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 T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)

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Anca Popescu

Anca Popescu
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MessageSujet: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyMar 27 Juin - 20:19

Il a les mains glacées qui parcourent son corps, son ventre, palpent la peau rosée qui se forme timidement, recouvrant le néant. Elle frissonne au contact, grimace à cause de la douleur ténue que cela lui provoque, mais elle ne recule pas. Vous pouvez remettre votre t-shirt. Il est doux, le chirurgien, celui qui la suit depuis le début, qui l’a opéré après l’ouragan. Il a ce sourire qui réchauffe les cœurs, qui vous fait penser que tout va bien se passer, même s’il a un scalpel dans la main. Anca s’exécute avant de s’asseoir en face de lui pour l’écouter. Il commence par lui expliquer que tout se passe comme prévu, que la cicatrisation avance bien et qu’elle pourra reprendre l’exercice doucement après une petite semaine encore. Parfait. Puis ses mots se font plus insistants, sur ses cernes, sur la peau terne, sur les coupures qui zèbrent ses mains. Elle secoue la tête, lui raconte sa mésaventure au bar, le verre qui lui échappe des mains – non plutôt le plateau entier – et elle qui se retrouve à tout ramasser. Elle a le sourire rassurant Anca, lui explique que le sommeil c’est compliqué quand les services s’accumulent, qu’elle essaye de joindre les deux bouts mais que tout se passe bien. Définitivement. Tout. Va. Bien. Elle brille d’assurance Anca, quand elle passe la main dans ses cheveux avant de serrer celle du chirurgien. Pendant un court instant elle presse ses doigts entre les siens, profite du contact humain, de la chaleur d’un inconnu. Rien qu’un instant pour ne pas couler. Puis c’est terminé.
La porte qui se referme derrière elle et l’impression soudain d’étouffer. Elle a les mains qui tremblent Anca, elle a le souffle qui se perd, qui se mélange. C’est du passé pourtant, elle devrait plus y penser, mais y a tout qui s’acharne, tout qui continue, et l’espèce de mal-être profond qui creuse encore dans sa chaire pour y multiplier ses racines. Elle voudrait en parler à Jedediah. Mais il ne répond plus depuis longtemps maintenant. Disparue, la seule personne pour la comprendre. Ou presque. Y en a d’autres, y a Nash et ses sourires trop rares mais sa chaleur bien présente. Puis y a Junior. Junior et Micha. Merde. Elle a le cœur qui loupe un battement Anca, et les larmes qui menacent de couler comme trop souvent. Foutue Cry Baby, et le surnom qui lui colle à la peau depuis trop longtemps sans jamais qu’elle ne puisse s’en séparer. Respire, respire, respire. Tremblante elle sort son téléphone, pianote un sms pour Jemmy, lui demandant s’il est disponible pour la fin de journée. Ou même maintenant. Elle a besoin de le voir, qu’il la prenne dans ses bras. Elle en a terriblement besoin, comme une constante dans sa vie, un pilier sur lequel se reposer. Depuis qu’ils ont fait la paix, tout va bien, tout va mieux. Ptêtre même que c’est la seule chose qui avance encore droit pour elle, pour ça qu’elle s’y rattrape du mieux qu’elle peut.
Mademoiselle ? Anca relève la tête, range son téléphone dans sa poche avant d’offrir un sourire désolé à l’infirmière qui la dévisage. Elle est tête en l’air Anca et ses pas qui la perdent dans les couloirs de l’hopital. Elle les connait par cœur pourtant, ces foutus couloirs, et le secteur des urgences, qu’elle n’a que trop longtemps fréquenté. Puis celui des patients stabilisés, sa chambre attitrée. Ptêtre que c’est par nostalgie qu’elle s’y rend. Ptêtre que c’est pour se rassurer qu’elle pousse la porte. Numéro 406, quatrième étage, troisième porte sur la droite. Chambre qui n’est déjà plus vide. Chambre occupée par un jeune homme allongé dans le lit, le visage couvert d’ecchymose et la machine qui bip à côté. « Pardon je voulais pas déran… » non. « JUNIOR ? » Y a la voix qui monte dans les aigues, la porte qui se referme derrière elle et Anca qui se précipite au chevet du jeune homme. Non. Pas Junior. « Michael… » Ouais. Micha. Micha. Foutu Micha. Elle a les mains baladeuses Anca, et le cœur qui se serre un peu plus qu’elle parcourt les blessures, le nez cabossé, les paupières diaphanes, trop blanches et le violet qui brille dans les veines. « Qu’est-ce que… » encore, encore, les mots qui meurent dans sa gorge et Anca qui sent les larmes couler enfin le long de ses joues. Pourquoi ? Pourquoi Junior ne l’a pas prévenue ? Pourquoi personne ne l’a pas prévenue. Putain. C’est évident. lâcheuse. Et les souvenirs des mots amers échangés avec les jumeaux, quand elle avait cru faire de son mieux en les éloignant. Et voila Michael étalé sur un lit d’hôpital. Son lit d’hôpital. Leur lit d’hôpital. Doucement elle se baisse pour poser un baiser sur le front du jeune homme avant de murmurer « Pardon Micha. Je savais pas. Je savais pas… » et ça aurait changé quoi si elle avait su hein ? Hypocrite Anca, stupide Anca, mais rien qu’un instant elle s’autorise à le laisser entrer de nouveau dans son cœur, Michael et ses boucles blondes, Michael et sa rage qui prend trop de place. Michael comme un miroir, toutes les plaies exposées sur sa chaire, qu’elle croit ressentir aussi. Et ça fait mal.
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Michael Healy

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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyJeu 13 Juil - 22:24

Les jours défilaient d’une lenteur folle. Michael était comme un lion en cage dans cette cage à carreaux blancs et à l’odeur de médicaments. Avachit sur ce lit, parce qu’il n’avait aucun autre endroit où aller, aucun autre endroit où il pouvait aller plutôt, clouer sur place par des blessures internes graves. Il ne pouvait pas bouger, respirer, manger, dormir sans que ça fasse mal. En soit, rien de nouveau. C’était donc avec une sorte de fatalité nonchalante qu’il regardait les jours défiler. Il ne se plaignait ni de la douleur, ni de la longueur du temps. C’était comme ça, c’est tout. Il n’était ni traumatisé, ni énervé, ni même triste de ce qui s’était passé. D’avoir perdu on-ne-sait-quel-organe, d’avoir des os brisés, le visage déformé par le choc, couvert d’ecchymoses. Il était juste là, et la morphine qu’on lui donnait l’aidait un peu à prendre avec un certain recul tout ça. Y avait un avant et un après. Si absolument tout son corps le faisait souffrir, ça avait au moins l’avantage d’occulter le reste. D’occulter l’immense douleur dans ses tripes. Ça calmait le jeu. S’il avait su qu’il devait se prendre une voiture pour que le bordel dans son crâne s’apaise enfin, il aurait passé sa vie à courir le long des autoroutes. Le deuil était si intense avant, ça le rongeait complètement, c’était un vacarme permanent, une douleur si aiguë qu’on ne peut l’ignorer. Maintenant, on avait appuyé sur pause. On avait posé les armes. Il ne savait pas vraiment pourquoi. Est-ce qu’il avait eu besoin de vivre ce que Bee avait vécu pour enfin l’exorciser ? Ou était-ce simplement parce qu’il avait promis à Junior ? Promis de vivre, non de survivre comme un suicidaire en manque de courage, trop peureux pour nouer la corde autour de son cou, trop déprimer pour essayer de remonter la pente. Quoi qu’il en soit, ça faisait une semaine qu’il n’avait pas écrit dans son journal. Une semaine qu’il n’avait pas écrit à Bee. Il l’avait pourtant son cahier, là, sous son oreiller. Il avait tanné Junior pour qu’il lui rapporte du foyer. Mais une fois le stylo en main, il n’avait pas trouvé les mots. C’était peut être juste parce qu’elle avait décidé de le laisser tranquille maintenant. Elle avait arrêté de tenir son coeur entre les mains et de le serrer dans sa paume jusqu’à l’implosion. Y avait un vide, c’est sûr. Pas seulement à cause du rein manquant. Mais un vide apaisant. Si son corps était disloqué, son esprit lui, allait mieux depuis des mois. 

Une cuillère de jelly dégueulasse dans la bouche, Michael tapait sur le côté de son lit (qui était soit dit en passant, dix fois mieux que celui du foyer) la télécommande pour tenter de changer de chaîne. Impossible, cette foutue conne n’avait plus de piles. Deux heures qu’il était bloqué sur une chaîne ridicule sur la reproduction d’on-ne-sait-quelle espèce en voie d’extinction. Il soupira longuement et tenta de se raisonner à y trouver de l’intérêt. Il reprit une bouchée de jelly et plissa les yeux pour essayer de voir distinctement sur cet écran minuscule. (La vérité c’est qu’il avait besoin de lunettes). Car ce qu’il y a de pire qu’un reportage dont on n’a rien à foutre, c’est ce même reportage, en flou. Il était tellement concentré, qu’il n’entendit même pas la porte s’ouvrir. 

Désolée je voulais pas déran… JUNIOR ? la voix douce l’interpella aussitôt. Il tourna la tête, encore la cuillère en plastique dans les mains. C’était bien elle, Anca. La morphine devait sacrément faire effet pour que son visage reste aussi impassible. À travers son oeil au beurre noir il la regarda, aussi détaché qu’on pouvait l’être. Aussi froid, distant, nonchalant aussi. Pendant trois secondes, le temps de prendre une autre bouchée, et qu’elle le replace enfin. Elle se jeta sur lui, un peu comme l’un de ses fauves tout flous à la télé. Dès qu’elle fut trop proche, il baissa les yeux sur son dessert, il avait beau être amer, il l’était moins que cette visite imprévue. Michael… Gagné. répondit-il du tac au tac d’une voix sans émotion. Depuis qu’Anca était dans la pièce son coeur c’était mis à battre douloureusement contre ses côtes cassées. Anca était la première. Pour parler cruement, c’était comme si elle lui avait pris une deuxième virginité, des années après Laureen Shepperd, la fille du pasteur de Keller. Anca était aussi la seule. Les souvenirs de cette nuit, aussi invraisemblables et confus soient-ils revinrent faire frissonner sa peau ecchymosée. Anca était le coup de poignard dans le contrat absurde qu’il avait passé avec sa conscience. Aucune ne devait venir après Bee, fidélité morbide qu’il s’était imposée, par culpabilité ou par amour. Il n’avait jamais su pourquoi. Il n’en avait plus envie pourtant, de sexe. Mais Anca avait bousculé tout ça ce fameux soir. Ça avait été intuitif, naturel, incroyablement bon. Comme si Bee n’avait jamais existé. Et le chagrin était revenu en rafale après ça. 

Quand elle posa ses mains sur lui pour parcourir, avec sa douceur qui lui était propre, ses blessures il fut comme foudroyé. Il sursauta et se recula vivement. Elle ne lui avait pas fait mal -la morphine s’assurait de toute façon que ça ne soit pas le cas. Mais il n’avait aucune envie qu’elle le touche. Car après le chagrin, c’était la colère qui s’était écrasée, comme une vague, The Big One. Car Anca avait disparu juste après. Elle les avait lâché car son copain ou peut importe qui l’avait obligé et elle avait sagement obéit. Trop occupé à défendre l’honneur de Junior, Michael avait ravalé sa propre peine. Junior était le plus proche d’Anca et c’est par loyauté qu’il avait clamé haut et fort qu’elle n’était qu’une conne qui ne les méritait pas. Mais il avait aussi masqué avec ça sa déception immense qu’il refusait de s’avouer. Couper les ponts avec elle c’était de toute façon ce qu’il comptait faire après leur coucherie, mais qu’elle prenne la décision pour lui l’avait profondément meurtri. Peut-être parce que dans le fond, il n’en avait pas vraiment envie. Mais Anca ignora tout ça, les larmes qui avaient envahi ses yeux l’empêchait peut-être de voir. Elle se baissa donc tout près pour déposer un baiser sur son front qu’il ne pouvait pas éviter. Deuxième éclair qui le fit cramer de l’intérieur. 

Pardon Micha. Je savais pas. Je savais pas… En éloignant son visage, il se permit un rire cynique. Il était comme ça Michael : intransigeant. Sa liberté il l’avait gagné, son indépendance avait été durement acquise. Il était du genre égocentrique, ce qui n’allait pas dans son sens, il le broyait dans la paume de sa mauvaise foi. Avec Anca c’était pire. Anca avait compté. Malgré lui, malgré elle. C’est ce qui arrive quand on raye quelqu’un de sa vie. Sa voix était bourrée de reproches. Comme si ça le touchait personnellement, alors qu’il s’était juré que c’était pour Junior qu’il était aussi en colère. Le fait est que non. Fais pas comme si ça t’intéressait, allez, tire-toi. il était violent, comme il l’avait toujours été dans ses mots, dans son attitude. Junior était bien plus attentionné qu’il ne l’avait jamais été. La meilleure partie de lui, comme il l’avait souvent considéré. Lui en était incapable. Et pour être sûr de la faire partir, il ajouta, la regardant bien dans les yeux cette fois-ci : Quoi, que j’me sois fait renverser par un psychopathe, ça réveille en toi l’instinct du super héros ? J’ai pas besoin d’toi Anca. Junior et moi, on se débrouille très bien tous seuls. il reprit une bouchée de jelly, même si c’était mauvais. Simplement pour arrêter de la regarder. Parce qu’elle avait fait un choix, celui de les laisser tomber. De le laisser tomber, au moment où c’était le plus douloureux. Il était du genre rancunier.
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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyLun 24 Juil - 16:29

Michael. Michael cabossé. Michael fracassé. Michael et ça tourne en boucle, comme une phrase qui bug dans le cerveau. Micha, Micha, Micha. C’est pas logique, c’est pas normal. Pas lui. Tout mais pas lui. Il mérite pas Micha, avec son cœur bouffé par la vie, avec son âme qui ne cesse d’être mise à l’épreuve. Il mérite pas d’être là, allongé sur ce foutu lu, le corps explosé par elle ne sait quoi, elle ne sait comment. Y en a d’autres. Tellement d’autres qui méritent sa place, qui méritent ce lit. Mais pas lui.
Y a le choc qui l’empêche d’entendre qu’il est conscient, gagné murmuré par ses lèvres fatiguées. Elle est trop occupée à compter les bleues, à distinguer les plaies, les nouvelles cicatrices qui orneront son corps, tiendront compagnie aux anciennes. Elle s’en souvient encore Anca, de ces cicatrices, de la carte hachurée sur son dos, et de l’émotion qu’elle avait ressentie en la parcourant du bout des doigts. Elle s’en souvient encore Anca, de ce corps abimé qui avait fait écho au sien, la même souffrance, la même angoisse, la même compréhension. Ca lui revient comme un éclaire, cette soirée d’Halloween, le dérapage incontrôlé et la première fois qu’elle s’éloigne du chemin. Ca lui revient en pleine tronche Anca, et ses mots horribles après tout ça, le silence envers les jumeaux, envers Junior, envers Michael. C’est ce qui arrive quand on raye quelqu’un de sa vie. Il est pas endormi Micha. Il est bien là, les yeux ouverts et le sourire mauvais sur le visage. Il est bien là Micha, avec ses mots poisons dont il a le secret, mots qu’elle a toujours réussi à arrêter, à absorber. Mais pas aujourd’hui. Bon sang pas aujourd’hui. Elle se recule un peu, range ses mains derrière son dos comme une gamine prise en faute. C’est pas moi, j’étais pas là. Tu parles, pour une fois t’es là Anca, pour une fois t’es là et tu peux admirer les dégâts. Fais pas comme si ça t’intéressait, allez, tire-toi. Il est violent Micha, et elle sent presque l’amertume de son rejet sur sa langue. « Je… » encore, encore, les mots qui viennent pas et le silence qui veut tout dire. Coupable, coupable et le marteau du juge qui s’abat. Elle a les larmes aux yeux Anca et la gorge qui fait mal. Parce que y a la dureté des mots qui se fracasse aux souvenirs, de la douceur de ses baisers, de ses doigts, de sa peau. Les deux extrêmes et Anca ne souhaite en vivre aucun, ni ce désire qu’elle continue à éprouver, malgré les coups et les menaces, ni cette colère qu’il dirige contre elle, arme de destruction mortelle. Quoi, que j’me sois fait renverser par un psychopathe, ça réveille en toi l’instinct du super héros ? J’ai pas besoin d’toi Anca. Junior et moi, on se débrouille très bien tous seuls. Et le regard. Le foutu regard. Regard qu’elle se force à affronter alors que ça brûle de partout. Coupable, coupable. Ptêtre que ça serait plus simple de partir pas vrai ? De tourner les talons, de quitter cette chambre déjà trop pleines de mauvais souvenirs, de quitter cet hopital qui lui rappel en permanence que la vie est injuste. C’est ce qu’elle fait Anca, sans un mot elle se dirige vers la porte, hésite, traverse. Elle a les larmes qui coulent le long de ses joues quand elle s’adosse au mur, les larmes qui coulent et le sanglot silencieux. Elle a toute la honte, toute la tristesse, toute la peine qui tout d’un coup la submerge encore. Elle devrait partir en courant, mettre de la distance entre ce lien qui ne cesse de briser, encore, encore. Elle devrait oui.
Mais elle ne peut pas.
« T’es tellement con Michael » qu’elle hurle presque en ouvrant de nouveau la porte, traversant la pièce pour se retrouver de nouveau à ses côtés. Elle se laisse tomber au sol pour être à la hauteur du visage du jeune homme, pour le dévisager ou qu’il la dévisage. Un peu des deux. « C’est ça que tu crois ? Que je t’ai effacé de ma vie ? Que j’ai effacé Junior de ma vie ? » Comment elle pourrait effacer Junior ? Comment elle pourrait laisser tomber cet ange blond qui est bien trop cassé, trop fragile, qui se noie constamment ? « Tu crois que j’en ai rien à foutre ? Que te voir dans ce lit ça ne me fait rien ? Que je cherche pas à savoir comment va Junior ? » elle siffle entre ses dents, mélange de colère et de fatigue, les larmes qui ont cessées de couler alors qu’elle s’accroche au rebord du lit. « Oh et me parle pas de super-héros Michael. Tu me connais assez bien pour savoir que j’y crois plus depuis longtemps, aux putains de Justiciers » parce qu’ils sont pareil elle et lui, parce qu’ils ont le même masque gris devant les yeux, et que y a plus rien qui brille vraiment. « T’es pas tout seul à souffrir Michael. T’es pas tout seul ok ? Quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux putain ! » et son poing qui s’abat sur l’oreiller, juste à côté de son visage. « Alors arrête de croire que je suis un monstre. Arrête de me peindre en couleurs qui ne me vont pas. » parce qu’elle donnerait tout pour retourner en arrière, encore, encore, ressentir la paix pour l’éternité : lui et elle dans leur bulle, l’eau et le savon, les odeurs qui se mélangent. Et eux aussi. « S’il te plait Michael » et la voix qui se fait minuscule, suppliante, la main qui vient chercher la sienne, comme pour retrouver un semblant de chaleur. Un semblant de bonheur.
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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyMar 1 Aoû - 10:29

Quand elle sortit de la pièce, sans un mot, les jambes flageolantes, Michael la regarda faire avec le coeur pris dans un étau. Il savait bien qu’il lui avait fait mal, avec ses mots aussi tranchants que des lames de rasoirs, et son regard noir. C’était le but, la blesser, la faire fuir comme un animal apeuré, qu’elle aille se terrer dans sa tanière, qu’elle se sente coupable. Et ça avait fonctionné à la perfection. Les quelques phrases envoyées avec une précision chirurgicale avaient trouvé leur chemin directement jusqu’à son cœur, à la pauvre Anca. La voici sans défense, quitter le champ de bataille sans même vouloir se battre. Est-ce qu’il s’attendait à une victoire aussi totale ? Sans doute que non. Il avait choisi chacun de ses mots avec précaution, pour lui faire ressentir le genre de douleur acide qu’avait provoqué la rupture brusque de contact. Fallait qu’elle comprenne à quel point ses messages, les derniers, avaient été amers. Fallait qu’elle comprenne. Mais bon sang, il aurait préféré qu’elle reste. Qu’elle s’explique, qu’elle essaye au moins. Qu’elle supplie de pardonner. Qu’elle assure que c’était une erreur. Qu’elle revienne se mêler de sa vie, qu’elle le torture avec sa douceur, sa jolie philosophie de vie et son coeur pur. Mais non, rien. Elle sortit de la pièce d’une traite et la porte se ferma avec une bruit sourd, sans écho. Silence. Presque silence, le reportage animalier continuait et la voix monotone du journaliste tournait en fond. Michael jeta un oeil à la porte avant de les baisser sur sa jelly, morne.

T’es tellement con Michael ! La voix résonna. Et Michael tourna la tête lentement vers la porte. Malgré son regard dur, ses mains crispées sur sa petite cuillère en plastique ses lèvres s’étirèrent légèrement, si légèrement qu’il ne s’en rendit même pas compte. Il ne se vit pas sourire en voyant Anca traverser la pièce avec son air furibond qui ne lui allait même pas. Ses grands yeux de biches qui lançaient des éclairs, et ses sourcils froncés qui lui donnait un air de petit chien méchant. Il sourit, sans savoir pourquoi, pendant quelques secondes, le temps de la voir se fondre à côté de lui, juste histoire de pouvoir plonger dans ses yeux, si profondément qu’il la sentait, là, dans son crâne. C’est ça que tu crois ? Que je t’ai effacé de ma vie ? Que j’ai effacé Junior de ma vie ? Marrant, cette façon qu’elle avait de dire ça, comme si c’était tellement impossible qu’elle ne pensait même pas une seconde que Michael puisse s’imaginer ça. Parce que, au cas où elle posait la question sérieusement, il répondit, là, le visage tout proche du sien, avec la défiance qui le définissait si bien : Ouais, c’est exactement ce que je crois. Il plissa légèrement des yeux, ne détourna pas le regard, pas à une seule seconde. Il avait l’habitude, Michael. C’était même son petit jeu préféré. Il avait toujours fait ça, se tenir bien droit à deux centimètres de quelqu’un, écouter ses arguments, les démonter un par un avec l’insolence d’un adolescent qui n’aurait jamais fini sa crise. Il aimait les grands discours, un peu vulgos et impertinent. Il en avait fait pendant des années, dans la rue. Monter sur un banc public pour déblatérer des âneries jusqu’à ce qu’une petite foule se forme autour de lui. Anca ne l’impressionnait pas avec sa voix sifflante de serpent. Et puis, pour tout vous dire, depuis qu’elle était revenue, son petit coeur voulait s’amuser, plutôt que de faire mal. Tu crois que j’en ai rien à foutre ? Que te voir dans ce lit ça ne me fait rien ? Que je cherche pas à savoir comment va Junior ? Junior hein ? Prendre des nouvelles de Junior ? La pilule glissa le long de sa gorge, non sans encombre. Michael, l’égoïste, l’égocentrique, l’impossible Michael serra discrètement la mâchoire. Et à quel point c’est de SES nouvelles qu’elle avait voulu prendre ? A quel point IL lui manquait ? Lui et pas son double, plus gentil, plus attentionné et plus proche d’Anca. Hein ? Il n’en fit rien paraître bien sûr et continua son petit jeu, avec un ton stupide volontairement accentué, il la coupa donc pour dire, cynique : Oh, alors je vais te dire comment faire : tu prends ton putain de téléphone et tu l’appelles. Tu vois, c’est très simple d’avoir des nouvelles de Junior. Sourire aigre-doux.

Elle lui rappela, Anca, à quel point ils étaient semblables. Qu’elle vivait la même lente agonie. Elle rappela et c’était bien plus symbolique que de parler de leur osmose partagé dans cette baignoire, parce que c’était encore plus vrai, plus vérifiable. Ils étaient deux âmes blessées, trimbalées de gré ou de force dans la vie, sans trop savoir de quel côté ils auraient aimé penché. Elle rappela qu’elle ne croyait ni aux supers héros, ni en rien d’autre. Et Michael capta son regard, fatigué, encore humide des larmes précédemment versées. Lui qui avait réponse à tout, il garda le silence. T’es pas tout seul à souffrir Michael. T’es pas tout seul ok ? Quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux putain ! Un rire froid fendit l’air, il en aurait presque sursauté, presque. Le poing c’était abattu juste à côté de son visage, sur l’oreiller duveteux. Insolent il la regarda, se moquant ouvertement d’elle, parlant par-dessus sa voix, sans écouter ce qu’elle avait encore à dire. Oh waouh ! Tu sais, si t’agissais de la même manière quand ton putain d’mec te donne des ordres, on en serait pas là. Putain d’mec. Il avait écorché ses mots, parce que ça le crispait toujours d’y penser, encore plus de le formuler. Dès qu’elle avait envoyé ces messages, ces adieux. Dès qu’il avait su la vérité, dès qu’il l’avait dit à Junior, alors il n’avait plus voulu en parler. Surtout pas, jamais en fait. Ca créait en lui une colère qu’il n’avait pas envie de comprendre, d’assimiler.

Elle n’était pas un monstre, ces couleurs ne lui allaient pas. Et pourtant dans ses yeux, elles se reflétaient toutes. Le bleu tristesse, le rose tendresse, le vert colère. Michael les voyait bien comme elle voyait les siennes. Mais d’un geste de la main, doux, suppliant même, elle les balaya toute pour laisser place au blanc de la paix. Elle fit glisser ses doigts tremblants et froids, parce qu’elle avait toujours les mains froides, jusqu’à la sienne, pleine d’égratinures et de bleus (surtout à cause de ce stupide stagiaire nommé Arthur qui avait tenté de lui poser sa perfusion à 6 reprises avant qu’une infirmière ne prenne le relai). Ça l’apaisa, mine de rien, et sa rancune s’évapora le temps d’une seconde, le temps de poser son regard sur leurs mains liées et sur le petit air abattu qu’Anca avait pris. Il inspira profondément, ferma les yeux et de sa main libre il posa enfin la jelly, comme s’il était enfin prêt à parler. Parler sérieusement. Et après quoi ? Tu vas me dire que tu es inquiète pour moi, que tu tiens à nous, qu’on te manque. Et après ? Tu vas disparaître à nouveau ? Ça sert à quoi ? Ce n’était pas sur le ton des reproches, au contraire. C’était plutôt fataliste. Est-ce qu’elle allait revenir, rester dans sa vie, continuer à jouer ce rôle, celui de la bouée ? Est-ce qu’elle allait l’aider à vivre, comme avant, quand il avait baissé les bras et qu’il ne voyait plus qu’en noir et blanc. Ces couleurs, qui ne semblaient pas lui aller, ces couleurs-là avaient redonné vie à son univers trop sombre. Et il ne voulait plus éteindre la lumière.
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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyJeu 10 Aoû - 16:45

Elle aurait du partir Anca, tourner les talons et courir loin très loin. Ptêtre appeler Jemmy, comme pour le supplier de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, histoire de lui prouver qu’elle avait fait le bon choix. Celui de rayer les jumeaux de sa vie, pour les protéger. Tu parles, regarde où ils en sont Anca, Micha dans un lit tout cabossé et Junior en cavale tu ne sais où. Tu t’en mordrais les doigts Anca. Ouais. Tu t’en mordrais les doigts. Ptêtre pour ça aussi que t’es revenue non ? Qui sait. C’est sans savoir vraiment comment ni pourquoi qu’elle revient dans la pièce, le cœur grondant de colère, le visage crispé dans une attitude qu’elle voudrait effacer. Elle déteste crier Anca, elle déteste ça. Le truc c’est que ces derniers temps elle se retrouve trop souvent à devoir hausser la voix, contre les gens, contre la vie. Putain.
Elle le voit pas le sourire de Michael. Elle le voit pas parce qu’elle essaye de pas chialer, parce qu’elle est trop concentrée sur ses mots, sur sa voix. Craque pas Anca, elle sait qu’elle peut tenir. Elle veut tenir. Son corps lui doit bien ça. Ouais, c’est exactement ce que je crois. Coup de couteau dans le cœur, le regard glacé de Michael qui ne la lâche pas. Arrête qu’elle voudrait lui supplier. Me regarde pas comme ça qu’elle voudrait lui murmurer.  « Alors t’es plus con que ce que je pensais »  et c’est comme ça qu’ils dansent, entre insultes et amertume, incapable de parler vraiment, de dire ce qui les bouffe réellement. Prendre des nouvelles de Junior plutôt que prendre des nouvelles de Michael, un sur deux ça devrait compter non ? Donner des points ? Combien de fois qu’elle avait composé son numéro à lui, pas celui de son jumeau, avant de refermer le téléphone ? Combien de fois qu’elle avait regardé les sms encore, encore. Pas effacés, juste déplacés, un autre nom, plus facile comme ça, pour éviter les soupçons. Mais y avait Jemmy, Jemmy et son amour rugueux, son amour étouffant, celui qui prend trop de place et qui ne la laisse pas respirer. Y avait Jemmy ouais, et à chaque fois ça lui rappelle les mots dans la ruelle et ses motivations pour avoir coupé les ponts. Pardon. T’es pas le seul Michael, des ponts elle en a coupé aussi avec Seven, avec tant d’autres, histoire de rendre ça moins difficile, moins acide.
: Oh, alors je vais te dire comment faire : tu prends ton putain de téléphone et tu l’appelles. Tu vois, c’est très simple d’avoir des nouvelles de Junior.  « t’es injuste »   qu’elle murmure tout bas, le souffle court, le cœur qui serre. Bon sang ce qu’il est injuste, elle voudrait qu’il s’incruste dans son cerveau, qu’il puisse voir à quel point tout se barre en couille, que les plaies sur ses mains à elle paraissent involontaires mais que c’est trop facile de se couper avec du verre. Que chaque matin elle vacille, chaque soir elle oscille, qu’elle arrive plus Anca. Elle arrive plus. Y a trop de poids sur ses épaules à elle, trop de poids pour qu’elle continue à porter plus que son cœur. Elle se dit qu’un jour elle craquera, le chemin elle connait déjà, le moyen aussi. Ça sert à rien de recommencer comme l’autre fois, les veines c’est jamais très certain. Mais pour le moment elle continue de se battre, de nager vers la surface, de prendre des bouffées d’air avant de retomber dans les abysses. Encore, encore. Elle lâche pas. Pas tout de suite, pas tant qu’elle a encore quelque chose à laquelle se raccrocher.
Pour ça qu’elle fuse Anca, qu’elle hurle, qu’elle crie, elle proteste. Pour ça qu’elle a le poing qui s’abat à quelques centimètres de la tête de Michael. Oh waouh ! Tu sais, si t’agissais de la même manière quand ton putain d’mec te donne des ordres, on en serait pas là. ah. Des ordres. Ca lui arrache un rire triste, un rire cassé. Ca lui donne envie de recommencer à pleurer.  « Non on en serait pas là »  qu’elle murmure tout bas. Parce qu’elle sait pertinemment que si elle agissait comme ça avec Jemmy, c’est à la place de Michael qu’elle serait, les os cassés par le tempérament foireux de l’irlandais. Merde. « Parle pas de ce que tu connais pas Micha »   qu’elle reprend un peu plus doucement, parce qu’il l’a pas vu après la soirée, il l’a pas vu quand elle a tout avoué. Et elle refuse qu’il sache. Jamais. Pas question de foutre ça en plus sur son âme à lui, parce que dieu sait ce qu’il s’en voudrait. On est pareil. Pour le meilleur et pour le pire pas vrai ?

Alors elle tente le tout pour le tout Anca, le cœur ouvert, les sentiments à plats. Y a sa main qui vient chercher celle de Michael, la grimace quand elle voit les bleus, les traces de perfusion. Ca lui rappelle des souvenirs, de ceux d’après la tempête quand elle était clouée dans ce lit. Ou même avant, dans l’aile psychiatrie après qu’elle avait décidé que c’était mieux si elle se tranchait les poignets. Elle voudrait un instant le serrer contre elle, lui dire que ça va aller, que le corps est plus fort qu’on ne le croit et qu’il s’en sortira. Mais sans doute qu’il le sait déjà. Il a vu pire Micha, et toutes les cicatrices qu’elle a touché du bout des doigts. Et après quoi ? Tu vas me dire que tu es inquiète pour moi, que tu tiens à nous, qu’on te manque. Et après ? Tu vas disparaître à nouveau ? Ça sert à quoi ? Y a plus d’acidité dans sa voix. Y a plus de moquerie non plus. Y a une sorte de constatation, comme si la discussion pouvait enfin commencer. Elle serre un peu plus Anca, cette main qu’il ne lui refuse pas. Elle ne lache rien. Elle ne lâche plus.  « Je tiens à toi Michael »   à toi pas à vous. Elle a le front qui vient se poser sur le matelas, les yeux qui se ferment et les poumons qui cherchent à respirer. « Putain je suis inquiète pour toi, je tiens à toi, je tiens à vous, vous me manquez affreusement, bien plus que tu ne peux le penser »   elle avoue tout Anca, et dans sa voix y a les échos des nuits à pleurer et plus personne pour l’apaiser. «Je vais pas disparaitre Micha. Je vais pas disparaitre je te le promet »  vraiment Anca ? Tu peux promettre ça ? Tu crois ? Tu serais pas un peu hypocrite quand la nuit tu pense aux doses à avaler pour te payer un aller simple vers l’enfer ? Elle se redresse un peu, le regard qui ne fuit pas. Elle est décidé Anca. Même si elle sait qu’elle regrettera. « Je vais nulle part. Je bouge pas. T’auras beau être le plus détestable possible je bougerais pas. »   vas-y Micha, crache ton venin, elle est immunisée depuis longtemps, depuis cette fois dans la salle de bain, quand y a eu cette sorte de fusion qu’était pas prévue, vos deux âmes en accord pour la première fois.  « Putain Micha il t’es arrivé quoi ? »  et ses doigts qui viennent chasser une mèche rebelle devant les yeux du jeune homme. Caresse subtile, délicate, comme un besoin de le toucher, encore, encore, rallumer quelque chose qui était encore dormant, dans leur poitrine à tous les deux, une béquille pour se soigner, essayer d’avancer. Et tant pis si les conséquences sont désastreuses.
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Michael Healy

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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyMar 22 Aoû - 18:40

Alors t’es plus con que ce que je pensais qu’elle balança d’un air désespéré et glacial. Michael se contenta d’un sourire insolent. On m’dit ça souvent. Ouais, si vous aviez un doute, Michael était toujours plus con qu’on le pensait. Ce n’était pas le jumeau intelligent, ce n’était pas non plus le gentil jumeau. Il était la plupart du temps insupportable. Et si ce trait de personnalité avait échappé à Anca jusqu’ici, ce n’était que parce que les dix autres fois où ils s’étaient croisés, la bière et le chagrin l’avait rendu amorphe. Aujourd’hui, il était sobre, surtout parce que l’alcool était interdit au sein de l’hôpital, aussi parce que pour la première fois depuis de long mois, il n’avait plus l’impression d’agoniser. Il pouvait respirer. Prendre une grande bouffée d’air frais entre deux brasses dans l’océan sombre du deuil qu’il refusait de faire. Aujourd’hui, ça allait. Et Anca, qui était revenue sur ses pas pour le sermonner dix ou quinze minutes de plus n’y était pas pour rien, faut bien l’avouer.

Pourtant, cette discussion n’avait rien d’agréable. Michael, intransigeant, comme il l’avait toujours été, ne comptait pas lui pardonner comme ça cette absence. Fallait qu’elle comprenne : elle n’avait pas le droit d’abandonner sur le bord de la route toutes les personnes que son copain ne pouvait pas encadrer. Fallait pas qu’elle fasse comme si elle n’avait pas eu le choix, car le choix on l’a toujours. Michael l’avait appris à ses dépends. Il aurait pu rester avec ses parents, subir leur fanatisme pendant encore un ou deux ans, et puis épouser une bonne chrétienne et acheter une belle maison à une dizaine de kilomètres de là. Il aurait vécu une vie plus calme, et il ne serait pas hanté par la mort d’une ex-petite-amie pickpocket rencontrée dans la rue, c’est sûr. Elle tenta de se justifier, par quelques mots murmurés d’une drôle de voix, si bas que Michael ne les entendit même pas distinctement. De toute façon, demandaient-ils vraiment une réponse ? Anca se chargea de balayer le sujet en un mouvement d’humeur, sous l’emprise d’émotions trop fortes pour elle. Fallait pas qu’elle s’attende à ce que Michael la réconforte, comprenne, et lui pardonne. Y avait pas plus con que Michael, comme elle venait de le dire : il était même plus con que ce qu’on imaginait.

Non on en serait pas là Elle avait dit ça avec une drôle de voix, une voix qui éclate à la fin, et les échos mélancoliques de ces mots suspects, elle les avaient avalé avec son air triste, qu’elle tentait malgré tout de camoufler. Michael la regardait, il la fixait même, détaillait les traits tirés de fatigue de son visage, ses cheveux mal peignés et ses yeux brillants de larmes. Il ne savait pas ce qu’il cherchait exactement, il s’était dit qu’il le saurait quand il tomberait dessus : sur l’indice qui était sensé faire prendre sens à tout ce qu’elle venait de dire. Mais rien, nada. Elle était forte pour dissimuler ses traces. Parle pas de ce que tu connais pas Micha De ce qu’il ne connaissait pas ? La nana soumise à son copain sans le moindre pouvoir de décision ? Sa mère. Le connard narcissique qu’on pense fragile et doux à l’intérieur mais qui se révèle être juste un connard narcissique ? Lui. Il ne connaissait que trop bien ce regard perdu, cette voix fragile et ces secrets. Pourquoi Anca supportait ça ? Il n’en savait rien pourtant, alors il demanda, avec tout le sérieux du monde : Explique alors. Elle ne dira rien bien sûr.

Les tensions retombèrent tout de même, moins lourdes. Quand leurs mains se touchèrent pour s’entremêler délicatement, c’était comme si les nuages chargés d’électricité avait été soufflé par une brise de paix. Et maintenant, quoi ? Je tiens à toi Michael Elle rectifia, appuya ses mots, pour qu’ils pénètrent la carapace de solitude qu’il avait forgé tout autour de lui. Ces mots qu’il désirait entendre, là, tout au fond de lui, même s’il ne serait jamais foutu de l’admettre. Car c’était aussi accepter qu’il n’y avait un truc entre deux, un truc plus grand, plus fort que ce qu’il n’était prêt à accepter. Peut-être que maintenant, ça serait possible ? Peut-être qu’après tout ça, il pourrait enfin envisager autre chose qu’un deuil permanent. Ces pensées lui tordaient toujours l’estomac, comme si quelqu’un était en train d’y plonger sa main pour le secouer de l’intérieur et lui filer une gerbe de lendemain de cuite. Il n’osa rien répondre bien sûr, et laissa la tête d’Anca se poser contre le matelas, délicate et hésitante. Putain je suis inquiète pour toi, je tiens à toi, je tiens à vous, vous me manquez affreusement, bien plus que tu ne peux le penser Sa gorge se noua et ses yeux devinrent incroyablement humides en l’espace d’une seconde. Un genre de réaction incontrôlable qu’il camoufla du mieux qu’il pu, en reniflant discrètement et inspirant profondément. Il n’était sans doute pas prêt à entendre tout ça, au final. Pas prêt à compter dans la vie de quelqu’un, autre que Junior bien sûr. Pas prêt à assumer des sentiments qu’il avait peur de comprendre, qu’il ne voulait même pas comprendre. Et sa main ne lâchait plus celle d’Anca désormais, et il se surprenait même à faire glisser son pouce sur la peau frèle de la brune. Quand elle remonta ses yeux, trop grands, trop intenses sur lui, il se sentit perforé par la sincérité de son regard. À ce moment-là, elle aurait pu dire n’importe quoi qu’il l’aurait cru. Même si c’était faux. Et ça l’était sûrement, faux. Je vais pas disparaitre Micha. Je vais pas disparaitre je te le promet. Je vais nulle part. Je bouge pas. T’auras beau être le plus détestable possible je bougerais pas. Il se mordit l’intérieur des joues, et une petite voix s’échappa de lui, dans un souffle fatigué : Qu’est-ce qu’on fait de ton copain ? Et soudain, y a un “on” qui existait. Cette question, aussi banale soit-elle, aussi justifiée soit-elle aussi eut l’effet d’une bombe. Car elle n’était pas banale. Michael venait de poser la question la plus intense qu’il avait posé depuis des mois, et des mois. Depuis combien de temps déjà ? Et son coeur partait en lambeaux, petit à petit, dans l’angoisse intense de la réponse qui tardait à venir. Il chercha des yeux Anca, il chercha sa sincérité soudain dévoilée, il cherchait à passer ce masque de doutes qu’elle portait soudain. D’où sortait ce “on” ? Répond Anca, répond vite, où j’ai l’impression que je vais mourir. Encore.

Elle se redressa furtivement, avança sa main jusqu’aux mèches de cheveux bouclés qui lui tombaient devant le visage. Il ferma les yeux par réflexe, aussi pour reprendre ses esprits. Quand elle demanda ce qui lui était arrivé, un sourire cassé s’installa discrètement dans un coin de son visage. C’était peut-être plus sage d’en rester là, plus sage de parler d’un sujet terriblement terre à terre : son accident. Il lâcha la main d’Anca, celle qu’il tenait encore et, en grimaçant il se redressa également dans si lit pour trouver une position plus confortable. La douleur lui déchirait le bide, mais ce n’était rien comparé à l’angoisse de ses propres pensées. Vite, on enchaîne : Je… j’en sais trop rien. Je m’en souviens pas tellement. Et pourtant, l’info cruciale était là, dans un coin cabossé de sa tête, juste en dessous une fracture du crâne. Je sais que j’rejoignais Junior et… d’un coup… En fait, il ne savait plus très bien ce qui lui était arrivé à lui, ou à Bee. Tout ça se mélangeait dans ses pensées, et c’était comme si ces deux scènes, ces deux accidents n’en avait été qu’un seul. La même douleur atroce qui vous arrache l’âme d’une poigne ferme. La même impression d’être dans un mauvais rêve. Michael regardait le vide, il secoua rapidement la tête pour se ramener à la réalité : Y a ce type… il a foncé droit sur moi avec sa bagnole. C’était… j’ai eu l’impression qu’il cherchait vraiment à me tuer. Une impression ou un fait ? Il n’en savait rien. Le reste, c’était le néant total, ou juste des flashs.
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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyMer 6 Sep - 12:43

On m’dit ça souvent. « Je n’en doute pas » rire sans joie, elle secoue la tête. Michael ça a toujours été le méchant jumeau, celui trop sombre, celui qu’on aime pas. Celui qui pourtant a grandi comme une mauvaise herbe dans son cœur, celui qu’elle arrive pas à effacer et l’impression d’avoir trouvé quelqu’un qui comprend vraiment. Ou presque. Comme maintenant où il ferme les yeux, refuse de voir, de regarder, d’accepter. Parce qu’il a ce côté poison Micha, les mots amers, les mots acides, les mots justes. Putain de justes. Et le regard bleu glace qui lui donnerait presque envie de crever pour ne pas avoir à l’affronter. Ou alors s’y plonger définitivement et mourir congelée dans ses pupilles.
Alors elle se défend Anca, du mieux qu’elle peut, c’est-à-dire pas vraiment. Les mots qui se heurtent à ceux de Michael, au mur qu’il dresse mais elle ne fléchit pas. Elle continue Anca. Laisse sa voix se briser quand il l’accuse et qu’elle réfute. Tu sais pas. Pourtant au fond de son cœur elle sait qu’il y voit clair dans tout ça. Elle sent encore les cicatrices sous la pulpe de ses doigts, le dos martelé, constellations de grains de beautés et de lignes blanches incrustées. Explique alors. Ce qu’elle en crèverait putain. De lui expliquer. De lui raconter. Que ça la bouffe de l’intérieure. Il comprendrait surement plus que les autres, même si évidemment il n’en dirait rien. C’est Michael, ne nous voilons pas la face. Mais surement qu’il comprendrait déjà bien plus certaines choses. Elle hésite presque. Presque. « T’as été amoureux une fois Micha. Tu devrais savoir » qu’elle finit cependant par souffler. C’est bas. Terriblement bas. Et elle s’en veut immédiatement de ramener Bee sur le tapis. Mais elle ne sait pas comme se dépêtrer de ce bordel de sentiments.

Finalement elle baisse les armes Anca, arrête de jouer ce qu’elle n’est pas. Comment continuer à mentir quand elle regarde Michael, son visage couvert d’ecchymoses et les os brisés de son corps. Elle ne peut juste pas. Elle ne peut juste plus. Et si demain il disparaissait hein ? Et si demain y avait plus personne et tout ce qui reste seront ses mensonges à elle ? Je tiens à toi Michael. Et c’est vrai. Terriblement vrai. Rencontre stupide dans un foyer pour anciens détenus, sdf alcoolique qui insulte plus qu’il ne parle, et pourtant elle y tient tellement. Ca lui saute à la figure d’un coup quand elle compte les blessures, quand elle compte les fractures. L’absence. Alors elle avoue. Main dans la main, la sensation de la caresse du pouce de Michael sur sa peau. Il ne la lache pas. Il ne la repousse pas. Il ne l’ignore pas. Qu’est-ce qu’on fait de ton copain ? On. ca claque, ça résonne. On. Lui et elle, tous les deux. Ca la prend à la gorge, la panique d’un instant, quand elle repense à la colère de Jemmy, à son regard, à la douleur. Puis elle dévisage Michael et ça s’en va. Ca disparait. On trouvera quelque chose qu’elle pourrait presque répondre. « T’en fais pas pour ça, on a parlé il a avoué être excessif » c’est faux. Tellement faux. Terriblement faux. Mais là tout de suite elle ne veut pas y penser, elle veut être égoïste, mentir pour garder Michael avec elle. « On a pas besoin de s’en faire » qu’elle finit par murmurer tout bas avant de porter la main de Michael à ses lèvres, léger baiser qu’elle dépose, comme si ça pouvait effacer le mal. Là tout de suite elle ne veut plus penser à Jemmy, elle veut juste essayer de réparer les débris d’une relation bousillée.

Finalement elle ose enfin poser la question sur les raisons de son état. Michael se redresse difficilement et Anca se lève pour essayer de l’aider, trouver une position confortable, faire quoi que ce soit pour soulager la douleur. Pas vraiment efficace malheureusement, elle n’est pas faite de morphine et son contact n’anesthésie rien. Mais elle essaye. Je… j’en sais trop rien. Je m’en souviens pas tellement. Le choc, normal. Anca se laisse tomber sur le siège, les yeux rivés sur Michael.Je sais que j’rejoignais Junior et… d’un coup… Il se perd dans ses pensées, dérive et Anca n’arrive pas à le rattraper. Sans doute qu’il revit la scène, l’impact. : Y a ce type… il a foncé droit sur moi avec sa bagnole. C’était… j’ai eu l’impression qu’il cherchait vraiment à me tuer. « oh Micha… » et la scène qu’elle imagine, elle fait le lien avec Bee, son accident, leurs accidents. De nouveau elle vient chercher sa main, comme pour essayer de lui montrer qu’elle est toujours là, qu’il est bien avec elle et pas dans des souvenirs atroces. « Je suis tellement désolée » désolé que ça te sois arrivé à toi, désolé que tu ai du subir ça. Et dans sa tête ça tourne en boucle, comme une psychose : j’ai eu l’impression qu’il cherchait vraiment à me tuer. Et les menaces de Jemmy qui reviennent par-dessus, comme un néon au milieu de la nuit. C’est impossible pas vrai ? « Ils n’ont pas de nouvelles du chauffard qui a fait ça ? Tu sais si la police s’occupe de l’affaire ? » sans doute que non. Y a pas plus inefficace que la police de Savannah. Doucement Anca vient poser sa main le long de la joue de Michael, repousser une mèche folle devant ses yeux, comme une mère, comme une sœur, comme une amie, comme une amante. Un peu de tout mélangé, et le cœur qui fait trop mal. « Personne te tueras ici. Promis juré » même si ce n’est pas de son ressort, elle veut quand même essayer de le rassurer. « T’es un survivant Michael, il en faut plus pour te mettre hors circuit pas vrai ? » petit rire elle rompt le contact avant de se lever pour observer la chambre, les souvenirs qui remontent en même temps. « Si je peux faire quoi que ce soit, dis moi. Je connais bien l’endroit mine de rien, les ficelles, tout ça. Puis j’ai des contacts, si tu préfères de la jelly rouge à la jelly jaune… » clin d’œil amusé, elle essaye de redonner à l’ambiance un brin de joie, juste un peu, pour montrer que ce n’est pas terminé. Surtout pas.
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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptyMer 27 Sep - 11:58

T’as été amoureux une fois Micha. Tu devrais savoir. Le coup était terrible a accusé. Michael et ses réponses cyniques se retrouvèrent muets devant cette affirmation. Un simple sourire brisé fendit son visage et traça un arc sur sa joue. Il baissa les yeux, incapable de regarder Anca dans les yeux. Il n’avait pas été amoureux, une fois. Il a été amoureux tous les jours de sa vie jusqu’à aujourd’hui, il serait toujours amoureux demain et jusqu’à ce que la mort l’emporte. Il était tellement amoureux que ça brûlait au fond de son coeur. Il aurait aimé lui répondre que ça n’avait rien à voir, qu’elle ne pourrait jamais comparer son histoire à la sienne, que Bee était morte et qu’elle ne reviendrait jamais. Mais il était muet, vraiment. C’était en fait la première fois qu’on lui parlait de Bee dans ce sens là. Sans compter Junior bien sûr. Personne ne parlait jamais d’elle, principalement parce que tout le monde était persuadé qu’il ne pouvait pas encaisser, qu’il péterait littéralement un boulon si on mentionnait leur histoire avortée, aussi parce qu’il n’avait pas beaucoup d’amis, pas assez pour s’intéresser à lui, ses sentiments, son deuil trop longtemps porté maintenant. Boo était encore la seule avec qui le sujet de Bee venait sur le tapis mais ça ne comptait pas, elle ne savait rien. Anca avait réussi son coup. Il n'insistera pas. Il aurait trop peur qu’elle ne sorte une autre allusion du genre. Ses yeux, humides dès la seconde où Bee était arrivée dans la conversation, évitaient à tout prix la brune. Jusqu’à ce que le silence se soit étiré assez longtemps pour que le sujet change de lui-même.

Leurs doigts se sont entremêlés, et le contact était si doux que Michael ne pensa même pas à la repousser, en fait il absordait toute la tendresse qu’Anca avait à distribuer comme une sorte d’énergie vitale qui l’empêcherait de faire une autre hémorragie interne, une qui vient du coeur. Il ne s’était aperçu que trop tard que les gestes d’affection, il ne les acceptait que d’elle. Parce qu’il y avait un côté tragique à cette… amitié ? qui les liait tous les deux. Une tragédie terriblement sincère, honnête, sans faux semblant. Alors il s’y risqua, presque sans réfléchir, à poser cette question qui ne lui ressemblait même pas. Qu’est-ce on fait Anca ? Et il se rendit compte que ces mots, aussi difficiles qu’ils furent à prononcer, étaient tout aussi durs à appréhender. Il se rendit compte qu’ils ont éclaté dans le corps d’Anca comme des millions d’étoiles, effervescentes. Sans savoir s’ils la blessaient ou avait ce côté rassurant. Enfin, il faisait un pas de son côté. Enfin, il était capable de parler. Quand enfin leurs regards s’entrechoquèrent à nouveau, y a eu comme un grand soulagement. Ils avaient cette capacité à se fondre l’un dans l’autre avec une vitesse folle. Sans se poser de questions et malgré tout ce que Michael avait pu faire par le passé pour la repousser, pour nier. L’évidence était là, aussi claire que ses yeux azur, aussi puissante que les pupilles noisettes de la brune. Ce regard-là, pour lequel les hommes pourraient se damner, balayait tout. Et y a eu quelques secondes de flottement. Quelques secondes où Michael ne savait plus ce qu’il avait dit, ne se doutait pas de ce qui allait suivre. Un moment où, comme à leur habitude, ils se rejoignaient, chacun dans leur bulle de tristesse qui finissait par éclater au contact l’une de l’autre, juste pour leur permettre de reprendre une bouffée d’air avant de replonger. T’en fais pas pour ça, on a parlé il a avoué être excessif. Bizarrement la pilule avait du mal à passer. C’est pas ce que je voulais dire. criait son âme. Mais ses lèvres restaient scellées. Si sa main s’échappa de celle d’Anca par réflexe, il se força à continuer à la regarder, avec l’air le plus naturel qu’il soit. Qu’est-ce qu’il avait voulu dire, d’ailleurs ? hein ? Mais rien, le vide complet. Il chassa toutes ces pensées qui commençaient à envahir son esprit. Le niveau montait dangereusement, bientôt il se noierait. Il se noierait dans quelque chose dont il ne comprenait ni le début, ni la fin. Quelque chose qu’il n’était pas encore prêt à affronter. Qu’il ne serait sans doute jamais prêt à affronter. Alors pourquoi sa gorge était aussi nouée ? Pourquoi son coeur s’était mis à battre plus vite, pourquoi les bip se rapprochaient sur le moniteur ? On a pas besoin de s’en faire. Qu’elle ajoute, tellement naturellement qu’elle n’a même pas eu l’air de se poser la moindre question. Un sourire statique et incroyablement faux siégeait toujour sur le visage tuméfié de Michael. Il avait la terrible impression de se décomposer sans même savoir pourquoi. Sans vouloir savoir pourquoi en fait. Merci Anca. Merci. Parce que ça aurait été une énorme connerie de penser à quoi que ce soit d’autres. La plus stupide des erreurs. Il pensait si fort qu’il était presque sûr qu’elle l’avait entendu, là, par ses yeux qui ne savaient même plus où regarder. Elle avait désamorcé la bombe sans même s’en rendre compte. Alors Michael prit sur lui pour rassembler les éclats de ses sentiments, et il répondit, presque naturellement, avec une voix presque convaincante : Cool. Tant mieux. C’est… bien. Bien, oui. C’est mieux comme ça. Vraiment mieux.

Il eut à peine le temps de reprendre son souffle quand Anca enchaîna sur ce qui lui était arrivé, et y avait comme quelque chose dans l’air qui ne présageait rien de bon. Dès qu’il se mit à parler, elle se laissa lourdement tomber sur le siège à côté, comme abattu par la nouvelle. Chacun se perdait dans ses pensées, et quand Michael réussit à se sortir des siennes, il tomba avec le regard vitreux d’Anca, comme si elle aussi revivait la scène et se repassait des images dans sa tête. Il fronça légèrement les sourcils. oh Micha… Je suis tellement désolée. Qu’elle lâcha. C’était comme si sa douleur était la sienne également. Et sans même réfléchir, alors qu’Anca prenait à nouveau sa main dans la sienne et que le contact était douloureux, il lâcha : T’y es pour rien. Il laissa sa phrase en suspend quelques secondes avant d’ajouter : Pas vrai ? Il n’avait même pas pensé aux sous entendus qui s’étaient glissés dans ces mots. Il tâtonnait sur cette histoire, mais il n’avait aucune certitude. Juste une sale impression. Elle enchaîna rapidement sur la police, l’enquête qui serait peut-être ouverte. L’enquête qui ne mènerait à rien. Il suffit d’un regard de Michael pour qu’elle comprenne qu’il n’avait pas plus d’info et qu’il n’en aurait sans doute pas. On ne s’intéresse pas au sort d’un semi-sdf renversé par une voiture sans plaque. Comme tout le monde s’était désintéressé de la mort de Bee, de “Jane Doe” qui était arrivée et morte dans la même nuit à l’hôpital. Cette sans papier, que personne n’a réclamé. Même pas Michael. Les flics n’ont rien pu dire, ni faire, il n’y a eu qu’un petit encart d’une centaines de mots dans le journal local. Michael avait découpé le papier à l’époque et l’avait collé dans son carnet. Une fille sans identité a été renversé sur Baker Street ce mardi. Ça commençait comme ça, il n’avait jamais eu la force de lire la suite. Il sortit de ses souvenirs embrumés grâce à la main d’Anca sur son visage, il ferma les yeux à son contact, ça faisait encore mal. Pourquoi ça faisait mal putain ? Il inspira profondément, ses côtes aussi faisaient mal.Personne te tueras ici. Promis juré. Qu’elle tenta de rassurer. T’en sais rien. Insista-t-il. Elle ne pouvait pas le promettre, n’est-ce pas ? Et alors que son cerveau tournait à vive allure malgré les analgésiques, elle lui assurait qu’il survivrait. Car c’était ce qu’il savait le mieux faire : survivre. C’était ça d’ailleurs, leur grand point commun. Ils survivaient malgré tout, malgré l’envie ardente de crever au fond de votre bide, malgré le poids qu’il traînaient derrière eux. Ils avançaient. Michael était encore ici. C’est pour Junior que je m’inquiète. Car on ne peut pas vouloir le tuer sans en vouloir à Junior aussi. C’était comme ça. Ca et cette histoire de papiers, de frais médicaux, de tout ce que son frère avait encore à assumer et dont il refusait de parler. Et peut-être que dans le fond, glisser ça dans la conversation n’était pas innocent. Junior aussi avait besoin d’Anca, là, maintenant.

Si je peux faire quoi que ce soit, dis moi. Je connais bien l’endroit mine de rien, les ficelles, tout ça. Puis j’ai des contacts, si tu préfères de la jelly rouge à la jelly jaune… Il laissa échappé un petit hoquet de rire qui lui arracha une grimace. Triste constat, n’est-ce pas ? Anca à la tête de la mafia des jelly d’hôpital, et lui victime du même accident qui avait tué sa copine. Il attrapa la main de la brune, celle qui caressait encore son visage, il l’enveloppa de ses doigts et la posa contre sa poitrine. Là il tourna sa tête vers elle, presque apaisé, au clair avec sa conscience, avec cette décision qu’il s’apprêtait à annoncer, calmement : Non, ça va. Y a rien que tu puisses faire Anca. Parce que c’était mieux comme ça. Et il était clair qu’il ne parlait pas de jelly, de télécommande d’hôpital, ou de coussins plus moelleux. Il ne lâcha pas sa main immédiatement, cela dit, profitant une seconde de cette bulle qui les gardaient tous les deux, avant qu’elle n’explose et que chacun s’enferme dans la sienne.
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Anca Popescu

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MessageSujet: Re: T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael)   T'es pas tout seul en manque de secour (Ancael) EmptySam 7 Oct - 23:21

Elle voudrait. Elle voudrait Anca. Elle voudrait tellement, tout, dévorer le temps et s’isoler complètement. Arrêter l’horloge, arrêter la vie, arrêter le cours de tout, respirer un peu, guérire du bout des doigts les blessures de Michael, le prendre dans ses bras, s’évader loin. Trop de choses qui se bousculent dans son crâne, comme une tempête sans répit quand elle dévisage le blond, la gueule cassée et le corps fracturé. Cool. Tant mieux. C’est… bien. Non c’est faux surtout. Y a rien de cool, rien de tant mieux, de bien. Désolé Michael mais Anca n’est pas aussi pure qu’on le lui accorde, elle a les mots qui se déforment quand elle les prononce, ment un peu plus chaque jour pour continuer à vivre. Elle se persuade pourtant que c’est nécessaire, que de voir le soulagement – même feint – sur le visage de Michael est plus important que les points de karma qu’elle perd en disant cela. Tant pis, le karma il ne l’aime déjà pas, alors pourquoi continuer ?
Vite elle enchaine Anca, les paroles, les mots comme pour cacher les faits, enterrer le mensonge comme un cadavre qu’on ne retrouvera jamais. A la place elle demande, apprend, subit. T’y es pour rien. peut être que si. Pas vrai ?  « Non…Bien sur mais quand même… »  Peut être que si c’est de sa faute, peut être que si elle ne s’était pas trompé de numéro, peut être que si elle n’était tout simplement pas allé à cette soirée… Peut être encore et toujours, une montagne de supposition et juste une réalité qui se déroule. Elle a les larmes qui veulent sortir, dévaler le long de ses joues. Mais elle se promet d’être forte, d’arrêter de jouer les sensibles. Elle essaye de rassurer du mieux comme elle peut Michael, lui promettant que le fou en voiture ne l’aurait pas ici. Promis juré. T’en sais rien. Si elle sait. Parce que lorsqu’elle se donne une tâche, une mission, y a pas plus acharnée qu’elle. Il devrait le savoir, et le souvenir du gâteau lancé contre le mur lors d’une de leurs nombreuses altercations.  « Promis Micha. Personne. »   Personne. Elle y veillera au grain.
C’est pour Junior que je m’inquiète. Bien sur que c’est Junior qui l’inquiète. Sans doute qu’elle serait dans le même état si c’était elle qui était à sa place, allongé sur ce lit. Ils sont pareil aussi là-dessus, à s’inquiéter trop fort pour ceux qui partagent leur propre sang.  « Je vais le surveiller »  qu’elle murmure tout bas, d’une toute petite voix. Parce qu’elle sait que ça sera dur. Terriblement dur.   « J’vous doit bien ça »   à toi et à Junior, à ce duo qui a mis un peu de lumière dans sa vie, qui lui a insufflé de l’espoir. Elle est prête à gravir la montagne qui la sépare de Junior, demander pardon à genoux, d’avoir été aussi mauvaise quand il en avait vraiment besoin.

Elle se laisse retomber finalement, le cœur qui se calme un peu en même temps que celui de Michael, peut être même qu’elle s’autorise à sourire un peu, à rigoler, plaisanter. Promis Michael, elle bougera pas. Il rigole aussi, comme un écho, c’est pitoyable tous les deux, cassés, qui n’arrivent qu’à hoqueter. Mais c’est déjà beaucoup trop, et quand il attrape sa main pour la serrer dans la sienne, elle se laisse faire, ne détourne pas les yeux. Elle les a détourné trop de fois. Plus jamais. Non, ça va. Y a rien que tu puisses faire Anca. Dans une autre situation ça lui aurait fait mal. Là elle se contente d’accepter, hoche doucement la tête pour lui faire comprendre qu’elle l’ a entendu. Elle reste là Anca, main dans la main avec Michael, profitant de sa chaleur, de sa présence une dernière fois. Puis quand le temps se fait long, elle se redresse, détachant en dernier ses doigts de ceux de Michael, presque récalcitrante à l’idée de se retrouver de nouveau seule. Et de le laisser là.  « Je dois y aller… »   Elle est déjà trop en retard, surement que sa mère se demande où elle est, surement aussi que les autres doivent se demander ce qu’elle fait. Elle est ponctuelle pourtant Anca. Mais y a Micha qui vient tout bouleverser, encore une fois.  « Je reviendrais, si tu veux bien de moi »   léger sourire elle se dirige vers la porte, le dévisage une dernière fois.  « Ca va aller Michael. Ca va aller, on va y arriver »   toi et moi contre le monde entier.
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