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 Police on my back ▲ Ft. Asher

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MessageSujet: Police on my back ▲ Ft. Asher   Police on my back ▲ Ft. Asher EmptyLun 22 Mai - 4:28



Police on my back
Asher & Ariel
 

L’obscurité est devenue si dense que je ne vois même pas où je pose les pieds et je déteste ça. Dans le noir, il est nécessaire de se repérer aux sons alentours pour être prévenu du danger. Or je ne peux plus me baser sur mon ouïe, je suis livré à moi-même lorsque je suis dans le noir. Privé de deux sens, je sens la peur qui pulse contre mes tempes et je dois respirer profondément pour garder mon sang froid. Mes doigts se crispent sur mon sac alors que je traverse le salon jusqu’à la baie vitrée que j’ai laissé entrouverte. D’ordinaire, j’évite un maximum d’en arriver au cambriolage. C’est ma solution de dernière nécessité, quand le reste n’est plus suffisant. Mais on m’a volé la drogue que je devais vendre après m'avoir passé à tabac, alors non seulement cela ne m’a rien rapporté, mais je dois également rembourser ce que j’ai perdu. Et ce n’est pas quelques petits vols ou faire la manche qui pourra m’aider cette fois. Pour être honnête, même ce cambriolage ne suffira pas, les petits objets de valeur sont trop rares pour que je m’en contente. D’habitude, cela m’aurait permis de me faire plaisir ou d’acheter quelque chose de spécial, mais pas cette fois. En étant endetté auprès de Peter, j’ai sérieusement compliqué ma situation. Je vais devoir prendre plus de risques si je veux rester chez les Lost boys, si je veux pouvoir manger tous les jours. Parce que je sais que Peter n’aura aucune pitié, il l’a déjà montré en ignorant toutes les galères dans lesquelles je me suis retrouvé. Alors je me focalise sur mes objectifs, je pense à l’agent que je dois ramener pour ne pas flancher avant d’avoir pu quitter la propriété. Mais c’est plus fort que moi, à chaque fois que je dois rentrer par effraction, je repense à cette fameuse nuit. Celle de mon premier cambriolage. Si je n’avais pas été si maladroit, je n’aurais pas réveillé les propriétaires et aujourd’hui ma vie serait différente, mon frère ne serait pas en prison et je ne devrais pas me débrouiller seul. Pour autant, je n’ai pas le droit de me lamenter. Je dois assumer mes erreurs et m’en sortir. Pour lui. Parce qu’il a pris des risques pour me défendre, parce qu’il a toujours veillé sur moi. Et c’est d’autant plus difficile de devoir avancer sans lui, à présent.

Le cœur battant, je passe par la baie vitrée, la refermant lentement derrière moi avant de me faufiler dans le jardin jusqu’au muret. A cet instant, je suis sûr d’y être parvenu et de pouvoir rentrer avec mon butin. Alors un sourire se dessine sur mes lèvres et j’enjambe le petit mur de pierres d’un bond léger, comme libéré d’un poids. Mais dès que je retombe sur le trottoir, j’aperçois les gyrophares qui éclairent la rue et avant même que les flics ne sortent de leur véhicule, je commence à courir. Peu importe la direction que je prends tant que ça me permet de pas ralentir mon allure. Quoi qu'il arrive je ne dois pas me faire arrêter. Parce que je suis mineur, que je suis en fugue et que je ferais tout pour ne pas avoir à rentrer chez moi. Au mieux, ils m’enverront dans un de ces foyers pour délinquants, et ça non plus ce n’est pas vraiment une option. Je préfère me débrouiller seul sans autre autorité que celle qui me permet de survivre ici, dans les rues de Savannah. Alors je cours comme si ma vie en dépendait, jusqu’à en perdre le souffle et que mes poumons s’enflamment dans ma poitrine. C’est douloureux, ça m’élance dans tous le corps, mais je refuse de m’arrêter, je refuse d’abandonner. Même lorsque mes pieds deviennent si douloureux que je dois serrer les dents pour ne pas tout laisser tomber. Et je me maudis intérieurement, parce que je n’ai pas dû entendre l’alarme se déclencher, parce que j’étais persuadé qu’il n’y en avait pas mais j’ai pu me tromper. J’ai dû me tromper. Et maintenant, j’en paie le prix et je sens la fatigue qui me rattrape. C’est douloureux mais c’est la peur qui humidifie mes yeux. Si les flics me rattrapent, je sais que les chances de pouvoir leur échapper seront très minces. Mais plus les rues défilent et plus je sens que je n’y arriverai pas. L'angoisse me noue les entrailles et mon souffle se coupe alors que je m’effondre, plaqué sur le sol par un homme plus grand et plus fort que moi. Pour la première fois, je sens le marteau de la justice s’abattre sur moi.

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Asher Bloomberg

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MessageSujet: Re: Police on my back ▲ Ft. Asher   Police on my back ▲ Ft. Asher EmptyVen 26 Mai - 22:31



Ariel & Asher
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Y a quelqu’un qui lui avait dit un jour qu’il récupérait tellement de déchets dans la rue qu’il pourrait devenir éboueur. C’est vrai, un peu. Il ignore ce qui l’attire, Asher, il ignore si c’est l’envie de sauver les gens ou le besoin de se sentir utile, il ignore si c’est purement altruiste ou s’il y a un peu d’arrogance dans ce qu’il fait, il ignore si ça lui durera toute une vie ou s’il s’en lassera un jour. La deuxième alternative, sûrement. Il fera pas ça éternellement, Bloomberg, il s’arrêtera avant de devenir marteau, avant d’aimer un énième détraqué qu’il ne pourra pas sauver. C’est trop tard, pourtant. Il l’a déjà faite l’erreur de trop, et elle s’appelle Elena. Y a pas beaucoup à en dire, vraiment. Y a juste deux cœurs qui se sont trouvés au mauvais moment, qui se sont déchirés, deux âmes qu’en ont trop bavé, qui sont dégoulinantes de bile, qui puent la moisissure, deux destins qui se sont entrechoqués et ébréchés, qu’étaient pas faits de métal mais de verre. Y a pas beaucoup à en dire parce qu’Elena n’est plus vraiment là ou juste en apparence, parce qu’elle fait des apparitions dans sa vie, parfois, à certains coins de rues ou devant des magasins que tous deux fréquentaient, parce qu’il a toujours envie de prendre une part de tarte à la cerise pour elle quand il passe chez le pâtissier, parce qu’il parle d’elle au présent alors qu’elle n’est pas là, jamais, parce que ça lui fait toujours un peu mal lorsqu’on l’évoque en sa présence. Y a pas beaucoup à en dire parce que ça lui a ruiné des jours entiers pour pas grand-chose, parce qu’elle est devenue un tabou mais qu’il n’arrête pas de vouloir parler d’elle, parce qu’elle a laissé des bouts d’elle chez lui et qu’il retrouve régulièrement des culottes derrière ses meubles. Ouais, c’est un éboueur, Asher, c’est un marin aussi, l’un de ceux qui pêchent du menu fretin et quelques canettes vides, des ordures qui flottent à la surface. Ses immondices à lui ne sont pas vraiment des ordures à proprement parler, parce qu’elles sont parfois tendres, drôles, délicates. Ils sont attachants ses gamins, ils lui foutent des papillons au cœur et d’autres genres d’insectes parfois, des cafards quand ils ont mauvaise mine, quand ils sont couverts de bleus, quand il se sent démuni parce qu’il ne sait plus quoi leur répondre lorsqu’ils lui racontent leurs malheurs. Il arrête, Asher. Il arrête parce que ses bras ne peuvent plus porter toute la misère du monde, parce qu’il aime pas les regarder et se sentir incapable, minable, stupide, parce qu’il déteste les voir se tenir tous voûtés face à lui et ne pas être capable de les redresser. Alors autant dire qu’il déteste encore plus quand on l’envoie patrouiller sur Tybee Island, en pleine nuit, persuadé qu’il risque de trouver l’un de ses protégés dans une situation délicate.
C’est pas ça, pourtant. C’est pas ça mais c’est tout comme. Y a une alarme qui s’est déclenchée depuis plusieurs minutes déjà quand il arrive, il a eu le signal sur sa radio. Y a une alarme qui s’est déclenchée et il est persuadé qu’il ne trouvera rien, qu’il ne trouvera certainement pas de voleur, parce que tout délinquant sensé aurait déjà pris la fuite. Il se trompe. Y a une silhouette toute fine qui saute d’un mur, et il sort de la voiture d’un bond pour se lancer à sa poursuite. Il n’a pas de mal à faire ça, Asher, parce qu’il est athlétique, sportif, parce qu’il s’entraine tous les jours à courir et que ça finit par porter ses fruits, faut croire. Il n’a pas de mal à faire ça mais le voleur le sème presque, et sur le coup, il met son léger retard sur le compte de ses jambes qu’on sûrement dix ans de moins. Adrénaline. Ça le fait presque rire, de courir après une ombre, ça le fait presque rire et il sprinte maintenant, jusqu’à plaquer le fantôme au sol et lui attraper automatiquement les mains pour les caler dans son dos. Et y a des choses qui trompent pas, y a des choses qui sautent aux yeux quand on est suffisamment près. C’est un gamin, encore. Sa première peur, c’est de voir Merle, River, Lenny, c’est de voir quelqu’un qu’il aime, quelqu’un qui est important, son angoisse ultime c’est de constater que ses efforts ont été vains, qu’il n’a servi à rien. Mais c’est pas Merle, c’est pas River, c’est certainement pas Lenny. C’est un petit mec aux cheveux en broussaille, qu’a l’air pétrifié par la peur. Surprenant, il pense d’abord, parce que l’alarme a sûrement réveillé tout le quartier et qu’il faudrait être absolument taré pour penser que ça va passer comme une lettre à la poste, qu’on va pas risquer de se faire choper. Il voit pas trop à quoi il ressemble, Asher, ne prend pas la tête de chercher dans sa mémoire. Il a même pas le temps de croiser ses yeux, même pas l’envie, parce qu’il se répète qu’il ne se laissera pas amadouer par un énième chiot aux yeux trop grands. Il s’assied à califourchon sur les fesses du gosse, attrape les menottes qui pendent à sa ceinture, les lui passe aux poignets, puis se lève et zieute le cambrioleur qu’est encore là, face contre terre. « Lève-toi » il ordonne, la main posée sur son arme de service. Il est jamais trop prudent, et c’est plutôt stupide lorsqu’il fait face à un gamin désarmé, qu’a l’air apeuré, qui va sûrement pas lui filer entre les doigts. A défaut de garder l’index sur la gâchette, il attrape le bras du petit, doucement mais fermement. « Allez putain. Lève-toi et explique-moi ce que tu foutais là », il crie maintenant, sans comprendre pourquoi le petit ne bouge pas, pourquoi il ne lui répond pas, pourquoi il l’ignore alors qu’il hurle littéralement. Et puis il se stoppe tout net lorsqu’il voit finalement le visage du gosse, parce qu’il lui dit fichtrement quelque chose et qu’il sait pourquoi, la faute à sa mémoire photographique et aux immenses posters d’enfants disparus qui garnissent les murs du poste de police. Il attrape le menton du blondinet entre ses doigts observe son visage, toute colère semblant soudain estompée. Il s’était dit qu’il ne retomberait pas là-dedans, avec un autre lost boy, avec une autre bouche à nourrir et un autre cœur à remplir. Putain. « Comment tu t’appelles ? » La question est murmurée alors qu’il quitte pas son regard, alors qu’il garde le visage en pince entre ses doigts, alors qu’il se demande s’il ne ferait pas mieux de revenir bredouille à la voiture et de mentir en disant qu’il a réussi à s’enfuir.
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MessageSujet: Re: Police on my back ▲ Ft. Asher   Police on my back ▲ Ft. Asher EmptyDim 18 Juin - 3:08



Police on my back
Asher & Ariel
 

Le bitume est froid contre ma joue. Le sol est dur contre mon corps et la chute a été douloureuse. Pourtant, je ne pense qu’à la pression de l’homme sur mes bras alors qu’il les immobilise dans mon dos. C’est inconfortable et je me sens comme pris au piège. C’est fini. Je ne reverrai plus les Lost boys, mes amis. C’est fini. Je peux dire adieu à ma liberté et j’espère que quoi qu’elle fasse la justice ne me ramènera pas chez moi. J’insulterai un agent s’il le faut, je me débattrai, je mordrais ce qui me passera sous les dents. Tout pour finir dans un centre de détention pour mineur. Tout pour ne pas rentrer chez moi. Mais pour le moment, je me laisse faire. Je n’ai pas assez de force pour me battre lorsqu’il s’installe à califourchon sur mes fesses, afin de me passer les menottes. Et je reste immobile, bien sagement. Peut-être que si je coopère au début, il sera plus clément. Pourtant, même lorsqu’il se lève à nouveau, il ne se passe rien. Alors que je m’attendais à ce qu’il me lève de force avant de me crier dessus, ignorant complètement que je ne peux pas l’entendre, il ne se passe absolument rien. Du moins au début, parce qu’il finit par attraper mon bras avec fermeté me mettant dans une position inconfortable, mais je n’ose pas broncher, pas tout de suite. Et je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais à ce moment précis. Peut-être à ce qu’il me tire de force pour me mettre debout, sans se soucier de la douleur qui s’éveillerait dans mon bras jusqu’à l’articulation de mon épaule. Je m’attendais sans doute à une bonne dizaine de scenarios différents mais certainement pas à ce qu’il attrape mon menton afin de scruter mon visage de cette façon. Ça a quelque chose de très déstabilisant. Parce qu’il me regarde comme s’il me connaissait, alors que je n’aie aucun souvenir de l’avoir déjà vu quelque part. « Comment tu t’appelles ? »  Surpris, j’en oublie presque la présence de ses doigts qui maintiennent toujours mon menton. Parce que, même s’il m’avait lâché, je ne pourrais plus détourner le regard. C’est une sensation étrange que j’aurais du mal à expliquer, mais j’ai le sentiment que c’est l’homme qui me parle, bien plus que le flic qui se cache derrière. Pour autant, je reste méfiant et j’hésite à lui donner mon véritable nom. Même si l’idée de lui mentir me semble tout aussi risquée lorsque mon regard croise furtivement le sien. Peut-être qu’il me donne une chance de m’en sortir. Peut-être que si je lui dis la vérité, il acceptera de m’écouter.

Encore sceptique sur la marche à suivre, j’opte pour la solution de facilité, en ne lui donnant que mon prénom, juste au cas où. « Je m’appelle Ariel. » Ce qui n’est pas un mensonge, mais je ne suis pas sûr que ça l’aide réellement. Et du coup, il y a peu de chance qu’il se contente de ça et qu’il me laisse tranquille. Mais je devais essayer, parce que c’est bien la première fois que je me fais surprendre et je ne sais pas vraiment ce qui m’attend. C’est le genre de nouveauté dont on se passerait bien. Une première fois qui ne laisse jamais un bon souvenir. Mais je tente quand même de détourner son attention, loin de mon identité et du dossier qui y est associé. « Je suis sourd, je ne peux pas vous entendre. Mais je peux lire sur vos lèvres si vous continuez à me regarder. » Après tout, c'est la vérité et, si je ne cherche pas à l’apitoyer, j’aimerais qu’il évite de me donner des informations importantes en me tournant le dos. Non seulement c’est  désagréable mais en plus ça entraîne des quiproquos interminables qui risqueraient d’user sa patience et la mienne. « Je sais que ce n’est pas une excuse, mais je n’ai pas entendu l’alarme… » Je préfère qu’il sache que je suis conscient d’avoir commis un crime, plutôt que de s’imaginer que je suis bête au point de ne pas savoir ce que je fais. C’est un peu con, il y a beaucoup de fierté dans mon raisonnement. Sûrement parce qu’on m’a souvent cru incapable de m’en sortir tout seul. Or j’y parviens d’ordinaire, à ma façon. Alors bien sûr, je n’ai rien d’un véritable professionnel, et j’y vais toujours avec la peur au creux du ventre. Parce que le souvenir de mon premier cambriolage – celui qui a gâché ma vie et celle de mon frère – ne me quitte jamais. Je sais que je peux encore faire une erreur et que la prochaine fois, elle pourrait être fatale. « C’est bien ça qui vous a alerté, non ? C’est l’alarme ? » J’en suis presque persuadé, mais j’ai besoin qu’il me le confirme, afin d’apprendre de mes erreurs. Pour la prochaine fois. Parce que, quoi qu’il arrive, il y aura forcément une prochaine fois. Je ne me suis jamais fait d’illusions à ce sujet. Je n’ai jamais rêvé d’une belle vie bien rangée, dans une belle maison. Parce que ce genre d’opportunité ne se présente jamais là d’où je viens. Parce que je sais qu’on ne me laissera jamais m’en sortir. « Qu’est-ce que vous allez faire de moi ? » Je me concentre sur l’instant présent, sur ce qui va m’arriver maintenant, là ce soir. Parce que c’est la seule chose qui compte réellement.

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MessageSujet: Re: Police on my back ▲ Ft. Asher   Police on my back ▲ Ft. Asher EmptyMer 5 Juil - 19:48



Ariel & Asher
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La vérité, c’est qu’attraper un gamin en plein cambriolage est une joyeuse distraction. Non pas que ça le ravisse, hein. Il déteste envoyer des gosses en cellule, Asher, appeler leurs parents après en racontant ce que leur progéniture a fait, les atrocités qu’elle a commise, les voir payer la caution et rouvrir la cage. C’est pas son truc, vraiment pas, peut-être parce que les trois quarts des gamins qu’il connait et qu’il chope sont des amis de Merle, de Lenny, de River, ou eux-mêmes, et parce qu’il n’arrive jamais à faire ça, à contacter un adulte pour qu’il vienne les chercher. Appeler qui, de toute façon ? C’est des petits qui n’ont pas de famille, qui n’ont personne vers qui se tourner. Y a pas grand-chose à en dire, aucune série de chiffres à numéroter, aucun message à laisser après le bip. Il préfère souvent les relâcher dans la nature, même s’il sait pertinemment qu’ils réitèreront. C’est le risque qu’il prend, continuellement, celui qui fait sûrement de lui un mauvais flic mais un être humain honorable. Donc, il n’aime pas ça, mais pourtant, ça lui fait du bien de courser du gibier, de sauter sur la silhouette et de la plaquer au sol. Ou plutôt, ça lui évite de penser à d’autres trucs, à Elena qui lui a vidé le cœur d’un coup, d’un seul, qui n’a laissé qu’un vide béant, à Caïn qui a comblé ce trou trop tôt, trop vite. Ça lui évite de penser à ses sentiments qui foutent n’importe quoi, au cajun qui s’est fixé à son âme comme une putain de sangsue et ne semble pas vouloir s’en détacher, à la roumaine qui occupe trop souvent son esprit et qui lui fait un mal de chien, comme si elle remuait un couteau dans une plaie béante. Douce distraction, donc, si ça peut lui permettre d’échapper un peu à son quotidien merdique. Sauf que non. Sauf que c’est un adolescent, qu’il semble à peine sorti de l’enfance, qu’il a un visage de poupon et des yeux dans lesquels on voit la mer, et ça fait chier, chier, chier. Il veut pas, Asher. Il démissionne, il arrête. Il refuse de s’occuper d’autres gosses nécessiteux. Ariel. Il aimait bien La Petite Sirène quand il était plus jeune, même s’il crevait de peur quand la sorcière de la mer devenait gigantesque et qu’elle transformait le roi en ver de terre, et il aime toujours, parce que ça lui rappelle une partie de son enfance plus joyeuse, une époque où on n’exigeait pas beaucoup de choses de lui. ‘Pa, ‘Man, désolé pour ce que je suis devenu, ce déchet ambulant à peine agréable qui se balade avec une moitié de sourire sur le visage. Ça fait pleurer, hein. Quoique, ils doivent se marrer, dans leur appart à plusieurs millions à siroter un martini. Putain il a soif. Putain il devrait appeler Caïn. Reconcentre-toi. Il est sourd, le gosse. Il est sourd. « Putain c’est pas vrai », il souffle en passant sa main devant son visage, persuadé du coup qu’Ariel n’aura pas pu lire sur ses lèvres. C’est pas vrai parce que c’est encore un chien galleux, que c’est encore une bestiole boiteuse qu’il va avoir envie de recueillir, et y en a déjà trop dans son cœur, trop dans sa vie, y a plus la place pour un seul de plus. Il shoote dans le vide, Asher, croise les bras sur son torse, lève les yeux vers le ciel étoilé. Evidemment qu’il est sourd. Evidemment que s’il ne l’était pas, il serait parti beaucoup plus vite et ne se serait pas fait choper. Il dit que c’est pas une excuse, mais ça ressemble vachement à une excuse, un truc qu’il se tricote autour de son délit pour lui donner l’apparence d’un truc inoffensif. Et pourtant, il semble sincère, le petit, il ne résiste même pas, ne s’enfuit pas non plus. Il ne comprend pas pourquoi, Asher. Pourquoi aucun de ces gamins n’a peur de lui, pourquoi ils pensent tous qu’il est foncièrement bon, qu’il ne va pas les balancer. Il soupire. « J’vais pas – » il commence, s’arrête net en entendant un bruit de moteur qui semble se diriger vers eux. Il regarde Ariel, froid, impassible, « planque-toi » il murmure et lui indique un buisson sur le côté d’un geste de la tête. Il a l’air de l’avoir compris parce qu’il lui obéit, parce qu’il fait ce qu’on lui dit, parce que c’est pas un Merle qui n’en fait qu’à sa tête, même s’il ne l’aimerait pas autant s’il agissait autrement. Planque-toi et y a pas trente secondes qui s’écoulent avant que la voiture ne surgisse du coin de la rue et s’arrête doucement, à quelques mètres de lui. Il avance vers le véhicule, Asher, toujours très sûr de lui, le meilleur menteur de millénaire. « Il s’est échappé, j’ai pas pu le rattraper. Je continue de regarder un peu, il doit pas être bien loin. » Il s’apprête à rétorquer, le gros flic bouffi derrière son volant, mais y a la radio qui grésille, lui annonce une scène de ménage dans le centre-ville. Il bougonne, fait demi-tour, se barre. Sourire satisfait sur les lèvres, Asher se tourne vers le coin où se trouve Ariel. Il a pas tardé pour sortir du buisson pour revenir vers lui, comme s’il était en sécurité là ici, avec ce trentenaire qui sait pas quoi foutre de sa vie, qui passe son temps à la gâcher et à pourrir celle des autres. Tss. « T’es encore un pote de Merle ? Et mens pas, j’arriverai à le savoir. » Il prend soin de bien le regarder dans les yeux en lui parlant, ça serait trop facile qu’il ne réponde pas sous prétexte qu’il est sourd. « Faut que vous arrêtiez vos conneries, vraiment. J’sais pas par quel miracle vous tombez toujours sur moi, mais j’peux pas être tout le temps là à sauver vos miches. »
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MessageSujet: Re: Police on my back ▲ Ft. Asher   Police on my back ▲ Ft. Asher EmptyLun 7 Aoû - 1:26



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Je ne veux pas qu’on me ramène chez moi, je refuse qu’on appelle ma mère, et c’est comme une obsession, une rengaine qui s’insinue dans mon esprit. Et ça me rend fou, parce que je sais ce que je risque. Cette idée me terrifie plus que n’importe quel foyer pour mineur. Alors je fixe le flic, je cherche à comprendre ce qu’il a en tête, sans vraiment y parvenir. Ce dernier a juste l’air profondément dépité. Ses gestes se multiplient et j’ai l’impression de voir mon père quand il venait me chercher à l’école et que j’avais été puni. Il savait qu’il devait me réprimander, parce que je l’avais déçu, parce que je m’étais mal conduit et en même temps, il ne voulait pas être seulement une figure d’autorité qui passe son temps à m’engueuler. Mais je n’étais pas assez sage pour qu’il puisse s’en passer, je n’étais simplement pas à la hauteur et je le mettais dans l’embarras. Qu’est-ce qu’il penserait de moi aujourd’hui s’il était encore là ?  Pas grand-chose de bien, je suppose. Il voudrait peut-être que ce flic décide de me donner une bonne leçon ou peut-être qu’il préférerait me laisser une chance, peut-être qu’il m’aiderait. A présent, il peut devenir le père dont j’ai besoin, il peut être tout ce que j’imagine. « J’vais pas – » L’espace d’un instant, je me demande s’il va me laisser partir. Si c’est le signal de la liberté. J’hésite. J’aurais sûrement dû essayer de m’enfuir à nouveau, mais il est beaucoup plus rapide que moi. Soudain son regard froid me transperce et je m’attends au pire. « planque-toi » Quoi ? Surpris, je ne réagis pas immédiatement alors qu’il me désigne un buisson. Reprenant mes esprits, je m’empresse de me réfugier à l’endroit indiqué sans rechigner. S’il voulait m’embarquer au poste il l’aurait déjà fait après tout et il ne me demanderait pas de me planquer. En effet, quelques secondes plus tard, une voiture de police s’avance doucement, me confirmant qu’il est bien en train de m’aider malgré son air excédé. Lorsqu’il s’approche du véhicule, j’ignore ce qu’il raconte à son collègue puisqu’il me tourne le dos, mais je me tiens prêt à fuir si jamais les deux hommes viennent dans ma direction. Alors je me sens soulagé lorsque la voiture s’éloigne à nouveau et que le policier revient prendre sa place, et je ne perds pas une seconde pour le rejoindre. Parce qu’il m’intrigue, parce que je commence à croire qu’il s’agit d'Asher, le policier dont Merle et River m'ont parlé et ça me rend d’autant plus curieux. « T’es encore un pote de Merle ? Et mens pas, j’arriverai à le savoir. » En voyant qu’il parle de Merle, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Parce que j’ai vu juste et malgré moi ça me rend heureux. J’ai tellement entendu parler de lui sans jamais croiser sa route et il est presque comme je me l’imaginais. Un peu plus grincheux sans doute, mais c’est un détail, puisqu’il m’a aidé en fin de compte. « Faut que vous arrêtiez vos conneries, vraiment. J’sais pas par quel miracle vous tombez toujours sur moi, mais j’peux pas être tout le temps là à sauver vos miches. »

Si j’avais le choix, je ne me retrouverais sans doute pas à cambrioler des maisons vu ce qui s’est passé lors de ma première tentative. Et je pense qu’aucun de nous n’aurait choisi cette vie. Mais voilà, on n’a pas vraiment le choix, on doit ramener de l’argent et avec mes conneries, j’en ai perdu, je dois payer ma dette. Et à seize ans, je n’ai pas beaucoup d’alternative, encore moins depuis que je travaille pour Peadar. Sauf que ça, je ne peux pas vraiment en parler, c’est évident. « C’est  vrai, je suis un pote de Merle. Je vis avec lui en quelque sorte. Je fais partie de la même bande, mais je pense que tu sais de quoi je parle, non ? » Évidemment, il connaît déjà la moitié d’entre nous si je ne m’abuse. Alors il sait très bien ce qui rythme notre quotidien. Il sait qu’on n’a pas vraiment la même vie que les autres. Peadar n’est pas notre père et on est tous livré à nous-même, mais c’est bien mieux que la vie qu’on menait avant, sinon aucun de nous n’aurait accepté de le suivre. « Tu dois aussi savoir pourquoi on fait ça du coup. Enfin, je ne cherche pas à me justifier mais si j’avais le choix, je ne serais pas là, je ne prendrais pas le risque de perdre à nouveau un de mes sens dans un cambriolage hasardeux, j’irais au lycée et j'aurais une vraie famille qui m’attend le soir quand je rentre. Des conneries de ce genre quoi. » Mais il y a longtemps que j’ai abandonné cette idée, parce qu’on ne peut pas changer le passé, peu importe à quel point on le désire. Alors, je hausse les épaules, quelque peu résigné. Cette vie, c’est la mienne et quelque part à présent, je me sens libre. Je n’ai plus peur de rentrer chez moi et de croiser mon beau-père, de devoir ignorer ses insultes et ses coups. « Est-ce que je vais avoir des ennuis ? Parce qu’à choisir, je préfère aller dans un centre éducatif fermé plutôt que de devoir rentrer chez moi. Personne ne m’attend là-bas et c’est mieux comme ça. » C’est sûrement audacieux de ma part, mais je préfère dire la vérité, parce que je serais prêt à tout pour ne pas retourner chez ma mère et si c’est ce qu’il compte faire, alors je prendrais la fuite sans hésiter, je me débattrais jusqu’au bout, peu importe qu’il soit armé ou non. Tout me paraît plus acceptable que de rentrer à Jacksonville.

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