Il a pas compris Seth. Il a pas bien compris comment ils en sont arrivés là. Comment lui en est arrivé là. Dans ce ptn de bus qui le ramène à la maison. Les bagages dans le coffre, les ongles ancrés dans les paumes de ma, la mâchoire verrouillée. Il veut pas pleurer. Il a déjà trop pleuré de toute façon. Et puis la petite vieille à côté de lui est un peu trop encline à s’occuper de lui. Le pauvre petit jeune qui a l’air si mal. Ta gueule. Il lui a dit. Il croit. Peut-être. Enfin il sait plus trop. Il sait plus rien. Il a beau chercher, tenté de dissiper les brumes dans son esprit, il comprend pas comment il en est arrivé là.  Il se souvient clairement de comment tout a commencé. Lui l’ado un peu à côté de ses pommes. Qui laissait le monde tourner autour de lui, refusant d’y prendre part, laissant les jours, les mois, s’écouler, indifférent. Lycéen décalé, trop malin pour suivre la masse, trop con pour s’en détacher, à fumer du shit avec les loubards des quartiers chics. Jeune qui squattait les gradins du gymnase pour bosser. Parce qu’on lui fichait la paix là-bas. Parce que lui, il était toujours là. Toad. A jouer avec son équipe, ballon orange entre les mains. Parce que Seth, ça lui suffisait pas de le voir en classe. C’était con. C’était impossible. C’était implacable quand même. Alors il s'était fait une raison. Comme les lycéennes qui placardent les murs de leur chambre avec des posters de… c’était qui à l’époque? Il sait plus. Ça change trop vite.

Tout est allé trop vite. Brusquement. Une lame, Toad blessé, les vestiaires, eux, seuls, un baiser, réciproque. Il s’est mis en marche Seth. Il s’est réveillé  et a commencé à vivre auprès de Toad, même si ça, il n’y avait qu’eux deux qui le savaient. Il se souvient de tout, Seth. De chaque seconde, même si tout s’est déroulé en un clin d’œil. Leur relation, secrète, mais ils s’en fichent. Seth il l’aime chaque jour un peu plus. Même ses défauts à la con. Même son vrai prénom. Il était beau ce prénom. Tout était beau chez Shashawnee. Lui, ses gestes, sa voix, son odeur, les tressaillements de son corps sous ses mains. Et puis lui qui lui dit, Shashawnee, Toad, qui dit à Seth qu’il l’aime. Il imaginait pas tout ça Seth, il aurait jamais prétendu pouvoir être aussi heureux. Et puis ils se cassent, tous les deux, courant après les rêves flous de gloire de deux ados paumés, fuyant le père violent de Toad. Toad, ce crétin qui le demande en mariage trop tôt. Mais bien sûr qu’il dit oui Seth. Il imaginait pas être aussi heureux, il imaginait encore moins combien il allait être malheureux. Mais il se lance à corps perdu dans leur histoire, de toute façon il a signé son arrêt de mort bien avant les papiers de mariage. Ce jour-là dans les vestiaires. Ils vivent. Trop fort peut-être. Sans penser à conséquences. Oubliant les dangers de leur mode de vie. Ignorant les risques des stupéfiants, fermant les yeux sur le bien et le mal. De toute façon, tous les deux, ensemble, ils ne risquent rien, non?
Et puis un matin, il est pas rentré Toad. Retrouvé inanimé dans les chiottes d’un bar sordide. Comme il l’a retrouvé, Seth, encore et encore, gisant sur le sol de leur appart miteux. Et lui il se fissure, chaque fois un peu plus. Déjà abîmé par la maladie de son père. Épuisé par les heures de boulots merdiques qu’il enchaîne. Terrorisé à chaque fois qu’il rentre chez lui. Désintox ? Le sujet déchaîne la violence. Il essaye de pas vaciller Seth. Il a pas peur de Toad. Il a peur de son absence. Potentiellement définitive. Mais il ne peut pas. Il n’en peut plus. Il veut que tout s’arrête, et engage une procédure de divorce. Stop.



Encore des larmes. Silencieuses. Prostré dans sa vieille chambre d’ado qui a pas bougé depuis des années, il se demande ce qu’il va devenir. Si ça vaut juste le coup de devenir quelque chose. Il a tout perdu, encore. Deux ans qu’il se bat pour maintenir son père en vie. Il a échoué. Il a tout raté avec lui. Du jour où il n’a pas compris ses silences quotidiens, sa fatigue, jusqu’à son acceptation placide sans vague, de sa relation homosexuelle. Seth, il a toujours cru qu’il s’en fichait. Il a tout fait pour le décevoir. Ou pour attirer son attention et son amour plutôt. Il l’a volé, égoïstement, pour partir avec Toad. Il a jamais compris que son père l’aimait plus que tout. Mais qu’il était tout bonnement incapable de l’exprimer. Jusque sur son lit de mort. Il s’en est  tellement voulu Seth. Il s’en veut toujours. Il ne connaît que trop bien le cancer. Ce qui a rongé le corps de son géniteur jusqu’à la mort. Ce qui ronge son âme tous les jours un peu plus… jusque quoi? Il sait pas. Il ne se pardonne pas, même si père lui a pardonné. Alors oui, il s’est battu comme un dingue pour payer ses soins. le garder en vie. Rattraper tout ce qu’il avait raté. Trop tard.

Oui, il a échoué. Semblerait qu’il ne puisse garder personne en vie. A part lui-même. Vaguement. En survie. C’est ce qu’il fait, depuis qu’il a abandonné Toad derrière lui. Oui il l’a abandonné. C’est ce qu’il pense aujourd’hui. Mais faire marche arrière lui est plus insupportable que ce vide béant qu’est son avenir. Il est en colère. Contre lui plus que quiconque, mais en guerre contre les autres quand même. Rongé par son histoire ratée avec son père. Rongé par son histoire ratée avec Toad. Par tous les “et si”. Avec des “si” on pourrait mettre Paris en bouteille? Oué mais avec des “si” on aurait pu être tout simplement heureux aussi. S’il avait pris l’argent sale de Toad pour soigner son père? S’il lui avait parlé, avant, avant qu’ils s’enfuient ? S’il n’y avait pas eu de distributeur de bagues en plastique dans cette station essence ? S’il ne s’était pas cassé la gueule avec cette ptn de moto, et ruiné l’avenir de Toad. Et s’il y avait eu quelqu’un d’autre dans ce vestiaire ? Et s’il n’était juste pas né ? Il se hait, et il hait le monde, Seth. Le dieu rouge. Violent, destructeur.
Il se barre Seth. Encore. Avec fracas. Il promet néanmoins à sa mère, son frère, sa sœur, de continuer de palier à leur besoin financier. Même s’il sait déjà que cet argent sera encore plus crade que celui de Toad. Savannah. Pourquoi? Il sait pas. Il a jamais rien su en fait. Et maintenant, il s’en fout. Il se dégote un taff pour se nourrir, puis un autre pour accumuler des thunes, qui s’entassent sous son matelas. D’abord bookmaker, il reprend les affaires d’un … expert de relations publiques. Qui au lieu d’organiser des dîners mondains, trouvait des locaux sordides pour abriter les combats des basses raclures de Savannah. Il aime ça Seth. Ça rapporte, ça purge. Ça exhorte, même si peu, la colère qui bouillonne au fond de son bide. Qui s’échappe parfois, quand ses poings s’écrasent sur les clients aux mains baladeuses du gentlemen’s club. Ou sur certains de ses proches. Des proches… Il y a en quatre qu’il ne quitte pas. Quatre qui l’énervent. Qui l’apaisent. Qui le comprennent surtout. Mais toute relation humaine reste compliquée pour lui. Il déteste le monde. Et de toute façon, il ne peut garder personne en vie. Sauf en partant.

bon bah c’est du bon drama tout ca qui se prépare ! En tout cas si Ivy et Toad sont ok moi de meme :) bienvenuebici, ton choix de scenar preliens avatar et tout le tbordel est perf ! Bref amuse toi bien :) (désolé je suis sur tel :/).

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