Ca brûle. L’aiguille qui s’enfonce, encore, encore, mécaniquement, répétitivement. Et y a l’encre qui doucement forme des lignes, des traits, des pleins et des vides. Noir. C’est pas grand-chose, un truc stupide, une achillée millefeuille qui prend naissance sur l’intérieur de son bras. Remède pour un cœur brisé qu’il a lu dans les bouquins de Minerva. Comme si une fleur pouvait réparer ces choses-là. Mais ça l’obsède depuis quelques jours, il griffonne, tourne en rond, finit par craquer. Il serre les dents, trop habitué à cette douleur volontaire, la délivrance que ça lui apporte. Il aime ces moments, où l’instant s’arrête, où y a plus rien d’autre que la peau et le dermographe. Où il n’y a que l’encre qui marque le changement. C’est plus simple comme ça, ça efface le trop plein de pensées qui le hante jour et nuit, continuellement. Caïn elle est revenue Il sursaute, lève la tête pour dévisager Madame qui se tient dans l’embrasure de son bureau. Elle a l’air déterminée et son regard gronde. Si tu vas pas la voir je te traine par la peau des fesses qu’elle semble hurler tout bas. Elle sait Madame. Elle sait tout, toujours trop tôt, bien trop vite, même avant que lui le sache. Il hoche la tête pour lui faire signe qu’il a compris et observe la fleur qui s’étale nouvellement sur sa peau. Il fera les contours plus tard. Rapidement il désinfecte le dessin, passe de la pommade et l’entour dans du film plastique avant de retirer ses gants et de sortir du bureau. Il est nerveux. Pourquoi est-ce qu’il est nerveux ? Il voudrait boire un peu, pour se donner du courage, car malgré toutes ces années il est toujours aussi lâche. Mais il a pas le temps, et déjà qu’il débouche dans la pièce principale ; Qu’il tombe sur Elle. Et ses grands yeux bleus trop mélancoliques. bonsoir. Bonsoir. Mais il ne dit rien, il se contente de la fixer bêtement, se repassant les bribes de leur dernière entrevue encore et encore. La danse, les révélations, le baiser. Et son départ. « Hey. » Qu’il finit cependant par murmurer, avant de chasser la tristesse qui l’envahit soudain. « Je pensais pas que tu reviendrais tu sais » c’est sincère. Il la dévisage lentement, ne baisse pas les yeux, comme pour lui prouver qu’il ne ment pas. Qu’il ne lui a jamais menti et qu’il ne lui mentira jamais. C’est un peu le deal entre eux de toute façon.  « Je suis content que tu l’ai fait quand même » revenir, ici, au Troisième Œil. Parce qu’il a besoin de mettre les choses au claire, puis de comprendre aussi. Et de la voir. Elle. Toucher du bout des doigts ce lien étrange qui les unis.

Elle a l’air si fragile Nadja. Poupée brisée qu’il pourrait rajouter à la collection des jouets déglingués qu’il amasse au fur et à mesure dans sa vie. Elle a l’air si fragile et il voudrait pouvoir la fortifier, construit un exosquelette d’acier pour qu’elle soit protégée de la dureté de la vie, du monde. Si seulement. j’en aurais pas été capable. De ne plus revenir le voir ? Et ça le fait sourire, étrangement, il se sent apaisé rien qu’avec ce bout de phrase. Il se serait détesté d’avoir brisé ce foutu lien entre eux pour une connerie faite alors qu’il avait trop bu. Mais il ne dit rien, se contente de dévisager la blonde en silence, l’encourageant à continuer. Y a ce sourire éphémère sur ses lèvres ourlées, sourire qui se meurt bien vite et qui fait vriller le cœur de Caïn. T’es parti où le sourire, reviens putain qu’il voudrait hurler. caïn, je... Et la petite voix de Nadja qui s‘élève de nouveau, l’obligeant à se concentrer sur ces yeux plutôt que sur sa bouche, parce que le sourire n’est pas près de revenir. Dommage. t’étais pas bien et tu avais besoin de moi. Oh. Soudain il comprend. Elle s’en veut. Et lui s’en veut. Ils sont deux idiots à s’en vouloir chacun dans leur coin, à se flageller pour des conneries qui finalement n’impactent pas l’autre. Stupides idiots, il voudrait rigoler, mais l’air bouleversé de Nadja lui fait avaler de travers ce foutu rire. j’aurais pas dû partir, je suis désolée. Il la regarde un instant, et finalement n’arrive plus à s’empêcher de sourire. Pas le genre de sourire pour se moquer, mais plutôt un sourire poussé par l’attendrissement que provoque en lui la jeune femme. Lentement il tend la main vers elle, hésite, puis finalement l’attire à lui doucement, la serrant contre son torse. « Avec moi y a jamais besoin de s’excuser tu le sais ça ? » il ferme les yeux un instant avant de la libérer et de lui faire signe de le suivre dans son bureau. Une fois la porte fermée il s’adosse au mur avant de reprendre. « Si quelqu’un devait s’excuser en plus, ça serait moi, je me suis comporté vraiment n’importe comment la dernière fois » . L’alcool, la danse, le baiser. Ouais. N’importe quoi. «T’allais mal aussi, je suis pas aveugle tu sais. Et j’ai fais le con, comme d’hab ». Caïn soupire, passe une main dans ses cheveux puis finit par indiquer le fauteuil libre à Nadja. « Je t’en voudrais jamais d’être partie tu sais, je t’en voudrais jamais tout simplement. Parce que je ne vois pas ce que tu pourrais faire de si terrible pour que j’ai besoin d’être rancunier. » Il fouille dans son armoire, sors deux verres et y verse de l’eau. « Je déteste être rancunier, faut vraiment me chercher tu sais… » petit sourire il lui tend un des verres avant d’attraper le sien et de le vider.

Nadja dans ses bras, Nadja qui ne fuit pas, Nadja bien là, douce, chaleureuse sous ses doigts. Il ferme les yeux un instant, profite de leur proximité, de cet apaisement que la blonde apporte en lui. C’est pas tout à fait comme Bambi, pas comme Serena non plus, c’est juste un calme qui s’abat sur lui parce qu’il sait que Nadja comprend, là où certaines personnes ne savent que voir en surface, malgré les efforts. Ils ne leur en veut pas Caïn. Il ne leur en voudra jamais. Mais la danse c’est quelque chose qui a toujours fait partie de Caïn, un membre à part entière, un organe vital, et s’en retrouvé dépecé avait été extrêmement douloureux. Ca l’était toujours. Mais Nadja pouvait comprendre cette douleur elle aussi. Et c’était quelque chose de réellement précieux aux yeux de Caïn. je sais. -. je voulais quand même le faire. Et le sourire sur les lèvres de la belle, sourire qui vient chasser les nuages, les inquiétudes. Le voilà qui la relâche pour lui faire face, laissant ses yeux glisser sur son visage de jolie poupée. toi non plus, t’as pas à t’excuser. « Même, j’en avais aussi besoin » clin d’œil, il faut echo aux phrases de Nadja qui résonnent encore entre eux. Peut-être qu’ils en avaient besoin tous les deux, de ces excuses, pour limer les pics qu’ils avaient sortis sans vraiment le vouloir, plaquant la lame contre la gorge de l’autre histoire de défendre ce qui leur restait de cœur. c’est déjà oublié. « Parfait, c’est mieux comme ça » et le verre qu’il fait tourner entre ses doigts pendant que Nadja s’installe à son tour, attrapant son verre. Elle a l’air nerveuse pourtant, malgré les mots posés, malgré les blessures refermées. Elle a l’air nerveuse même si elle essaye de le cacher, ou peut être qu’elle ne s’en rend pas vraiment compte, la façon dont ses doigts s’agrippent au verre, la façon qu’elle a de le regarder. Imperceptiblement Caïn se tend, prêt à la rassurer, à lui demander ce qui la tracasse et qu’elle peut tout lui dire. Quoi qu’il arrive il sera là pour elle. Il ne sait pas vraiment comment l’expliquer, mais c’est comme ça, ce besoin de la protéger contre le reste du monde alors qu’il se doute bien que ce ne sera sans doute jamais possible. Ca le rend triste. Nadja le rend triste. Elle le rend terriblement triste autant qu’elle le rend joyeux. Foutu paradoxe.
rien du tout, t’es sûr ? - même si je tuais quelqu’un, tu m’en voudrais pas ? et dans son cœur ça tambourine. Lentement il se redresse, quitte le mur pour se rapprocher d’elle, les yeux dans les yeux, et le sourire faiblard sur les lèvres. tu le saurais de toute façon. ça se lirait dans les cartes. rien t’échappe, pas vrai ? Et de nouveau l’ironie de la situation. Rien ne lui échappe ? Tu parles, il n’arrive même pas à voir que sa bulle est entrain d’imploser, que le monde extérieur a décidé de planter ses griffes pour le déligner de sa coquille protectrice. Il est persuadé qu’il a encore le temps, alors que le sable s’est déjà écoulé depuis trop de jours déjà. « Nadja. Je ne te le dirais qu’une fois mais écoute moi bien » il attrape délicatement son joli visage entre ses mains et replace une mèche folle derrière ses oreilles. « Même si tu tue quelqu’un je ne t’en voudrais pas. » il se baisse légèrement pour mettre son visage au même niveau que le sien, pour qu’elle puisse voir à quel point il est sérieux. « Et si tu tues quelqu’un je pense te connaitre assez maintenant pour savoir que tu aurais tes raisons. » Même si un meurtre est inexcusable, parfois il n’y a pas le choix. Il secoue la tête avant de sortir un paquet de cartes de son tiroir et les tends à Nadja lui faisant signe de les mélanger. « Quant aux cartes ça ne marche pas comme ça malheureusement. Je ne vois que ce que l’on me demande… Et rarement au-delà parfois c’est pire qu’être aveugle tu sais ? » Il soupire doucement, la gorge soudain nouée par un pressentiment qui l’envahit. Il récupère les cartes des mains de la belle, comme pour essayer de libérer sa crainte dans les images cartonnées. « Qu’est-ce qui ne va pas Nadja ? » finit-il par murmurer tout bas, les mains crispées et la voix tremblante. Il a besoin de poser la question, sinon le pressentiment continuera de le hanter, encore, encore, jusqu’à ce qu’il décide de s’y intéresser.

ça va, caïn. Pourtant il sent bien Caïn. Il sent bien que y a jamais rien qui va, que malgré les sourires et la chaleur de Nadja, malgré les putains de masques qu’elle se plait à enfiler ou à faire tomber quand ils ne sont que tous les deux. Elle a ce secret Nadja, ce putain de mystère qu’elle porte à la perfection, comme une robe taillée sur mesure. Il crève l’en débarrasser Caïn, de cette foutue robe, d’enlever les couches pour découvrir la vérité. Mais ce n’est pas son rôle. Pas maintenant. Pas encore. Alors il se contente de sourire doucement d’hocher la tête comme s’il comprenait. « Tant mieux alors » tu parles. Tu parles. Ca le bouffe, ça gronde en lui. Un jour promis. Un jour. Doucement il récupère les cartes entre les doigts graciles de Nadja et la dévisage pour l’écouter poser sa question. est-ce que je vais m’en sortir ? Et ça revient souvent entre eux deux. Cette question qui tourne en boucle, encore, encore et le futur qui refuse de se dévoiler sous leurs yeux impatients. « Tu reconnais ce tirage pas vrai ? » Il dispose les cartes sur le bureau, six cartes faces cachées disposées en croix. « La Croix en Six » accent français ridicule mais il aime faire ça correctement, rajouter toujours un peu de théâtral pour accentuer la chose. Il retourne la première carte, celle au centre de la croix. « Cette carte c’est toi, ta situation actuelle. En l’occurrence l’Hermite en position renversée. » il sent son sourire disparaitre un peu. Il n’a jamais aimé devoir associer cette carte à Nadja. Surtout dans ce sens là. « Tu te trouves dans un isolement forcé, ou une situation qui fait que tu te sens seule. » Caïn relève la tête pour dévisager Nadja. C’est pas nouveau tout ça et jamais elle n’a contredit ses dires. Mais elle ne les a jamais approuvés non plus. Il se concentre de nouveau sur les cartes et retourne celle collée contre la première. La Tempérance en position renversé. « Tu ne sais pas comment les choses évoluent autour de toi, tu nage dans ce flou permanent, passive, peut être que tu attends mais pour le moment tu stagne » C’est dur parfois, de parler, de dire la vérité. Il voudrait édulcorer les choses, raconter que oui tout ira bien, qu’elle vivra heureuse jusqu’à la fin des temps. Mais Nadja est son amie. Et Caïn ne ment jamais à ses amis. Jamais. C’est une de ses règles fondamentales. Alors il continue, retourne la carte tout à droite. Le Diable. « Cette carte représente ce qui te retiens prisonnière, ce qui t’empêche d’avancer. Le Diable, la carte de l’excès, de l’argent, de la luxure. Tu es empêtrée dans une situation plus dangereuse qu’une simple dispute. C’est l’avarice des autres qui te place là où tu te trouve » C’est pas compliqué à comprendre. Pas compliqué du tout. Il est pas stupide Caïn. Il voit des choses, entend des choses, des rumeurs. Si Nadja ne dément pas, ne le traite pas de fou, il saura que son intuition est juste et qu’il a forcément raison quelque part. Et ça le bouffe. Il a cette boule qui commence à se former dans sa gorge quand ses doigts se posent sur la carte en bas de la croix. « Le pape. Renversé. Tu commence à ne plus supporter, la rancune commence à se développer lentement à germer en toi. Ca te ronge doucement mais surement pas vrai ? Alors tu caches tes pensées, tu caches tes rêves pour te protéger. » Il ne la regarde plus, trop concentré sur ses cartes, sur les deux qu’il lui reste encore à retourner, le cœur qui bat un peu plus vite comme à chaque fois il se perd dans on espèce de transe. Il passe à gauche de la croix et retourne la cinquième carte avant de lacher un juron qu’il étouffe à moitié, le regard assombrit. « La Tour. » Il a toujours détesté cette carte. Encore plus que toutes les autres. Et la folie qui s‘en dégage. « Si tu continue dans cette direction, tu ne t’en sortiras pas. » il murmure tout bas, caressant le dessin du bout de l’ongle avant de relever la tête pour dévisager Nadja. « La tour symbolise le chaos, l’échec de ce que tu entreprendras si tu ne fais rien pour changer ta situation. » Il ne dit pas quel échec, quel sort attend la blonde si sa situation se dégrade. Il ne sait pas. Il ne peut pas savoir et ne veut pas savoir. Il ferme les yeux avant de retourner la dernière carte, celle toute en haut de la croix. « La Force. Cette carte représente la solution à ton problème. Si tu veux t’en sortir il faut te munir de courage. Il ne faut pas rester passive et à te laisser porter par le courant. Clairement le chemin n’est pas simple et semé d’embuche, avec le Diable qui tire les ficelles. Mais tout n’est pas impossible. » Caïn murmure doucement avant d’attraper la main de Nadja dans la sienne, caressant le dessus avec son pouce. « Ce ne sont que des cartes Nadja. Et pas forcément la réalité. Mais sache que tous n’est pas noir, que même dans la tempête il y a une solution, une main tendue qu’il faut trouver et attraper. » Caïn soupire et la relache avant de reprendre. « Ne te laisse pas noyer Nadja. Tu as encore du temps devant toi » mais combien de secondes ? Combien de minutes ? Combien de jour avant le tombé final ?

Elle est pensive Nadja, perdue dans les cartes, les yeux rivés sur les dessins. Lui-même se perd dedans, les doigts qui valsent, les lèvres qui se pincent, et le cœur qui loupe des battements. C’est toujours plus dur tirer les cartes à quelqu’un qu’on aime vraiment, on est toujours tenté de mentir, de raconter des conneries pour rassurer l’autre, pour la protéger. C’est encore plus dur quand cette personne semble y croire fortement, à tous ces messages codés, ces avertissements envoyés sans réelle précision sur qui, quoi, quand, et où. Parce qu’elle y croit Nadja, sans doute plus que la plupart de ses clients réguliers, plus que ceux qui viennent lui demander s’ils gagneront au casino ou bien auront leur mutation. Entre deux cartes il l’observe à la dérobé, son visage grave, contemplatif, poupée taillée dans le marbre, finit à la peinture à la main. Si délicate Nadja, complètement hors de son monde dans le bureau trop sombre de Caïn, et lui aux vêtements élimés, à la gueule cassée. Il voudrait la protéger Caïn, de ces mots trop durs qu’il est entrain de prononcer. Pourtant Nadja ne semble pas si surprise que ça, elle se contente de hocher la tête, pensive.
je crois que c’est ça, le problème. et s’il n’y a plus de temps ? Sa jolie voix qui s’élève et qui vient briser le silence, Caïn qui la regarde, fait tourner ses mots dans sa tête. Et s’il n’y a plus de temps ? « Je t’aiderais à en trouver » qu’il finit par répondre après quelques secondes de silence. Oui. Il l’aidera à en trouver, coûte que coûte, de quoi la sauver, l’empêcher de couler, de se faire bouffer par ses démons qui la poursuivent continuellement. et si je ne peux rien faire, pour changer ma situation ? Il a le cœur qui se brise un peu plus Caïn. A chaque fois qu’elle le regarde comme ça, à chaque fois qu’elle s’enfonce en peu plus dans le noir, il voudrait tendre la main pour l’en sortir. « Dis pas ça Nadja… Dis pas ça » qu’il murmure tout bas. « Tu trouveras quelque chose. On trouvera quelque chose. » Parce qu’il est prêt à tout Caïn, pour sauver la blonde. Oui. Prêt à s’enfoncer lui aussi à son tour pour aller la repêcher.
Finalement Nadja se redresse, repoussant sa chaise brusquement. Comme par reflexe Caïn l’imite, se lève à son tour. c’était une erreur, je ne peux pas rester là. Et sans attendre il la rattrape par le bras, sa main qui s’enroule délicatement autour de son poignet pour ne pas la blesser. « C’est pas une erreur Nadja. Reste. » c’est presque une supplique, comme un besoin de savoir qu’elle sait qu’il la protègera. Qu’il fera tout pour qu’elle ne se fasse pas bouffer. Pas question. Lentement il se rapproche et pose ses deux mains sur ses jours, relevant sa tête pour qu’elle le regarde. « Dis moi la vérité Nadja. Je sais que j’ai touché juste avec les cartes, ça fait trop longtemps que je fais ce métier pour ne pas remarquer quand j’ai raison » doucement il lui caresse la joue du bout du pouce, comme pour l’encourager à parler. «Tu peux tout me dire, tu le sais ça ? Tu peux tout me dire. Je ne te jugerais jamais. J’ai pas le droit pour ça. » Oh non. Tout sauf le droit. Il voudrait pouvoir ouvrir son propre crâne pour montrer à Nadja ses souvenirs, toutes les saloperies qu’il a pu faire étant jeune, puis après le départ de Swann. « J’ai tabassé un homme presque à mort une fois. » il avoue tout bas. « C’était après le départ de Swann, j’étais terriblement en colère, je le suis toujours » il se recule un peu, regarde ses mains aujourd’hui vierges de sang. « Je peux craquer à chaque instant, j’ai cette haine, cette violence au fond de moi. Je suis pas parfait Nadja. Je suis même dégueulasse. Alors qui suis-je pour juger les autres ? » Il lui adresse un pâle sourire, les lèvres qui tremblent un peu et les coins qui n’atteingnent pas vraiment les yeux. Juste un pauvre sourire, qui se mélange avec la tristesse et la détresse qu’il sent émaner de Nadja, et de lui aussi.