Sujet: psychosocial, (anton ; intrigue) Dim 4 Mar - 21:42
psychosocial
novak & anton
The soul is not so vibrant. The reckoning, the sickening. Go dig your graves. And the rain will kill us all, Throw ourselves against the wall. But no one else can see The preservation of the martyr in me.
La tête avait finalement chuté. Rebondi un coup contre l'épaule, oscillé quelques secondes. Puis elle s'était immobilisée, laissant le filet de sang baveux couler le long de la lèvre charnue. Les yeux du serbe n'avaient pas quitté le corps, alors que celui-ci plongeait lentement mais sûrement dans un état d'inertie. Les muscles qui se détendent alors que la conscience s'échappe. Et la colère, sourde mais calme, qui refluait doucement dans ses veines maintenant que le type n'avait plus la force d'ouvrir la bouge pour parler.
Chaque mot depuis le premier l'avait irrité. Les mensonges crachés, les inepties déblatérées. On avait tenté de le duper, et il le savait. Tenté de faire comme si il n'était pas là à écouter, tapi dans l'ombre, chaque soir qui passait. On l'oubliait trop facilement, le géant. Sa carrure avait beau être mémorable, sa dégaine reconnaissable, il était souvent plus invisible qu'on ne l'aurait pensé. Ça lui convenait, bien souvent. Mais lorsqu'il s'agissait de tirer les vers du nez à une saleté, il aurait préféré qu'on se souvienne de chaque fois où il aurait posté là à écouter.
Sûrement que ce type n'avait rien à voir avec l'enlèvement de Bran. Mais toutes les pistes étaient trop menues pour qu'une seule ne soit écartée, et Novak le savait. Il considérait tout. Les ragots, les rumeurs. Les menaces, et les comportements déplacés. Il ignorait si l'acte était médité, ou s'il avait été improvisé. Une part de lui commençait à comprendre qu'il était peu probable que toutes les victimes des kidnappings soient liées. Mais une autre refusait de l'accepter. Car s'il n'y avait pas de lien, si Bran avait été attrapé par le plus grand des hasards, alors il lui faudrait se résoudre à gommer les trois quarts des pistes déjà rares qu'il avait.
Cette tête de noeud avait été le compromis parfait. Du genre à persifler dans l'obscurité, et du genre à traîner avec des types qui requerraient parfois à des méthodes aussi extrêmes pour se faire écouter. Ils avaient mis la main sur un petit truand, il y avait quelques mois. L'avaient kidnappé, torturé, et avait tenté de lui tirer les vers du nez sur ses fournisseurs et ses revendeurs. Ils l'avaient laissé pour mort, jusqu'à ce qu'un coup de fil anonyme n'aide la police à mettre la main sur le semi-cadavre, et ne les conduisent à l'arrêter. Ce n'était pas la première fois qu'ils opéraient ainsi, et Novak le savait. De là à kidnapper des habitants de Savannah de tous les sexes et de toutes les tranches d'âge, il y avait peut-être de la marge. Mais sur l'instant, il ne voulait pas l'envisager. Les circonstances actuelles auraient, après tout, été un leurre parfait pour faire disparaître une tête de plus. Et il n'était pas impossible que l'irritation que Bran avait pu provoquer chez ces types par le passé ne les ait finalement conduits à en profiter. Il aurait été si aisé de lui mettre la main dessus, et de faire passer sa disparition pour le fait des kidnappeurs en série qui sévissaient. Trop facile. Et avant de rayer le tuyau, Novak avait préféré l'exploiter. Le creuser, et tirer les informations qu'il lui faudrait pour être certain que Bran était, ou n'était pas, entre leurs mains. Personne ne l'en empêcherait. Ces types n'étaient pas assez importants pour ça. Et le gang n'aspirait, pour l'heure, qu'à retrouver leur chiot égaré. Foutu Bran. Pas capable de laisser une journée passer sans retourner l'ordre de ses priorités.
Le type n'avait que peu parlé. La technique d'interrogatoire pour laquelle le serbe avait opté ne lui en avait pas véritablement laissé l'opportunité. I'm gonna show you how deadly serious I am. And then, maybe, we'll talk. L'autre l'avait lu dans ses yeux, sans avoir besoin d'entendre les mots. L'autre l'avait lu dans ses poings, et dans la violence avec laquelle ils s'étaient abattus sur son visage. Coups mesurés, ne l'handicapant nullement dans sa faculté à parler. Ça deviendrait plus compliqué, une fois qu'il se serait réveillé. Mais pour l'heure, le petit séjour dans l'inconscience auquel il était en train de goûter lui donnait le parfait avant-goût du reste de sa journée. You're going to talk, asshole. And I'm not even going to ask for it.
Impassible, la colère bouillonnante parfaitement maîtrisée, Novak avait attrapé un torchon qui traînait pour s'essuyer les mains. Essuyer la lame effilée du couteau avec lequel il avait menacé, en entrant dans l'appartement. À quelques pas de là, Кербер s'était couché. Silencieuse, docile. Ses yeux noirs ne perdant pas une miette de ce que le corps flasque du captif, ligoté dans sa chaise de bureau, pourrait faire. Anton ne tarderait pas à arriver. Novak le savait. Le texto pour lui donner l'adresse datait d'une vingtaine de minutes déjà. Suffisamment longtemps pour lui permettre de rentrer le premier, et de préparer la suite des festivités. Suffisamment longtemps pour lui laisser le temps d'arriver.
Ce sont quelques coups, frappés à la porte, qui lui font finalement relever la tête. Silencieusement, ombre déjà ensanglantée de sa violence débridée, il s'approche du battant. Il n'ouvre pas tout de suite, pourtant. Le type attendait peut-être quelqu'un, et mieux valait ne prendre aucun risque inutile. Un coup d'oeil par le judas. Discret, rapide. C'est suffisant pour voir les cheveux gominés du Zivkovic. Suffisant pour valider son identité, et pour se résoudre à déverrouiller et ouvrir la porte. Il ne prononce pas un mot, lorsque le corps d'Anton se découpe dans l'encadrement. Lui cède le passage et referme derrière lui, sans plus tarder. Inutile de laisser à qui que ce soit l'opportunité de comprendre ce qui était en train de se jouer.
Un pas derrière lui. Un deuxième. Le type n'a pas encore repris conscience. Entravé dans son salon, un chiffon plié fourré sans ménagement dans la bouche, un oeil déjà tuméfié et un nez férocement brisé, il gît là. Prêt à être interrogé, à la seconde où il se réveillerait. Prêt à faire face à ses deux bourreaux. Prêt à leur dire ce qu'ils ne voudraient pas entendre, mais qu'ils n'auraient pas le choix d'écouter.
Prêt à souffrir, pour alléger leur fureur, et leur impuissance de n'être capable de mettre la main sur un véritable coupable.