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banana-split on me ▹ posts envoyés : 2817 ▹ points : 51 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (ava + gif) & tumblr ▹ avatar : yuri pleskun ▹ signe particulier : regard fendillé, la folie qui crame au fond de son regard, la gueule toujours un peu cassée et l'allure dézinguée.
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| Sujet: shit happens. (twins) Dim 30 Avr - 9:39 | |
| La rage qui boue dans mes veines, le sang en feu, rivière embrasée. J'ai des envies de meurtre, des envies de violence. La haine qui m'anime, son foutu portrait imprimé derrière mes rétines et son prénom de merde qui tourne en boucle dans ma tête. Michael, Michael, Michael. T'es mort, fils de pute. Certains diront que c'est terriblement ironique. Ne pas supporter que sa maitresse soit infidèle. Rien à foutre, je vous emmerde tous. Tout ce que je touche m'appartiens et tout doit toujours se passer comme je l'ai décidé. Ça ne peut pas être autrement. Je ne supporte pas la trahison, je ne supporte pas de me faire doubler, de ne pas avoir le contrôle. Un mélange d'égo mal placé, démesuré, de peurs en tout genre, de vieux souvenirs désagréables transformés en démons indomptables. Je claque la portière de ma voiture derrière moi, tournant aussitôt les clés pour faire rugir ce vieux tacot. Et moi, c'est mon cœur qui rugit à l'intérieur, déchainé, furieux, criant à la justice, à la vengeance. Je n'ai jamais toléré qu'on empiète sur mes plates bandes. Question de principes, question de fierté. Anca a déjà payé sa part, à l'autre enfoiré de morfler. Et lui, je ne vais pas l'épargner, parce qu'il n'est d'aucune utilité. Au contraire même, je voudrais le faire disparaitre de la surface de la planète. L'éliminer définitivement. Je voudrais l'asperger d'essence et le faire cramer sur un bûcher. Faire dorer quelques saucisses dans son propre feu et me régaler ensuite, savourant ses cendres au goût de la défaite pour lui, de la victoire pour moi. Crève, crève, crève. Je démarre en trombe, les pneus crissant sous ma conduite imprudente et énervée. Je file à tout va à travers la ville, quittant l'Historic District pour rejoindre Tybee, là où ce pouilleux de mes deux crèche. Un foyer d'ex taulards qu'elle m'a dit. Putain, elle baise vraiment n'importe quoi cette salope. Heureusement que je remonte le niveau, heureusement que je suis là. Pour la remettre sur la bonne voie. Et avec ce qu'elle a pris l'autre fois, je ne pense pas qu'elle recommencera de si tôt. En attendant je fonce, parce que j'ai rendez-vous avec ma vengeance. Le visage rougit par la fureur qui m'habite et qui ne me quitte plus depuis que j'ai entendu son message vocal, celui qui ne m'était pas destiné. Putain, l'enfoiré. Ça se fait pas de baiser les meufs des autres. En tout cas, pas quand la fille est à moi. Les autres, je m'en fous, je m'en tape. Mais pas la mienne. Pas les miennes. Propriété privée qu'il est bien trop dangereux de venir visiter durant mon absence. Système de sécurité violent qui se déclenche peut-être à retardement, mais qui se déclenche quand même, sans laisser la moindre chance. Et je meurs d'envie de venir frapper mes poings sur son visage minable. Lui et ses boucles blondes à la con. C'est pas une photo de lui qu'elle m'a montré, parce qu'elle n'en avait pas. Mais celle de son jumeau, et sa tête de con, son sourire de niais. Ça m'a encore plus donné envie de le fracasser, même s'il n'est pas responsable de la tête de con de sa moitié. Je ne suis plus qu'à deux minutes à peine du foyer, lorsque je l’aperçois. Je plisse les yeux et ralentis, en reconnaissant sa silhouette sur le trottoir d'en face, marchant la tête baissée, les yeux rivés sur son téléphone. Un long frisson me parcours. Pulsion animale, sanguinaire, meurtrière. Y a plus rien à faire, j'ai perdu le contrôle. Ma lèvre supérieure se déforme dans une moue carnassière, comme un fauve qui relève les babines pour mieux montrer ses dents. J'oublie tout. Absolument tout. Je vois le monde en rouge et Michael clignote dans ma tête, comme la cible à abattre dans un jeu vidéo. Mes mains qui se cramponnent au volant, mon pied qui s'enfonce sur la pédale de l'accélérateur et je dévie ma trajectoire sans faire gaffe aux voitures qui arrivent en face. On entend les voitures qui freinent, les klaxons qui raisonnent. Mais moi, je n'y fais pas gaffe. Je grimpe à moitié sur le trottoir, évitant un poteau électrique de peu et je le vois qui sursaute, qui se redresse, mais il est déjà trop tard pour lui. Mon capot le heurte violemment et je le vois décoller pour aller s'écraser lamentablement plusieurs mètres plus loin. Autour de nous, ça hurle, ça court, ça s'éparpille. Je redescends du trottoir en criant de joie, de satisfaction, cri libérateur qui n'a plus rien d'humain vraiment. Petit coup d’œil dans mon rétroviseur pour voir sa carcasse immobile au sol. J'esquisse un sourire victorieux, détraqué. Fallait pas me chercher.
Dernière édition par JJ O'Reilly le Mar 12 Sep - 15:51, édité 1 fois |
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1000 x 0 = kurt ▹ posts envoyés : 897 ▹ points : 2 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : hoodwink (avatar) - tumblr (gifs) - saez (texte) ▹ avatar : jaw ▹ signe particulier : légèrement alcoolique
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) Sam 27 Mai - 14:44 | |
| Souvent les gens ne se souviennent pas de ce qui s’est passé. Souvent, ils disent avoir vu des phares, puis plus rien. A cet instant, Michael espérait sincèrement que lorsqu’il se serait réveillé -s’il se réveillait-, il ne se souviendrait de rien. Mais la douleur est si intense, si présente dans chaque centimètres carré de sa peau, de sa chair et de ses os, qu’il a l’impression qu’il ne pourra jamais oublier ce sentiment. La douleur est si forte, trop forte, elle balaye toutes les autres. Il n’avait plus le temps de penser à cette dispute avec Junior, à Bee, à sa soeur, à Anca qui ne donnait plus signe de vie. Non, quand on est un tas de membres humains pliés dans un angle impossible, qu’on barbote dans une flaque de sang et qu’on est presque sûr d’être en train de mourir dans une souffrance atroce, on devient affreusement binaire. L’instinct de survie, connerie du genre. Michael ignorait en avoir un. Il pensait qu’il avait plus un instinct de non-survie, un instinct de fin, le genre d’instinct qu’on les suicidaires. Mais en fixant le ciel de sa vision trouble, en roulant des pupilles pour arriver jusqu’au goudron ensanglanté, en voyant arriver au loin les pas saccadés de Junior qui avait tout vu, Michael n’avait pas la moindre envie de mourir. Il voulait vivre, et oublier cette douleur immense qui irradiait partout dans son corps.
La journée avait commencé comme beaucoup d’autres. Michael s’était redressé dans son lit, il s’était baissé pour ramasser une canette de bière qui traînait à côté de son lit une place et inconfortable. Il avait bu quelques gorgées en fixant le mur d’en face et il était sorti de sa chambre vêtu des mêmes vêtements que la veille qu’il avait simplement oublié d’enlever quand il s’était écroulé dans son sommeil de plomb alcoolisé. La peau grasse d’avoir sans doute remué toute la nuit et avec une migraine carabinée, il était allé aider Beth dans toutes les tâches domestiques qu’elle lui faisait faire pour rester ici. Lui qui n’était pas un ancien taulard et n’avait vraiment que faire de ces petits animaux dont on s’occupait.
Il avait parlé par message toute la journée avec Junior pour convenir qu’il viendrait le chercher en début d’après-midi. Leur relation n’était pas au beau fixe. Ca arrivait parfois, on ne peut pas être aussi fusionnel sans que ça fasse des étincelles. Michael se souvenait encore du moment où Junior l’avait retrouvé, et de comment ils s’étaient cognés dessus. Mais là, c’était différent. Junior était déçu de lui. Et plus ça allait, plus il avait l’impression qu’il se désintéressait de lui. Qu’un jour, il en aurait marre de supporter les gémissements de son dépressif de jumeau et qu’il finirait tout simplement par l’éviter. Normalement, Michael se contentait d’attendre que Junior revienne s’excuser quand ils se disputaient. Là, son jumeau n’en avait apparemment aucune envie. Et faut voir les choses en face, Michael avait bien plus besoin de son frère que l’inverse. Junior était encore sociable, lui. Tout le monde finissait par l’apprécier car il était un type profondément gentil. Michael n’avait plus personne sauf une vieille qui élevait une portée de chatons avec des anciens prisonniers.
Ses tâches accomplies, il avait prévenu Junior qui lui avait dit être en chemin. Michael prit le temps de changer de chemise pour ne pas trop sentir le tabac froid et l’alcool. Une gentille attention totalement inutile puisqu’il vida une nouvelle canette avant même avoir lacé ses chaussures. Il dévala les escaliers, ignorant le caméraman qui venait d’y tomber, ou de s’y faire pousser, n’importe et la foule ameutée autour de lui et il sortit de l’enceinte du foyer. Une fois dans la rue il commença à marcher, son téléphone portable dans une main, une clope dans l’autre.
Il entendit le frein des voitures, les crissements de pneus et le bruit de l’accélérateur. Tout en en même temps, et comme à chaque fois ça lui glaça le sang. Il détestait ce bruit. Il détestait tout ces bruits. Ca le ramenait irrémédiablement à ce soir-là, il se revoyait faire le con avec Junior, Bee qui riait, et puis le bruit, surtout le bruit. Les freins, les pneus et le bruit de verre brisé. Quand il se retourna, il vit la voiture qui montait sur le trottoir, le visage de ce type. Et puis la douleur fit tout disparaîte.
Michael était donc sur le goudron, il voyait une seconde sur deux, n’entendait plus rien. Son corps brisé convulsait à cause du choc, et chacun de ses os étaient cassés de la pire des manières, le goût du sang sur sa bouche lui donnait envie de vomir. Il n’osait même pas imaginer l’état dans lequel il était. Mais il en avait une vague idée. Il revoyait Bee, sur le bitume, il revoyait Junior qui voulait la rejoindre pour l’aider et lui qui le tirait dans le sens opposé. Une larme se mêla au sang sur sa joue. Et l’instant d’après, Junior était là, devant lui, pour l’aider, complètement affolé. Il prit une grande inspiration qui lui brisa les quelques côtes qui tenaient encore. Ju...j...junior… arriva-t-il à articuler. j’...j’veux p… j’veux pas mourir. Et l’image de son jumeau fut la dernière chose qu’il vit avant de s’enfoncer dans un néant immense. |
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crashtration ▹ posts envoyés : 1304 ▹ points : 32 ▹ pseudo : mathie (miserunt) ▹ crédits : moi (avatar) & tumblr (profil) & solosands/vovicus (icones) ▹ avatar : matt gordon ▹ signe particulier : look un peu décalé, tatouages éparpillés, sourirs pondérés et un accent londonien terrible qui vient appuyer un phrasé peu compréhensible.
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) Lun 29 Mai - 11:29 | |
| — Tout s'est bien passé. Il est en salle de réveil, vous pouvez aller le voir. Je reviendrais vous voir tout à l'heure pour faire le bilan. Je mets plusieurs secondes avant de capter qu'il s'adresse à moi. Le regard dans le vague, embué par les larmes qui n'ont toujours pas cessé de couler. Je relève lentement la tête vers lui et son sourire réconfortant me laisse de marbre. Il me fait signe et m'indique une direction à suivre mais je ne bouge pas. Je pèse une tonne. Vraiment. Mon corps est devenu comme un bloc de ciment. A moins que ce soit le poids de mes sentiments qui m'écrase. Mais je suis vissé sur ma chaise, amorphe. Épuisé. Je suis là depuis des heures. Je ne saurais plus dire combien, j'ai perdu le fil. Mes pensées se sont crashées dans mon crâne en même temps que la voiture a percuté Michael. Le médecin vient poser une main sur mon épaule pour m'inciter à me lever et, malgré l'effort surhumain que ça me demande, je me redresse. Les jambes flageolantes. Jambes de coton. Je déambule dans les couloirs, sans vraiment voir le monde qui m'entoure. Englué dans un amas d'émotions incompréhensibles. Je ne saurais même pas dire si j'ai mal, ou peur. Si je suis triste et désemparé. Je ne sais plus si je veux hurler ou m'écrouler. En fait, je crois que je voudrais juste remonter le temps encore une fois. Pour pouvoir le sauver. Mais faut croire que je suis destiné à le voir s'effondrer devant mes yeux, impuissant. Et l'histoire qui se répète salement. Putain d'ironie. J'ouvre une porte, à moins que ce soit le médecin qui l'ouvre pour moi. Je n'en sais rien, je ne suis pas capable de savoir si y a quelqu'un a coté de moi. Je ne contrôle plus rien, passé en mode pilote automatique. Mon corps avance mais mon esprit est resté coincé sur le trottoir. Mes yeux regardent mais je ne vois rien, la rétine encore maculée par la vue du sang de Michael. Tout ce sang. Y avait tellement de sang. Je m'approche du lit et enfin ma vision qui se dégage. Mais le spectacle que je découvre n'est pas mieux. Michael est là. Inerte. Branché de partout. Des bandages des pieds à la tête. Des broches et des plâtres aussi. J'ai l'impression qu'il s'est fait broyer par une machine. Mon coeur s'accélère, s'emballe, s'affole. Je me remets à pleurer de plus belle, incapable de supporter ce que je vois. Je fais brusquement demi-tour et quitte la chambre en courant, avant d'aller m'effondrer plus loin dans le couloir. Sa douleur, je la sens. Elle est là. J'ai mal jusque dans mes cellules. J'ai mal de partout. Les sanglots qui m'étouffent, la peur de le perdre qui ressurgit. La crise qui pointe le bout de son nez. Je manque d'air, je tremble, le teint livide, le palpitant en charpies. Je pleure comme un gamin. C'est bruyant, c'est douloureux. La boule qui se forme dans ma gorge et la respiration saccadée qui m'arrache la trachée et brûle mes poumons. Les gens s'arrêtent et cherchent à comprendre ce qu'il m'arrive. On essaye de me calmer, de me réconforter. Mais je suis inconsolable. Aucun mot, aucun geste ne pourra venir apaiser ce qui me déchire à cet instant.
— Est-ce qu'il respire ? EST-CE QU'IL RESPIRE ?! Je hurle, à bout de souffle, le visage écarlate, les gestes furieux. Ils sont deux à me tenir pour m'obliger à rester à distance pendant qu'ils lui prodiguent les premiers soins. Y a tout un brouhaha autour de moi, mais je ne capte rien. Je m'agite, secoué par de violents spasmes, terrorisé, en état de choc. — LAISSEZ-MOI ! VOUS POUVEZ PAS M'EMPÊCHER ! VOUS ALLEZ MAL FAIRE ! On me tire encore plus loin et un homme dans la foule vient aider les deux secouristes à me retenir alors que je me débats de plus en plus violemment. Qu'est-ce qu'ils font putain, qu'est-ce qu'ils font ? Ils font n'importe quoi. Ils vont le tuer. Ils vont le tuer. C'est moi qui dois m'occuper de lui, c'est moi qui dois veiller sur lui. Je peux pas me rater une seconde fois. Je hurle, le visage inondé, en sueur et pourtant le corps glacé. Je refuse de me calmer, complètement paniqué. Ils me parlent mais je n'entends rien. Je ne capte pas leurs mots. Tout me semble si lointain. J'ai le regard rivé sur les pieds de Michael, je ne vois plus que ça à cause des gens qui s'affairent autour de lui. Les lumières de l'ambulance qui dansent et qui aggravent ma transe. — MICHA ! Je m'égosille, je m'étouffe, j'avale de travers. Les pieds qui dérapent sur le sol et les trois hommes qui en profitent pour m'asseoir par terre et tenter de me gérer. Mais je continue de me tordre pour essayer de leur échapper. Je les supplie de me libérer, de me laisser retourner à ses côtés. Qu'il a besoin de moi, qu'ils ne peuvent pas comprendre. Que ma main dans la sienne sera plus efficace que leur oxygène et leurs compresses. Je finis par m'épuiser et je me retrouve allongé sur le dos, les hommes autour de moi, avec leurs gestes qui se veulent rassurants mais qui ne m'atteignent même pas. Et je pleure bruyamment, épuisé, à bout de forces d'avoir trop lutté.
— Ju...j...junior… j’...j’veux p… j’veux pas mourir. — Shhh, tu vas pas mourir, je suis là. Tu vas pas mourir, j'te promets. Tu vas p.. Micha ? Mi-Micha ? Non, non, non, faut pas que tu dormes ! MICHA ? Mais il n'est plus là. Je répète son prénom, encore et encore et encore et encore. Comme si ça allait pouvoir changer quelque chose. Mes larmes qui ruissèlent sur lui, mes bras qui l'entourent et qui viennent le plaquer contre ma poitrine, mon menton qui se pose dans ses cheveux. Et les mots finissent par ne plus pouvoir sortir. Reste plus que mes pleurs discrets, comme une longue plainte douloureuse. Quelques gémissements qui m'échappent par intermittence, au fur et à mesure que je tombe en lambeaux. Y a toute cette souffrance qui émane de lui et qui me terrasse. Je la sent, elle est là. Elle s'infiltre sous ma peau, dans mes veines et nécrose tout sur son passage. Y a le désespoir qui se mêle à la peur. L'effroi qui me glace le dos. Il peut pas mourir. C'est pas possible. Il ne peut pas. Il, ne, peut, pas. Je le serre encore plus fort, comme si je voulais qu'on fusionne. Pour qu'il puisse faire partie de moi, qu'il puisse puiser mes forces, se nourrir de moi, de mon énergie. De mon cœur qui bat encore - pour l'instant. Qu'il prenne mes poumons, mon oxygène, mon sang. Ce sang qui s'éparpille de partout sur lui, sur moi, par terre. Il perd tellement de sang mon dieu. Alors je m'accroche. De toutes mes forces. Je voudrais lui dire de me consumer tout entier. De faire ce qu'il veut de moi tant qu'il survit. T'es obligé de survivre Micha. Je ferme les yeux, sans voir l'attroupement qui se forme autour de nous. Les gens qui appellent les pompiers, les secours, la police. J'en sais rien. Je m'en fous. J'ai l'impression qu'il n'y a que moi qui peut le sauver. Et pourtant, je me sens impuissant. L'estomac retourné, la terreur qui me ronge de l'intérieur. Et y a ce chagrin, putain, ce chagrin. Il me comprime. Tellement fort. Comment je pourrais survivre à cette sensation ? J'pourrais pas. Et je comprends mieux quand les gens disent que quelqu'un est mort de chagrin. Je comprends parce qu'on peut pas vivre avec un truc pareil dans le corps. C'est tellement oppressant. C'est tellement immense, tellement à l'étroit sous mon épiderme. Ça m'étouffe, ça me bouffe. Et ça fait, tellement, mal. Tellement mal. A mi-voix, murmurant à son oreille, je me mets à prier. Parce que je ne sais plus quoi faire d'autre. Parce que si Dieu existe vraiment, c'est le moment de me le prouver.
Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce, pour ton immense gloire, Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. Seigneur, Fils unique, Jésus Christ, Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père ; toi qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous ; toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière ; toi qui es assis à la droite du Père, prends pitié de nous. Car toi seul es saint, toi seul es Seigneur, toi seul es le Très-Haut : Jésus Christ, avec le Saint-Esprit dans la gloire de Dieu le Père.
Je lève le bras et lui fait coucou de loin, pour attirer son attention. C'est con, suffit que je le vois et déjà, je lui en veux moins. Déjà, je suis moins fâché. Moins exaspéré. Seulement heureux à l'idée de passer du temps avec lui en ville. Loin du foyer où il s'enterre un peu plus chaque jour. J'ai déjà prévu tout ce qu'on pourrait faire. Toutes les activités que je vais lui proposer, pour essayer de le faire sourire un peu. De lui changer les idées. Mais mon sourire s'estompe et mon bras retombe lorsque j'entends un crissement de pneus. Je tourne la tête vers la voiture folle qui sort de sa trajectoire. Il fait quoi lui ? Et je ne le vois pas venir le danger. Je ne la vois pas venir la suite. Pourtant. Pourtant putain. La voiture qui grimpe sur le trottoir et je m'arrête, abasourdis. Mais qu'est-ce qu'il fout ? Et d'un coup, y a ce bruit. Ce bruit horrible. Qui fait écho à de vieux souvenirs. C'est exactement le même bruit. Et le corps de Michael qui vole plusieurs mètres plus loin et je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Y a juste cette douleur qui explose dans ma poitrine. Comme si c'était moi qui venait de me faire percuter. J'ouvre la bouche, comme si j'allais hurler. Mais aucun son ne sort. Je suis tétanisé et je ne comprends pas. Je refuse de comprendre. Mon cerveau se bloque pour me protéger. Mais le mur qu'il essaye de dresser dans mon esprit s'écroule très vite. Je fais un pas en avant et je manque de me casser la gueule. Parce que je tremble tellement, mais je ne m'en étais pas rendu compte. — M... micha ? Il me faut encore plusieurs secondes avant d'être capable de réagir. Et d'un coup, y a comme une montée d'adrénaline terrible qui me vrille le cerveau et me fait éclater le palpitant. Mon sang qui se met à couler à toute allure et qui vient s'exploser contre mes tempes. Je me mets à courir, le plus vite possible, me précipitant vers lui, totalement paniqué. — MICHAEL ! Je hurle, comme je n'ai jamais hurlé encore. Ma voix qui déraille, qui déconne, qui s'enroue. Je me jette à genoux à côté de lui, poussant les gens qui se sont déjà approchés. Le souffle haletant, la poitrine qui se soulève et se baisse n'importe comment. Les yeux affolés, qui vont et viennent sur le corps de mon jumeau. Son corps tordu, inerte. Les fringues à moitié arrachés et le sang qui commence déjà à s'échapper. — Oh mon dieu.. oh mon dieu.. ! Je pose mes mains sur son torse, sur son visage. Je ne sais pas quoi faire. Pourtant, je m'y connais. Je pourrais effectuer les bons gestes. Je pourrais prendre soin de lui. Mais j'en suis incapable. Mon cerveau ne répond plus. Et je suis seul face à mes émotions. Démuni. Seul face à ce qui ressemble au cadavre de Micha. Et les sanglots naissent dans ma gorge, les larmes se mettent à couler, chargées de peur et de désarroi. Mais putain, qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je continue de passer mes mains tremblantes sur lui, les tâchant de sang au passage. J'essaye de prendre son pouls mais je n'y arrive pas. Je suis tellement secoué que je n'ai plus aucune sensation sous ma peau. Et mon cœur bat si fort, tellement fort, que ça en devient assourdissant et je n'arrive plus à entendre le sien. Peut-être qu'il n'y a plus rien à entendre ? Oh mon dieu. J'éclate en pleurs, et passe mes mains sous son crâne éclaté. Je me rapproche de lui autant que possible. — Micha.. Micha c'est moi. Réveille toi. Micha s'il te plait. Ma voix qui tangue et qui meurt tous les deux mots. Micha réveille toi. Tu peux pas m'faire ça. Micha, tu sais bien, j'peux pas vivre sans toi.
Je finis par me calmer et je parviens à me relever avec l'aide des gens venu me consoler. Une fois debout, je les repousse, renifle et retourne dans la chambre. Micha à besoin de moi. C'est tout ce qui compte. Faut que j'oublie le charnier dans ma poitrine, faut que j'oublie le malheur qui plombe mon esprit. Je dois juste être là pour lui. Je dois toujours être là pour lui. Je reste quelques secondes planté là, sans savoir quoi faire. Je souffle, me concentre et finis par attraper une chaise et venir la poser à côté du lit pour m'installer dessus. Puis, ma main vient attraper celle de Michael. D'abord faiblement. Et puis, je me met à serrer. Je viens finalement poser mon front sur le matelas, ne parvenant pas à arrêter de pleurer. J'ai bien trop peur pour ça. Et je reste de longues minutes ainsi, dans un silence effrayant. Un silence de mort. Jusqu'à ce que. La pression autour de ma main qui change. Je me redresse aussitôt et le voit bouger, s'éveiller péniblement. Et j'espère que la morphine fait effet. J'espère qu'il ne souffre pas comme moi. Le genre de souffrance qui ne se soigne pas. Je me met debout et m'approche de son visage pour qu'il puisse me voir. Ma main libre qui vient glisser sur sa joue égratignée. — Hey... Je suis là. Tu m'entends Micha ? Je suis là. Tu vois, je t'avais promis, t'es pas mort. Il n'est pas mort mais loin d'être tiré d'affaires malgré tout. Je le sais bien. Pas besoin d'être médecin pour le comprendre. Suffit de voir son état pour le deviner. — A toi d'me promettre quelque chose aussi. Promet de lutter ok ? Promet moi que tu vas t'accrocher. Il me doit bien ça. |
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) Mer 28 Juin - 19:00 | |
| Shhh, tu vas pas mourir, je suis là… C’est tout ce qu’il eu le temps de comprendre avant qu’un épais brouillard ne l’enveloppe complètement. Il n’entendit rien d’autre. Je suis là. Il avait toujours été là, depuis toujours. Difficile de comprendre que les vrais jumeaux sont une seule et même cellule, scindée en deux ensuite. Une même âme qui se promène d’un corps à l’autre. Difficile de comprendre ce que cela voulait vraiment dire sans le vivre. Michael n’avait jamais été seul de toute sa vie. Pas une seconde. Même lorsqu’il était parti, quand il avait abandonné Junior, il n’avait pas été seul. Car quand on a un jumeau, aussi terrifiant et fascinant que cela puisse être : on n’est deux, pour toujours. Junior était là. Il le tenait dans ses bras, sanglotant, tremblant. Il voyait sa vie s’arrêter en même temps que celle de Michael. Mais, dans un ultime sentiment égoïste, Michael remerciait le ciel qu’il soit là, qu’il ait tout vu, qu’il le prenne dans ses bras. Ça allait le briser, le bousiller à vie. Il ne serait plus jamais le même, il serait cassé, irréparable après ça. On pouvait parfaitement l’imaginer. Mais quitte à mourir, autant que ça soit dans les bras de son frère, de sa moitié, de lui-même. Il n’y a pas plus narcissique que d’idolâtrer son jumeau. Et s’il ne le montrait jamais, Michael l’adorait bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Il aimait tout chez Junior. La meilleure partie de lui, la plus gentille, la plus belle. Cette part de son âme, celle qui était allée dans lecorps de Junior, pleine de qualités, d’amour, d’intelligence et d’empathie. Cette part-là, il aurait parfois aimé l’avoir pour lui. D’autres fois, comme aujourd’hui, il était simplement heureux qu’elle soit prêt de lui, qu’elle le tienne dans ses bras aimants. Désolé Junior, je suis tellement, tellement, tellement désolé. De tout. Mais il ne peut pas le dire, juste le penser. Mais dans le fond, il était persuadé que Junior l’entendrait.
Chaque hallucination, chaque image, chaque instant de grâce dans l’au-delà, chaque rêve, chaque conversation échangée avec les défunts, tout ce qui avait pu se passer dans la tête de Michael, toutes ces choses précieuses qu’il avait juré ne pas oublier, de raconter à Junior, de garder au fond de lui pour toujours : tout ça disparut au moment où il ouvrit les yeux. Comme un brusque retour à la réalité, un atterrissage violent sur Terre. Violent. C’était effectivement le mot pour décrire ce retour dans le monde des vivants. Le douleur était diffuse, pas immédiate, le temps que les anesthésiants s’évaporent doucement de son organisme. Une douleur profonde et lointaine, comme un arrière-fond, le temps que son corps se réveille tout doucement. Il ferma les yeux la seconde qui suivit, aveuglé par la lumière brut des néons. Il ne pouvait pas parlé. Les médecins avaient retiré le tuyau de sa gorge pour en mettre dans son nez, mais il avait trop mal, il était trop amorphe pour prononcer un mot. Trop aussi pour bouger la tête, et savoir qui se tenait là, sur son lit. Cette pression sur sa main, ce corps atone. Il n’avait pas besoin de voir pour savoir non plus. Il sentait la présence de Junior. Et comme un souvenir lointain, il se souvint brusquement de ses mots. Je suis là. Qu’il avait dit. Un sourire, aussi triste et douloureux soit-il, quasi imperceptible, s’étira sur son visage. Il n’était pas mort. Et la chose qui le consolait le plus dans tout ça, c’était que Junior allait survivre lui aussi. Il pressa donc avec toutes les forces dont il disposait la main de son frère. Pour lui annoncer la bonne nouvelle et surtout le faire arrêter de pleurer.
Junior bondit sur ses jambes, fit secouer le lit ce qui réveilla quelques muscles douloureux. Michael fronça les sourcils, il n’osait toujours pas ouvrir les yeux. Encore un peu déconnecté, lent, torpide, incroyablement lourds, il n’était toujours pas pleinement conscient. Mais la voix de son frère le força à s’éveiller un peu plus, les yeux à demi-clos, il tomba en face de son propre reflet, en un peu moins cabossé. Hey... Je suis là. Tu m'entends Micha ? Je suis là. Tu vois, je t'avais promis, t'es pas mort. Sa voix était grave, sans doute à cause des anesthésiants. Mais ses yeux troubles le voyaient quand même, son frère, la seule personne qu’il voulait auprès de lui. Il avait promis, Junior. Il tenait toujours ses promesses, lui. Il voulu répondre mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il ferma les yeux, se sentit immédiatement retomber dans un sommeil de plomb, sans avoir la force de lutter contre. À toi d'me promettre quelque chose aussi. Promet de lutter ok ? Promet moi que tu vas t'accrocher. Cela le ramena à la réalité. Il ouvrit à peine les yeux à nouveau et prit le temps de les baisser pour voir son corps. Il n’y avait que ses bras de découverts, les tuyaux partout ne présageait rien de bon. Pas encore assez conscient pour se rendre compte de ce qui fonctionnait, ou plus dans son organisme, il se contenta de jeter un oeil à Junior pour comprendre que ça ne présageait rien de bon. Il voulu demander, c’était quoi les pronostiques ? Après tout, pourquoi il lui demanderait de continuer à lutter s’il était tiré d’affaire ? Bee était bien morte le lendemain. Est-ce qu’elle s’était réveillée seule dans cette chambre d’hôpital ? Est-ce qu’elle avait cherché des yeux les jumeaux, ses amoureux, et trouvé personne ? Est-ce que c’était ça qui l’avait condamné ? Est-ce qu’elle n’avait pas lutté, elle ? Qu’elle était morte des heures plus tard, sans identité, sans personne. Elle restait la “Jane Doe” du service, celle qui était arrivée au milieu de la nuit dans un état lamentable, et était morte seule au petit matin. À mesure que les anesthésiants s’évaporaient, ses pensées revenaient en rafale dans son esprit. Il lutta pour garder les yeux ouverts, s’empêcher de dormir. S’il ne pouvait pas le dire, il ne voulait pas décevoir son frère. Il la tiendrait cette promesse.
Il ne mesura pas le temps qui s’écoula, sans doute s’assoupit-il à nouveau quelques minutes avant d’ouvrir à nouveau les yeux, encore un peu dans le gaz, le visage de Junior dégoulinait la peur et la douleur. Michael fit un sourire brisé, comme pour le rassurer. Lamentable échec. Promis. Qu’il répondit enfin, avec un quart d’heure de retard et un malaise entre temps. Sa voix était arrachée, rappeuse et fatigué, son état était lamentable, c’est sûr. Le nombre d’os cassé, d’organes touchés et d’hématomes ne se comptaient plus. Mais ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi vivant. Après l’impact, pendant ces quelques secondes un peu floues où il était étalé sur le bitume, loque humaine en fin de vie, quelque chose avait jailli du tréfond de son être, un truc oublié, un truc qu’il pensait avoir perdu pour toujours : l’envie de vivre. Vivre, même sans elle. Et ça se voyait, pour Junior en tout cas, ça devait se voir. Cette étincelle au fond des yeux, qui veut dire que ça ira mieux. Il en cherchait même pas à savoir ce qu’il avait, les séquelles qu’il en garderait, pas indifférent, juste trop fatigué pour se confronter à cela pour le moment. Trop heureux d’être dans cette chambre, avec son frère, il redoutait sans doute de faire plus de mal à Junior qu’il ne lui en avait déjà fait.
Nouveau silence, mais cette fois-ci, Michael tenta de se redresser un peu sur son lit, rapidement arrêté par l’inquiétude de mère poule de Junior, il s'affaissa à nouveau sur le coussin et indiqua des yeux un verre d’eau sur sa table de chevet pour qu’on lui donne à boire. Il inspira profondément, ce qui lui fit un mal de chien. Le type qui m’a renversé… Michael guetta la réaction de Junior. Il a été arrêté ou… un truc comme ça ? Il ne s’en souvenait pas tellement, de la tête de ce type. Tout se mélangeait dans sa tête, mais une sale impression lui collait à la peau. Ça ressemblait pas à un accident. Mais rien de tangible dans ses souvenirs brisés ne lui permettait de l’affirmer.
Mais cette sale sensation, elle n’était pas dû qu’à ce gars en voiture qui avait failli le buter. Non, elle venait aussi de Junior, de sa présence. D’eux. Pour la première fois depuis des siècles, Michael se sentait coupable envers lui. Un sentiment désagréable, qu’il enterrait le plus souvent sous des tonnes d’alcool et d’ironie. Pas aujourd’hui, plus aujourd’hui. Junior écoute… Il regardait la couverture d’hôpital, tout sauf douillette. j’veux plus qu’on s’engueule, plus jamais, ok ? Ça ressemblait à un ordre, putain. Vieux réflexe. Donc excuse-moi, ok ? Il leva enfin son regard vers son double. C’était idiot sans doute de rester sur des vieux sms échangés après tout ce qui s’était passé et pourtant ça semblait incroyablement cohérent. Il avait besoin de Junior. Junior avait besoin de lui. C’est tout ce qui devait compter maintenant. |
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) Lun 14 Aoû - 21:43 | |
| De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce ; Tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante, en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne. Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, Car tu élèves au-dessus de tout ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force. Ta droite me rend vainqueur, le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour ; n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Et je répète cette prière en boucle dans ma tête, tellement reconnaissant que Dieu l'ait épargné. Que Dieu ait accepté de laisser Micha vivre à mes côtés, au moins encore un peu, avant de le rappeler à lui. Et désormais, il y a quelques larmes de joie et de soulagement, qui se mêlent aux autres. Des larmes plus fines, plus brillantes, qui viennent illuminer la grisaille qui ternie mes yeux. Et je le vois qui essaye de parler, mais aussitôt je l'en empêche, le recouvrant de Shhh bienveillants. Il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit. Je sais. Je sais qu'il a mal, je sais qu'il est heureux d'être en vie, je sais qu'il est soulagé que je sois là. Et je sais aussi, malheureusement, que lui aussi ne peut pas s'empêcher de faire certaines connexions et de remonter jusqu'à Bee. Et ça tord mon sourire, ça égratigne mon cœur, ça déchire mes entrailles. Mais aujourd'hui et pour la première fois, ce sentiment ne parvient pas à m'envahir pleinement. Parce que Michael passera toujours avant tout le reste. Je peux survivre sans Bee. Je peux survivre malgré la douleur et le terrassement. Malgré la culpabilité, la honte et les regrets. Je peux respirer dans un monde où elle n'existe plus. Parce que je sais vivre sans elle. Parce que j'ai vécu avant de la connaître. Et même si je ne serais plus jamais heureux de la même manière, même si je continue de me réveiller parfois la nuit en sueur et en pleurs, même si je ne me sens plus capable ou même digne d'aimer et d'être aimé en retour ; je peux survivre sans elle. Mais pas sans Micha. S'il meurt, je suis condamné aussi. Parce qu'on ne peut pas vivre avec des moitiés. Moitié de poumons, de cœur, d'âme, d'oxygène. Parce que je n'ai jamais vécu dans un monde où il n'existait pas. Et aussi parce que je n'en ai pas envie. A quoi bon rester ici s'il n'est plus là ?
Alors je lui demande, je le supplie, je lui ordonne, de lutter. Pour sa vie mais aussi pour la mienne. Parce que je sais qu'il est suffisamment fort pour réchapper à ce qui ressemblait pourtant à une mise à mort. Parce que ce n'est pas son heure. Parce que j'ai besoin de lui. Mais pour seule réponse, j'ai ses yeux qui se referment et sa respiration qui ralentit ; il s'est rendormi. Et je m'efforce à conserver mon calme. Ne pas paniquer. C'est normal, Junior. Les réveils sont toujours longs et pénibles. La personne s'éveille et somnole à plusieurs reprises avant que l'effet de l'anesthésiant se dissipe totalement. Je me rassois, m'oblige à rationaliser autant que possible afin de ne pas céder à une panique absurde. Et pourtant, je voudrais appuyer sur tous les boutons, hurler pour qu'on vienne l'aider, qu'on vienne me rassurer en me répétant que c'est normal. Que tout va bien. Qu'il ne vient pas de s'enfoncer dans un coma qui pourrait être mortel. Qu'il va bientôt se réveiller et que tout ira bien. De mieux en mieux. Qu'il ne faut plus s'en faire et qu'il est tiré d'affaires. Mais je sais que ce n'est pas le cas. Je sais que des complications peuvent encore arriver et qu'il peut encore nous claquer entre les doigts. Et cette pensée étreint ma gorge, une boule douloureuse s'y forme et je serre la main de Micha un peu plus fort. Pour lui donner ma chaleur. Pour que ça paume sente mon cœur battre et que ça inspire le sien à faire de même. A ne pas s'arrêter. — Accroche toi Micha. Que je murmure, plus pour moi-même que pour lui finalement. Et j'attends. Chaque minute qui passe me semble interminable. Et mon impuissance face à son état me rend fou. Les larmes ont fini par arrêter de couler, laissant place à des rigoles sèches le long de mes joues. Je soupire par intermittence, nerveux, anxieux. Allez, réveille toi. Et je ne le quitte pas des yeux, veillant sur lui comme la pire des mère protectrice. Les seuls moments ou mon regard s'échappe pendant une brève seconde, c'est pour regarder l'électrocardiographe. Son cœur bat, à un rythme correct. Tout va bien Junior, tout va bien. — Promis. Je me redresse à nouveau, un sourire franc sur les lèvres, malgré mon teint livide et mes yeux gonflés. Avec mon pouce, je caresse le dessus de sa main. Je lui offre une petite moue encourageante et reconnaissante. Merci de faire ça pour moi. Et ça me réchauffe le cœur de savoir que malgré tout ce qu'on a traversé, malgré nos différents, notre éloignement, nos incompréhensions, on en est toujours là. A s'aimer malgré tout, plus que tout. A ne surtout pas s'abandonner l'un l'autre quand c'est vraiment important. C'est tout ce qui compte, finalement. Le reste, je m'en fous. Il essaye de se redresser et aussitôt, je lâche sa main et me lève pour l'en empêcher, posant délicatement mes deux mains sur ses épaules, sans appuyer pour autant. — Hey, hey, t'es fou, bouge pas idiot. J'échappe un léger rire nerveux, trahi par quelques restes de sanglots. Rapidement, je comprends qu'il a soif et c'est normal, avec les tuyaux qu'il a eu pendant des heures dans la gorge, il doit probablement souffrir. Je m'empresse de lui servir un verre d'eau et l'aide à boire, lui maintenant la tête relevée et le faisant boire doucement par petites gorgées. Je repose le verre et me rassois sur la chaise, l'approchant un peu plus de la tête du lit, pour être au plus près de lui. — Le type qui m’a renversé… Je me tends aussitôt et mon visage s'assombrit. Je n'ai pas envie de repenser à tout ça. En fait, depuis le moment où la voiture l'a percuté, je n'y ai pas repensé. C'était le cadet de mes soucis. — Il a été arrêté ou… un truc comme ça ? En fait, je n'en sais absolument rien. La police est venue me voir, je m'en souviens. Je les revois se mouvoir devant moi, un des agents était accroupis pour être à ma hauteur et m'a parlé pendant un moment. Je me souviens avoir hoché la tête. Mais je n'ai aucun souvenir de ce qu'il m'a dit. En fait, je ne l'entendais même pas. Je reste muet quelques secondes, réfléchissant, tentant d'éclaircir mes pensées, de chasser le brouillard opaque qui engorge ma tête ; mais rien ne me revient. — Je, j'sais pas Micha. La police est venue me parler, mais c'était y a des heures et.. J'ai pas écouté. J'suis désolé, j'irais les appeler tout à l'heure pour savoir, d'accord ? Et brusquement, y a une drôle de sensation qui m'envahit. La peur. Celle de moi-même. Parce que j'ai peur de ce que je pourrais faire s'ils retrouvaient ce mec. Parce que je la sens qui monte en moi, cette rage, cette folie. Il a faillit tuer mon frère. Et je sens qu'une partie de moi, encore inconnue jusqu'à lors, est assoiffée de vengeance. Une vengeance qui ne me ressemble pas. Trop violente, trop sanglante. Je ferme les yeux une seconde et passe une main sur mon visage pour chasser tout ça de ma tête. Ce n'est pas le moment d'y penser. Pas le moment de dérailler. Michael a besoin de moi, je dois être là pour lui. La police fera son boulot, le mien c'est de veiller sur mon jumeau. Il n'y a rien de plus important que ça. Je retente un sourire, mais j'ai du mal, encore trop bouleversé par tout ça. — Junior écoute… Je redresse la tête et le cherche du regard, mais il fixe son lit et je le sens mal à l'aise. Je reste silencieux, attendant la suite avec une certaine appréhension. Je fronce légèrement les sourcils, anxieux, sans savoir ce qui va encore me tomber sur le coin du visage. — j’veux plus qu’on s’engueule, plus jamais, ok ? Donc excuse-moi, ok ? Je laisse quelques secondes de flottement s'écouler avant de me mettre à rire doucement et nerveusement. Je me laisse retomber en arrière sur ma chaise et secoue lentement la tête de gauche à droite, à la fois dépité et attendri. — Comme si j'pouvais t'en vouloir. Je soupire, amusé. Puis je me penche vers lui et reviens saisir délicatement sa main, me faisant plus sérieux. — Plus jamais. Promis. Moi non plus je n'aime pas ça. A chaque fois ça me rend terriblement malheureux. Le genre de malheur qui fait mal jusqu'aux tripes. Qui broie tout sur son passage et qui vous tient éveillé la nuit. Au même moment, la porte s'ouvre et le médecin entre avec deux infirmières. Je me lève tout en gardant la main de Micha dans les miennes et fixe l'homme, en espérant qu'il vienne annoncer de bonnes nouvelles. Il commence par me sourire et s'approche rapidement de Michael, pour se présenter. — Bonjour Michael, je suis le docteur Swanson. Les infirmières vont faire quelques examens pour s'assurer que tout fonctionne correctement, d'accord ? En attendant, je vous emprunte votre frère, ça ne prendra qu'une seconde. Reposez-vous. Puis, le médecin me fait de le suivre, un sourire encourageant sur le visage mais je vois dans son regard qu'il y a un problème. Mes mains se ressèrent autour de celles de Micha. Je ne veux pas partir. Je ne veux pas le laisser une seule seconde. Et à nouveau, j'ai peur. Je deviens grave, incapable de bouger. — Abraham, vous venez ? Je déglutis, mal à l'aise avec ce prénom. Ça fait bien longtemps que je ne l'ai plus entendu. Je finis par céder. — Je reviens dans une seconde, ok ? Je souris à Michael puis quitte la chambre, dans les traces du docteur. Une fois dans le couloir, il perd son sourire et je le vois devenir nerveux, tapotant les dossiers qu'il tient entre ses mains. Je l'interroge du regard, méfiant. — Est-ce que votre frère a une assurance ? Je me liquéfie. Et il comprend aussitôt. Il passe une main sur son front, gêné. Il sort une feuille d'un de ses dossiers et me la tend, je l'attrape sans trop comprendre. — Voici les frais pour tout ce que nous avons fait pour l'instant. Il.. Il y en aura d'autres à venir. Et quand il sortira de l'hôpital, il y en aura encore des choses à payer, il devra prendre des médicaments. Mon regard tombe sur la somme en bas de page. Je crois que je vais m'évanouir. — Vous allez pouvoir payer tout ça ? Et il continue de parler, m'expliquant qu'il existe des solutions, mais je n'écoute déjà plus. Je suis pétrifié, horrifié par le nombre de 0. Comment est-ce que je vais payer tout ça ? Je ne peux même pas emprunter d'argent à la banque : je suis un putain de clodo. L'interrompant dans son laïus, je pivote et m'éloigne à grands pas de lui pour sortir dehors, froissant la feuille entre mes mains. Putain, putain, putain. Une fois dehors, je m'appuie contre un mur, à deux doigts de m'écrouler, la tête en vrac, et je sens un stress insupportable m'envahir et me tordre les boyaux. Comment est-ce qu'on va faire ? Je reste un long moment comme ça, immobile, à fixer le vide, les yeux emplis d'un désespoir évident. Puis, lentement, résigné, je sors mon téléphone de ma poche et après quelques minutes d'hésitation, je finis par passer un coup de fil. Je raccroche, le cœur au bord des lèvres et retourne à l'intérieur. Je regagne la chambre de Michael et croise le médecin au passage. Je m'arrête, le fixe quelques secondes et déclare. — Pas de problèmes pour l'argent, je payerai. Il me dévisage, surprit, un peu méfiant, mais n'insiste pas et hoche la tête avant de me dire que je peux retourner voir Michael. Je me précipite à l'intérieur et retourne m'asseoir sur ma chaise, reprenant sa main au passage. — Hey ! Ça va ? Ils ont dit quoi alors ? Puis, je déglutis, pas très à l'aise. Mon regard se baisse, trahissant un peu la honte qui me traverse à cet instant et j'ajoute, à mi-voix. — Je.. Je vais devoir m'absenter quelques heures ce soir. Mais je reviendrais passer la nuit avec toi après, d'accord ? C'est promis. Juste quelques petites heures, tu pourras en profiter pour te reposer un peu comme ça, ok ? Je tente un sourire rassurant, mais je sais qu'il ne l'est pas. Je sais que Micha n'est pas aveugle et qu'il sent qu'un truc se trame. Mais je ne veux juste pas l'inquiéter. Je ne veux pas qu'il ait a gérer ça. Il doit s'occuper de lui et seulement de lui. Moi, je m'occupe du reste. Je suis là pour ça. |
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) Mar 5 Sep - 18:24 | |
| Je, j'sais pas Micha. La police est venue me parler, mais c'était y a des heures et.. J'ai pas écouté. J'suis désolé, j'irais les appeler tout à l'heure pour savoir, d'accord ? Michael haussa la tête malgré la douleur qui l'envahissait à chaque petit mouvement. Il aurait aimé insister, dire qu'il y avait quelque chose de louche, que cette situation ne lui disait rien qui vaille. Que ses souvenirs étaient trop vagues pour pouvoir se faire une idée précise, mais qu'il ressentait un truc, tout au fond de son bide. Mais il ne dit rien. Parce qu'il voyait bien que son frère était entrain de se craqueler en des millions de morceaux. Fallait qu'il le ménage. Il pouvait pas se permettre de lui dire qu'il avait l'impression qu'on avait voulu le tuer, que peut-être ce type débarquerait à la fin des visites pour l'étouffer avec un oreiller ou lui passer une dose mortelle de morphine dans sa perfusion. Il pouvait pas. Sinon, Junior ne pourrait plus jamais dormir la nuit. Le fait est que quand on s'en prend à l'un des jumeaux, c'est forcément qu'on veut aussi s'en prendre à l'autre. Et qui disait que c'était Michael qui avait été visé et pas Junior ? On les confondait tout le temps. Et Junior avait nettement plus d'ennemis que son frangin, du moins, c'est ce que Michael supposait. Il jouait du fric sur des tables de poker illégales, traînaient avec des petits voyous à deux balles et vivait encore dans la rue. Michael était déconnecté depuis tellement de temps de la réalité qu'il peinait à croire qu'un type pouvait le détester au point de lui foncer dessus avec sa bagnole. Y a donc eu deux secondes, comme ça, où ils se contentèrent de se regarder sans trop savoir quoi dire et où on sentait bine, au plus profond de les yeux que quelque chose déconnait, un truc dont ils n'osaient même pas se parler. Et quand Michael perçu l’instinct de vengeance et la haine qui émanait soudainement de Junior, il coupa rapidement cours à ses pensées en enchaînant sur autre chose. Il ne laisserait jamais personne changer Junior en quelqu’un de mauvais, un petit con colérique qui n’aspirait qu’à se venger. Ça c’était lui.
Comme si j'pouvais t'en vouloir. Michael esquissa un sourire douloureux. Plus jamais. Promis. Il ferma momentanément les yeux. Soulagé. Il avait tout de même cette impression, qu’il fallait mourir pour se rendre compte. Mourir pour savoir qu’il n’avait plus jamais envie de traiter son frère comme il l’avait fait. Junior était une partie de lui, et il était aussi dur avec lui qu’il ne pouvait l’être avec lui même. Intransigeant, intolérant. Comme s’il n’avait pas le droit à l’erreur ou plutôt, qu’il n’avait pas le droit de s’éloigner de la ligne de conduite bancale que Michael leur avait imposé à tous les deux. Car fallait toujours se caler sur ses idées, sa colère, sa peine. Et c’était comme si quelque chose s’était dénoué maintenant. Michael n’avait pas spécialement la force d’en dire davantage, mais au fond de lui, c’était beaucoup plus calme. Peut-être qu’il serait temps de laisser de côté la colère, la rancune et la culpabilité derrière eux, non ?
La porte qui s’ouvrit brusquement aurait fait sursauté Michael s’il n’était pas aussi amorphe. Les médocs faisaient encore effet et les anesthésiants peinaient à s’évacuer de son organisme. Bonjour Michael, je suis le docteur Swanson. Les infirmières vont faire quelques examens pour s'assurer que tout fonctionne correctement, d'accord ? En attendant, je vous emprunte votre frère, ça ne prendra qu'une seconde. Reposez-vous. Il leva doucement son regard vers le médecin et inspira profondément pour se donner la force de parler : V’voulez quoi ? Méfiant. Pourquoi voudrait-il parler à Junior en privé ? Cependant, les infirmières s’affairaient déjà autour de lui, et le médecin réitérait sa demande. En entendant Abraham Michael se tendit, juste en même temps que son frère. Ce prénom lui filait des boutons, tout le temps. Il hocha la tête pour dire à Junior que ça irait et le laissa sortir, non sans garder un coup d’oeil à la porte.
Vous êtes un sacré chanceux monsieur Healy. Sourire cynique qui fend son visage tuméfié. Michael regarda l’infirmière qui tentait d’être rassurante, son air glacial la fit déglutir avec difficulté tandis que l’autre commençait à noter sur son dossiers ses constantes. C’pas le premier mot qui me vient en tête. Répondit Michael la voix éraillée. L’infirmière s’approcha de lui avait un sourire attendrit retira prudemment le drap qui couvrait le corps de Michael pour vérifier ses pansements. Il ne prit même pas la peine de regarder. S’il l’avait fait, il aurait vu les hématomes sous sa peau qui témoignait des hémorragies internes, le sang qui s'agglutinait au niveau de ses cicatrices et les drains qui sortaient de son corps. Non, il avait le visage tourné vers la porte, et il attendait. Ça aurait pu être pire monsieur Healy, même s’il faut encore vous accrocher, ça va être une longue rééducation, mais vous avez l’air costaud. Ouais ouais, ok. La route est longue et sinueuse, il avait saisi. Qu’est-ce que veut le doc à mon frère ? L’infirmière remonta doucement le drap jusqu’aux épaules de Michael et posa délicatement sa main sur son épaule, Michael grimaça. Faut pas vous en faire, c’est sans doute de la paperasse. Il se liquéfia sur place.
Les infirmières étaient déjà sorties quand Junior revint et ce laps de temps pendant lequel Michael était seul dans la chambre avait fait s’affoler son rythme cardiaque. Évidemment, ça n’arrangea rien de voir la tronche de six pieds de long de son jumeau, sa mine défaite, et ses mains fébriles. L’une d’elle s’empara de celle de Michael et il n’écouta même pas la question qu’on lui posait. Hein, quoi, ce qu’on lui a dit ? J’ai pas écouté. Avoua-t-il du tac au tac, peu préoccupé par son état. Et toi ? Il ne répondit pas bien sûr, peut-être même qu’il n’avait pas écouté tant il était absorbé par ses pensées. Il répondit à côté de la plaque avec son air énigmatique des mauvais jours. Junior ne savait ni camoufler ses sentiments, ni mentir. Il était trop gentil, et trop bien élevé pour ça. Son inquiétude, elle dégoulinait par tous ses pores, surtout quand il s’agissait de Michael. Je.. Je vais devoir m'absenter quelques heures ce soir... Noon. Qu’il s’étrangla à demi voix avant de grimacer. Sa gorge était douloureuse. Mais je reviendrais passer la nuit avec toi après, d'accord ? C'est promis. Il voulut répliquer mais il n’en trouvait pas la force et puis, Junior enchaînait trop rapidement, comme il le faisait souvent quand il n’était pas à l’aise. Où tu veux aller ? Il n’avait pas envie de répondre. Il t’a dit quoi le médecin ? Toujours rien. Michael tenta de se redresser rapidement arrêté par une douleur poignante dans le vide, il grimaça, mais insista, s’appuyant de son bras qui lui faisait le moins mal pour se relever, malgré les ripostes de Junior. J’veux pas que tu sortes, pas ce soir. J’veux pas que tu retrouves ta bande de potes bizarres ou… Il se crispa tout entier, avec l’impression désagréable que son bide était entrain de se déchirer. Oh, well, c’était le cas. …ou à une table de poker craignos pour… pour j’sais pas quelle raison. Il tenait à finir, et à bout de force, il se laissa retomber dans le fond du lit, presque sûr que ses points de sutures avaient sauté. Mais rien à foutre, ils venaient de survivre à un accident qui aurait dû lui coûter la vie, c’était pas pour que la deuxième moitié du duo se fasse tuer en voulant voler du fric qu’il n’avait pas, ou on ne sait quelle connerie dans ce genre-là.
Pour dire la vérité, Michael n’avait pas envie d’être seul. Il était terrifié. |
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) Mar 31 Oct - 9:36 | |
| — J’ai pas écouté. Foutu con. Je lui lance un regard désapprobateur ; il fait chier. Je suis mort d'inquiétudes pour lui, il aurait au moins pu faire l'effort d'écouter ce que les infirmières lui disaient histoire de savoir dans quel état il est. S'ils sont plutôt optimistes quand à sa récupération ou non. Je lève les yeux au ciel et échappe un petit soupir excédé. Très bien, j'irais me renseigner moi-même, puisque lui ne semble pas se préoccuper une seule seconde de sa propre santé. — Et toi ? Mince. Je panique, balbutie, blanchis, et me mets à parler sans répondre à sa question. Je ne veux pas qu'il sache, je ne veux pas qu'il s'inquiète, je ne veux pas qu'il se charge d'un poids supplémentaire. Alors je tente une diversion, d'une nullité affligeante, certes. Je suis grillé à un millier de kilomètres, je le vois au regard qu'il me lance. Je le sais, jusqu'au plus profond de mes tripes, qu'il n'est pas dupe. On ne l'est jamais vis-à-vis de l'autre, grâce - ou à cause, ça dépend des fois - à notre connexion gémellaire. Y a rien à faire, on ne peut pas se mentir, on ne peut pas se cacher des choses. C'est toujours là, sous notre nez, d'une évidence presque ridicule. Et aujourd'hui plus que jamais, je maudis cette connexion. Je l'entends qui proteste, mais je continue de parler, mes mots couvrant sa voix faiblarde. Et je m'en veux terriblement d'agir comme ça, mais je sais déjà que si j'avouais tout, il tenterait de me dissuader. Et je ne veux pas qu'il essaye, parce que je ne cèderais pas et nous nous disputerons encore. Et on a promis : plus jamais. — Où tu veux aller ? Il t’a dit quoi le médecin ? Je me contente de déglutir et de regarder ailleurs en soupirant, pas à l'aise, pas fier de moi. Je n'ose pas lui mentir plus que ça, mais je ne peux rien dire pour autant. Je voudrais juste qu'il se taise, qu'il arrête de parler et qu'il se repose un peu. Sauf que cet idiot fait l'exact inverse ; évidemment. Il se met à remuer, à essayer de se redresser et je fronce aussitôt les sourcils. — Micha, bouge pas bon sang ! Mais il n'écoute rien. Je me vois obligé de me lever de la chaise et de batailler contre lui, mes mains se posant avec délicatesse sur lui pour ne pas lui faire mal, tout en essayant de l'obliger à se remettre au fond de son lit et ne plus en bouger. Mais il est têtu et j'ose à peine forcer, de crainte de raviver encore plus ses douleurs. Je me sens désarmé et le poids de la culpabilité de ma décision ne m'aide pas vraiment à y voir clair. — Micha, j't'en prie, reste tranquille.. Mais il n'écoute pas et parle par-dessus moi, comme animé par une nouvelle force tombée d'on ne sait où. — J’veux pas que tu sortes, pas ce soir. J’veux pas que tu retrouves ta bande de potes bizarres ou… ou à une table de poker craignos pour… pour j’sais pas quelle raison. Je ferme les yeux une fraction de seconde et me mords l'intérieur de la joue pour ne pas craquer. Je ne dois rien lui dire. Et, putain, je ne dois pas recommencer à chialer, malgré l'envie qui m'étreint. Qui me noue la gorge. Qui brûle mes yeux. Qui ronge mon cœur. J'ai envie de m'effondrer dans ses bras, de lui dire que j'ai peur, que je ne sais pas quoi faire, que je voudrais le soulager, tout arranger, remonter le temps, éviter ça. Mais ça ne servirait à rien. Alors j'inspire un grand coup et je tiens bon. Je craquerais plus tard, quand je serai tout seul. Il finit par se laisser retomber - enfin - à bout de souffle. — Tu seras en train de dormir, tu ne verras même pas que je ne suis pas là, et je serais de retour avant que tu te réveilles, promis. Je tente un sourire réconfortant, continuant d'éviter soigneusement le véritable sujet. L'épineux sujet. Mais mon sourire faiblit et mes yeux glissent sur la tunique de l'hôpital qu'il porte. Elle se tâche de rouge progressivement, au niveau de son ventre. Mon visage change, la stupeur qui prend le dessus. — Merde ! Regarde ce que t'as fait ! Comme une mère poule qui engueule son gosse. Je me tourne vers ma gauche et appuie sur le bouton pour appeler les infirmières, un peu en rogne. — Je t'avais dit de ne pas bouger.. ! Je me renfrogne et tente de contenir la panique qui monte, alors qu'à nouveau, ce sentiment insupportable d'impuissance m'envahit. En quelques instants, une infirmière débarque dans la chambre et constate les dégâts : il a fait péter ses points de suture. Et bientôt, c'est tout un branle-bas de combat qui se déroule dans la chambre de Michael. Infirmières et médecin, et rapidement je me fais mettre dehors. Je proteste un peu, mais je finis par me retrouver comme un con dans le couloir, face à une porte fermée. Obligé de retourner attendre sur les sièges plus loin. Je souffle, passe mes mains sur mon visage et me résigne à aller y prendre place. Une heure plus tard, le médecin revient me voir et m'annonce qu'ils ont augmenté la dose de morphine et que pour l'instant, Michael dort. Et qu'il dormira très probablement jusqu'à demain. Alors je me lève, retourne le voir, serre sa main pour le rassurer dans son sommeil et m'éclipse pour me préparer pour tout à l'heure. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Je dois sauver Michael. C'est sûrement pour ça que j'existe. SUJET TERMINÉ. |
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| Sujet: Re: shit happens. (twins) | |
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