectacle. Il ravale un sourire beaucoup trop large en l’entendant hurler, secoue la tête pour ne pas rire encore une fois.

« Si j’avais su que tu voulais niquer Mona Lisa, je t’aurais pas proposé de te ramener. » Il lui lance, pour le provoquer un peu, parce qu’il est comme ça. Il l’aurait sans doute fait, en vérité, mais personne a besoin de savoir qu’il a un faible pour les grandes gueules et les petits cons, pour les gens comme Popescu, en somme, avec son sourire trop grand et sa démarche approximative. « Grimpe, champion, tu pourras me foutre du noir sur les ongles chez moi si tu veux, doit bien y avoir ça dans la salle de bain. »

C’est Saoirse qui a eu une phase, comme ça, où tout était noir sauf ses cheveux. Il a le souvenir très net de lui avoir fait les ongles à l’époque parce qu’elle n’arrivait pas à faire sa main droite et qu’il était la seule personne qu’elle avait sous la main. Ça hurle j’ai beaucoup trop de sœurs, sa phrase, en vérité, et il en a bien conscience parce que c’est pas sa mère qui se tartinerait les doigts de vernis noir, clairement. Du bout du pied, il fait voler des mottes de sable pour l’inviter à se grouiller parce qu’il commence à avoir froid, un peu, et qu’il commence à fatiguer, surtout. Il a les yeux posés sur un point derrière Mihail, en réalité, comme s’il guettait l’arrivée de quelqu’un – des flics, par exemple, ce serait pas la première fois que ça arrive et avec le bordel que fait Popescu ce serait définitivement pas étonnant.

« Faudra que tu reviennes voir la fresque, quand elle sera finie. »

C’est masqué derrière l’ordre mais c’est une invitation, vaguement, il suppose. Il pourrait lui dire qu’il a envie de lui apprendre à peindre mais merde, ça fait beaucoup trop sérieux et il a pas envie d’être sérieux mais il imagine bien Mihail, recouvert de peinture avec un air beaucoup trop illuminé sur la gueule. Ce serait un spectacle intéressant, il suppose, le genre de trucs qu’arrive pas souvent.

« Tu veux de l’aide, pour ton lacet ? »

Oui, c’est pour changer de conversation.
Oui, c’est aussi parce qu’il se voit déjà avec le lacet censément correctement coincé dans les baskets coincé plus que correctement dans la chaîne de son vélo, aussi.
Oui, il aimerait bien éviter de finir dans le fossé parce qu’il sait pas faire un nœud.
Oui.

(Non, il est pas serviable.)
(Enfin pas vraiment.)
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