Tonight we gotta live for, we gotta live for these days. Tonight, tonight, we'll remember, we'll remember these days. What a day to believe to believe in the night, want a date to belong, to a face in the crowd to the beat of your heart. (
These Days, Take That)
▬ Kelia & AnissaElle est de retour, la fille fêtarde, la fille qui s'amuse. Ça fait longtemps qu'elle avait disparu, cette fille. Mais Anissa est redevenue comme avant. Il faut dire aussi, que si elle peut faire ça, c'est parce qu'elle n'est plus enceinte. Elle essaie de se trouver des raisons positives, même si on peut difficilement en trouver, aux fausses-couches. Mais quelque part, elle se demande si ce n'était pas préventif. Parce que maintenant, elle voit mieux comment c'est, entre son mari et elle. Peut-être qu'ils ont commis une erreur. Les gens qui sont faits pour être ensemble, ils se battent, ils affrontent les moments difficiles ensemble, ils les surmontent, ils dépassent les obstacles, ensemble. En bref, ils sont unis.
Parce qu'ils s'aiment. Enfin,
a priori. Anissa, elle sait plus trop ce qu'elle ressent. Elle sait plus trop où elle en est. Elle est paumée. Ou peut-être qu'elle le sait, dans son inconscient. Peut-être qu'elle s'aveugle volontairement, qu'elle se borne à ne pas savoir. Alors elle se contente de le critiquer, de lui faire les pires reproches du monde. Parfois, elle a des élans de tendresse, pourtant. Mais ils se font de plus en plus rares. Peut-être que tout est foutu entre eux.
Ce soir, elle sort. C'est de plus en plus fréquent. Parce qu'elle en a besoin, parce qu'elle a besoin de se sentir vivre. Sortir, ça la fait respirer. Ça lui permet de quitter la maison qu'elle partage avec Jefferson. La maison étouffante dans laquelle ils
cohabitent. Là-bas, elle n'est plus qu'une ombre, Anissa. Mais ce soir, ça va changer. Comme lorsqu'elle est sortie avec Ellie. Comme à chaque fois qu'elle quitte cette prison. Elle est toute joyeuse, An', à l'idée de sortir. Elle a mis sa jupe droite au motif ethnique et un haut noir uni. Elle s'est coiffée très simplement, et s'est maquillée légèrement. Elle a enfilé ses bottines, attrapé son manteau, et elle est partie. Direction le bar à cocktail de Tybee Island. Elle le connaît bien, ce coin – c'est même l'un de ses endroits préférés. Elle est ravie d'y retourner, avec Kelia. Elles s'entendent bien, toutes les deux. À ses côtés, Anissa se sent plus libre. Plus légère. Ça lui fait presque la même sensation qu'avec Ellie. Oui, elle se sent libérée, libérée d'un poids énorme. Elle se sent elle-même, parce qu'elle se comporte comme elle-même. Elle n'est plus la si froide, la si cassante épouse, qu'elle s'oblige à être avec Ziegler. Avec Kelia, elle peut rire, ou noyer ses peines dans la même liqueur. C'est certainement cela qui les a rapprochées, au fond. Elles ont chacune leurs problèmes, mais le même moyen pour les oublier – pour un temps. Anissa, elle apprécie la fraîcheur que lui apporte Kelia. Elle apprécie son amitié, surtout – au moins, il y a encore des gens qui ne la voient pas comme un monstre. Alors elle est sincèrement ravie de passer ce moment, en sa compagnie.
« Bonsoir ! Moi aussi. » elle répond, tout sourire, avant de lui faire la bise et de l'éteindre quelques instants.
« Pire qu'en forme ! J'ai attendu ça toute la semaine. » Et elle se met à rire, Anissa, d'un joli rire enfantin. Elle suit Kelia à l'intérieur du bar, retrouve l'odeur qui flotte dans l'air, l'odeur spécifique de cet endroit.
« Oh, tu sais, la routine. » Elle a l'impression de ne pas faire grand-chose, Anissa. Elle se contente de s'occuper de sa galerie d'art, et de lutter contre ses vieux démons.
« La galerie ré-ouvre la semaine prochaine. Et j'ai été voir la police. J'ai découvert que mon père trempait dans des histoires pas très jolies. » Elle soupire. La ré-ouverture de la galerie l'angoisse, elle a peur de ne pas être à la hauteur de son père, propriétaire initial de la galerie en question. Mais a-t-elle réellement envie d'être à sa hauteur, maintenant qu'elle sait sa participation à un trafic d'oeuvres d'art ? Elle ne sait plus trop, Anissa.
« Du coup, cette semaine m'a semblé durer une éternité. » termine-t-elle avant de rire doucement.
« Et la tienne ? » demande-t-elle, sincèrement intéressée.