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MessageSujet: Home sweet home | Lavician   Home sweet home | Lavician EmptyVen 19 Mai - 16:12

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Lavinia & Lucian

Le sang coulait. La douleur se ressentait. Les coups pleuvaient. Pour la plupart, c’était Lucian qui les donnait. Mais en recevoir ne le dérangeait pas non plus. Bien au contraire. Il se sentait vivant de cette manière, le père Popescu. Depuis sa plus tendre enfance – enfin tendre, on se comprend – ce cher Lucian s’en était mangé des coups dans la gueule, en particulier par son père lui-même. Mais il avait rapidement appris à en donner également. Les combats, il n’y avait que ça de vrai. Ça lui procurait une putain d’adrénaline. Il aimait ça et encore plus lorsqu’il sortait victorieux de ses combats – ce qui arrivait à chaque fois. Personne ne l’avait jamais battu. Il s’en était déjà pris plein la gueule, oh ça oui, mais personne n’était parvenu à le vaincre, à le mettre hors circuit. Faut dire qu’il avait ça dans le sang et que sa fierté et son ego en prendraient un sacré coup s’il perdait l’un de ses combats. Faut croire que celui qui l’allongerait définitivement n’était pas encore né. Cependant, avec le temps c’est ce qu’il risquait d’arriver. Parce que Popescu senior avait beau avoir une confiance sans faille en lui, son corps vieillissait et personne n’avait d’emprise sur le temps. Alors il pouvait se la jouer imbattable pour le moment mais ça ne durerait pas éternellement, même s’il refusait en bloc de l’admettre. Un beau jour, il tomberait sur plus fort et plus vigoureux que lui. Mais heureusement pour Lucian, ce jour n’était pas encore arrivé.

Après son combat remporté haut la main par une victoire par ko, il empocha son pactole et décida d’aller fêter ça en allant boire un coup dans un bar. Il avait une lèvre abîmée, une arcade en sang, une pommette légèrement enflée, les phalanges rouges sang et des bleus sur le corps, ça ne l’empêchait pas d’aller picoler un coup. La douleur se faisait ressentir mais elle lui faisait un bien fou, paradoxalement. Lorsqu’il prit place sur un tabouret du bar, le barman le dévisagea, hésitant quelques secondes entre le servir ou le mettre dehors. Mais Lucian Senior ne lui laissa pas d’autre choix que de le servir en utilisant sa gentillesse légendaire - ou pas. Il n’avait pas que ça à foutre que d’attendre que ce connard se décide. Qu’il le serve, tout de suite, point barre. Faut dire aussi que le coup de poing sur le comptoir avait terminé de le convaincre de se magner le cul. La patience n’avait jamais fait partir des qualités du père Popescu. Oh si, si, comme tout le monde il avait des qualités ! Quelque part. Etrangement, avec sa gueule à faire peur, personne ne vint l’importuner pendant qu’il buvait tranquillement son verre de whisky. Parce que l’alcool fort, il n’y a que ça de vrai ! Il enchaîna les verres, à une vitesse folle. Un, puis deux, puis trois… Jusqu’à ce qu’il ne les compte plus. Faut dire aussi qu’il en avait gros sur le cœur à cause de ses morveux. Pas un pour rattraper l’autre. Tous à se barrer les uns après les autres comme des voleurs. Et Seven ce petit con qui avait limite renié sa propre famille. Ah, il ne voulait plus voir personne ? Bien, il n’existait plus pour son père. Et mine de rien, ça le bouffait de l’intérieur le patriarche, d’avoir fait une croix sur son septième gosse. L’ingrat ultime celui-là, ni plus ni moins. C’est en pensant à son petit merdeux qu’il ne se rendit pas compte des verres qu’il avait enchaîné, jusque tard dans la nuit.

Mais au bout d’un moment, il était temps de rentrer à la maison. Avec un peu de chance, Anca ou Lavinia serait encore debout pour venir le rafistoler ? C’était peu probable vu l’heure qu’il était mais l’espoir fait vivre comme on dit. Il réussit, on ne sait trop comment étant donné son état d’ébriété avancé, à rentrer chez lui. Lucian tenait bien l’alcool depuis le temps qu’il en consommait mais à très forte dose, il en ressentait quand même les effets, comme tout individu normal. Il entra chez lui en ouvrant la porte avec fracas, se fichant éperdument que sa famille dorme. Dans la pénombre, il manqua de trébucher sur les chaussures de son fils qui était dans le passage. « Putain de bordel de merde ! » Au moins, son entrée fracassante ne passait pas inaperçu. Il alluma la lumière pour constater que Ioan avait foutu ses pompes en plein milieu de l’entrée. Visiblement, il était rentré peu de temps avant son père sinon Lavinia les aurait rangées. « Putain de petit con. » Marmonna-t-il dans sa barbe alors qu’il se dirigea dans la cuisine en longeant les murs, espérant que sa femme lui ait laissé à manger dans le frigo, comme à son habitude. Dans le cas contraire, ça risquait de l’énerver. L’alcool aidant, il n’était pas vraiment de bonne humeur malgré sa victoire passée. Faut dire qu’il avait l’alcool mauvais le père Popescu, ça le rendait encore plus agressif et plus taré qu’il ne l’était en temps normal. Il n’y avait pas grand monde sur terre qui réussissait à le calmer et à l’apaiser quand il était dans cet état. A dire vrai, il n’y avait que deux personnes capables d’y parvenir, sa femme et sa fille préférée, sa petite Anca. Une chance pour tout le monde, les deux femmes vivaient encore sous son toit.

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Dernière édition par Lucian Popescu le Mer 24 Mai - 16:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Home sweet home | Lavician   Home sweet home | Lavician EmptyDim 21 Mai - 22:05

Le dîner avait été des plus maussades. Lavinia s'était retrouvée assise dans la cuisine avec pour seule compagnie Anca. Si habituellement la mère adorait ces moments privilégiés aux côtés de sa tendre fille, ces derniers temps, c'était moins le cas. La mère sentait que quelque chose clochait avec Anca mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Sa fille se terrait dans un mutisme qui ne lui ressemblait pas. Soit elle restait enfermée dans sa chambre, soit elle partageait son repas avec la matriarche en gardant le silence. Lavinia avait tout essayé. Elle avait essayé de lui parler, essayé de la faire rire, elle avait haussé le ton, elle avait pleuré, mais rien n'avait fonctionné. Anca s'obstinait à lui dire que tout allait bien, qu'elle était juste fatiguée ces derniers temps. Evidemment, Lavinia n'en croyait pas un mot, mais elle se mordait la langue et elle se taisait. Sa fille lui parlerait lorsqu'elle serait prête, c'était ce qu'elle se disait. Elle n'osait plus aborder le sujet de peur de voir sa fille quitter la pièce ou pire, quitter le domicile familial. Si cela venait à arriver, la mère ne le supporterait pas. Cela serait trop dur pour elle. Alors ce soir, elle avait mangé avec sa fille, essayant à quelques reprises d'établir le contact. Il y avait eu peu de mots, et une fois qu'elles eurent fini de dîner, toutes deux avaient rangé la cuisine, Anca était retournée dans sa chambre et Lavinia avait bu une tasse dans le salon. Seul sur le canapé, à fixer obstinément la cheminée, elle s'était mise à réfléchir à sa vie. Et rapidement, ses pensées s'étaient focalisées sur son mari. Lucian était parti combattre depuis plus de deux heures et il n'était toujours pas rentré. Lavinia détestait lorsqu'il paraît ainsi. Elle était persuadée qu'un jour ou l'autre, son mari ne reviendrait pas. Elle était persuadée qu'un jour ou l'autre elle recevrait un appel qui lui dirait que son cher et tendre se trouvait à l’hôpital. Elle était persuadée qu'un jour où l'autre, un policier frapperait à sa porte pour lui annoncer sa mort. Il allait y laisser sa peau, c'était indéniable. Et plus les années passaient, plus cette certitude s'était inscrite dans l'esprit de la roumaine, gravée dans son cœur. Elle avait beau lui cacher, cela devenait de plus en plus difficile de ne pas lui montrer qu'elle n'en pouvait plus de cette vie.

Une fois son thé terminé, la mère jeta un coup d'oeil à l'horloge. Un soupire lui échappa. Ni Lucian, ni Ioan n'allait rentrer ce soir. Elle rangea donc le gratin de pommes de terre qu'elle avait fait dans le frigo et puis monta dans la salle de bain. Elle se brossa les dents et d'un pas las se dirigea jusque dans sa chambre. Elle plongea sous les draps cherchant par tous les moyens à s'endormir. Or, comme toujours lorsque Lucian partait combattre, le sommeil ne venait pas. L'angoisse prenait possession de tout son être et elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire. Les minutes s'écoulèrent et elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. La mère se redressa dans le lit, guettant les pas qui montaient. Elle comprit lorsqu'ils s'éloignaient de la chambre parentale qu'il ne s'agissait pas de son mari, mais de son fils qui devait rentrer du travail. La Popescu laissa retomber sa tête dans ses oreillers et ferma les yeux. Il fallait absolument qu'elle dorme sinon elle serait inefficace le lendemain. Mais comment pouvait-elle s'endormir sans savoir si son mari allait bien ? Comment s'endormir tout en sachant pertinemment qu'il se trouvait dans les bras d'une autre ? Elle n'en avait pas la moindre idée.

Sans doute l'épuisement avait-il eu raison d'elle, puisque c'est en sursaut qu'elle se réveilla. Elle jeta un coup d'oeil au réveil, et vit qu'il était plus de deux heures du matin. Elle fronça les sourcils et tendit l'oreille. Oui. Pas de doute. Son mari était rentré. Elle l'entendit claquer la porte, maugréer puis donner un coup de pied dans quelque chose. Lavinia retint sa respiration quelques instants, mais la suite des événements lui indiqua clairement que son époux avait une nouvelle fois trop bu. Elle soupira, hésitant quant à la marche à suivre. Devait-elle descendre et voir comment il allait ? Ou devait-elle attendre qu'Anca s'en charge ? A cette pensée, elle secoua la tête et sortit de son lit. Non, ce n'était pas à Anca de gérer la situation, elle le faisait déjà beaucoup trop souvent. C'est donc en nuisette que Lavinia descendit les marches. Elle s'avança et s'appuya contre le chambranle de la porte de la cuisine, bras croisés, et observa Lucian qui tournait en rond. Sur un ton plus sec qu'elle ne l'aurait souhaité elle lui dit : « Tu rentres tard. Tu vas réveiller toute la maison. » Lucian se retourna vivement, et lorsqu'elle croisa son regard noir, elle se mordit doucement la langue. Lorsqu'elle aperçut sa lèvre en sang, l'hématome qui commençait à gonfler sous son œil, elle se précipita vers lui. L'inquiétude se lisait dans les yeux de la femme. Tremblante, elle approcha avec délicatesse sa main vers le visage boursouflé de son mari. Elle toucha doucement sa joue et murmura : « Quand vas-tu arrêter ? » Et puis, elle sentit son haleine alcoolisée et elle comprit qu'elle n'obtiendrait aucune discussion sérieuse. Elle prit sa main, l'installa sur une chaise et fila dans la salle de bain à la recherche d'un gant de toilette. Elle revint aussi rapidement que possible, et commença à nettoyer la lèvre de son mari. Incapable de détacher son regard de celui de l'homme, elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Pourquoi devait-il s'infliger tout cela ? Quel était le but ? Elle tourna la tête avant de laisser une larme s'échapper et sortit une poche de glace du congélateur. Elle la tendit à son mari et lui dit : « Tiens, mets ça sur ton œil, je vais réchauffer ton dîner. » Et elle sortit le plat du frigo. Elle mit une part sur une assiette et cette dernière dans le micro-ondes. Incapable de regarder son époux, elle se contenta de regarder l'assiette tourner. Cette assiette, c'était un peu l'histoire de sa vie. Lucian allait toujours combattre, revenait toujours abîmé, Lavinia ou Anca le soignait toujours et puis il repartait combattre. Un éternel cercle vicieux. Oui, ce soir, cette assiette dans ce micro-ondes c'était son mari.
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MessageSujet: Re: Home sweet home | Lavician   Home sweet home | Lavician EmptyMer 24 Mai - 18:22

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Lavinia & Lucian

Lucian Popescu avait l’habitude de rater les dîners. Ça n’arrivait pas tous les jours, certes, mais il était bien plus souvent absent que présent. Quand les combats s’éternisaient, il rentrait la plupart du temps en début de soirée. Mais il lui arrivait aussi d’aller boire dans un bar, pour fêter ses victoires. L’alcool avait toujours fait partie intégrante de sa vie, ce n’était pas à cinquante ans bien passés que ça allait changer. Et puis, il lui arrivait de finir dans le lit d’une femme, autre que la sienne. Lavinia n’avait pas une vie rêvée, loin de là. Ses enfants se tiraient les uns après les autres, elle n’avait pas le droit de sortir sans être accompagnée et était dévouée à la cuisine et au ménage. Un mode de vie bien obsolète, mais normal chez les Popescu. Lucian, très vieille école, ne voyait pas d’autre façon d’occuper sa femme. Trouver un travail ? Certainement pas, elle avait suffisamment à faire à la maison. Sortir seule ? Encore moins ! S’il lui arrivait quelque chose en son absence, le patriarche ne s’en remettrait pas. Sans compter que Lavinia n’était pas très à l’aise à l’extérieur. Quoi de plus normal avec une vie de recluse ? Et puis soyons honnête deux minutes, Lucian voulait garder sa femme pour lui, aussi égoïstement que cela puisse être, alors ça l’arrangeait bien qu’elle soit effrayée par l’extérieur. Ainsi, elle serait toujours à la maison pour s’occuper de lui, chaque fois qu’il rentrerait.

Cette nuit ne fit pas exception, lorsqu’il rentra bourré en manquant de trébucher dans les godasses de son fils qui n’étaient pas rangées. Il savait que sa chère épouse serait toujours là pour lui, quoi qu’il se passe. Ça avait toujours été ainsi. Pourquoi les choses changeraient-elles ? Il n’y avait aucune raison, n’est-ce pas ? Toutes les lumières avaient été allumées sur son passage – tant pis pour la facture d’électricité. Il se retrouva dans la cuisine et hésita quelques instants pour savoir quoi faire. Il avait soif. Il avait faim. Mais par quoi commencer ? Un petit verre de plus ? Une part du repas de ce soir ? La voix de sa femme dans son dos le tira de ses réflexions et surpris d’entendre quelque chose dans ce silence pesant, il se retourna vivement. C’est qu’elle l’aurait presque fait sursauter la mère Popescu. Détestant être pris au dépourvu de la sorte, il lui jeta un regard noir, se fichant de sa remarque aussi sèche fut-elle. Cependant, lorsque son regard croisa le sien, Lavinia changea d’expression. On pouvait y lire toute son inquiétude, sa désapprobation à l’égard des activités de son cher mari. Il est clair que voir son visage aussi abîmé avait de quoi calmer le jeu. Même si ce n’était pas la première fois qu’il rentrait amoché. Ni la dernière, sans aucun doute. Elle se précipita rapidement vers le père de ses enfants et ne tarda pas à approcher sa main tremblante de son visage. Lucian ne cilla pas une seule seconde et se laissa faire, regardant simplement sa femme se préoccuper de lui, comme toujours. Sa question, posée dans un murmure, se heurta contre lui telle une goutte d’eau sur un rocher. Elle ne lui fit aucun effet. Quand allait-il arrêter de se battre ? Elle connaissait la réponse, il n’avait pas besoin de répondre. Jusqu’à la fin. Jusqu’à ce qu’il ne s’en relève pas. Parce que les combats faisaient partie intégrante de lui, de ce qu’il était. Et ce, depuis toujours. On n’interdit pas aux gens de manger. On ne les empêche pas de respirer. Combattre était aussi vital que ça pour le père Popescu. Plus qu’un passe-temps, c’était une nécessité. N’en déplaise à qui que ce soit. « J’ai faim. » Lança-t-il, tranchant, pour toute réponse. Il ne voulait pas débattre, il n’en avait aucune envie et n’était certainement pas en état pour ça.

Son épouse avait sans aucun doute compris qu’elle n’obtiendrait rien de lui alors elle prit sa main pour l’installer à table. Elle s’éclipsa ensuite et Lucian se retrouva seul dans la cuisine. Seul avec lui-même. Il en profita pour se relever et aller chercher une bière dans le frigo, parce que ça donnait soif d’attendre. Il la décapsula et balança la capsule dans l’évier avant de retourner s’asseoir pour en boire quelques gorgées. Il avait déjà assez bu, mais visiblement, il n’était pas de cet avis. Madame Popescu ne tarda pas à revenir avec un gant de toilette et s’affaira rapidement à nettoyer le visage ensanglanté de son mari. Cependant, elle se détourna bien vite de sa tâche pour aller récupérer une poche de glace qu’elle lui tendit. Celui-ci la récupéra non sans remarquer les yeux bien trop brillants de sa femme. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Si Popescu senior avait élevé ses mioches à la dure, ce n’était pas pour que leur mère craque. Tandis qu’elle mit son plat à réchauffer, l’homme déposa la poche de glace sur la table pour boire un peu plus de sa bière. A quoi bon se faire chier à soigner ses plaies ? Il ne ressentait aucune douleur. Pour le moment. Il est certain que la chanson serait différente dans quelques heures, quand il se réveillerait après une nuit plus ou moins courte. Un marteau-piqueur risquait de résonner dans sa tête, sans oublier ses blessures et hématomes qui se réveilleront aussi. Mais là n’était pas le sujet et son état lui importait peu à l’heure actuelle. « Qu’est-ce que t’as fait à manger ? » Il ne doutait pas de la qualité du plat de sa femme, loin de là. Il savait qu’elle était bonne cuisinière mais il était curieux de savoir ce qu’elle avait préparé pour ce soir. « Les gosses sont là ? » Lança-t-il en se relevant, laissant sa bière sur la table. Ouais, aussi étonnant que cela puisse paraitre, il se préoccupait de savoir où étaient ses enfants. Du moins, ceux qui vivaient encore ici. Ioan devait sans doute être là puisqu’il avait trouvé ses pompes dans l’entrée. Mais les filles ? Anca ? Tereza ? Etaient-elles là, elles aussi ? Bien au chaud sous son toit ? Parce que le patriarche n’aimait pas savoir ses filles dehors en pleine nuit. Déjà qu’Anca rentrait souvent tard à cause de son travail… Chose qu’il appréciait moyennement. Si ça ne tenait qu’à lui, il interdirait à tous ses enfants de quitter la maison. Mais là-dessus, il avait échoué, lamentablement.

Il s’approcha de sa femme, toujours aussi séduisante dans sa nuisette, malgré les années passées. Lavinia avait toujours été une belle femme. La plus belle aux yeux de son mari. Les années n’y avaient rien changé. Arrivé à son niveau, il passa ses bras autour d’elle et resta dans son dos. Il déposa ses lèvres dans le cou de sa belle, doucement. Lui qui n‘était pas du genre doux et délicat avec les femmes, son attitude était totalement différente avec celle qui partageait sa vie. Contrairement aux nanas qu’il ramassait dans les bars, il se préoccupait d’elle. Il finit par attraper le menton de sa chère et tendre entre ses doigts pour tourner son visage vers lui. Quelque chose clochait, et ça ne lui plaisait pas. « Qu’est-ce qui t’arrive ? » Lança-t-il sur un ton un peu trop sec. Il n’aimait pas la savoir contrariée et il détestait par-dessus tout de voir un membre de sa famille pleurer. Parce que ce sont les faibles qui pleurent. Or, les Popescu ne sont pas des faibles. Aucun d’entre eux.

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