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donne coeur, pas cher, déjà utilisé ▹ posts envoyés : 1889 ▹ points : 16 ▹ pseudo : Unserious/Agnès ▹ crédits : WHI, tumblr, bazzart / avatar : balaclava / AES : moi / gif : camille ▹ avatar : Ben Barnes ▹ signe particulier : un accent de liverpool, un tatouage "bad" au creux du coude, et une chevalière à l'index gauche. oh, et totalement casher. en théorie.
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| Sujet: Asher | Toad (Intrigue) Mer 29 Nov - 22:24 | |
| Bang, bang. Deux coups dans la nuit et la silhouette d’Asher qui s’effondre au sol, trois qui suivent, l’assaillant qui s’échappe en claudiquant. Coup de chance qu’il l’ait touché une fois, c’est pas facile de bien viser quand on est affalé par terre, même si c’est la force des choses qui veut ça. Il l’aurait pas buté, de toute façon, ça ne lui ressemblerait pas, c’est pas dans ses gênes, cet instinct de mort, de destruction, ce besoin que semblent avoir trop de gens du coin à ôter la vie d’autrui quand ils le peuvent. La force du coup l’a propulsé au sol, il s’est sûrement cogné la tête contre le bitume, sa main qui se porte à sa nuque peut en attester, le bout des doigts écarlate lorsqu’il l’expose à la lumière du lampadaire le plus proche. « Putain », il souffle, c’est sûrement pas bien grave, il a même pas mal. C’est sa hanche qui a morflé, il visait bien l’enfoiré. Le juron sort une nouvelle fois, plus fort, c’est la douleur qui parle, sûrement, vaut mieux blâmer son langage fleuri sur sa blessure de guerre. La tête, c’est rien. La tête, ça fait même plus mal. Il faut qu’il aille à l’hosto maintenant, histoire qu’on lui regarde sa hanche, voir si l’os est touché, si c’est pété, s’il pourra être guéri suffisamment vite pour que personne ne remarque, pour qu’il puisse revenir au boulot le lundi suivant. Y a rien de moins sûr, mais il est du genre optimiste, si on veut. C’est surtout qu’il ne peut pas rester chez lui, y a trop de choses qui le brisent, trop de choses qui le rendent fragile, l’esquintent à grande vitesse, les uppercuts dans le thorax qui lui extirpent des râles sourds. C’est normal qu’on entende la Nocturne en do mineur de Chopin quand on vient d’se prendre une balle ? Parce qu’il jurerait qu’il l’entend, ou c’est seulement parce qu’il est fatigué, parce qu’il veut rentrer. Les pas de Jo pèsent sur le sol alors qu’il s’approche, qu’il l’aide à se relever. Ça va, il boite presque pas Asher quand il le raccompagne à leur bagnole, mais au cas où, il lui demande de le déposer à l’hosto. Histoire de. « Réponds, réponds, réponds », il souffle alors qu’il porte son téléphone à son oreille. Il n’a pas eu de nouvelles de Toad depuis quelques heures déjà, depuis qu’ils s’étaient dits qu’ils se retrouveraient vers minuit chez l’un ou chez l’autre, qu’ils se glisseraient dans les draps et qu’ils se cajoleraient un peu trop, depuis qu’il lui avait promis qu’il expliquerait ce qu’il voulait dire quand il parlait de la dernière fois, Caïn qui revient en boucle dans sa tête, faudrait qu’il lui explique ouais, qu’il discute, qu’il s’ouvre un peu plus qu’il ne le fait habituellement. Faudrait qu’il commence à admettre qu’il est bousillé, faudrait qu’il arrête de jeter des je t’aime à la gueule du pasteur comme si c’était une blague. Il a raison, Caïn. Y a eu Minnie, Elena. Y a Toad, peut-être. Il sait pas, n’a pas envie de savoir. L’incertitude est trop pesante quand il s’agit des sentiments qu’ils nourrissent l’un envers l’autre. Ça, et la peur de se démolir, de démolir à son tour. Le cycle sans fin de la tourmente qu’ils semblent tous deux si bien connaître. La tonalité s’interrompt, ça répond. « T’es en sécurité ? » La voix douce alors qu’il appuie sa main contre sa hanche, histoire de pas trop s’vider de son sang. Il lui dira rien, juré. Pas envie qu’il s’inquiète pour une petite douille, quand on sait que celle qui visait son cœur a fini dans le gilet pare-balles.
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| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) Sam 2 Déc - 15:43 | |
| Rentrer. Se foutre sous la couette sans bouffer. Fermer les yeux pour essayer d'y voir plus clair. Y'a tout qui s'embrouille dans mon cerveau, j'ai perdu le fil, perdu le sens, les trucs qui faisaient que j’allais plus ou moins droit ces derniers temps. C'est le bordel et j’ai l’impression qu’y’a rien qui puisse apaiser ça. Trop ailleurs, j'me fais des frayeurs au volant, les phares m'éblouissent trop, je pile et redémarre en m'excusant d'un signe de main. Pardon, j'suis con, pardon, j'sais pas quoi faire, j'suis paumé, j'me rappelle plus où j'vis, j'me rappelle trop de choses. Désolé, j’étais pas prêt pour tout ça aujourd’hui alors laissez-moi conduire comme un chauffard. Sans doute que j’aurais jamais été prêt pour ça. C’est comme si j’avais été amnésique, tout ce temps, et que je me prenais tous mes souvenirs à la gueule en même temps. J'avais oublié qu'il était beau à crever, à quel point j'aimais son odeur, ses yeux, sa bouche, les inflexions d'sa voix, non, faut pas y penser, non, j'avais pas oublié, les souvenirs étaient juste devenus plus flous avec les années, j’avais tout embelli dans ma tête, l’obsession qui ronge la cervelle comme un ver dans une pomme. Mais maintenant y'a son visage collé à ma rétine, six ans de plus et pourtant je chéris encore chaque atome, le fantasme qui vire au réel et finalement c’est peut-être encore plus beau que dans les rêves. Le revoir, le retrouver. Seth Seth Seth. Seth qui a complètement dérapé pendant mon absence, alors que j’suis enfin retourné sur la route, fini le hors-piste. J’ai le cœur qui bat trop fort quand j'arrête le moteur, y’a plus de bruit pour couvrir le vacarme dans mon crâne. J'sais pas si Ezra est enfin rentré, mais y’a d’la lumière, alors j’imagine que oui. Soupir de soulagement, soupir de désespoir. Il est tard, trop tard et j'arrive pas à sortir du pick-up, le front plaqué contre le volant, à tenter de respirer calmement, de faire le tri, de reprendre le dessus sur la vie qui s'comporte en chienne. Drea-ea-ea-ea-eam, dream, dream –je regarde mon téléphone échoué sur le siège passager du coin de l’œil. Faut qu'je change de sonnerie, mettre un truc plus approprié, Love hurts, par exemple. Je l’attrape, toujours un peu tremblant, fébrile, épuisé. Asher, me scande l’écran, et je jurerais entendre la vie se foutre de ma tronche dans mon dos. Merde. Pourquoi y'a du réseau tout à coup, pourquoi il m'appelle, pourquoi le sort s'acharne encore, j'pense que toute cette journée suffisait, non ? Putain. J'ai oublié qu'on devait s'retrouver, mais j'lui dis quoi, maintenant ? J'lui parle de mon mari dont j'ai jamais voulu divorcer et que j'ai beaucoup trop embrassé pour aujourd'hui ? « Hey », je marmonne en décrochant, c’est même pas la réponse à sa question. Je passe une main sur mon visage comme pour me concentrer. « Euh ouais, j'reviens de l'hosto là. » J’aurais sûrement dû éviter de dire ça. Pourtant, y’a une part de moi qui se dit que ce serait peut-être le moment de tout déballer, d’avouer les péchés, avant qu’il découvre ça tout seul. Avant qu’ça fasse trop mal. Mais c’est déjà trop tard pour ça. « C’était pas pour moi, t’en fais pas. Tu vas bien, toi ? Ça a dû être galère à ton boulot, non ? » Ouais, échanger des banalités sur son job, bonne idée. C’est pas si banal, compte tenu de la situation, ça a dû être plus mouvementé que paperasse et donut, ce soir. N’importe quoi, Toad, arrête de faire de la merde. Soupir. J’m’arrache quasi la lèvre à force d’hésiter. « Asher. Faudrait qu’on cause en fait. » Regain de courage, que j’aurais jamais. Que j’ai pas vraiment. J’suis à deux doigts de lui lancer une blague salace pour qu’il se dise que le ton sérieux d’ma voix est qu’une mascarade. |
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| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) Dim 3 Déc - 0:16 | |
| Bang, putain il s’est fait tirer dessus, putain il devrait pas être en train d’appeler Toad. Ça lui fait un mal de chien, ça le lance de l’aine aux côtes, le sifflement qui s’échappe d’entre ses dents en dit long sur la douleur qu’il essaye de contenir, au moment où il entend la voix de Toad sortir du combiné. Ne pas paniquer, ne pas s’affoler, essayer de respirer doucement et de pas penser qu’il a le bassin en feu, en sang, la main qui se pose mécaniquement dans le dos pour voir si la balle est ressortie, s’aperçoit que non. Merde. Merde, c’est pas bon. Merde encore, on lui a pas appris à gérer le stress dans ces cas-là, la montée d’adrénaline qui se fige dans les veines, qui excite autant qu’elle paralyse, le souffle presque coupé et le cœur au bord de la tachycardie. Il a peut-être mal vérifié, y a peut-être bien un trou dans le bas de son dos, il a pas la présence d’esprit de revérifier et préfère s’enliser tout seul dans son angoisse. Y a Toad qui parle et il l’entend à peine, croit comprendre le mot hôpital, lance un « quoi ? » haletant, pas toi pitié, pas toi, n’importe qui mais pas toi. Il se jure déjà de retrouver l’ordure qui l’aura foutu à l’hosto, lui péter les deux bras et buter sa famille, y a peut-être un fond de paternalisme quand il s’agit des autres, de ceux qu’il aime, de Toad. Il sait qu’il a eu une autre vie avant celle de pasteur, qu’il sait parfaitement se défendre, qu’ils seraient redoutables à deux contre une bande de dix, ils ont botté trop de culs pour ne pas savoir coller une dérouillée aux mecs trop optimistes pour comprendre leurs faiblesses. Mais là, c’est pas pareil. Là, y a des gosses avec des armes, de la vermine de bas-étage qui pense pouvoir se mesurer aux flics, alors pourquoi pas à un homme d’église. Pourquoi pas à lui ? Mais non, c’est pas lui, c’est pas lui et le cœur d’Asher bat un peu moins vite, sans pour autant interrompre sa course effrénée, il mettra ça sur le compte de l’onde de choc causée par la balle toujours logée dans son bassin. Quand Toad demande, il répond « ça va » alors qu’il n’en sait rien, alors que ça ne va peut-être pas du tout, qu’il a peut-être des organes touchés. Mais ça va, en théorie, parce qu’il appuie fermement ses doigts sur la plaie et que l’hémorragie ne semble pas trop grave, pas assassine dans tous les cas. Il aura le temps de lui dire que ça ne va pas plus tard, quand il aura fait un crochet par l’hôpital et qu’il en saura plus, et Toad aura alors tout le loisir de lui en vouloir. Il sait pourtant que sa voix le trahit, que les sursauts dans sa respiration aussi, c'est peut-être pour ça qu'il rajoute « j’veux dire, j’ai été blessé », parce qu’autant être honnête et ne pas tourner trop longtemps autour du pot, ça s’entend qu’il ne va pas bien, qu’il halète, qu’il gémit de douleur entre ses lèvres mi-closes. « A la cheville, en courant. J'passe par l'hôpital pour vérifier qu'c'est qu'une entorse » C’est un mensonge, ouais, mais juste pour éviter qu’il s’inquiète trop. Il lui dira la vérité d'ici quelques jours, prétextera avoir trop de boulot en retard et de devoir rester au poste pour ne pas se foutre à poil devant lui et lui montrer l’ampleur des dégâts. Quelques jours, putain, ça c’est optimiste, vise plutôt quelques semaines, histoire qu’y ait plus besoin de bandages, de trucs visibles, histoire qu’il n’y ait plus qu’une cicatrice et que tu puisses sortir avec désinvolture qu’en fait, tu t’étais fait tirer dessus. Un mensonge pour protéger, donc. Y a rien de plus noble, il paraît. C’est le ton dans la voix du pasteur qui l’inquiète. Le timbre qui change, trop sérieux, les inflexions graves qu’il ne reconnait pas, l’angoisse qui se glisse derrière les syllabes. « Ok, ça a l’air sérieux. » Ouais, ça a l’air, il prend jamais cet air là avec lui, Toad. Faut qu’y ait un truc qui tourne pas rond, un grain de sable dans l’engrenage, un problème dans le mécanisme. Il espère juste qu’il n’a pas menti lui aussi, qu’il n’est pas en train de se vider de son sang à l’hôpital. Mais il tend l’oreille un instant et ne perçoit aucun bruit de couloirs, aucun bip strident à intervalles réguliers. Y a pas à chier, il est ailleurs, quelque part où il ne risque pas de se faire buter, il espère. « J’aurai un truc à te dire aussi Toad », et le râle de douleur qui interrompt sa phrase, ça l’fait chier, il va finir par se douter d’un truc, par le suspecter de ne pas avoir tout dit. Et son collègue qui le regarde du coin de l’œil, l’air de demander si c’est le mec de l’Inferno. Ouais. J’le baise. Autre chose ? « Toi d’abord, j’peux pas trop parler. » Parce que j’suis en train d’mourir, t’aurais dû rajouter. Baltringue.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) Dim 3 Déc - 21:34 | |
| Y’a un truc bizarre dans la voix d’Asher, comme un sifflement, comme s’il serrait les dents en parlant, pour contenir quelque chose, une douleur, un choc. J’y fais pas tant attention que ça, pourtant, perdu dans mes pensées, baigné dans la confusion, à tenter de trouver un peu de bravoure, alors que j’en ai jamais eu. J’essaye de me rappeler la dernière fois que j’ai été courageux, et y’a rien qui me vient, rien de récent, ça remonte au lycée, quand j’me suis interposé face au chef de la p’tite bande de Seth pour secourir un gamin qui s’faisait racketter. J’avais seize ans, donc, et j’arrive même pas à compter combien d’années ça fait. Toujours nul en maths, Toad, et l’esprit dans le brouillard. Peut-être que mon coming-out à mon père relevait du courage, aussi, mais j’dirais plutôt que c’était de l’inconscience ou que j’cherchais la merde, puis après j’ai fui, en abandonnant mes deux petites sœurs, alors c’est pas terrible comme acte de bravoure. J’suis paumé, et j’l’écoute à peine quand il me raconte qu’il s’est blessé à la cheville. J’devrais savoir, que ça fait pas si mal que ça, une entorse, pour avoir collectionné les bobos divers et variés durant toute ma vie, en tout cas pas tant qu’on bouge pas, et il a pas l’air de marcher, j’devrais savoir qu’il ment, que y’a un truc qui cloche, j’devrais poser la question. J’le fais pas. « Ah. Merde. J’espère que ça ira. » Voix lasse, j’suis à des kilomètres de là, à avoir envie de m’ouvrir le crâne contre le volant. Je tremble encore. Il est encore temps de faire machine arrière, de lui demander ce qu’il veut pour Noël en se marrant, faire genre que j’voulais juste le stresser. Je sais pas comment lui dire, putain, comment commencer. Et lui aussi il a un truc à me dire ? Quoi ? Bah, j’ai rien à craindre, ça peut pas être pire que c’que j’lui ai caché moi, ça pourra pas faire aussi mal, même s’il semble avoir foutrement mal, là, c’est quoi, cette plainte qu’il tente d’étouffer, c’est quoi ce bordel ? Certainement pas une entorse, j’ai pas fait médecine, mais j’ai l’impression qu’il abuse de ma bêtise, les muscles qui se tendent tandis que je dresse l’oreille, mais impossible d’entendre correctement quand on a le cœur qui pulse contre les tempes comme un dératé. « T’es sûr que ça va ? » Et merde, faut lui dire, maintenant, alors qu’il va peut-être super mal, sinon j’y arriverai pas, j’le sais, j’pourrai pas, ce sera trop tard, ça redeviendra comme toutes les fois où j’ai pas réussi à lui dire parce que le moment s’y prêtait pas, parce que ça paraissait inapproprié au possible. « Asher, j’aurais dû t’le dire avant, j’savais pas comment. J’ai été con et tu vas m’en vouloir, j’suis vraiment désolé, ok ? » J’inspire longuement, ferme les yeux comme si ça pouvait m’aider. « Le mec avec qui j’étais à l’hosto, là… C’est mon mari. » C’est dit d’une traite, même pas articulé, comme si au fond de moi j’voulais pas qu’il comprenne. J’veux pas qu’il comprenne. Puis j’réalise que dire juste ça, c’est pire que tout, du coup j’enchaîne, je m’enfonce un peu plus : « Enfin. J’veux dire. On est plus ensemble, ça fait six ans que j’l’avais pas vu, t’es pas genre mon amant. C’est juste qu’on a jamais divorcé. » Pourtant, j’me comporte comme si t’étais mon putain d’amant, je sais, comme si t’étais le mec qui m’encombre un peu trop et à qui j’veux pas dire je t’aime. Pourtant j’ai toujours cette foutue alliance à mon doigt, et tu l’as vue, et t’auras aucun mal à faire le lien, hein, Asher ? Oh et devine quoi, j’lui ai dit je t’aime à lui, pouf, comme ça, c’est sorti tout seul, j’ai même pas eu à cogiter. Même si j’l’ai pas vu depuis six ans. Bordel de merde, c’est mort, il va jamais me pardonner. « Dis quelque chose, putain. » C’est une supplique, clairement, malgré le juron qui se glisse entre mes lèvres. Et j’rajoute la politesse, comme pour anesthésier la douleur : « Steplaît. » Sauf que ça marche pas. |
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| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) Dim 3 Déc - 21:37 | |
| C’est une accumulation de choses qui lui font perdre pied, le ton trop solennel de Toad qu’il ne prend même pas lorsqu’il donne la messe, la peau devenue incendiaire sous ses doigts et la veine qui pulse trop fort sous son index, les accélérations brutales données par son coéquipier alors qu’ils sillonnent à un train d’enfer les rues de Savannah. « Ouais » il répond dans un souffle lorsque Toad s’enquiert de sa santé, ça sert à rien de le brusquer, d’avouer que se prendre une balle fait un mal de chien. Il n’a pas envie de lui faire endurer ça, de requérir sa présence, surtout s’il revient tout juste de l’hosto. Il est tard et il a sûrement besoin de dormir. Et puis de toute façon, y a ce qui secoue Asher à chaque minute de chaque jour, l’impression d’être de trop, la peur d’exiger ce que les autres ne pourront jamais lui offrir. Il est l’anomalie sur la photo de famille, l’intrus dans le jeu des sept différences, l’ombre qui prend trop de place, qui éclipserait presque le soleil. Y a qu’avec Toad qu’il ne ressent pas cette sensation de faire tâche, de pas être assez bien ou de l’être trop, même s’il est né avec une cuillère en argent dans la bouche et que le pasteur tient davantage du redneck que du gentleman. Ça ne change rien. Y a qu’avec Toad qu’il n’a pas ce sentiment, et c’est peut-être pour ça qu’il se fige lorsque la sentence tombe, lorsque le mot mari se bute aux lèvres de son interlocuteur et qu’il n’est pas tout à fait sûr d’avoir bien compris. Sauf qu’il a compris. C’est flou, tout le reste du film, à partir de là. C’est flou parce qu’il a un peu éloigné le téléphone, parce qu’il entend ce que lui dit Toad mais parce que cette fois, il ne comprend plus. Depuis six ans, c’est que dalle six ans, pas suffisant pour l’amour disparaisse, pas assez pour enterrer des souvenirs, pour ne jamais vouloir ressortir la pelle, virer la terre et les redécouvrir comme un trésor qu’on aurait oublié. Six ans c’est rien, six ans c’est des miettes, à peine de quoi se mettre sous la dent, six ans ça laisse pas le temps d’oublier les traits du visage, l’odeur de l’autre, le rythme tout particulier de l’un des cœurs en présence de son homologue. C’est plus clair, d’un coup, la distance trop souvent imposée par Toad, les surnoms débiles dont il ne l’a jamais affublé et le fait de tout ramener au cul, le j’veux pas que ça soit compliqué aussi, maintenant ça l’est putain, c’est affreusement compliqué et affreusement douloureux, au point qu’Asher oublie qu’il a la hanche explosée, qu’il pourrait très bien ne plus pouvoir marcher, on s’en fout de ça. Tout ce qui compte c’est qu’y a Toad, à quelques kilomètres de là, en train de le briser, de s’acharner sur les minuscules bouts qu’il reste de lui, de s’essuyer les pieds sur le peu d’amour-propre dont il dispose encore. Le karma est vraiment une pute, c’est peut-être le retour de bâton pour Scarlett, pour tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il n’a jamais fait, tout ce qu’il ne pourra pas rattraper. Dis quelque chose, il devrait, il pourrait lui dire que c’est pas grave parce qu’une partie de lui s’y attendait, parce qu’il aurait dû savoir que ça se finirait comme ça à l’instant où il a remarqué cette bague à son doigt et que Toad a brillamment éludé le sujet. Il pourrait lui dire que c’est pas grave parce que c’est peut-être même pas fini. Mais y a un feu qui le ravage, la fumée noire qui essaie de lui faire comprendre un truc, et peut-être qu’il capte tout de travers mais c’est l’instinct de survie qui parle, désormais. Celui qui lui souffle de ne pas se laisser briser sans réagir. « J’suis quoi du coup ? » Un souffle, la respiration courte, il crèvera pas avant de savoir. La sirène est trop forte, ça lui monte à la tête, il a envie de se jeter de cette putain de voiture. Avec un peu de chance, il se ferait écraser dans la foulée par un poids-lourd. « Le mec que tu viens voir quand t’as envie de te faire sauter ? » Il n’arrive plus à distinguer le vrai du faux, y a juste des points d’interrogation en suspens dans l’atmosphère, le visage de Caïn qui vient s’intercaler dans leurs souvenirs, la même rengaine qui revient. Y en aura d’autres, qu’il disait. Il aurait dû savoir que c’est la merde d’aimer. D’aimer autant. « J’suis ton plan cul ? Ton plan B ? » B comme Baltringue ouais, comme quelqu’un qui n’a rien compris, qui se fait foutre de sa gueule par tout son entourage. Un putain de poids mort dont ils seraient sûrement ravis de se débarrasser. Et la voiture qui se secoue un peu trop en traversant le passage à niveau, l’élancement qui irradie jusque dans le ventre, le « putain » qui sort d’entre ses dents qu’il serre trop fort. La larme qui coule sur sa joue, qu’il ne prend pas la peine d’essuyer. « J’arrive à l’hôpital. » C’est pas vrai. Y a au moins cinq autres rues à se faire avant d’y arriver. « J’te laisse. » J’te quitte, mais j’raccroche pas. Regarde ce que tu as fait de moi. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) Mar 5 Déc - 23:20 | |
| Putain, Asher, réponds, dis quelque chose, qu’tu m’détestes, qu’tu veux plus m’voir, n’importe quoi, mais pas le silence, merde, raccroche pas, pitié, raccroche pas. Et ça sort pas de ma gorge, les suppliques restent coincées en travers et j’ai l’impression de suffoquer, les yeux qui font mal, alors qu’y’a déjà eu assez de larmes pour aujourd’hui. J’veux pas qu’il me quitte, pas maintenant, pas tout d’suite, pas au téléphone, j’ai le cœur trop en vrac et j’pourrai pas supporter, j’pourrai pas survivre à ça, pas deux fois, j’veux pas le revivre, j’veux pas, j’veux pas. Puis quand il se remet à parler, j’ai envie qu’il se taise, de l’interrompre, de protester, sa voix qui filtre à peine sous la sirène de la voiture de police. La sirène, pour une entorse, vraiment ? Tu trouves pas ça curieux, Toad ? « Quoi ? Non. Je. Asher. » C’est faiblard, les mots bafouillés, pas la force de se défendre, d’expliquer. Il me laisse pas le faire, de toute façon, et il a toutes les raisons du monde de pas me laisser faire, de pas me laisser causer, me laisser baratiner, comme je l’ai fait trop souvent, éluder, éviter, parler de cul pour passer à autre chose. Y’a rien de plus simple, rien de plus lâche, mais y’a plus moyen, à présent, il m’écoutera plus, j’le sais, et j’savais que ça allait arriver. « Non putain, arrête. » Tentative ratée de le calmer, j’m’énerve tout seul, les larmes qui dévalent mes joues, un peu trop heureuses de pouvoir enfin le faire. Ça devait pas se passer comme ça, ça devait pas arriver, lui et moi, j’devais pas coucher avec lui, ça devait pas être plus que ça, deux potes qui s’envoient en l’air contre une porte, point barre, fin. Mais y’a pas eu de fin, et j’veux pas de fin, pourtant c’était certain qu’ça irait pas, trop pétés pour pas s’amocher un peu plus, niqués par la vie, y’avait aucune chance que ça marche, qu’y’ait quelque chose à en tirer, j’suis trop mauvais, trop toxique, il est trop fragile, moi aussi, mais j’veux pas revivre ça. Steplaît, Asher, me fais pas ça. Il balance qu’il est à l’hosto alors qu’il y est pas, bien sûr qu’il y est pas, la sirène qui continue à écorcher les tympans, la voiture qui ralentit sûrement pas, il ment, c’est sûr, il ment. J’te laisse. « NON. » Cri du cœur, comme si on l’arrachait d’ma poitrine, qu’on le foutait devant moi, à palpiter misérablement comme il l’a toujours fait, avide d’amour mais incapable d’aimer correctement. Tu m’dis pas ça, Asher, tu m’dis pas ça, jamais. « Raccroche pas, putain raccroche pas. » Y’a les sanglots qui s’agglutinent dans la voix, le désespoir qui se loge dans chaque mot, pathétique absolu du débile en mal d’amour. J’ai jamais rien su faire d’autre que pleurer pour la rupture, c’est le seul truc que j’fais bien, faut croire, geindre et supplier de rester. Sauf que ça a pas marché avec Seth, combien d’chances que ça marche avec Asher ? « C’est rien, c’est vraiment rien, j’te promets. » T’es sûr de pouvoir promettre ça, Toad ? C’est rien ? Alors que tu chiales comme un gosse ? Seth, c’est rien ? Y’a pas quelque chose qui sonne faux, qui dérape sévèrement, qui fait carambolage dans le cerveau et dans le cœur, la nausée qui serre la trachée et les yeux qui y voient plus rien ? C’est pas vrai, encore un mensonge, c’est pas vrai, c’est Seth, c’est tout, c’est la vie, c’est ton premier amour, celui qui devait durer toujours, celui qui t’a tellement ravagé qu’t’as plus su dire je t’aime après, celui qu’a dicté toute ta vie après la désintox, tu te souviens ? Tu te souviens pour qui t’as fait tout ça, pas de drogue depuis six ans, le beau job bien propre et l’église en ruines à Savannah ? C'était pas pour Asher, il était pas là, il existait pas. C’est rien ? Bien sûr que tu te souviens, et c’est pas rien. |
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| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) Mer 6 Déc - 0:16 | |
| Y a plus rien pour sauver les meubles, pour empêcher le navire de sombrer, plus rien pour retenir son corps largué en pleine mer sans bouée de sauvetage, y a juste les suppliques déchirantes de Toad à l’autre bout du fil, mais il ne les entend plus. C’est pas qu’il refuse de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête à ce moment précis, c’est juste qu’il n’y arrive plus, Asher, incapable de distinguer vérité et affabulations dans le festival de ses excuses. Y a pas assez de mots pour exprimer ce qu’il ressent, pas assez de place entre deux combinés pour faire l’étalage de sa peine, de sa rancœur, mélange amer, sournois, y a pas assez de temps pour lui dire ce qu’il pense de lui à cet instant, je t’aime et je te déteste qui se tirent la bourre, qui essaient de l’emporter chacun à leur manière. Les jérémiades de Toad lui déchirent le cœur sanglot après sanglot mais lui ne pleure pas, trop absent encore pour réaliser qu’il le perd, que leur histoire s’effrite sous ses doigts, et il ne peut pas se le permettre mais il ne peut pas non plus l’éviter. Ça a tout d’une tragédie shakespearienne. Il le disait il y a quelque temps, pour rire, sans vraiment le penser, sûrement parce qu’il ne pensait pas qu’il y avait autant de non-dits, autant de choses dissimulées sous l’apparente sincérité, sous les fantasmes éhontés avoués entre les draps. C’est pour ça que ça fait mal, peut-être, parce que Toad est sans nul doute celui à qui il pourrait confier sa vie les yeux fermés, sans craindre qu’il ne la brise entre ses doigts. Faut dire qu’il ne sait jamais vraiment bien lire entre les lignes, Asher, comprendre les histoires cachées que l’on lui cache, essayer de voir au-delà de ce que les yeux voient, parce que ses yeux sont trop souvent aveugles lorsque son cœur les guide. Là, tout ce qu’il sait, c’est qu’il se fout des excuses de Toad parce qu’il lui a menti, même pas par omission, menti sans aucune gêne, menti sans remords, parce qu’il aurait continué à lui mentir s’il n’avait pas miraculeusement retrouvé ce mari disparu. « T’as pas répondu, j’suis quoi ? » C’est un soupir fatigué qui sort d’entre ses lèvres une fois que Toad a terminé sa litanie, j’suis quoi à part le mec que tu t’enfiles quand t’as peur de replonger dans la drogue, j’suis quoi à part celui qui te bouffe tes nuits, j’suis quoi à part la personne qui t’éloigne du petit amish qui couche chez toi et que t’aimerais sûrement bien sauter secrètement. On est quoi d’ailleurs, Ezra et moi, à part les autres, ceux qui ne sont pas ce mari apparu comme part magie, ceux qui ne seront jamais lui, qui n’auront jamais cette histoire commune que vous partagez, elle est où la justice dans l’amour quand on part avec un tel désavantage ? « Tu sais c’que t’es toi pour moi, alors moi j’suis quoi ? » La question qui revient parce que Toad n’a pas répondu, parce qu’il l’entend juste chialer au bout de la ligne et qu’au lieu de le rendre triste, ça le fout en colère. Et putain qu’il a mal. Et putain qu’il dit rien, l’idiot, à serrer sa main contre la plaie comme si ça allait avoir un quelconque effet sur la brûlure, sur l’engourdissement qui commence à se faire sentir dans son bassin. « Il s’est passé quoi avec lui ? » Histoire d’avoir un peu plus mal, de souffrir encore. Il s’est passé quoi dans cet hôpital, avec ce mec que t’as épousé y a des années de ça, que tu viens juste de retrouver ? Il s’est passé quoi entre quatre murs, sans personne pour vous regarder ? « J’veux pas savoir », il l’interrompt, ça serait plus douloureux encore, plus insoutenable, il a pas envie de l’imaginer avec quelqu’un d’autre, pas envie d’entrevoir un aperçu de cet univers merdique où ils ne finissent pas ensemble. Sauf qu’ils finiront pas ensemble, hein ? Il savait comment ça se terminerait avant que ça ne commence, Asher. Il ignorait juste que ça serait aussi mortel. « J’arrive pas à croire que tu m’aies menti. Deux fois. » La première, quand t’as dit qu’y avait personne. La seconde, quand t’as juré que c’était rien. « Laisse-moi maintenant, Toad. » Il raccroche sans lui laisser le temps de parler, brusquement, persuadé que s’il attend, il n’arrivera pas à décrocher l’oreille du combiné. Ça lui fait mal, partout, c’est la balle et pas seulement, c’est la balle et Toad, le boulet de canon, y a sûrement ses organes éparpillés un peu partout sur la banquette arrière de la bagnole. Y a son collègue qui lui jette un regard, lui demande si ça va. Non, murmure étouffé alors qu’il détourne son regard vers la vitre, le visage peinturluré par les néons de la nuit. |
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| Sujet: Re: Asher | Toad (Intrigue) | |
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