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 (Père Fouettard) The Beast.

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Owen Miyazaki

Owen Miyazaki
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(Père Fouettard) The Beast. Empty
MessageSujet: (Père Fouettard) The Beast.   (Père Fouettard) The Beast. EmptyJeu 14 Déc - 7:18

    Il y a le sapin qui vole d'un revers de bras, les boules qui viennent s'écraser sur le sol, explosant en milliers d'éclats, entraînant Kizuki à sa suite comme un pantin désarticulé, comme un homme déshumanisé. On lui a ôté la raison il faut croire, c'est qu'il n'en avait plus beaucoup non plus. Et les morceaux de verres qui lui tranchent la peau, peau tailladée recherche lambeaux. La douleur. Terrible démon. C'est qu'il ne sait plus ce qui fait le plus mal, à l'intérieur ou à l'extérieur. Il revoit les doux Noël en famille, ceux qu'il a tu pour ne point trop souffrir mais c'est peine perdue. Il les revoit clairs comme de l'eau de roche, bien loin de l'eau trouble de son marée ensanglanté. Il chante à nouveau la joie et la bonne année, l'ambition et les cadeaux - trop gâté. Il pense aux résolutions longtemps oubliées, au sourire de sa mère désormais émaciée, au rire de son père qui claque dans le vent, à la chaleur de sa famille à bien trop de kilomètres d'ici.

    Il y a les larmes qui coulent, la solitude immense, après tout. Après tout ces efforts pour être aimé, à jamais, pour s'aimer, un tantinet. Tous les baisers et les mots doux, le réconfort et les coups, un tout qui ne vaut rien. On né et meurt seul dans notre cœur, Kizuki. Stupides artifices, croyances à deux balles. Il a la peau tailladée, l'âme écorchée, l'envie de souffrir plus encore, martyre qui se laverait bien des péchés de l'humanité. Et le filtre s'en est allé. Dis-le que tu la détestes, vas-y, que tu hais chacune de ces choses à prendre avec le sourire, que la philosophie te rend malade, que la spiritualité est faite de vastes âneries pour les plus perchés et que t'es perché, perché à en crever. Il attrape un de ces morceaux de verre, laisse Noël le pénétrer, serre plus fort, jusqu'à finir la paume tranchée. Quand la lumière s’éteint, Noël ça fait mal, tiens. Puis il lèche la plaie, infâme goût de sang sur sa langue de vipère, toujours le même que lorsqu'il avait la fureur de vivre, lorsqu'il se prenait des gamelles en moto à ne presque plus pouvoir s'en relever. Il est où ce temps hein ? Dans les cartons, sous la poussière, trop bien enfoui pour en ressortir. Et il sert le morceau de verre, un peu plus fort, un peu loin encore, la peine en moins. Il y a la haine du temps passé qui envahit la bête désormais et la peur pourtant, de se perdre à nouveau. Mais qu'est-ce que se perdre dans ce monde déjà perdu de toutes les façons ? Les gens avancent comme s'ils savaient où ils allaient mais personne ne sait. Personne ne connaît la grande inconnue vers laquelle tous, nous nous dirigeons comme tout autant de sages moutons. Parce qu'à part vivre, on a quoi d'autre comme option ? Mourir ? C'est le même résultat. Voilà ce qui s'appelle être condamné, et dire que l'on continue de condamner les condamnés comme s'il n'était pas déjà assez condamnés. Non, Jamais assez. Éternel besoin insatisfait. La vie, c'est montrer à son voisin qu'on la vit mieux que lui. Haa, le doux inconvénient d'être né contait Cioran. Alors, oui, peut-être que c'est plus simple de crever en fait. De quitter définitivement le bateau voué à sombrer.

    Il y a le père fouettard qui le fouette encore, marques violacées sur sa peau dorée. Peut-être qu'il en redemande, peut-être qu'il en veut à jamais. Le monde tourne autour de lui, egoïste. Les ombres se projettent sur les murs tels des cauchemars venus le hanter, tu es un cauchemar. La peur qui lui scie le dos, qui lui perce la poitrine et le laisse à bout de souffle. Le fouet, encore, qui vient s'y mélanger. Tout est confus sans la douceur de l'état de confusion, sans l'absence de clairvoyance. Non, tout est très clair, trop clair. Tu seras puni.

    Il y a les mots qui tambourinent dans son esprit. Elle est belle la vie, hein Kizuki. Et chaque fois qu'il pose son regard, ce n'est que pour qu'il s'embrume un peu plus. Bête bien disciplinée que tu es. Puis il se lève, son poing gauche qui vient s'écraser sur le mur couvert de peintures. Bête de foire enfantée ou bien difficile à croire. Il va et attrape les somnifères reposant dans le meuble de la salle de bain, vide les boîtes, les mains tremblantes. Le spectacle est terminé. Tout lui semble irréel à cet instant, et pourtant. Il se laisse retomber sur le canapé - veuillez attendre l'arrêt complet du manège avant de descendre.
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