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 Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden

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MessageSujet: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptyJeu 8 Juin - 15:42

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

La pluie. La pluie qui grise le ciel, qui détrempe terre et pavés, qui vous glace lorsqu’elle s’infiltre entre vos vêtements et votre peau. Cette même pluie qui avait pris Landon par surprise à la sortie du stade dans lequel il venait de passer l’après-midi à s’entraîner, averse qui avait trouvé le temps de se déclencher entre son dernier but marqué et sa sortie de la douche. Douche qui lui apparaît comme bien superflue maintenant qu’il se trouve sous la flotte, trempé des pieds à la tête pour la seconde fois en un quart d’heure. À l’exception près que cette fois-ci, il est habillé. Mais cela ne le dérange pas. Il a toujours porté une affection toute particulière à ce phénomène météorologique.

Il sourit en sentant les gouttes fraîches tomber sur la peau de son visage, dans ses cheveux, sur son blouson. Il sourit en voyant les perles translucides s’écraser au sol, se mêler à l’eau de la rivière aux côtés de laquelle il marche d’un pas rapide. Même s’il ne cherche pas à fuir l’averse, il ne sait plus que se déplacer de la sorte. Avec les années, il a oublié comment prendre son temps. Une main fermement serrée autour de la lanière du sac de sport passée à son épaule, il plisse les yeux pour éviter que sa vision ne soit brouillée par la pluie qui tombe drue. Il file, longeant l’interminable rivière, perdu dans ses pensées, sans voir la silhouette qui fonce dans sa direction. Et soudain, l’impact. Impact qui le tire instantanément de sa petite bulle, impact qui réveille les réflexes qu’il a acquis au cours des années passées. En un instant, il empoigne fermement le poignet de la tornade blonde, agacé d’avoir été ainsi pris par surprise, surprise qu’il a du mal à tolérer après avoir passé cinq ans sans cesse sur ses gardes.

- Putain, tu peux pas faire gaffe où tu vas ?

Mâchoire qui se contracte, regard dur qu’il pose sur la jeune femme, sur son visage sur lequel viennent se coller de longues mèches blondes. Et puis il la reconnaît. Il aura suffi d’un coup d’œil sur ses traits, d’une seconde durant laquelle leurs regards azur se croisent pour qu’il mette un nom sur le faciès qui hante ses pensées depuis des années. Il se sent blêmir, et relâche brusquement son poignet comme si son contact l’avait brûlé. Parce qu’il est terrifié, Landon. Celui qui a fait l’armée cinq ans durant, qui a failli y rester, est purement et simplement effrayé par une jeune femme. Parce qu’il ne croyait pas la revoir un jour. Parce qu’il s’était si bien persuadé que jamais plus il ne croiserait son joli minois qu’il la considérait presque comme morte, disparue à jamais de sa vie. Et il n’est plus glaçant que de rencontrer un fantôme.

Il cligne des yeux à quelques reprises, passe une main dans ses cheveux détrempés, s’humecte les lèvres comme si elles n’étaient pas déjà suffisamment mouillées comme cela. Cherchant quoi lui dire. Dans les films, les héros ont toujours une tirade toute prête, dégoulinante de belles paroles pour le moment où ils recroisent leur ex, ou au contraire une preuve tangible que ouais, ils sont bien mieux sans. Mais dans la vie réelle ? Que nenni, faut se débrouiller avec son trouble et ses sentiments, ce serait trop beau sinon.

Et puis tout lui revient. Les premiers mois de bonheur innocent. Les retrouvailles émues après avoir passé des semaines à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Les disputes teintées plus de désespoir que de haine véritable. Le soir où elle a broyé son cœur en mille morceaux, où il lui a tendu sur un plateau d’argent le marteau pour le faire. Tout lui revient. La douleur que deux mots, trois pauvres syllabes, peuvent susciter. « C’est fini. ». Combien il a voulu la détester, combien il s’est détesté de ne pas y parvenir. Les nuits passées à hurler dans son oreiller pour pallier le manque de ses lèvres contre les siennes, de sa peau contre la sienne, de sa simple présence à ses côtés. La mélodie de son rire se rappelant aux pires moments à son bon souvenir, manquant lui coûter la vie plus d’une fois en pleine mission.

Flot de souvenirs qui le submerge en une fraction de seconde, qui malmène violemment son cœur, son esprit, sa personne tout entière. Bouleversement dont il ne montre rien, se contentant de la dévisager ; sourcils qui se froncent et qui creusent une ridule au milieu de son front, déglutition qui se fait avant qu’il ne lui demande :

- Qu’est-ce que tu fous là, Eden ?

Ton devenu naturellement froid, question qui se fait plus abrupte qu’il ne l’aurait souhaité, mais qui ne fait que marquer sa surprise de la voir ici, alors qu’il la pensait partie depuis des années. Encore que, surprise est un euphémisme. Probablement trouvera-t-elle sa voix plus grave que la dernière fois qu’elle l’a entendu. Probablement le trouvera-t-elle changé, sa mâchoire creusée, ses lèvres affinées, sa carrure plus imposante, comme le laisse deviner le T-shirt trempé qui apparaît entre les pans de son blouson, que lorsqu’ils se sont quitté. Probablement. De la même manière qu’il la trouve changée. Son apparence n’a pas excessivement évolué, mais pour quelqu’un qui ne l’a pas vu depuis sept ans, des changements sont bel et bien perceptibles. Tels que sa mâchoire qui s’est redessinée. Ses joues qui se sont sensiblement creusées. Son corps qui a joliment achevé de se former. Tant de preuves tangibles du passage du temps.

La pluie continue de tomber tout autour d’eux, battant le sol avec force bruit. Couvrant leurs visages de traînées de gouttes froides. Plaquant l’étoffe de leurs vêtements contre leur derme. Mais il y prête à peine attention. Car la douche froide que le temps lui fait actuellement subir n’est en rien comparable à celle que suscite la présence d’Eden face à lui.

(@Eden Howard)
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Dernière édition par Landon James le Sam 10 Juin - 3:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptyVen 9 Juin - 1:50

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

Grisaille inopinée, ciel noircie par des nuages qui se succèdent les uns aux autres pour annoncer la couleur du début de soirée. Ils sont cotonneux, brumeux les nuages dans le ciel. Ils donnent l’impression qu’ils n’attendent que le signal de dieu pour se vider de leurs larmes. Comme si le ciel avait entendu sa pensée, c’est sans grand étonnement que les gouttes commencent à s’abattre sur le sol de la ville. A peine les petites perles s’écrasent à ses pieds que le tonnerre résonne ; qu’un éclair fend le ciel sous ses prunelles azur, faisant sursauter son maigre corps. Elle a les yeux qui s’écarquillent d’étonnement face à la force de l’orage qui s’abat sur Savannah. Elle ne l’avait pas vu venir celui-là la belle blonde. Elle soupire, elle reste sous le porche de la pharmacie, le sachet en papier entre les doigts en voyant le désastre météorologique qui est en train de suivre.

En sortant de chez sa grand-mère prête à jouer les bonnes samaritaines, elle n’avait certainement pas envisagé qu’elle allait se prendre la douche du siècle pour le chemin retour. O non, Elle n’aurait jamais cru qu’elle aurait mieux fait de prendre un parapluie, ou même une veste … Non, elle est peu vêtue pour le coup. Juste un léger pull en coton et un jean. Mais qui aurait laissé présagé vingt minutes plus tôt que le temps tournerait comme ça ? Pas elle. Elle ne prévoyait jamais rien toute façon. C’était connu qu’elle était tête en l’air la jolie Howard … Puis elle avait oublié qu’ici le temps tournait bien trop rapidement. Elle grimace, elle se demande si elle doit attendre ou non que ça passe. Elle hait tellement ça, la sensation de la pluie sur elle. Les vêtements qui se colle à la peau, les cheveux qui devienne poisseux lui donnant des airs de serpillère mal essorée. Ce n’est vraiment pas sa tasse de thé, elle est bien plus fan de l’astre solaire. De ses rayons chauds sur sa peau, des journées sur le sable qu’on pouvait passer pendant l’été. Elle est une fille du soleil. Elle n’avait pas vécu en Californie durant trois longues années pour rien Eden. Elle était même prête à faire sa vie là-bas. Elle était prête à tirer un trait immense sur la Géorgie, ça oui. Jusqu’à qu’elle soit obligée de revenir. Jusqu’à que son palpitant lui dicte ce qui lui semblait être la meilleure des décisions. Elle était là pour sa grand-mère, si elle était là sous la grisaille Géorgienne c’était pour la personne la plus chère à son cœur. Si elle allait devoir courir sous la pluie, c’était pour lui rendre service. Alors, pour son visage fatigué, le regard heureux de voir sa petite fille à ses côtés elle allait se bouger. Ni une ni deux, elle fonce tête baissée sous la flotte en se contractant dès que les premières gouttes s’infiltrent dans ses vêtements. Elle grince des dents et se jure de ne plus jamais sortir ici sans quelque chose d’imperméable.

Elle court, elle court. Tête baissée, les cheveux virevoltant à chacun de ses pas. Elle fonce, elle dévale les rues de River Street comme si elle n’avait jamais quitté les lieux. Elle connait que trop bien la ville. Elle pourrait s’y balader les yeux bandés. C’est surement pour ça qu’elle ne regarde pas où elle va. C’est certainement pour ça qu’elle entre en collision avec la personne d’en face. Mais elle n’a pas le temps pour implorer mille excuses, elle est un peu sauvage l’ancienne gamine de Savannah. Elle s’en fout un peu d’avoir bousculé un homme. Il s’en remettra. Elle ne s’excuse même pas. Elle essaie de s’échapper, elle veut reprendre la route tout en continuant de fixer le sol pour ne pas avoir le visage mouillé mais on l’en empêche, on lui bloque le poignet avant qu’elle ne puisse s’en aller. On l’oblige à faire volte-face tout en lui gueulant de faire attention. Elle n’aime pas ce ton utilisée, elle est prête à pousser une gueulante elle aussi, lui dire qu’il n’a rien de mieux à faire que faire chier les gens avec ce temps mais elle ne peut parler. Pas après ça, pas après avoir relevé les yeux et être tombé sur le gris des siens. Ce regard qu’elle n’avait pas croisé depuis ce matin d’hiver, la veille de son départ pour une mission lointaine. Lui aussi n’en revient pas, il lâche son bras comme si son touché le rendrait malade. Ce n’est pas croyable, c’est pas possible. Il ne peut pas être là.

Mécanisme d’auto-défense qu’elle ne peut combattre pour le bien être de son cœur quelle veut calmer après avoir connu un ascenseur émotionnel ; elle recule d’un pas. Mettant une distance, dressant un mur invisible entre le corps du brun et le sien. La première chose que son cerveau fait est de lui hurler de s’en aller, de fuir loin de lui. Le plus loin que son corps pourra le faire mais ses jambes sont clouées au béton. Elle reste plantée là, les yeux rivés vers son visage. Elle détaille chaque trait de son faciès pour être sûr de son identité. Elle se mettrait presque à croire à une mauvaise blague, à un sosie de celui qu’elle avait aimé pendant l’adolescence. Mais non, il est bien là. Devant elle, des années plus tard complètement transformé. Et la guerre alors ? Il n’y est pas ? Tant de questions qui resteront pourtant sans réponse. Sept ans … Plus de deux mille jours sont passé depuis qu’ils se sont quittés. Bordel que c’est long comme lapse de temps maintenant qu’elle y pense. Ce fut assez long pour qu’il puisse épaissir sa carrure, pour que sa voix change au point qu’elle ne la reconnaisse pas à la première phrase prononcée. Ça lui fait bizarre à la poupée de voir les vestiges du temps alors qu’elle reste elle-même inchangée. Ça lui fait tout drôle de pas avoir reconnu ce timbre de voix, de pas l’avoir reconnu plusieurs mètres plus tôt alors qu’avant même dans l’obscurité totale elle aurait pu le reconnaitre, dessiner ses traits les yeux fermées. Première claque que le temps passé lui met. Jusqu’à aujourd’hui, elle se rend compte qu’elle vivait dans le passé, elle n’avait jamais imaginé que tout avait changé. L’image de Landon qu’elle avait, devient obsolète. Fini le garçon au corps encore mince ; à son regard rieur et ses joues encore remplie. Il n’est plus ainsi. Elle profite de l’éclair qui défigure le ciel, que son regard à lui se focalise sur tonnerre pour qu’elle rive ses prunelles ailleurs. Aucune chance qu’elle se mette à apprécier le nouveau physique de celui qui l’a laissé le cœur meurtri, qui a laissé leur couple dépérir pour sa patrie.

Paupières qui se mettent à battre, haussement de sourcil lorsque la voix de Landon résonne jusqu’à ses oreilles pour lui demander ce qu’elle fout ici. C’est une blague ? Ça serait plutôt à elle de lui demander ça. Aux dernières nouvelles, c’est lui qui était parti bien trop loin, c’est lui qui n’a pas, plus sa place ici et non pas le contraire. Il a de l’audace d’utiliser cette voix aussi froide que les cordes qui tombent sur leur corps statique, ce ton qui laisse prétendre qu’elle n’a rien à faire ici. « J’peux te retourner la question en fait ? » Elle remonte les yeux vers lui, elle aussi maintenant fronce les sourcils. Elle croise les bras autour de sa poitrine, resserrant doucement son paquet venant de la pharmacie entre ses bras, faisant de son mieux pour que le petit sachet ne prenne pas la pluie. Cette même pluie qui pourtant est en train de ravager sans mégarde son léger maquillage, qui plaque ses cheveux contre son visage mais elle s’en fout de ça, elle n’y pense même pas. « T’es en permission c'est ça ? » Donc c’est ça la première chose qu’on demande à son ex, celui qu’on n’a pas revue depuis sept ans ? Celui qu’on a quitté nous-même ?  C’est ridicule comme situation. Pourquoi a-t-elle demandé ça ? Elle se dit qu’elle aurait mieux fait de se la fermer, de juste répondre à sa question ; lui faire un signe de tête et s’en aller. Mais non, trop virulente elle n’avait trouvé rien de plus intelligent que de répondre sur le même ton, contre-attaquée en aillant l’air tout aussi agacée de le voir dans les rues de la ville qui les avaient vue s’aimer, s’embrasser.

Elle les revoit, enlacées un peu partout, assis à la terrasse des bars de la rue en train d’afficher leur joie. Ça lui fait mal, bien trop mal. Deuxième claque du temps, et dans un vieux réflexe, vieux tic qu’elle ne pourra jamais chassée ; Elle se mord l’intérieur de la joue subtilement. La poupée se trouve bien ridicule en attendant sa réponse ; attendant que l’échange se termine pour se remettre de ses émotions dans son coin. Dans la solitude qu’elle apprécie tant.
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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptySam 10 Juin - 3:38

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

L’eau coule dans ses yeux, plaque ses cheveux bruns sur son crâne, colle ses vêtements contre sa peau ; les gouttes de pluie ruissellent sur son visage, couvrant son derme d’une mince pellicule d’eau. Il se détrempe un peu plus à chaque instant, il le sait, mais c’est bien le cadet de ses soucis. Il est tétanisé, cloué sur place, dans l’incapacité totale de s’éloigner d’elle pour se préserver de sa douloureuse présence. Un seul nom résonne dans son esprit, brouillant ses sens, noyant ses pensées. Eden. C’est Eden qui se trouve face à lui, Eden qu’il a aimé, Eden qu’il a perdue, Eden revenue subitement dans sa vie. Elle aurait quand même pu le prévenir, merde. S’il est bien une chose qu’il exècre, c’est être pris au dépourvu. Sortir s’entraîner avec les autres membres de son équipe de football, quitter le stade, s’engager innocemment sur le chemin du retour. Sans même se douter qu’il allait tomber nez à nez avec son ex, pile au moment où il commençait enfin à l’oublier un peu, où une torture de sept ans commençait à s’estomper de son quotidien. Il était soulagé d’enfin pouvoir tirer un trait sur elle. Que son absence se fasse de moins en moins présente depuis quelques semaines, qu’il ne sursaute plus aussi souvent en croyant reconnaître sa voix, qu’il n’ait plus envie d’arrêter dans la rue toutes les jeunes femmes aux cheveux clairs en croyant qu’il pourrait miraculeusement s’agir d’elle. Et comme par hasard, c’était ce moment-là qu’elle choisissait pour resurgir dans sa vie, réduisant à néants tous les efforts qu’il déployait depuis des années pour enfin la chasser de son esprit. Car il le savait. Cela avait beau ne faire que quelques secondes qu’elle se trouvait devant lui, il savait que revoir son visage suffirait à l’ancrer de nouveau dans son cortex, sans la moindre possibilité d’échappatoire. Merci, Eden. Merci de m’être rentrée dedans, tu pouvais pas t’abstenir, m’esquiver et tracer ta route ? J’t’aurais jamais revu. J’t’aurais jamais revu, et j’m’en porterais bien mieux.

Remarque acerbe qu’il brûle d’envie de lui balancer en pleine figure, paroles qui se débattent derrière ses lèvres serrées, soigneusement serrées pour n’en pas laisser échapper une seule syllabe. Car il ne peut lui dire cela. Prononcer ces mots reviendrait à reconnaître devant elle qu’il ne s’est jamais remis de leur rupture. Qu’il n’est jamais parvenu à l’oublier, malgré le passage des jours, des mois et des années, malgré la pluie qui a battu les pavés et le soleil qui les a séchés au gré des saisons. Sept ans, et son visage marqué au fer rouge dans son esprit continue de serrer son cœur. Cela lui exposerait clairement le pathétique de sa situation, et il se le refuse. Il refuse de lui accorder cette petite victoire.

Palabres qui le ramènent brusquement à la réalité, à ce présent bien éloigné de ses souffrances passées. Voix d’Eden qui parvient à ses tympans, voix qui demeure la mélodie qu’il chérit le plus, et ce malgré son agacement clairement perceptible, voix qu’il a tant désiré entendre depuis sept ans, et qu’il a déjà envie de faire taire. Putain. Pourquoi devait-elle être comme ça ? Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement répondre à sa question, comme toute fille sensée, plutôt que d’immédiatement venir l’enquiquiner ? Ah oui, il oubliait. C’était Eden. Il contracte sa mâchoire, tente de rester calme, de ne pas laisser l’attitude de la jeune femme l’atteindre, et finit par répondre, sans se soucier de paraître aimable ou même courtois :

- Ça risque pas, je fais plus de missions. Ça fait trois ans.

Il réfléchit un instant, fronce un peu plus encore les sourcils, avant d’ajouter sur un ton cassant, en réponse à l’agacement qu’elle affichait elle-même de le croiser par hasard :

- Mon frère m’avait pourtant dit que t’avais quitté la ville y a des années de ça, et je t’ai pas croisé une seule fois depuis mon retour, alors excuse-moi d’être un peu surpris de te voir ici.

Son frère. Il aurait deux mots à lui dire, la prochaine fois qu’il le verrait. Pourquoi ne lui avait-il pas dit qu’elle était de retour à Savannah ? S’il avait su qu’elle partait, il avait bien du être mis au courant de son retour, et partager l’information avec son aîné aurait au moins eu le mérite de lui éviter la situation fort désagréable dans laquelle il se trouvait présentement embourbé. Savoir qu’il risquait de la croiser à tout moment, s’y préparer psychologiquement aurait sans doute permis de limiter un peu la casse dans son pauvre esprit, et dans son pauvre cœur.

Et puis sa question première lui revient à l’esprit. Alors là, hors de question qu’il se laisser berner par ses habiles stratagèmes ; si elle s’imaginait pouvoir éluder ses interrogations si aisément, elle se fourrait le doigt dans l’œil.

- Au fait, t’imagine pas une seconde que j’ai oublié ton expertise pour détourner les questions qui t’emmerdent, Eden. Alors dis-moi, qu’est-ce que tu fous ici ?

Il répète sa question sans se démonter, hausse un sourcil, l’air de dire « tu m’auras pas comme ça, ma grande ». Attente d’une réponse qui tarde à venir, attente qui se fait longue, trop longue à son goût, temps qu’il comble en s’attardant sur ses traits. Sur ses grands yeux cobalt, son petit nez délicieusement bien dessiné, ses lèvres rosées qu’il prenait tant de plaisir à embrasser ; sur sa mâchoire délicatement tracée, sur sa peau de porcelaine défigurée à coup de maquillage dégoulinant. Et puis il remarque cette petite tension au niveau de sa bouche, signe qu’elle se mord la joue. Attitude qu’il ne connaît que trop bien, habitude qu’elle n’a manifestement pas perdue avec les années, signe qu’elle ne se sent pas à son aise. Et il espère bien qu’elle se sent au moins aussi mal que lui. C’est tout de même elle qui l’a plaqué, il ne faudrait pas l’oublier. Il ne faudrait pas inverser les rôles.

Un coup de tonnerre retentit. Cinq secondes s’écoulent avant qu’un éclair ne déchire le ciel sombre de Savannah, signe que l’orage gronde à cinq kilomètres de là. Landon lève son visage vers la flèche lumineuse qui semble scinder en deux l’étendue céleste le temps d’un instant, avant de reporter son attention sur la jolie blonde. Ils ne peuvent pas rester là. S’il ne se serait d’ordinaire pas préoccupé des risques de la foudre, il a là l’excuse toute trouvée pour se tirer d’ici. Il a besoin de bouger, de s’activer ne serait-ce que brièvement pour retrouver un semblant de clarté dans cet équilibre qui est en train de s’effondrer tout autour de lui. Il a la bougeotte depuis qu’il a fait l’armée. Alors il pose une nouvelle fois sa main sur le poignet d’Eden, rompant sans ménagement la distance qu’elle venait si soigneusement d’instaurer entre eux. Il l’empoigne fermement et l’entraîne avec lui, sans lui laisser le temps de protester, marmonnant dans sa barbe, car il préfèrerait crever que de crier haut et fort qu’il se soucie encore d’elle :

- Tu vas choper la crève si tu restes une minute de plus sous cette pluie battante.

Rapidement, il l’entraîne avec lui dans les rues, cherchant un endroit où s’abriter en tentant de chasser de son esprit les réminiscences qui le submergent. Images d’eux deux, plus jeunes, courant sous la pluie, riant sous la pluie, s’embrassant sous la pluie. Cette pluie qu’elle haïssait tant et qu’il aimait tant, cette pluie sous laquelle il se débrouillait toujours pour l’emmener, aveuglé par l’insouciance propre aux jeunes couples. Souvenirs qui meurtrissent son cœur tandis qu’il fonce sous l’orage en tentant de conserver un visage aussi fermé que possible, souvenirs qu’il tente de chasser en s’arrêtant avec elle sous le porche de pierre d’une bâtisse. Risque zéro de se prendre la foudre, pour le coup. Non pas qu’il s’en soucie, mais au moins cette petite marche a-t-elle permis de remettre son esprit en fonctionnement.

Il la relâche enfin et s’appuie contre la façade du bâtiment, reprenant le peu de souffle qu’il a perdu. Chose surprenante pour un jeune homme aussi endurant que lui, essoufflement uniquement dû à la présence inattendue d’Eden à ses côtés. Il passe une main dans ses cheveux pour les chasser de devant ses yeux, les laissant en bataille maintenant que la pluie n’est plus là pour les rabattre, et croise ses bras sur son torse.

- Tu fais toujours de la photo ?

Ton toujours aussi glacial, glacial comme leurs vêtements trempés par la pluie. Première question qui lui vient à l’esprit, question simple, question neutre. Il aurait pu lui demander comment elle allait. Si elle était heureuse. Si elle avait quelqu’un d’autre dans sa vie. Si elle avait finalement réussi là où il échouait encore et encore, jour après jour. Mais il ne pouvait s’y résoudre. Il craignait trop qu’elle lui réponde par l’affirmative, et cela ferait trop mal. Le genre de douleur que l’on ne parvient pas à surmonter.
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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptySam 10 Juin - 6:28

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

Plus de mission depuis trois ans… Six petits mots qui venaient de faire chuter son organe vitale jusqu’entre ses entrailles. Elle blêmit en apprenant la nouvelle. Trois putains d’années qu’il devait surement être dans les parages ; arpenter cette ville et personne ne lui avait dit qu’il était de revenue depuis tout ce temps. Pas même ses propres parents. Tout à coup, une rancœur machinale se met à lui dévorer l’esprit. Elle donnerait cher pour être face à eux là ; maintenant. Les sourcils froncés et leur demander pourquoi ils n’avaient rien dit ? Et elle ne se serait pas privée de péter un câble tant la nouvelle lui explosait actuellement au visage. Mais, elle jouait les ignorantes en simulant qu’elle ne savait pas la raison de ce silence sur le sujet. Comme une évidence, comme le nez au milieu de la figure elle savait déjà très bien pourquoi ils n’avaient pas souligné ce fait pourtant bien trop important pour elle. Ils savaient qu’en l’appelant, lui disant que grand-mère était malade elle allait revenir, ils savaient tous ô combien nanny est importante pour elle. Elle était son rayon de lumière et cet amour fusionnel allait dans les deux sens. La vieille dame aussi était dingue de sa petite fille. Mais ils savaient tous aussi que si ils lui auraient dit ; dit que depuis tout ce temps Landon était revenue, elle ne serait certainement pas rentrée. Elle aurait continué à fuir la Géorgie. Elle n’aurait jamais eu le courage de venir ici en sachant qu’elle pourrait le revoir. Elle en avait peur elle des fantômes du passé, et il devait surement être hors de question de gâcher cette chance, peut être l’unique chance de grand-mère de revoir sa jolie Eden. Lui en parler aurait bien trop pesé sur la balance, alors ils avaient fait comme si de rien était et maintenant, elle leur en voulait.

Elle entrouvre imperceptiblement les lippes, mais aucun son ne sort directement car elle ne sait tout bonnement pas quoi dire sous son regard accusateur. Rien ne vient, elle reste muette. Une chance pour elle, le bruit des gouttes allant martyriser le sol font assez de remue ménage pour qu’elle ne paraisse idiote. Elle baisse les yeux sur les pavés, fixant un instant leurs chaussures trempées. Elle aimerait se transformer en ce liquide qui dévale tout doucement les routes pour aller se nicher dans les trous des évacuations faite à cet effet. Elle aimerait pouvoir disparaître et oublier ce moment qui lui file déjà la migraine tant son cerveau tire la sonnette d’alarme ; son cœur qui tambourine comme jamais tant celui-ci n’arrive pas à se remettre que Landon soit là.

Comme si elle ne savait pas qu’il avait raison … Comme si il fallait qu’il appuie un peu plus sur le fait qu’elle était CELLE qui est en trop dans le décor. Le brun au regard acier ajoute que son frère l’avait mis au courant sur la situation. Ethan avait déjà prévenue son ainé qu’elle n’était plus en ville depuis des années déjà la petite Eden. Ethan… Prénom qui se met à tourner en boucle dans son esprit, s’ajoutant subtilement à la liste des gens sur qui elle voudrait hurler. Oh oui, elle aurait aimée lui en vouloir à lui aussi de ne pas l’avoir prévenue que Landon était revenue de sa boucherie quotidienne. Mais pourquoi l’aurait-il fait ? Pourquoi se serait-il empressé de venir lui dire ça ? Pour lui faire du mal ? Il n’avait aucune raison valable pour le faire. Elle avait toujours clamé haut et fort que son histoire avec son grand frère était maintenant du passé, qu’elle était contente pour celui-ci si tout se passait comme il le souhaitait à l’armée.

Alors, il aurait peut-être pu la prévenir qu’il était là avant qu’elle ne décide de venir ? Là encore, Ethan n’avait rien à se reprocher car à l’inverse des parents d’Eden lui, il ne savait même pas qu’elle était censée revenir. Après tout, pourquoi l’aurait elle mise au courant de la situation ? Il n’était que le petit frère de son ex… Elle n’avait plus de lien avec la famille James depuis des lustres maintenant. Une relation qui s’était détérioré dès que l’annonce de la rupture avait été officialisé ; petit à petit les doyens des familles Howard et James c’était éloignée. « Ouais, non. T’as raison d’être étonné je vivais plus ici. » Enfin, elle trouvait le courage de lui répondre, bien que ça l’agaçait de le faire, d’autant plus par le simple fait de lui donner raison. Or, elle ne pouvait rester indéfiniment sans rien dire. « Je suis juste étonné que tu sois revenue ici si t’as fini ton service. » Ajoute-t-elle. Haussant les épaules, feignant le détachement complet par la situation qui pourtant lui été invivable depuis qu’elle avait croisée ses opalescences glaciales à son égard. Elle n’aurait cru que Landon reviendrait de la guerre. Car pour elle, la guerre c’était tout vue : sa signifiait la mort certaine de celui qu’elle aimait. Il n’y avait pas d’autre échappatoire pour elle. Puis après ça, après avoir survécu avec chance à la mort. Jamais elle n’aurait imaginé qu’il reviendrait là ou tout avait commencé pour lui mais aussi prit fin pour eux.

Perdues dans ses pensées colériques, elle s’oblige à relever de nouveau les yeux lorsque la voix baryton de son ex vient résonner à ses oreilles pour lui dire très clairement qu’elle n’éludera pas la première question comme elle l’espérait surement. Il est agaçant, vraiment avec son air autoritaire. Elle soupire devant lui. Audacieuse petite blonde qui n’en manque pas une seule. Qui croit-il impressionné en jouant les sévères ? Certainement pas elle. Mais il le sait ça, c’est pas son ton le plus frappant en fait. C’est de voir qu’il se rappel toujours de sa façon d’être, de faire et de se sortir comme un charme des questions qu’elle redoute. Bien évidemment qu’il la connait bien. Trop bien même, pourquoi se sent elle pourtant étonné par la situation. Elle se sent directement comme la gamine de dix-sept ans d’antan, celle qu’il connaissait par cœur. Elle secoue la tête discrètement, se sortant du crâne cette pensée qui lui donne la nausée. Elle ne veut pas repenser à ce chaleureux sentiment qui menaient sa petite vie au creux de son estomac, à cette sensation de papillonnement qu’on prêtait à l’amour. Elle veut pas, car elle ne peut pas. Elle ne peut plus ressentir ça, elle a banni le champ lexical de l’amour et des sentiments de sa vie entière. Le temps passe doucement, les secondes s’écoulent et c’est la goutte qui tombe sur sa joue qui lui fait revenir les deux pieds sur terre. « Ma grand-mère, elle est malade. » Elle secoue le petit sachet en papier à moitié trempée sous les yeux de l’homme et elle tourne la tête ; incapable de le regarder. De voir son visage surement satisfait maintenant qu’elle a parlée ; maintenant qu’elle a avoué le pourquoi de son retour à Savannah, sur son territoire.

La pluie se met à battre bien plus fortement que jusqu’à présent. La foudre gronde au-dessus de leurs têtes ; et pourtant, ils restent l’un comme l’autre figée comme des statues de pierre. Ils sont là, tous les deux à fixer le ciel comme deux personnes hébétées. Ils n’ont rien à ce dire, rien à se reprocher pourtant la tension ne fait qu’augmenter sans qu’ils ne puissent parler. Elle veut stopper ce malaise, elle va pour le faire puisque lui n’a pas l’air de pouvoir s’y mettre. Elle va pour ouvrir sa bouche, pour lui dire qu’elle doit vraiment y aller mais subitement, sans qu’elle ne soit préparer à cette éventualité. Les doigts de son ex viennent s’enrouler autour son maigre poignet et il se met à marcher. « Landon mais… » Rien à faire, il s’empresse, il marmonne qu’elle pourrait tomber malade et elle se retrouve à marcher à son rythme effréné et elle n’ose pas le couper, il est trop tard il est lancé. Son cœur tambourine dans sa poitrine et elle fixe ses pieds pour ne pas glisser, elle préfère se concentrer plutôt que de se laisser amadouer par cet élan inopiné.

Ils descendent la rue en courant, elle a le cœur au bord des lèvres tant tous les évènements se succèdent rapidement. Elle ne saisit plus rien Eden ; vraiment plus rien. Il y a encore cinq minutes elle vivait paisiblement et maintenant tout est chamboulé, son monde se retrouve de nouveau bouleversé. Il court devant elle, sans lâcher une seule fois sa prise sur son poignet. Comme si il souhaitait l’éloigner d’un danger. Il a peut-être raison Landon, la pluie pourrait presque lui faire mal ; lui laisser de vilaine trace à la poupée tant l’averse est violente subitement. Les ruissèlements de celle-ci fouette son visage et son corps mais pourtant, elle ne la sent quasiment pas actuellement. C’est même le dernier de ses soucis d’avoir la peau rougie à cause de la pluie. Car tout son cœur, toute sa tête est rivée sur la violence qu’elle se fait mentalement pour ne pas penser au fait que ces rues… Ils l’aient ont déjà dévalées ensemble que ce soit sous la pluie, la tempête ou le soleil il y a sept ans de ça. Avant qu’elle ne décide de tout foutre en l’air par pur égoïsme. Par peur de le voir mourir, qu’on la prévienne qu’elle devait se tenir prête à voir certainement un cercueil vide.

Elle en a marre de courir, elle ne veut pas ; elle ne veut plus sentir sa poigne contre son bras indéfiniment. Sa patience à des limites et elles commencent à être atteinte. « Là, c’est bon là !! » Lui hurle-t-elle sous la pluie. Enfin, à son plus grand bonheur Landon semble se tranquilliser et l’écouter. Il arrête de courir à la vue de l’immeuble qu’elle pointe, de cet édifice qui pourraient les abriter le temps que les cieux décident de se calmer. Il lâche alors son poignet et va directement se poser contre l’un des murs de la bâtisse en respirant fortement pour calmer son propre souffle. Elle, elle est dans le même état que lui. Non, c’est pire. Elle a carrément le souffle coupé, les joues rouges par l’effort inhabituel et surtout inattendue qu’il venait de lui infliger. Elle n’a plus de force, elle se sent épuisée. Elle se laisse donc glisser contre ce même mur ou est appuyé Landon, elle se laisse mollement glisser et prend place par terre. Elle recroqueville ses genoux contre elle-même et pose sa tête contre ceux-ci, elle essaie de régulariser son pouls du mieux qu’elle puisse. Mais non, rien y fait. Il est trop près, elle entend sa respiration à un rien d’elle. Elle le sent se mouvoir, et ça lui glace le sang. Elle se décale, elle serait même prête à se remettre sous la pluie pour que la distance soit assez grande pour qu’ils puissent de nouveau respirer avec aisance.

Elle essore tranquillement ses cheveux imbibée par la pluie. Elle grimace, elle sait qu’elle ressemble actuellement à un torchon sale et c’est désagréable de se sentir ainsi lorsqu’on revoit son premier petit ami. Elle inspire doucement et fixe l’immeuble d’en face pour ne pas le regarder lui. Tout ce qui les entourent devient maintenant source de son intéressement de toute façon. Que ce soit un caillou sur le bitume, un emballage plastique qui virevolte… Tout, elle fait tout pour éviter de croiser son regard à lui. Pourtant lui, il n’a pas l’air d’être aussi gêné qu’elle par la situation. Lui, il donne l’impression qu’ils peuvent parler comme si de rien était. Même si son ton est sec, même si ses yeux sont d’une froideur sans pareil. Il reste tout de même plus ouvert qu’elle. Et ça l’insupporte à elle cet air aisé, détaché de tout qu’il se donne. Elle arque un sourcil, de nouveau irritée lorsque sa voix résonne jusqu’à pour lui demander un truc si ... Inutile ? Il en a quoi à faire lui de sa passion à elle ? Elle aurait presque envie de lui dire d’aller cordialement se faire voir et qu’il aurait peut-être dû s’occuper d’elle avant qu’il ne parte faire le tour de la planète avec une arme entre les doigts. « Oui je fais toujours de la photographie et toi Landon toujours dans le sport à ce que je vois ? » Dit-elle en le fixant droit dans les yeux, le pointant de la main ironiquement. Bien évidemment qu’il n’avait pas arrêté le sport, sa carrure, ses muscles bandées sous son tee-shirt trempé disait tout le contraire. Il n’était plus du tout le même et elle ; comme un être faible qu’elle est, elle laisse glisser ses yeux sur le corps entier de son ex pour encrée ses images de rêve dans sa cervelle. Aussi vite fait, avant qu’il ne puisse voir son regard trop pesant elle se dépêche de remonter les prunelles sur son visage carré, ses cheveux trempées et en bataille pour ne pas être encore plus perturbé. « T’as pas manqué d’aisance en tout cas pour m’infliger un marathon pour quelques misérable goutte de pluie... » Elle lui sourit faussement et tourne la tête vers l’orage qui continue de faire son cirque.

Elle grince des dents et serre les bras contre sa poitrine pour se réchauffer, elle ne manque pas de toupet l’ancienne gamine, elle qui devrait plutôt lui dire merci … Elle se bute dans ses limites. Elle ne veut pas pactiser avec l’ennemi.

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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptySam 10 Juin - 17:44

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

Il s’appuie nonchalamment contre son nouveau meilleur ami le mur, judicieusement placé là pour soutenir son imposante carcasse, son enveloppe charnelle mise à mal. Non pas par la pluie devenue presque violente, non pas par leur course effrénée sous l’averse, mais par la simple présence d’Eden à ses côtés, l’irruption de la jeune femme dans son existence damnée qui lui coupe le souffle, lui scie les jambes en deux, lui fait tourner la tête. Bon sang, Landon, t’as fait l’armée et une simple fille suffit à te mettre dans tous tes états… Mais c’est pas qu’une simple fille, et il le sait. Les autres filles ne lui font rien, ne déclenchent que du désir en lui. Rien de plus. Rien qui lui donne envie d’apprendre à les connaître, de s’attarder avec elles sur l’oreiller, de passer plus de temps que nécessaire à leurs côtés. Malgré lui, malgré le passage des années, son cœur est resté fidèle à Eden… C’est d’une tristesse, d’une telle tristesse qu’à vingt-sept ans, il continue à sentir son palpitant rater un battement lorsque leurs regards se croisent, à avoir les entrailles qui se nouent lorsqu’il sent sa peau contre la sienne, à ne souhaiter que voir un sourire se dessiner sur sa mine farouche, exactement comme lorsqu’il avait dix-sept ans. C’est d’une tristesse de ne pas parvenir à passer à autre chose après s’être lamentablement fait larguer, après n’avoir rien fait pour tenter d’arranger la situation, de reconquérir celle qui est devenue son manque depuis sept ans.

Il baisse les yeux vers elle, profitant qu’elle regarde ailleurs pour l’observer. Observer ce petit corps recroquevillé au sol, aveu d’une faiblesse qui ne lui ressemble pas, voir sa personne s’éloigner de lui, mettre entre eux cette distance à laquelle elle tient manifestement tant. Et puis ça lui revient. « Ma grand-mère, elle est malade. » Mots qui résonnent dans son esprit, voix qui rebondit au cœur de son cortex. Il la revoit agiter le sachet en papier détrempé sous ses yeux, il réentend le bruit mou de la pochette humide à quelques centimètres à peine de lui. Il s’est trouvé con lorsqu’elle lui a appris la nouvelle, et durant quelques secondes, le masque de froideur s’est fissuré pour laisser transparaître le choc. La douleur. Il la connaît. Il la connaît trop bien pour ne pas savoir combien sa grand-mère compte pour elle, sans doute plus encore que ses propres parents. Par le passé, elle lui parlait souvent d’elle, et il avait même rencontré l’aïeule à plusieurs reprises – une femme agréable, cela le chagrinait de savoir sa santé flancher, même si c’était dans l’ordre des choses. À partir d’un certain âge, si l’on avait la chance d’encore être en vie, on tombait malade et on finissait par en crever. C’était comme ça. Mais ce qui l’embêtait, c’était Eden. Il savait combien elle souffrirait de la perte de celle qui devait être la personne la plus importante à ses yeux. Elle devait d’ailleurs déjà souffrir de la voir dans un sale état, à n’en point douter. Et il ne voulait pas la voir souffrir davantage. Il se sentait déjà responsable de bien trop de douleur à son égard.

Il n’avait pas su quoi répondre à ça. Que dire lorsqu’on vous annonçait que la personne qui comptait le plus pour vous n’allait pas tarder à passer l’arme à gauche ? Certainement pas le traditionnel « je suis désolé », bateau et vide de sens. Il ne se voyait pas non plus la prendre dans ses bras. Pas de manière aussi abrupte, pas après tout ce temps. Cela n’aurait fait qu’augmenter le malaise entre eux, et elle n’aurait probablement pas attendu plus d’une seconde avant de le repousser comme un malpropre. Évidemment qu’elle ne voulait pas de sa compassion, de ses bons sentiments. Si elle l’avait quitté, ce n’était pas pour rien. Alors oui, il lui avait mis un vent, on pouvait le dire. Laissant un silence pesant succéder à cette nouvelle, silence auquel il avait mis un terme en l’entraînant loin de là. Et maintenant, maintenant qu’ils étaient à l’abri sous ce porche, il ne se voyait pas remettre ce sujet sur le tapis. Dans quel but ferait-il cela ? Pour la faire souffrir, la forcer à s’éterniser encore et encore sur l’état de santé fâcheux de sa grand-mère ? Cela ne rimait à rien.

Alors il choisit d’aborder un autre sujet, de répondre à l’une des incompréhensions qu’elle avait formulées quelques minutes plus tôt. Pourquoi diable serait-il revenu s’enterrer dans cette ville où rien ne se passe, lorsqu’il avait la possibilité d’aller voir du pays, de refaire sa vie ailleurs ? Question légitime, question dont la réponse ne tient qu’en un prénom.

- Oh, et pour répondre à ta question, parce que j’ai pas pour habitude de les éluder, j’suis resté sur Savannah pour Ethan. Il était encore jeune quand je suis rentré, et j’voulais pas le laisser seul avec les parents.

Question de survie, tout simplement. Il s’en voulait déjà suffisamment comme ça d’avoir abandonné son cadet à la merci de leur paternel et de sa foutue pression, sa foutue exigence. Il n’avait pas bataillé des années durant pour en protéger son petit frère pour finalement tout foutre en l’air en ne remettant jamais les pieds dans la région familiale. S’il ne vivait plus chez ses parents, au moins cela lui permettait-il de garder à l’œil ce qui se passait sous le toit des James, de garder un certain contrôle sur la situation. Car si sa mère aimait beaucoup les deux garçons et exécrait tout autant qu’eux le comportement de leur géniteur, il la savait bien incapable de se dresser contre lui. Malheureusement, ce dernier n’avait jamais laissé le moindre poids à l’opinion de son épouse.

Réponse brève à laquelle succède une nouvelle question. Maintenant qu’il était coincé avec elle sous ce porche, situation dont il était d’ailleurs l’unique responsable, il fallait bien tuer le temps en attendant que l’orage passe. Il la questionne sur sa passion, et elle ne tarde pas à lui répondre. Relevant le regard vers lui, le fixant droit dans les yeux. Bleu cobalt qui rencontre les prunelles d’acier, cœur qui rate un battement. Bordel, Eden. Va te faire voir. Il la déteste de toujours susciter le même effet en lui. Il la déteste d’exercer un pouvoir sur sa faible personne tel qu’un simple regard suffit à le mettre mal. Il en oublierait presque qu’elle lui a posé une question. Merde, ça parlait de sport, c’est ça ? Sans doute. Prenant soin de conserver son impénétrable expression de froideur, unique moyen qu’il ait de ne pas dégobiller ses sentiments à ses pieds, il tente le tout pour le tout, expliquant nonchalamment :

- Ouais, je me suis réorienté dans le sport. En fait y a plein de branches dans l’armée, et on peut bénéficier d’une formation de sportif de haut niveau pour intégrer l’une de leurs équipes. C’est ce que j’ai fait ces dernières années, puis on m’a recruté dans l’équipe officielle de football de la ville et…

Il s’interrompt. Qu’est-ce qu’il est en train de dire, là ? Sept ans qu’ils ne se sont pas vus, et il ne trouve rien de mieux à faire que de lui expliquer son parcours, comme à un lycéen cherchant des informations pour son orientation professionnelle ? Le truc, c’est qu’elle n’en a probablement rien à foutre. On n’en a rien à foutre.

Alors il se tait. Phrase qu’il n’achèvera jamais, regard qui soutenait jusqu’alors celui d’Eden mais qu’il finit par détourner. Qu’est-ce qui lui a pris de parler autant, de choses aussi insignifiantes ? Il déteste cette faculté qu’elle a de le faire se sentir comme le plus grand des abrutis, lorsqu’il ne manque d’ordinaire pas d’assurance. Et puis elle rouvre la bouche. Esquisse un sourire. Expression qui devrait lui faire plaisir, expression qui lui ferait plaisir si elle n’était pas feinte, si elle ne puait pas une fausseté presque insultante, énième goutte d’eau qui s’ajoute au vase de ses attitudes insupportables qui vont lui faire péter un câble avant la fin. Visage qui se ferme un peu plus encore lorsque retentissent ses accusations, regard froid, dénué de toute expression qu’il pose sur elle. Il lui a « infligé » leur course. Pour rien, qui plus est, à l’entendre. Qu’elle se casse donc, dans ce cas. Parce que toute cette situation ne mène foutrement à rien.

- Tu peux encore partir si ça te fait tant chier que ça d’être avec moi, je t’ai pas attachée ici à ce que je sache.

Il referme la bouche, contracte la mâchoire, faisant tressauter un petit muscle au coin de ses lèvres. Jamais il n’aurait cru que ses retrouvailles avec Eden se dérouleraient de la sorte, si elles devaient par miracle se produire un jour. Mais aujourd’hui, en cette soirée pluvieuse, il commence à sérieusement se demander s’il n’aurait pas mieux valu que jamais ils ne se revoient.
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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptySam 10 Juin - 20:22

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

Landon Lourdeur James ; il ne pouvait jamais s’arrêter d’en rajouter des tonnes, d’enfoncer le couteau dans la plaie. Il fallait qu’il ressasse, encore et toujours. Il fallait qu’il lui mette sous le nez le poids de son caractère. Putain Landon, elle le connait très bien son propre caractère. Elle sait bien que ce n’est pas avec lui qu’elle peut mentir, ce n’est pas avec lui qu’elle peut faire durer le mystère. Elle aurait juste réellement aimé qu’il soit plus un peu plus perspicace. Elle aurait trouvé ça génial qu’il n’essaie pas de lui tirer les vers du nez qu’il ne lui répète pas qu’elle était ridicule à tout le temps vouloir s’échapper des situations qu’elle n’avait pas envie d’affronter. Que lui, contrairement à elle il parlait, il répondait aux questions et qu’il n’avait bien évidemment rien à cacher. Elle roule des yeux, lâchant de nouveau un souffle. Que grand bien lui fasse si il l’entend ce souffle sarcastique.

Le soldat été donc rentré au bercail pour Ethan. Pour ce sacré gamin ; ce petit frère un peu chieur qu’elle avait rencontré à ses quinze ans. Elle aurait pu trouver ça adorable, mignon qu’il fasse ça. Il était là pour ce jeune homme qu’elle avait recroisé pour la dernière foi il y a cinq ans alors qu’elle était ici pour une courte durée, juste les fêtes de Noel. Ils avaient échangé quelques minutes au supermarché, dans la file de la caissière avec leurs courses de dernière minute dans le creux des bras. Elle l’avait alors fixé pendant tout l’échange, cherchant les points communs avec son ainé maintenant que la puberté l’avait métamorphosé. Mais non, il n’était pas Landon, en rien. Bien que quelques traits pussent être similaire à la même tranche d’âge ; que leurs façons de se tenir soit presque la même il n’avait pas l’aura de Landon le frangin James. Il n’avait pas ce truc dans le regard qui la faisait rougir, ni ces petites rides du sourire. Il était très beau comme jeune homme Ethan, mais il n’égalait en rien son frère. C’était le dernier souvenir qu’elle avait du jeune homme, un souvenir qui remontait. Il avait certainement dû encore changer ; encore grandir et s’affirmer et d’y penser ça la faisait sourire. Elle qui l’avait connu coller au basket de son ainé. « J’espère que tout va bien pour Ethan, que t’as bien fait de rentrer alors. » Et pour lui, pour lui aussi elle espérer que tout aille pour le mieux, bien qu’elle se rassurée en se disant que non elle s’en foutait complet. C’était faux, elle ne souhaitait pas son malheur ; pas après ce qu’il avait surement dû endurer dans les tranchées.

Elle l’énervait, elle le sentait qu’à ce moment précis il n’avait qu’une envie et c’était celle de lui faire ravaler son petit air dédaigneux qu’elle se donnait lorsque la situation lui filait entre les doigts. Elle non plus n’aimait pas trop cette façon d’être qui lui sortait un peu trop aisément lorsqu’elle voulait se montrer plus méchante qu’elle n’y paraissait. Ca la saoulait d’être ainsi mais sa nature première s’emparer d’elle. Sauvageonne. Voilà ce qu’elle était. Une ombrageuse femme qui était bien trop désemparée d’être face à celui qu’elle avait pensée être l’amour de sa vie car il était tout bonnement le seul qui avait réussi à s’emparer de son palpitant fut un temps. Mais elle c’était trompé, ce n’était pas le bon. L’histoire c’était terminé et plus jamais aucun homme n’avait réussi à la dompter. Du coup, c’était troublant de le revoir après tant d’années, c’était bouleversant pour elle de le voir tant changé ; sûr de lui et l’air blasé d’être à ses côtés alors qu’elle sentait son propre cœur battre à tout rompre dans sa poitrine comme si c’était la pire et la meilleure chose qu’être à ses côtés. Mais ce qu’elle oublie, c’est qu’elle est la cause de tout ça. Elle était celle qui avait souhaité tout arrêter, elle l’avait quittée. C’était tout à fait légitime qu’il ne veuille la revoir, qu’il puisse la détester.

Il parle, il explique très clairement son parcours. Il a l’air fier de ce qu’il fait bien qu’il le cache derrière son masque de dureté, elle le connait, elle sait quand il se donne un genre, elle sait qu’il n’avait jamais été aussi détaché de tout avant. Elle a le cœur qui se resserre dans la poitrine et ça la surprend. Après sept ans, elle sentait enfin de nouveau son palpitant être malmené, alors, il existait encore cet organe chez elle ? Il n’avait pas été éradiqué en même temps que sa relation avec le brun au regard indigo ? Elle est presque jalouse de voir qu’il avait au moins réussi sa vie, qu’il avait l’air d’apprécier quelque chose mais d’apprendre que ce soit dans le sport qu’il excellait maintenant lui faisait l’effet d’une balle en plein torse c’est ça la douleur qu’elle ressentait au milieu de sa poitrine. Elle se sentait bien trop conne tout à coup. Ce foutait-il de sa gueule ? Après avoir fait des pieds et des mains pour ne pas faire de sport après avoir été diplômé maintenant il en vivait ? Elle se met à rire, nerveusement, elle passe une main dans ses longs cheveux pour les mettre en arrière. Lui s’arrête de parler la fixant agir comme une névrosée. Le karma était mauvais, bien trop mauvais. « Désolé Landon, ça me fait juste rire que tu fasses du football après le bordel que t’as foutu chez toi pour ne pas en faire … Comme quoi … » Elle secoue nonchalamment la tête, à ce moment-là elle le hait de toute son âme. Elle voudrait lui hurler qu’il n’avait été qu’un gamin, un putain de gamin égoïste. Un mec sans intérêt qui avait foutu le bordel dans la vie de sa famille en se mettant presque son paternel à dos ; en choisissant l’armée à son couple. Il avait tout gâché pour finalement être là ou sa place lui avait quasi donné presque dix ans plus tôt.

Elle rit, elle essaie de calmer sa nervosité mais rien y fait ça la rend malade. Le sang monte jusqu’à ses tempes, elle les sent battre bien trop fortement. « C’est cool pour toi sérieux. Si t’es content, j’suis contente. » Faux, elle ne l’est pas, elle ne peut pas l’être. Elle a l’impression qu’il avait fait exprès de partir faire l’armée juste pour se détacher d’elle, c’était surement pour ça qu’il n’avait jamais tenté d’arranger les choses il voulait juste se débarrasser d’elle. Alors, ce qu’elle semble être une phrase neutre, une phrase même gentille de paix passe mal, très mal. Elle parait encore plus méchante et fourbe que si elle avait dit ce qu’elle avait réellement en tête et c’est la goutte qui doit certainement faire déborder le vase chez l’adversaire, ça cumulait au reste de la conversation, au fait qu’elle ait pu insinuer qu’il l’avait forcé à venir à l’abri il se débride. L’homme diplomate auquel elle avait tout de même fait face jusqu’à maintenant laisse son côté virulent s’exposer. Il a le regard sombre, les traits tirés, les lèvres pincés et ses joues font ce truc que seul les hommes bien trop musclés peuvent faire avec leur mâchoire avant de lui dire qu’il ne la retient pas, elle peut partir si ça lui chante. Elle le hait, elle voudrait le gifler tant sa phrase, tant sa façon de la sortir est violente. Elle le regarde dans les yeux, très sérieusement. Si les yeux étaient des fusils les deux seraient mort depuis longtemps. « Tu crois vraiment j’attendais ta bénédiction pour partir ? » Elle roule des yeux et se lève, elle époussette ses fesses et regarde un instant la pluie qu’elle va devoir de nouveau affronter. Elle tourne la tête vers son ex et lui fait le salut de l’armée. Les deux doigts contre sa tempe. « T’as pas été là pendant sept ans, croit pas je vais m’amuser à rester parler et t’admirer, ça fait longtemps que t’as perdu ce privilège. » Elle a le sourire machiavélique la poupée au yeux bleutée. Elle tourne la tête de nouveau et s’enfonce sous la pluie, elle marche tranquillement. Elle n’a même pas envie de courir, elle a pas la force pour le faire. Elle a trop donné au cours des dernières minute, elle est encore choquée de cette traversée d’émotion différente. Ça faisait longtemps que la princesse de Tybee Island, des étendues de sable du côté sud de Savannah n’avait pas senti son cœur s’emballer, son esprit s’affoler à cause de quelqu’un. Elle en a oublié le traitement de sa grand-mère sur le sol bétonné au côté de son ex, mais elle ne s’en rend même pas compte tant elle est énervée.

Elle qui pensait être devenue paisible… Elle qui se pensait changer mais voilà qu’à peine de retour sur sa terre de naissance que l’illusion foutait le camp. Elle le haïssait, elle le détestait de provoquer tant par le simple fait d’exister.


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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptyDim 11 Juin - 2:52

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

Rire qui succède à ses paroles, rire qui résonne étrangement entre deux martèlements de gouttes de pluie sur l’asphalte. Encore une fois, il devrait être heureux, charmé de réentendre ce qui fut, à une époque, la plus belle mélodie du monde à ses yeux. Mais il n’y parvient pas. Il ne parvient pas à se réjouir de l’entendre rire, car ce rire-là a quelque chose de nerveux, de désagréable qui lui retire toute la chaleur qu’il aimait tant. Et puis même, pourquoi diable rie-t-elle ? Que peut-il bien y avoir de si amusant dans le fait qu’il soit devenu footballeur professionnel ? Peut-être se moque-t-elle ? Ce serait bien son genre tiens, elle peut se montrer si mauvaise quand elle s’y met… Et puis il comprend. Il comprend lorsqu’elle ouvre la bouche, chaque mot qu’elle prononce faisant un peu plus monter la colère en lui. Comment ose-t-elle lui dire ça ? Comment ose-t-elle, après qu’il se soit confié à elle un nombre incalculable de fois, lui exprimant sa passion pour le football, lui expliquant comment la pression de plus en plus insupportable de son père lui faisait peu à peu perdre le goût de cette discipline ? Il s’était confié à elle plus qu’à quiconque ; faisant tomber ses barrières de quarterback de l’équipe du lycée, il en avait plus dit à elle qu’à personne, plus encore qu’à sa mère, plus encore qu’à son frère. Et voilà qu’elle avait le toupet de lui dire qu’il avait foutu le bordel chez lui ? Sérieusement ? Le manque d’égards de cette gamine était à en pleurer ; elle savait parfaitement sur quelle corde tirer pour l’atteindre, et elle s’y donnait à cœur joie. Elle savait que son manque de respect pour son mal-être adolescent le toucherait en plein cœur. Elle savait que lui reprocher son choix de carrière, alors même qu’elle ne faisait plus partie sa vie au moment de sa reconversion professionnelle, ne ferait que l’agacer un peu plus encore. Mais pire que tout, elle savait que ces paroles venant d’elle lui feraient plus de mal que venant de quiconque. Et pourtant, pourtant, elle ne se privait pas de l’accabler de ses paroles assassines, en une phrase qui suffit à faire mouche.

Il perd son sang-froid, Landon. Il le sent. Il sent bien que ce regard d’acier qu’il porte sur elle, ces pupilles qu’il s’efforçait tant de rendre glaciales, inexpressives, sont désormais animées de la flamme de la colère. Il serre un peu plus encore les dents pour éviter de lui gueuler dessus, serre le poing à tel point que ses ongles courts trouvent le moyen de s’enfoncer dans la chair de sa paume et que ses phalanges se font blanches, ferme les yeux quelques instants. Si c’était quelqu’un d’autre, elle se serait déjà pris son poing en pleine face, histoire d’en chasser cette insupportable expression suffisante. Elle serait déjà plaquée contre le mur, et pas pour s’adonner à des activités charnelles. Sauf que voilà, ce n’était pas quelqu’un d’autre. C’était Eden. Et il faut croire qu’il tenait encore à elle, qu’il se souciait encore trop de sa personne pour ne serait-ce qu’égratigner son visage délicat. Et il se haïssait pour cela, il se haïssait encore plus qu’il la détestait en cet instant.

Il rouvre les yeux, soupire. Sa main se détend, sa mâchoire se relâche, mais ses yeux, eux, la fixent encore avec une colère vive plus qu’explicite. Il va lui falloir prendre sur lui pour ne pas se jeter sur elle dans les secondes qui suivent. Il retrouve ce qui est devenu son habituel ton froid, détaché de tout, bien que ses pupilles ardentes trahissent toujours la haine farouche qui l’habite.

- Le bordel que j’ai foutu chez moi…, répète-t-il lentement. J’aimerais croire que t’as la mémoire courte Eden, que t’es un peu moins maligne qu’il n’y paraît, mais je sais que ça va au-delà de ça. Et tu me déçois énormément.

Non pas qu’elle en ait quoi que ce soit à faire. Non, le décevoir doit bien être le cadet des soucis de la jolie blonde, car il ne doute désormais plus qu’elle se fout littéralement de lui. Car si elle éprouvait encore à son égard la moitié de ce qu’il ressent pour elle, jamais elle n’aurait pu prononcer pareilles paroles. Jamais elle n’aurait pu cracher ainsi sur son passé, nier ainsi la souffrance qu’avait engendré pour lui un comportement paternel finalement bien égoïste. Et ça le tuait de se dire ça. Ça le tuait de savoir cela, mais que pouvait-il faire, si ce n’est ne rien montrer de la douleur qu’une simple phrase a suscitée en lui ?

Le pire dans cette histoire, c’est qu’elle n’est même pas foutue de s’arrêter de rire. Au contraire, elle ne cesse de pouffer, chaque nouveau gloussement lui étant un peu plus intolérable. Et puis vient s’ajouter une ultime phrase qui, sur le papier, pourrait sembler tout ce qu’il y a de plus aimable, mais qui ici dégouline de mépris et d’amertume. Bordel de merde. Il ne peut pas rester calme face à cette fille, et il en vient même à se demander comment il a pu un jour sortir avec elle, comment il a pu la supporter trois ans durant. Alors les mots sortent. Il lui dit de dégager si elle le souhaite, et sans qu’elle le sache, c’est un conseil plus qu’une proposition qu’il lui fait là. Parce qu’il sait que si l’échange s’éternise ne serait-ce qu’une minute de plus, il va faire ou dire des choses qu’il va regretter. Et il ne veut pas en arriver là. Il ne veut pas en arriver à tel point de pathétique destruction mutuelle avec la seule femme qu’il ait jamais aimée. Alors il vaut mieux pour elle qu’elle foute le camp, conseil d’ex-petit ami.

Enfin, elle se relève. Il semblerait que la blondinette entende raison, perçoive implicitement le risque qu’elle court à rester à ses côtés et le provoquer. Il ne répond rien à sa question, question qu’elle rend de toute manière rhétorique. Il reste coi, se contentant de la fixer en silence. Regard ardent qui se fait haineux lorsqu’elle enfonce l’ultime couteau dans son cœur qui pisse déjà le sang depuis de longues minutes. Il se tait. Il n’a nul autre choix que de se taire, s’avouer vaincu sans rien répondre, sans quoi il va libérer les démons de colère qui l’habitent. Et il faut à tout prix qu’il évite cela, se répète-t-il tandis qu’elle s’éloigne.

Poing qui s’abat sur le mur à ses côtés dans un bruit sourd, perdu dans le boucan que fait l’orage. Sa main le lance, mais au moins la douleur réveille-t-elle quelque chose en lui. Au moins le distrait-elle, lui permet-elle de se concentrer sur autre chose que sur ses paroles qui tournent en boucle dans sa tête. « Ça fait longtemps que t’as perdu ce privilège. » Ce privilège… Pour qui se prend-elle, même ? Comme si avoir son attention avait une quelconque valeur… Bien sûr que cela en avait une, mais il aimait mieux se prendre une balle un peu mieux placée que la dernière fois que d’admettre qu’il pensait encore ainsi, sept ans après. Quelle conne… Il la regarde s’éloigner, tracer sa route sous la pluie battante, son sourire cruel encore imprimé dans son esprit. Et puis il détourne les yeux, avec l’espoir désespéré que ne plus la voir suffira à calmer sa rage. À lui éviter de péter un câble, parce que la revoir sans s’y attendre et supporter ses piques incessantes, rivalisantes de cruauté, c’est juste trop pour lui. Il sait encaisser la douleur physique ; la douleur psychologique, en revanche, ça a toujours été une autre affaire. Prunelles d’acier qui rencontrent le bitume, qui dérivent pour se poser sur un petit sac en papier détrempé par la pluie. Un sac qu’on lui agitait sous le nez cinq minutes plus tôt. Il a bien envie de lui présenter son pied, de l’envoyer valdinguer à des mètres de là, comme il aurait aimé éjecter Eden, la renvoyer dans ses précieuses contrées éloignées, à une distance qui leur était largement préférable à tous les deux.

Et puis un mouvement attire son œil. Il relève la tête, voit Eden s’arrêter quelques secondes, faire volte-face, revenir dans sa direction. Sourire qu’il ne peut retenir malgré l’animosité qui l’anime encore. Il se baisse, ramasse le paquet, attend que la blonde arrive à sa hauteur pour le lui tendre sous le nez. Tête qui s’incline sur son épaule, sourcil qui se hausse, sourire narquois qui trône sur ses lèvres. Il jubile le jeune homme, trop heureux qu’il est de voir que sa jolie petite mise en scène vole si prodigieusement en éclats.

- C’est con, t’étais si pressée de déguerpir loin de moi que t’en as oublié ça… J’ai presque cru que ta chère mamie avait perdu le privilège de se faire soigner par sa petite-fille.

Sans même attendre qu’elle fasse un geste dans sa direction, il lâche le sachet en papier, comptant sur elle pour le rattraper avant qu’il ne s’écrase au sol. Elle avait de bons réflexes, dans le temps ; il est temps de voir si c’est toujours le cas.
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MessageSujet: Re: Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden   Quand tu diras que c'est ma faute, que je n'ai jamais su t'aimer | Leden EmptyDim 11 Juin - 19:28

Let the rain wash away all the pain of yesterday

Eden & Landon

Elle marche lentement, elle a les épaules voutées se laissant accabler non pas par le poids des gouttes d’eau qui viennent mourir sur son corps mais par la force des palabres de son ex petit-ami. Ça lui tourne en boucle dans la tête. Elle l’a mérité cet excès de colère, elle a déconné. Elle s’est laissé emporter par les abîmes du passé. Elle aurait dû se taire, juste sourire et lui dire que c’était cool ce qu’il faisait. Mais non, la diablesse s’était exprimée. Elle n’avait pas jouée intelligemment pour le coup. Elle avait tout foiré, elle avait laissé parler son cœur, elle avait laissé voir la faille qu’il avait créée des années plus tôt. Il lui avait détraqué son cortex, il l’avait rendu acerbe, il lui avait tué toute chance d’avancer dans la vie ce putain de Landon. Pendant des années, tout au long de sa jeunesse elle n’avait plus cru en rien. Elle avait peur, peur de se faire des amis ; elle avait la trouille de se faire des connaissances qui tenterait de créer des histoires amours comme lui l’avait fait, elle avait peur de rencontrer des gens qui la délaisserait… Toutes ses peurs lui revenaient de droit au brun. Il l’avait rendue craintive des sentiments, craintive de l’attachement. Et là, sous les litres d’eau qui s’échappaient du ciel, ce n’était pas contre lui qu’elle était énervée, mais contre elle-même.

Elle se trouve décevante Eden, elle sait qu’elle l’est. Elle a lâché des bombes, des remarques que l’homme en face d’elle ne méritait pas. Elle lui avait fait des reproches cachés sous des histoires qui n’avait aucun rapport. Elle avait tout mélangé. Le présent et le passé. Mais le mal est fait. Maintenant, elle n’a plus qu’à se dire qu’il la verra pour la fin des temps comme une folle alliée. Une fille qui après tant de temps n’avait pas réussi à passer le cap, elle était encore bloquée sur ces mêmes histoires de gamins que lorsqu’ils s’étaient quittées. A cette simple pensée qui frôle le ridicule, Elle s’en mord fortement l’intérieur de la joue et elle goûte au liquide vermeil. Le gout acre se diffuse dans sa bouche et ça la dégoûte. Elle a envie de hurler et c’est ce qu’elle fait. « Putain ! » Lâche-t-elle au bout milieu de la rue en donnant un coup de pied dans une canette qui traîne. Elle a des rides d’expressions sur le front, elle a des larmes de rages qui se mettent à couler sur ses joues creusées. Elle est désemparée de passer pour la fille coincée dans le passé alors qu’elle se jure depuis trois ans qu’elle a enfin avancée.

La coquille vide et creuse qu’elle était ressent bien trop de sentiment contradictoire dans un lapse de temps dérisoire, ça ne va pas. Elle le vit mal de ressentir tout ça alors qu’elle ne ressentait plus rien. Elle pleure sous la pluie, comme dans ces mauvais films dramatiques qui passe à la télévision tous les après-midis. Mais l’assaut est lancé et elle n’arrive pas à s’arrêter même en y mettant toute sa bonne volonté. Alors, les larmes s’accouplent aux perles des cieux sans ménagement. Puis merde elle en a marre de se battre, elle s’autorise à déverser sa colère car on n’y voit que du feu. Elle espère simplement qu’avant d’être rentrée, sa colère, sa rage ce sera écouler, aura fini sa course dans les caniveaux au même titre que la pluie.

La flèche brillante vient illuminer le temps morose. Le sol tremble sous les vacarmes des tonnerres. Elle n’a parcouru que quelques mètres la blonde qui hoquête silencieusement au rythme des pleurs, elle est à l’intersection mais elle se rend compte lorsque ses mains vont très naturellement se mettre dans les poches de son jean noir qu’il lui manque quelque chose. Le pourquoi de sa venue en ville en cette fin d’après-midi. Elle tapote instinctivement les mains sur les poches de son jean comme si le petit paquet qu’elle recherche tant pourrait s’être glissé sur elle. Elle regarde derrière elle mais non elle ne l’a pas laissé tomber. Le paquet elle sait très bien où il est. Il est au pied de Landon, le paquet il est là où elle l’a laissé son ex en faisant l’arrogante. Elle se pince l’arête du nez, elle ferme ses paupières imbibée en réfléchissant à la hâte. Combat bien plus que Cornélien qui se passe actuellement dans sa tête. Aller récupérer le paquet ou s’en aller bredouille ? Simulant à sa grand-mère que la pharmacie été déjà fermé … ? Non, non. Elle ne peut pas mentir, elle ne peut pas avoir fait tout ce chemin, cette prit la flotte et revue son ex pour finalement rentrer sans rien en poche. Elle prend une grande inspiration, essuie ses yeux imbibés de larmes et elle rebrousse chemin, elle renfile son armure, son masque de non-sentiment. Elle avance et le voit de mieux en mieux au loin. Elle le voit, il ne regarde pas par là et elle donnerait cher pour qu’il continue de lui tourner le dos, qu’il ne la voit même pas récupérer le traitement et qu’elle puisse s’en aller comme si elle n’avait jamais fait le chemin à l’envers.

Retour à la case départ, elle retrace le chemin jusqu’à la bâtisse qui abrite Landon des dégâts météorologique en moins de temps qu’il en avait fallu pour s’en échapper. Elle fixe droit devant elle, elle s’applique à marcher se tenant droite comme un piquet. Comme si elle n’était pas atteinte par la situation. Le moins du monde. Elle avance et le voit ramasser le précieux sachet qu’elle veut récupérer. Son cœur se serre. Elle l’imagine déjà l’envoyer valdinguer à l’autre bout du quartier comme il le ferait avec son ballon ovale sur le terrain de football américain. Mais elle continue d’avancer, elle continue de jouer les fières allures sous les yeux moqueurs de son ex. Il la toise, la regarde de haut en lui tendant son paquet. La tête sur le côté, un sourcil s’arquant pour mieux la défigurer. Elle regarde ailleurs, elle tend juste la main. Elle ne l’écoute pas, elle ne veut pas. Elle vient d’hisser des remparts autour de sa personne, elle veut être inatteignable bien que le scorpion en face d’elle essaie de la piquer. Elle soupire, semble lasser de ce jeu auquel il essaie de s’appliquer. Elle ne réagit pas, elle pose son regard froid sur lui. « Ma grand-mère n’a rien avoir dans cette histoire… » Elle fait exploser le missile téléguidé qu’il voulait lui larguer dessus. Non, elle ne rentrera certainement pas dans son jeu cette foi. Elle ne se laissera pas prendre par son air dédaigneux. Pour couper court, elle tend de nouveau la main pour lui faire comprendre de lâcher le paquet. Elle est mauvaise la petite Howard, elle ne le sait surement pas mais elle alimente sa haine et son désespoir.

Elle doit très certainement le dégouter à jouer les indifférentes, vraiment beaucoup pour qu’il agisse de la sorte et qu’il décide de lâcher le paquet ainsi, comme si elle était une moins que rien. Ce misérable morceau de papier avec un imprimé de la pharmacie locale qui passe à coté de sa main tendue. Elle ne bouge pas, elle le regarde droit dans les yeux alors que le papier mouillé va tomber mollement sur les pavés. « Merci Landon. » Elle ne sourit pas, elle a le regard rivé sur lui mais pourtant perdu dans le vague en même temps. C’est insoutenable ô combien elle a l’air morte. De nouveau creuse, vide la jolie. Elle se baisse simplement pour attraper le paquet et elle repart. Elle ne se tourne pas. Elle ne pleure pas, elle avance, encore et encore jusqu’à la vieille maison ou elle simule que tout va bien à ses parents et sa grand-mère qui la regarde d’un air inquiète, elle ne dit rien. Elle est trempée jusqu’aux os, les mains et les pieds frigorifiées et elle a ce sourire démunies de tout émotions clouées.

Elle ose espérer qu’elle n’aura plus à le revoir, que Savannah sera assez grand pour que leurs deux carcasses n’aient pas à ce recroisées.


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