Le chapiteau est à nous. La piste pleine d’étoiles rien qu’à nous. Tout le cirque est là. Kida pas Kida. Panini pas Panini. On s’en fout (enfin sauf la chèvre). Ils sont tous là. Notre noël à nous. Pas forcément de sapin et de guirlandes exhubérantes. Y a les guitares, les violons et les contrebasses qui grattent sur nos os, dans nos veines -l’orchestre fait des siennes et tous ceux qui s’croient musiciens dans l’âme s’invitent dans leur troupe au moins une fois, moi compris. Y a les rires qui viennent d’ailleurs, grands, larges, ogres de bonne humeur. C’est contagieux. Ça grignote et se perfuse à même le sang. C’est trop bon. D’ailleurs, chacun a ramené son p’tit plat pour les immenses tablées, chacun sa spécialité. Heureusement qu’Isa et Bella sont là parce que mon cake a fait pouf, puis a cramé -vous l’croyez vous ?! Au moins, pas besoin d’artifices pour leur rendre hommage, j’ai besoin de rien pour faire l’clown.

Mais surtout, ce soir, les étoiles sont remplacées par maître gui. Mesdames, Messieurs, ce fut une mission réussie haut la main par le duo Zykel ici présent. On s’incline on s’incline. Y en a partout, autant que possible, accroché de toutes les façons possibles et inimaginables. Pour ne laisser aucune chaaaance aux couples du moment. Que Zyki arrête de voler la canne de Nergüi. Que Nergüi arrête de le piquer des yeux. Qu’ils se fassent un bisou à la fin ! Qu’ils prennent exemple sur Jalina. Parce que enfin enfin enfin ! Ils se sont réconciliés, pardonnés, tout est effacé. Il a demandé et elle a dit oui. Et bientôt bientôt, j’mettrais une couronne de fleurs sur ma tête pour fêter leur union. Voeu exaucé. Je peux mourir en paix.

Ou pas. Non bien sûr que non. J’veux pas. J’veux être là pour voir leurs aventures courir droit d’vant moi. J’veux voyager encore longtemps, tracer loin devant, avec tous ces gens-là. Ma famille, mes moitiés, mes complices. Y a trop de contes à coucher sur papier. J’demanderais à Reid et Meredith de m’aider, et à Ronnie et Jaja d’approuver toutes ces histoires. Y a trop de choses à vivre avec eux. Adrenaline kicks in. J’m’emballe en gloussant derrière le chocolat chaud moelleux. Mais j’ai pas l’vertige. J’tiens bon sur mes jambes. Jamais de haut-le-coeur. J’suis une spécialiste des hauteurs. Acrobate des airs, y a rien à foutre en l’air. Que du beau, que du bon en cette nuit dédiés aux rois d’ailleurs. Les dieux païens n’oseraient pas mettre les pieds dans ce repaire de fripons. Le cirque aux allures de cour des miracles. Trop de chansons pour donner l’ton à cette fable. Tourbillon trop probable. J’en peux plus j’les adore j’pourrais pas m’passer d’eux.

Mais eux ?
Eux ils s’en vont. Un à un. Ils se retournent, se détournent, s’étourdissent, aveugles et sourds à la fois. Trop loin pour ma voix. Un à un, ils disparaissent. Puis c’est le chapiteau qui s’efface. Talons cimentés. Ailes coupées. Ils sont partis, et moi j’suis là.

Seule.