I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback)
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Sujet: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Lun 31 Juil - 21:41
'cause you mean everything
Eden & Landon
Décembre 2006.
Hiver installé depuis peu à Savannah, givre et froid croissant ayant repris leurs droits sur la ville. Ambiance festive qui gagne peu à peu les habitants, à peine un mois après Thanksgiving arrivent déjà les fêtes de fin d’année, et avec elles les congés de Noël. Nouvelle qui ravit les écoliers du pays tout entier, collégiens comme lycéens, ultime semaine de cours avant que ne sonne la cloche des vacances. Ils sont heureux les enfants de Savannah, ils se réjouissent, abordent ces cinq derniers jours avec un épuisement certain, mais avec excitation également, le soulagement du repos et des réjouissances qui miroitent au loin, un peu plus proches chaque jour. Ils sont heureux, ils ont le sourire aux lèvres, tous sauf Landon, Landon il est bougon, Landon il veut pas la voir débuter cette semaine parce que, comme tous les ans, elle annonce le retour prochain de son géniteur. Haut placé, le militaire a de nombreuses libertés quant à ses congés, incluant la possibilité de rentrer pour une dizaine de jours au moment des fêtes. À l’heure qu’il est, en ce lundi matin glacial, il est probablement déjà embarqué à bord d’un avion, direction la maison, direction sa famille. Mais il veut pas le revoir, Landon. Il veut pas subir son regard désapprobateur dès l’instant où il passera le pas de la porte parce que sa coiffure ne lui convient pas ou qu’il aura entendu parler de son dernier bulletin. Il veut pas qu’à peine rentré, son géniteur l’embarque avec lui dans le jardin pour s’entraîner, encore et encore, à réaliser des passes qu’il maîtrise mieux qu’un simple lycéen est supposé le faire, mais qui ne sont pas suffisantes aux yeux du paternel, il veut pas qu’il le fasse sortir sur l’herbe rendue glissante par le givre jusqu’à épuisement, jusqu’à le dégoûter un peu plus encore de ce sport qu’il aimait tant, fut un temps. Il lui sort par les yeux son père, et il n’a pas la moindre envie de supporter sa sale tronche jusqu’à la Saint-Sylvestre.
Aussi, c’est sans grands scrupules qu’il a accepté la proposition de Baedrian, l’aîné des Howard. Jeunes gens dans la même classe depuis le début de l’année scolaire, adolescent vers lequel Landon s’est approché dans un but bien précis, dans un premier temps : tâter le terrain auprès de cette petite blonde qu’il avait croisé au détour d’un couloir du lycée, quelques jours après la rentrée. Oh, bien évidemment qu’il aurait pu venir lui parler directement ; seulement elle avait l’air un peu sauvage la gamine, perdue dans son monde, et mignonne comme elle était, cela ne l’aurait pas étonné qu’elle soit déjà occupée avec un autre mec. Et puis il l’avait vu parler à Baedrian, un garçon qu’il avait reconnu comme étant dans sa classe. Démuni en matière d’informations, le pauvre Landon avait commencé par croire qu’ils sortaient ensemble, les deux. Ce n’est qu’en allant parler à Bae, trouvant en catastrophe un sujet de conversation bateau, qu’il avait appris, tâtant discrètement le terrain, qu’il s’agissait en réalité de sa petite sœur. Et qu’elle s’appelait Eden. Prénom qui ne l’avait pas surpris, elle semblait née pour porter un nom d’une pareille douceur.
Et c’est là que ça avait commencé. Cette étrange obsession pour la demoiselle, l’unique attraction qu’il ressentait à son égard et le besoin de passer du temps avec elle, apprendre à la connaître dans les règles de l’art, avec un intérêt des plus sincères. Baedrian lui était bien utile pour cela car, contre toute attente, il s’était avéré être un garçon réellement sympathique, et ils s’étaient rapidement très bien entendu tous les deux, à tel point que le jeune Howard n’avait pas tardé à l’inviter chez lui dès que l’occasion se présentait, que ce soit pour disputer une bête partie de jeux vidéo, ou encore pour travailler ensemble sur des projets scolaires. C’était d’ailleurs ce qu’il lui avait proposé, la semaine dernière : venir passer ce lundi soir dans la demeure Howard pour travailler sur ce foutu devoir de chimie qu’on leur avait donné à faire pour la fin de semaine. Il pouvait même rester dormir, s’il le souhaitait. Alors bien évidemment qu’il avait accepté, Landon. Il l’appréciait vraiment Baedrian, puis cela lui permettrait de passer un peu de temps avec Eden, il en était tout heureux le jeune garçon, et surtout, surtout, il ne serait pas là lorsque son père rentrerait à la maison. Il se sentait un peu coupable de laisser Ethan encaisser tout seul le retour fracassant de leur géniteur, mais il espérait que leur mère saurait faire ce qu’il fallait si le besoin se présentait, au moins jusqu’à son retour le mardi soir. Il avait longuement hésité, le garçon. Rentrer sagement chez lui pour tenter de préserver son petit frère des remarques intransigeantes de leur géniteur ?Ou accepter l’invitation de Baedrian et passer la soirée en sécurité dans la maison des Howard, en se payant le luxe de croiser Eden hors du lycée ? Malheureusement pour son frère, c’est Eden qui remporte la manche, pour la première fois mais pas pour la dernière, loin de là.
Journée qui s’écoule lentement pour l’adolescent peu studieux, journée principalement occupée à regarder tourner les aiguilles de l’horloge suspendue au mur de la classe et à lancer des boulettes de papiers sur ses petits camarades. Et enfin retentit la sonnerie marquant la fin des cours, enfin les élèves se lèvent de leurs chaises dans un vacarme monstrueux. Mais la journée n’est pas terminée pour Landon. Non, non, ce serait trop beau. Landon il a entraînement, Landon il est encore retenu deux heures durant dans l’enceinte du lycée, alors il donne une tape sur l’épaule de Bae, lui dit qu’il passe bien chez lui sitôt libéré, qu’il n’a pas oublié non, et qu’il se souvient encore du chemin à prendre. Bae il a de la chance, y a rien qui le retient dans le bâtiment ce soir, et c’est d’humeur morose que l’adolescent prend la route des vestiaires.
Entraînement qui prend fin au terme de deux heures passées à traverser le terrain à toutes jambes et à s’arracher le ballon des mains. Il est doué Landon, il est bon dans ce qu’il fait et il en a récolté des compliments de la part du coach cet après-midi, ce n’est pas pour rien qu’il lui a offert le rôle de capitaine de l’équipe à la rentrée, mais il est pas heureux Landon. Il est même plutôt malheureux, car son père a beau ne pas être présent dans les gradins pour le voir, il sent son regard peser sur lui, regard exigeant, intransigeant, regard trop dur pour être porté sur un garçon de seize ans. Il sait qu’il sera là, vendredi soir, pour assister au match que son équipe disputera contre celle d’un autre lycée de Géorgie, et ce même s’ils ne jouent pas à domicile, même s’il faut faire une heure de route à travers l’État pour les voir. Ce n’est pas ça qui va l’arrêter le père James, il est prêt à prendre sa voiture pour regarder la partie, voir comment joue son fils depuis la dernière fois. Il le sent déjà son regard sévère rivé sur lui tout le long du match, du début à la fin, il peut déjà se figurer les froncements de sourcils qui déformeront son front à chaque faute qu’il fera, à chaque but qu’il manquera, et ça le rend malade Landon. Il est en train de perdre la petite flamme qui l’animait jadis, l’amour du jeu, la soif de vaincre et le bonheur d’entrer sur le terrain avec ses coéquipiers. C’est en train de s’éteindre tout ça, passion qui se mue en morne obligation.
Rapide passage sous la douche pour nettoyer un corps trempé de sueur malgré le froid hivernal, adolescent bien vite rhabillé et emmitouflé dans son sweat et son blouson. Il a hâte de sortir de ce lycée Landon, quitter ces murs infernaux et retrouver ses amis, retrouver Eden et Bae. Alors y a le sac à dos qu’il passe sur son épaule, la capuche de son sweat qu’il rabat sur sa tête à cause de la fraîcheur de la nuit tombante et les mains qui se glissent dans ses poches avant de prendre le chemin de la maison des Howard. Pas qui se fait rapide dans la nuit, le soleil se couche tôt en cette saison et lui il est impatient de les retrouver, de se réfugier dans cette demeure pleine de chaleur humaine réconfortante.
Adolescent qui s’arrête devant le portail de la maison en bord de mer, qui sonne à la porte, attendant en grelottant à moitié que l’on vienne lui ouvrir. Il est congelé Landon, il pensait pas qu’il ferait si froid, il a eu du mal à faire ses adieux à l’été. Et puis il voit la porte d’entrée s’ouvrir, une petite silhouette blonde se précipiter dans le jardin pour aller déverrouiller le portail, et y le sourire qui se dessine sur ses lèvres, les yeux azur qui se plissent sensiblement en apercevant Eden. Elle est adorable, emmitouflée dans la grosse veste qu’elle a enfilée en catastrophe, et lui il se penche pour lui faire la bise, elle lui dit qu’il tombe à pic, qu’ils ne vont pas tarder à passer à table, et en effet y a une délicieuse odeur qui s’échappe de la porte grande ouverte.
Alors il entre avec elle dans la maison, le nez rougit et les yeux rendus un peu brillants par froid, retire sa veste et abandonne son sac dans l’entrée. Garçon qui salue les membres de la famille à mesure qu’il les croise, qui rigole un peu avec Baedrian avant d’aller aider Eden à mettre le couvert, parce qu’il est comme ça Landon, sa mère lui a toujours répété qu’il devait faire bonne impression lorsqu’il était invité quelque part. Puis la mère Howard annonce que le repas est prêt, et toute la petite famille et le convive de la soirée s’installent à table. Dîner qui se déroule dans la joie et la bonne humeur, frères et sœurs qui se chamaillent entre deux bouchées, parents qui tentent de calmer le jeu du mieux qu’ils le peuvent, garçon qui se sent à l’aise dans cette famille, plus qu’il le serait s’il était rentré chez lui ce soir, garçon rarement intimidé en présence d’inconnus, il est plutôt sociable Landon.
Repas qui touche à sa fin, il aide les enfants de la famille à débarrasser la table et rejoint Bae dans sa chambre, car c’est pas tout mais ils ont un travail à faire, à la base. Ils passent un quart d’heure assis sur le sol de la pièce, livres grands ouverts sous leurs yeux, à lire et relire les consignes d’un œil vide, avant d’abandonner bouquins et cahiers sur le plancher pour migrer vers le salon, avec la ferme intention de passer le reste de la soirée à jouer aux jeux vidéo. Ils sont pas bien efficaces tous seuls, les deux compères, mais alors ensemble ? C’est pire que tout, et ils se doutaient bien, lorsque Bae a proposé qu’il vienne travailler chez lui, que la soirée ne serait que peu productive. Mais à leur grand désarroi, le salon n’est pas vide comme ils s’y attendaient ; au contraire, la télévision est déjà occupée, et le couple parental est assis devant un téléfilm avec Eden. Alors ils décident de se joindre à eux, tant pis pour ce foutu devoir de chimie et, ignorant les questions parentales quant à l’avancée de leur travail, Baedrian demande à tout le monde se pousser un peu pour leur laisser la place de s’asseoir avec eux sur le canapé. Garçon qui se retrouve alors pris en sandwich entre les deux cadets de la fratrie Howard, serré comme jamais sur le sofa un peu trop petit pour accueillir cinq personnes.
Il a du mal à se concentrer sur le film, Landon, la faute à la demoiselle assise tout contre lui, les yeux sagement rivés sur l’écran. Y a les bras qui s’effleurent au moindre mouvement, les petits sourires qui s’échangent dès que les regards se risquent à se croiser et la chaleur de ses jambes qu’il sent à travers l’étoffe de leurs pantalons, il est pas comme d’habitude avec elle Landon, il a du mal à se laisser aller comme il le fait d’ordinaire parce qu’il est en présence de son grand frère et de ses géniteurs, alors il regarde la télévision en silence, calme, bien trop calme pour mieux masquer combien il est distrait.
- Allez, au lit les enfants, il est vingt-trois heures.
Voix du père Howard qui retentit dans le salon, qui le tire de ses pensées, garçon qui fixait d’un œil vide le générique sans réaliser qu’il était le seul à être toujours assis sur le canapé. Il se relève précipitamment, hoche la tête tandis que ses amis répondent en chœur qu’ils vont sagement se coucher, à croire que les parents s’imaginent vraiment que leur chère progéniture dormira à poings fermés si tôt dans la nuit. Il retient un petit sourire amusé et va récupérer ses affaires pour se changer dans la salle de bain, troquer sa tenue de jour pour un pantalon de jogging et un sweat tout simple en coton léger. Il n’a jamais particulièrement aimé dormir avec autant de vêtements, mais il ne se trouve pas chez lui cette nuit, puis il commence à faire un peu froid maintenant que les parents ont baissé le chauffage pour la nuit. Dents rapidement brossées, il rejoint Baedrian dans sa chambre, s’allonge sur le petit matelas qu’on lui a installé au pied du lit de son ami, se glisse sous la couette confortable, bien content d’enfin pouvoir se reposer un peu.
Lumières éteintes, pote qui s’est endormi en plein milieu de leur conversation, il pourrait presque se vexer Landon, il est donc si chiant que ça ? Mais non, il comprend, tout le monde est épuisé à l’approche des vacances, lui inclus. Et pourtant, pourtant il ne parvient pas à dormir. Y a les méninges qui carburent à toute allure, qui repassent en boucle des images de prunelles azurées et de sourire éclatant, de mèches blond platine et de silhouette frêle, elle malmène son cerveau sans répit, sans trop qu’il sache à quoi ça tient, et ça lui fait tout drôle de se dire qu’elle dort à seulement quelques mètres de là, c’est la première nuit qu’il passe entre ces murs le garçon. Y a les minutes qui filent dans le silence de la chambre à peine parasité par la respiration tranquille de son ami, il le sent passer le temps, sans pour autant avoir la moindre idée de l’heure qu’il est désormais. Puis il a besoin d’aller aux toilettes, ça le prend d’un coup, alors il se relève, se glisse à pas de loup hors de la chambre.
Chasse d’eau qui se met en marche fort peu discrètement, lunette des toilettes qu’il rabaisse pour ne pas s’attirer les foudres de la maîtresse de maison et les mains qui passent sous l’eau par mesure de propreté. Salle de bain qu’il laisse derrière lui tandis qu’il s’engage de nouveau dans le couloir obscur, faible rai de lumière qui attire son attention, lueur vers laquelle il se dirige avec curiosité, porte qu’il reconnaît comme étant celle d’Eden, porte qui laisse filtrer quelque lumière. Elle ne doit pas dormir la gamine de la famille, et lui il hésite, lève le poing, indécis, avant de se décider à frapper deux petits coups discrets. S’ils sont deux à ne pas parvenir à dormir, autant tuer le temps ensemble. Il attend poliment Landon, sentant le parquet froid sous le coton de ses socquettes, attend l’autorisation de la demoiselle pour entrer, car on ne sait jamais ce qui peut se passer derrière une porte close. Voix douce qu’il entend, qui lui indique qu’il peut entrer, porte qu’il entrebâille alors avec un grincement qui le fait grimacer. On a fait plus discret, dans le genre. Il fait un pas dans la pièce, hésite entre refermer la porte rapidement, suscitant un grincement bref mais fort, ou y aller mollo pour réduire l’intensité tout en le faisant durer plus longuement. Deuxième alternative qui lui semble être la bonne, il referme lentement le battant, avec un grincement long et fort désagréable qui leur fait grincer des dents à tous les deux.
- Désolé.
Sourire penaud qu’il lui adresse depuis l’autre bout de la chambre, petite hésitation qu’il marque avant d’ajouter :
- J’arrivais pas à dormir, et j’ai vu de la lumière dans ta chambre… J’peux t’embêter cinq minutes ?
Réponse affirmative qui lui arrache un sourire soulagé, il s’autorise enfin à avancer, faire quelques pas pour la rejoindre sur son lit, s’asseoir à ses côtés. Jeune fille assise sur sa couette, penchée sur un cahier, garçon qui plisse un peu les yeux pour essayer de voir ce qu’elle fait.
- Tu fais tes devoirs à la dernière minute, hein ? Pas sûr de pouvoir t’être d’une très grande utilité, à moins que ça porte sur les règles du foot…
Il parle doucement Landon, de crainte de faire trop de bruit, réveiller des parents peut-être déjà assoupis. Il hausse les épaules, sourire en coin, le regard qui se relève du cahier vers la demoiselle, il est heureux d’être là, à ses côtés en cette froide soirée d’hiver, dans le silence serein de la demeure Howard. Sentiment qu’il ressent sur ce lit, sentiment qu’il ne ressent jamais dans le sien, entre les murs de sa propre maison, sentiment qui réchauffe le cœur. Le sentiment d’enfin être à sa place.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Mar 1 Aoû - 12:32
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Eden & Landon
Décembre 2006.
Comme un lundi typique, le réveil aurait dû se déclencher à six heures piles. Elle aurait dû passer cinq minutes de plus emmitouflé dans sa couette pour finalement n’en sortir qu’à six heures dix. Sur ceux, elle serait passé par la case petit déjeuné pendant que Baedrian prenait tout son temps dans la salle de bain. Car c’est toujours ainsi avec lui, il prend plus de temps que les filles présentent dans la maison et une fois que celui-ci serait sorti de la pièce elle s’y serait enfouie pour faire son brin de toilette matinale en sortant de la salle d’eau à six heures quarante-cinq et s’habiller rapidement avec les vêtements soigneusement choisi la veille pour être fin prête à partir avec son frère à sept heures piles.
Ça, c’était le scénario. Le scénario donc dit ‘basic’, celui qui aurait dû se produire en ce doux Lundi, premier lundi du mois de décembre, celui qui marquait le début de la saison hivernale. Qui laissait officiellement place aux tenues un peu plus épaisses. Qui mettait un stop à ces personnes qui avaient encore le courage de porter des jupes en toiles et des tee-shirts avec une simple veste manche longue en se déculpabilisant en disant à tout vas et à qui voulaient bien l’entendre qu’ils étaient encore en automne. Non, maintenant il faisait froid, réellement froid. Les gens se permettaient de sortir les gants, les doudounes épaisses et les gros pulls tricotés des grands-mères. Mais ça, c’était réservé aux gens qui se réveillent, ceux qui n’oublient pas de programmer leur réveille-matin la veille. Ceux qui n’entendent pas tambourinés lourdement à leur porte qu’il leur reste approximativement six minutes pour se préparer avant d’être réellement en retard. Non, ça s’est réservé à la cadette du clan Howard ce genre de matin supplice, ceux genre de réveil qui t’annonce directement la couleur pour la journée entière.
Journée qui commence alors sur les chapeaux de roue pour la jeune fille. Dernière semaine de classe avant les vacances de noël qui débute déjà au quart de tour. Elle n’a pas le temps pour le déjeuner, pas le temps pour trainer. Pas du tout le temps de niaiser. Elle va direct à l’essentiel la demoiselle. Elle file à la salle de bain avec ses affaires sous le bras et se prépare avec comme compte à rebours vivant son frère, son tendre et insupportable Baedrian qui compte les minutes restantes avant qu’il ne parte sans elle. Il la stresse, il la rend dingue et elle tambourine la porte de la salle de bain d’une main, l’autre étant occupé avec sa brosse à dent dans sa bouche pour qu’il arrête, lui ordonner de se taire. Oui elle a compris Eden, il faut qu’elle se dépêche car il y a le bus scolaire qui va arriver d’une minute à l’autre et que le chauffeur n’attendra pas pour elle. Malheureusement pour elle, elle n’est pas Miss Daisy et Half le conducteur n’est pas son chauffeur personnel.
Sans trop comprendre comment, elle arrive à l’avoir son bus. Bonté divine, cadeau que lui fait le ciel que son car ait eu deux minuscules minutes de retard sur le chemin vers son quartier d’habitation. Sans quoi, elle serait en retard, très en retard. Elle aurait surement dû partir en vélo de Tybee Island pour rejoindre les quartiers de River Street au plus vite. Ce qui n’aurait pas été une partie de plaisir lorsqu’on sait que plus de trente minute de pédalage intense sépare les deux côtés de la ville. Alors que là, la voilà à l’heure dans les couloirs du lycée de Savannah et même un peu à l’avance. Elle a la tête dans le pâté Eden, elle a encore les cheveux emmêlés et préfère ne croiser personne. Alors elle se faufile dans la masse une fois sortie de son bus, elle se hâte dans les corridors pour ne surtout pas croiser une personne en particulier. Oh non, par pitié. Elle espère de tout son cœur, prie intérieurement pour ne pas le croiser lui. Pas Landon, pas le copain de son frère. Pas maintenant, surtout pas avec cette tête de déterré. Elle ne voudrait pas le terrifier le pauvre garçon, elle n’a pas envie qu’il ait cette image dégoutante d’elle en tête car elle l’aime bien ce beau garçon au cheveux châtain. Elle le trouve mignon lorsqu’il la cherche du regard au self avec ses yeux d’un bleu perçant. Elle se sent rougir lorsqu’il arrive à la retrouver dans la foule et que leurs prunelles se croise car elle, elle l’avait déjà repéré bien avant qu’il ne le fasse. Unique garçon qui arrive à capter son attention finalement. Peut-être c’est parce qu’il est le capitaine de l’équipe de football américain de l’école ? Qu’il est l’un des meilleurs potes de son frère ? Elle se répète que c’est ça mentalement. Qu’il n’y a pas d’autre raison. Elle le répète à tout le monde, à tous ceux qui lui pose la question au sujet du garçon. Mais elle le sait au fond, elle s’en rend compte au fil du temps que c’est plus profond que ça. Que ce n’est pas qu’une histoire de connaissance qu’elle croise souvent et qu’elle finit par apprécier. Car il y en a eu des tonnes de copains avant Landon. Elle en connait pas mal des garçons qui forment son très limité entourage. Mais lui, c’est différent. Il y a ces sourires qu’il est le seul à recevoir de sa part, il y a cette envie de toujours en apprendre un peu plus sur le champion de l’école. Ces surnoms qu’ils se donnent dans les couloirs pour accaparer l’attention de l’autre. Il y a cette légère ambiguïté qui plane autour d’eux qui lui est plaisante à Eden. Elle aime sa présence, elle aime son humour. Elle aime beaucoup de chose chez Landon. Elle aime des infimes détails qui font sa personne, des bagatelles dont elle ne se préoccupait guère chez les autres garçons avant de le connaitre.
En toute discrétion, elle gagne le chemin des toilettes réservée aux filles la petite Howard. Elle s’y réfugie et se fixe dans le miroir en grimaçant face au tableau désastreux auquel elle doit se confronter. Rien ne va, que ce soit ses cheveux en vrac, les cernes sous ses yeux ou sa peau trop blanchâtre. Elle doit faire quelque chose et rapidement, elle opte donc pour attacher sa tignasse trop importante en faisant une tresse sur le côté, une tresse ou s’en échappe quelques mèches rebelles platine. Puis elle s’attaque à son visage, elle met un peu de mascara et baume à lèvre légèrement coloré. Seuls maquillages dont sa mère lui laisse le droit d’emporter dans l’enceinte estudiantine. Car après tout, elle n’a que quinze ans la gamine. Elle a le temps avant de devoir se trimballer une trousse entière remplie d’artifice, avant de polluer son visage avec des produits qui lui donneront des airs de poupée plastique.
Elle se trouve un peu mieux comme ça la fille. Elle ne se trouve pas vraiment jolie mais au moins, elle est présentable. Elle peut sortir de la pièce comme ça sans se sentir horripilante. Et c’est ce qu’elle fait, car elle y est obligée. La sonnerie retentie dans le bâtiment entier, il est l’heure pour tous ces jeunes d’aller en classe. Il est l’heure pour eux d’en apprendre sur toutes les matières. Qu’ils aiment ça ou non, ils y sont obligés. Car c’est sur ces quatre années qui leurs sont données qu’ils jouent tous leur entrée dans les plus grande et prestigieuses universités.
Onze heures vingt-quatre. Elle s’embête Eden en classe, elle regarde par la fenêtre les nuages blancs qui traverse l’état. Elle n’écoute pas son professeur expliquer les fonctionnements de la géométrie dans l’espace. Elle s’en tape la blonde de tout ça. Elle fixe le ciel et les environs de paysage que lui offre la fenêtre en cherchant un détail, une bêtise qu’elle pourrait rendre intéressante au travers de son appareil photo. Puis c’est comme ça que file la journée entière au final. Toujours la même rengaine lassante, le même schéma qui se répète jusqu’à quinze heures. L’heure qui marque la fin de sa journée de classe. Alors elle quitte l’école en trainant des pieds bébé Howard. Elle a cette légère amertume dans l’estomac de ne pas l’avoir croisée une seule fois. Ce n’est donc pas un jour spécial, ce n’est pas une journée du tout mémorable pour l’étudiante. Il n’y aura donc rien eu de spécial, rien qui ne puisse lui donner l’impression qu’elle a été sympa finalement cette journée d’école. Au contraire, elle s’est levée du mauvais pied ; a eu les pires cours, ceux qu’elle hait. Et en plus, elle n’a pas croisé une seule fois dans les couloirs ou à la cantine celui qu’elle cherchait discrètement du coin de l’œil dès qu’elle se baladait dans le lycée. Génial quoi. Elle boude légèrement Eden en allant s’asseoir à son arrêt de bus. Elle croise les bras et elle se répète mentalement qu’elle n’a qu’une seule hâte. C’elle de rentrer vite chez elle, se changer et passer la soirée sous le plaid à regarder un film sympa en buvant un chocolat chaud pour contre balancée cette journée tout droit sortir des enfers.
Moins d’une heure de trajet et la voilà de retour dans le sud de Savannah, de retour dans son chez elle. L’endroit qu’elle préfère sur cette terre. À peine est-elle sortie du bus qu’elle se rend compte qu’il serait bien dommage de rentrer si tôt à la maison… ça serait triste de rater une tel occasion, celle d’être déjà dehors, tôt pour une fois dans la semaine et plutôt que d’en profiter, aller directement s’enfermer dans sa chambre. Ainsi, très rapidement elle décide d’aller se balader l’étudiante. Elle remarque qu’il est encore assez tôt et qu’elle peut profiter de son temps libre comme bon lui semble et elle regrette même d’avoir pris le bus, elle aurait dû rester dans le centre au moins il y avait le parc de Historic District pour se poser dans le calme et les boutiques là-bas.
Et puis elle lève les yeux vers le ciel Eden, elle s’aperçoit que c’est encore la bonne heure pour prendre quelques clichés et rien que d’y penser elle sourit la demoiselle elle trouve enfin un sens à sa journée quand elle saisit que le soleil se fera la malle que d’ici une heure et demi. Alors elle en profite, elle se dirige rapidement vers les bords de mer, longe les rives tourmentées et elle se sent soudainement mieux Eden. Même si il fait un froid épouvantable en pleine après-midi, même si la grisaille est au beau fixe elle se sent mieux depuis qu’elle est ici. Elle a son appareil photo entre les mains et elle fait ce qu’elle préfère. Elle capture la mer mouvementée, elle photographie les mouettes qui font des vols planés dans le ciel et celle qui sur terre grignote des bouts de pains laissée à leur convenance par des badauds amoureux des animaux. Elle se détend comme ça Eden, elle se décontracte et elle perd le fil du temps. Lorsqu’elle rentre la nuit a commencé à faire son chemin dans le firmament, sa mère a commencé à préparer le diner, son père regarde nonchalamment la télévision.
Après avoir déposé une bise sur la joue de ses deux parents pour les saluer et les informer brièvement de sa journée, elle va rapidement poser ses affaires dans sa chambre la blonde. Elle jette son sac dans un coin, dépose son petit appareil photo sur son bureau et enlève ses bottes pour enfiler ses chaussons pour traîner dans la maison, traîner avec les deux grands garçons qui papotent dans la véranda chauffée. A peine arrivée dans l’espace fait en baie vitrée qu’elle fait déjà chier la cadette de la fratrie. Elle se permet de les saluer en donnant une petite claque à chacun dans la nuque avant d’aller s’asseoir hâtivement en face d’eux, tout en souriant niaisement alors que les deux bonhommes lui envoient des doigts d’honneurs pour lui faire comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue ici finalement.
Elle ricane la gamine, elle lève les yeux vers le ciel et se tait, elle les laisse parler les regardants l’un puis l’autre tour à tour sans grande intéressement à la conversation. Elle se dit qu’elle aurait surement dû ramener une lime à ongle tant ils sont ennuyant ces deux-là. Du moins, jusqu’à qu’elle entende sonner à la porte. Jusqu’à qu’elle entende Bae dire que c’est surement Landon qui vient d’arriver. Et là, c’est le mot qui fait dérailler le cerveau, c’est les yeux qui s’écarquillent un instant en ayant entendu le prénom du capitaine de football. Elle pense halluciner Eden, elle croit l’avoir rêvé car elle n’était pas au courant de son arrivé, pas du tout prête à le voir ici pour la soirée mais non… C’est réel, elle s’en rend compte en voyant son frère se lever ; prêt à aller ouvrir. Elle fait grincer sa chaise la belle, à la hâte. Elle aussi se redresse. Elle se met droite comme un i pour s’empresser de lui dire qu’elle va y aller elle à la porte. Qu’il n’a pas besoin de bouger elle le fait à sa place, d’un sourire un peu trop large, un sourire qui en dit trop sur son état d’âme si ses frères étaient un peu plus perspicaces. Mais comme ce n’est pas le cas,elle ne lui laisse même pas le temps de répondre. C’est une affirmation. Elle y va elle ouvrir. Elle attrape le gilet posé derrière son ainé ainsi que les clefs posées sur la table en bois et elle se dirige au portail en enfilant la veste en laine sans se rendre compte de l’état d’euphorie dans lequel elle est. Elle trottine dans l’allée Eden ; fait rapidement tourner les clefs dans la serrure. Elle ne laisse même pas le suspens duré plus de trente seconde que la grande porte en fer forgée cède sur sa petite personne, sa petite carrure et laisse aussi place au plus beau garçon qu’elle ait pu voir sur la terre emmitouflée dans son blouson. Garçon avec un sourire déjà présent sur le visage, garçon qui la fait fondre comme glace en quelques secondes. « Oh, quelle surprise de te voir ici … Je ne m’y attendais pas ! » Et c’est vrai ce qu’elle dit là, elle ne s’y attendait vraiment pas et la surprise et de taille. Elle est en joie la demoiselle, bien plus qu’elle ne le parait sous les yeux du principal concerné. Alors, elle le détail un instant, elle voit qu’il y a un truc qui cloche… Elle s’aperçoit qu’il grelotte le garçon qui lui fait face, il a les mains fourrées au plus profond dans les poches de son pantalon et le nez rouge comme une petite tomate en attendant sagement qu’elle l’invite à l’intérieur de la maison. « Rentre Landon désolé ! Viens te mettre au chaud, en plus le diner est bientôt prêt t’arrive à temps ! » Mais il n’en perd pas les bonnes manières le jeune homme, il est trop galant. Toujours. Il se penche sur elle pour déposer deux bises sur ses joues brulantes et à peine a-t-il passé le pas de la porte qu’elle se dit que finalement cette journée … Elle n’est pas si mauvaise, au contraire elle parait même plutôt bonne tout compte fait.
Elle le laisse passer en premier dans l’allée puis s’occupe de refermer les portes derrières lui Eden. Elle le laisse prendre ses marques dans la maison qu’il connait déjà assez bien et en profite pour s’éclipser comme si de rien était en cuisine pour aider sa mère. Haha, la fausse aide en cuisine, elle se donne un style, un style de fille gentille ; de bonne maison qui met la main à la pâte. Et sa mère lui en fait la remarque, lui signale que ce n’est pas en arrivant à la dernière minute au fourneau, en posant la fraise sur le gâteau qu’elle récupèrera les lauriers la demoiselle. Elle fronce les sourcils et lui tire la langue à sa mère. Au loin, elle l’entend parler, elle l’entend saluer son père et juste après ses deux frères. Elle les entend rigoler et elle essaie de se concentrer sur ce qu’elle fait. Mais c’est compliqué, elle a du mal. Car il est là tout près, qu’elle sait déjà d’avance que toute la soirée elle va être déconcentrer, il s’en amusera comme à chaque fois.
Diner qu’ils passent tous ensemble à rire. Ils sont gentils dans la famille Howard, ils mettent tous un peu du leurs pour le mettre à l’aise Landon et ça marche. Lui aussi ce joint à la rigolade. Il n’a pas de mal, il est comme ça et elle l’observe Eden. Derrière le verre qu’elle porte à ses lèvres alors qu’il mange le dessert elle le regarde parler avec son père qui lui demande des banalités et elle se demande comment elle serait elle, à sa place. Si la mère James lui posait ce genre de question. Puis elle sort de ses rêveries tout aussi rapidement la belle, elle se dit qu’elle n’a strictement rien à faire chez les James, qu’à la limite c’est plutôt Bae qui la rencontrera plutôt qu’elle.
Puis vient son moment favori, celui de se poser devant un film. Elle pense que ça va être génial Eden, qu’ils vont tous faire ça ensemble et qu’elle aura le plaisir de regarder un film puis d’embêter rapidement Landon en même temps car plutôt que de prendre le canapé ils se mettront à même le sol, ils préféreront être à deux parterre qu’être collé à tout le monde sur les sièges… Mais non. Elle apprend qu’ils vont dans la chambre de Baedrian les garçons, qu’ils ont des devoirs à faire pour le lendemain. Et soudainement elle regrette de pas avoir un an de plus, de pas être dans leur classe pour pouvoir les accompagner et passer du temps avec eux. Car ils sont cool les plus grands, et qu’elle aimerait bien être dans la classe de Baedrian. Mais non, ils ont un an d’écart, une année entière qui lui enlève ce privilège qui est d’être en classe avec Landon James… Elle les envies les filles de sa classe, elle les envies d’avoir un garçon si sympa, si drôle durant des journées entières… Elle est de nouveau dans ses rêves Eden, elle rate les vingt premières minutes du film, les yeux étant pourtant rivées sur l’écran. Elle rate l’arrivée des garçons aussi, ce n’est que lorsqu’on la force à se décaler que les fesses de son frère viennent se poser sur sa main tranquillement posée sur le canapé qu’elle réagit, qu’elle se rend compte qu’elle est prise d’assaut et qu’elle se retrouve collé entre l’accoudoir et Landon pendant que son grand frère prend la meilleure place du divan. Elle pourrait bouder Eden, elle pourrait faire son caprice et dire à ses parents qu’il est arrivé le dernier et c’est lui qui doit se prendre l’accoudoir mais c’est pas si mal, d’être à l’accoudoir, d’avoir un beau garçon à sa gauche. Alors elle se tait et sourit en coin en continuant de fixer l’écran. Comme si de rien était, comme si elle ne bougeait un peu son bras de temps en temps juste pour sentir son pull frotter contre celui du garçon d’à côté. Mais ça reste sage, presque insignifiant ils agissent en bon enfants car il y a la famille, les parents et que ça serait gênant de poser sa tête contre son épaule comme elle a déjà pu le faire une fois ou deux en regardant à ses côtés la télévision ; de s’amuser à se chatouiller juste pour se rapprocher encore et encore.
Puis le film prend fin, malheureusement. C’est presque tristement qu’elle se lève Eden, qu’elle reste debout face au canapé à regarder Landon perdu dans ses pensées, regardant l’écran comme si le film n’était pas encore terminé. Il est mignon mais il est temps de le réveiller et elle se permet de lui envoyer dessus un petit coussin appartenant au canapé qu’ils avaient posé au sol. Elle le voit sursauter, certainement pas prêt à l’assaut et elle lui tourne rapidement le dos, comme si de rien était, comme si elle n’avait rien fait. Une minute passe et enfin leur regard se croisent car il s’était permis de la fixer, surement certains qu’elle était celle qui avait osé l’embêter et elle tourne la tête, se mordant la lèvre, étouffant un rire alors qu’elle fait la file indienne pour souhaiter la bonne nuit à sa mère. Elle sent son regard encore et toujours posé sur elle mais elle tient le coup, elle ne veut pas avouer qu’elle genre de petite emmerdeuse elle est.
Comme toujours, Eden c’est la dernière à avoir le privilège d’aller se changer à la salle de bain pour la nuit. Toujours ses frères lui ont appris qu’en étant la dernière du clan, elle aurait donc toujours droit aux parts les plus petites de flan, qu’elle utiliserait la salle de bain après tout le monde et qu’en plus, si elle osait s’en plaindre ils diraient à maman qu’elle était celle qui avait cassé le vase en porcelaine de nanny qui appartenait à son arrière-arrière-grand-mère. Alors elle s’y était fait depuis le temps à la situation, elle assume fatalement son sort et prends tout le temps son mal en patience. Elle attend patiemment devant la porte que l’ainé est fini sa toilette pour faire la sienne, elle tape doucement du pied pour lui faire comprendre qu’il a intérêt de se bouger car la nuit est pas encore terminée pour elle… Non, bien évidemment que non. Elle a des devoirs à faire Eden.
Une fois démaquillée, les dents brossées ainsi qu’avoir enfilé son legging noir et un large pull pour la nuit. Elle se faufile sur la pointe des pieds jusque dans sa chambre la gamine. Elle essaie de faire le moins de bruit pour ne pas éveiller les soupçons des parents. Elle n’a pas envie de se faire engueuler, pas envie d’entendre le même discours rabâché sur le fait de rentrer tôt pour faire ses devoirs ; de faire tout ce qu’il y a faire au niveau scolaire avant de venir s’avachir devant la télé. Elle le sait, elle connait les règles pourtant elle ne les suit pas. Et c’est ça le drame chez les Howard, c’est qu’elle n’écoute rien la petite dernière. Alors, pour éviter les drames elle referme tout doucement la porte derrière elle et va chercher sur son bureau ses cahiers et ses exercices qu’elle doit finir au plus vite. Elle se faufile jusqu’à son lit et se met à lire les consignes de façon assidue, méthodique pour ne perdre pas une seule minute de son temps, par peur de se faire griller. Infime peur de se faire punir, qu’on lui enlève son outil de plaisir, son argentique.
Elle se perd Eden, alors qu’elle lisait un bout de sa leçon pour comprendre ce qu’elle devait faire elle commence à vagabonder, elle se permet d’attraper un stylo et se met à gribouiller sur son cahier. Elle fait des arabesques, elle dessine des personnages grotesques, elle marque des lettres … Puis des cœurs et le temps défile, sans qu’elle ne s’en rende compte. Ça devient gênant surtout lorsqu’elle entend toquer à sa porte. Elle se redresse sur son lit et pousse le cahier sous les couettes en disant d’une petite voix. « Oui … ? » Elle intime à la personne derrière la porte qu’elle peut entrer et elle voit en direct la poignée de sa porte tournée, elle a des sueurs froide la jolie fille. Elle a peur d’apercevoir son père à l’entrebâillure mais non, elle est rassurée elle soupire de contentement en voyant une tête doté d’une mèche brune, de yeux azurs s’approcher et non pas la tête blonde de son père. « Eh Landon, tu dors pas … ? » Elle a le cœur qui rate un battement maintenant qu’elle se rend compte de la personne qui est dans sa chambre, en pleine nuit au moment ou elle s’y attendait le moins. Elle ressort alors son cahier sans se rendre compte des bêtises qu’elle a pu marquer dedans. Timidement, quand même bien inquiète de son apparence soudainement elle passe une main dans ses cheveux le temps qu’il referme la porte. Elle profite qu’il soit dos à elle pour tenter de ne pas ressembler à un steak avarié.
Porte qui enfin se referme après avoir grincé à mort ; il s’en excuse le garçon du bruit infame qu’il vient de provoquer et elle sourit en haussant les épaules car elle sait très bien que cette porte elle est capricieuse, que cette porte qu’importe le tact avec lequel on s’y prend elle fait des siennes. « C’est rien j’ai l’habitude, et non tu m’embêtes pas promis. Tu peux venir t’asseoir hein… Mais juste cinq minutes hein … » Lui intime-t-elle en souriant malicieusement, elle sait bien que ça durera plus de cinq minutes et elle en est heureuse. Elle oublie que demain il y a école, que demain elle devra se lever tôt. Car là dans sa chambre, il y a plus intéressant. Alors, elle pousse ses affaires qui était étalées de partout sur le lit vers elle. Elle sourit en le voyant s’approcher prêt à venir à ses côtés, elle a le cœur qui fait des claquettes maintenant qu’il est si proche d’elle. Mais elle ne montre rien, elle a l’air tout à fait normal Eden. Elle a les bras sur son cahier et il se penche un peu pour regarder ce qu’elle fait, lui demander si elle est réellement en train de faire ses devoirs à une heure si tardive et elle hoche la tête en se mordillant la lèvre. « Nope, c’est pas du sport mais des maths … On adore hein ? Et… Ouais je sais j’abuse … J’aurais dû les faires plus tôt mais j’suis rentré tard, puis il y a eu le diner … Puis le film… Alors je m’y prends maintenant tu vois ? Gé-ni-al ! » Elle rit nerveusement la gamine, elle sait qu’elle est en tort mais elle se justifie. Bêtement et inutilement car elle sait bien que Landon s’en fiche de ce qu’elle fait ou non avec ses devoirs. Alors elle tourne à la dérision, elle en fait un sujet amusant. « Tu vas pas aller me balancer j’espère … ça pourrait compliquer, me donner une fausse image de toi tu vois ? Ça serait triste que tu descendes dans mon estime … » Elle hausse les sourcils Eden, elle papillonne des yeux pour appuyer ses dires avant de se reconcentrer sur son cahier comme si de rien était et … Y’a les yeux qui s’écarquillent, les yeux qui tombent sur des trucs soupçonneux, des trucs que Landon ne devrait surtout pas voir. Des trucs quelle a fait sans se rendre compte, sombrant certainement dans la fatigue et son imagination. Elle voit des L + E, entourée dans des cœurs et le palpitant il s’arrête de battre à ce moment-là. Automatiquement, elle referme à la hâte son cahier et appuie son coude dessus comme si de rien était pour le laisser à tout jamais fermé ce carnet, histoire qu’il ne soit jamais sous les yeux indiscrets de son interlocuteur.
« Sinon vous, vous avez travaillé sur quoi avant de venir devant la télé ? » Elle essaie de tourner l’attention sur lui, avec un sourire presque niais sur le visage car elle cache quelque chose de trop gros la petite garce. Elle lui demande ce qu’ils ont pu étudier alors qu’elle aussi n’en a rien à faire de ce que lui et Bae étudie en classe. « Au fait, t’as aimé la tarte aux fraises ? C’est moi qui l’ait faite … Première fois que je tentais et vue que mes frères ils sont jamais ok pour me dire que c’est bon… » Elle tente une nouvelle diversion en mentant qui plus est… Car c’est certainement pas elle qu’à fait la tarte, elle était même pas encore à la maison lorsque celle-ci était déjà au four en train de doré. Mais elle tente le tout pour le tout, elle éloigne le sujet des devoirs le plus loin possible d’eux pour pouvoir s’en débarrasser de cet infame cahier trop révélateur. Elle est prête à l’envoyer valser sous son lit dès qu’il tournera un instant les prunelles.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Mer 2 Aoû - 0:39
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Eden & Landon
Rictus amusé qui effleure ses lèvres tandis qu’il s’avance dans la pièce, il peine à la croire la gamine, à se laisser convaincre qu’il ne pourra rester plus de quelques minutes dans sa chambre, et pourtant il fait comme si, il hoche sagement la tête, prétend gober ce mensonge gros comme une maison ; seuls son regard malicieux et son petit sourire le trahissent.
- Oui oui, t’inquiète pas, j’reste pas longtemps… Toute façon y a école demain, faut pas veiller trop tard.
Et le ton qui se fait sage, trop sage, il parlerait presque comme un bon petit garçon et c’est fait exprès, il est un peu moqueur Landon, lui montre bien que ses petites règles à deux balles ne trompent personne, et surtout pas lui. Adolescent qui prend place sur le bord du lit, s’installe non loin de la jeune fille sur la couette moelleuse, se penche vers elle pour regarder ce qu’elle faisait. Regard qui s’attarde sur les pages quadrillées du cahier, sur des ébauches de calculs qu’il ne cherche même pas à comprendre, regard qui s’égare dans la marge, dans ce joyeux fouillis de gribouillis, là où se mêlent personnages grotesques et… Mais c’est quoi, ça ? Il fronce imperceptiblement les sourcils en remarquant un gros cœur, au centre duquel valsent un L et un E majuscules. Léger sourire qu’il contient du mieux possible en relevant les yeux vers Eden, regard innocent qu’il lui adresse, comme si de rien n’était. Il ne fera pas le moindre commentaire à ce sujet, parce qu’un L, ça veut tout et rien dire à la fois, ça peut tout aussi bien le désigner lui qu’un autre garçon qu’elle connaîtrait, et dont le nom débuterait par un L. Mais quand même. Quand même, ce serait beau que ce soit bien à lui qu’elle fasse référence, et le sourire qui se peint sur ses lèvres, qui franchit les limites du discret sans qu’il y prenne garde. Le sourire qui n’y demeure pas longtemps pour autant, il envisage sérieusement la possibilité inverse Landon, se demande ce qu’il passerait s’il s’agissait d’un autre type, un garçon de sa classe, un garçon qu’elle aurait rencontré ailleurs, qu’importe, mais dont le prénom commencerait lui aussi par un L. Que se passerait-il si c’était pour ce garçon qu’elle traçait des cœurs, si elle sortait avec lui, qui sait ? Il se rembrunit un peu le lycéen, il veut pas voir ça arriver, et il ne sait même pas à quoi ça tient. Qu’est-ce qu’il en a à faire, après tout, de qui fréquente la petite sœur de l’un de ses meilleurs potes ? Ça devrait lui passer par-dessus la tête, et non pas lui serrer le cœur, lui faire presque monter la bile comme ça le fait présentement. Et pourtant, pourtant y a les sentiments qui sont là, déjà là en lui, qu’il le veuille ou non, qu’il le reconnaisse ou non.
Petite voix qui le tire de ses pensées, qui le ramène à la réalité, terrain moins glissant que ce qui se déroule dans son esprit. Elle se justifie la gamine, lui explique en long, en large et en travers pourquoi elle n’a toujours pas fait son travail alors que la lune est déjà haute dans le ciel, et lui il hausse les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle se sent obligée de lui donner des explications… comme s’il était l’un de ses parents ? Allons bon, c’est la petite année de plus qu’il a qui lui confère un tel statut à ses yeux ? Lippes qui s’étirent de nouveau, il a toujours cette lueur espiègle dans les yeux et ce sourire amusé en sa présence, c’est plus fort que lui, il a cessé depuis longtemps de tenter de les réfréner. Parce que la vérité c’est qu’il s’en fiche bien qu’elle fasse son travail ou pas, il accorde déjà bien peu d’intérêt à ses propres devoirs, alors ceux des autres ? Sûrement pas, et vu le nombre de fois où il n’a pas fait son travail, chiffre bien trop élevé depuis le début de l’année, il serait mal placé pour lui faire la morale. Puis dans le fond, il est bien content qu’elle ait joué les cancres ce soir, la petite blonde ; sans ça, elle ne serait peut-être pas restée éveillée jusque tard dans la nuit, sans ça il n’aurait peut-être pas eu l’occasion de venir la rejoindre dans sa chambre. Mais il va pas lui dire qu’il se fiche de tout ça Landon, il va pas lui faire de grands discours sur son avenir et le fait qu’elle est libre de travailler comme elle le souhaite, assidument ou pas, qu’il n’a pas son mot à dire. Non, ce serait trop facile, c’est pas pour eux tout ça, ils ont des caractères trop problématiques tous les deux pour pas saisir la moindre occasion d’embêter un peu l’autre.
- J’avoue Eden, t’abuses à un point… J’en perds mes mots tant je suis déçu. J’te pensais suffisamment grande pour gérer ton travail toute seule enfin, ça te coûtait quoi de faire tes passionnants exercices de maths pendant que tes parents regardaient leur film, hein ? Allez, au coin !
Doigt qu’il pointe vers l’un des angles de la pièce, sourcil qui se hausse en une expression faussement sévère, sourire qui étire un peu plus ses lèvres à chaque mot. Il est mauvais acteur Landon, il l’a toujours été, et il est moins crédible que jamais pour incarner un patriarche dans son semblant de pyjama, avec ses traits juvéniles et la longue mèche qui barre son front, et la voix douce qui se fait presque un murmure à cause de l’heure tardive, le silence de la maison qu’il se sentirait presque coupable de rompre.
Bien sûr il ne dit rien du fait qu’il n’a lui-même pas fait ses devoirs pour le lendemain, trop occupé qu’il était par son entraînement, pas plus qu’il ne lui dit que Baedrian et lui n’ont pas écrit un mot de ce devoir de chimie qu’ils sont supposés rendre dans quelques jours, et qui était quand même la raison première de sa venue ici ce soir. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais, le mantra par excellence de Landon, il pourrait tout aussi bien se le faire tatouer dans le dos, tiens. Petite grimace qu’il esquisse lorsqu’elle lui demande de ne pas aller cafter auprès des parents Howard, haussement d’épaules penaud.
- Bah, j’ai pas trop le choix en fait, malheureusement… Crois pas que ça m’amuse hein, mais j’peux pas laisser tes parents croire une minute de plus à cette fausse image que tu veux leur renvoyer, tu as fauté jeune fille, et tu mérites d’être punie pour cela ! D’ailleurs j’m’en vais de ce pas prévenir tes parents.
Et la main qui s’appuie sur le matelas, le jeune homme qui fait mine de se relever d’un coup avant de se laisser retomber sur le lit, bien évidemment décidé à ne pas laisser filtrer le moindre mot au sujet de cette nuit. Il ne précise même pas qu’il plaisante, c’est inutile, ses actes parlent d’eux-mêmes et dans tous les cas, ils passent leur temps à raconter n’importe quoi tous les deux, à s’embêter à coup de mauvaises blagues. Non, à la place il pose son coude sur sa cuisse, appuie sa joue contre sa main, regarde la jeune femme d’un air presque rêveur, un air très intéressé soudainement, et bien évidemment surjoué, sans quoi ce ne serait pas Landon James.
- Mais tu parlais à l’instant d’une certaine place que j’aurais dans ton estime ? Dis-m’en plus, j’t’en prie…
Et le sourire amusé, le sourire de celui qui se remémore le contenu compromettant du cahier, qui tâte fort subtilement – pas du tout, en fait – le terrain. Heureusement pour lui qu’elle ne peut pas lire dans ses pensées, la petite Eden, qu’elle ne peut pas deviner qu’il a vu de ce cahier bien plus qu’il n’aurait dû. Elle le referme d’ailleurs précipitamment, achevant de lui prouver qu’il contient des choses qu’il n’était pas supposé lire. Elle tente de faire distraction de manière fort peu discrète Eden, elle serait presque plus mauvaise actrice que lui la gamine, et lui il fait semblant de la croire, semblant de se laisser embarquer dans une conversation éloignée, bien éloignée de celle qu’ils tenaient, puis il est toujours heureux de pouvoir parler un peu de lui le garçon, il est comme ça Landon.
- Sur de la chimie ! Un truc passionnant, vraiment, à propos d’une solution… ou d’un soluté ? À moins que ce soit un solvant…
Il se gratte pensivement le crâne l’adolescent, tentant vainement de remettre de l’ordre dans son cerveau fatigué, de se remémorer les mots qu’il a lus dans son livre de chimie. Mais il ne trouve qu’un bazar monstrueux dans son cortex, les pictogrammes, schémas et autres formules se mélangent dans son esprit, lettres et chiffres dansent la valse sous la chevelure châtain. Parce que la vérité, c’est qu’il n’a pas accordé plus d’une minute d’attention à ce pauvre devoir maison avant de passer en mode automatique, de se mettre à lire les mots sans plus chercher à les faire correspondre ensemble, sans plus chercher à en comprendre le sens trop compliqué pour son cerveau éreinté, son cerveau déjà occupé ailleurs, à se remémorer combien Eden était mignonne à la table du repas une demi-heure plus tôt.
Il hésite Landon, incapable de se rappeler de quoi traite exactement leur devoir, et il se sent stupide face à elle, elle doit le trouver bien bête de ne même pas être foutu de lui dire de quoi parle le travail qui justifie tout de même sa présence ici ce soir, et il aime pas ça lui, il n’a pas envie de faire mauvaise impression face à elle, alors il hausse les épaules, répond négligemment, comme s’il n’était pas mortifié de passer pour un imbécile :
- Enfin bon, on s’en fout. À moins que tu veuilles que je te parle d’éléments chimiques toute la nuit hein, c’est sans doute une bonne idée en soi, j’suis sûr que ça nous endormirait tous les deux en même pas cinq minutes.
C’est en tout cas le don rare que possède son professeur, un homme qui, non content d’enseigner ce qui doit être l’une des matières les plus chiantes et les plus compliquées de l’univers, a en plus un ton des plus soporifiques, rendant difficile pour Landon de ne pas piquer du nez sitôt assis à sa place. Elle lui demande ce qu’il a pensé de sa tarte et il hausse les sourcils en apprenant que c’est elle qui se cache derrière le délicieux dessert. Ainsi la demoiselle se débrouillait également bien en cuisine ? Combien de talents cachés recelait-elle encore ? Tête qu’il hoche, air approbateur qui se peint sur ses traits, et le petit sourire, l’éternel sourire de Landon James qu’il lui sert, se rappelant combien la tarte était bonne.
- Ouais, drôlement, elle était excellente ! J’savais pas que tu cuisinais, chapeau dans ce cas ! Et heureusement que tu m’as moi pour te faire les compliments que tu mérites, hein.
Rictus en coin qui se dessine, il quitte le côté du lit, s’assoit plus au centre pour se rapprocher un peu d’elle et lui donne un petit coup dans l’épaule, pas assez fort pour lui faire mal, simple geste complice. Première fois qu’il met les pieds dans la chambre de la petite blonde, yeux qu’il autorise à se promener sur les meubles, sur les photos accrochées au mur et le bazar ambiant qui lui filerait des boutons s’il s’agissait de sa chambre à lui. Il n’y passe pas des heures non plus, ne s’amuse pas à détailler précisément le moindre recoin de la pièce, même s’il aimerait pouvoir le faire, car il ne veut pas paraître trop intrusif. Et il ne l’est pas, vraiment. Il veut seulement utiliser la seule pièce dans laquelle un enfant est en droit de pleinement recréer son univers pour mieux cerner la demoiselle, comprendre qui se cache réellement sous cette lourde crinière blonde et derrière ces prunelles intrigantes.
Yeux qui glissent sur les murs de la chambre, s’arrêtent sur les photos qui y sont accrochées, trop loin pour qu’il puisse discerner ce qu’elles représentent exactement, dérivent vers l’appareil photo posé sur le bureau. Il ne lui faut pas longtemps pour faire le rapprochement à Landon, et il se tourne vers la jeune fille, lui demande doucement, curieux d’en apprendre plus à son sujet :
- Tu fais de la photo ? Ou t’as juste un appareil comme ça, pour les grandes occasions ?
Et le visage dirigé dans sa direction, les yeux qui se désintéressent subitement du contenu de la chambre pour se focaliser sur un aspect bien particulier de la pièce. Son occupante. Y a les opalescences qui la détaillent alors, qui prennent pour la première fois le temps de retracer les traits de son petit visage. Première fois qu’il a l’occasion de la voir d’aussi près, sans être perturbé par la présence de ses frères ou par le passage intempestif des élèves dans les couloirs du lycée, première fois qu’il prend réellement le temps de la contempler dans la faible lueur de la lampe de chevet. La manière dont ses cheveux blonds platine encadrent son doux visage. Ses yeux, d’un bleu particulier, ni trop clair ni trop vif, les prunelles cerclées d’un mince pourtour plus foncé. Son nez, droit, et ses lèvres, pulpeuses juste comme il faut, parfait équilibre. Lippes rosées qu’il regarde se mouvoir tandis qu’elle lui répond, lippes qui ont l’air douces, très douces, sans nul doute très agréables à embrasser. Il cligne des yeux Landon, battement de paupières pour se reconcentrer, reprendre son observation là où il l’a laissé sans plus laisser de pensées un peu trop douces la parasiter. Alors y a les prunelles qui retracent les contours de ce visage à la mâchoire un peu plus carrée que chez la plupart des filles, fait dont il ne s’était jusqu’alors pas aperçu à cause de ces rondeurs d’enfance qui ne l’ont pas encore pleinement quittée, ces petites joues qui floutent le dessin de son visage, particularité qu’il remarque à l’instant et qu’il aime déjà, car elle rend Eden un peu plus unique, elle la distingue un peu plus encore des autres filles. Et puis les yeux qui glissent sur son corps, rapidement pour ne pas la gêner, la maigreur camouflée sous la largesse du pull, la maigreur exposée par le legging qui épouse ses formes. Il la trouve adorable la gamine, un ange tombé du ciel lorsqu’il sait bien, lui, qu’un petit démon sommeille en elle, il n’a simplement pas encore conscience de combien elle est loin d’être angélique la petite blonde. Lui il se laisserait presque berner par son physique de poupée, pas un vulgaire jouet made in China, non, l’une de ces poupées de porcelaine qui valent une fortune, que l’on trouve chez les antiquaires, ces poupées faites mains, toutes uniques dans leur délicatesse. Un joyau d’une valeur inestimable, somme toute.
Elle est belle Eden, magnifique la poupée, et lui il est même pas foutu de l’écouter parler, même pas foutu de prêter attention à la réponse à une question qu’il a lui-même posée, réponse qu’il reprend donc en cours de route, faisant comme si de rien n’était, comme si son esprit ne venait pas de divaguer loin, bien loin au plus profond de ses yeux, hoche la tête et sourit doucement à l’entente de ses paroles, repense à la soirée qu’il vient de passer, la chaleureuse table à laquelle il s’est vu invité.
- Ta famille a l’air de bien s’entendre. Après ça peut n’être que parce que j’étais là ce soir et qu’il fallait pas faire de vague devant un invité, peut-être qu’il y a des conflits de temps en temps, j’en doute pas même, mais y l’air d’y avoir une bonne ambiance, et ça c’est cool. T’as de la chance, Eden, tu le sais ça ?
Petit sourire qu’il lui adresse avant de se détourner d’elle, regard qui s’égare loin, qui la fuit inconsciemment, qui se perd sur le motif de la couette qui apparaît entre ses jambes. Il sait pas très bien pourquoi il a dit ça Landon, il regrette déjà ses paroles, craint qu’elle ne lui demande pourquoi il remarque ce genre de détails, si les choses se passent mal chez lui pour qu’il soit si attentif aux humeurs familiales. Parce qu’il veut pas forcément lui parler de tout ça, Landon. Il veut pas faire aveu de faiblesse devant cette gamine trop charmante pour lui.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Jeu 3 Aoû - 16:20
'cause you mean everything
Eden & Landon
Il dit être déçu d’elle l’ami de Baedrian, et elle lève les yeux vers le plafond quelques secondes en entendant ses palabres accusatrices. Quel garçon dramatique… pense-t-elle. Pour deux ou trois exercices de mathématiques pas fait voilà qu’elle se retrouve mise sur la place du marché, prête à être mise au feu ou lapidée par le peuple. Il a l’air de bien l’aimer son rôle de parent stricte Landon et bien qu’elle sache qu’il en joue des tonnes juste pour se moquer d’elle. Pour lui faire plaisir elle relève les yeux vers lui la gamine. Elle commence à faire une moue désolée, la même moue qu’elle sert à son père lorsqu’il commence à la gronder et lui continue d’en rajouter, mais elle aime bien l’entendre parler Landon, même si c’est pour lui faire des remarques désobligeantes. Donc elle s’évertue à prendre son rôle très au sérieux. Laissant place aux doutes, qu’elle puisse croire à ces calomnieux reproche qu’il est en train de lui infliger. Comme toute bonne petite fille sage, elle ne répond même pas à son ainé. Elle le laisse continuer. Il parle doucement le garçon, presque en chuchotant. Pour que seule elle puisse l’entendre, ne pas éveiller les soupçons des autres habitants de la maison sur sa présence dans la chambre de la cadette. Il chuchote des paroles presque méchante le capitaine de l’équipe scolaire de football. Il insinue qu’il pensait qu’elle était suffisamment grande pour pouvoir gérer ses devoirs toute seule et elle se redresse Eden, le regard -faussement- triste. « Tu penses vraiment que je suis une gamine… ? Tu me fends le cœur Landon… » Elle aimerait savoir pleurer sur commande la belle, juste histoire de donner un peu plus de drame à cette sérénade mais elle n’a pas ce pouvoir d’actrice de cinéma. Alors, elle se contente de baisser de nouveau le regard, jetant un œil sur ses doigts caressant la couverture plastifiée de son cahier ; l’intérieur de la joue mordue par ses molaires d’un air follement exagéré.
Et il y a la punition qui arrive, le sourire rieur qui s’immisce dans la conversation qui paraissait presque sérieuse vue d’un œil extérieur. Enfin… Sérieuse si seulement le garçon qui lui faisait face aurait eu la carrure d’un trentenaire ; si il aurait eu quelques cheveux poivre et sel et non pas une coupe d’élève model sur la tête. Il y a le doigt de Landon qui se dirige vers l’un des quatre coins de la pièce et elle pose une main sur ses propres lèvres pour arrêter prématurément un rire qui comptait se faire la malle en même temps que son air de petite fille victimisée. Là, c’est Eden la mauvaise graine qui refait surface. Car Eden qui ne répond pas, ça n’existe pas. Ou alors dans un monde parallèle peut-être. Mais sur la planète Terre elle est rebelle la blondinette. Elle joue avec le feu, tout le temps. Elle casse les codes et les règles que lui posent les patriarches et ça ne manque pas, même avec Landon, même pour une mascarade elle s’y tient pas. « Et si je ne vais pas au piquet, que je fais pas ta punition il se passe quoi … ? » Elle le regarde et attend que son ainé lui dise ce qu’elle risque si elle ne se plie pas à son châtiment.
Elle hausse un sourcil la gamine, faussement surprise en entendant ce que dit son soi-disant ami. Elle l’écoute prétendre qu’il ne peut pas rester là, sans aller dire à tout le monde qu’elle n’a pas fait ses devoirs. Il ne pas laisser croire aux parents Howard que leur fille est une personne sage. Elle n’est pas d’accord avec ce qu’il dit Landon, alors elle ouvre la bouche prête à rétorquer mais il continue de parler, continue d’exagérer et elle est obligée de rendre les armes. Obligée de faire semblant qu’il a la gagne. Il tente de se relever l’emmerdeur, il simule le mouvement. Très lentement, comme au ralenti et elle s’allonge de tout son long sur son lit pour l’attraper comme si il était une question de vie ou de mort. Elle pose ses doigts contre son derme chaud juste à temps. Elle réussit à poser sa main sur son poignet et l’empêche de s’en aller et de s’éloigner d’elle.
Elle le retient la jeune fille, en riant timidement. Intimidé d’avoir osé enrouler sa main sur son poignet, elle rit pour ne pas montrer ô combien elle est gênée et heureusement pour elle, il ne se fait pas prier. Il se rassoit directement sur la couchette pendant qu’elle reste dans sa position à demi allongée sur le côté, le sourire aux lèvres et les cheveux allant de part et d’autre sur l’épaisse couette se mettant à presque le supplier. « Oh non par pitié, ne me cafte pas je vais me faire gronder et j’ai vraiment trooop peur de mes parents… » Elle ment, très mal mais elle le fait. Ça se voit comme le nez au milieu du visage qu’elle n’a pas peur la petite princesse de la maison. Elle a toujours fait ce qu’elle voulait la demoiselle. N’a été que très rarement grondé par ses parents. Mais là, pour l’occasion elle fait semblant, elle joue les enfants martyrisés pour le jeu qu’elle instaure avec Landon. « Tant que tu ne me promets pas que tu t’en iras pas si je te lâche, je te tiendrais toute façon… » Elle resserre un peu sa poigne sur celle du garçon pour affirmer sa détermination. Elle essaie de se montrer embêtante alors qu’en vrai, elle est un peu avenante, à sa façon. Elle se rapproche de lui avec les maigres moyens qu’elle a à sa disposition. Puis elle croise son regard azuré, son sourire satisfait et ça s’embrouille dans sa tête, c’est limite si elle ne voudrait pas que jamais il ne lui fasse la promesse, pour qu’elle puisse garder sa main emprisonner dans la sienne encore longtemps. Est-ce que lui en pense de même ? Est-ce que lui aussi il est prêt à ne jamais faire la promesse juste pour sentir sa main contre son derme ? Et ça l’intimide, réellement de penser à ce genre de chose.
Alors elle le lâche, pour mieux se redresser sur la literie. Elle reprend une position dites plus descente, se remettant exactement dans la même position dans laquelle elle était avant qu’ils ne commencent à jouer l’un avec l’autre. Et lui aussi adopte une nouvelle position sur la couchette. Elle le regarde faire Eden, elle le voit appuyer son joli minois contre sa main ; le visage rivé sur le côté, de sorte à mieux la regarder. En plus d’avoir les prunelles vers elle, il aborde un sourire amusé sur le faciès gueule d’ange. Un sourire désabusé, intéressé. Elle sent d’avance qu’il a un truc en tête ; et ça ne manque pas. Il n’est pas là pour la parlote inutile Landon. C’est un observateur, et après une petite minute de silence enfin il se met à parler. Il veut en savoir plus sur la place qu’il détient dans son estime. Elle reste pantoise la belle, elle reste estomaquée face à la question. Puis elle le voit, discrètement posé ses yeux sur le carnet qu’elle vient de refermer, le carnet sur lequel son coude est posé par mesure de protection et elle le suspecte d’avoir lu quelque chose qu’il ne fallait pas. Elle appuie un peu plus son coude sur le carnet comme si il allait se mettre tout seul à bouger, s’ouvrir et gueuler son contenue par enchantement. « Hum … Et bien… » Elle s’humecte les lèvres la poupée. Elle cherche ses mots pour ne pas se rater. Elle sait qu’elle est écoutée et elle ne voudrait pas dire un mot qu’il puisse mal interpréter ou au contraire surinterprété. « On va dire que … T’es l’ami que je préfère dans l’entourage de Bae ? Du coup ça serait dommage que subitement, après que t’ai balancé à mes parents que je fais mes devoirs tardivement je me mette à te haïr, ou penser que t’es pas quelqu’un sur qui je puisse compter…» Elle hausse les épaules la gamine d’un air défaitiste rien qu’en pensant qu’elle puisse un jour réellement le détester ce garçon. Elle a du mal vraiment, elle n’a jamais hais grand monde la poupée, elle est plutôt du genre à s’en foutre de ceux qui ne l’intéresse pas. Puis Landon, elle le trouve bien trop agréable, charmant et amusant pour qu’elle puisse se mettre à moins l’aimer du jour au lendemain. « Puis tu sais … C’est difficile d’obtenir un rang dans mon estime donc préserve le bien puisque t’as l’air de l’avoir gagné …. » Elle laisse sa voix trainée sur la fin de la phrase, elle suspend la conversation à ce moment-là presque méthodiquement. Histoire de laisser sous-entendre qu’il a une place assez importante qu’il ne devrait pas gâcher pour des futilités. Une place qu’il avait réussi à gagner, tout doucement depuis septembre. Il grapille encore et toujours, chaque jour un peu plus du terrain dans son cœur Landon, sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Il est fort le garçon, dans tout ce qu’il entreprend il est bon finalement.
Sujet ambiguë qu’elle tente d’éloigner bébé Howard, car elle ne sait pas trop comment s’y prendre la jolie fille. Elle n’y connait rien et c’est compliqué pour elle de s’exprimer aussi ouvertement. Elle a toujours été à l’état sauvage, brute de coffrage et incapable d’exprimer directement lorsqu’elle apprécie les gens la gamine de Savannah. Pour dire, même avec ses parents et ses frères elle ne le fait pas alors les autres ? Encore moins, pour elle c’était inimaginable de faire ça. Et là, ce soir en ce lundi soir de cette journée qu’elle avait trouvée infernale elle lui avouait en face à face, qu’elle l’estimait, qu’il avait une petite place au creux de son palpitant. Surprenant, elle venait de le faire de manière évasive et rapide mais quand même fait. Et elle en est gênée, assez pour venir triturer ses doigts, triturer la couverture de son cahier à la limite d’en corner les bords de page. Alors, elle lui demande sur quelle matière il s’est penché avec son frère plus tard dans la soirée et elle apprend que c’était de la Chimie. Elle grimace Eden, elle sourit mais plisse le nez pour marquer le dégout qu’elle ressent pour la matière juste à en entendre le nom. « Huum… ça devait être génial de bosser là-dessus, vous avez du vous amusez …. » Ironie qu’elle ne peut restreindre, qu’elle ne peut cacher alors que son bel interlocuteur se met à réfléchir, se gratter l’arrière de la tête en cherchant vaguement dans son esprit le sujet concret de son étude.
Il est ailleurs le garçon, il fixe un point dans la pièce et elle prend l’occasion qui se présente pour l’observer, pendant qu’il est distrait. C’est le moment parfait. D’une œillade timide, elle se permet de regarder ce doux visage dans l’ensemble. Passant de ses cheveux châtain parsemés de mèches un peu plus blonde la faute au soleil géorgien à cette mâchoire pas encore totalement tracée. Elle a le cœur qui se resserre Eden, à chaque morceau de peau qu’elle détail elle a le cœur qui chavire, qui fait un peu plus mal. Elle s’y perd dans ce tableau de perfection. Elle remarque des choses qu’à une distance normale elle ne remarquait pas jusqu’à présent. Tel que s’apercevoir qu’il a les joues encore un peu ronde Landon et c’est mignon à souhait, ça lui donne encore un peu l’air d’un enfant encore. Il a le regard brillant, étincelant d’un éclat doré au milieu de son iris. Tellement différent du sien, tellement plus beau et c’est le regard de trop, c’est le cœur qui fait une descente tout droit jusque dans ses entrailles et à ce moment-là, il se met à parler, mouvoir ses lippes fines mais tout autant désirable et elle n’écoute qu’un mot sur deux la petite tant elle est juste subjuguée par l’harmonie parfaite que ce minois d’adolescent en face d’elle lui offre. « Heu, ouais nan … On va pas s’éterniser sur le sujet hein… Bien que j’aime beaucoup t’entendre parler, tu le feras sur un autre sujet ! » Clin d’œil qu’elle lui adresse avant de laisser échapper un éclat de rire, une fois de plus elle lui avoue discrètement une vérité la gamine.
Compliment qu’elle récolte avec un grand sourire sur les lèvres la menteuse, elle irait presque remerciait sa mère en douce en pleine nuit pour avoir fait un si bon dessert. Elle bat des cils devant le garçon Eden, elle s’autoproclame comme celle qui a fait ladite tarte alors qu’il n’en est rien. Elle aura juste posé la fraise finale sur le dessus. Et même ça, c’est sa mère qui avait rectifié le tir car la fraise était tombée de travers. « Contente que t’ai apprécié ça fait plaisir, je l’ai faite en imaginant que ça serait pour mon futur tendre époux tu vois … » Faux, foutaise. Que nenni, mais elle ne peut pas faire machine arrière la princesse alors elle s’enlise dans son mensonge gentillet et elle en rajoute des tonnes, roule des yeux pour rendre l’histoire encore plus attendrissante. Car après tout, ce qu’il ne sait pas, ne peut pas lui faire du mal.
Puis discrètement, elle le voit se rapprocher, s’avancer dans son lit et elle tire les quelques stylos qui traînent sur la couchette ainsi que son cahier pour aller les poser sur sa table de nuit, en sécurité loin de lui. Tant pis pour les exercices, elle les fera quand il sera parti ou demain matin dans le bus au pire. Là, elle préfère éloigner le cahier et son contenue loin du Capitaine, le suspectant déjà d’avoir déjà vue trop de chose dedans. Des choses dont elle a honte, des choses qu’elle ne pourrait guère lui expliquer, car les preuves sont accablantes. L’intérieur de ce cahier hurle une vérité qu’elle ne veut pas encore entendre.
Silence de plomb qui s’empare de la chambre, opalescences qui se perdent sur le mur en face d’elle le temps que le garçon fasse le tour de la chambre, de sa petite inspection visuelle. Elle a honte Eden, légèrement. Elle se dit qu’elle aurait pu au moins ranger sa chambre en rentrant, elle aurait pu ranger la pile de vêtement propre posé sur sa chaise de bureau et aussi, ne pas laisser traîner ses photos un peu partout comme présentement. Il va la prendre pour une bordélique Landon et … il n’aura pas tort. C’est pas son fort à Eden le rangement. Elle y voit plus clair dans son petit bordel, elle préfère avoir tout à vue d’œil, sans se prendre la tête d’aller fouiller dans chaque placard et recoin pour y trouver ce qu’elle doit chercher. Mais là, c’est différent. Pour la toute première fois de son existence il y a un garçon qui pénètre son petit monde, première fois qu’un garçon infiltre sa tour d’ivoire. Et elle se dit qu’avoir une chambre faite au carré n’aurait pas été plus mal au final. Mais c’est pas grave, elle se console comme elle peut la blonde. En se disant que là, c’est l’Eden originelle qu’il voit, celle sans filtre, sans préparation. Elle le laisse pénétrer sa bulle intime, celle que personne n’arrive à voir et comprendre.
Tout doucement, sans faire le moindre bruit la gamine ramène ses fines jambes jusqu’à elle, collant ses cuisses jusqu’à sa poitrine et posant son menton entre ses genoux en guise d’appuie-tête. Elle tourne la tête vers lui et regarde son profil, son nez. Descend les yeux jusqu’à sa jugulaire, ses épaules légèrement large et musclé qu’elle imagine cacher sous son sweat. Elle se perd rapidement dans ses pensées la jolie, elle rêvasse du prochain match qu’elle ira voir juste pour lui. Elle a perdu le nord depuis déjà deux bonnes minutes quand elle se réveil de ses rêves éveillé, quand la voix de Landon James se fait entendre pour lui poser des questions sur la photographie. « J’ai commencé l’année dernière et j’en fais de plus en plus souvent en fait… J’apprends tout doucement, c’est compliqué ça demande de l’entrainement un peu comme toi et le football tu vois ? Et aussi beaucoup d’achat en matériel ! » Elle blablate la gamine, elle essaie de trouver des rapports là où il n’y en a pas entre sa passion à lui et la sienne à elle. Elle se perd dans ses pensées et ses explications Eden, elle ne remarque même pas qu’il la regarde plus que de raison droit dans les yeux. Qu’il donne l’impression de l’écouter mais qu’il a l’esprit est déconnecté de la réalité. Jusqu’à là elle, elle n’y voit que du feu. Elle a les yeux rivés sur son bureau et son appareil photo pendant qu’elle parle donc ça passe. Puis elle a la génialissime idée de tourner le regard, de dévier ses yeux sur lui et son regard incandescent. Elle voit ses prunelles détaillait son visage et elle a honte, elle a les joues qui deviennent sensiblement brulante, les opalescences qui fuient les siennes. Il est pas dérangeant Landon mais intimidant et jamais on ne la regardait comme lui est en train de le faire. Et ça cogne fort dans sa poitrine, boom, clap c’est le son de son cœur. Alors, elle tourne la tête, se met à fixer avec détermination l’extérieur. Elle regarde la lune ronde et blanche par la fenêtre, elle compte jusqu’à dix en espérant qu’il en aura fini de la contempler et se remet à parler comme si de rien était. « C’est ma grand-mère qui m’a acheté l’année dernière mon premier appareil photo. Elle plus jeune, elle était rédactrice et photographe dans un journal local du coup elle a voulu un peu transmettre le flambeau, voir si ça allait m’intéresser tu vois … » Intimidé par leur proximité toute récente, elle a du mal à se détendre la cadette de la fratrie. C’est avec beaucoup d’attention qu’elle essaie d’enlever les petites peluches, petites particules de poussière sur son pantalon. Timidité qui jusqu’à présentement n’avait jamais eu l’occasion de pointer le bout de son nez, timidité qu’elle a du mal à contrôler, du mal à préserver loin des yeux de celui qu’elle se met à vraiment apprécier. Plus que de raison, plus que d’une manière amicale et bonne enfant.
Sujet auquel elle ne s’attendait guère la demoiselle, elle penche la tête sur le côté pour le regarder d’un air intrigué, les cheveux allant se loger tous sur son épaule droite, cascade blonde qui glisse au grès de ses mouvements. Elle le surprend à parler d’un ton attendri, d’un air envieux presque aussi au grès de ses paroles. Et elle cherche à croiser son regard, elle cherche à établir un contact mais ça ne marche pas, il veut pas Landon. Il rive les yeux sur la couette et la caresse du bout des doigts. « Oui ça va … On s’entend plutôt bien en général, mais comme tu dis des fois y’a des débordements… Surtout avec moi en fait… Je suis pas la plus sage... » Elle se mord la lèvre gênée Eden, se rendant bien compte qu’elle est le petit point noir de la maison. La petite fille que les parents Howard attendait tellement et qui au final et tout de même, un brin moins aussi parfaite qu’ils ne l’imaginaient. « Mais j’ai pas à me plaindre je suppose, c’est pas eux qui sont chiant mais moi tu vois ? Donc ouais, je suis chanceuse de les avoir mais ça va pas dans les deux sens je crois ! » Elle sourit, étouffe un rire pour détendre l’atmosphère Eden et pourtant elle ne le sent pas des plus à l’aise son invité. Comme si il avait trop parlé, trop laisser filtré d’information qu’il n’aurait pas dû laisser passer.
Petite ombre fluette qui vient se hisser au côté de jeune homme, blondeur qui se retrouve toute proche de lui, qui ne voit que son profil. « Et toi Landon, t’as des frères et sœur ? » Elle est curieuse la gamine avec son doux sourire, elle le voit tenter de rester dans son mutisme et elle vient glisser sa main jusqu’à ses côtes, pinçant doucement celles-ci pour avoir une réaction. « Bah alors ? T’as décidé de jouer au roi du silence ? Fallait prévenir hein… » Elle se met sur les genoux Eden prête à faire des siennes et sans lui laisser une seconde de répit elle vient glisser un peu partout ses doigts frétillant sur les zones susceptibles d’être chatouilleuse. Elle en profite la gamine, elle ne se fait pas prier pour venir toucher au plus beau garçon du lycée. Elle continue jusqu’à obtention de la victoire. Elle le regarde allongé la tête contre ses oreillers en soufflant épuisé par les martyrs qu’elle lui a imposés. Et elle relève les mains, prête à faire la paix. « Alors t’arrêtes ou je dois continuer de façon plus violente … ? Et tu peux aller demander à Bae et Nate quand je m’y mets vraiment je peux être vraimeeent chiante … » Elle bouge la tête de haut en bas la princesse, la reine des chieuses, puis elle se montre un peu plus sérieuse, un peu moins gamine, un peu plus mature juste pour ses beaux yeux. « Je sais que je suis pas mon frère et ni ta meilleure amie ou quoi mais tu peux me parler, promis je jugerai pas et j’en parlerai à personne ce qui a été dit ici, restera dans cette chambre à tout jamais. » Gamine qui fait signe qu'elle restera muette si il veut bien se confier à elle.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Ven 4 Aoû - 21:59
'cause you mean everything
Eden & Landon
Elle est insolente la gamine, audacieuse petite blonde qui n’hésite pas à défier le garçon, à entrer dans son jeu. Ainsi il veut la jouer père de famille sévère ? Elle sera donc la fille un peu trop farouche. Elle l’amuse Eden, elle l’amuse puis elle fait naître un doux sourire sur ses lèvres, parce qu’il est heureux Landon, heureux de voir qu’elle ne le laisse pas tout seul dans sa petite mise en scène à deux balles, qu’elle se laisse entraîner dans la curieuse valse dont il vient d’esquisser les premiers pas, car rien n’est pire que de voir que l’on ne vous suit pas dans votre délire, que l’on vous laisse seul avec votre pitoyable jeu d’acteur. Le rictus en coin qui se peint sur ses lèvres et les doigts qui se posent sur le menton, lui donnant l’air d’être en proie à une réflexion ardue. Et c’est la vérité, il se creuse la tête Landon pour trouver quoi répondre, penser à une alternative qui ne retombera pas à plat, qui ne semblera pas ridicule face à la poussée d’audace de son hôtesse.
- Ce qui va se passer si tu ne te plies pas à ta punition ? T’as du toupet de demander ça, Eden…
Il répète sa question l’adolescent, tente de gagner du temps tandis que son cerveau fatigué livre bataille avec les interrogations de son amie.
- Eh bien, tu vas connaître bien pire que de devoir te tenir sagement dans le coin de la pièce. Du style, j’pourrais te servir la désormais célèbre attaque de guilis de Landon James, et fais-moi confiance, tu préfères ne pas y goûter.
Sourcil qu’il hausse, tête qu’il hoche doucement, l’expression la plus convaincante possible qui se peint sur ses traits. L’expression qui inspire la confiance, l’expression du bon pote qui conseille au mieux la demoiselle, l’expression qui lui souffle de ne pas le mettre au défi plus longtemps, tout pour tenter de contrebalancer l’aspect risible de sa menace, pour tenter de redonner un peu de crédit à ce qui n’est finalement qu’un châtiment puéril.
Puis il enchaîne Landon, embraye sur une menace un poil plus efficace, celle d’aller voir ses parents comme la balance qu’il n’est pas, qu’il n’a jamais été, qu’il ne sera jamais. Ce n’est simplement pas dans ses valeurs d’aller cafter, il n’a pas été élevé comme ça le garçon. Et pourtant, pourtant il fait semblant, pourtant il fait mine de se relever, semble prêt à courir dire toute la vérité aux parents Howard. Menace qu’il ne comptait pas mettre à exécution, tentative de se lever du lit de toutes manières avortée par la jeune fille, par ses doigts fins qu’il sent s’agripper à son poignet, petite main qui le retient comme si c’était une question de vie ou de mort. Regard qui se porte sur la demoiselle au rire cristallin, doux rictus qui se dessine sur ses lippes. Elle est belle Eden, elle est belle avec le sourire réservé au bord des lèvres et les cheveux épars sur la couette, l’air un peu sauvage, indomptable qu’elle lui semble alors la gamine. Il se rassoit Landon, reprend sa place sur le lit, à côté de la demoiselle étendue sur le matelas, fronce les sourcils avec une inquiétude feinte face à son mensonge. Elle ment mal la petite blonde, au moins aussi mal que lui, nul doute qu’ils auraient depuis longtemps eu droit à des lancers de tomates s’ils s’étaient trouvés sur une scène à jouer leur terrible performance.
- Vraiment ? C’est grave ce que tu me dis là Eden, j’peux te fournir le numéro de personnes qui peuvent t’aider si tu es une enfant battue, tu le sais ça ?
Et la main libre qui vient se poser sur le bras mince dans un geste réconfortant, l’éternelle lueur dans son regard qui ne parvient pas à dissimuler le fait qu’il plaisante, qu’il raconte des bêtises, comme de coutume, et les doigts chauds toujours enroulés autour de son poignet, la promesse de lui rendre sa liberté s’il jure de garder son secret, promesse qui sonne plus comme une menace à ses yeux. Parce que la vérité c’est qu’il tient pas particulièrement à ce qu’elle le lâche Eden, il l’aime bien ce contact, les doigts fins contre la petite parcelle de peau que dévoile son sweat, surtout lorsqu’elle se rapproche de lui, doux visage à portée de vue. Mais il peut pas lui dire ça, il peut pas lui dire qu’il serait prêt à faire planer le mystère indéfiniment, à la laisser mariner dans le doute jusqu’à la fin des temps lorsqu’il sait pertinemment que jamais il ne dévoilera son secret, que jamais il ne ferait quoi que ce soit qui puisse lui attirer des ennuis à la gamine, qu’il serait prêt à ça juste pour avoir le droit de sentir sa peau contre la sienne un peu plus longtemps. Il peut pas lui dire ça parce que c’est pas la nature de leur relation, leur relation elle est belle, elle est pure, Eden c’est son amie, la petite sœur de l’un de ses meilleurs potes, et ce serait bien dommage de foutre en l’air ce fragile équilibre par quelques paroles un peu trop sincères.
- T’inquiète, p’tite tête. J’emporterais ton secret dans la tombe.
Et les doigts qu’il sent se détacher de son poignet, marché respecté, il savait bien en prononçant ces paroles qu’il perdrait le privilège de sa peau contre la sienne. Mais déjà ils passent à autre chose les grands enfants, ils sont comme ça tous les deux, jouant sans cesse avec les limites imposées par la nature de leur relation, ayant des gestes, des mots qui pourraient sembler ambigus d’un regard extérieur, qui sont pour eux naturels, dont ils ont pris la douce habitude. Joue qui vient s’appuyer contre sa main, il détaille avec attention la petite blonde, curieuse d’entendre quelle réponse elle aura à apporter à une question qu’il pose de manière détachée, presque moqueuse, lorsque ce qu’elle aura à dire aura bien plus d’importance pour lui qu’il veut bien le montrer.
Elle hésite la gamine, semble chercher ses mots, et chaque seconde du silence qu’elle fait durer ne fait que le presser un peu plus de connaître sa réponse. Paroles enfin libérées loin de ses lèvres, rictus qu’elles suscitent sur ses lippes à lui. Le sourire un peu fier, limite goguenard qui s’étire à mesure que sont prononcés les mots, que sont divulguées les syllabes en sa faveur. Lorsqu’elle lui dit qu’il est le garçon qu’elle aime le mieux parmi les amis de Baedrian. Qu’elle compte sur lui. Que c’est un privilège de s’octroyer une place dans son estime, et qu’il y est parvenu. Ultime phrase qui déclenche quelque chose en lui, fait vaguement osciller son rictus, sourire qui se fait sincèrement touché durant quelques secondes, quelques secondes avant que le lycéen ne se ressaisisse, adopte de nouveau le rictus savamment travaillé, ce rictus à mi-chemin entre fierté et malice, celui du garçon qui sait que la balle est dans son camp, qui se trouve en légère position de supériorité de par les paroles de la demoiselle. Sourcil qui se hausse, prunelles d’azur toujours fermement rivées dans les siennes.
- Vraiment, tu me considères comme quelqu’un sur lequel tu peux compter ? Va falloir que je fasse attention alors, histoire de rien faire qui puisse trahir ta confiance…
Il aime mieux revenir sur ces paroles Landon, plutôt que de s’attarder sur la place qu’il aurait gagnée dans son estime, c’est moins risqué, il veut pas s’aventurer en terrain glissant. Il lui dira pas que la réciproque est vraie, qu’il l’estime lui aussi bien plus qu’il le devrait vis-à-vis d’une gamine rencontrée il y a quelques mois à peine. Il lui dira pas que ça illumine ses journées un peu trop mornes de la croiser au détour d’un couloir, et que s’ils se rencontrent si souvent aux alentours des salles de classe d’Eden, ce n’est pas le fruit du hasard, pas toujours en tout cas, c’est qu’il sait maintenant dans quel couloir se rendre, à quelle heure, pour espérer lui parler trente secondes. Il lui dira pas qu’elle est adorable de jour comme de nuit, que ce soit dans les couloirs du lycée ou dans cette chambre à la lumière tamisée, maquillée ou pas, bien coiffée ou pas, il lui dira pas qu’elle prend un peu trop de place dans son esprit depuis qu’il la vue pour la première fois passer devant son casier, que ça fait quelque temps qu’elle prend un peu trop de place ailleurs aussi, un peu plus au Sud dans son corps. Il lui dira pas tout ça Landon, il sait être honnête le garçon, mais il est également passé maître au Roi du silence lorsque le besoin s’en fait ressentir. Elle change de sujet Eden, dérive sur la chimie, sur les passionnants éléments et autres béchers, lui arrache un sourire à coup d’ironie, jeune homme soulagé de voir qu’ils partagent le même désintérêt pour cette matière de torture.
- Ouais, un vrai régal… À tel point que ça a été un crève-cœur pour moi d’abandonner les cahiers pour aller regarder la télé avec vous.
Et le ton qui se fait ironique, ironie partagée, ils en usent et en abusent bien trop souvent les deux lycéens, et la demoiselle qui l’invite à clore le sujet « chimie », à passer à autre chose, aveu discret qu’elle aime l’entendre parler. Mais il sait pas trop quoi en penser Landon, il sait pas si c’est sincère ou si c’est juste par politesse qu’elle a dit cela, si ce n’est qu’une formule toute faite qui ne signifiait rien. Et de toute manière elle change déjà de sujet la gamine, manifestement pressée de cesser de parler devoirs, mentionne cette fameuse tarte qui leur a été servie au dessert, garçon qui la complimente naïvement, sans se douter un seul instant qu’elle lui raconte des craques la petite blonde, il y croit à son mensonge, il lui fait un peu trop confiance Landon. Sourire amusé qui se peint sur ses lèvres lorsqu’elle dit l’avoir préparée pour un futur époux fantasmé, images qui s’imposent spontanément à son esprit, images de ces Disney de princesses que sa mère les faisait regarder, son frère et lui, pour élargir leur esprit, ou un truc du genre. Il aimait pas particulièrement ça Landon, lui il préférait les histoires avec les animaux, mais là c’est une image de Blanche-Neige occupée à virevolter dans la petite cuisine des sept nains qui s’impose à son esprit, brunette qui fait la cuisine en chantonnant, entourée de ses amis les animaux. Ça le fait rire Landon, c’est plus fort que lui, l’éclat fuse tout seul lorsqu’il s’imagine une adorable Eden dans pareil décor. Elle a beau avoir un physique de poupée la petite blonde, ça colle pas des masses avec elle cette image, même si, à défaut d’avoir les cheveux noir d’ébène et les lèvres sanguines de l’héroïne du conte, elle en a le teint glacé.
- Ton futur tendre époux, hein ? Ben c’est un homme chanceux, si tu cuisines aussi bien tout le reste…
Et le doux sourire qui se perd sur ses lèvres, le sourire de l’adolescent naïf qui la croit, qui s’imagine réellement que, contrairement à ce qu’aurait pu laisser suspecter sa personnalité, la gamine est déjà une véritable fée du logis. Regard qui se perd dans la chambre, qui s’arrête sur l’appareil photo, question qui fuse spontanément d’entre ses lippes. Garçon qui se laisse bien vite détourner de la réponse pourtant intéressante de la demoiselle, garçon faible, aisément distrait par la beauté de ses traits, la parfaite imperfection de ce visage de poupée. Il l’écoute, tout de même, d’une oreille seulement mais il l’écoute bel et bien, retient vaguement qu’elle a commencé la photo il y a peu, puis elle dit quelque chose sur le football ? Il cligne des yeux Landon, revient à lui pour enfin prêter une totale attention à ses paroles, cesser de se perdre dans les galaxies qui se dessinent dans ses yeux. Elle lui parle de sa grand-mère, première fois qu’elle mentionne la vieille dame, et lui il l’écoute en silence, doux sourire qui se peint sur ses lèvres lorsqu’elle mentionne cet héritage, cette passion transmise de grand-mère à petite-fille. C’est mignon, et lui il imagine Eden parler avec une grand-mère fictive, une grand-mère que son esprit fomente de toutes pièces, et pour cause, jamais il ne l’a rencontrée. Il se les figure en train d’échanger sur la photographie, il imagine l’aïeule expliquer à sa petite-fille comment prendre de belles photos, lui donner ses astuces, lui apprendre à adopter une position optimale pour cela, lui montrer ses vieux appareils et les clichés qu’elle prenait avec, papier glacé terni par le temps.
- C’est sympa ça ! Une passion qui se transmet de génération en génération… Tu penses suivre ses pas du coup ? Bosser dans un journal comme elle, prendre des photos pour eux, ce genre de choses ?
Soudain, il repense à ce film qu’il a vu l’année dernière, un film qui racontait les aventures d’un reporter, un photographe qui travaillait pour l’un des journaux les plus prestigieux du pays, et il s’empresse d’ajouter :
- Ça peut déboucher sur des super carrières ça en plus ! Tu commences par bosser pour un journal local, puis si tu te débrouilles bien t’es promue, on te propose d’être photographe pour des magazines beaucoup plus importants, Life, ce genre de choses… Puis du coup tu peux faire des voyages dingues juste pour prendre les clichés parfaits pour illustrer un article… Ça doit être vachement chouette !
Ça lui donnerait presque envie au garçon, si seulement il savait manier l’appareil, si seulement il trouvait un quelconque intérêt dans le fait de capturer tout ce qui l’entoure. C’est simplement pas son truc, la photo, l’art, plus généralement… Y a bien que le cinéma qui l’intéresse, le reste c’est du chinois pour lui. Mais une passion ça se respecte, et lui il s’intéresse à Eden, à ce qu’elle aime, il s’y intéresse sincèrement, se creuse la tête pour tenter de l’aider dans cette voie qui semble tant l’intéresser, désireux d’apprendre à mieux la connaître.
Et la conversation qui dérive, suivant tout naturellement son cours vers de nouvelles voies. La famille. C’est lui qui, très bêtement, l’a dirigée sur ce sujet-là. Il s’en mord les doigts sitôt a-t-il commencé à en parler, parce que lui ça le plonge dans ses pensées, et tout se mêle dans son cerveau. Des images de lui, encore petit, si petit qu’il venait à peine d’apprendre à lire, en train de déjà se faire engueuler par son géniteur car il n’avait pas joué assez bien à son goût. Des paroles qui raisonnent dans son cortex, sévères palabres, trop dures, absolument pas méritées, pas si jeune, pas lorsqu’il est déjà le meilleur de son équipe. La rancœur, la colère trop longtemps contenue. La haine. Le sentiment de ne jamais être assez bon, peu importe combien il pourra faire d’efforts. Iris qui se détournent d’Eden, garçon incapable de soutenir son regard tandis qu’il s’égare, lui parle de sa famille à elle, lui fait comprendre combien ça le fait rêver tout ça. Une famille dans laquelle il n’y a pas de bête noire, où il n’existe pas de père que plus personne ne supporte.
Et puis elle lui répond la gamine, lui fait comprendre que la bête noire de la famille, ce n’est nul autre qu’elle. Enfin, de son point de vue, tout du moins. Ça le fait froncer les sourcils Landon, ça éveille son intérêt et il s’autorise enfin à la regarder de nouveau, tourne la tête vers elle. Sans comprendre. Elle ne semble pas s’aimer beaucoup la petite blonde, et lui ça lui échappe, il ne saisit pas pourquoi elle a une telle estime d’elle-même. Au point de penser qu’elle est le pire membre de sa famille, que ses parents et ses frères sont bien malchanceux de la compter parmi les leurs. Alors il hausse les épaules, la regarde droit dans les yeux, ouvre la bouche.
- Ouais, t’es peut-être pas la plus sage, bon. Et alors ? Ça n’enlève rien à ta valeur, Eden. Tu vois, moi j’suis p’t-être pas ton frère ou quoi que ce soit, j’partage p’t-être pas ton sang ni rien, mais j’suis heureux de te connaître. Je m’estime drôlement chanceux d’avoir fait ta connaissance tu vois, et de pouvoir continuer à te voir, apprendre à te connaître peu à peu. Et j’suis ni dans la tête de tes parents ni dans celle de tes frères hein, mais j’suis sûr qu’ils ressentent la même chose que toi, qu’ils t’échangeraient contre une autre fille, une autre sœur pour rien au monde, tu vois ? De la même manière que je t’échangerais pour rien au monde contre une autre fille du lycée.
Il pince un peu les lèvres Landon, vaguement gêné de s’être montré si sincère, détourne les yeux une fraction de seconde avant de les replonger dans les siens. Il aime pas être honnête Landon, pas sur ce genre de choses. Ouvrir son cœur c’est pas pour lui, il a jamais été du genre à faire des grandes déclarations. Seulement, ça le tue qu’une fille comme elle, aussi drôle, intelligente et mignonne, une fille qui a bon fond derrière son armure de gamine chiante, il le sait, ça le tue qu’une fille comme elle pense ça d’elle-même. Il le refuse. Alors il pouvait pas rester silencieux, la laisser campée dans ces sales idées sans au moins tenter de la convaincre du contraire. La convaincre de la vérité.
Silhouette qu’il sent se faufiler à ses côtés, jeune fille qui se retrouve proche tout d’un coup, bien proche. Y a le sourire qui se glisse sur son visage lorsque leurs regards se croisent, quelques dizaines de centimètres entre eux deux, entre leurs visages, et le sourire qui s’empresse de se faire la malle à l’entente de sa question. Et, sans y prendre garde, le garçon se mure dans son mutisme. Il ne le fait même pas exprès, c’est bien le pire. Seulement, elle ne fait pas que lui demander s’il a un frère. Sa question implique bien plus, et si la demoiselle n’en est pas consciente, lui il le sait pertinemment. Il sait que s’il commence à parler de son frère, il dérivera à un moment ou l’autre sur leur père. Sur son comportement pitoyable avec les deux garçons, sur le fait qu’il s’est toujours donné comme mission de préserver son cadet de la pression paternelle, parce qu’il est pas aussi fort que lui Ethan, c’est du moins l’impression qu’il a toujours eue. Il est fragile le garçonnet.
Et la deuxième question qui fuse avant même qu’il ait eu le temps de trouver quoi répondre à la première, les doigts qu’il sent pincer la peau de ses côtes, le regard qu’il relève vers elle. Perdu. C’est ce dont il a l’air lorsque les opalescences masculines croisent celles, rieuses, de la jeune fille. Perdu, brusquement tiré de ses pensées, toujours indécis et pressé par les menaces de la gamine, et avant qu’il puisse esquisser le moindre geste, prononcer le moindre mot, y a les petites mains pâles qui viennent agacer son corps de toute part, chatouiller sans pitié son torse à travers le coton du sweatshirt. Il résiste pas longtemps Landon, il les craint ces saloperies de chatouilles, depuis toujours, véritable talon d’Achille pour le footballeur amateur, et bien vite y a le sourire qui étire les lippes, les éclats de rire presque enfantins qui fusent tandis qu’il se laisse tomber sur les oreillers. Les chatouilles, c’est bien le seul moyen dont dispose Eden pour le mettre à terre. Et elle y parvient à merveille.
Tête qui repose contre les oreillers moelleux, adolescent qui reprend peu à peu son souffle, l’ombre d’un sourire valsant toujours sur ses lippes. Elle lui a fait la misère la gamine, petite blonde sans pitié qui lui aurait presque fait manquer définitivement de souffle. Fatalement. Elle lui a volé sa menace de punition, Eden. Elle la lui a volée, et il se jure de se venger pour cela. Quand, comment ? Il ne le sait pas trop encore, mais il trouvera bien assez tôt.
- Violente ? Tu me laisses présager le pire, bébé Eden…
Elle va lui en vouloir pour ce surnom, elle va lui en vouloir de recycler un sobriquet trop souvent employé par ses grands frères. Et il le sait, il le sait très bien, et c’est sans surprise qu’il la voit faire un geste vers lui, qu’il la sent prête à reprendre le martyre alors même qu’il vient à peine de retrouver un rythme cardiaque relativement régulier. Mains qu’il lève en un geste innocent, comme s’il se rendait, paroles qu’il s’empresse de prononcer.
- Non non, ça va, je plaisantais oh ! J’ai eu ma dose pour ce soir, ça suffira…
Et le visage soudain plus sérieux d’Eden penché sur lui, les paroles qui l’invitent à ne pas oublier, ne pas éluder la question qu’elle lui a posée un peu plus tôt, à ne pas passer à autre chose par un habile changement de sujet. Alors il soupire Landon, se redresse un peu sur un coude et dirige son autre bras dans sa direction, pointe son index sous son nez.
- Okay. Mais il faut que tu me jures que pas un mot ne sortira de cette chambre. Sous aucun prétexte. Lève la main droite et jure, Eden.
Et le regard qui se fait pressant soudainement, presque désespéré qu’elle s’exécute. Il faut qu’elle promette. Il faut qu’elle promette, sans quoi il sera bien incapable de prononcer le moindre mot. Parce qu’il a du mal à se fier pleinement à l’autre Landon, sa confiance il la divulgue au compte-gouttes seulement, et il n’est de sujet plus dur à lui faire aborder que sa famille. Alors elle doit promettre, la petite Eden. Requête accordée, garçon qui prend donc la parole sans trop savoir où il s’aventure exactement, garçon qui fait quand même attention à ne pas faire n’importe quoi, ne pas s’éloigner des sentiers battus, ne pas trop parler.
- Donc pour répondre à ta question, oui, j’ai un petit frère. Il s’appelle Ethan, il a douze ans, et paraît qu’on se ressemble beaucoup. Mais c’est seulement physique. Parce que… J’sais pas, j’ai l’impression qu’il est… fragile, un peu. Vulnérable. Plus que je l’ai jamais été. Puis notre père, c’est lui qui nous a fait faire du sport à tous les deux, et moi ça va, j’ai adoré ça pendant tout un temps. Mais Ethan… Nan, j’ai pas l’impression qu’il y trouve l’intérêt que j’y ai toujours trouvé. Cette… flamme, ce truc qui fait que ça prend, que la magie opère. Ça a pas pris pour lui.
Il secoue doucement la tête, se risque à croiser le regard d’Eden, se mord un peu la lèvre inférieure. Juste pour s’assurer de se taire, de ne pas en dire plus. Parce qu’il est pas loin Landon, il est à quelques millimètres seulement de basculer, de trop en dire, d’ouvrir le dossier « père James ». Et il n’en a pas envie. Il veut pas qu’elle sache tout ça Eden, que son père lui cause de sérieux soucis de confiance en lui, qu’il aime plus tant le foot qu’avant, qu’il a même envie de tout plaquer parfois. Il veut pas briser l’image rutilante de perfection qu’il s’efforce de bâtir au quotidien, il aimerait pas qu’elle soit déçue en découvrant ses failles. Alors il hausse les sourcils, lui demande soudainement, changeant de sujet de manière fort peu subtile :
- Et toi alors, dis-moi… Tu me parlais de ta grand-mère tout à l’heure, et c’est p’t-être moi qui me fais des idées hein, mais j’ai l’impression que vous êtes quand même assez proches toutes les deux ? C’est ta grand-mère du côté maternel ou paternel ?
Il la regarde sans ciller, un peu soucieux pour lui-même, craignant qu’elle ne se laisse pas duper, qu’elle le ramène sur le sujet de sa famille à lui. Alors il commence déjà à réfléchir à une seconde diversion au cas où elle ne le laisserait pas changer de sujet si facilement, se décide pour la photo, parce que tout ce que cette soirée lui apprend, c’est qu’il ne la connaît finalement pas tant que ça la petite blonde. Et il veut y remédier. Elle l’intéresse cette gamine, plus qu’elle ne le devrait, plus qu’il ne le voudrait, et il aimerait, un jour tout savoir d’elle. La connaître mieux qu’il se connaît lui-même.
- Tu me les montreras tes photos, un jour ? Ça m’intéresserait de voir ce que tu fais.
Et le doux sourire qu’il lui adresse, toujours à moitié vautré sur le lit, seulement redressé sur l’un de ses coudes, garçon épuisé prêt à veiller jusqu’à tant qu’elle voudra bien lui parler.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Dim 6 Aoû - 20:03
'cause you mean everything
Eden & Landon
Déjà ? Qu’elle aimerait susurrer, presque indigné lorsque Landon lui promet de ne pas aller la balancer auprès de ses parents, qu’il lui jure qu’il gardera son secret jusqu’à la mort. Si rapidement il rend les armes ? C’est dommage. Car elle est bien là Eden, avec sa main autour de son poignet mais la voilà mise au pied du mur. Trop rapidement à son gout. Obligé de détacher sa petite poigne de la sienne, elle le lâche, avec regret. Elle le laisse récupérer sa main, et sourit comme si de rien était. Car elle le sait, elle sait qu’après ça, il y aura bien l’un des deux qui viendra chercher le contact. Surement elle, même. Très certainement. Car elle n’est pas raisonnable, qu’elle se limite jamais à ce qu’elle a déjà pu obtenir, ce qu’elle a déjà pu faire.
Palabres lâchées, timidité légendaire qui vient s’afficher sur ses traits. Elle a les joues qui en disent long la blonde. Elle a la lèvre qui vient se faire triturer par ses dents de l’avant. Elle n’ose presque plus lever les yeux vers son interlocuteur, mais elle s’y force histoire de ne pas avoir l’air d’une fille bien trop intimidé d’avoir simplement dévoilé qu’il était sa préférence dans l’entourage très divers et varié de Bae. Alors, il y a les prunelles qui se croisent rapidement entre deux battements de cil, le sourire satisfait de son interlocuteur qui fait glisser des papillons au creux de son abdomen. Puis il y a ses paroles, ce besoin de confirmer ce qu’elle vient de dire, qui enfoncent un peu plus encore ce sentiment d’avoir le cœur au bord des lèvres, d’avoir le palpitant prêt à exploser si il continue dans cette pente glissante, avec ce sourire qui provoque des ravages imminent. Alors elle hoche la tête, doucement pour lui dire sans un mot que oui, elle lui fait un peu confiance. Peut-être que si un jour dans le besoin, il sera dans la liste des personnes auxquelles elle pensera pour la sortir d’une galère. Et le pire, c’est qu’elle ne sait même pas pourquoi, ni comment elle en est venue à cette déduction, mais elle le sent bizarrement. Bien qu’elle ne puisse pas être sûr à 100 % sur la fiabilité du garçon, elle prend le risque avec Landon de le faire. De se dire qu’il peut être bénéfique pour elle de l’avoir lui. D’avoir une personne de confiance différente de celles qu’elle a depuis sa naissance.
Elle sait bien la jeune fille qu’on ne peut avoir une confiance aveugle qu’envers les membres de sa famille, le cercle très proche que forment les parents, les frères et sœurs ainsi qu’à la limite les grands parents. Mais elle s’y essaie. En le regardant dans les yeux, elle se répète, parait certaine qu’elle puisse avec le temps, lui dévoiler des choses qu’elle ne pourra jamais dire à ses proches. Il est un avis extérieur, il a l’air sincère le footballer. Et tant pis si ça fini mal, tant pis si elle finit par se dire qu’elle avait accordé pour rien sa confiance à ce garçon. Car il faut bien le faire un jour ou l’autre. C’est nanny qui lui rabâche de s’ouvrir aux autres.
Prunelles bleutées qui font un grand cercle, un looping vers le plafond de la pièce avant de se reposer en souriant vers son invité. Ironie qu’elle perçoit dans ses paroles, bien évidemment. Et bien évidemment, elle ne se permettra pas de remettre la sincérité du garçon en question. Elle va faire comme si elle y croyait. Dur comme fer. Ah oui, oui. Bien sûr que c’est plus intéressant de faire de la chimie plutôt que de regarder un film avec son meilleur ami et sa famille. C’est tellement eux d’être toujours dans le sarcasme, la moquerie. Alors, elle fait le moue, ferme les paupières et affirme par des hochements de la tête qu’il a bien raison, être un élève studieux c’est le scénario hein. Elle imagine bien que Landon est le meilleur élève de sa classe, l’élève le plus à l’écoute et le plus assidue. « J’espère bien que c’est mon frère le cancre qui t’as sorti des cahiers …. Désolé mais je ne parle qu’avec l’élite parfaite des élèves de Savannah donc j’attends bien évidement de ta part que tu sois tout autant irréprochable. » Elle prend des airs de grande dame Eden, grande dame qu’elle n’est pas. Perfection et critère de la société qu’elle n’atteindra certainement jamais mais qui ne la font pas rêver, pas même un peu. Tout comme lui elle se montre railleuse la gamine et elle rit, rit en se rendant compte du ton qu’elle vient de prendre pour sortir cette phrase trop péteuse, trop surfaite pour la petite demoiselle qu’elle est encore.
Sujet scolaire qu’ils éviteront dorénavant avec soin. Lui ayant déjà accordé beaucoup trop d’importance. Ils s’en foutent de la chimie, complètement. Même un peu trop malheureusement. Au grand dam des professeurs qu’ils ont quelques heures par semaines. Ces malheureux enseignants qui s’évertuent à leur apprendre de nouvelle chose et dont la moitié des informations se perdent, s’envolent. Mais ils s’en foutent ces sales gosses. Eux, ils ne sont pas faits pour les grandes études, pas faits pour rester plantés sur les bancs de l’école à juste écouter leurs aînées. Eux, ils ont chacun leur passion dans le ventre, du moins Eden l’a, c’est sûr. Elle sait qu’elle n’arrivera certainement jamais à intégrer une université car c’est pas ce qu’elle souhaite dans le fond. Elle, elle veut apprendre à faire des bêtes de photos, elle veut s’améliorer au maximum et vivre de cette passion qui la dévore depuis un an. C’est la pratique qui amène à l’évolution dans ce milieu-là avec peut-être un fond de connaissance, de théorie mais c’est une proposition à étudier. Elle verra, elle a encore deux années avant de devoir réellement y pensée. Eden, ce qu’elle ne veut surtout pas c’est du petit chemin réducteur dans lequel sa mère la baigne depuis l’enfance. Le propre schéma de son existence : être une bonne élève ; rencontrer un charmant jeune homme très intelligent et de bonne famille ; obtenir ses multiples diplômes ; se marier et acheter une grande maison. Elle sait que ce genre d’existence c’est pas son rêve absolu, peut-être plus tard. Quand elle aura atteint un âge mure mais là, dans l’immédiat c’est pas ce qui la fait rêver. Alors parler de futur époux, de préparer le diner ça la fait marrer, plus que de raison en sachant ce qu’elle a réellement dans le crâne, en sachant qu’elle ne sera jamais réduite à la petite ménagère parfaite. « Tu vas devenir mon testeur de petits plats, histoire que je me prépare pour celui qui me mettra la bague au doigt … » Elle s’amuse, encore et toujours. Incessante rengaine dans laquelle elle se complait. Elle rit aux éclats la blonde, car avec lui tout prend cette sublime légèreté qu’elle ne peut qu’apprécier. Elle s’amuse même des sujets qui lui valent des disputes et des reproches avec sa génitrice depuis que celle-ci, n’arrive à se mettre en tête que sa fille ne sera jamais son copié-collé.
Epaule qui se hausse légèrement, elle n’en sait rien la demoiselle. Elle ne sait pas si elle pourra suivre la même carrière que sa grand-mère. Elle aimerait bien dans l’absolu, car c’est quand même cool comme métier quand elle se réfère à ce que la doyenne de la famille Howard laisse entendre. Ça lui plait, beaucoup. Mais c’est plus compliqué que ça, faut savoir se démarquer et non pas recopier le travail des autres. Faut avoir sa propre patte dans le milieu, et elle ne l’a pas encore. Puis c’est une autre époque. C’est totalement différent. « Je sais pas si j’y arriverai, si je vais réussir à avoir une carrière aussi sympa que la sienne mais pourquoi pas ? Ça me tente plus que les autres choses qu’on étudie en classe ! » Elle l’avoue, enfin elle ose dire qu’elle n’aime vraiment pas l’école et ce qu’elle implique. Ne supporte pas les devoirs et les oraux qu’elle subit approximativement tous les deux jours maxi et à peine a-t-elle terminé de parler qu’il s’empresse de parler Landon, qu’il déballe un projet utopiste, une carrière splendide qui en ferait rêver plus d’un, qui la font rêver quand elle se penche un peu plus dans un monde parfait ; quand elle se permet de rêver puis y a la désillusion, la chute jusqu’à la réalité celle ou cette carrière est encore très éloignée. « Oui c’est vrai que dit comme ça, c’est super cool. Mais faut être vraiment bon, comme ma grand-mère devait l’être par le passé. Et, c’est un peu oppressant tu vois ? Enfin… J’me la fout toute seule la pression… » Voix qui diminue sur la fin de sa phrase, elle réfléchit la gamine, elle imagine sous ses yeux les plus beaux clichés que sa grand-mère avait pu faire durant sa carrière. Elle s’humecte les lèvres et reprend « Ma grand-mère m’a jamais rien dit, au contraire elle dit toujours que c’est beau ce que je prends en photo mais … J’suis pas satisfaite car je sais que c’est pas suffisant à coté de ce qu’elle faisait elle. Alors j’ai l’impression de toujours reculer… Genre d’avancer d’un pas dans ma façon de faire pour finalement en reculer de deux … Enfin bref, on verra bien hein ? » Tête qui se penche sensiblement sur le côté, sourire sincère qu’elle lui adresse mais qui coupe un peu cette conversation qui l’effraie. Car finalement, si elle ne veut pas faire de longues études mais qu’elle n’est pas assez bonne pour vivre de sa passion… Elle va faire quoi Eden ? Elle n’en sait rien, et ça fait peur.
Estime de soi proche de zéro, elle se sent différente dans cette famille un peu parfaite Eden. Elle a du mal à se faire une place, elle se sent à l’écart car elle ne sera jamais aussi intelligente que Baedrian, elle n’aura jamais le charisme de Nathaniel, elle n’aura jamais la classe de sa mère et encore moins le calme olympien de son père. Elle, c’est un putain de cocktail molotov, une sauvageonne des temps moderne. Elle ne se mêle pas à la foule Eden, elle hait ça. Elle n’est pas calme, loin de là. Puis, elle a du mal à se concentrer sur quelque chose et encore plus lorsque l’objet qui demande un minimum d’effort sont ses devoirs. Et le clou du spectacle, la hantise de sa mère : Avoir une petite fille qui ne traînent pas avec les autres petites filles de sa classe. Un fléau, un échec pour cette femme qui ne rêvait que d’organiser une sublimissime journée d’anniversaire avec des ballons roses, des peluches en forme de licorne et faire porter des couronnes de fleurs à chacune des petites filles présente. Non, elle avait eu droit à quoi ? Une petite fille qui ne s’amusait qu’avec des garçons, une petite fille attirée que par le rouge et le bleu, et pas du tout par les robes. Au final, sa petite Eden qui devait lui offrir paradis et douceur s’était avéré être une petite fille casse-cou, comme si elle avait eu encore pour la troisième fois un petit garçon. Sacrée malédiction.
Et il y a la voix de Landon qui se fait entendre dans la pièce, la voix presque dur d’un jeune homme qui essaie de faire rentrer des bonnes pensées, des bonnes paroles dans la petite tête de sa voisine. Elle sourit, petit à petit en l’entendant parler. Elle ne le coupe pas, certainement pas. Elle serait folle de le faire alors qu’il est en train de lui dire qu’elle est géniale, qu’il est content de la connaitre. Elle baisse la tête lorsqu’il présume que sa famille entière ne l’échangerait pour aucune fille au monde. Elle se demande si c’est vrai ? Si ils en avaient l’occasion pourraient-ils le faire ? ça fait de la peine d’imaginer qu’ils puissent y songer si ils en avaient la chance mais c’est de courte durée. Car la suite de la phrase lui martèle le cœur, elle l’entend résonner jusque dans ses oreilles son palpitant qui ce soir n’en fait qu’à sa tête. Y a les iris qui vont se poser sur le garçon qui vient de parler, qui le sonde pour savoir si il dit la vérité ou si ce ne sont que des paroles en l’air. Des chimères qu’il jetterait en l’air pour simplement faire plaisir. Elle le guette, elle attend la moindre trace d’un mensonge mais rien, il détourne le visage gêné par cette dernière phrase. Comme si lui-même ne s’attendait pas à sortir ça. Elle se mord l’intérieur de la joue la belle, les secondes filent et elle a cette question qui lui trottent dans la tête. Elle est prise entre deux phares la gamine. Lui demander et passer pour une folle ou bien se taire et rester avec cette question débile en tête ? Elle s’y perd, elle s’emmêle la voix de la raison dans sa tête et ça sort, les mots se libère de sa gorge de façon naturelle. « Même pas contre la jolie brune à ta table tous les midis avec ses petites robes fleuris ? » Elle hausse les sourcils Eden, elle le regarde en faisant la moue prête à entendre que elle, par contre elle passe avant elle. Car il a l’air de bien la connaitre cette chanceuse. Surement depuis plus longtemps, en tout cas mieux qu’il ne peut pas la connaitre elle. Mais elle cherche la petite bête Eden.
Regard rivé sur l’ami de son aîné maintenant qu’elle est à ses côtés. Elle le voit perdu dans ses pensées, elle le voit presque tiraillé, les sourcils froncés et elle se demande ce qui peut bien trotter dans ce cerveau en ébullition subitement. C’est quoi dans sa question qui provoque ce mutisme ? Parler de sa famille lui est si compliqué ? Peut-être trop privé ? Elle voudrait savoir à quoi il pense, vraiment. Elle voudrait décoder son expression faciale pour savoir ce qu’il se passe. Elle donnerait cher pour obtenir le don de lire dans les pensées juste pour pouvoir l’apaiser. Car il a l’air d’en avoir besoin le jeune James. Il n’a pas l’air serein par le fait de parler de ceux qui compose son entourage et elle le laissera pas dans cet état, elle se le jure qu’elle arrivera à obtenir des réponses, des palabres. Car elle est comme ça, elle ne le laissera pas s’en fuir avec son sac de problème sous le bras.
Doigts fins qu’elle laisse traîner contre le torse, sous les aisselles protégées par pull qu’il porte et dans le cou du garçon qu’elle a décidé d’attaquer. Elle ne s’attendait pas à le voir tant craintif le sportif, elle était allée au petit bonheur la chance, sans savoir qu’il était un grand chatouilleux. Elle le voit se tordre, se tortiller sous le derme de ses mains en tentant vainement de s’en échapper. Elle mord sa lèvre inférieur la gamine, elle essaie de ne pas trop faire de bruit. Chambre qu’elle voudrait insonore pendant qu’elle le chatouille la poupée. Elle aimerait avoir le plaisir de pour pouvoir entendre pleinement le rire de Landon fuser contre les quatre murs de son espace personnel. Mais non, il est minuit passé. Ils doivent retenir leurs éclats de rires pour ne pas se faire remarquer, ne pas se faire gronder alors elle s’arrête, elle le voit presque suffoquer et décide de lui laisser une chance. Elle le toise les yeux pleins de malice Eden pendant qu’il reprend son souffle le garçon. Elle se sent forte, imbattable maintenant qu’elle connait l’un de ses points faibles.
Bouche qui s’ouvre en grand, yeux qui s’écarquille comme deux énormes billes lorsqu’elle entend ce surnom ridicule sortir d’entre ses lippes. « Pardon ?? » Outrée. Voilà qu’il a déjà trop trainé avec ses frères le garçon, maintenant il utilise les surnoms que les deux autres imbéciles lui donnent. Alors, elle lève les mains, prête à l’attaquer hésitant entre les chatouilles ou enfoncer juste ses doigts dans ses cotes pour lui faire avec délicatesse un peu mal. Elle est presque vexée la demoiselle de l’entendre l’appeler ainsi. Tout le monde mais pas lui quoi. Pas ce surnom qui l’envoie direct dans la sisterzone et au moment fatidique, lorsque ses mains approche son corps il rend les armes en s’excusant lui disant qu’il a déjà assez souffert pour ce soir en termes de guili. « Ouais ouais c’est ça … » Elle boudine Eden, en silence mais elle garde dans un coin de sa tête qu’il la considère surement comme une petite sœur.
Elle le sent hésitant la jolie blonde. Elle voit dans son regard qu’il pèse le pour et le contre. N’a-t-il que si peu confiance en elle, lui porte-t-elle une confiance que lui-même ne lui accordera jamais ? Elle allait se dire que oui mais la petite voix se tait, juste à temps lorsqu’elle remarque le doigt qui se pointe sous son nez, elle louche dessus la petite. Elle regarde se doigt si près d’elle de manière étonnée et remonte lentement ses prunelles jusqu’à celle de celui qui lui demande de jurer sur l’honneur que rien ne sortira d’entre ses quatre murs. Sans l’ombre d’une hésitation elle la lève la main la belle. Elle porte sa main vers le plafond, la gauche contre son cœur et prononce dans un chuchotement « Je te jure Landon que rien sera répété … C’est entre nous deux ce qui va être dit » Elle ne rit plus la gamine, elle veut lui montrer qu’elle est de confiance, qu’il peut compter sur elle autant qu’elle comptera sur lui à l’avenir.
Attention complètement rivé sur le jeune homme maintenant qu’il a pris la parole. Elle hoche la tête Eden, au rythme de sa voix. Elle cligne des yeux par moment, lui faisant comprendre qu’elle l’écoute toujours autant. Avant qu’il ne commence elle avait trouvé judicieux d’aller s’allonger à sa droite, juste à côté de lui. Calant sa tête contre les coussins collé à la tête de lit. Elle s’était mise sur le flanc pour voir le visage de Landon, pour ne pas simplement l’écouter en ayant les yeux rivés vers le mur d’en face. Quand c’est sérieux comme ça, elle préfère voir la personne, voir les mimiques qu’elle aborde et les regards qu’elle peut lui porter. Ils sont à quelques centimètres à peine l’un de l’autre les adolescents pourtant aucun sentiment de gêne n’apparait. Pourtant, c’est la première fois qu’un garçon prend ses aises dans sa chambre, qu’un garçon est assis sur sa couchette et mais elle ne se sent pas intimidé par cette proximité, elle est complètement plongée dans ce qu’il lui raconte. Elle écoute chaque mot qui sort d’entre ses lèvres. Il est assez proche pour parler tout doucement, pour que personne n’entende ce qu’il raconte. Y’a les jambes qui se frottent, les genoux qui doucement se caresse à chaque mouvement que l’un ou l’autre fait sans s’en rendre réellement compte. Et au-delà de ce doux tableau qui se dessine, il y a la discussion. Beaucoup plus éloquente. Celle qui rend un peu triste la petite. Elle sent qu’il est touché Landon, elle sent que parler du caractère un peu fragile de son frère lui fait de la peine.
Morceau du puzzle Landon James qu’elle commence à reconstituer. Déjà, dans le casse-tête mille pièces elle peut ajouter un fragment : Ethan le petit frère, puis juste au-dessus elle rattache une mère et juste à côté un père qui pousse ses enfants dans une seule et unique passion : le sport. Bien, déjà elle a la base. Puis au fil des mots, elle sent une gêne dans les mots de Landon. Y’a un truc qui cloche quand il parle de sport et de son père en même temps. C’est pas de façon heureuse et encore moins lorsqu’il insinue qu’il adoré faire du sport fut un temps, car maintenant c’est du passé ? Même lui n’est plus tant que ça intéressé par la matière qui le fait briller au lycée ? Ça se bouscule dans la tête d’Eden, elle a l’impression que le père James finalement … ça serait un peu la … Dictature ? Pourquoi forçait un gamin de douze ans à faire du sport si on voit bien que ça ne l’intéresse carrément pas ? Mais elle ne peut guère y penser plus, à peine a-t-il terminé qu’il enchaîne le garçon. Il ne perd pas de temps pour l’entuber, la faire dévier de la conversation sur laquelle ils étaient. Mais elle le laisse faire, elle le laisse prendre le contrôle un petit instant pour mieux rebondir dès qu’elle pourra le faire. « C’est ma grand-mère du coté paternelle ouaip, on est vraiment proche. Cette maison c’était la sienne avec mon grand-père et elle a décidé de l’offrir à mes parents quand ma mère était enceinte de moi car il parait que notre anciens appart’ n’était pas assez grand pour trois enfants ! Mais elle passe souvent ici depuis, surtout depuis que mon papy est mort … ça doit lui rappeler des souvenirs je suppose. » Main quelle vient passer à la racine de ses cheveux qui commence à doucement s’emmêler à force de bouger dans tous les sens dans le lit, de s’amuser avec son acolyte pour la nuit. « Elle s’est aussi beaucoup occupé de nous, de moi en particulier pendant que mes parents travaillaient et à un moment Nathaniel et Bae étaient en pension du coup j’étais souvent seule qu’avec elle voilà… Tu sais la petite histoire ! » Elle s’apprête à ouvrir de nouveau la bouche la poupée, prête à lui poser la question qui murit depuis deux minutes dans sa tête mais il la coupe, de son air angélique et elle fronce les sourcils et le regarde d’un air presque sévère en l’écoutant lui demander si elle pourra un jour lui montrer ses photos. Elle se déride la demoiselle, elle baisse la tête sur les motifs à fleurs sur la couette et laisse ses doigts redessiner trait par trait les petites fleurs qui y sont imprimés. « Mmh… Je sais pas trop tu vois … C’est donnant/donnant… Tu peux pas que recevoir et rien donner Landon ça marche pas avec moi… » Y’a la lèvre inférieure qui vient se loger entre les dents, les cils qui se mettent à battre trop innocemment ; les doigts qui viennent à la rencontre de son bras, appuyer de façon grossière contre son biceps comme si de rien était. « Je vais te les montrer …. Mais… j’aimerai bien qu’en échange tu me dises si t’aimes réellement le football … ? Tout à l’heure t’as dit que ça t’amusait avant. Mais plus maintenant … ? Je vais pas te forcer à parler mais toi aussi comme ton petit frère t’es un peu forcé à en faire … ? » Elle parait incertaine Eden dans sa manière de parler. Elle a peur de mal s’y prendre, de le vexer. Elle a une légère boule d’angoisse qui s’installe au creux de son estomac en s’imaginant dire, avoir pensée n’importe quoi au sujet de son père.
Contact physique qu’elle rompt la première, elle se lève du lit la princesse lui laissant le temps de réfléchir à la question et à la réponse que peut-être mais pas assurément il lui donnera. En attendant, elle fouille sur son bureau. Regarde les clichés tour à tour qu’elle a pu imprimer et toise ceux qu’elle n’a pas honte de montrer. Elle a la stress la gamine, elle ne sait quoi choisir. Des photos de paysages ? Des fleurs ? Des gens ? Y’en a beaucoup de photo, trop même mais elle en pioche quelques-unes qui ne paraissent pas mal. Acceptable du moins. Ensuite, elle se dirige dans son armoire et récupère un énorme classeur à levier, rempli de rangement stamping ou sont rangés en une sorte de portfolio pas mal des photos qu’elle avait pu faire en un an.
Après un coup d’œil jeté à l’intérieur du classeur, elle se ramène hésitante sur le lit la diablesse. Elle s’assoit au bout de la couchette et pousse doucement ses photographies ainsi que son classeur d’un air timide vers le brun. Elle le voit attraper le tout, et de là où elle est, elle ne voit pas ce qu’il peut bien regarder et elle n’ose même pas s’approcher. Elle préfère ne pas voir à ses côtés ce qu’il peut bien observer, elle aurait l’œil bien trop critique, encore plus que d’habitude. Elle verrait chacun des défauts de chaque photo qu’elle avait pu prendre au cours de l’année. Elle le voit tourner les pages, silencieusement et elle se met à fixer les murs de sa chambre en attendant que le temps passe, qu’il en ait fini avec ça.
Joue qui s’empourpre, bouche qui s’entrouvre lorsque le capitaine de l’équipe de foot lui montre un cliché de lui sur le terrain, un sourire amusé sur le faciès. Merde, elle avait oublié ce genre de détail la poupée. Elle essaie de parler mais les mots s’enchainent dans sa tête, et sa cafouille elle balbutie à moitié pour se trouver une excuse. « S… Soit pas étonné de voir des photos des derniers matchs heeeein ! Croit pas je t’espionne mais c’est aussi une manière de m’entrainer à prendre des photos sur des gens en pleins mouvements !! » Photo qu’elle lui enlève des mains lorsqu’il se met à rire l’imbécile. Elle plisse les yeux et lui tire la langue. « Moi qui pensais que t’étais pas comme mes frères … Me voilà déçu t’es autant moqueur, tu seras désormais le troisième frère de substitution. » Bras qu’elle vient croiser sous sa poitrine et tête qu’elle bouge tel une parfaite boudeuse de gauche à droite. Elle se hait, follement d’avoir fait une erreur de débutante de la sorte.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Jeu 10 Aoû - 15:22
'cause you mean everything
Eden & Landon
Cruel manque de confiance en soi qui transparaît à travers les paroles de la gamine, doute propre à l’adolescence, il le sait bien, et qui pourtant le chagrine. En seize ans passés à fouler cette Terre, il n’a jamais rencontré de fille qui lui soit semblable. Il en a connu d’autres, des filles belles, d’autres gentilles, d’autres encore intelligentes ; mais jamais comme Eden. Jamais il n’a eu la chance de rencontrer un mélange si exquis de beauté, de douceur et d’agacement attachant, jamais il n’a croisé la route d’une demoiselle pareillement intéressante, avec laquelle il serait prêt à converser des heures durant, qu’il serait honoré d’écouter parler de tout et de rien jusqu’au lever du soleil. Jamais il n’a connu une jeune fille, plus généralement une personne, avec laquelle il ressent pareille connexion, l’impression qu’elle peut le comprendre, le sentiment d’avoir enfin trouvé quelqu’un avec qui évoluer dans cet univers si particulier qui est le sien.
Elle est fabuleuse cette petite blonde, surpasse tout ce qui lui a jusqu’alors été donné de connaître, et ça le rend malade de la voir douter d’elle ainsi, un peu plus à chaque mot prononcé, à chaque sentiment dévoilé. Puis elle lui révèle ne pas trouver grand intérêt aux cours qui leur sont dispensés au lycée, aversion pour l’éducation scolaire que partage le garçon, garçon qui se voit stupidement ravi de voir se dessiner un nouveau point commun avec la demoiselle.
- Franchement… On est à un âge où on peut se permettre de rêver, où on a encore toute sa vie devant soi. Rien n’est encore joué, alors pourquoi se mettre d’office des barrières en se disant qu’on échouera forcément ?
Sans s’en rendre compte, il ressort les beaux discours de son père, ou tout du moins les grandes idées qu’il lui a inculquées. L’encouragement à se dépasser, à se donner les moyens de sa réussite tant que tout est encore possible, que le potentiel demeure à son point culminant. Pour autant, il le suit pas sur toute la ligne, son père. Loin de là.
- Puis, la pression…, qu’il poursuit, se mordant la lèvre avec quelque nervosité. C’est pas si bon qu’on le dit. Alors ouais, ça pousse à envoyer valser ses propres limites, c’est génial vu comme ça, mais si on en subit trop, ça peut être pire que contre-productif… Donc voilà, c’est bien que tu t’en mettes un peu, ça t’évite de trop te reposer sur tes lauriers et de laisser ton rêve te glisser entre les doigts… Mais j’peux que te conseiller de faire gaffe. Si t’es trop dure avec toi-même tu risques d’asphyxier la passion qui t’habite, et ce serait dommage ; j’suis sûr que t’as vachement de potentiel, ce serait un beau gâchis. Je sais que ça peut sembler un peu risible que je te dise ça sans avoir vu une seule de tes photos, parce que je parle sans trop savoir de quoi t’es réellement capable… Mais j’commence à te connaître Eden, j’sais que t’es une fille pleine de ressources. Et tel que tu parles de la photo… J’sais pas, ça a vraiment l’air d’être une vraie passion pour toi. Y a pas moyen que tu sois mauvaise en la matière.
Et il dira pas le contraire Landon, c’est sûr, s’il est un sujet qu’il maîtrise sur le bout des doigts c’est bien la pression. La pression que nous inflige autrui, celle qu’on s’inflige tout seul comme un grand, qu’importe. L’une comme l’autre peut faire tout autant de dégâts lorsqu’on en abuse, et il veut pas voir Eden se laisser bouffer par la pression comme il l’a lui-même été. Il veut pas la voir se désintéresser d’une passion qui semble l’enthousiasmer à un tel point, comme c’est malheureusement le cas pour lui, avec le football.
Et la demoiselle qui recommence à parler, lui expliquant combien elle a l’impression de régresser alors même qu’elle fait tout pour progresser. Demoiselle qui s’empresse de mettre un terme à cette conversation qui dure de toute évidence depuis trop longtemps à son goût, sujet de discussion qui semble un peu trop pesant à son goût. Alors il la laisse s’éclipser sans plus la retenir, parce que c’est pas son genre à Landon de trop forcer, de pousser les gens à s’épancher sur des thèmes qu’ils n’ont guère envie d’aborder. Y a la main qui vient gentiment ébouriffer les cheveux de la petite blonde, comme pour insuffler un soupçon de légèreté à leur échange, et le sourire confiant qui se peint sur ses lèvres.
- Mais te prends pas trop la tête avec ça, eh… Efforces-toi juste de faire de ton mieux et je suis sûr que les choses iront dans le sens que tu souhaites, inutile de te faire des cheveux blancs avec cette histoire aujourd’hui, c’est pas ça qui te fera progresser de toute façon.
Conversation qui dévie de la carrière future vers la vie de famille, nouveaux doutes sur lesquels Eden lève le voile, le rendant toujours un peu plus malade. Malade de voir que cette gamine fantastique s’estime si peu. Alors il ne voit d’autre solution que d’ouvrir la bouche, intervenir pour lui remettre les idées en place, insuffler un semblant de vérité dans sa vision d’elle-même déformée par le manque de confiance adolescent. Intervention qui lui coûte à Landon, il est un peu embarrassé de s’être montré si honnête, d’avoir prononcé de telles paroles, surtout vers la fin. Mais c’est pour la bonne cause. C’est ce qu’il se répète pour se convaincre qu’il a fait ce qu’il fallait faire, qu’il ne regrettera pas toute sa vie un tel élan de sincérité. Et puis y a la question qui fuse, unique réaction à ses douces palabres. Question qui lui semble un peu sortie de nulle part bien que découlant de son ultime phrase, question qui le prend de court, le surprend, fait se froncer ses sourcils sombres.
- La jolie brune…, qu’il répète pensivement, pour tenter de mieux voir à qui elle fait allusion. Ah mais oui, Martine ? C’est la fille d’amis de ma famille, elle a deux ans de plus que moi… C’est totalement différent. Et pour répondre à ta question… Nan, j’t’échangerais surtout pas contre elle. C’est jamais qu’une amie, limite comme une sœur pour moi. Rien à voir.
Parce qu’Eden non, Eden c’est plus qu’une amie, Eden c’est certainement pas une sœur, Eden c’est bien plus, tellement plus, sans qu’il parvienne à déterminer précisément de quoi il s’agit. Mais ça il le tait, bien évidemment ; toujours prendre garde à ne pas trop parler, ne pas trop en révéler, parce que leur relation c’est un jeu d’équilibristes, c’est deux funambules vacillant incessamment sur un fil à cent mètres du sol, vacillant entre amitié et autre chose, sans jamais franchir le pas. Parce que si l’un ou l’autre se risquait à basculer d’un certain côté, du côté de cette "autre chose", la chute pourrait être terrible.
Conversation qui dévie de nouveau, il est d’abord soulagé Landon car il n’a toujours pas compris comment ils en sont arrivés à parler de Martine, et pourquoi. Soulagement de courte durée qui cède la place à une légère panique, il ne veut pas de ça, il ne veut pas voir la discussion se diriger vers la famille, vers sa famille. Il préfère encore continuer à lui parler de Martine, et de Miranda, et même de Maia, si elle le souhaite, peu importe combien ces sujets sont creux, à l’image de ces demoiselles. Si profondément dénuées d’intérêt par rapport à Eden. Mais non. Elle veut ses réponses la gamine, elle est prête à tout pour cela, quitte à lui martyriser les côtes, alors il se rend, prêt à lui fournir toutes les réponses qu’elle réclame. Parce qu’il lui doit bien cela, après tout ; ce ne serait pas juste qu’il reste silencieux comme une pierre lorsqu’elle lui a tant révélé de ses doutes.
Demoiselle qui se plie sans l’ombre d’une hésitation à sa demande, qui jure avec une solennité propre aux tribunaux que rien de ce qui sera prononcé ne sortira d’entre les murs de cette chambre. Attitude qui le ferait presque sourire, intérieurement tout du moins, car le rictus n’atteindra jamais ses lèvres. Il est trop nerveux, trop anxieux à l’idée de se livrer sur pareil sujet, pour la première fois finalement, puisqu’avant cette nuit, il ne s’était jamais étendu sur le sujet de sa famille, se contentant d’effleurer le sujet, de parler vaguement de sa mère ou de son cadet. Parce qu’il le sent, la conversation ne se limitera pas à parler d’Ethan. Elle ne s’arrêtera pas là Eden, s’il lui donne un petit quelque chose à se mettre sous la dent elle en voudra plus, forcément plus, elle est comme ça la gamine. Il le sait bien qu’il s’engage sur une pente glissante, et pourtant il fonce plutôt deux fois qu’une, prêt à se pousser dans des retranchements dans lesquels il ne s’est jamais aventuré. Parce que c’est Eden.
Conversation qu’il fait à son tour virer dans une direction radicalement différente sans même lui laisser le temps de rebondir sur tout ce qu’il vient de dire ; finies les confessions intimes, place à un sujet plus léger, plus léger pour lui en tout cas, à base de questions adressées à la demoiselle. Jeune homme qui laisse sa tête reposer sur l’oreiller tandis que la gamine ouvre la bouche, commence à parler, semblant se laisser prendre dans les mailles de son filet de distraction. Y le regard qui se noie dans ses opalescences azurées et qui glisse sur ses lippes qui s’agitent presque en silence, les genoux qui viennent effleurer les siens dès qu’il bouge ses jambes engourdies et cette proximité, cette putain de proximité jamais partagée et pourtant bien trop confortable, le désir de rester ainsi toute la nuit durant et de peut-être se rapprocher un peu plus encore, qui sait.
Demoiselle qui répond à ses questions sans broncher, qui lui parle de sa famille, de ses grand-parents, parents et autres frères. Arbre généalogique qui s’esquisse dans son esprit, lycéen qui imagine sans mal la famille Howard mise en scène au gré des paroles de la petite blonde, notant précautionneusement la moindre information révélée, comme tout autant d’éléments d’une importance rare.
- C’est cool ! Fin, pas pour ton grand-père bien sûr, mais ta grand-mère, la relation que vous avez… C’est important d’avoir une famille unie, où règne un minimum de bonne entente. Sans ça… Sans ce canevas en fond, il reste plus grand-chose, c’est difficile de construire quoi que ce soit.
Épaule qui se hausse sensiblement, discussion dont il s’empresse de reprendre le contrôle sans lui laisser l’occasion de revenir sur le sujet de sa famille à lui. Véritable champ de mines sur lequel il doit évoluer pour ne pas ramener lui-même la conversation sur ce terrain-là, difficulté de ne pas parler à tout instant d’un sujet bien trop important, bien trop douloureusement tentant. Alors il choisit la photographie, un sujet neutre qui ne risque certainement pas de l’entraîner vers son géniteur et qui, en prime, l’intéresse. Parce que c’est la vérité, c’est sincère, il aimerait vraiment voir ses clichés à Eden, car lui il y connaît rien en arts mais paraît qu’une œuvre en dit beaucoup sur son auteur.
Surprise qui se peint sur ses traits lorsqu’il voit le regard sévère qu’elle porte sur lui suite à sa question, lorsqu’il entend sa réponse évasive, insinuant qu’elle n’accèdera peut-être pas à sa requête finalement. Qu’il a sa part à révéler s’il veut voir les fameuses photographies. Ah. Mais est-ce réellement étonnant, venant d’elle ? Pas vraiment. Et l’expression qu’il voit se muer en quelque chose de bien trop innocent, le doigt fin qu’il sent s’appuyer contre son biceps, contact qui ne le fait même pas broncher tant il sent l’embrouille arriver, tant cela lui plaît peu. Et puis, comme il s’y attendait, elle revient avec ses gros sabots sur la conversation qu’ils ont eue un peu plus tôt, sur ce qu’il lui a révélé sur son frère, son père… le football. Profond soupir qui franchit ses lippes, jeune homme qui se laisse rouler sur le dos sitôt la demoiselle relevée, regard troublé qui vient se planter en plein dans le plafond, laissant la petite blonde faire ses affaires à quelques mètres de là. Lèvres qui s’entrouvrent sans tarder, sans qu’il prenne réellement le temps de réfléchir à ce qu’il devrait dire ; car s’il fait ça, il le sait, il ne se décidera jamais, n’osera jamais prendre la parole. Et elle a raison, Eden. Elle mérite des explications après lui avoir tant révélé à son sujet.
- Pour te remettre dans le contexte, j’avais dix ans quand j’ai commencé le foot. C’est mon père qui m’a inscrit là-bas, j’crois qu’il trouvait que j’étais pas suffisamment un dur à cuire à son goût, ou une connerie du genre. Et ça m’a plu, au grand damne de ma mère qui était persuadée que j’allais devenir débile à force de me prendre des coups sur la tête.
Léger éclat de rire qui franchit ses lippes, avant de laisser sa voix, rendue douce pour ne pas éveiller les soupçons parentaux, de nouveau résonner dans le silence presque parfait de la chambre.
- J’avais beau être petit, et nul, au début, pour ne rien arranger, j’adorais ça. Ça me permettait de me défouler, j’ai toujours adoré bouger, donc c’était parfait pour moi. Et tu sais comment c’est, plus t’aimes un truc, plus tu progresses facilement. Puis y avait mon père, aussi, qui a participé à ce progrès. Mon père… Il a assisté à tous mes entraînements, jusqu’au jour où il a dû repartir en mission – parce qu’il est dans l’armée. Alors ouais, je sais, ça fait rêver un parent attentif comme ça, qui vient voir non seulement tous tes matchs mais aussi le moindre entraînement. Mais… C’était pas d’une manière saine. J’m’en rendais pas compte à l’époque, c’est seulement avec le passage des années que ça m’a heurté. Il était pas là pour m’encourager en fait, mais plutôt pour me rabaisser, me critiquer, pointer toujours ce qui n’allait pas dans mon jeu, jamais ce qui allait. En six ans, j’me souviens pas avoir reçu la moindre félicitation de sa part, et pourtant j’fais de mon mieux, dès qu’on me met un ballon entre les mains. Même quand je marque plein de buts pendant un match, même lorsqu’on m’a collé capitaine de l’équipe du lycée, faut toujours qu’il trouve un truc à redire. Du coup, pour répondre à ta question… J’aime le football. Vraiment, et pendant plusieurs années ça a été un plaisir… inimaginable pour moi d’aller m’entraîner, de jouer devant des gens. Mais aujourd’hui, bah… C’est différent ? Disons que ça doit faire quelques mois que j’en ai ma claque de tout ça. C’est même pas du sport en lui-même, c’est pas du jeu que j’en ai marre. C’est de ce que ça implique. La pression étouffante, les critiques de mon père qui surviendront, et ce peu importe combien je m’entraîne dur… C’est un peu décourageant, tu vois ? Ça finit par pousser spontanément le plaisir de jouer derrière la pression. Et mon père il fait exactement la même chose avec mon petit frère, à croire qu’il apprend pas de ses erreurs. J’tente de préserver Ethan comme je peux, mais… il peut se montrer vraiment dur, tu comprends ?
Regard qu’il s’autorise enfin à tourner vers elle, yeux qui se posent sur la demoiselle toujours occupée du côté du bureau. Il ne se sent pas pleinement à l’aise Landon, gêné d’avoir tant livré sur sa petite personne ; et en même temps, y a le sentiment d’apaisement, celui d’avoir la poitrine libérée d’un poids. Ça peut avoir du bon de se confier, il s’en rend compte au terme de cette maigre logorrhée.
Jeune fille qui revient à ses côtés les bras chargés de photos, s’assoit sur le bord du lit, adolescent qui se redresse à son tour, repasse en position assise pour être plus à son aise. Classeur et photographies dont il se saisit avec un petit « merci » à l’adresse d’Eden. Merci d’accéder à sa requête, de lui faire suffisamment confiance pour lui dévoiler cette part finalement assez intime de sa personne ; merci, aussi, d’avoir su l’écouter. Objets d’art qu’il manipule avec précaution, comme s’ils étaient susceptibles de se déchirer entre ses doigts au moindre faux mouvement ; objets qu’il respecte car il se doute qu’ils sont importants aux yeux de la demoiselle. Y a les clichés qui glissent entre ses mains, puis les pages qui tournent sous ses yeux et les photographies qui se succèdent au fil du classeur. Regard attentif qu’il porte sur le portfolio amateur, fasciné comme un bambin devant un livre d’images. Il est un peu gêné Landon, gêné de n’y rien connaître, d’être dénué de toute sensibilité artistique, d’être bien incapable de formuler le moindre commentaire constructif qui ne le ferait pas passer pour un imbécile à côté d’elle. Alors il se tait, muré dans sa contemplation silencieuse ; parce que lorsque l’on ne sait que dire, mieux vaut se taire, il a toujours raisonné de la sorte.
Il prend son temps l’adolescent, observe chaque photo individuellement, certaines avec plus d’attention que d’autres. Yeux qui se promènent d’images en images, clichés divers et variés qui se succèdent au fil des pages, paysages, fleurs, personnes, simples objets ou détails macros… Puis y a cette photo qui attire son regard, qui lui fait hausser un sourcil, dessine un sourire amusé sur ses lèvres. C’est lui. Caché sous son casque, perdu dans ces énormes maillots qu’on leur fait porter, mais c’est bien lui, le sourire masqué par le casque mais qui se devine à la manière dont ses yeux se plissent, rieurs. Probablement qu’il vient de marquer un but le garçon, mais il est bien incapable de déterminer de quand date ce cliché. Photographie qu’il tire de sa page plastifiée pour la lui montrer, demande tacite, il n’a même pas à prononcer un mot pour lui réclamer des explications, son rictus et la lueur dans ses yeux se suffisent à eux-mêmes. Rictus qui s’étire un peu plus encore lorsqu’il la voit devenir écarlate, qu’il entend les mots sortir de ses lippes en un balbutiement brouillon. Doigts qui feuillettent alors rapidement les pages suivantes du portfolio, regard qu’il relève vers elle, le sourire qui en dit long sur Ô combien il s’amuse.
- Photographier les gens en plein mouvement hein… C’est bizarre parce que je vois pas de photo des autres joueurs de l’équipe, fin moi j’dis ça j’dis rien hein tu sais…
Jeune homme qui se décale en riant pour esquiver le coup qu’elle tente de lui envoyer dans l’épaule, opalescences amusées qui se posent sur elle.
- Mais t’en fais pas va, j’répéterai à personne que j’ai trouvé cette photo.
Et le regard qui s’attarde un peu sur elle, parce que, même s’il n’en montre rien, la vérité c’est qu’il est plus que flatté qu’elle ait pris une photo de lui sur le terrain. Ce n’est pas vide de sens, mine de rien, et ça le touche que ce soit sur lui que s’est pointé son objectif au cours de l’un de ses matchs. Lui, pas un autre joueur. Cliché qu’elle s’empresse de lui arracher des mains sans qu’il puisse plus détailler ses traits fixés sur le papier glacé par son œil de photographe, riposte qu’elle lui envoie en pleine figure en décrétant le mettre sur le même plan que ses frères.
- Donc tu me considères comme l’un de tes frères ? Alors là… Me voilà expédié dans la brotherzone sans préavis, ça fait mal à mon petit cœur, tu le sais ça ?
Et la main qu’il porte à ce fameux cœur, celui qui est plus atteint qu’il ne veut bien le montrer par cette foutue brotherzone, piètre performance d’acteur qu’il offre à la demoiselle. Demoiselle qui boude d’ailleurs dans son coin, manifestement fâchée de l’avoir vu rire ainsi, jeu du comédien Landon James qui ne suffit pas à la dérider. Alors il pousse les photos dans un coin du lit pour ne pas les froisser et s’approche un peu d’elle, rompant la faible distance qui les séparait, pince doucement ses joues pour tenter de lui arracher un sourire. Sans succès, elle lâche un rictus contenu avant de se ressaisir et reprendre sa moue bougonne.
- Alleeez Eden, fais pas ton boudin… Sans quoi j’vais être obligé de passer à la manière forte.
Et la gamine têtue qui continue son petit jeu, petit jeu dans lequel il entre allègrement, levant les yeux au ciel avant d’attaquer cette poupée un peu trop susceptible. Alors y a les doigts qui se glissent sur son pull, chatouillent ses côtes, son ventre, son cou, sans l’épargner un seul instant. Petite blonde qui tombe à la renverse sur le lit pour tenter d’échapper à ses mains, éclats de rire qui fusent enfin, qui arrachent un sourire au jeune homme, heureux de la voir rire, préférant ça à son petit boudin. Elle est belle quand elle rit Eden, les yeux qui se plissent et le visage qui se fend d’un sourire immense, et la douce mélodie qui s’échappe d’entre ses lippes. Garçon qui ne se laissera pas distraire par sa beauté pour autant, qui ne la laissera pas lui échapper, garçon qui se place au-dessus d’elle pour continuer à la chatouiller, il la tient sa vengeance, comme prévu, comme il se l’est juré quelques instants plus tôt. Éclat de rire un peu trop fort qui fuse d’entre les lippes de la jeune fille, lycéen qui s’empresse de poser une main sur sa jolie bouche pour contrer de nouveaux sons susceptibles d’attirer l’attention du reste de la famille. Il ne faudrait pas qu’un parent ou même un frère entre dans la chambre d’Eden, pas maintenant.
- Bon, tu vois que tu peux arrêter de bouder quand tu veux…
Et le sourire taquin qui se peint sur ses lèvres, les derniers petits guilis qu’il glisse sur ses côtes, les doigts toujours soigneusement pressés contre sa bouche. La proximité, trop grande proximité entre eux finalement, lui qui se tient au-dessus d'elle, le visage à quelques centimètres à peine, les opalescences rivées dans les siennes, bleu sur bleu, et le rictus au bord des lèvres.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Ven 11 Aoû - 22:46
'cause you mean everything
Eden & Landon
Question indiscrète et gamine qui sort trop rapidement d’entre ses lèvres, elle se dit qu’elle abuse de poser de tel question à l’ami de son frère, puis y’a l’esprit de fille qui aime bien un garçon ; de demoiselle curieuse qui prend les commandes et raye d’un trait définitif tout sentiment de honte par rapport à cette question. Elle l’attend avec un peu trop d’impatience la réponse à sa question indiscrète, elle le fixe droit dans les yeux le garçon à la longue mèche. Un brin trop friande de la réponse qui tarde -malheureusement- à arriver, elle a l’impression qu’il fait exprès Landon à réfléchir si lentement. Comme si il y en avait un millier de jolie brune qui venait se poser à sa table à l’heure du déjeuner. Elle s’impatiente, l’imagine donc avoir un panel de brune bien trop grand, un harem de cheveux foncés pour qu’il ait tant besoin d’y penser. Elle se vexerait presque sur place bébé Eden, elle aurait presque un éclair de réflexion lui intimant de devenir brune si c’est ce qu’il aime. Puis enfin, comme un miracle inespéré le visage du capitaine de l’équipe de football s’illumine, sa bouche s’ouvre en parlant d’une certaine Martine. Eden, hausse les épaules, ne sachant si elle s’appelle vraiment comme ça mais au moins ça a l’air de lui donner une idée sur la personne qu’elle visait en parlant du réfectoire. « Surement ? Je sais pas son prénom. » Epaules qui se haussent en signe de son ignorance, mais attention qui ne se perd pas en route par contre. Elle apprend que ladite demoiselle est plus vieille qu’eux ; qu’elle est une amie de longue date. De là, la réponse est toute faite dans la tête d’Eden. Une amie de longue date passera bien évidemment avant elle. C’est certain, c’est normal. Et y’a la suite qui arrive, qui apaise la piqure qu’elle commençait à ressentir dans sa cage thoracique en imaginant la réponse fatidique. Y a le baume au cœur, celui d’entendre le garçon qui fait battre le palpitant dire qu’elle est sa préférence, que l’une est son amie et presque une sœur et qu’avec elle c’est différent. Elle a le sourire de la conquérante Eden, le sourire de celle qui se sent victorieuse. « Cool… Je suis ni ton amie, ni comme une sœur … Ca m’enlève des doutes de la tête, des comportements que je n’aurais pas à tenir avec toi … » Palabres qui sortent sur un ton presque rêveur, un sourire en coin qu’elle lui adresse et qu’elle ne peut cacher la poupée. Elle est touchée et surtout rassurée de voir que comme elle, il ne peut pas totalement la classer dans la pure et simple amitié. Comme elle, il ne peut se résoudre à aller plus loin, mais ne peut pas complètement ne rien dire, ne rien faire … Ne pas laisser ses doigts glisser jusqu’à elle, dire un mot qui pourrait avoir deux sens … Ils sont dans le dénis les gosses. Dénis de leur sentiment grandissant.
Elle a beaucoup parlé ces cinq dernières minutes la gamine, elle en a vachement dit sur sa vie. Tant elle a blablaté qu’elle en aurait presque la respiration saccadée. Nuit qui pourra être marquée d’une pierre blanche. Première fois qu’elle se révèle la demoiselle. Première fois qu’elle en dit autant sur sa vie personnelle et celle de ses proches car jusqu’à présent, les personnes qu’elle côtoyait était soit des membres de sa famille ; soit des amis qui n’en ont rien à faire de son histoire en détail. Entourage scolaire qui n’ait constitué qu’en surface. Une fois les grilles du lycée fermé tout le monde s’oublie, ça se salut en se promettant de parler par message ou se voir le week-end mais jamais ça ne se fait. Car il y aucune volonté, ils s’en foutent d’elle comme elle s’en fout de eux. Petite princesse qui n’en a que faire d’avoir un millier d’amis différents ; d’être invité aux soirées les plus cool chaque vendredi soir de toute façon. Elle n’y voit pas d’intérêt, ne se sent pas concerné. Elle, elle chérit les moments intimistes ; en famille. Et depuis peu, elle chérit les moments en tête à tête avec Landon. Les moments où ils se retrouvent seul. Sans que Baedrian ne vienne s’inviter dans la conversation ; sans qu’ils ne viennent voir sa sœur ou son meilleur ami pour demander quelque chose. Car il y a toujours une raison à sa venue, toujours prêt à gâcher les opportunités de créer leur propre bulle. Alors là, en ce lundi soir elle en a profité bébé Howard, elle a tout déballé sans s’en rendre compte. Elle a parlé, parlé jusqu’à surement le saouler son compagnon pour la nuit mais c’était plaisant.
Au moins, personne n’a pu gâcher ce moment.
Maladresse dans les premières paroles de Landon qui la font sourire. Elle imagine bien que le garçon ne s’extasie pas sur la mort de son grand-père, ça serait bien étrange qu’il le fasse, qu’il se le permette. Puis, c’était un homme sympathique papy Howard. Avec des valeurs un peu trop conservatrices mais gentil dans le fond. Plus petite, elle ne l’aimait pas trop Eden, elle se rappelle l’avoir détesté quand il avait suggéré à son père d’envoyer Nate et Bae en pension, dans la meilleure école de la région juste pour suivre le style unique d’éducation que lui-même avait vécu d’antan. Bien évidemment son père avait accepté et les deux petits garçons turbulant de la maison s’était envolé, loin d’Eden durant trois ou quatre années. Les pires de sa vie, la solitude étant devenue sa seule amie alors elle lui en avait voulu, elle s’était montrée distante quelques années avec lui alors qu’il n’y était pour pas grand-chose quand elle y pense maintenant. « T’as raisons ouais, la famille unie c’est le plus important à mes yeux et je me repose trop souvent dessus… Surtout sur mes frères. Ma mère est fatiguée de voir que j’ai besoin que d’eux … » À quinze ans et demi, elle se rendait compte qu’elle avait choisi la mauvaise cible à détester lorsqu’elle s’était retrouvée seule à la maison, lorsque ses frères étaient partis faire leurs années d’études dans la région voisine. C’est pas papi qui avait choisi, c’était son père qui avait pris la décision finale, c’est lui qu’elle aurait dû bouder, pas son grand-père qui s’était éteint il y a maintenant quelques années.
Sans grand étonnement, comme depuis le début de la conversation, il essaie de passer son tour le jeune lorsqu’il s’agit de parler de sa famille et pour se mettre l’attention de la jeune fille dans la poche, il parle photographie et elle répond de manière rapide et aussi évasive qu’elle le puisse sur le sujet. Au fond bien qu’elle essaie de ne pas le montrer, ça l’énerve un peu. Ça l’angoisse de pas savoir ce qu’il peut se tramer de si honteux pour qu’il ne veuille pas parler de sa famille Landon. Lui qui d’habitude est un garçon bien bavard c’est troublant de le sentir distant sur le sujet, de le voir l’éviter comme si il avait beaucoup de chose à cacher. Mais elle ne peut le blâmer, ne peut lui en vouloir de peut-être ne pas avoir assez confiance en elle Alors elle se lève, se résignant peu à peu à ce que la conversation ne tourne qu’autour d’elle pour cette nuit. Tant pis pour sa curiosité, son envie de le découvrir. Elle va jusqu’à son bureau la demoiselle et cherche avec attention les clichés qu’elle pourra lui montrer, lui dévoiler sans être trop intimidé par sa médiocrité.
Bruits des tiroirs qui s’ouvrent et se referment derrière elle quand Landon se décide à parler. Elle en arrête de bouger la poupée, un instant elle reste statique, tel une statue de marbre car elle a l’impression de l’avoir rêvée sa voix. Pourtant, ce n’est pas le cas. Il parle Landon, rapidement mais il parle. Il lui explique qu’il a commencé assez petit. A dix ans pour être plus précis, il lui dit que son père voulait en faire un bonhomme et que sa mère était inquiète de voir son petit garçon faire ce sport de brut et elle sourit Eden, imaginant Landon petit garçon, elle l’imagine avec ses grands yeux bleus courir sur le terrain avec son casque peut-être trop grand pour lui. Elle imagine une maman dans les gradins qui se ronge les ongles chaque instant à chaque match de la saison. Jusque-là, c’est paisible, c’est même joyeux comme souvenir. Alors elle se tourne vers lui pour l’écouter, elle appuie le creux de ses reins contre le bureau, les bras chargées de photo et elle voit le bel adonis allongé sur sa couchette, sur le dos à fixer le plafond tout en parlant et lui contant ô combien il l’aimait le sport qu’il pratiquait. Il a l’air heureux d’en parler, il lui dit que son père était présent, tout le temps là même pour le voir jouer ses matchs de football et pourtant, elle le sent. Elle sent que c’est son père la source du problème, car sa voix le trahi, le ton qu’il emprunte ne fait que défaillir, dégringoler au fil des mots qu’ils utilisent et ça ne fait que chuter, sans jamais s’arrêter. Elle a mal Eden, mal à son cœur d’imaginer maintenant ce petit Landon courir sur le terrain avec la pression de son père sur ses frêles épaules. Elle se l’imagine de plus en plus grand, jusqu’à maintenant se prendre les réflexions, les sarcasmes du paternel pour des broutilles et elle fronce les sourcils. Énervée plus que de raison par l’idée qu’un homme puisse prendre tant à cœur de martyriser son gosse pour un futur sport. Elle se retourne la demoiselle, rapidement à cause des nerfs, par peur qu’il puisse voir ô combien elle est touchée par l’histoire qu’il veut bien lui expliquer. Elle a de la rage qui vient l’habiter en se rendant compte de la douleur, de l’angoisse que vit Landon chaque jour à cause de ce sport de malheur, sport ou il est en plus le meilleur car il excelle le garçon et son père n’a pas l’air de s’en rendre compte.
Elle est de nouveau sur le lit la poupée, elle lui a refilé les clichés qu’il se met à observer et pourtant, sa tête est ailleurs. Eden, elle est coincée sur l’histoire de son enfance, des sports et du père de Landon. Elle a du mal à trouver du bon en cet homme. Il saoule son ainé et fait de même avec le cadet… Il n’a vraiment rien dans la tête d’après elle. Ne voit-il pas le mal qu’il est en train de causer à son foyer ? L’amour pour le sport est-il plus fort que l’amour et la joie de ses enfants ? Elle a du mal Eden. Vraiment du mal à saisir qu’un homme puisse causer autant de tort. Le seul truc génialissime qu’il ait pu faire, c’est donner un peu de sa personne pour faire le garçon qui est actuellement dans sa chambre.
Joue toujours aussi rose depuis qu’il vient de faire un commentaire sur cette foutue photo, elle ouvre la bouche mais rien ne sort. Pas même une onomatopée lorsque son bourreau ne se gêne pas de lui rappeler que pour quelqu’un qui était censé prendre les ‘’gens en mouvement’’… Elle n’avait quand même pris que lui en photo. Lui et pas un autre. Uniquement lui, de partout. Lui, lui et encore lui. Que ce soit dans son album photo, dans son cahier de mathématiques et même dans son cœur. Ça tourne comme un disque défoncé sur replay sur lui. Ça veut tout dire, exactement tout mais elle s’évertue à se dire le contraire. Elle est trop honteuse, trop timide pour ce genre de chose Eden. C’est pour les grands les sentiments, les adultes. Tout ce qu’elle n’est pas en fait. Alors elle en a marre de voir se sourire goguenard se dessiner sur ce visage trop parfait. Ni une ni deux, elle se rapproche tout d’abord pour lui taper le bras, petit poing qui se ferme et tente d’aller jusqu’à son épaule mais il est trop rapide, trop fluide et elle le rate alors elle tente autre chose. Sans remord elle lui arrache cette satané photo d’entre les mains, cliché honteux de lui qu’elle vient doucement placarder contre sa poitrine pour que lui n’y ait plus accès, qu’il ne le voit plus jamais. « Tu veux répéter quoi de toute façon … ? » Sourcil droit qui s’arque d’un air intrigué, voix trainante presque énervante qui susurre à son invité « Tu vas dire à tout le monde que je t’ai pris en photo sur le terrain et alors … ? C’est pas un secret que j’adore la photo… Par contre tu vas expliquer comment à tout le monde comment t’as vue cette photo et où surtout … ? » Clin d’œil qu’elle lui adresse, elle s’amuse de lui comme lui s’amusait une minute avant d’elle. « T’en fais pas …. Je ne le répéterai à personne, surtout pas à mes frères que t’étais là cette nuit … » Paupière qui s’ouvre et se ferme d’un air niais, elle le tient par le bout du nez le garçon elle se permet de faire la maligne car elle sait qu’elle tient les bonnes cartes de la manche.
Hochement de tête prévisible à des milliers de kilomètres à la ronde alors qu’il lui pointe son palpitant en disant haut et fort qu’elle est en train de lui briser, elle le sait mais elle s’en fiche. Elle boude Eden. Elle boude au point d’en avoir l’attitude parfaite. Les bras croisés sous sa poitrine et de bouger sa tête comme une enfant laissant ses cheveux flottés autour d’elle à chaque mouvement. Elle déteste cet air enjôleur, trop sûr de lui que Landon prend lorsqu’il se retrouve face à ce genre d’élément gênant. Elle hait sa façon craquante d’hausser les sourcils et se mordiller la lèvre comme pour lui signaler qu’il sait qu’elle craque sur lui. Alors sans scrupule, elle le balade dans la brotherzone. La zone la plus éloigné de celle où il est réellement dans son cœur. « Brotherzone ou friendzone c’est pareil non… ? Je ne vois pas pourquoi ça te blesse Landon Ja- heu, Howard. Au temps pour moi. » Dit-elle plus pour elle-même que pour son interlocuteur, elle émet volontairement la faute sur le nom de famille pour l’interpeler et ça ne manque pas. Il se rapproche le jeune homme, tout doucement et elle tourne la tête à l’opposé et il continue le gamin il vient si près d’elle qu’il ne se gêne même pas pour venir pincer ses joues et elle résiste la gamine, elle garde ses prunelles rivées sur la porte de sa chambre plutôt que sur lui, elle se mord doucement l’intérieur de la joue pour ne pas rire c’est une mission presque impossible mais au bout du compte, elle réussit.
Têtue comme une mule elle n’arrête pas la gamine, mauvaise graine est-elle, mauvaise herbe elle restera. Elle l’entend la menacer de passer à la vitesse supérieure, elle l’entend mais pourtant elle ne bouge pas. Elle reste dans la même position, le visage toujours aussi fermé pas prête à lâcher sa mine boudeuse la petite peste. Elle n’y croit pas à sa menace pourtant ça arrive et plus vite qu’elle ne l’aurait cru. Il s’épanche sur elle l’instant d’après et vient à l’assaut de son corps frêle. Elle sent les fourmillements de ses doigts sur son abdomen alors elle tressaute et essaie de s’échapper la demoiselle ; puis il s’attaque à son cou et au bout de une minute d’acharnement elle s’étend de tout son long sur la couchette. Elle bouge dans tous les sens Eden. Elle bat des pieds pour le faire bouger mais rien y fait. Elle en perd le souffle, elle en rit au point d’en fermer les yeux et de se laisser faire car elle n’a plus de force la cadette des Howard, elle perd la bataille, elle perd la guerre elle le supplie d’arrêter mais il continue, il vient même jusqu’à la bloquer entre ses jambes, son buste au-dessus d’elle et il continue au point qu’elle n’arrive plus à retenir le hurlement de rire et heureusement pour eux, pour ces jeunes adolescents qui ne font que rire et pas des choses plus indécentes Landon vient plaquer sa main contre sa bouche, l’empêchant de se faire entendre par toute la maison, l’empêchant de soupçonner l’ami de son frère et elle-même de faire des cochonneries sous la couette.
Dans la panique, elle s’arrête net de rire Eden, se rendant compte d’ô combien la situation aurait pu dégénérer, comment ils auraient pu se faire gronder si il ne l’avait pas arrêter à temps Landon. Si la catastrophe était arrivée ça aurait bardé à la maison. Ils ne leurs auraient plus jamais fait confiance les parents Howard si ils avaient vues ça, en pleine nuit. Landon n’aurait plus jamais eu le droit de venir dormir ici et elle, serait surement punie à vie pour un comportement si peu gracieux et de fille facile que d’inviter un garçon en pleine nuit dans sa chambre. Alors elle soupire de contentement lorsqu’elle n’entend rien, aucun bruit de pas et seulement le calme olympien dans la maison. Aucun signe alarmant qu’ils aient pu réveiller les parents ou les grands frères. Il le remarque aussi Landon qu’ils n’ont réveillés personne et il en perd pas le nord, il vient lui rabâcher tout doucement qu’elle a finalement arrêter de faire la tête bébé Eden. Il sourit d’un air taquin, la main toujours posé sur ses lèvres et elle se risque à lui mordre la paume, doucement mais en fronçant les sourcils. Comme une réelle petite tigresse et enfin il se décide à libérer ses lippes de la légère pression qu’il faisait avec sa main pour lui donner l’autorisation à la parole. Pour autant qu’il libère ses lèvres, Il reste toujours dans la même position le garçon. Lui sur elle, son autre main bougeant doucement contre ses côtes, l’obligeant à se mordre la lèvre pour ne pas éclater de nouveau de rire, se triturer la lippe pour ne pas frissonner de plaisir aussi. « J’ai pas arrêté, on m’y a forcé vois-tu …. C’est différent. » Paroles chuchotées sur le la couette épaisse et matelassé, les opalescences qui se croisent et se détachent pour ne pas être trop indiscret. Puis y’a un petit sourire timide qui vient s’immiscer sur le faciès un peu fatigué par la journée. Elle est troublée par cette proximité la blonde. Puis, y’a les doigts qui viennent toucher le col rond du pull du garçon aux yeux azuré. Et en dernier, pour clouer ce spectacle de tendresse candide, y’a la douce voix d’Eden qui se remet en route pour lui dire « Tu sais … C’est pour ça que je te disais plus tôt que c’est un privilège d’être dans mon estime … Car je m’en fou un peu des gens. Mais… Pas de toi. » Elle cherche ses mots la demoiselle, elle s’humecte les lèvres et sourit légèrement, ses yeux allant des opalescences de celui-ci en position de force au-dessus d'elle à ses lippes qu’elle trouve tentante. « Toi… T’es la nouveauté dans ma vie, j’sais même pas pourquoi, ni comment mais … J’ai envie de te connaitre, de passer du temps avec toi et c’est rare que je sois comme ça … Au point de te pardonner même quand tu m’embêtes et dieu seul sait combien je suis rancunière pourtant... » Toute la maison pourrait en témoigner, une Eden vraiment fâché c’est pire qu’une guerre froide lancée entre les Etats-Unis et la Russie. Elle en rit mais c’est vrai ce qu’elle dit, lui ne le sait pas mais elle est réellement compliquée la gamine, une vraie plaie quand elle s’y met. « Et… je t’ai écouté tout à l’heure, quand tu me parlais de ton père… Je te remercie de m’en avoir parlé, et c’est pour ça que je souhaite revenir dessus, car je tiens à toi et que j’ai juste un conseil à te donner … » Il voudrait l’interrompre elle le voit ouvrir la bouche et son index vient se poser contre ses lippes instinctivement avant qu’un seul mot ne sorte. « Nope, tu te tais et t’écoutes Landon … Juste, fout-toi de l’avis de ton père, de ses conseils et des exigences qu’il a. T’es le meilleur capitaine et quaterback de l’état, vous êtes carrément invaincu depuis le début de la saison et c’est pas pour rien… Si t’aimes ce sport continue, mais si vraiment tu te sens plus t’as pas à t’obliger … Arrête, reprend le par plaisir si un jour ça te tente mais t’en dégoute pas … C’est toi-même qui m’a dit que la pression ça enlevait le plaisir … » A la fin de son monologue, elle se permet d’enlever son doigt des lèvres de Landon et le regarde en souriant, sa main allant une seconde caresser sa joue, timidement. « J’espère qu’à l’avenir j’aurais moins de mal à te sortir les vers du nez hein … » Bulle dans laquelle jusqu’à présent elle était plongée, Maintenant qu’elle a terminé de parler… Elle se rend compte de la proximité, de la ligne à ne pas dépasser qu’elle a bien trop franchi depuis qu’il a débarqué dans son espace privé. Elle voit bien qu’elle l’a bien trop complimenté, ce soir et ça la fait chier d’être si gentille, d’être si douce avec lui. Alors elle profite de ce moment de trouble, de leur visage si près l’un de l’autre, de ce moment un peu perdu dans le flou pour le pousser gentiment et se soustraire de son emprise. Elle roule sur le côté du lit la gamine, s’éloigne de lui « Bon, j’ai été gentille deux secondes mais sache que j’ai la machine pour effacer les souvenirs. Comme dans le film Men in Black donc dans deux minutes t’oublies tout de ces conversations, t’oublie touuuut , mais tout complètement de ce que j’ai pu prendre en photo, faire jusqu’à présent un dernier truc à ajouter avant que la machine fasse effet Mister James ? » Elle prend un air faussement snob la poupée pour le regarder. Et ainsi, ils restent sérieux quelques secondes les deux adolescents pour se toiser. Lui, il la d’un air faussement outré, et c’est la seconde de trop, celle qui les fait basculer dans le fou rire impulsif car ils sont cons les gamins de Géorgie, surtout elle la plus petite.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Lun 14 Aoû - 2:58
'cause you mean everything
Eden & Landon
Il se fait fanfaron Landon, garçon trop heureux de voir sa belle gueule imprimée sur le papier glacé, à jamais immortalisée par la main amatrice mais pas moins talentueuse de la demoiselle. Il est vrai que cela pourrait ne rien signifier ; après tout, elle pourrait dire la vérité, Eden. Elle pourrait avoir réellement eu pour unique intention de s’exercer à l’art de la photographie de mouvement, et le hasard aurait fait qu’elle aurait choisi un cliché du quarterback pour alimenter son portfolio. Un cliché de lui parmi les autres lycéens enrôles dans l’équipe de football, lui parmi tant d’autres. Elle pourrait s’être focalisée sur lui simplement parce qu’elle le connaissait, qu’il était l’ami de son frère, et qu’il était peut-être plus agréable de photographier des personnes ne nous étant pas inconnues.
Cela se pourrait.
Seulement il n’y croit pas. Il n’y croit pas car il n’est pas dupe le beau brun, il voit bien la manière dont le visage de la gamine se teinte d’un délicieux rouge pivoine, ses lippes charnues qui s’entrouvrent sans parvenir à émettre le moindre son et les opalescences azurées qui se font paniques, comme s’il venait de la percer à jour. Et c’est à cela que ça tient. Il vient de la percer à jour, et il s’en délecte Landon, savoure la moindre de ses réactions. Le faible coup de poing qu’elle tente d’asséner à son épaule, l’empressement avec lequel elle lui arrache des mains l’objet incriminé, comme tout autant de preuves de sa culpabilité. Sa culpabilité d’avoir photographié à dessein l’un des plus proches amis de son aîné, lui plutôt qu’un autre, car elle l’apprécie un peu trop sans doute, de la même manière que, tout à fait réciproquement, il éprouve un peu plus d’affection qu’il ne le devrait à l’égard de la petite sœur de l’un de ses amis. Sentiment qui va peut-être – certainement – au-delà de la simple affection, mais chut, ce n’est guère le moment d’y songer. Ce n’est jamais le moment d’y songer avec lui, car il ne voudrait pas se risquer à transgresser le bro code, recueil de commandements plus important que les Trois Livres réunis.
Jeune fille qui le tient et qui s’en amuse, qui trouve précisément les bonnes remarques à faire, les bons arguments irréfutables à formuler pour renverser la situation. Il n’avait pas envisagé les évidences qu’elle pointe du doigt, elle est un peu trop maligne Eden, mais cela ne lui déplaît pas, bien au contraire. Il est toujours préférable de converser avec une personne sensée qu’avec une cervelle de moineau, et lorsque la personne en question s’avère être une demoiselle d’aussi charmante compagnie que la petite Howard, cela ne rend l’échange que plus agréable, toujours plus agréable à chaque phrase formulée, gamine blonde qui se fait plus plaisante à ses yeux à mesure qu’il apprend à la connaître, gamine blonde qui ne cesse de gravir les échelons de son estime, de prendre un peu plus de place, toujours plus de place dans un cœur qu’il découvre plus élastique qu’il l’aurait soupçonné.
Situation qui se voit désormais inversée, moquée devenue moqueuse, tyran qui se fait victime, échange bien plus innocent qu’il n’y paraît, jeunes gens qui n’ont jamais cessé de jouer ensemble, de se charrier affectueusement, et ce dès leur première rencontre. Garçon qui se voit bien bête tout d’un coup, qui ne trouve rien à répondre à l’adolescente. Parce qu’elle a raison Eden, il ne peut parler de ce cliché à qui que ce soit, pas lorsque ça implique de devoir possiblement révéler dans quel contexte il lui a été montré. Pas lorsque l’existence de cette soirée intime au sein de la chambre de la demoiselle coure le risque d’être éventée, de parvenir aux oreilles des grands frères de la gamine, d’être répétée aux parents Howard, répétée et peut-être même amplifiée. Éventualité qui ne ferait d’ordinaire ni chaud ni froid au garçon, éventualité qui ne le ferait pas broncher si n’était pas quasiment sûr que, dans ce cas, les géniteurs de cette gamine bien trop adorable s’assureraient que plus jamais le jeune footballeur ne puisse passer la moindre nuit au sein de cette demeure dans laquelle ils l’ont accueilli à bras ouverts, lui offrant une confiance aveugle. Il refuse de se voir interdit de séjour entre ces murs chaleureux, de perdre l’opportunité de partager avec Eden de nouveaux instants semblables à ceux-ci. Il refuse de devoir dire adieu à des nuits intimistes auxquelles il commence déjà à prendre un peu trop goût.
Et puis, dans tous les cas, possibles représailles ou non, il ne serait jamais allé parler de cette photographie à qui que ce soit. Pour la simple et bonne raison qu’il n’est pas stupide, il a parfaitement distingué l’embarras qu’elle suscitait chez la demoiselle, et il n’est pas sadique pour faire croître cet embarras en répétant la petite histoire à tout Savannah. Mais il ne lui en dit rien, esquive l’habile remarque à l’aide d’une petite performance assurément pas prête de le mener sur les planches de Broadway. Il lui exprime la peine profonde qu’elle lui fait en l’expédiant sans ménagement dans les tréfonds de la brotherzone, ce recoin sordide, pire encore que la friendzone, qui exclut toute éventualité de relation charnelle, à moins d’être particulièrement tordu – ce qu’elle ne lui semble pas être. Mais elle s’en amuse la diablesse, se délecte de se jouer de lui, encore et encore, toujours un peu plus, se risque même à troquer son patronyme pour le sien, celui de ses frères finalement, appellation qui lui fait hausser les sourcils au jeune homme, hausser les sourcils et cligner des yeux dans une expression d’incompréhension et de choc profondément mêlés.
- Pardon ? Landon Howard, hein… Excuse-moi mais j’vais rester sur Landon James, j’ai rien contre ta famille mais j’trouve que ça sonne mieux pour quand je serais un footballeur célèbre.
Et le ricanement amer qui quitte sa bouche, parce que c’est pas son rêve, ça l’a peut-être été un jour mais plus aujourd’hui, certainement plus aujourd’hui. C’est le rêve de son père ça, le rêve de voir son fils prodigieux continuer à faire gagner l’équipe de son lycée, intégrer l’un des meilleurs programmes universitaires de sport du pays, puis un jour l’équipe nationale de football, obtenir le poste de capitaine, remporter coupes sur coupes, récolter les lauriers jusqu’à ce que mort s’ensuive. Lui il n’en veut plus de tout ça, pas si ça implique d'avoir son père sur son dos jusqu’à ce que ce dernier n’aille rejoindre les cieux, et ça le fait rire avec un dépit sans nom de voir qu’encore aujourd’hui, alors que son rêve s’évanouit peu à peu dans les tréfonds de son âme, il continue à le répéter mécaniquement. Adolescent trop bien formaté dans le moule de l’exigence.
Jeune homme qui se ressaisit, qui refuse de voir cette moue bougonne sur les traits de la demoiselle et les bras croisés en une gestuelle de môme capricieuse, jeune homme qui s’approche alors d’elle, se traînant sur la couette qui a accueilli leurs deux corps pour la soirée, doigts masculins qui pincent délicatement la chair tendre de ses joues d’enfant. Tentative de la faire sourire de la sorte, d’étirer ses lèvres en un rictus factice à défaut de parvenir à réellement l’amuser, visage qui se déforme sensiblement ; et c’est finalement lui qui éclate de rire, lui plutôt qu’elle, face à la drôle de tête que lui fait ce petit jeu. Mais elle tient bon la gamine, ce ne sont pas ses éclats de rire qui la feront craquer, et si un spectre de sourire se dessine sur ses lippes, il s’estompe bien vite, de même que les espoirs du lycéen de parvenir à la dérider par ce simple effort.
À situation désespérée mesures désespérés, il ne voit nul autre choix restant que d’actionner la manette, direction la vitesse supérieure. Distance qu’il fait un peu plus encore voler en éclats, doigts qui se glissent sur ses côtes, effleurent son ventre, martyrisent ses aisselles et son cou, faisant preuve d’à peu près aussi peu de pitié qu’elle en a montrée à son égard un peu plus tôt dans la soirée. Jeune homme qui ne se voit satisfait que lorsque sa victime se laisse tomber en arrière dans le fouillis d’oreillers, sourire qui étire ses lippes en la voyant rire aux éclats, rire qui finit par se mêler au sien tant il jouit de cette proximité entre eux, cette tendre complicité inespérée et, pour la première fois, nullement interrompue par l’un de ses grands frères ou parents.
Gamine qui tente de lui échapper tant bien que mal, agitant les pieds en tous sens pour essayer de se débarrasser de ce garçon un peu trop chiant, garçon qui s’accroche pourtant, qui n’hésite même pas à passer au-dessus d’elle, s’installer à califourchon sur ses cuisses pour empêcher ses jambes de partir un peu plus dans toutes les directions. Garçon qui achève une bonne fois pour toute de prendre le pouvoir, garçon qui en profite plus que jamais en la chatouillant un peu plus fort encore, le regard éclairé par un amusement non feint et le sourire ravi au bord des lèvres. Garçon qui va un peu trop loin sans doute puisque la petite blonde pousse un hurlement entre deux rires, l’éclat un peu plus fort que les autres, l’éclat qui se fait dangereux, qui risque d’attirer l’attention des autres occupants de la demeure, qui risque de faire découvrir leurs confessions nocturnes improvisées. Alors y a la main qui vient spontanément se plaquer sur ses lèvres dans l’espoir d’étouffer de nouveaux cris, ces cris qui pourraient prêter à confusion pour quiconque écouterait, l’oreille contre la porte de la chambre, lorsque leurs activités sont au contraire vibrantes d’innocence. Mais ils ne chercheraient même pas à comprendre cela les parents Howard si d’aventure ils faisaient irruption dans la chambre ; eux, tout ce qu’ils verraient, c’est un garçon qu’ils ont accueilli entre leurs murs comme un troisième fils, ce garçon assis à califourchon sur leur précieuse petite fille elle-même étendue sur son lit, les mains du jeune homme glissées sur son buste. Et inutile d’être un génie pour deviner qu’ils pairaient cher cet écart de conduite.
- Chut…
Et sa main libre qui s’approche de sa bouche à lui, l’index qui vient se plaquer contre ses lèvres esquissant un doux sourire, comme pour illustrer ses dires, lui suggérer un silence plus pressant encore. Gestuelle mariée à la parole qui s’avère efficace puisque la gamine s’arrête soudainement de rire, silence de plomb qui s’abat sur la chambre, uniquement troublé par le souffle rapide de la petite blonde. Rictus qui demeure sur ses lèvres à Landon, peu importe combien il est concentré, peu importe combien le moindre de ses sens est en alerte pour tenter de discerner un bruit suspect dans cette bâtisse perdue dans le calme de la nuit ; c’est plus fort que lui, lorsque le sérieux succède aux rires sans prévenir, il peine à retenir de nouveaux éclats de rire, il est comme ça Landon, incapable d’être trop sérieux, studieux, mature, il a des côtés un peu gamin le garçon.
Remarque qu’il ne peut contenir, elle a cessé de faire la tête Eden et c’est grâce à lui, il a gagné d’une certaine manière, et quiconque le connaît un tant soit peu sait que rien ne pourrait le rendre plus heureux que la victoire, quelle que soit son importance, quel que soit son ordre. Petites dents qu’il sent se planter délicatement dans la paume de sa main, main qu’il ôte de ses lèvres en levant les yeux au ciel, le sourire taquin, habitude qu’il est déjà en train de voler à la jeune fille sans en être encore conscient. Doigts qui s’égarent distraitement contre ses côtes comme pour poursuivre ses chatouilles doucement, en toute innocence, comme si de rien n’était, tandis que la demoiselle lui répond qu’elle a été bien forcée de retrouver le sourire. Regard qui se plonge un instant dans le sien, sourire en coin tandis qu’il lui dit doucement :
- J’t’ai pas mis un couteau sous la gorge non plus… T’étais libre de ne pas m’adresser le moindre sourire.
Et le rictus qui s’agrandit parce qu’il sait combien il raconte des bobards, combien elle était incapable de ne pas craquer maintenant qu’il a découvert qu’elle aussi se trouve bien démunie face aux chatouilles, il le sait bien qu’il lui adresse un mensonge éhonté, mentionne un défi impossible à réaliser, celui de résister à pareil assaut. Et le sourire timide qu’il voit se dessiner sur ses lippes, les doigts qu’il sent se poser sur le col de son pull, jouer avec le coton épais, effleurer par moments ses clavicules. Et le souffle qui se coupe un instant, les doigts qui se figent sur ses côtes sans retirer la main pour autant, le rictus qui s’évanouit pour céder la place à une expression plus grave, celle du garçon qui sait pertinemment qu’elle l’entraîne sur une voie risquée la gamine, qu’elle le prend par la main pour l’inviter à le suivre sur une pente glissante et que lui, plutôt que de tenter de la raisonner, de freiner dans la descente, il l’encourage, n’esquisse pas le moindre geste, pas le moindre mot pour mettre fin à tout ceci, et de toute façon la voilà qui reprend déjà la parole.
Palabres qu’il écoute se détacher de ses lippes avec attention, regard qui reste religieusement ancré dans le sien tandis que s’écoulent les douces paroles, mot après mot. Élan de sincérité qui le surprend venant d’Eden, qui lui ressemble peu finalement, rareté qui rend le phrasé d’autant plus précieux à ses yeux. Parce qu’elle se fait douce la poupée, tellement douce tout d’un coup, et que c’est plus que plaisant d’entendre de telles paroles se succéder, uniquement dirigées dans sa direction. Et c’est une confortable bulle qu’il sent se créer autour d’eux, forme de cocon qui abrite les deux adolescents enchevêtrés dans une position tout ce qu’il y a de plus évocatrice, amour et pureté qui règnent pourtant en maître au sein de cette fragile construction qui se bâtit peu à peu, pour ne jamais se détruire.
Y a le cœur qui se gonfle lorsqu’elle avoue qu’il est différent des autres personnes qu’elle a pu connaître, lorsqu’elle parvient à mettre des mots sur ce qu’il ressent et ne parvient même pas à expliquer. Y a le palpitant qui semble se gorger de sang, pomper pour se mettre à battre fort, de plus en plus fort, beaucoup trop fort, et lui il déglutit faiblement, vaine tentative de calmer un peu la cadence, ses prunelles toujours plongées dans les siennes, bleu sur bleu, ton sur ton, les nuances d’azur qui se mêlent en une valse parfaite.
Jeune homme qui l’écoute sagement, silencieusement, respectueusement, jeune homme dénué de toute envie de l’interrompre. L’interrompre pourquoi, même ? Pour mettre un terme à ce ruisseau d’agréables paroles, se priver de ces mots bien trop doux à ses oreilles ? Certainement pas. Vœu de silence qui vole pourtant en éclats à l’instant où elle mentionne le père James, remet sur le tapis un sujet qu’il pensait enterré depuis son ultime confession, depuis qu’elle n’avait pas prononcé le moindre mot en réaction à cela. Et pourtant non, pourtant il faut qu’elle reparle de tout ceci, et voilà la douce quiétude qui était sienne qui le quitte, bien vite remplacée par une mince panique, la terrible perspective de devoir approfondir le sujet, se livrer un peu plus encore sur son géniteur. Mais il veut pas ça Landon, et le voilà déjà qui ouvre la bouche, prêt à l’interrompre, à dire n’importe quoi pour l’arrêter dans sa lancée, lui expliquer que ça ira, ils en ont déjà suffisamment parlé pour ce soir, ils peuvent passer à autre chose, cela ne fait rien si elle n’a rien répondu à ses révélations, à vrai dire il aime mieux comme ça, au moins le sujet a-t-il été clos. C’est du moins ce qu’il croyait.
Mais non, elle ne lui laisse même pas l’occasion de prononcer le moindre mot de protestation la gamine ; non, à la place y a son index qui vient se plaquer contre ses lèvres, elle s’empresse de reprendre la parole, et lui il la laisse faire, docile, parce que c’est Eden, parce qu’il sait pas dire non à cette petite poupée, pas sérieusement. Elle est gentille la jeune fille, elle se montre rassurante avec lui, vante ses mérites et lui explique combien il devrait peu se soucier de l’avis de son père. Oui mais non. Les conséquences pourraient être terribles s’il décidait de quitter l’équipe du lycée, son géniteur ne deviendrait que rage et haine, et il ne veut pas voir le foyer familial imploser par sa faute. Et puis, au-delà de ça, y a la vraie raison. Celle qu’il n’ose pas s’avouer, celle à laquelle il ne songe qu’au cours de ces nuits où le sommeil tarde un peu trop à venir. La peur. Parce que c’est là que tient toute la vérité, il est doué le père James, il a su formater son fils aîné à la perfection, dans la voie qu’il souhaitait pour lui, lui inculquant l’idée que s’il était bien une chose qu’il savait faire c’était le football, qu’il n’était bon à rien d’autre, ne pouvait construire son avenir que dans cette unique voie. Qu’il raterait sa vie, purement et simplement, s’il faisait le choix de s’éloigner du sentier tout tracé qu’il a dessiné pour lui. Il a si bien entendu cet unique discours, en boucle depuis quelques années, qu’il s’en est persuadé Landon. Persuadé qu’il est pris au piège dans ce sport, qu’il n’est nulle alternative possible à cette prestigieuse université sportive dont son père lui parle depuis toujours.
Mais ce serait trop long d’expliquer tout ceci à Eden. Ce serait trop long, trop compliqué, puis il passerait pour un imbécile, ce serait lui montrer à quel point il n’est guère plus qu’un gamin incapable de se libérer de l’emprise de son géniteur. Et surtout, surtout cela reviendrait à relancer une conversation qu’il veut à tout prix voir prendre fin. C’est trop douloureux tout ceci, trop compliqué à aborder pour ce jeune homme qui a toujours appris à contenir, tout contenir, quoi qu’il advienne. Alors il adresse un sourire feint à la demoiselle, hoche la tête, la pointe de culpabilité qui pique son cœur. Culpabilité de la balader rapidement la gamine, lui faire gober que oui, il prend note, il les suivra ses conseils, bien évidemment, lorsque c’est le schéma inverse qui se déroule au sein de son cortex. Landon James, spécialité donner des conseils que jamais il ne mettra en œuvre.
- Merci beaucoup Eden. Pour tout. De m’avoir écouté, conseillé, mais aussi de m’avoir poussé à parler. J’suis heureux que t’aies fait tout ça, j’suis heureux de te compter dans ma vie. Et si un jour j’peux te rendre la pareille… Si jamais t’avais besoin de te confier sur quelque chose, n’importe quoi, j’aimerais que tu saches que j’serais là pour toi. Tu peux compter sur moi, Eden.
Et les doigts fins qu’il sent courir sur sa joue tandis qu’il parle, ces doigts qui font se hérisser ses poils fort heureusement dissimulés sous ses vêtements, et ses doigts à lui, ses propres doigts toujours posés sur les côtes de la demoiselle, qui ne la chatouillent plus désormais, se contentant de caresser machinalement le côté de son buste à travers l’étoffe du pull. Regard noyé dans le sien, le bleu du ciel et le bleu de l’océan qui se mêlent, s’emmêlent, s’embrasent, s’embrassent sans même qu’ils n’aient à esquisser le moindre geste l’un vers l’autre, opalescences qui hurlent en silence ce que le cœur brûle de crier, ce que les lèvres ne parviennent à formuler.
Et puis la gamine qui l’envoie gentiment balader, qui se laisse rouler loin de lui, rompant sans ménagement la calme beauté de l’instant partagé. Adolescent qui se voit quelque peu hébété, battements de paupières qui se succèdent pour tenter de remettre un tant soit peu d’ordre dans ses idées que cette trop grande proximité avait embrouillées, tandis que la petite blonde reprend la parole. Elle lui explique que sa soudaine gentillesse n’était qu’éphémère, qu’elle en a un peu trop abusé, d’ailleurs, et qu’il lui faudra tout oublier sans tarder. Ça l’amuse Landon, comme de coutume, et il doit se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire lorsqu’elle fait référence au film Men in black, le faisant involontairement imaginer la poupée dans le célèbre costume de l’un des protagonistes. Il se refuse à rire le jeune homme, lui il préfère prendre un air outré, ressortant pour la dixième fois de la soirée son costume de comédien bon marché, les lèvres qui s’entrouvrent et les sourcils qui se haussent dans sa direction, la main posée sur le cœur dans une expression de choc profond. Et puis, n’y tenant plus, il éclate de rire en voyant le joli minois de la gamine se peindre aux couleurs de l’amusement, douce mélodie qui se mêle à la sienne, lycéens à bout de nerfs qui craquent en même temps.
Il a le visage qui se teinte de nuances rosées Landon, les larmes de bonheur qui perlent au coin des yeux et la main plaquée sur les lèvres étirées, comme pour contrer un éventuel éclat un peu trop bruyant. Et puis enfin il se calme, essuie du bout des doigts ses yeux humides, prend une maigre inspiration pour achever de retrouver un semblant de contenance. Et la conversation précédente qui se rappelle à son bon souvenir, la proximité sur le lit, la fausse promesse, celle d’appliquer des conseils qu’il tente déjà d’enterrer dans les tréfonds de sa mémoire, culpabilité qui se fait de nouveau sienne. Culpabilité qui le pousse à revenir sur le sujet, à faire preuve d’un peu plus de sincérité que prévu, comme pour s’excuser de ne pas appliquer ses conseils, ces conseils qu’il lui a d’ailleurs prodigués quelques instants plus tôt, forme différente, fond pourtant semblable.
- Eh bien, si j’ai droit à quelques dernières paroles, votre honneur… J’voudrais revenir sur ce que je te disais tout à l’heure. J’te remercie de m’avoir poussé à parler de… ces choses-là. Parce que… j’veux pas que tu te méprennes, que t’interprètes mal mes attitudes, parce que j’sais bien qu’il y a certains sujets sur lesquels j’peux parfois avoir l’air un peu distant, mais j’voudrais pas que tu croies que j’te fais pas confiance, ou une bêtise du genre… Le truc c’est que j’suis pas habitué à me confier comme ça – tu le voies bien à la manière dont je m’embrouille, d’ailleurs.
Doux rire qui s’évade d’entre ses lippes, rire un peu timide, un peu embarrassé, footballeur populaire habitué à un excès de confiance qui se voit bien démuni face à elle.
- Mais voilà, tout ça – mon père, la pression, la manière dont j’vois le foot aujourd’hui –, ben j’en avais jamais parlé à qui que ce soit. Avant toi. C’est la première fois que j’me livre sur le sujet comme ça, du coup c’est pas très facile pour moi d’en parler… J’sais pas par quel bout aborder la chose, puis j’voudrais pas avoir l’air trop faible tu vois c’est comme ça, c’est dans ma nature. Mais du coup, j’te remercie. Parce que même si c’était compliqué, j’crois que ça m’a fait du bien d’en parler à quelqu’un. Et j’suis content que ce quelqu’un ce soit toi, et c’est pour ça que j’te dis que tu dois pas te faire des fausses idées parce que je suis naturellement secret, parce que t’es finalement l’une des personnes en lesquelles je place la plus grande confiance, même si j’suis bien incapable de dire pourquoi. J’ai juste… l’impression qu’on se comprend. On n'a pourtant pas grand-chose en commun, dans le fond, mais j’sais pas. C’est comme une évidence j’trouve. Genre… c’est normal.
Et la mine qui se fait bien grave tout d’un coup, le regard qui se plonge dans le sien, un instant, avant qu’il ne laisse un sourire en coin étirer ses lèvres, frappe dans ses mains, doucement, pour ne pas éveiller la maisonnée tout entière.
- Allez hop, on oublie tout, abracadabra. Car si j’oublie tout t’oublies tout toi aussi, c’est pas drôle sinon, c’est pas comme ça que ça marche.
Et une règle qui se fera primordiale au sein de leur relation, « œil pour œil, dent pour dent » revisité, règle énoncée pour la première fois en cette froide nuit du mois de décembre, dans la chambre adolescente d’une Eden encore jeunette. Garçon qui se redresse sur le lit confortable, passe ses mains dans son dos, sur la couette, rencontre le portfolio de la demoiselle et ses quelques photos égarées en vrac. Précieux objets dont il se saisit de nouveau, qu’il prend précautionneusement entre ses doigts, cherche rapidement la page à laquelle il s’était arrêtée. Cette page dont l’une des pochettes est désormais vide, la pochette qui recelait la photographie à son effigie, page estropiée par une curiosité insatiable.
- En revanche j’en avais pas fini avec ça, s’il est bien une chose que je n’ai pas oubliée c’est bien cela.
Et le regard qui se relève vers elle, les sourcils haussés, sourcils qui s’arquent à quelques reprises, plusieurs fois d’affilée, dansent la guigne sous sa mèche châtain. Regard qui reprend alors le chemin des pages plastifiées restantes, jeune homme qui détaille en silence le contenu de ce précieux portfolio. Opalescences qui finissent par s’arrêter sur l’un des clichés, une vieille femme, souriante, et l’impression étrange qui se dégage de la photographie, forme d’aura d’amour pur qui surprend le lycéen d’ordinaire si obtus au monde de l’art.
- C’est elle, ta grand-mère ?
Portfolio qu’il tourne alors dans sa direction, désignant le cliché incriminé, dans l’attente d’une réponse qui saura lui indiquer si, oui ou non, c’est bien ce visage qu’il doit mettre sur sa grand-mère bien-aimée. Registre qu’il reprend sitôt la réponse obtenue, bien décidé à venir à bout de cette histoire décousue que semble conter la succession de photographies. Et les yeux qui ne tardent pas à s’arrêter sur une nouvelle image, photographie qui ne représente nulle autre qu’Eden en personne. L’objectif tourné vers un miroir qu’il ne reconnaît pas, c’est le reflet que lui renvoie la glace que la gamine a décidé de photographier. Visage de petite poupée qui se fait presque sombre sur le papier glacé, elle ne sourit pas la gamine, le regard rivé dans les opalescences imprimées dans le verre du miroir.
- Elle est belle, cette photo.
Non, c’est toi qu’est belle Eden, j’pourrais dire ça de n’importe quel cliché de toi.
- C’est sympa comme idée, de photographier ton reflet. Mais… Y a un truc que je saisis pas. Pourquoi tu souris pas, Eden ? À croire que t’es malheureuse de te voir dans la glace.
Et les sourcils qui se froncent subtilement, la ridule qui se creuse discrètement entre eux tandis qu’il porte sur elle son regard ardent. Oui, Eden. Pourquoi tu souris pas, toi qu’est si belle, toi qui me fais pourtant sourire à chaque fois que je te vois sans même que je sache pourquoi ? Il est confus le jeune homme, perdu face aux méandres délicats de l’esprit adolescent, il en est pourtant pourvu lui aussi de ce même esprits, de ces mêmes doutes et questionnements incessants.
Ultime page, ultime cliché, quatrième de couverture qui se referme doucement ; jeune homme qui reste un instant silencieux, les yeux religieusement baissés vers le portfolio, jusqu’à ce qu’il démêle un peu ses idées, ses sentiments, relève enfin les yeux vers elle pour la regarder bien en face, sans ciller.
- Franchement, Eden, j’vais pas te mentir, moi j’y connais rien en photo. Mes connaissances en la matière, elles se limitent aux appareils photos jetables que ma mère glissait dans mon sac à dos avant chaque colonie de vacances, si tu veux tout savoir. Donc voilà, j’pourrais pas te donner un avis professionnel, loin de là, toute façon tu devais bien t’en douter mais tu m’as quand même montré tout ça, tout en sachant que ça t’apporterait rien de bien constructif. Et ça me touche beaucoup, j’imagine que ça a pas dû être facile pour toi d’accepter de me montrer tout ça. Et donc voilà, tes photos je les trouve belles, vraiment, y a un truc qui fonctionne, encore une fois je saurais pas te dire quoi parce que j’en sais absolument rien, mais… En fait, elles évoquent des choses, tes photos. Y en a plusieurs qui m’ont fait ressentir quelque chose lorsque je les ai regardées, qui ont réveillé des choses en moi, et j’pense que c’est le plus important, finalement. La technique, comme pour tout, ça s’apprend, ça s’acquiert, ça se perfectionne. Mais ce truc de faire ressentir des choses, là… Tu l’as ou tu l’as pas, tu peux pas le gagner si t’es pas né avec, et toi tu l’as. Et je pense que c’est ça qui pourra te mener loin. Tu te contentes pas de prendre des bêtes photos Eden, des images qui serviront juste à illustrer des pubs bon marché. Tes photos elles racontent quelque chose, et ça c’est juste génial.
Il a beaucoup parlé Landon, bien trop pour un simple lycéen inexpérimenté ; mais qu’importe. Il a parlé avec son cœur, pour changer, et voilà qu’il lui adresse un petit sourire, presque timide, remet entre ses mains, précautionneusement, le portfolio. Et les doigts qui s’effleurent lors de l’échange, les doigts qu’il autorise à se perdre quelques instants sur le dos de sa main, la main qu’il pose doucement sur la sienne, juste le temps de lui dire :
- J’crois en toi, Eden. Promis. Crois juste en toi toi aussi, et t’auras la vie dont tu rêves.
Mains qu'ils retire alors doucement de par-dessus les siennes, jeune homme un peu troublé. Troublé de constater combien les mains de la petite Howard sont chaudes par rapport aux siennes.
Made by Neon Demon
Dernière édition par Landon James le Dim 27 Aoû - 14:53, édité 1 fois
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Mer 16 Aoû - 17:25
'cause you mean everything
Eden & Landon
Il a raison le garçon dans les faits. Ce ne sont pas des couteaux qu’il lui avait mis sous la gorge mais l’épiderme de ses doigts contre ses côtes, remontant tout doucement jusqu’à la peau contre sa gorge. Son souffle frais se hissant jusqu’à son visage tout proche pendant qu’elle suffoquait, se tordait de rire sous son poids. C’était pire, bien plus martyrisant qu’une menace faite à la lame tranchante, bien moins simple d’y résister finalement. Elle avait tenté, elle avait essayé pendant la première minute de se contrôler, de ne pas lâcher le moindre sourire à l’adolescent mais ça c’était montrait bien difficile, voire même révélait du domaine de l’impossible. Elle n’est pas surhumaine la demoiselle pour ne rien ressentir lorsqu’il s’attaque à ses points sensibles. Ainsi, toujours allongé sur la couchette elle le fixe elle l’entend fanfaronner et dire qu’elle aurait pu résister si elle l’avait réellement voulu et que bien évidemment, allant de pair avec la volonté elle avait été libre de ses mouvements, libre de choisir de lui sourire ou non. Foutaise qu’elle aimerait lui faire ravaler, sourire fière de lui qu’elle aimerait lui faire manger pour avoir le toupet d’en faire des tonnes alors qu’il venait de l’avoir à l’usure, utilisant une méthode fourbe pour obtenir un sourire, seul témoin de sa victoire.
Cercle vicieux dans lequel elle se lance, sourcil qui se hausse à l’entente de la fin de sa phrase. Elle rentre de nouveau dans le jeu Eden, car elle ne sait faire que ça. Plonger tête la première dans une guerre qui ne prendra jamais fin si ils continuent à ce rythme, à toujours chercher à avoir le dernier mot, le dessus pour des bêtises. Bal de match qu’elle saisit et renvoie à sa façon. Ping-Pong, Tennis ou Badminton elle s’en fout, elle prend juste l’attaque et la retourne à sa façon. « Bien évidemment que j’aurais pu résister Landon, si j’avais utilisé tout mon self-control on y serait encore… Mais je ne voulais pas te faire galérer autant de temps … C’est un peu comme la médaille en chocolat… T’as pas gagné mais pour te rassurer on te donne quand même quelque chose … » Elle ment Eden, encore. Tout aussi mal que lui, de manière théâtrale pour se donner un genre. Elle fait semblant juste pour lui clouer le bec un instant. Paroles qui n’ont pas besoin d’être dites à voix haute tant ils sont près l’un de l’autre les jeunes gens. C’est du susurré, du presque insonore. Lippes qui se pincent un instant lorsqu’elle sent la main de son invité arrêter de s’activer contre son flanc, opalescences qui glissent de ses yeux jusqu’au col rond de son pull qu’elle touche du bout des doigts, plissant et déplissant le tissu machinalement. Et elle profite de cet instant de silence, cette minute ou le regard du garçon est concentré sur elle pour dire ce qu’elle a sur le cœur, lui dire comment elle ressent les choses. Les mots qui lui piquent la langue subitement.
Première fois dans toute son existence quelle ressent le besoin de parler aussi franchement la princesse. Après avoir susurrer un mensonge, elle dit haut et fort une vérité. Elle l’aime vraiment bien à Landon. D’une façon bien différente de celle dont elle a toujours pu admirer les garçons, s’amuser avec eux en bon enfant. Mais là, c’est plus que ça. Ça va haut de là, elle l’apprécie au point d’en avoir le cœur qui bat fort en sa présence ; être contente de l’apercevoir entre deux cours lorsqu’il lui envoie de loin un coucou de la main. Elle l’admire par la prestance qu’il dégage naturellement et c’est tellement fort, innocent et compliqué pour elle de ressentir tout ça qu’elle le lui dit. A voix haute, en face à face. Sans filtre, sans se cacher. Douceur dans les mots qu’elle emploie qui ne lui est pas appropriée, qui ne lui est pas innée. Mais ça vient, les mots se détache, s’enlacent pour constituer une phrase et sortent avant tout de son cœur pour aller tout droit se nicher dans celui de son interlocuteur.
Elle ne s’en rend pas compte Eden, mais elle battit tout doucement les premiers murs d’une relation forte, d’une relation dont ils n’ont pas encore conscience. Pour l’instant, c’est de l’amitié et surement que ça le restera à tout jamais d’après elle. Elle pense que l’attirance qu’elle ressent s’estompera avec le temps. Elle pense juste avoir un léger coup de cœur la poupée, le premier de son existence. Elle pense s’être pour la toute première fois entichée légèrement d’un garçon. C’est mignon, enfantin et du jour au lendemain ça prendra fin sans avoir ne serait-ce qu’une seule fois pu dépasser le stade d’être autre chose que la petite fille attachiante du lycée aux yeux de Landon. C’est comme ça, du moins elle présume que ça l’est. Que c’est la normalité et qu’enfin est arrivé son heure, celle d’attacher un peu d’importance à un garçon pour autre chose que simplement rire avec ; avoir un nouveau camarade de classe pour faire les 400 coups. Là non, ce n’est pas ce qu’elle recherche avec l’ami de son frère. Elle est attirée par l’ensemble de sa personnalité que ce soit : son physique avantageux, la façon dont sa lèvre inférieure vient se nicher entre ses dents dans un tic appréciateur et chaque jour qui passe, à apprécier un peu plus son caractère. S’imaginer de temps en temps ses lèvres contre les siennes. Qu’est-ce que ça lui ferait de vivre son premier baiser avec numéro quatorze. C’est les débuts des premiers crush, expériences que toutes ses rares copines ont déjà expérimenté depuis quelques années déjà et qui pour elle, reste encore un grand mystère.
C’est une phase il parait, une phase ou tu t’éprends sur quelqu’un et il ne se passe absolument rien avec cette personne. Puis finalement, l’année d’après tu l’oublies et passe à un autre et ainsi de suite jusqu’à trouver le bon, celui qui fait oublier les fantasmes des années lycée, celui qui lui fera tout oublier même son prénom à la poupée. Alors elle ne sait pas trop Eden, elle se rattache à cette légende sans trop y croire pour se rassurer que ce n’est que ça, qu’un petit engouement imperceptible et qu’au final il n’y aura jamais rien de plus. Si elle s’y attache de plus en plus au garçon, c’est parce que Landon est le saint graal du lycée, quelle est normalement constitué et comme toutes les filles elle ne peut qu’apprécier sa beauté. Puis lui aussi n’arrange rien à la situation, le voir de plus en plus souvent aller forcément susciter en elle une poussée de sentiment étrange qu’elle ne saisit pas du tout encore. Elle a quinze ans et demi bébé Howard, ça devait arriver de toute façon. Mais c’est que pour un temps, car Landon c’est l’étoile la plus brillante du firmament, Landon c’est la comète qui traverse le ciel et s’écrase avec force sur la terre. Avec Landon, on peut faire un millier de métaphore car il représente tout ce qu’on aime, il caresse du bout des doigts la perfection, la frôle avec nonchalance. Landon il a les filles, le monde à ses pieds. Ce n’est certainement pas sur la petite fille des plages aux cheveux dorés qu’il posera son dévolue. Jamais. D’ici quelques temps il aura trouvé une petite amie le beau jeune homme, une fille à sa hauteur, il se baladera avec celle-ci et oubliera l’existence de Eden. Ou alors ils resteront simplement amis par l’intermédiaire de Bae. Et bien que ça lui pince le cœur d’y penser, elle se dit que c’est le schéma le plus fatidique, réaliste qui puisse exister. Réalité qu’elle ne pourra pas combattre, elle doit s’y faire, elle restera à tout jamais la petite sœur de Baedrian Howard.
Mais là, ce n’est pas la question. Là, pour le moment ils sont sur son lit à la jeune fille. Le regard complètement perdu dans celui de l’autre. Presque engourdies par la position proche qu’ils tiennent depuis quelques minutes, sonnées autant l’un que l’autre par les palabres inattendues de l’adolescente. Elle vient de lui avouer qu’elle tenait à lui, elle vient de lui dire tout ceci mais ce n’est pas qu’un élan d’affection sans idée derrière la tête. Elle se voulait sincère pour pouvoir l’aborder sur sujet plus sérieux. Un sujet qui lui tient à cœur. Un sujet qui maintenant lui fend le cœur à peine celui-ci lui traverse l’esprit. Elle lui dit car elle le considère réellement comme un ami au de-là du petit jeu auquel ils s’amusent tout le temps. Elle veut son bien et elle ne peut pas se taire juste pour lui faire plaisir. Ainsi, elle reprend la parole. Elle lui dit qu’il est le meilleur de son équipe, elle lui dit ça car c’est la vérité. Il l’est. Landon est le meilleur joueur de football américain en équipe lycéenne de la région actuellement. Elle ne parle pas sans preuve, elle parle car elle l’a vue faire, elle l’a vue jouer au cours des derniers mois alors qu’à la base elle n’aimait même pas ça. Mais avec un peu de courage, une bonne raison pour regarder ce sport elle s’est mise à presque apprécier. Et depuis, elle n’a pas raté un seul des matchs car à chaque fois, il lui a gentiment demandé de venir et c’est devenu systématique. Une évidence d’y aller et l’encourager du regard. Elle l’a vue exploser des scores à Landon, elle la vue courir plus d’une fois comme un dératé d’un coté à l’autre sur le gazon. Elle l’a vue se perdre dans la mêlée et en sortir le ballon entre les mains pour filer et aller marquer. Alors si le problème n’est qu’une question de pression sur les épaules, elle veut qu’il se l’enlève. Car il est bon Landon, il a un don dans ce sport et elle lui en parle, essaie de lui prouver qu’il est bon jusqu’à épuisement mais elle lui dit aussi, lui rappelle qu’il peut se faire qu’il veut encore. Qu’il est jeune, qu’il peut arrêter si c’est ce qu’il veut. Elle tente un peu toutes les solutions Eden, elle vide les stocks de bonnes paroles pour lui apporter un peu de réconfort.
Le dos de la main contre la joue du brun, elle se permet de le regarder un instant. Une minute dans le silence. Elle le voit tirailler, perdu dans ses pensées. Elle pensait qu’il aimait ce qu’il faisait. Elle le pensait vraiment jusqu’à ce soir. Elle imaginait qu’il appréciait ce sport dans lequel il excelle au point d’en faire son métier. Mais c’est plus compliqué que ça. Il l’aimait son sport, vraiment mais plus trop maintenant. Ce soir, au travers de ce qu’il lui a expliqué et d’une autre de ses phrases elle l’a senti qu’il disait qu’il ferait sa carrière là-dedans mais sans avoir les étoiles dans les yeux. C’était l’envie qui manquait dans ses prunelles bleutées. Actuellement, Il a l’air complètement sous l’emprise de son géniteur le garçon. Il a l’air de se laisser faire Landon James car il n’a d’autre choix que de le faire. Il donne l’impression d’avoir un peu peur de son père et ça lui arrache le cœur à Eden cette impression qui ne colle tellement pas au garçon qu’elle apprend à connaitre. Il hoche de la tête, faiblement avec un infime sourire et elle comprend qu’elle aura beau parlé, tant que lui ne se sera pas résigné à ne plus écouter son père il restera bloqué.
Remerciement qu’elle accepte en souriant, gentiment. Elle ne comprend pas trop pourquoi il la remercie mais elle ne peut que hocher la tête. Machinalement, bêtement. Bien trop déconcentré par les doigts du jeune homme caressant doucement son corps par-dessus son pull. Elle a les idées qui s’embrouillent, la vue qui se trouble en se noyant peu à peu dans l’océan des prunelles de Landon. Elle a le souffle qui devient court. Elle a envie de ramener ses lèvres charnues contre celle de son voisin. Elle a envie de lui arracher, lui voler ce premier baiser qui serait le sien. Puis elle remarque sa propre main, ses doigts caressants encore et toujours sa joue. Dans un geste tendre, dans un geste qui pourrait être prit d’une façon différente. Elle hésite la gamine, un instant elle se met à tergiverser entre rester dans cette position tentatrice, cette proximité à son paroxysme ou bien se lever pour arrêter d’être autant troublé et d’avoir le cœur qui explose à chacun des mouvements de ses doigts contre elle. « D’accord je note ça dans un petit bout de ma cervelle, merci Landon James de te porter volontaire si j’ai envie de parler … tu le regretteras surement au final de m’avoir proposé ton épaule mais à tes risques et périls numéro quatorze …. » Clin d’œil qu’elle lui adresse avant de s’en aller, de s’écarter loin de ce garçon qui était en train de la déboussoler.
Comportement amadouée, trop doux pour un simple ami qu’elle a du mal à assumer depuis cinq bonnes minutes. Tellement du mal à s’avouer charmer par le garçon qu’elle préfère tout tourner à la rigolade, à la dérision comme si de rien était. Jeune fille un poil toujours enfant, qui sort des références d’antan. Elle parle d’un film qu’elle n’a pas vue au moins depuis sept ans. Elle aurait presque peur que Landon ne comprenne pas la référence mais non, comme toujours il court dans le délire le garçon. Il fronce les sourcils, entrouvre la bouche et appuie théâtralement la main contre son palpitant simulant le choc qu’il est en train de subir les paroles en entendant ses paroles, en s’imaginant surement vivre un effacement de mémoire. Elle grimace Eden, elle tord sa bouche un peu dans tous les sens pour ne pas éclater de rire mais ça foire, ça manque. Il voit surement sa bouille se tordre et il ne résiste plus lui non plus, il explose le jeune homme. Son visage se teinte de rouge, ses dents se montre et elle vient étouffer son rire dans un coussin pour que personne ne l’entende. Elle rit à gorge déployée là-dedans. Elle rit sans trop savoir pourquoi, car finalement… Ce n’était pas si drôle que ça non ? Mais c’est un tout, c’est la fatigue, les discussions sérieuse, Landon un peu trop proche d’elle. C’est les nerfs en compote qui se lâche dans cet oreiller.
Chant mélodieux étouffé, tressautement de ses épaules qui s’arrête tout doucement. Calme qui reprend petit à petit le dessus dans la chambre. Elle respire lentement Eden pour se ressaisir, et heureusement pour elle ça fonctionne. Elle évite délibérément le regard de son voisin un court lapse de temps pour ne pas reprendre sa crise de fou rire. Elle compte doucement dans sa tête la belle, jusqu’à dix. Et lorsque le chahut est définitivement terminé, qu’elle se sent libéré de la crise de rire elle se permet de le regarder son bel Adonis. Lui aussi a repris son calme, il se rapproche le garçon. Elle le voit s’approcher d’elle et elle resserre ses bras contre le coussin qu’elle tient contre elle et il la remercie de nouveau, s’excusant presque du comportement un peu distant, froid qu’il peut avoir lorsque les sujets dérivent sur sa personne et elle le comprend. Car elle la première, elle n’aime pas se dévoiler. C’est compliqué de le faire lorsqu’on n’a pas envie de parler. Elle voudrait déjà l’ouvrir sa grande gueule Eden mais cette fois, c’est lui qui la coupe. Lui qui reprend la parole rapidement pour en terminer avec cette discussion. Lui disant qu’il est quand même content qu’elle soit l’unique personne qui sache pour ce problème dans sa vie. Qu’il place une grande confiance en elle aussi, et ça fait plaisir. Son cœur en rate un battement à la gamine. Alors elle lui sourit, posant sa main sur le genou du garçon, caressant le tissu molletonné de son jogging qui lui sert de pas de pyjama pour lui dire toujours aussi gentiment. « Te justifie pas avec moi Landon, j’ai bien compris que c’est juste que t’as pas envie d’en parler… Et tu le feras que si t’as envie d’ailleurs… Je vais pas te forcer à parler si t’en ressent pas le besoin. Mais au moins maintenant tu sais que je suis là, que je sais un petit bout de ton histoire et que jamais je te jugerais car tu ne sais pas quoi faire à cause de ton père. » Doigts qui serrent un peu plus le genou du garçon, présence qu’est la sienne qu’elle veut lui faire comprendre, lui faire rentrer dans la caboche. « Et je ressens la même chose, la même certitude que je peux te faire confiance bien qu’effectivement nous n’ayons rien en commun…. Toi tu brilles au lycée et moi je suis invisible… Nous n’avons pas les même valeurs petite starlette… » Regard qui se fait rieur, petite emmerdeuse qu’elle est et restera à tout jamais et le voilà qu’il veut lui faire oublier toute la conversation à elle aussi. Elle se renfrogne la petite. Elle arque un sourcil et ouvre la bouche mécontente de se voir affligé d’une même sort d’amnésie que lui. « Hein ?! Non, non j’ai pas signé pour ça moi hein ! » Elle fait non de la tête la poupée peu conciliante avec cette règle qu’il veut lui faire accepter.
De-là, s’en suit une guerre ouverte de oui et de non qui fusent. Il rabâche oui, elle rabâche non et ça en devient lassant car ni l’un ni l’autre n’a envie de perdre la manche. Elle soupire Eden, elle souffle un grand coup pour lui faire comprendre qu’il est énervant. « Bon très bien. Puisque ça te tient tant à cœur que j’oublie alors on va trouver un moyen commun d’oublier en même temps. Et maintenant, à compter de ce jour à chaque chose qu’on fera ça sera ensemble ou rien. Alors une fois que ça sera fait, aucun retour en arrière ne sera possible Landon. Ok ? » Petit doigt qu’elle lui tend sous le nez, promesse digne d’enfant de quatre ans qu’elle veut lui faire jurer. Et il le fait le garçon, sans rechignement. Alors, ils énumèrent les enfants une liste de machine à controverser le temps. Et ils tombent d'accord sur la façon de s'y prendre. Un baiser, sur la joue. C'est innocent et elle se rapproche de lui la gamine, venant se mettre à quatre pattes en face de l’adolescent. Et y’a la tête qui se penche, le souffle chaud qui vient se poser sur le visage du garçon et y’a les lippes qui viennent se poser au coin des lèvres au dernier moment. A moins d’un millimètre de ses siennes, les frôlant presque. Assez proche pour en ressentir les frissons jusque dans son échine, pas assez pour dire qu'elle est une allumeuse la petite. Elle ferme les yeux un instant la gamine. Elle en profite. Elle profite de l’audace et de la poussée d’adrénaline qu’elle a eu pour se délecter de ce premier baiser qu’elle donne à un garçon. Le temps se fait long, le temps semble même s’arrêter alors que cela ne prend que quelques secondes en réalité, des millièmes de seconde avant qu’elle ne se décolle comme si de rien était.
Aucun commentaire n’est fait, pas un mot est ajouté. Comme si ils avaient réellement oubliée les deux adolescent s’allongent sur la couchette et Landon met un point d’honneur à vouloir continuer de feuilleter le portfolio amateur de la blonde. Il repasse les pages rapidement et Eden le regarde faire, voit très rapidement les feuilles plastifier tourner, ses photographies s’enchainer jusqu’à tomber sur une pochette quasi-rempli, n’y manquant qu’une seule photo. Celle du capitaine de l’équipe de football. Photo qu’elle lui avait arraché des mains cinq minutes avant. Cliché qu’elle voit jonchant au sol et qu’elle récupère avant de le remettre à sa place avant qu’il ne tourne la page. « J’adore cette photo, même si tu me prends pour une de tes groupies j’m’en fiche. Je maintiens que c'était pour avoir une photo en mouvement … » Elle boudine la gamine, elle lui parle sans même pivoter la tête vers lui et tourne la page du classeur avant qu’il ne le fasse lui.
Elle hoche la tête la princesse, sourit en caressant du bout de l’ongle le cliché de sa nanny, sa grand-mère préférée. Cliché simple, portrait des plus basique pris dans le plus grand des naturels dans le jardin de la bâtisse dans laquelle la petite famille Howard loge. Elle ne le sait même pas nanny qu’un si joli cliché a été pris d’elle, mais son charme naturel, son sourire encore parfait pour une dame de son âge fait chaud au cœur. Elle a le regard rieur la doyenne des Howard, et on peut voir d’où la ptite fille et son père détiennent ce regard bleu acier. Elle respire encore la santé et la bonne humeur cette super mamie et le voilà retranscrit sur le papier glacé. « Oui c’est elle ma super grand-mère, t’as deviné ça comment … ? » Elle est curieuse la blonde, avec tous les clichés de gens inconnus comment s’est-il aperçu que c’était elle la grand-mère est pas une autre ?
Nouvelle photo pointée du doigt, cliché la représentant elle face à un immense miroir. Elle ne sourit pas Eden, elle est juste là. Se tenant droite, l’appareil en main. Elle ne dégage rien cette photo, rien de bon, rien de bien. Pourtant elle figure dans le cahier des meilleurs clichés. Et bien évidemment, y’a la question qui va avec le compliment. Il lui demande pourquoi elle tire la tête Eden. Pourquoi elle n’a pas le regard pétillant, le sourire qui remonte jusqu’aux oreilles. Et pourtant ça parait évident. Tout simplement car elle n’est pas très souriante Eden, elle n’a pas toujours l’air amusante. Le plus souvent, elle est perdue dans ses pensées la blonde, elle a la mine de la fille qui rêve dans son coin d’un autre monde et pourtant, ça n’a pas l’air de couler de source pour Landon. Lui il ne connait que la version pétillante, la version qui est né en même temps qu’il a débarqué dans sa vie. La version dont il est le seul à en avoir un léger aperçu. Il ne voit que la Eden qui change, celle qui grandit tout doucement et elle sourit nerveusement Eden, ne sachant comment l’expliquer. Elle commence à triturer sa housse de couette sans savoir par où commencer. « Et bien … Je sais pas trop en fait … ? Peut-être que toi tu vois qu’une fille souriante alors que je ne le suis pas vraiment … ? J’ai un peu du mal avec moi-même en fait. Je me fatigue, mon esprit me fatigue et je dois surement avoir cette tête plus souvent qu’autre chose. Pas étonnant que les gens ne viennent pas vers moi … » Sourire qu’elle veut réaliste, mimique plutôt désastreuse qu’elle est en train de lui servir. Elle regarde une dernière fois le cliché et tourne la tête vers lui, qui la regarde avec incompréhension, un haussement de sourcil et elle vient taper doucement son épaule contre la sienne pour le dérider le garçon. « Mais si ça t’inquiète tant que ça promis j’ajouterai une photo de moi souriante là-dedans, tu pourras même la prendre toi au moins tu pourras être certain qu’il est vrai ce sourire. » Clin d’œil complice, dernière page du cahier qui arrive et après quelques commentaires sur les dernières photos il est l’heure que le livre ce ferme. L’heure d’avoir la dernière impression de Landon après avoir regardé avec attention chacune des impressions qu’elle avait pu faire depuis le début de l’année. Classeur déjà bien entamé, remplie en à peine quatre mois et qu’elle continuera de remplir au fil des semaines et des jours qui passeront.
Elle sourit lorsqu’elle l’entend parler des petits appareils photos jetable qu’elle-même utilisée avant que sa grand-mère ne lui en achète un vrai, un bon. Elle imagine la version enfant de Landon prenant tout et n’importe quoi en photo, usant la pellicule de son appareil kodak bien plus rapidement que de raison. Prenant en photo du floue, des choses bien inutiles dérisoire que même sa mère aurait du mal à comprendre en faisant développer les clichés, des photos de lui à moitié raté en essayant de bien se viser avec l’objectif dès le premier jour de colonie de vacance. Mais elle ne le coupe pas, à aucun moment. Elle préfère entendre tout ce qu’il a à dire en un seul morceau et la suite est plaisante, encourageante. Il ressent quelque chose, il a des émotions qui lui viennent en regardant ses photos et ça, c’est un compliment. Le plus beau du monde, le meilleur qu’il lui été donné d’entendre. Elle a le cœur qui se mettrait presque à fondre en lui disant qu’il voit en elle un potentiel, un réel truc qui pourrait la pousser dans une réelle carrière de photographe pro.
Elle en est toute émue la demoiselle, elle se retrouve le cahier entre les mains, le contact frais des doigts du garçon contre son derme brûlant et laiteux. Elle ose à peine le regarder. Intimidé par cette pluie de compliment qu’il vient de lui faire cadeau, elle est touchée. Car c’est la première fois qu’elle ose montrer son travail à quelqu’un qui n’est pas de sa famille, de son entourage proche et qu’elle reçoit des louanges sur le travail dans lequel elle a sacrifier autant de temps. Elle ne s’attendait à rien venant de Landon, ou peut être un simple c’est bien, c’est cool ce que tu fais. Mais certainement pas à autant. C’est touchant, au point d’en avoir la gorge serrée, de ne pas réussir à articuler un mot tant elle est intimidée. Elle tourne la tête Eden, riant nerveusement, rouge comme une tomate pas prête à tout ça. Elle cache son visage à l’aide de ses paumes dès que la main du garçon quitte la sienne. « J’suis sûr tu fais exprès pour me faire rougir arrête …. » elle rit encore, trop confuse de cette avalanche de compliment et d’espoir qu’il lui donne. Elle découvre alors son visage. Laissant voir ses joues rosies par les émotions, ses yeux étincelant par toutes ces belles paroles. « C’est le plus beau et aussi, le meilleur compliment qu’on m’ait fait de ma vie et il s’adresse à mon travail même pas à moi personnellement … Merci Landon et sache que moi je crois en toi, qu’importe ce que tu feras. Champion de football ou autre… » A son tour, elle pose sa main sur celle de Landon un instant en lui soufflant ses quelques paroles tout autant encourageantes que celle qu’il venait de lui faire part.
Agréable silence qui prend place sur la couchette, opalescences qui se croisent et détail le visage de l’autre. Elle remarque des petits détails qu’elle n’avait jamais vue avant la blonde. Comme le petit grain de beauté en plein milieu de sa joue. Tache sur son derme encore assez claire pour qu’on ne la voit que lorsqu’on se rapproche. Le cercle plus foncé dans son iris couleur pers, Regard perçant, revolver qui lui-même est en train de la détailler sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Et y’a la déformation professionnelle qui arrive avec ses grands sabots. L’envie irrationnel de le prendre en photo car au de-là de voir un simple beau garçon, elle voit un model parfait. Alors elle se lève lui intimant de ne pas bouger. Elle s’empresse d’attraper son appareil photo sur son bureau et regarde le grand brun allongé sur son lit, le regard intrigué, paumé de la voir dégainé son jouet préféré. « Ça te gêne si je continue de faire ma ''groupie'' … ? Mais t’es vraiment photogénique, t’as un visage qui donne vraiment envie que je le photographie … Teuplait … ? » Petite demoiselle debout, qui bouge et joue de sa moue d’ange pour le faire craquer. Elle le voit hésiter, surement gêné de se voir photographier en pleine nuit alors qu’il est en pyjama. « Juste deux Landon… Une de tes yeux, et l’autre je sais pas mais je trouverais et si elle te plaise pas, je supprime sous tes yeux… » Elle se mord la lèvre Eden, prête à donner beaucoup pour l’avoir son droit d’image, avoir ses clichés qu’elle juge déjà parfait. Elle vient donc s’asseoir à côté de lui, innocemment d’abord puis vient passer ses doigts dans la masse capillaire du brun, commençant un massage crânien à l’aide d’une seule main. « Un petit massage en échange de la photo ça ne te tente pas … ? » Gentillesse surfaite, moue qu'elle sait faire pour se rendre irrésistible. Elle en joue la gamine.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Dim 27 Aoû - 15:26
'cause you mean everything
Eden & Landon
Petite main qu’il sent se poser sur son genou, brûlure de ses doigts qu’il perçoit avec une précision accrue à travers l’étoffe molletonnée de son pantalon. Contact qui éveille ses sens, opalescences qui s’abaissent alors vers la fameuse main, s’attardent un instant sur la contemplation de ce doux geste, comme pour mieux fixer l’empreinte mnésique du florilège de sensations que suscite pareille caresse sur son genou. Opalescences qui se relèvent sagement vers le visage de la jolie blonde à l’instant où elle prend la parole, jeune homme toujours prêt à écouter ce qu’elle a à lui dire, même si c’est juste pour lui parler de ce qu’ils vont manger au déjeuner au self, même si c’est juste pour lui parler une heure durant de cette photographie à laquelle il ne saisit rien.
Mais en l’occurrence, ses paroles sont plus intéressantes que cela. Elle lui explique qu’elle comprend son embarras, qu’il n’est nullement dans l’obligation de se confier sur des sujets qu’il souhaite laisser dans l’ombre, qu’elle sera l’oreille attentive dont il pourrait avoir besoin, à l’avenir, douce voix libérée de ses lippes pour laisser s’envoler des palabres tout aussi douces. Et la main, grande main qu’il vient poser sur la sienne, froid sur chaud, glace sur lave, explosion du mercure, implosion du palpitant. Geste innocent et pourtant réconfortant qui se fait naturel pour lui, comme si l’épaisseur du coton de son jogging lui était soudainement devenue insupportable, distance trop importante entre leurs deux peaux, il en veut plus, il lui en faut plus à Landon, il a besoin de ressentir la rencontre de leurs dermes alors il glisse ses doigts contre les siens, remerciement tacite pour ses paroles, pour sa présence, pour sa compréhension, silence lorsque les gestes se suffisent à eux-mêmes.
Et le doux sourire qui effleure ses lèvres à l’entente de ses paroles, lorsqu’elle pointe du doigt leur nette divergence en matière de popularité. Popularité dont il n’a cure, popularité qui s’est faite sienne par la force des choses, sans qu’il la désire particulièrement ; passion sportive qui lui a valu une place de choix au sein de l’équipe de foot du lycée, poste de quarterback qui l’a mené au sommet de l’échelle sociale lycéenne comme, des années plus tard, son statut de footballeur professionnel ferait de lui une célébrité. Notoriété qui ne représente guère plus à ses yeux que le dommage collatéral pour se risquer à pratiquer la discipline qu’il aime le plus, celle dans laquelle il excelle le mieux.
Il pourrait la rassurer, cette petite blonde aux grands yeux bleus. Lui expliquer que c’est ainsi que les choses fonctionnent au lycée, que si tout n’est question que de popularité, elle a encore quatre longues années devant elle pour se bâtir un semblant de notoriété ; que cela fait quelques mois à peine qu’elle a fait son entrée dans la cour des grands, qu’il est donc normal qu’elle soit encore réduite au statut d’invisible parmi les étoiles de l’établissement. Il pourrait. Seulement ce n’est pas nécessaire, pas avec elle, et il le sait. Il le voit bien à la désinvolture avec laquelle elle évoque le sujet, il perçoit bien le peu d’intérêt que la gamine porte à toutes ces histoires. Et, le temps d’un instant, il en vient même à se demander si sa popularité ne le dessert pas aux yeux de la jolie. Si elle ne le fait pas dégringoler dans son estime, si elle ne le rend pas méprisable, pour elle qui fait fi de la course à la popularité et autres mondanités lycéennes.
- Ce ne sont pas toujours les étoiles qui brillent avec le plus d’éclat qui sont les plus intéressantes, tu sais ?
Il se ferait presque poète ce soir, lui qui n’ouvre un bouquin que lorsqu’ils ont un contrôle de lecture pour le lendemain, et pourtant il sort à la demoiselle des métaphores dignes d’un Arthur Rimbaud du pauvre, c’est dingue. Et le haussement d’épaules qui s’ensuit, comme pour balayer, désinvolte, des paroles un peu trop sensées, un peu trop sincères pour une fois, le rictus qui valse sur ses lèvres, le rictus amusé de la voir protester de la sorte lorsqu’il pose la condition que s’il est condamné à tout oublier de cette soirée, la même sentence doit immanquablement lui être infligée. Elle râle la petite poupée, y a le sourcil qui s’arque et la bouche qui adopte une moue offusquée, la tête qui bouge de gauche à droite avec force détermination et les longues mèches platines qui fouettent son visage. Et, face à ce charmant tableau, un jeune homme qui réprime un éclat de rire moqueur devant l’absence d’équité du marché.
La vérité c’est que c’est important l’égalité à ses yeux ; avec la justice, ce sont deux valeurs qui tiennent tout particulièrement à son cœur juvénile. Alors il est bien hors de question pour lui de laisser Eden s’en tirer si facilement. Hors de question d’être perdant ; s’il ne doit pas être gagnant, ils se devront d’être sur un pied d’égalité, ce n’est même pas négociable. Alors c’est à son tour de protester, au beau brun, et c’est en faisant preuve de bien peu de maturité que les deux jeunes gens se lancent dans une guerre ouverte à coups de « oui » et de « non » affirmés, lycéens qui se voient subitement ramenés au temps des bacs à sable. Ils sont têtus les gamins de Savannah, de vraies têtes de mules incapables de lâcher l’affaire, d’un côté comme de l’autre, et ce n’est que lorsqu’Eden, faisant preuve d’un peu plus de bon sens que lui, lui concède la victoire que ce combat puéril prend fin. Et le grand sourire qui prend place sur les lippes du garçon, le sourire victorieux, le sourire fier, heureux d’avoir remporté cette manche. Foutue éducation qui l’a formaté pour convoiter la moindre petite victoire comme le Saint Graal. Le grand sourire qui ne s’ébranle même pas lorsqu’un soupir franchit les lippes de la gamine, le grand sourire qui ne fait que se faire un peu plus prononcé encore lorsqu’elle déclare qu’à partir d’aujourd’hui, ils feront tout ensemble, absolument tout, sans autre alternative possible. Ça lui convient à ravir, à Landon. Ça lui convient à ravir parce que les négociations ne pouvaient aboutir sur un terrain d’entente plus juste, plus égalitaire. Ça lui convient à ravir parce que ce pacte les rapproche implicitement, liens indestructibles qui commencent déjà à se tisser entre les futurs amants, sans qu’ils y prennent garde, sans qu’ils en aient seulement conscience.
Aussi c’est sans la moindre hésitation que le jeune homme dégaine son petit doigt pour le crocheter à celui que lui tend la demoiselle, celer d’un geste empli de sens ce serment qu’ils se font. Et y a le regard qui se fait soudainement solennel, le regard azuré qui vient se braquer sur la petite blonde d’un air décidé, se perdre dans ses yeux, comme pour lui signifier qu’il accepte le marché plutôt deux fois qu’une.
- Croix de bois, croix de fer, si j’mens j’vais en Enfer.
Et les mots qui fusent d’entre ses lippes où se dessine un rictus à peine prononcé, comme pour achever d’infantiliser cette promesse, comme pour se moquer d’eux deux, de leurs comportements de gamins qu’il trouve bien plus plaisants qu’il ne le devrait, autodérision qui ne lui a jamais fait défaut. Et ce n’est qu’une fois cette formule tout droit sortie d’une cour de récréation prononcée qu’il relâche son doigt, laisse sa main retomber sur sa cuisse toute de coton recouverte. Conversation qui reprend tout naturellement son cours, souvenirs et réflexion du beau milieu de la nuit qui se mêlent au fil des mots. Ensemble ils se remémorent des films vus, des histoires lues où les personnages défient le cours du temps. Ensemble ils cherchent leur propre formule magique, ce qui sera « leur truc » à eux pour effectuer le même tour, une formule inspirée de ce qu’ils connaissent, une formule qui devra pourtant être nouvelle, unique en son genre. Il y a tant à réinventer, pourquoi donc se contenter de ce qui a déjà été fait ? Et c’est tout naturellement que la discussion s’arrête sur un baiser, mais attention, rien de charnel ; au contraire, un acte tout ce qu’il y a de plus enfantin, vibrant d’innocence. Un baiser sur la joue. Et, comme pour officialiser cette nouvelle règle établie entre eux, la voilà qui s’approche de lui, à quatre pattes, et lui il sourit doucement, naïf, sans se douter que ce qui s’apprête à arriver ne sera pas aussi innocent qu’il aurait pu s’y attendre. Tranquille, le jeune homme la regarde pencher la tête, voit son visage s’approcher du sien, de ses yeux, un peu plus à chaque instant, jusqu’à ce qu’il puisse distinguer très précisément le moindre détail de son joli minois ; et le souffle chaud, infiniment doux, qu’il sent ricocher contre la peau de sa joue, de sa mâchoire, contre ses lèvres. Jusqu’à ce qu’il sente ses lippes effleurer les siennes, se déposer au coin de sa bouche. Et le souffle qui vient à manquer, la respiration qui se coupe sans crier gare et le sourire qui se perd, la gravité qui reprend ses droits sur son visage. Parce qu’il n’a plus envie de rire, Landon. Plus maintenant. Tout ce qu’il désire actuellement c’est glisser ses doigts dans la nuque de la jeune fille, l’attirer à lui, tout contre lui, joindre ses lèvres aux siennes dans une étreinte qui n’aurait plus rien d’innocent, pour le coup. Il le désire, il le désire ardemment mais se fait pourtant violence pour en rester là. Pour ne pas goûter au fruit interdit qu’elle lui agite à portée de lèvres, pour ne pas commettre l’irréparable, franchir la ligne du « ce ne sera plus jamais comme avant ». Pas ce soir. Il ne faut pas abuser des bonnes choses qu’il se répète, les yeux grands ouverts, les yeux qui parcourent le visage paisible de la demoiselle tandis que le temps semble s’étirer délicieusement, atrocement. Temps qui se fait long, trop long pour le jeune homme qui se retient tant qu’il peut d’en demander davantage, temps qui se fait court, trop court pour celui qui goûte à cette explosion de sensations. Les lèvres qui fourmillent, si proches des siennes. Le contact de ses lippes posées au coin de sa bouche, la légère pression qu’elles exercent sur sa peau. L’esprit qui s’embrume, le souffle qui se fait rare, la tendre chaleur qui l’envahit. Et ce désir, ce désir inextricable qui lui hurle de tourner la tête, de quelques degrés à peine, ce serait bien suffisant pour enfin goûter à la saveur de ses lèvres qu’il perçoit déjà comme étant très douce. C’est un acte très pur, finalement. Ce n’est même pas un vrai baiser. Et pourtant elle lui fait ressentir tellement plus que tout ce qu’il a pu ressentir en embrassant d’autres filles par le passé. Un baiser véritable, tendre, charnel, toute timidité envolée, pourrait bien faire disjoncter son palpitant, le foudroyer en plein cœur, il le sent.
Et puis, vite, trop vite, tôt, trop tôt, la jolie blonde se détache de lui, s’éloigne comme si de rien n’était. Poupée de porcelaine qui le laisse sur sa faim, qui lui donne soudain l’impression d’être bien démoniaque pour chambouler ainsi son pauvre organe vital qui n’avait pourtant rien demandé. Alors il cligne un peu des yeux Landon, s’efforce tant bien que mal de ne rien montrer de son trouble, s’allonge à ses côtés sur le lit. Sans un mot. Car tenter de mettre des palabres balbutiantes sur cette esquisse de baiser ne ferait que souiller la magie du moment déjà envolée. L’air de rien, il s’empare du portfolio, décide de reprendre la découverte des photographies d’Eden là où il l’avait laissée. Avant qu’elle ne flirte avec cette foutue limite à ne pas dépasser. Avant qu’elle n’affole son pauvre cœur, qui bat bien plus vite qu’à la normale tandis qu’il fait tourner les pages plastifiées entre ses doigts.
Jeune homme qui s’arrête sur la page où siégeait le cliché à son effigie, lancé à toutes jambes sur le terrain, sourire qui effleure ses lèvres en la voyant de nouveau apparaître sous ses yeux tandis qu’Eden revient sur le sujet, s’enfonçant toujours un peu plus. Et le sourire qui se mue en une petite moue déçue, presque chagrine.
- T’es pas l’une de mes groupies, alors ? Mince, j’suis déçu… En plus c’est dommage, vraiment, parce qu’il y a ce fan-club qui a été créé au lycée… Landon Forever. Comment ça, t’en as pas entendu parler ? Y a pourtant des filles qui s’y regroupent par dizaines !
Éclat de rire qui fuse d’entre ses lippes, qu’il étouffe en se rappelant qu’ils ne sont pas seuls dans la maison assoupie, tandis que la demoiselle lui envoie un coup d’oreiller sur la tête en réaction aux bêtises qu’il invente. Oreiller qu’il récupère d’un geste habile pour le caler derrière sa tête, laissant la demoiselle sans coussin pour elle puisqu’il détient désormais les deux qui ornent le lit.
- Merci Eden, c’est cool de ta part franchement, tes oreillers sont un peu durs – sans vouloir t’offenser – donc un de plus, c’est pas de refus !
Et la grimace qu’il lui adresse, narquois, avant de reprendre nonchalamment sa découverte du travail de la petite blonde. Attention qui ne tarde pas à s’arrêter sur le cliché d’une femme âgée, au visage souriant, à l’aura généreuse. Une femme dans la fleur de l’âge, qui lui rappelle une autre femme, bien plus jeune cependant. Et la question qui fuse, la réponse qui ne se fait pas attendre, qui lui confirme qu’il s’agit bien de grand-mère Howard, cette dame dont ils ont parlé plus tôt dans la nuit, cette dame qui lui est apparue comme instantanément sympathique à travers le regard aimant de sa petite-fille adorée. Sentiment de sympathie qui n’est que renforcé par la présente photographie, photographie qu’il détaille avec attention pour tenter de déceler les traits qui la font ressembler à Eden. Ou plutôt qui font qu’Eden lui ressemble, ce serait plus correct. Il a du mal à le déterminer Landon, c’est plus un sentiment général, ce que l’on a coutume d’appeler un air de famille. Mais ce n’est pas suffisant comme réponse, ça ne le satisfera pas la gamine de Tybee Island, il le sait par avance. Alors il plisse sensiblement les yeux à cause de la fatigue, se concentre sur le cliché pour observer mieux, avec plus d’attention encore, le moindre détail qui compose le visage de la doyenne des Howard. Et, enfin, il relève ses prunelles vers Eden, un doux sourire aux lèvres.
- Eh bien, tout d’abord, y a tes yeux.
Et, sur ces mots, il approche sa main de son joli minois, pose légèrement deux doigts sous l’un de ses yeux.
- Ce bleu… Ça s’invente pas, on dirait vraiment la même teinte que sur la photo. Ce bleu assez sombre sur les bords, avec des reflets gris, presque noirs… La même couleur j’te dis.
Et le visage de la jeune fille qu’il voit se déformer délicieusement sous le coup d’un sourire.
- Ouais, et y a ça, aussi ! La manière dont vos yeux se plissent quand vous souriez. Ce regard rieur, j’comprends enfin d’où tu le tiens.
Et le sourire qui se fait un peu plus large encore sur ses propres lèvres, tandis qu’il laisse ses doigts dériver vers le Sud, effleurer les lippes de la poupée.
- Ton sourire… Y a ça, enfin, ton si joli sourire. C’est pas exactement le même mais y a un truc, j’sais pas exactement à quoi ça tient, mais c’est clair que vous êtes faites de la même pâte.
Main qui s’éloigne enfin de son visage, qui retombe doucement sur la couette moelleuse avant qu’il ne se replonge dans le portfolio. Nouveau cliché sur lequel il s’arrête, belle Eden qui en est cette fois-ci la vedette. Belle Eden qui ne sourit pas cependant, qui a l’air bien sombre, attitude à laquelle elle ne l’a pas habituée, la petite blonde. Lui il ne connaît que la Eden souriante, insupportablement joueuse, adorablement chiante. Mais là, il aurait presque le sentiment de regarder le portrait d’une parfaite étrangère. Et forcément, forcément il ne sait retenir la question qui lui vient immanquablement à l’esprit. Pourquoi cette tête ? Pourquoi ce cliché colle-t-il si peu à l’image que lui a toujours renvoyée Eden ? Il ne comprend pas, Landon. Il ne comprend pas et il n’aime pas ça.
Sourcil qui s’arque à l’entente de sa réponse, à mesure que se pressent les mots sur ses lèvres. Expression d’un garçon qui est fatigué – non, pas fatigué, consterné serait un plus juste mot – de toujours entendre la même rengaine dans la bouche de la jeune fille. Un manque d’amour propre flagrant, une triste carence en estime de soi. En indulgence pour soi-même. Il a du mal à saisir Landon, vraiment, il a du mal à saisir comment une personne comme elle peut s’infliger pareilles critiques. Des critiques infondées, exigence et cruauté envers soi-même propres aux adolescents. Il est perdu Landon, il cligne des yeux, entrouvre et referme la bouche à plusieurs reprises sans trouver quoi répondre. Sans parvenir à trouver les bons mots, les mots justes, les mots qui sauront la rassurer, réparer une estime de soi fragmentée. Tout ce qui raisonne dans sa tête ce sont ces paroles, « j’ai un peu de mal avec moi-même », le difficile aveu que l’une des personnes qu’il aime le plus sur cette Terre (aussi surprenant, aussi précipité, aussi inattendu que cela puisse être) ne s’aime finalement que trop peu. Et lui, tout ce qu’il peut faire le lycéen, c’est espérer que l’amour qu’il lui porte suffise à combler le manque d’amour qu’elle a pour sa propre personne.
- Eden… J’suis désolé mais, au risque de me répéter, j’comprends pas comment tu peux dire des choses pareilles. Comment tu peux penser ça de toi, surtout. J’veux dire, regardes-toi !
Et le sourire qui n’atteint pas ses yeux, le sourire presque désespéré de faire rentrer ces sages paroles dans sa sale caboche.
- T’es une fille géniale. T’es maligne, drôle, t’as un bon cœur, ça se sent. Et tu prends des super photos ! T’es magnifique. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Alors j’vois pas comment tu peux « avoir du mal avec toi-même ». J’vois pas comment tu peux te fatiguer, ni même pourquoi. J’suis désolé mais ça m’échappe.
Et la moue presque vexée qu’il esquisse, moue grossièrement peu crédible, comme pour détendre un peu l’atmosphère, tandis qu’il ajoute :
- Et d’ailleurs tu dis que les gens viennent pas vers toi mais tu sembles oublier que moi, j’suis venu vers toi ? Souviens-toi. De nous deux, c’est moi qui suis venu te parler en premier, et non l’inverse. Et maintenant fais-moi un sourire plus convaincant que ça, parce que là c’est une misère, sinon j’recommence à te chatouiller hein !
Doux sourire qui étire ses lippes lorsqu’il voit un rictus un peu plus sincère illuminer ses traits purs. Jeune homme satisfait qui aime mieux la voir ainsi qu’en prise avec ses doutes adolescents. Petite phrase qu’ajoute la gamine, gamine qui se veut rassurante, qui lui promet qu’elle ajoutera un cliché souriant si cela lui tient tant à cœur. Et le jeune homme qui s’autorise un large sourire lorsqu’elle révèle qu’il aura l’honneur de prendre la fameuse photo, autodérision qui refait surface lorsqu’il lui répond, sur le ton d’un avertissement :
- Ce portfolio est important pour toi, il doit regrouper les photos dont t’es la plus fière… T’es bien sûre de vouloir y glisser un cliché que moi, piètre photographe amateur, aurait pris ? J’en doute, crois-moi, t’as pas idée d’à quel point mes photos sont catastrophiques !
Et les yeux qui roulent dans leurs orbites à ces mots-là, le sourire qui demeure sur ses lèvres. Ultimes pages qui se succèdent sous ses doigts, classeur qu’il referme précautionneusement pour livrer à la demoiselle son verdict, verdict finalement bien peu important du fait de son statut de simple amateur, ignare en la matière. Mots qui se succèdent sur sa langue, qui s’écoulent par flots entiers hors de ses lippes de manière presque naturelle, comme s’il se voyait soudainement bien incapable de s’interrompre. Ce sont toutes les émotions que lui ont fait ressentir les clichés d’Eden qui se voient matérialisées par ses palabres, qui jaillissent en un discours brouillon aux oreilles de la demoiselle. Mais qu’importe. Cela a besoin d’être dit et elle, elle a besoin d’entendre ces paroles aussi sincères qu’encourageantes. Elle les mérite.
Réaction qui ne se fait pas attendre, jeune fille qu’il voit rire, rougir sous ses yeux, au point de se cacher derrière ses mains. Comportement qui fait sourire le garçon, lèvre inférieure qui vient spontanément se nicher entre ses dents, regard porté sur la poupée de porcelaine aux joues singulièrement empourprées, et l’éclat de rire qui fuse d’entre ses lippes.
- Mais nan enfin, pas du tout ! C’était purement sincère, et le fait de te voir devenir rouge come une tomate c’est juste du bonus !
Regard qui croise enfin le sien lorsque la petite blonde se risque à découvrir son visage, expression profondément touchée qui se peint sur ses traits à l’entente de ses mots. Elle croit en lui. Il les a déjà entendues, ces paroles ; pas de la part de son père, sans surprise, mais de celle de sa mère, des différents coachs qui lui ont tout appris, de membres de sa famille également. Mais c’est la suite qui l’atteint en plein cœur. Elle croit en lui, peu importe ce qu’il fera. Et c’est là que ses paroles prennent tout leur sens. Toute leur importance. Car jamais, Ô grand jamais on ne lui avait dit une telle chose. Même pour sa génitrice, même pour son petit frère, si bien habitués à entendre martelé le discours intransigeant du paternel, même pour eux, il n’a jamais eu d’autre avenir possible que le football. Pour personne, si ce n’est pour Eden. Et le simple fait de savoir cela lui réchauffe le cœur, comble un espace douloureusement vacant en lui. Petite main chaude qu’il sent se poser sur la sienne, contact qui, instantanément, fait sursauter son palpitant que ses paroles avaient réussi à apaiser. Pouce qu’il glisse alors sur le côté de la main de la jeune fille, hésitant, avant de doucement caresser son derme.
- Tu n’as pas idée d’à quel point j’avais besoin d’entendre ça.
Et pour une fois, il ne trouve aucune réplique sarcastique à faire pour compléter sa phrase ; seul un sourire ému l’accompagne. Silence qui suit ce petit échange, silence qui aurait d’ordinaire presque tendance à mettre Landon mal à l’aise, silence qui s’avère doux, confortable en présence de la petite blonde, comme s’il avait le pouvoir de les enfermer dans leur cocon partagé. Silence qui se voit occupé à la muette contemplation de l’autre, prunelles azurées qui glissent sur les traits d’Eden, son nez, sa bouche – il observe avec une minutie nouvelle l’exacte forme de ses lèvres –, la courbe de sa mâchoire, de ses joues de petites filles, pour finir par se perdre dans ses yeux, ses yeux clairs en leur centre, sombres sur les côtés, ces yeux qui adoptent parfois des reflets gris, obscurs, comme un ciel bleu annonciateur d’un orage à venir. Yeux qui lui font aimer plus encore cette pluie si chère à son cœur. Et le sourire qui effleure ses lèvres fines, tandis que dans le regard de la jeune fille passe ce petit quelque chose qu’il apprendra à reconnaître comme signifiant qu’elle a une idée derrière la tête.
Sourcil qui s’arque, intrigué, lorsqu’elle lui demande de ne pas bouger avant de se relever, faisant se rebomber sensiblement le matelas. Tête qui se tourne pour suivre la gamine du regard, tenter de comprendre ce qu’elle peut bien mijoter en cette heure tardive, et les yeux qui se posent sur l’appareil photo qu’elle tient entre ses mains. Ce n’est que lorsqu’elle ouvre la bouche pour émettre sa requête qu’il saisit précisément de quoi il s’agit ; spontanément, il n’aurait jamais pensé que ce serait lui qu’elle souhaiterait immortaliser sur la pellicule. Il ne sait pas vraiment à quoi il s’attendait, à vrai dire ; mais certainement pas à ça.
Petite blonde qui esquisse de multiples moues, qui dégaine tout son attirail pour tenter de le faire craquer. Obtenir le cliché tant convoité d’un footballeur amateur qui a tout sauf envie de voir son faciès à jamais gravé sur papier. Pas ce soir. Pas alors qu’il est pareillement épuisé d’une journée longue, bien trop longue, pas alors que ses cheveux doivent être en bataille comme jamais et qu’il ne porte guère plus que des vêtements peu flatteurs. Aussi il ne répond rien, est toujours en train de peser le pour et le contre, hésitant entre accepter et perdre sa dignité, ou refuser et décevoir la jolie poupée, lorsqu’elle ajoute qu’elle ne demande pas plus de deux photos, qu’il aura même droit de veto s’il le souhaite.
- Je sais pas trop… Si encore tu m’avais prévenu qu’il y a aurait un photoshoot ce soir, j’aurais pu me faire beau, me coiffer convenablement, mettre un peu de poudre rose pour donner bonne mine là, et du rouge à lèvres aussi, puis j’aurais enfilé m’a jolie petite robe à sequins, tu vois ?, qu’il lui dit, prenant une voix de fille grossièrement imitée, faisant des manières ridicules. Mais là… Là tu me prends en traître, j’vais ressembler à rien !
Il rigole un peu, retour du mauvais comédien, retour de Bozo le clown en cette heure tardive. Et puis la voilà qui s’approche, s’assoit à ses côtés, à quelques centimètres à peine de son visage fatigué, et ses doigts qu’il sent s’enfoncer dans ses cheveux, doucement masser son crâne. Contact qui lui apparaît comme une bénédiction au vu de l’état critique dans lequel il se trouve, véritable boule de nerfs mise à mal par la fatigue et la pression accumulées tout au long du trimestre. Jeune homme qui ferme les yeux et renverse un peu la tête en arrière tant les gestes de la demoiselle sont agréables, paupières qu’il rouvre pourtant au bout de quelques instants pour le regarder, lâchant dans un murmure :
- Fais gaffe, je pourrais bien m’endormir tant tu te débrouilles bien… À moins que ce soit justement ton but ? Peut-être que tu veux que ta deuxième photo soit un cliché de moi endormi ?
Et le sourire narquois qui se dessine sur ses lèvres, avant qu’il ne reprenne :
- Mais j’crois que j’vais me laisser tenter. Tu masses trop bien pour qu’on puisse te refuser quoi que ce soit, c’en serait presque aga… Hé !
Cri de protestation qu’il pousse en la sentant arrêter le massage trop tôt, bien plus tôt que prévu. Adolescents qui se figent à l’instant même où le son jaillit d’entre ses lèvres, garçon imprudent qui s’est risqué à parler un peu trop fort, au risque d’éveiller les soupçons des autres occupants de la maison. Il se mord la lèvre, mortifié, adresse à son amie un regard penaud, mimant en silence le mot « désolé ». Et, entendant une porte grincer à travers les cloisons, il s’empresse de tendre le bras pour éteindre la lampe de chevet, plongeant la chambre dans le noir. Il se laisse retomber sur le matelas en silence, croisant mentalement les doigts pour ne pas que qui que soit qui s’est levé n’ouvre la porte de la pièce. Tout sauf ça, les conséquences pourraient être bien trop lourdes, et il ne veut pas se voir déjà privé d’une habitude toute récente à laquelle il prend bien trop de plaisir.
Légers bruissements qu’il entend dans le calme presque parfait de la chambre, sons qu’il apparente spontanément aux mouvements de sa voisine qui doit gigoter à ses côtés. Alors il tend le bras, tâtonne dans l’obscurité jusqu’à sentir sous ses doigts l’épaule d’Eden, laisse sa main glisser le long de son bras jusqu’à trouver sa main, tel un pauvre aveugle bien démuni. Main qu’il prend alors dans la sienne, doigts qui s’entrelacent tandis que son cœur bat la chamade de crainte d’être découverts. Et la main qu’il approche de ses lèvres en entendant des pas étouffés passer près de la chambre, la main sur laquelle il dépose un baiser, un poil trop long pour être parfaitement innocent, comme pour s’excuser de les avoir mis dans le pétrin, avant de l’éloigner de son visage, gardant malgré tout ses doigts noués aux siens.
Jeunes gens qui restent plongés dans cette silencieuse obscurité durant un petit moment, jusqu’à entendre les pas repasser sur le pas de la porte, s’y arrêter un instant, avant de reprendre leur chemin. Marche qui se clôt sur un nouveau grincement, bruit presque imperceptible de battant qui se referme. Le danger est passé, et pourtant ni l’un ni l’autre n’osent rallumer la lumière. Alors ils attendent, dans un mutisme partagé, durant ce qui semble être une éternité mais n’est probablement guère plus qu’une minute ou deux. Il s’endormirait presque le lycéen éreinté, si ses sens n’étaient pas pareillement aux aguets ; et puis, une fois qu’ils sont bien sûrs que le calme est définitivement revenu dans la maison, il sent la main d’Eden lâcher la sienne et, quelques secondes plus tard, la lumière perce de nouveau le noir de la pièce. Lumière qui le fait cligner des yeux quelques instants, le temps de se réhabituer à la luminosité, jeune homme qui ouvre la bouche sitôt un semblant de vision retrouvée, prenant bien garde, cette fois-ci, de s’exprimer à un volume correct.
- J’suis tellement désolé… On l’a échappé belle, hein ?
Jeunes gens qui rient ensemble de soulagement, sachant pertinemment que ce qu’ils font est répréhensible. Que cela doit demeurer secret. Car ils savent tous les deux que ce n’est pas qu’une soirée passée entre amis. C’est bien plus que ça, ils se cherchent, flirtent avec le danger les gamins de Savannah.
Cadette des Howard qui tient toujours son appareil à la main, petite blonde qui ne perd pas le Nord, qui compte bien reprendre sa mission là où elle l’a laissée. Photographier les yeux de Landon, ces yeux devant lesquels valsent encore des taches blanches éparses, la faute à cette maudite lumière qui lui semblait bien moins forte avant qu’ils ne passent de longues minutes dans le noir. Alors il la laisse faire, Landon, même si elle n’a jamais terminé ce massage qui n’aura duré guère plus d’une minute. Car il lui doit bien ça. C’est la moindre des choses après avoir manqué la fourrer dans un merdier sans nom avec ses géniteurs.
Cliché enregistré sur l’appareil, paroles passées qui se rappellent au bon souvenir du jeune homme.
- Bon, comme t’as toujours pas trop l’air de savoir ce que tu vas faire de la deuxième photo que je t’accorde, j’pense que c’est à mon tour de te prendre en photo ! Rappelles-toi, tu m’as dit que j’pourrais prendre une photo de toi souriante pour ton portfolio.
Gamine qui proteste, pas ce soir, il est tard, elle est fatiguée, ça ne rendra rien. Garçon qui s’acharne néanmoins, qui est à peu près aussi déterminé à la photographier qu’elle l’est à ne pas le laisser faire. Elle s’escrime à l’en empêcher Eden, elle tient même l’appareil à distance, aussi loin de lui que possible, et lui il tend le bras, fait tout pour s’emparer du précieux objet.
- Alleeez, donne-le-moi, tu risques de l’abîmer en gigotant comme ça dans tous les sens…
Et le jeune homme qui se laisse rouler sur le flanc pour coincer Eden, la prendre au piège sous son bras pour, de sa main libre, récupérer le précieux appareil.
- Ben tu vois, quand tu veux…, qu’il rétorque, narquois, en manipulant l’objet d’une main.
Doigts qui se promènent sur l’appareil encore allumé pour tenter de le prendre en main correctement, objectif qu’il braque sur le visage de la demoiselle sitôt chose faite.
- Par contre le deal c’est que tu devais sourire…
Et la moue qui se fait boudeuse, moue ronchonne que lui rend la demoiselle.
- Oh, j’en connais une qui n’a pas eu sa dose de chatouilles tout à l’heure…
Sourire taquin qui se dessine sur ses lèvres tandis qu’il glisse sa main sur les côtes de la jeune fille pour lui faire des guilis, jeune fille qui s’empare d’un oreiller pour essayer de protéger son buste de ses doigts joueurs, sans grands succès, doux éclats de rire étouffés qui résonnent dans la chambre. Garçon qui rit avec elle, doigts qui se promènent sur le haut de l’appareil, appuient sur le mauvais bouton, font s’éteindre l’appareil photo.
- Meeerde…
Il se mord la lèvre Landon, avant de rire un peu plus encore devant son incapacité flagrante à manipuler pareil objet.
- Attend attend, j’vais y arriver !
Appareil bien vite rallumé, de nouveau braqué sur le faciès de la petite blonde. Doigt posé sur le bon bouton cette fois-ci, prêt à appuyer lorsque le moment sera opportun. Nouvelles chatouilles dispensées à la lycéenne, mèches d’ivoire éparpillées autour de son doux visage, visage qui se plisse en une moue adorable sous le coup des éclats de rire, le large sourire qui dévoile ses deux rangées de dents et les yeux clos. Clic.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Dim 27 Aoû - 17:13
'cause you mean everything
Eden & Landon
Sourcils qui s’arquent, paupières qui se mettent à battre plusieurs fois d’affilées à l’entente de la soi-disant existence d’un fan club pour Landon James le quarterback de l’équipe de football américain. Elle est étonnée sans réellement l’être la gamine. Elle se doute bien que c’est faux, qu’il invente ça actuellement. Mais en même temps, elle est presque certaine que ça puisse exister. Que peut-être, dans l’ombre ce groupe soit même déjà crée. Pas officiellement car il n’y a aucun intérêt pour le lycée à faire ça, mais officieusement rien est impossible. Il a bien trop de filles à ses pieds Landon pour que l’idée n’ait jamais traversée l’esprit des lycéennes Géorgienne. Et bizarrement, ça l’énerve à Eden. Ça la saoule rapidement qu’un tel groupe puisse exister pour clamer haut et fort l’existence de CE garçon qu’elle apprécie particulièrement depuis quelques temps. Et bien évidemment, il fallait que ça tombe sur lui. Le seul garçon qui l’intéresse assez pour qu’elle arrête d’agir comme un bébé, soit aussi le mec le plus populaire du lycée. Destinée ou malchance elle ne saurait tranchée. « Ça existe vraiment ça … ? » Pensée qui était parti trop loin, prunelles qui se focalise de nouveau sur le bel adonis, paroles qu’elle lui lâche d’un air presque dédaigneux accompagné d’une moue faussement peu intéressée par le sujet. Elle fait mine de rien la poupée, semblant d’être peu certaine que ce groupe puisse être né simplement en son honneur au lycée. Mais elle espère réellement que c’est une invention, une connerie qui restera dans cette chambre et qui ne prendra jamais forme. « Si ça existe, je ne pense pas le rejoindre non, tu ne mérites pas tant d’honneur numéro quatorze… N’abusons pas. » Epaules qui se haussent sensiblement au fil des mots, bout du nez qui va se pointer tout aussi doucement vers le plafond. Elle parait presque méchante la petite peste. Trop de geste presque imperceptible, trop doux qui ne laisse aucune chance à Landon de prévoir la suite. « Puis désolé mais … » Non, il n’aurait pas pu prévoir le coup qu’elle lui afflige à la tête à l’aide du dernier coussin qu’il lui reste en stock actuellement, coup d’oreiller qu’elle répète à deux reprises en finissant une bonne fois pour toute sa phrase. « Je-ne-partage-pas, j’aime bien avoir l’exclusivité, devoir fangirl en groupe c’est pas pour moi tu vois ! » Et elle se calme enfin la poupée, elle relâche le coussin qu’elle avait entre les mains jusqu’à maintenant comme arme fatale. Ultime oreiller qu’il récupère et passe derrière son dos après l’assaut.
Ils en rient les deux gosses, s’esclaffent presque de plus en plus fort sans se rendre compte du bouquant qu’ils font. Des dangers qu’ils encourent à agir si imprudemment. Le brun la remercie pour l’oreiller et la blonde fait un semblant de révérence, à sa majesté. Le plus populaire du lycée. « De rien Sir James, c’était un plaisir de vous servir et faire votre joie … » Fausse soubrette, elle ne sait guère s’y prendre. Elle n’a pas l’âme du dominée Eden, et encore moins celle d’une servante. Bien au contraire. Sans remord, elle tire sur le coussin qu’il vient de caler derrière sa tête et le replace derrière son propre dos à elle. Tirant la langue à son voisin l’air outrée qu’elle ait pu déjà lui reprendre son bien.
Sans en attendre plus elle se repositionne, se met en condition. Prête à regarder tout comme lui les photos qui défilent sous leurs nez, comme si de rien était. Comme si elle ne venait pas de le taper avec un oreiller, comme si il ne l’avait pas cherché. Ils redeviennent calmes les enfants de Savannah, passant leurs yeux de page en page. Feuilles plastifiées que Landon épluche avec une grande attention. Et y a Eden, un peu moins concentrée qui laisse ses yeux glisser de son portfolio au visage du garçon à ses côtés. Qui essaie de déceler une émotion, une expression faciale unique à chaque photo qu’il regarde. Et ça marche, elle le voit. Sourire, s’étonner et lui demander si la dame sur le cliché qui lui est présenté est bien sa grand-mère, il l’a reconnu. Sans qu’elle n’ait seulement dit un mot sur le sujet et ça la fait sourire à Eden, un sourire honnête, trop franc pour qu’elle puisse le restreindre. Alors elle lui demande comment il a fait pour savoir, pour le deviner. Car c’est fascinant de savoir ce qui rapproche la patriarche à la plus jeune de la famille alors qu’il y a tout de même une génération qui les sépares l’une de l’autre ; des gênes qui ont mélangés la lignée entre temps. Pourtant elle reste semblable les deux femmes, plus que de raison. Par leur physique autant que par leur passion.
Et elle le voit se concentrer le garçon, elle remarque son air sérieux, ses yeux plissés sur le cliché pour y voir les ressemblances avant de venir poser ses opalescences sur son faciès. Ainsi, il commence à détailler son regard, de long en large. Parlant de leur couleur, la détaillant comme personne ne l’avait jamais fait jusque-là. Et il ne se prive pas le garçon, il va plus loin que ça. En même temps qu’il en parle, ses doigts viennent se poser tout doucement contre sa pommette, doigts toujours aussi froids. Contact électrisant, derme glacial qui fait contraste avec le sien. Et elle baise les yeux la belle, instinctivement. Timidité légendaire qui refait surface contre ses doigts d’une douceur sans égale. Elle sourit aussi, car il ne s’arrête pas là, alors que le flot d’agréable palabre continue son cours pendant que ses doigts continuent leur chemin, s’active tout doucement contre sa joue, s’y attardant que quelques secondes avant de descendre encore jusqu’à la lisière de sa bouche. Il redessine ses lèvres rendues brûlante à l’aide de la pulpe de son pouce. Elle a les frissons qui lui parcourent l’échine, le souffle qui se coupe car s’en est trop pour elle. Y’a le cœur qui se fait la malle, qui s’arrête de battre lorsqu’il répète une nouvelle fois qu’elle a un jolie sourire. Elle rit alors la gamine, contre ses doigts. Elle ne peut s’empêcher de l’agrandir son énorme sourire lorsqu’il appuie sur le mot joli pour parler d’elle. « Humm … Je vois, tu sais parler aux filles en tout cas Landon … » Elle se mordille la lèvre la belle, le regard rivé dans le sien, les lèvres toujours contre ses doigts qui s’y attardent. « Et… Je suis pas la seule dans cette pièce à avoir un si beau sourire … » Il a la bouche pourtant close quand elle dit ça. Mais de tête, elle reconnaitrait son sourire parmi des milliers. Ses fines lèvres, ses dents parfaitement alignées et les deux incisives centrales légèrement écarté. Pas assez pour les appeler dents du bonheur, pas assez pour être vue au premier coup d’œil. Mais elle, elle l’a remarqué, un éclat d’imperfection dans ce tableau somptueux qu’il est. C’est charmant, ça le rend encore plus réel, encore plus plaisant.
Main qui s’éloigne de son visage, toujours comme si de rien était. Ce qui aura été le mot d’ordre de la soirée d’ailleurs. Actions multiples qui en disent beaucoup trop mais qui ne seront jamais pleinement assumées. Ils ont honte les adolescents, ils se retiennent car il y a cette limite à ne jamais dépasser. Ce respect à toujours tenir de rigueur et surtout cette peur, peur de tout foutre en l’air. Ils n’en savent rien les jeunes mais ils ont des belles années devant eux, des années remplies de moment adorable comme détestable. C’est pour plus tard le désespoir et la rage. C’est pour dans trois ans, dix ans. Mais pas maintenant. Pour le moment, les seules inquiétudes qu’ils ont c’est d’avoir une bonne apparence lorsqu’ils se croisent dans les couloirs, c’est d’avoir toujours le bon mot et le bon sujet pour que la conversation soit agréable. Ça ne tient qu’à ça. Jouer de son charme, tomber un peu plus amoureux inconsciemment à chaque fois que la personne désirée s’esclaffe.
Elle regrette Eden d’avoir fait preuve d’autant de sincérité sur son propre cliché, cette photo d’elle. Elle voit que ce qu’elle dit ne plait pas à Landon. Elle voit les plissures de son front, sa bouche se tordre d’un air lasse. Alors elle arrête de parler, laisse le blanc s’installer et regarde pendant un instant le mur à sa gauche. Fixe chaque petite imperfection de la peinture, petit détail qu’elle aurait collé elle-même au mur. Et ça dure, une minute tout au plus avant qu’il ne prenne la parole Landon. Qu’il dise ce qu’il pense dans le fond. Elle hésite un instant Eden à tourner la tête vers lui, car elle sait déjà la suite. Elle sait qu’il va la complimenter, qu’il va trouver de quoi la faire sourire. Elle imagine bien la rengaine, mais elle connait aussi son propre caractère. Elle acceptera tout au plus cinq minutes les paroles pleines de bonne intention de Landon avant qu’elles ne s’envolent en poussière, quitte sa tête et que la routine reprenne. Manque de confiance en soi, se sentir bizarre et appart, être le souci, la pièce rouillée dans le mécanisme. Mais elle se force à tourner sa jolie petite tête, son joli minois vers le garçon. Elle le regarde, elle l’écoute et … Elle avait raison, florilège de belle parole envers elle. C’est doux ; c’est plaisant mais jamais suffisant. Mais elle sourit, par respect car lui aussi l’a écouté lorsqu’il ne voulait pas franchement le faire plus tôt dans la soirée. Elle ancre les mots à son cœur en sachant que d’ici un jour ou deux ça se sera effacée, qu’il faudra tout reconstruire encore et encore car elle aura fait une nouvelle bêtise, fait engueuler par sa mère qui n’en peut plus de son caractère indomptable qu’elle-même n’arrive pas à gérer. « T’es pas obligé de me comprendre Landon, j’suis étrange haha … Tu vois le sujet avec ton père ? Bah j’ai ça aussi… J’aime pas trop parler de ce que je pense de moi-même. C’est ma bête noire tu vois ? » Mains qu’elles passent rapidement dans sa propre chevelure, l’air soucieux et mal à l’aise que la conversation continue dans ce sens. Mais elle sourit quand même, légèrement, tendrement à son interlocuteur pour ne pas lui créer de soucis.
Il continue Landon, il perd pas le bout de la conversation si facilement, ne perd jamais le nord. Il enchaine sur leur première rencontre pour encore lui prouver qu’elle dit faux. S’en est presque amusant la détermination qu’il met dans ces mots, l’obstination qu’il porte subitement pour que la petite blonde gagne en estime de soi. Il lui demande de se rappeler et elle le fait, sagement. Le souvenir lui revient en tête. Elle se revoit marcher dans les couloirs, ses cahiers en mains, l’air perdu, la main dans son sac de cours pour chercher le petit bout de papier, ce fameux bout de papier où elle avait marqué le code de son casier. Elle se rappelle être embarrassée par cette pile de livre, se rappel du gentil garçon qu’est venu l’aider, lui tenir ses bouquins le temps qu’elle trouve ce dont elle avait besoin et une fois qu’elle l’avait trouvée, une fois ses livres posées il s’était présenté à elle. Landon James et elle en avait fait de même, rapidement car elle n’avait pas réellement le temps. Il a raison, il est l’une des rares personnes à être venue vers elle. Quelque chose qui n’était pas arrivé depuis des siècles. « T’es juste l’exception qui confirme la règle gueule d’ange » Dit-elle doucement, la main allant se poser contre son bras en souriant, souriant encore un peu plus pour ne pas se prendre une attaque de chatouille qu’il est en train de lui menacer, de lui laisser entendre si elle n’exécute pas son petit caprice. « J’espère t’es satisfait de me voir sourire heeein … Que je ne me tue pas les zygomatiques pour rien ! » Elle a les yeux qui vont rencontrer le plafond Eden, se jurant que le sujet tabou ne reviendra plus sur la table pour ce soir.
Photo souriante qu’elle lui promet, photo qu’elle ne mettra certainement pas dans ce portfolio presque amateur mais qu’elle ajoutera à sa collection personnelle. Les clichés ratés quelle pense rater mais quelle aime tout de même. Les photographies des moments qu’elle trouve bien trop intime pour être affiché, montré aux yeux de tout le monde. Elle est certaine que même prise dans un angle ignoble et trouble cette photo finirait dans son top dix de ses préférés. Car il est tout simplement par quelqu’un à qui elle tient. « Même si la photo est nulle je la garderai, je jette jamais rien …. » Et c’est la fin de la contemplation photographique des travaux de l’amatrice Eden Howard. Ça s’en fini là, à cette ultime page qui se referme, ce classeur qu’elle pose soigneusement sur sa table de nuit.
Elle a le teint soudain carmin la poupée à la peau blême de nature, elle cache son visage du mieux qu’elle peut pendant qu’il lui jure qu’il est sincère dans ce qu’il pense, ce qu’il ressenti pendant qu’il dévorait le classeur des yeux. Elle s’en mord la lèvre, plisse les yeux tant la situation lui parait gênante. C’est la première fois qu’elle reçoit autant de compliment et que la personne en question se délecte de la voir tant gênée. Elle en vient à doucement frapper son bras. Réaction infantile qu’elle n’arrivera donc jamais à gérer. « T’es chiant, j’te hais ! » dit-elle à la hâte, comme une gamine dont on n’aurait pas cédé le caprice, une petite fille qui dit des mots sans les penser. Puis elle se reprend, elle retrouve son calme en souriant pour être à son tour aussi encourageante que lui l’a pu l’être jusqu’à maintenant. Il y a la petite main qui vient recouvrir la grande, les paroles qu’elle veut douce qui sortent à mi-voix, car elle n’a pas l’habitude d’être autant gentille, elle n’a pas l’habitude d’être celle qui réconforte ou tente une approche physique. Mais avec lui ça devient un besoin, ça devient facile. Il la remercie sans qu’elle ne s’y attende, lui dit qu’il en avait besoin de cette bonne parole et elle fond devant le garçon au sourire sincère, craque devant le tableau de confiance qui lui est offert. « Et tu n’as pas idée d’à quel point j’avais envie de te le dire … » Car c’est vrai, elle le voulait. Depuis qu’il lui avait parlé de son père elle voulait lui faire comprendre que peu importe la discipline, la chose qu’il voudrait faire pour son avenir elle serait derrière lui pour l’encourager et lui faire comprendre qu’il pourrait dans autre chose que du football.
Et soudainement tout va vite, tornade Howard fout le camp du lit. Elle se lève sans se rendre compte qu’elle a l’air d’une pile électrique en attrapant son appareil photo à la hâte pour décrocher le plus rapidement possible le cliché parfait des yeux attendris, de l’éclat brulant qu’elle perçoit dans les opalescences de ce qu’elle réussit encore à appeler son ami. Elle revient avec sa gueule d’ange, elle s’approche gentiment les yeux presque billant pour qu’elle ne lui mette pas un vent. Elle en demande juste deux de photo. Pas une de plus, pas une de moins. Elle se mordille la lèvre sous ses yeux, la lueur d’espoir dans le regard pendant qu’il lui dit qu’il ne se sent pas, qu’il n’est pas en état pour un photo shoot improvisé là. Elle fait sa moue de bébé triste, elle l’entend dire qu’il n’a pas sa robe à sequin ni son plus beau gloss et elle se maintient de sourire. De toute ces forces pour toujours garder son air tragique alors qu’elle vient s’asseoir près de lui, alors que ses doigts se glissent dans sa crinière châtaine, venir malaxer les terminaisons nerveuses de son crâne du mieux qu’elle le puisse. « T’as pas besoin de tous ces artifices Landon… T’es beau naturellement… » Elle le voit, elle le sent qu’il apprécie le massage qu’elle lui prodigue. Elle le voit doucement se détendre, penser sa tête vers l’arrière pour que ses doigts se déplacent un peu plus vers le sud, dans sa nuque et elle le fait sans se poser de question. « Mmmh… C’est vrai que tu serais pas mal endormi sur mon lit… Je n’y avais pas pensé mais maintenant que tu le dis … » Mot qui sortent naturellement, beaucoup trop naturellement d’un air songeur avant qu’un rire ne s’échappe d’entre ses lippes. Rire cristallin qui fait écho dans la chambre alors que ses doigts continuent de s’activer, remonte tout doucement à la racine des cheveux de son joueur de football préféré. « Alors c’est un oui… ? » Elle voit bien qu’il se délecte de la voir se languir, prendre son air narquois avant de lui servir l’ultime réponse. Alors elle se fait patiente, elle continue encore et encore à lui triturer le haut du crane de façon tendre. Car elle est maligne Eden, comme le renard. Elle sait s’y prendre quand il est question d’obtenir les choses pour elle.
Et enfin, il capitule le beau brun. Dans un murmure, il lui dit ce qu’elle veut entendre et la phrase n’est même pas terminé qu’elle enlève sa main de fée la diablesse. Elle se redresse sur le lit, s’assoit au bord de sa couchette prête à dégainer l’objectif de son appareil photo vers le garçon pendant que celui-ci proteste, de façon un peu trop criarde la raidissant au même instant que le son sort d’entre ses lèvres. Merde. Elle a le regard qui vient se perdre sur le visage de l’adolescent et elle entend en même temps le bruit d’une porte qui grince. Elle n’a aucun reflexe la blonde, zéro, nada qui vient. Elle a juste les prunelles rivées dans un air paniqué dans celle de son voisin et n’arrive à bouger. Elle est pétrifiée. Sa tête lui hurle de se bouger, de s’allonger et d’éteindre la lumière. Et comme si il avait lu ses pensées c’est lui qui tend le bras pour éteindre la lueur, l’éclat de luminosité dans la chambre les plongeants dans l’obscurité, la peur de se faire attraper. Comme si ils étaient des voleurs.
Souffle retenue dans la cage thoracique, cœur qu’elle entend battre dans ses tempes alors que les bruits de pas se rapprochent et s’arrête un instant devant sa chambre. Elle sent qu’elle est foutue Eden. Non. Ils sont foutus, tous les deux. Ensemble. Ils vont être prit sur le fait, lui allongé sur le lit de la demoiselle, chambre qu’il ne devrait même pas connaitre et elle allongée à ses côtés, à une heure si tardive laissant de multiples situations suggestives possible à imaginer pour ses parents. De tout son cœur, elle espère que ce n’est ni son père, ni Baedrian qui est debout. Son grand-frère remarquerait bien trop rapidement que le lit de camp installé pour Landon -qui plus est- collé au sien est bien trop vide en plein milieu de la nuit. Son père, lui, il serait bien trop en colère. Agirait de manière bien trop dramatique pour leur laisser piper un mot, expliquer quelque chose. Alors elle ferme les yeux Eden, fort comme si agir de la sorte changerait le cours des choses. Elle gigote sur la couchette, elle tremble de peur et tressaute lorsqu’une main vient se poser sur son épaule car elle ne s’y attend pas vraiment à ce contact actuellement. Elle tourne la tête vivement, elle ne voit rien mais devine à la maigre lueur que la nuit laisse passer au travers de sa fenêtre qu’il a la mine grave Landon, il ne dit pas un mot mais laisse glisser ses doigts tout le long de son bras, tapotant tout doucement pour descendre prudemment, ne pas rater sa cible dans un geste qui se veut encourageant. Elle a les poils qui se redressent Eden, elle le sent sous son pull trop grand que sa peau est en ébullition, que la chair de poule a fait son apparition et que soudainement, même les gigotements incessants de sa jambe se sont arrêtés. Elle en fini déconcentrée la poupée, elle en oublie les bruits de pas lorsque les doigts du garçon viennent se mêler aux siens, lorsqu’il porte l’instant d’après sa petite menotte contre ses lèvres. Y déposant un long baiser silencieux, tendre. Elle le sent son souffle chaud contre sa main et elle craque, elle fond elle aimerait que le moment ne prenne jamais fin, qu’ils restent dans la pénombre ainsi jusqu’à s’endormir l’un à côté de l’autre. Elle aimerait que cette nuit entière soit finalement sans fin.
Bruits de pas de pieds qui font le chemin à l’envers, mais elle reste peu rassurée Eden. Même lorsque la porte d’une des chambres d’à côté grince elle reste statique sur la couchette, au côté de Landon qui a toujours sa main dans la sienne. Le seul geste qu’elle s’autorise la belle c’est les mouvements circulaires de son pouce contre le dos de la main du brun. Tout doucement, encore et encore des ronds, des arabesques qu’elle répète sans s’en rendre compte. Bien trop occupé à jouer les fines oreilles, entendre n’importe quel bruit qui l’alarmerait d’un retournement de situation.
C’est bon, elle en est certaine ils sont hors de danger. Plus aucun bruit ne se fait entendre dans la grande maison. Elle est même sûr d’entendre son père ronfler. Alors, dans une respiration longue et profonde elle retire sa main de celle de son invité nocturne et se penche sur lui pour rallumer la lampe de chevet. Éclat artificielle qui jaillit dans la pièce. Elle plisse les yeux la gamine, elle est éblouie. En moins de cinq minutes elle s’était habituée à être en mode vision nocturne. Alors elle tourne la tête vers son complice et le voit dans le même état qu’elle, tout autant consterné par la clarté qu’à tout d’un coup la pièce et elle sourit, pose sa main sur sa propre bouche pour ne pas éclater de rire et elle hoche de la tête lorsqu’il lui dit qu’ils l’ont échappé belle. Oh oui, ils sont passé à un rien de se prendre l’engueulade du siècle. « On a eu de la chance pour cette première fois … » Première fois qu’elle laisse entendre. Car elle le sait, tout autant que lui que ce n’est que la première d’un recommencent sans fin d’escapade nocturne qu’ils répéteront jusqu’à peut-être obtenir gain de cause. Ils se regardent dans les yeux les deux gosses, ils se regardent en sachant exactement ce qu’ils mijotent, qu’ils abusent surement des bonnes choses.
« Bon… C’est pas que mais j’ai une photo à prendre moi … Je la mérite après les dangers qu’on a bravés ensemble… » Dit-elle en chuchotant, la lèvre inférieure coincé entre les dents. Sans lui laisser le temps de donner son avis sur la chose elle allume l’appareil photo et se recule sur le lit histoire de voir comment se reflète l’image ainsi que la luminosité dans le minuscule cadran. Elle grimace la belle, elle se déteste de pas avoir un néon bien lumineux et blanc dans sa chambre subitement car la lumière est presque atroce. Alors, elle baisse deux secondes l’appareil photo et tombe nez à nez avec Landon qui la fixe, l’air sage et elle ne peut se résoudre à laisser filer cette chance d’avoir une photo si proche de lui, un souvenir ancrée sur du papier glacé dès demain soir. Elle reprend du poil de la bête, fait abstraction du manque de lumière blanche et elle se rapproche de nouveau de lui. Car elle n’a pas de temps à perdre. Elle vient s’asseoir à coté de Landon, sa hanche se collant contre les jambes du brun et elle vient passer naturellement une main dans la mèche épaisse de cheveux qui barre le front du garçon, la remettant en place. « Il en faut vraiment peu pour que tu sois beau, c’est affligeant Landon. » Elle bouge la tête de gauche à droite subtilement la belle, soupirant par tant de beauté naturelle. Elle reste appliquée sur sa tache la poupée, passant très rapidement sa main sur la joue fraîche du garçon avant de reculer de quelques centimètres ; le regardant un instant dans l’ensemble et pouvoir dire. « Parfait… » Alors, elle récupère l’appareil photo qu’elle venait de poser sur les genoux de son nouveau model préféré et se martèle à la tâche, met quelques secondes à focus, cadrer car elle n’a droit qu’à deux clichés la blonde. Elle n’aura droit à rien d’autre alors elle s’y donne à fond, elle prend son temps et clic c’est fait.
Un instant, elle regarde la photo sur l’écran de son appareil en souriant avant de le tendre à Landon pour qu’il regarde lui aussi la photo qu’elle vient de prendre. « Je la trouve sublime et t’as pas le droit de dire bof ! » Elle est contente Eden, elle a le sourire immense collé sur le faciès. Elle est contente du rendue, vraiment. Elle en est fière et ne manquera pas de le répéter. « Bon maintenant il me reste une deuxième photo à prendre …. » Les doigts venant gratter sa propre joue elle réfléchit la belle, elle a l’air ailleurs tout d’un coup. Dans son monde et Landon ne rate pas l’encoche. Pas le temps de douter deux minutes qu’il lui propose son plan : à son tour il veut prendre une photo, une photo d’elle. Et elle ouvre grand les yeux la plus petite des Howard. Elle entrouvre la bouche en balbutiant. « Heu… n-Non non c’était pas le plan… J’suis pas au top, j’ai des cernes violettes et tout … » Elle se trouve des excuses car elle a honte, elle essaie de se défiler car jamais elle ne rendra aussi bien que lui sur la photo. Lui, en un coup de main passé dans les cheveux il atteignait la perfection alors qu’elle il faudrait deux heures de maquillage + un brushing pour la rendre tout au plus banale. Alors elle fait non de la tête la poupée, car elle ne sait rien faire de mieux que de dire non.
Elle le voit s’approcher et elle se recule sur le lit douillet, amenant avec elle son plus précieux jouet. Tendant le bras aussi loin que possible pour qu’il ne puisse l’atteindre. Mais il n’a aucune limite Landon, il est prêt à se coucher sur elle et l’écraser pour l’avoir ce fichu appareil photo alors commence une guerre, une nouvelle, encore. Elle qui fait tout pour qu’il ne puisse y mettre la main dessus et lui qui essaie de l’attraper coute que coute. Et bien évidemment, même en y mettant toute son âme c’est lui qui l’emporte la manche. Car c’est évident qu’il a plus de force qu’elle le sportif. En quelques secondes, il l’a coincé sous son bras gentiment et lui enlève des mains son appareil photo et elle commence à boudiner. Comme une gamine. « C’est toi qui va le casser et si tu fais ça j’te parle plus. » Même en disant ça, elle n’est pas sûr qu’elle serait capable de lui faire autant la tête, de l’en vouloir d’avoir cassé son appareil photo. Mais elle dit quand même, juste pour jouer les teignes. Puis elle croise les bras sous sa maigre poitrine et tire une tête de dix pieds de long pour appuyer ses dires alors qu’il lui reparle de ce sourire qu’elle lui doit et dont elle l’épargne. Elle se montre têtue comme une mule la petite Howard. Elle fait non de la tête et continue de tenir tête alors que le brun commence déjà de nouveau à la menacer de la chatouiller si elle ne veut pas s’y mettre. « Ne commence même pas Landon… Je te jure que- » Et il n’attend pas, il s’applique à la tache avant même qu’elle n’ait fini sa phrase, sa menace. Voilà qu’elle sent de nouveau la pulpe des doigts du brun contre ses côtes et elle s’affole. Elle bouge dans tous les sens pour s’en débarrasser mais rien y fait. Même le coussin qu’elle attrape à la volée pour se le coller contre les flancs ne sert pas à grand-chose car il est trop fort Landon et elle le voit brandir en même temps l’appareil photo au niveau de son visage riant aux éclats. Elle pense qu’il l’aura son cliché mais elle a faux. Elle entend le zoom de l’appareil photo se rétracter et elle aurait presque envie de rire encore plus fort, de se moquer. Car elle le connait par cœur son objet fétiche. Là, il vient juste de l’éteindre et ça ne manque pas. Elle l’entend se plaindre, injurier. « Tu disais pas faux tout à l’heure … T’es vraiment nul en fait … » Paroles chuchotés, battement des cils pour mieux faire passer le petit pique lancé. Mais il ne se démonte pas, et ça lui plait. Il lui dit d’attendre car il veut rallumer l’appareil et elle sourit en le voyant galérer. Alors, dans un acte de bravoure elle vient poser ses doigts sur les siens ; positionnant les doigts du garçon sur le bon bouton et ensemble ils appuient sur le bouton. « Fallait juste demander hein … » Bien vite, elle laisse sa main retomber mollement sur le lit et regarde le brun juste au-dessus d’elle s’essayer à plusieurs angles pour trouver le bon et elle en rit, le trouvant vraiment mignon à agir de la sorte. « Alleeer il est deux heures Landon fait viiiite… » Mensonge qu’elle lâche, qu’elle laisse glisser en dehors de ses lippes alors qu’elle envie l’inverse. Et lorsqu’elle s’y attend le moins, lorsqu’il lui dit une bêtise elle rit à en avoir les larmes qui perlent au coin externe, la bouche ouverte, les dents dévoilés et hop c’est dans la poche, c’est photographier sans même qu’elle ne l’ait remarqué. Ce n’est que lorsqu’elle ouvre les yeux et voit le brun focalisé sur l’appareil qu’elle comprend, qu’elle se redresse s’appuyant sur ses coudes pour regarder elle aussi voir ce qu’il regarde comme ça.
Photo pas si mal cadrée que ça, un peu floue mais quand même bien mignonne. Attendrissante vue d’un œil externe qu’elle porte en premier lieu. Puis y’a la deuxième vision. D’un œil interne, lorsqu’elle se voit, ressaisit qu’il s’agit d’elle sur le cliché elle n’apprécie pas plus que ça. Elle trouve juste la photo drôle car c’est Landon qui l’a prise. A deux heures du matin dans sa chambre. C’est inédit mais sa tête ça ne va pas. Trop de cerne, trop pale, les cheveux en bataille…. Mais elle ne dira rien, elle ne gâchera pas ce moment qu’ils partagent. « Bah ça va t’es pas si si si nul que ça en fait, je retire … » Opalescences qui roulent une nouvelle fois avant de revenir se reposer sur le visage de son ami. « Je l’imprimerai, elle est vraiment sympa… » Dernière palabre échangées au sujet de la photographie. Appareil photo qu’ils reposent sagement sur la table de nuit avant de se rallonger côte à côte sur le lit.
Petit bâillement qui s’échappe d’entre ses lèvres pour la première fois de la soirée, elle a la tête qui vient se poser tout doucement contre son coussin et elle sourit à Landon qui la regarde amusée. « Eh … te moque pas, j’ai passé une super longue journée… » Elle s’énumère alors le début de sa journée qui avait commencé en fanfare avec le sublime reveil en retard, les cours interminables, le vent de fin de soirée lorsqu’elle était allé près de la plage prendre ses photos. Mais il y avait du bon aussi, l’arrivée surprise de Landon à la maison, le bon dîner et le film qu’ils avaient tous regardé ensemble et le meilleur de toute la journée, la palme d’or du meilleur moment revenait à l’arrivée de Landon dans sa chambre. Rien que d’y repenser alors qu’il est à ses côtés elle en a le cœur en compote Eden et elle sourit sans s’en rendre compte. « Mais ça va… La soirée c’est super bien passé, très agréable… » Aveux fait à demi-mot, le sujet de son agréable soirée bien trop proche pour qu’elle mette un nom dessus. Elle préfère se la jouer faussement mystérieuse la blonde.
« Par contre j’ai toujours pas fini mon devoir… » Désillusion du moment magique, elle grimace la gamine. Elle se penche en dessous de son lit et récupère le cahier qu’elle avait jeté rapidement là-dessous pour le remettre sur ses genoux. « Il est temps que je m’y remette malheureusement… » Mais elle n’a pas envie qu’il parte, pas de suite. Pas maintenant. Alors, elle ouvre la bouche et les mots restent bloquées dans sa gorge tant elle a honte. Elle baisse la tête un instant sur son cahier toujours fermé et lâche rapidement. « Tu voudrais bien rester … ? Si t’es pas trop fatigué bien évidemment. » ajoute-t-elle à la hâte, ne voulant pas le forcer si celui-ci n’en a pas l’envie. « Juste m’aider cinq minutes car j’pense que t’as déjà fait ça l’année dernière tu vois … ? » Prunelles qui se relèvent vers lui quelques secondes avant d’ouvrir doucement son livre de maths et son cahier de mathématiques précieusement sur une nouvelle page, une page vide. Neutre. à où il n’y aura pas des bêtises écrites de long en large dans les marges.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Sam 2 Sep - 1:47
'cause you mean everything
Eden & Landon
Obscurité qui se fait dans la chambre adolescente, jeunes gens qui se figent dans un silence coupable. Ils sont dans leur tort, et ils le savent aussi bien l’un que l’autre. Ils savent mieux que personne que cette soirée, à première vue innocente, est bien moins candide qu’ils veulent bien s’en persuader. Ils savent que les conséquences pourraient être terribles si Landon venait à se faire surprendre dans la chambre de la cadette de la famille, âgée de seulement quinze ans, tous deux installés sur son lit au beau milieu de la nuit. Il le sait, ils le savent, et pourtant ils ne cherchent même pas à se cacher. Ils restent dans leur position initiale, côte à côte sur la couette, prêts à se faire découvrir en ce charmant tableau si la porte venait à s’ouvrir. Et, comme pour encore plus aggraver la situation dans cette éventualité, Landon pose sa main sur l’épaule de la demoiselle, la laisse glisser le long de son bras frêle, saisit ses doigts minces entre les siens. Geste tendre, geste qui se veut rassurant, maigre tentative de se rattraper après avoir manqué foutre en l’air leur joyeuse petite soirée partagée. Et les lèvres qui viennent se déposer contre le dos de sa main, peau pâle, si pâle qu’elle réfléchirait presque la faible lumière filtrant à travers les carreaux de la fenêtre.
Ils attendent en silence les gamins de Savannah, les cœurs battants à l’unisson et les regards plongés l’un dans l’autre, les regards qui se cherchent sans réellement se trouver, qui se devinent dans l’obscurité. Ils attendent sagement que le danger s’éloigne, trop sagement, calme qui contraste étrangement avec le chahut qui régnait quelques instants plus tôt dans la chambre. Et enfin le silence de la pièce semble gagner le couloir, les bruits de pas qui s’effacent, la porte qui se referme avec ce grincement semblable à celui qui a accueilli son entrée dans la chambre, plus tôt dans la nuit. Et pourtant ils ne bronchent pas les adolescents, les doigts d’Eden qui caressent machinalement la main de Landon et le mutisme qui demeure quelques instants, avant que la demoiselle ne se redresse, rallume la petite lampe de chevet. Et les étoiles qui dansent devant ses yeux, conséquence directe de cette trop forte luminosité à laquelle il n’est déjà plus habitué, qui lui fait battre des paupières à quelques reprises. Garçon qui se voit à moitié handicapé, aveugle tel Œdipe, jeune homme qui ne remarque donc pas que sa compagne de la soirée est à deux doigts d’éclater de rire face à son trouble certain. Mais à défaut de voir parfaitement il peut parler, et il ne s’en prive pas, lui fait remarquer qu’ils ont eu chaud, qu’ils sont passés à deux doigts de la catastrophe irréversible. Et le sourire qui effleure ses lèvres à l’entente de sa réponse, à l’entente de ces mots, ces mots qui prennent toute leur importance. « Cette première fois ». Il se voit stupidement ravi Landon, ravi de ce que suggèrent ses paroles, la promesse qu’ils réitéreront, que c’était loin d’être la dernière de leurs bêtises nocturnes. La confirmation, finalement, que son désir de se prêter de nouveau à cette plaisante expérience est partagé. Alors y a le regard qu’il plonge dans le sien, les dernières comètes aveuglantes qui traversent la galaxie de ses yeux, et enfin il retrouve une vision correcte, distingue parfaitement les nuances bleutées de ses prunelles et le rictus complice qui erre sur ses lippes.
Elle a de la suite dans les idées la gamine blonde, et c’est sans lui laisser le temps d’ajouter le moindre mot qu’elle remet sur le tapis le sujet de la photo, ou plutôt des photos, ces deux fameux clichés qu’il lui a promis avant l’incident. Merde. Lui qui espérait qu’elle ait oublié… Ce sont ses maigres espoirs qui s’effondrent avec fracas, la faute à ses paroles doucement murmurées, paroles qui lui sont pourtant assez désagréables. Il n’est pas en état de jouer au mannequin Landon, pas ce soir. Il est debout depuis vingt heures au moins, a une journée entière de cours dans les pattes, un entraînement harassant… Ses cheveux doivent être ébouriffés en tous sens, ses traits fatigués, ses yeux cernés par un trimestre de lycée intense. C’est du moins l’image qu’il se fait de lui-même, image plus cruelle que ne l’est la réalité, jeune homme qui n’a pas l’air si buté à la fatigue qu’il l’imagine.
Et l’objectif qui se braque sur son visage, la bouche de la demoiselle qui se fait grimaçante lorsque ses yeux se posent sur l’écran de l’appareil. Ouch. Il ne pensait pas faire peine à voir à ce point. Alors il glisse ses doigts dans ses cheveux, tente sans grande conviction de redonner un semblant de forme à sa coiffure, passe une main sur ses traits fatigués. Il ne pourra pas faire mieux ce soir. Et l’appareil qui se baisse sans avoir été déclenché, le regard tranquille qui croise celui de la blondinette. Tête qui s’incline sur son épaule, il la fixe d’un air interrogateur, se demandant ce qui peut bien l’avoir freinée ainsi, elle qui semblait si fermement déterminée à graver son faciès sur la pellicule. Et puis il se souvient. Il se remémore la grimace de la jeune fille, grimace probablement uniquement due à son expression exténuée peu glorieuse, et il serait presque prêt à s’excuser de tirer une tête pareille. Presque. Car ce n’est pas son genre de s’excuser pour son apparence, à vrai dire il n’y a que sous le poids de son regard qu’il commence à y prêter une réelle attention, à se sentir embarrassé de ne pas être au meilleur de sa forme.
Puis y a la petite blonde qui vient s’installer à ses côtés, tout contre lui, y a sa hanche qu’il sent plaquée contre ses cuisses, très précisément malgré l’épaisseur de leurs vêtements hivernaux, et les doigts fins qui se glissent dans ses cheveux châtains, effleurent son front pour achever sa tentative de recoiffage. Et le compliment qui franchit les lippes d’Eden, la gamine qui soupire devant sa beauté, le petit sourire flatté qui prend place sur les lèvres de Landon. Car il est touché le jeune homme, il en rougirait presque, et compte plus que jamais sur l’obscurité relative de la chambre pour dissimuler le rose qui colore sans doute ses joues. Car il ne manquerait plus que ça, tiens. Qu’il rougisse juste parce qu’Eden lui a dit qu’il était beau, on se croirait renvoyé tout droit en maternelle. La vérité c’est qu’il a l’habitude qu’on vante ses charmes Landon, il est conscient de plaire, de charmer les filles sans avoir à trop faire d’efforts. Aussi ce n’est pas le genre de remarques qui l’émeuvent plus que ça. C’est tout du moins ce qu’il pourrait dire en règle générale, car avec Eden, c’est différent. Eden elle compte pour lui, son avis est important à ses yeux, plus que de raison, et pour la première fois de sa vie, il a réellement le souci de plaire à une fille, même s’il sait que ce n’est pas sage de se comporter ainsi avec la petite sœur de son meilleur ami, il ne devrait pas. Mais il le fait quand même, il s’en soucie, et cela ne peut que lui faire plaisir que d’apprendre qu’en effet, il lui plaît bien. Peut-être même autant qu’elle lui plaît, cette gamine au visage infantile, cette gamine qui s’avère être l’exact opposé de celles sur qui il a coutume de se retourner. Et ça le trouble ça Landon, ça le trouble presque autant que de sentir sa main caresser sa joue avec une vivacité surprenante.
Jeune homme qui se voit déstabilisé par le moindre geste, le moindre contact avec la jeune femme. C’en serait presque grotesque que de voir à quel point il se fait sensible à ses attitudes, au toucher de ses doigts contre sa peau, sa hanche contre ses jambes, tant de contacts des plus anodins qui éveillent pourtant un florilège de sensations en lui. Et ses doigts qu’il sent effleurer ses genoux en récupérant l’appareil, le regard qu’il baisse alors spontanément, suivant des yeux le moindre de ses gestes, le regard qui se redresse vers elle, fixe l’objectif sans trop savoir quoi faire, à quel moment la demoiselle compte appuyer sur le bouton pour immortaliser son image.
Il attend, les secondes s’égrènent lentement, comme tout autant de grains tombants au fond d’un sablier, regarde un instant sur le côté avant de se focaliser de nouveau sur l’appareil, ne sourit pas, ayant bien compris qu’Eden en a pour un moment, que le flash ne se déclenchera que sur un rictus rendu grimaçant par l’attente s’il se risquait à esquisser un sourire. Et puis y a le regard qui s’égare, qui voit au-delà de l’appareil, fouille les petites portions du visage de la jeune fille qu’il laisse à découvert, et le rictus qui étire finalement ses lèvres, attendri de la voir pareillement concentrée sur sa tâche, une tâche qui lui tient plus à cœur que n’importe quelle autre, c’est indéniable.
- Attention hein, Eden… J’t’ai accordé que deux photos, t’as pas droit à l’erreur.
Paroles taquines, pression en carton à peine libérée que déjà le coup part, le bouton est enclenché, image d’un jeune homme au doux sourire à jamais enregistrée. Elle se rapproche encore un peu plus de lui la gamine, se penche vers lui pour lui montrer le cliché réalisé, et il s’empare de l’appareil, doucement, précautionneusement, craignant bien trop de l’abîmer par mégarde. Regard rivé sur le petit écran, regard qui détaille difficilement la reproduction exacte de son visage. Un visage qu’il ne connaît que trop bien, un visage sublimé par l’œil de la photographe, il est vrai, et il est soulagé de constater que la photo s’est prise juste après qu’il ait achevé de parler, lui évitant l’un de ces clichés embarrassants où l’on est photographié la bouche bizarrement tordue, en train de parler. Épaules qui se haussent dédaigneusement suite à ses paroles, petite moue dubitative qui prend place sur ses lèvres, et le regard faussement désolé qu’il pose sur elle.
- Bof…
Et le sourire en coin qui s’immisce sur son visage, le pire c’est qu’il se croit drôle l’imbécile. Parce que la vérité c’est qu’elle a raison la gamine, il est bel et bien sublime son cliché, mais elle le sait déjà, alors pourquoi bêtement le lui répéter ? Et elle enchaîne la petite blonde, parle déjà de prendre une deuxième photo de lui ; mais elle hésite, elle est indécise bébé Howard, aussi il saute sur l’occasion, déclare que c’est à son tour de la photographier. Et sans plus lui laisser l’occasion de protester, il tend le bras vers elle, vers l’objet de ses désirs, l’appareil, en l’occurrence. Mais elle est maligne la gamine, elle l’a vu venir à des kilomètres à la ronde le jeune homme, et elle recule sur le lit, prête à tout pour ne pas lui laisser l’appareil, pour ne pas se faire photographier ce soir. Mais il trouve ça injuste Landon qu’elle ait pu le prendre en photo et pas lui, il en a besoin de cette justice si chère à son cœur, alors il la suit sur le lit, s’approche d’elle, la bloque une nouvelle fois en se couchant à moitié au-dessus d’elle, soutenant d’une main le poids de son corps, faisant tout pour lui dérober le précieux objet de sa main libre.
Appareil finalement récupéré, jeune fille prisonnière du poids de son bras qui fait la tête, fâchée qu’il ait remporté la manche. Elle le menace la vilaine, lui jure de ne plus lui parler s’il venait à briser son jouet préféré, et lui il pose l’appareil en sécurité derrière lui, hors de portée d’Eden, porte une main à son cœur, l’expression faussement blessé.
- Tu me parlerais plus ? Vraiment ? J’espère que tu réalises que tu me manquerais beaucoup. Et que ça me ferait beaucoup, beaucoup de peine… Tu serais prête à me faire tant de mal, Eden ?
Et le regard qui se porte sur elle un instant, le regard qui se veut dévasté, le regard qui s’avère plus risible qu’autre chose, le regard du mauvais comédien, celui qui croit à peu près tout autant qu’elle en ses menaces. Et elle continue à bouder la petite blonde, elle continue à bouder et lui ça l’embête, car le deal à la base était tout de même de prendre un cliché d’elle souriant. Le souci, c’est qu’elle ne semble clairement pas décidée à se dérider ; alors aux grands maux les grands remèdes, sans plus lui laisser le temps de formuler de nouvelles menaces toutes moins crédibles les unes que les autres il glisse ses doigts sur ses côtes, chatouille la demoiselle à travers l’épaisse étoffe de son pull, et le sourire ravi qui étire ses lèvres en la voyant rire aux éclats, se tordre en tous sens pour tenter d’échapper à ses mains viles. Voilà qui sera parfait. De sa main libre, il s’empresse de récupérer l’appareil photo abandonné à quelques centimètres de là, le braque sur le gai visage de la gamine, appuie au hasard sur les boutons, dans la précipitation, éteint par mégarde l’appareil. Juron qui s’évade d’entre ses lippes en voyant l’écran s’éteindre, il se déteste le jeune homme, il se déteste d’être aussi bête, de s’y connaître aussi peu en photographie, d’avoir fait une telle erreur de débutant.
Et comme pour enfoncer le clou, y a Eden qui met le doigt sur sa nullité flagrante, voix fluette qui libère les paroles cassantes, cruelle diablesse qui pointe déjà le bout de son nez, déjà, si jeune, elle a toujours été là. Il pourrait se vexer, Landon. Il pourrait mais il ne le fait pas, tout d’abord car ce n’est pas lui de se vexer, puis surtout parce qu’il le sait bien que ses qualités de photographe sont médiocres, elle ne fait qu’énoncer une vérité indéniable la gamine, il serait bien audacieux de sa part d’oser prétendre le contraire.
- Attends ! Attends attends attends, j’ai pas encore dit mon dernier mot…
Et le lourd appareil qui tourne entre ses doigts précautionneux, le jeune homme qui s’acharne à retrouver le bouton qui lui a coûté le peu de crédibilité qu’il avait – qu’il n’a jamais eu – aux yeux d’Eden. Il s’acharne mais cela ne suffit pas, il appuie un peu au hasard sur les boutons trop nombreux, enclenche celui qui permet de prendre une photo ; garçon décidément bien incapable, seulement bon à appuyer sur le bon bouton au moment où il n’en a plus besoin. Et les doigts de la jeune fille qu’il sent se déposer sur les siens, doux contact qui le fait s’immobiliser une seconde, le temps de relever les yeux vers elle, détailler son visage d’ange trompeur. Doigts qui s’occupent de repositionner les siens correctement, de manière à rallumer l’appareil, puis elle lui montre le gros bouton à sa droite, lui explique que c’est celui-ci qui lui permettra de prendre le cliché.
Appareil dissimulant partiellement le visage de l’adolescent, appareil de nouveau en état de marche qu’il tourne en tous sens pour tenter de trouver l’angle parfait, lorsqu’il sait pertinemment que le résultat sera pitoyable. Mais raison de plus, justement, le but n’est pas de se ridiculiser sous les yeux de la charmante petite blonde, aussi il s’applique tant qu’il peut, redouble d’efforts malgré la fatigue, malgré l’heure tardive, dans le seul but de limiter les dégâts, maximiser tant que possible ses chances de ne pas trop rater le cliché. Paroles impatientes qui échappent à la demoiselle, jeune homme qui se fige un instant, la croit naïvement, abaisse l’appareil le temps de lui dire :
- Deux heures ? Déjà ? Le temps file en votre présence, gente damoiselle…
Et le ton précieux qu’il adopte pour s’adresser à son amie, le ton qui suffit à la faire éclater de rire, et il se dit qu’elle doit être au moins tout aussi épuisée que lui pour trouver drôle son humour rendu plus vaseux que jamais par la fatigue. Et, ni une ni deux, sautant sur l’occasion qu’elle lui tend sur un plateau d’argent, il braque l’appareil sur son visage, le repositionne en vitesse, se dépêchant tant qu’elle est toujours hilare, prend enfin le cliché tant désiré.
Sourire satisfait, sourire de petit garçon fier qui prend place sur ses lippes lorsqu’il observe le rendu final de la photo. Ce n’est pas si mal que cela, conscient de son absence totale de talent en la matière, il s’attendait à un résultat bien pire. Mais ce n’est pas si mal que cela. C’est même plutôt bon, car la beauté foudroyante de la jeune fille suffit à faire oublier la qualité médiocre du cliché. Jeune fille qui se rapproche de lui, jeune fille vers laquelle il tourne l’écran de l’appareil, sourire profondément heureux qui prend place sur les lèvres du garçon, cette fois-ci.
- J’préfère te voir comme ça que sur la photo précédente ! Regardes-toi, t’es tellement belle quand tu souris… Il fallait immortaliser ça !
Il a les yeux qui brillent le beau brun, les yeux qui brillent et ce large rictus qui éclaire son visage tout entier lorsqu’elle concède qu’il n’est pas si mauvais photographe que cela. Il n’en attendait pas tant, et n’en mérite d’ailleurs pas tant, et pourtant il est soulagé d’entendre une ébauche de compliment de sa part, même s’il est accompagné de l’un de ses roulements d’yeux qu’il apprend peu à peu à aimer, cela vaut toujours mieux que de se voir détaillé point par point tout ce qui ne va pas sur sa photographie.
- J’prendrais d’autres photos de toi les prochaines fois dans ce cas, si elles sont pas si nulles que ça…
Et le sourire espiègle qui prend place sur ses lèvres, le sourire plein de promesses, la promesse de se revoir, réitérer les instants partagés tous les deux, rien que tous les deux, en tête à tête dans cette bulle encore fragile qui se construit peu à peu autour d’eux sans qu’ils y prennent garde.
Jeunes gens qui se rallongent côte à côte sur le lit, proches, plus proches que de raison, pas assez aux yeux de Landon cependant. Lui il aimerait pouvoir tendre le bras vers la petite blonde pour l’attirer à lui, la serrer tout contre lui, bien à l’abri au creux de ses bras. Il aimerait passer la nuit à ses côtés, avec elle, contre elle ; mais sa raison lui intime le contraire, sa raison lui intime de garder ses mains sagement posées sur la couette, alors c’est ce qu’il fait, docile. S’il doit faire voler en éclats leur complicité toute récente, ce sera pour une autre fois. Cette soirée est bien trop belle pour prendre le risque d’être gâchée.
Son équivoque qui s’évade hors des lippes de la jeune fille, bâillement témoignant d’une fatigue non feinte, preuve élémentaire que la demoiselle est dans un état guère plus glorieux qu’il ne l’est lui-même. Regard qui se pose sur son visage qui se meut sous la force du bâillement, et son regard fatigué, presque endormi, spectacle attendrissant qui dessine un rictus amusé sur ses lippes. Sourire qui ne passe pas inaperçu puisque Eden lui raconte qu’elle a passé une longue journée, ce à quoi il répond, sans se douter de combien ces dernières vingt-quatre heures ont été chaotiques pour elle :
- Oh, et moi donc, t’as pas idée… Vivement les vacances, hein ?
Les vacances. Deux semaines qu’il devra passer en compagnie de son très cher géniteur, deux semaines durant lesquelles il n’éprouvera plus la joie naïve, l’excitation stupide de peut-être croiser la petite blonde dans les couloirs du lycée. Cela va lui manquer, et il se dit déjà qu’il lui faudra programmer de voir Baedrian au cours de ces congés hivernaux. De manière absolument pas intéressée. Dans le seul but de voir son ami. Bien évidemment.
Regards noyés l’un dans l’autre, sourires qui s’égarent sur les lèvres de chacun tandis que la gamine confesse avoir passé une bonne soirée, de toute évidence bien meilleure que le reste de sa journée. Et le sourire qui s’étire un peu plus du côté de Landon, maigres secondes qu’il laisse s’écouler avant de surenchérir :
- Crois-le ou non, toute la journée je n’ai fait qu’attendre le moment où j’irais me coucher… Et maintenant, bah je suis bizarrement beaucoup moins pressé d’aller dormir, tout d’un coup.
Petit haussement d’épaules qui s’ensuit, l’air de dire « je dis ça je dis rien », l’air de ne pas comprendre ce qui se trame, ces sentiments sous-jacents qui pointent le bout de leur nez à mesure qu’ils apprennent à se connaître. Et la douceur de l’instant qui vole en éclats lorsque la jeune fille rappelle qu’elle a tout de même des devoirs à faire pour le lendemain, activité dans laquelle il l’a interrompue sans vergogne à son arrivée dans la chambre. Sans bouger, demeurant allongé sur le côté, la tête calée sur l’un des oreillers, il l’observe en silence se pencher pour récupérer ses affaires. Il reste muet le garçon, perdu dans ses pensées, se rappelle qu’il a lui aussi du travail à faire pour le lendemain, de l’espagnol, si sa mémoire ne lui joue pas des tours. Bon Dieu, ce qu’il déteste l’espagnol… Il se retient de rire nerveusement en constatant qu’il ne fera probablement jamais ces devoirs, qu’il aura demain une feuille blanche à présenter à l’instituteur. Mais cela ne fait rien. Il dira que l’entraînement s’est terminé tard la veille, croisera les doigts pour que ce demi-mensonge passe auprès de l’enseignant.
Elle s’assoit à ses côtés, explique qu’elle, elle compte bien terminer ses exercices, le tirant de ses pensées peu glorieuses de petit cancre, et puis elle entrouvre les lèvres, semble prête à dire quelque chose sans réellement s’y décider, et lui il la fixe avec une soudaine attention, intrigué. Palabres qui sortent rapidement de sa bouche, simple demande de rester encore un peu avec elle, le temps qu’elle termine ses devoirs, et la réponse qui lui vient sans hésitation, le sourire un peu moqueur aux lèvres.
- Ben justement je suis crevé, mais je t’aime bien, t’as de la chance, donc j’vais rester te tenir encore un peu compagnie ! Par contre j’suis pas sûr de pouvoir t’être d’une grande aide, pour ce que je suis en maths…
Le rictus qui se fait vaguement embarrassé un instant, adolescent gêné de confesser devant elle son manque de concentration en cours. Mais en même temps, ce n’est guère plus que la vérité ; il ne va pas le nier. Et pourtant, malgré le peu de souvenirs qu’il conserve des cours d’algèbre de l’an dernier, malgré le mal qu’il avait à décrocher la moyenne à chaque contrôle, il est bien décidé à faire de son mieux pour aider la demoiselle. Peu importe combien il hait cette discipline.
Alors il se redresse, se rapproche un peu d’elle et, assit à ses côtés, se penche sur le livre pour regarder de quoi il s’agit. Soulagement qui le gagne lorsqu’il s’aperçoit que la classe d’Eden étudie l’une des seules notions qui ne lui a pas trop retourné le cerveau l’an dernier. S’il a oublié les formules à appliquer, il se rappelle très bien de la méthode à reproduire, aussi il devrait se débrouiller avec le cours sous les yeux.
- T’es vraiment chanceuse ce soir, je me rappelle bien de ce chapitre… Y a des trucs que t’as pas compris ? À nous deux, on devrait pouvoir se débrouiller avec le cours.
Et le sourire rassurant qu’il lui adresse lorsqu’il ne sait pas lui-même s’il sera en mesure d’assurer un tutorat correct, jeunes gens qui s’attellent studieusement à la tâche. Lycéen qui s’applique à expliquer du mieux possible les éléments que son amie a du mal à saisir, garçon appliqué qui doit parfois se replonger dans le cours pour lui-même comprendre de nouveau ce qu’il a plus ou moins appris l’année passée. Ils ne restent pas studieux bien longtemps les enfants de Savannah, ils se chamaillent pour un oui ou pour un non, se poussant du doigt et se lâchant de petites piques taquines, mais ils ne tardent pas à se reconcentrer. Il est trop tard, ils sont trop fatigués pour tirer sur la corde un peu plus encore.
Cahier qui se referme avec satisfaction, jeune homme qui regarde sa cadette en souriant, avant de tendre la main pour aller la taper dans la sienne.
- Bon, j’crois on a fait du bon boulot… Avec un peu de chance les réponses seront pas toutes fausses, tu me diras ce qu’il en est demain.
Et le clin d’œil qu’il lui adresse, au fond il pense qu’il ne lui a pas raconté trop de bêtises, il l’espère tout du moins. Adolescent qui lève les bras pour s’étirer, avant de se relever difficilement, les membres ankylosés d’avoir passé trop de temps sur ce matelas.
- Il va être temps pour moi d’y aller… Quoiqu’au point où on est, on pourrait tout aussi bien partir sur une nuit blanche !
Léger éclat de rire qui lui échappe avant qu’il se ressaisisse, reprenne son sérieux, se penche vers elle, pose sa main froide sur sa joue tendre.
- Non, non… T’as besoin de dormir. J’me sentirais coupable si tu partais en cours sans avoir fermé l’œil par ma faute, j’ai déjà suffisamment empiété sur ta nuit comme ça…
Sourire penaud qui se dessine sur ses lèvres, garçon qui aimerait mieux mettre sa proposition à exécution, poursuivre le reste de la nuit tel qu’ils l’ont commencée, mais non, ce ne serait pas raisonnable. Il ne peut pas lui faire ça. Alors il se penche un peu plus, dépose un long baiser sur sa joue, lui glisse à l’oreille.
- Fais de beaux rêves, p’tite tête. À demain matin.
Jeune homme qui se recule enfin, se dirige vers la porte, tourne la poignée, provoque un nouveau grincement fort peu discret. Ultime grimace qu’il lui adresse, retenant un éclat de rire, avant de disparaître à regrets derrière le panneau de bois.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback) Sam 2 Sep - 12:07
'cause you mean everything
Eden & Landon
Visage de son ami qui prend un air réellement étonné, il a yeux qui s’écarquillent Landon lorsqu’elle lui apprend qu’il est déjà deux heures du matin actuellement. Tout comme lui, elle ne s’en était pas rendu compte la blonde. Car le temps passe bien trop vite en si bonne compagnie. Jusqu’à ce long bâillement qui venait de s’échapper d’entre ses fines lippes elle n’avait nullement ressenti la fatigue la gamine quand elle y pense. Elle avait été bien trop distraite, les prunelles bien trop concentrées sur le faciès du jeune homme pour consacrer ne serait-ce qu’une seule seconde de ce si précieux temps au radio réveil posé sur sa table de chevet. « Je n’en passe pas moins Damelot, en votre présence le temps a filé à vitesse grand huit … » Dit-elle dans un rire, utilisant exactement le même ton que celui du garçon allongé sur son lit pour parler.
Joues teintées d’un carmin qu’elle arrive de moins en moins à contrôler, compliment qu’elle récolte sans trop comprendre leur source. Il se montre bien trop gentil Landon soudainement, bien trop enthousiaste maintenant qu’il a pris le cliché qu’il voulait. Elle sent le brin de fierté qui accompagne ses mots maintenant qu’elle lui a avoué qu’il n’était pas si mauvais. Il dit qu’elle a un magnifique sourire et elle n’ose plus montrer ses perles nacrées. Elle est comme ça Eden, les compliments elle ne sait les accepter à leur propre valeur et encore moins lorsqu’ils sortent de la bouche d’une personne à qui elle tient. « Merci Landon… » Mots susurrée, timidité qu’elle n’essaie même plus de cacher. À peine l’a-t-elle remercié pour l’éloge qu’il vient de lui faire et par la même occasion lui avouer que la photo qu’il venait de prendre n’est pas raté qu’il assure qu’il réitèrera l’expérience avec elle. Elle arque un sourcil la belle, curieuse de voir ce que ça donnerait si Landon s’attèlerait à la photographie. Serait-il aussi bon dans la photographie qu’il l’est dans le football ? Est-il l’une de ses personnes qui dès qu’elles touchent quelques, cette fameuse chose se transforme en or ? Elle ne serait pas étonnée Eden. Pas de la part de Landon. « On verra hein… Là c’était juste la chance du débutant pas sûr que tu fasses tout aussi bien pour la prochaine hein… » Lèvre inférieure qui se niche entre ses dents alors que ses sourcils se haussent, elle a le ton trainant Eden sur cette phrase. Elle laisse bien trop sous-entendre qu’il n’y arrivera plus la prochaine fois. Mais ô grand jamais, elle ne sous entends qu’il n’y aura pas de prochaine fois. Bien au contraire. Elle n’attend que ça Eden. Qu’il y en ait une prochaine, puis une deuxième et une troisième fois car elle ne sera jamais pleinement satisfaite la princesse du clan Howard du temps que Landon lui accordera.
Du temps avec Landon, la poupée elle en voudra toujours plus que de raison. Et ça, même lorsqu’ils auront fait les cons, lorsque leur relation ne se résumera qu’à des échanges houleux entre deux anciens amants qui n’auront jamais réussi à passer à autre chose, même après sept ans. Toujours, au plus profond de son âme elle le chérira et en réclamera plus encore mais chut… Pause, laissons le présent où il est, restons encore un peu de temps focaliser sur ce passé fait de douceur et de pureté.
Jeune homme tout autant fatigué qu’elle, elle s’en rend compte que maintenant lorsque celui-ci se met à bailler aux corneilles à son tour. Et elle s’en veut Eden de l’avoir déjà retenue tout ce temps avec elle. Elle s’en veut mais la part d’égoïsme caché au plus profond d’elle fait qu’elle se tait. Qu’elle ne lui propose pas pour autant d’aller enfin se coucher. Alors la part de culpabilité s’envole en fumée. Y’a la petite main qui vient rejoindre une dernière fois la grande pour ce soir. Qui vient enlacer ses doigts aux siens pendant qu’il parle, qu’il lui demande si elle a hâte des vacances et elle hoche la tête. Vivement. Il est grand temps qu’ils aient une pause, un peu de répits pour la période hivernale. Elle n’en peut plus Eden de se lever si tôt le matin pour aller marcher dans ce froid de canard ; elle commence à en avoir marre des devoirs des professeurs et même des gens de sa classe. Puis… Elle pense à Landon. Pense à chaque récréation et moment au self de la cantine qu’elle abandonne pendant deux semaines pour être en vacances et là… Elle est soudainement moins contente la gosse. « Vivement les vacances ouais … Mais … Tu vas me manquer un peu, j’aime bien te voir entre deux cours furtivement, au réfectoire quand on y va en même temps … Mais bon, cette soirée fera office de bon souvenir pour les deux prochaines semaines dirons-nous. » Incertitude qui s’entend à la fin de sa phrase. Qui s’exprime dans un léger haussement des épaules, en baissant les yeux timidement sur leurs mains qui se touchent. Et y’a la chute du cœur dans l’estomac, la claque qu’elle se met toute seule en se rendant compte d’ô combien elle est gênante avec ses élans de sincérité bien trop évoquant ce soir. Et elle regrette, directement. Elle a honte.
Oups, il est trop tard pour les regrets miss Howard. Le sourire de Landon est déjà présent sur son visage et elle tente de détacher sa main de la sienne tout aussi rapidement. Par crainte d’être moquée, peur de passer réellement pour une éclairée. Mais il n’est pas d’accord le garçon. Il resserre ses doigts contre les siens ; prend son temps pour lui dire que lui aussi a passé du bon temps ce soir. Au point de ne plus vouloir s’en aller, de ne plus avoir tellement envie de se coucher. Et elle sourit, tête baissée. « C’est bizarre hein … ? Moi aussi je suis crevée mais j’ai pas envie de dormir … Trop étrange ! » Et elle relève la tête dans un éclat de rire qu’ils partagent. Car ils savent, ils le sentent que c’est grâce/à cause de la présence de l’autre que leur nuit part chaque seconde un peu plus encore aux oubliettes.
Exercices qu’elle doit terminer coute que coute ce soir. Elle sait que si elle ne les fait pas maintenant, elle ne les fera jamais. Elle ne peut pas se permettre de voir sa moyenne tant chutée si près du but. Si près de la fin de ce premier trimestre scolaire. Ses parents la tueraient si elle n’a pas minimum la moyenne. Alors elle se force à attraper ses cahiers et demande à Landon si il veut bien resté avec elle et contre toute attente, alors qu’elle s’attend un beau refus de sa part il l’étonne une nouvelle fois. Il souligne le fait qu’il ne pourra certainement pas l’aider des masses mais ça lui va. Elle hoche la tête avec cet énorme sourire sur la face. Celui de la fille déjà heureuse de pouvoir le garder avec elle encore une petite demi-heure tout au plus. « J’suis contente que tu restes encore un peu, c’est pas grave si tu peux pas m’aider... J’avais qu’à écouter hein… » Demoiselle qui n’écoute strictement rien en classe. Blondinette qui n’est bonne qu’à avoir la tête dans les nuages. Les yeux rivés vers les fenêtres à compter les heures inlassablement.
Cahiers qui s’ouvrent, page d’exercice et leçon qu’elle retrouve. En un simple coup d’œil vers les chiffres et les lettres qui se mélangent elle s’embrouille la gamine. Elle relit sagement le cours et Landon s’approche d’elle. Elle sent son coude venir doucement frôler le sien sous l’épaisse couche de vêtement et il en faut peu pour que le peu de concentration qu’elle met dans la cause s’envole. Elle oublie exactement tout ce qu’elle vient de lire. Elle ce qui la travaille réellement c’est les effleurements qui se répètent sur la couette ; c’est le palpitant qui tambourine à chaque mouvement dont elle imagine la suite beaucoup moins studieuse, quelque chose de plus frivole comme des baiser tendre, des souffles qui se rencontreraient pour la première fois. Mais non, ce ne sont que des rêves, des songes qui n’existeront que dans sa tête. Là, Landon. Il est sage, bien trop sage il se martèle à la tâche il a les opalescences azurées qui fixe les cahiers et la concentration à son apogée. Elle l’envie bébé Howard. Elle aimerait être tout autant concentré sur les formules qu’elle doit appliquer mais c’est compliqué ; elle a ce garçon trop parfait sous le nez. Si lui a l’air déjà à fond dans ce qu’il fait ; de se rappeler du cours. Elle, elle est à l’état l’léthargique. Mentalement ankylosée par les réminiscences de cette soirée qu’elle repasse en boucle dans son cortex. Alors elle le laisse lui expliquer comment s’y prendre avec les formules lorsqu’il lui demande si elle a besoin d’un petit rappel vite fait sur comment comprendre les calculs. Elle l’écoute, les prunelles rivées sur ses lèvres qui se mouvent. Elle a le regard suspendu à ses lèvres Eden, elle n’essaie même pas d’être un peu discrète. Mais au moins, elle devient soudainement très assidue. Elle l’écoute et assimile chacun de ses mots, comprenant très rapidement comment ça marche. Elle se rend compte que si les professeurs était tout autant aussi intéressant et beau que Landon elle ferait peut-être l’effort d’écouter en classe. Elle dit bien peut-être, si elle ne passerait pas les ¾ de son temps à s’amuser avec le prof en question. Venir de son doigt ou du bout de son stylo l’embêter pour provoquer une réaction.
Demi-heure qui passe tout aussi rapidement que le reste de la soirée, cahier qui se referme et cours qu’elle pense enfin avoir compris. Elle l’espère. Ça serait dommage d’avoir passé du temps dessus pour voir qu’ils ont eu faux sur toute la ligne les deux lycéens. Mais elle pense que ça ira et elle tape sans hésitation de la main de son acolyte pour signer la fin de cette session devoir. « Ouaip je pense vraiment que ça va le faire, merci professeur James peut-être je ferais de nouveau appel à vous pour un session tardive d’exercice … » Clin d’œil qu’elle lui adresse, lèvres qui viennent très rapidement se poser sur la joue du garçon, bisou claquer pour le remercier de sa patience et la gentillesse d’être resté avec elle, de l’avoir en plus aidé. Et malheureusement, il est temps pour Landon de s’en aller. Sans qu’elle ne dise quelque chose, lui-même se lève de la couchette en s’étirant et Eden le regarde faire. Le regard presque triste, une myriade de oooh de publique de sitcom venant interagir dans sa tête. « Moi ça ne me gênerait pas de faire nuit blanche… Pour trois heures qu’il reste à dormir… » À peine trois heures de sommeil, trois heures sans compter le temps qu’il lui faudra pour réussir à s’endormir. Le temps qu’il lui faudra pour qu’elle se remette de ses émotions une fois qu’il sera sorti de la chambre, de sa bulle intime. Mais non, ce n’est pas dans les plans de Landon. Bien qu’elle ait ce petit air défiant sur le visage, c’est non. Y’a la main du garçon qui vient se poser sur sa joue toute chaude et leur regard qui se croise et s’accroche l’un à l’autre pendant qu’il lui parle. Et elle minaude, bouderait presque la diablesse en l’entendant dire qu’il a déjà bien trop tuer sa nuit, qu’il est temps d’arrêter le massacre. Elle n’est pas d’accord elle, elle voudrait qu’il reste mais sa requête a l’air un brin utopiste, surement dans l’abus des bonnes choses alors elle se résigne. « Mh…» qu’elle dit. Et sans qu’elle s’y attende il se penche le garçon, tout doucement il vient déposer ses lèvres contre sa joue ronde. Il y reste, quelques centièmes de seconde avant de détacher ses lippes de son derme faciale mit à rude épreuve soudainement pour se pencher contre son oreille, lui souhaiter de beaux rêves.
Elle a le cœur en perdition Eden, le cœur qui pour la dernière fois de la soirée connait un raté. Qui s’arrête de battre une seconde pour mieux s’emballer. Trop rapidement à son gout, il se détache Landon avec ce sourire victorieux sur le visage. Comme si il savait ce qu’il provoque chez elle le garçon. Elle le hait, hait d’être tant mignon. Non, en fait elle l’adore. Au point d’avoir l’envie de le supplier qui se butte contre ses dents. Mais non, elle se retient et sourit de toutes ses dents au garçon qui se recule vers la porte. « Bonne nuit à toi aussi Landon… Rêve pas trop de moi hein… » Langue qu’elle lui tire à son tour alors que la porte couine dès qu’il entrouvre. Elle grimace la belle et lui lance un dernier signe de main avant qu’il ne referme la porte derrière lui.
Porte à peine refermé, à peine close qu’elle se laisse tomber le dos contre le matelas l’adolescente. Laissant un long soupire de contentement, de bonheur s’échapper tant elle est satisfaite de la soirée qu’elle vient de passer accompagnée du plus beau garçon du lycée. Et machinalement, elle récupère son appareil photo poser sagement depuis presque une heure sur sa table de nuit. Elle le récupère et laisse ses yeux trainés sur la photographie qu’elle a prise de lui. Jusqu’à s’en endormir.
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Sujet: Re: I'm looking at you and my heart loves the view | Leden (flashback)
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