✧ nightmare la vie ça tient à rien. un jour tout va bien, le lendemain elle s'écroule. c'était un vendredi matin, juste avant le week end. coup de téléphone glaçant qui sonnait la fin. maman n'a rien dit, elle a juste pleuré mais, ryan a tout compris. ça faisait longtemps qu'il attendait, il espérait juste que ça n'arriverait jamais. çaà fait les gros titres pendant des semaines parce que y'avait rien d'autre de plus intéressant à raconter qu'un flic s'était fait descendre en service. le pire, c'est que le dealer a jamais été retrouvé. il a continué à vivre sa minable vie dans son ghetto pourri en laissant derrière lui veuve et orphelins dans la peine et l'oubli.
✧ this is the end c'était pas la vie de château mais, c'était mieux. c'était mieux que quand il est parti. tout d'un coup le monde s'est obscurcit, y'a tout qui est devenu plus dur, plus froid, plus insurmontable. un flic ça paye, puis ça traine la fierté derrière soit. mais, l'argent et l'honneur sont morts avec papa. y'a quelques collègues qui venaient encore pour aider maman, puis un jour, plus rien. y'a fallu laisser cette vie pour la misère parce que maman n'arrivait plus à rien. la maison s'est transformée en vieil appartement crasseux avec juste à peine de pièce pour que les trois ne se marchent pas dessus. maman a perdu son boulot et gagnée une dépression. ryan n'a rien gagné, il a juste perdu l'espoir.
✧ trouble espoir envolé mais, haine grandissante. ryan s'est perdu. ryan s'est noyé. dans la peine, dans la colère, il s'est réfugié. y'a quelque chose qui s'est brisé quelque part et le doute s'est ramené sans pitié. il est resté prostré longtemps à imaginer la meilleure façon rendre justice à son géniteur sans rien laisser le troubler. sauf, ces discours foireux d'adultes dressant le portrait type de la criminalité. seul coupable : l'étranger à la peau bronzée, aux origines trop éloignées. parasite sanguinaire qui n'a pas d'autre but que de se nourrir sur le dos d'honnêtes citoyens en vivant dans l'ombre. ryan n'y comprenait rien mais, pourtant il y a cru. conviction venimeuse qui colle à la peau et souille toute raison.
✧ no futur quatorze ans. quinze ans. seize ans. les années ont filées. d'extérieur rien n'a changé mais, à l'intérieur tout s'est métamorphosé. c'était pas le genre de gamin à problèmes, il avait même tout pour réussir. l'envie d'apprendre, le besoin de savoir. il était pas con, ryan, il a juste oublié de ne pas être naïf. quand la rage est là, elle ne lâche pas. installée en maître dans le royaume désolé de son âme, elle a terminé de tout ravager. il a abandonné les bancs de l'école pour ceux de la rue. il a tourné le dos à ses camarades pour attraper la main à ces gamins perdus. ceux qui comme lui avaient besoin de trainer dans l'ombre pour conjurer le mal qui les rongeait. les bonnes notes qu'il ne ramenait plus à la maison se sont transformés en délits. quand les privations, les punitions n'ont plus suffi, c'était le tour des centres de détention. il les a tous fait, un par un pour avoir collectionnés un nombre effrayant de conneries. mais, il n'y avait qu'une voix qui aurait pu le sauver. celle de maman qui n'a jamais osé.
✧ siblings un père s'en est allé mais, des frères sont arrivés. frères d'armes, frères d'âme. les mêmes douleurs, les mêmes angoisses, les mêmes rancoeurs. à l'unisson pour hurler leur colère, frapper de leur hargne, ils ont détruit ce qu'il restait d'eux. la vengeance comme seul crédo, à vouloir faire payer le prix au monde entier pour ces injustices qui leur avaient tout pris. y'a une part de peine qui s'est envolée dans leurs sillons, y'a des sourires qui ont revu le jour. ça ne serait plus comme avant mais, ça comblait
un peu le vide de l'absence. ryan a tout fait avec eux. il a tout vu, tout vécu. du pire au meilleur, ils se sont damné ensemble.
✧ oi! cri de guerre qui ne voulait rien dire. c'était juste une promesse un peu foireuse, trop difficile à saisir. sous des ponts trop sombres, dans des entrepôts trop crasseux. ça sentait toujours le cuir, la bière, la transpiration, le cul et surtout la désolation. mais, dans cette coalition bancale, y'avait quelque chose de curieux, peut-être même d'un peu rassurant. c'était surtout l'adrénaline des sorties en bandes, l'exaltation des discours qui parvenaient enfin à mettre des mots censés sur ce qu'on avait jamais osé prononcer. si certain n'étaient là que pour le vivre de loin, d'autres y croyaient dur comme fer. noyau imprécis de
skinheads qui vendaient du rêve aux plus naïfs. nuée de corbeaux qui volaient sur la ville comme sur leur propre royaume. il n'y avait rien pour les arrêter, si bien que ryan a fini par s'en persuader. du garçon discret au coeur du groupe, il est devenu le petit prodige qui n'avait bientôt plus rien à prouver. dix-sept ans à peine. crâne rasé, rangers aux pieds avec ses idéaux bien encrés.
✧ bad guideline si aujourd'hui sa philosophie de vie rime trop foireusement et plus que jamais avec un discours tout droit sorti d'une réunion de nazis à peine civilisés, il assume. il assume haut et fort. fièrement et sans hésitation. il assume ces idéaux qui viennent à remettre les causes de la misère de son cher pays sur le dos du mélange des cultures.
parce qu'il faut bien un coupable. de ces jobs où il ne reste pas longtemps parce qu'il a osé trop en dire. de ces amitiés brumeuses qui lui tournent le dos parce qu'il a oublié de se taire. il fait souvent tâche avec le combat qu'il mène mais, jamais ne renonce. il en a la conviction et n'aura jamais de cesse de le hurler à chaque nouvelle journée. peut-être qu'on ne lui a simplement jamais fait voir les choses autrement. peut-être qu'il n'en a jamais eu envie non plus.
✧ shity war les extrêmes, ça n'apporte jamais rien de bon. ça pouvait pas durer indéfiniment. l'immunité se gagne jamais en semant le chaos autour de soit. pourtant, ils y croyaient.
tous. ryan surtout. dans l'enthousiasme débordant de voir leur venin raciste se déverser comme une parole sainte, ils ont oublié de se méfier. ils y avait eux, s'imaginant au-dessus de tout, puis il y avait l'ennemi se déployant dans l'ombre sans jamais se laisser voir venir. la même organisation, la même ambition mais, pas le même combat. eux revendiquant cette chère liberté que l'on voulait absolument leur enlever. les opprimés ont voulu se faire entendre et c'est là qu'elle a commencée. la guerre de l'ombre. vulgaire jeux d'échecs vivant.
blancs contre noirs. à ceux qui gagneraient le plus. à ceux qui perdraient le plus, surtout. parce que y'a jamais vraiment eu de gagnants dans tout ça mais ça, personne ne l'a jamais compris.
✧ death blow c'était un soir comme les autres, entre alcool et adrénaline. entre rage aveugle et vengeance absurde. c'était juste un pauvre gosse comme lui dont la première erreur a été de naître avec les mauvais gènes. la
mauvaise couleur. dont la dernière erreur a été de réveiller les mauvaises rancoeurs. c'était un soir comme les autres, au vent glacial, au crépuscule humide. au gout du sang, au son des os qui se brisent. mélodie morbide d'une fatale erreur. c'était juste un pauvre gosse dont le souffle s'est tu trop facilement contre le bitume. dont les plaintes se sont tus trop simplement sous les semelles conduites par l'amertume. les regrets d'après n'y ont rien changé. à se croire invulnérable, ryan a oublié que les autres ne l'étaient pas. et, tout d'un coup l'histoire a changée. elle est devenue plus sombre, sérieuse, plus grave. irréversible. irrattrapable. impardonnable.
✧ lost boy si ce n'est pas les regrets qui forcent à tout plaquer, c'est la peur. la peur de la justice. la peur de la vengeance. parce que des regrets, il n'en a jamais eu. mais, un loup en cage finira toujours par y laisser son dernier souffle. la liberté, c'est tout ce à quoi il aspirait. comme ses frères d'armes qui se sont faits traîtres pour ne pas la perdre. la meute s'est évaporée et le loup solitaire s'est envolé. fantôme oublié, il a tout laissé derrière lui sans un regard, sans aucun remords. il a disparu avant que ses démons ne le rattrapent pour réclamer justice, avant que ses paires ne le trahissent. avant que ses erreurs ne bousculent maman ou sa soeur. il a tracé tout droit vers l'horizon du sud jusqu'à ce que la skyline d'atlanta disparaisse derrière les côtes de savannah. pour commencer une autre vie, toujours aussi sombre, toujours aussi pourrie mais, sans les murmures suppliciés de ses bavures, de ses peines.
✧ strict life nouvelle ville mais, pas nouvelle vie. les habitudes collent à la peau et ne se défont jamais. de ce passé, il en garde presque tout. du souvenir rude de papa à l'éducation bien ciselée. toujours bien propre, toujours au carré. de ces séjours en centres à l'organisation bien travaillée. discipline militaire où langage et apparences vont de paire. de ces années d'enrôlement en justicier du mal où rien ne doit être laissé au hasard. crâne rasé et rangers toujours bien cirées. ryan a toujours l'air de revenir à peine de son service militaire avec sa maniaquerie maladive mais, les préjugés, il s'en fout. sa dégaine tirée à quatre épingles, son indispensable salut au drapeau tous les matins, ses rendez-vous religieux rituels rythmeront toujours sa vie. c'est pour ne pas oublier d'où il vient, tout ce qui l'a construit.
✧ scars propret mais, abîmé. le sourire fendu par une canine qui manque à l’appel et dont l’absence se souligne par le chrome brillant d’une couronne de remplacement. la peau zébrée par ces combats des rues dont il ne s’est jamais lassé. il a le prix de son combat incrusté dans la peau. ses souvenirs de guerre dont il ne cesse de se vanter car si sa chair a imprimée les souvenirs dolents de sa rage, sa mémoire lui rappelle qu’il l’a toujours rendu au centuple. ses cicatrices font toujours écho aux plaies béantes des autres.
✧ drink, fight, fuck credo foireux auquel il a succombé il y a bien trop longtemps pour être capable d'y renoncer. au milieu des cohortes aliénées de ses frères
skins il a appris à prêter allégeance à la vicieuse blonde bullée des pintes de bière. aussi addictive que sa jumelle
baston mais, pas autant que la triplette
baise. ces trois-là vont toujours de paire et ne le quittent jamais. partout, tout le temps, il cherche vicieusement à s'entourer des trois. le mieux, c'est encore quand l'ainée et la cadette de ce trio infernal viennent conclurent ses flirts malsains avec la benjamine.
✧ draw me read me. parce que si ryan cause pas souvent, qu’il s'épanche rarement, il a tous ses secrets gravés à l'encre sur sa peau abîmée. des rêves qu'on a perdus, des souvenirs qu'on ne reverra plus, des angoisses qu'on a trop vécus. y'a tout de gravé dans sa chair. y'a tout qu'on peut voir sans comprendre. ryan, il se lit comme un livre ouvert. des énigmes irrésolues, des esquisses incongrues. y'a ses peines et ses joies qui se rassemblent dans un puzzle qu'il porte sur soi. mais, même s'il laisse volontiers tout deviner, y'a que sa conscience qui sait encore ce que les motifs veulent bien cacher.
✧ nowhere quand ses maîtresses des trois
B ne sont plus de la partie, il se prend des fois l’envie de voyager. comme ça, sans vraiment savoir où aller. le cul vissé au fond d’un bus ou d’un train, il laisse le hasard décider de son trajet sans rien savoir de la destination. même si sa route le conduit jusqu’à nulle part, il s’y laisse toujours porter les yeux fermés. pour voir un peu du pays, dépasser les frontières, suivre d’autres aventures. éphémères voyages, parce qu’il revient toujours. mais, juste pour quelques heures, quelques jours, il oublie tout avant de renouer avec ce qu’il se surprend parfois à vouloir échapper.
✧ death note il y a toujours ce petit carnet qui traine quelque part. dans les fonds de poches, sous l'oreiller, sous un meuble bancal à l'empêcher de vaciller. les pages jaunies, cornées, déchirées. les fragrances amères de tabac froid aux embruns de bière desséchés par la vie. tout y est écrit. de ces vengeances qu'il n'a pas encore eu le temps de satisfaire, à ceux qui en ont déjà payé le prix. il y a aussi ces angoisses que l'on pense achever entre la pointe du stylo et le grain du papier. ces cauchemars que l'on a trop fait et que l'on préfère voir disparaître entre les feuilles de papiers.
✧ mindfuck complexité dérangeante, contradiction affolante. c'est vrai qu'il est difficilement cernable. du genre
cinglé pour la faire courte. il en joue, plus souvent que rarement. dans le fond, il déraille pas tant que ça mais, y'a que peu de gens qui le savent. c'est juste le prétexte parfait pour tout oser, pour tout tenter. c'est juste une façon comme une autre de fermer les yeux sur la réalité. c'est surtout une armure d'inconstance qui lui évite d'avoir à se justifier, qui parfois même l'aide à se faire excuser. ça fait fuir les plus frileux. ça met au défi les plus courageux. et, même si parfois ça devient usant de jouer les détraqués, y'a que comme ça qu'il se sent vraiment en sécurité.
✧ british dream y'a ce rêve un peu fou qui traine dans les recoins étriqués de son cerveau. celui de partir de l'autre côté de l'océan pour fouler les terres britanniques. juste comme ça, pour essayer. peut-être retrouver un vieux cousin au crâne rasé. goûter leur bière dont on lui a fait tant de fois rêver. se payer une paire de docs made in l'angleterre. ou juste pour voir comment ça se passe de l'autre côté. faire ce voyage désiré qu'il n'a jamais osé. mais, si le rêve est là, les moyens manquent. alors, parfois il met quelques billets de côté pour s'en rapprocher, jusqu'à ce que la faim ou la soif finissent par le rattraper.
✧ punk is dead c'est maladif, presque phobique. si les apparences laissent parfois penser qu'ils sont faits de la même espèce d'individus dérangés, il a pourtant une sainte horreur d'être rabaissé au même rang. les
punks sont fait de cette essence crasseuse qu'il méprise. déchets sociétales qu'il se sent obligé d'écraser chaque fois qu'il en croise un. un conseil, ne jamais l'y associer.
✧ p.s : i love you ça fait quatre ans qu'il a laissé sa soeur et maman. quatre ans qu'il ne les a pas revus. parce qu'il ose pas y retourner. par qu'il ose pas aller voir ce que son départ a provoqué. mais, tous les mois il envoie cette lettre accompagnée de quelques billets. pour les aider et aussi leur parler. leur dire comme il va bien, que même à savannah tout est bien. maman n'y répond jamais. probablement parce qu'elle ne lui pardonnera jamais non plus. mais, parfois le téléphone sonne quand même pour faire entendre la petite voix fluette de cette soeur oubliée. quelques petits mots qui se rassurent, se sourient, se disent à la prochaine. et, tous les mois c'est la même. mais, les visages se sont effacés dans les souvenirs bien encrés, il n'y a que ces mots maladroits pour lui rappeler ce qu'il a délaissé sans jamais l'avoir vraiment oublié.