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Invité ☽ ☾
| Sujet: Blood Brothers (llewyn) Sam 18 Fév - 23:31 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersComment environ n’importe quelle personne ayant été soumis à cet exercice auparavant, je n’avais jamais vraiment été un grand fan des séances de rééducation. Toutefois, puisque je savais que celles-ci m’aidaient à aller mieux et que plus encore, il était nécessaire que je m’y rende, que je continue à travailler, pour que je retrouve une vie complètement normale, une motricité semblable à celle que j’avais avant l’accident, que je sois en mesure de retourner faire mon jogging matinal au minimum deux ou trois fois par semaine, il me fallait le faire. Heureusement, depuis quelques mois maintenant, je me confortais dans l’idée que je n’étais pas le seul dans cette situation. Enfin, ce n’était pas vraiment des plus rassurants et ce n’était pas ce qui me poussait à me rendre en rééducation avec un grand sourire aux lèvres et une contagieuse joie de vivre, mais disons que savoir que je pouvais en parler à quelqu’un qui était devenu très cher pour moi en quelques semaines seulement rendait la chose un peu moins pénible. Et pour cette raison, aujourd’hui, alors que je n’allais pas au travail de la matinée pour cette dite séance de rééducation, je ne me sentais pas blasé ou nerveux à l’idée de m’y rendre. Au contraire, limite, j’étais content d’y aller aujourd’hui, puisque Llewyn et moi avions - finalement - eu la bonne idée de synchroniser à peu près nos rendez-vous pour pouvoir passer du temps en compagnie l’un de l’autre à la suite de ceux-ci. Enfin, je ne disais pas que nous étions totalement idiots de ne pas avoir pensé à cela avant aujourd’hui, et il fallait dire que nous avions eu de la chance, puisqu’avoir deux places environ en même temps était loin d’être facile dans ce genre de clinique. Quoiqu’il en soit, ce fut moins à reculons qu’à la normale que je me préparai à m’y rendre. Bien que mon état me permettait désormais de conduire, bien que ce soit sur de petites distances et à une vitesse pas trop élevée, je demandai quand même à mon épouse d’aller me déposer à la clinique avant de se rendre au studio de danse. Bien sûr, j’avais fait gaffe à ce que cela ne vienne pas perturber son emploi du temps, mais heureusement, comme si tout était fait pour que tout se passe bien, ce ne fut pas le cas. Je partis donc en sa compagnie, me permis même de la gratifier d’un baiser avant de sortir de la voiture pour me rendre à la clinique, et je me rendis dans la salle d’attente, comme à mon habitude. À l’heure prévue, le kinésithérapeute qui s’occupait de ma personne depuis qu’on m’avait permis de recommencer la rééducation m’accueillit, puis la séance commença. Celle-ci servit plutôt à rendre mes muscles un peu plus souples, puisque sachant désormais me tenir sur mes deux jambes et avancer, je ne savais toutefois pas le faire avec beaucoup d’aisance, d’où le fait que je me devais de travailler un peu plus de ce côté. Le tout fut quand même douloureux, mais pas autant que certaines séances que j’avais connues auparavant, qui m’avaient tant faites souffrir que dans le cadre d’une journée comme aujourd’hui, pour sûr, j’aurais dit à mon meilleur ami que nous devrions reporter notre déjeuner ensemble. Mais là, je ne me sentais pas si mal que cela, même si je ne niais pas que je serais loin d’être prêt à courir un marathon. N’ayant pas eu l’occasion de croiser Llewyn dans la salle, mais sachant très bien que cela arrivait bien souvent, tout dépendant de ce qui était prévu pour notre rendez-vous, je choisis d’aller patienter dans la salle d’attente, sachant très bien qu’inévitablement, il lui faudrait passer en ces lieux pour atteindre la sortie de la clinique. Décidé à ne pas m’épuiser tout de suite, je pris place dans un fauteuil, attendant les quelques minutes de décalage qu’il y avait entre nos deux rendez-vous pour que nous puissions finalement aller autre part.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Ven 24 Fév - 13:16 | |
| Etirements. Extensions. Lever. Plier... Toujours les mêmes mots, les mêmes gestes de robot. Impulsion mécanique. Tentative de stimulation de cette jambe à demi-morte. Et toujours ce même résultat. A savoir rien. Pas d'amélioration. Et toujours des grognements accompagnés de coups de béquille dans les murs. Ainsi se passait le quotidien de Llewyn, entre séances de rééducation et le néant total. Quelque chose, quelque part devait forcément être bloquée. Mais quoi ? Encore ces foutues vertèbres, ou bien était-ce d'ordre psychique ? Etait-ce parce qu'il se tenait lui-même responsable de la mort de son fils ? S'empêchait-il lui-même d'avancer ? Rester bloqué dans le passé, ne surtout pas avancer, afin de garder égoïstement l’image de son fils pour lui-même. Conserver ce souvenir, le chérir à jamais. Encore et encore. Jamais plus il n’avancerait. C’était donc ça ? Llewyn n'en savait rien. Pour l'heure tout ce dont il était sûr c’est que cette séance de kinésithérapie était un calvaire, et que la douleur était toujours là, tapie dans l’ombre prête à ressurgir au moindre mouvement, au moindre faux pas. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer de penser à autre chose. Cela ne faisait que six mois depuis l’accident. La meilleure chose à faire était encore de laisser le temps au temps. Même si pour le moment aucune amélioration n'était notable – du moins pour Llewyn, qui arrivait tout de même à se déplacer avec la seule aide de sa béquille. Il devait persister. Garder espoir d'une guérison totale et d'une démarche sans douleur et non claudicante.
« La meilleure façon de faire revenir vos aptitudes est de répéter les mêmes gestes. », lui répétait sans cesse son kiné en voyant sa mine renfrognée à chaque nouvelle demande d'exercice. « Oui à quelques exceptions près, comme le suicide. Difficile de répéter ce geste. », finit-il par lui répondre un beau jour. Lapsus ou pas, Llewyn savait pertinemment que ce n’était pas pour l’embêter que son kiné lui demandait d’effectuer tel ou tel geste. Mais il était le seul contre qui Llewyn pouvait déverser sa rancœur sans véritable retour de bâton. Heureusement pour lui, aujourd’hui était un jour plutôt particulier puisqu’il devait rejoindre son ami Jordan, après avoir réussi à faire concorder leur deux rendez-vous. S’il y avait au moins du positif à tirer de cette situation, c’était bien cette amitié. La théorie des dominos inversés. Au lieu de se faire tomber l'un l'autre, Jordan et Llewyn se soutenaient, tout en se tirant vers le haut. L'ancien pompier avait beau grogner tout ce qu'il pouvait, il devait bien admettre qu’il était heureux de pouvoir retrouver son ami afin de décompresser un peu. La situation familiale de Llewyn étant quelque peu tendue ces derniers temps. C’est tranquillement installé dans un fauteuil au niveau de la salle d’attente qu’il retrouva ce dernier. « Salut Jordan ! Ma parole, mais c’est que tu deviendrais presque fainéant… », dit-il en rigolant et en désignant le fauteuil. « Puisque le marathon de New-York ne sera pas pour la semaine prochaine... c'est bien triste d'ailleurs... si nous allions grignoter un bout ? Évitons de nous éterniser ici, au cas-où l'idée de nous séquestrer pour une nouvelle séance leur viendrait. » |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Sam 25 Fév - 5:56 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersAvant l’accident, toute personne qui aurait passé un commentaire semblable à celui que Llewyn eut à mon adresse aurait tôt fait de me faire bondir de mon fauteuil, comme si j’aurais voulu prouver que non, je n’étais pas un fainéant. En effet, ça n’avait jamais été mon genre de profiter de chaque moment pour m’asseoir afin de patienter. Enfin, je savais quand il fallait rester tranquille, mais lorsque ce n’était pas nécessaire, j’avais toujours eu pour habitude de rester debout. Cependant, avec ma condition, il m’avait fallu apprendre à m’asseoir plus souvent, me reposer même si je n’étais pas nécessairement fatigué, afin d’avoir la force nécessaire pour continuer par la suite. Au début, ça avait été plus que compliqué, et surtout particulièrement frustrant pour ma personne, mais maintenant, j’avais l’habitude. Enfin, je ne disais pas non plus que lorsque tout irait mieux, j’allais continuer à agir de la sorte, mais là, tout de suite, alors que je venais de sortir de rééducation et que je me doutais bien que j’allais devoir marcher, même si ce n’était qu’un peu, je ne m’en complexais pas trop. Par conséquent, pour toute réponse, je souris à mon ami, préférant de loin lui signifier que j’étais content de le voir plutôt que de râler de quelconque façon. En revanche, je ne me fis pas prier pour me lever non plus au moment où il me proposa finalement d’aller manger un morceau, histoire de ne pas rester plus longtemps dans cet endroit. Me soutenant à l’aide des deux appui-bras, je me redressai, puis finalement, je dis: « Bonne idée, allons-y ! » J’étais bien conscient que mes propos pouvaient sembler particulièrement courts par rapport à ceux que mon ami avait choisi de tenir, mais d’une certaine façon, c’était volontaire. En effet, Llewyn semblait si embêté de devoir rester ici plus longtemps que je ne me voyais clairement pas éterniser son séjour en tenant un monologue qui, au fond, n’avait probablement pas lieu d’être. Cependant, cela ne voulait pas dire que je n’avais pas l’intention d’ajouter quoi que ce soit, ou bien que pire encore, je n’avais pas entendu ses derniers propos concernant le marathon de New York et tout ce que cela pouvait sous-entendre. Ce que je fis, c’est que j’attendis que nous eûmes pris la direction de la sortie, lentement mais sûrement, au rythme que notre corps acceptait de nous porter. L’avantage, c’est qu’alors que la normale des gens saurait nous dépasser de trois cents mètres et ne pas avoir d’autre choix que de patienter à un moment donné, nous, nous pouvions marcher environ à la même vitesse. Ça donnait l’impression que nous vivions au ralenti dans un monde normal, mais en ce qui me concernait, c’était tout simplement parfait. Puis, sitôt que nous eûmes franchi les portes de la clinique, je me permis finalement de lui demander: « La séance a été difficile ? » C’était l’hypothèse qui s’était formée dans ma tête par rapport à ce qu’il avait dit plus tôt, je ne pouvais pas vraiment le cacher. Plus encore, je ne voyais pas vraiment de problème à lui poser la question ainsi, considérant le fait que nous vivions tous les deux la même chose, environ. Après, s’il ne voulait pas en parler plus amplement, je n’en ferais pas un cas, me disant qu’au moins, j’aurais pris des nouvelles de ses progrès. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mer 1 Mar - 18:25 | |
| Qu’est-ce qu’un véritable ami ? Quelqu’un que l’on connait de longue date voire depuis toujours ? Ou bien au contraire une personne qui vient seulement d’entrer dans notre vie ? Une personne qui vous appelle tous les jours et vous demande si vous allez bien, sans vraiment se préoccuper de la réponse ? Ou quelqu’un qui, malgré la distance, se préoccupe réellement de votre sort ? Une personne qui vous viendrait en aide uniquement par intérêt ? Des tonnes de schémas potentiels, et pas vraiment une réponse meilleure que l’autre. L'amitié n'ayant pas de visage, ni d'universalité. L’être humain étant de toute manière par nature opportuniste. Mais, selon Shakespeare, un ami devrait supporter les faiblesses de son ami. C'est ce qui se passait ici, entre les deux protagonistes. Depuis leur rencontre, aucun jugement entre les deux hommes, juste une soupape de sécurité, permettant à chacun d'évacuer le trop plein de stress. Un moyen de ne pas se noyer dans sa propre folie. Une aide précieuse. Les similitudes entre eux étant flagrantes. Le vécu difficile du deuil, ces autres qu'ils n'étaient plus, perdus à tout jamais en chemin. Ne restait pour le moment plus que des cendres de leur ancienne vie. Renaissance en cours. Telle une fenêtre ouverte au bout du chagrin. Llewyn osait espérer que le pire était maintenant derrière eux. Mais la vie est parfois telle une farce, ou un scénario de série avec des réalisateurs/scénaristes schizophrènes aux commandes. Random mode activé. Pas de moyens de savoir à quelle sauce vous allez être mangé.
Le pompier avança sans rechigner, plus ou moins au même rythme que le blond. Sentiment de délivrance que de quitter les lieux. Une bouffée d'oxygène après cette trop longue apnée. La question de Jordan le fit réfléchir quelques instants. Il posa ensuite sur son ami un regard où se mêlait mélancolie et gaieté. Il ne savait plus très bien s'il devait en rire ou bien en pleurer : « C’est le moins qu’on puisse dire. J’ai l’impression que c’est comme pisser dans un violon, c’est ridicule et ça ne sert à rien… C’est exactement le même sentiment que j’ai après chaque séance. Et aujourd’hui la séance était douloureuse. Je pensais en avoir terminé avec la douleur mais non même pas... C'est comme Dark Vador... tu crois qu'il est mort et puis en fait non, il revient toujours au moment où il ne faut pas. » Le brun marqua une légère pause avant de reprendre. « Le kiné me rabâche toujours la même chose en plus… c’est dans la répétition que les choses vont finir par s’améliorer blablabla. Je voudrais bien le voir à notre place, est-ce qu’il tiendrait le même discours idiot ? Ou bien est-ce que lui aussi aurait l'air d'un chiot qui essaie d'apprendre à marcher ? ». Llewyn n’aimait pas se plaindre, cela n’avait jamais fait partie de sa personnalité, mais aujourd’hui il avait la possibilité de se délester d’un poids, celui du sac qu’il avait bien trop rempli au cours des derniers mois. Impression de soulagement qui ne serait certainement que de courte durée. « Assez parlé de moi... tu as l'air de bien t'en sortir, ou bien tu as un talent de comédien caché ! » |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mer 15 Mar - 1:02 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersEn toute franchise, je ne pouvais que comprendre les propos de mon ami, dans le sens que pendant bien longtemps, j’avais eu des pensées similaires. Enfin, peut-être que je ne faisais pas des allégories aussi poétiques et des références aussi bien placées que celles de mon ami, mais disons que l’idée de base était la même. Bien souvent, je m’étais retrouvé frustré à la sortie d’une séance, parce que j’avais l’impression que cela ne changeait pas ma condition, qu’il n’y avait pas vraiment de progrès et qu’au fond, mes assurances finançaient ces séances pour rien du tout. Chaque fois que je sortais au début, j’avais plus mal que lorsque j’étais entré, je mettais des heures à m’en remettre, et j’en revenais toujours à devoir faire usage d’instruments pour devoir me déplacer. Évidemment, j’avais fini par avancer, mais ça avait pris du temps, ça avait provoqué chez moi diverses émotions plus frustrantes et désemparantes les unes que les autres, d’où le fait que je ne m’étonnais pas des propos de Llewyn et je ne pouvais que compatir, même si je choisis de ne rien dire au bout du compte, me disant que là, tout de suite, il avait certainement besoin de se vider un peu, se défouler sur ce qu’il venait de vivre. Après, si jamais il voulait que je me prononce sur la question, je me doutais bien qu’il allait me le demander, me mettre la puce à l’oreille concernant ce fait. Du coup, je me contentai de simplement pincer les lèvres, le laisser aller au bout de son propos, me permettre un sourire à la fois triste et gêné quand il me parla de sa frustration contre le kiné. Ça, c’était un autre fait que je pouvais très bien comprendre, parce que pour l’avoir appris à mes dépens, je savais maintenant qu’il était impossible de savoir ce que ça faisait à moins de l’avoir vécu. Je ne niais pas que l’aide des gens voulant montrer une certaine compassion était la bienvenue, mais disons que jamais elle ne saurait remplacer une discussion avec quelqu’un qui savait vraiment de quoi il s’agissait, de la douleur physique et psychologique que tout ce processus pouvait engendrer. Mais encore une fois, je ne passai quelconque commentaire sur le sujet, et de toute façon, je n’en aurais pas eu le temps, puisque Llewyn poursuivit en me posant une question qui m’arracha un petit rire que je ne fis toutefois pas durer volontairement, puisque le cas contraire aurait probablement été gênant. Reprenant mon sérieux sans trop de problème donc, je lui répondis: « Non, ça va.. Enfin, peut-être que mon kiné lui, il soit désespéré du fait que mes jambes soient raides comme deux planches de bois, mais au moins, je marche… » J’étais parfaitement conscient que ma démarche était très loin d’être parfaite, que j’avais encore énormément de travail à faire de ce côté, mais au moins, à présent, je pouvais me consoler en me disant que je n’étais plus en béquilles, ou pire encore, en fauteuil roulant. Cependant, ce n’était pas pour autant que je pouvais marcher sur de longues distances, et me doutant bien que mon ami ne voudrait pas faire de même non plus, je me dis, sitôt que je vis un petit restaurant de petit-déjeuner et déjeuner l’autre côté de la rue, de lui proposer: « On va là ? », me disant que niveau distance, c’était probablement le plus raisonnable. Après, si Llewyn préférait aller ailleurs, je n’allais pas m’y opposer, tant et aussi longtemps que nous étions capables de marcher jusque là, parce que me concernant, je n’avais pas de voiture, et j’ignorais si c’était le cas de mon ami pour le coup.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Jeu 23 Mar - 18:05 | |
| Comme venait de le faire remarquer Jordan, tous deux pouvaient s’estimer heureux de pouvoir encore marcher, même si l’usage des jambes de chacun était tout de même assez aléatoire. Tout dépendait sans doute de leur humeur ou bien du temps qu’il faisait dehors, toujours est-il que Jordan avait raison avec cette remarque, il venait de faire comprendre à son ami qu’il existait sans doute pire qu’eux sur cette terre. Enfin peut-être. « Tu n’imagines même pas la chance que tu as… » Llewyn ne connaissait pas les circonstances exactes de l’accident de Jordan et n’avait jamais réellement osé lui poser la question. Il estimait que si son ami voulait lui en parler, c’était à lui d’évoquer le sujet et non pas l’inverse. Cela risquait fortement d’être vécu par Jordan comme une intrusion ou bien une curiosité malsaine. Pour ce qui était de son cas personnel, l’ancien pompier avouait avoir eu son lot de malheur et de tristesse. Pire que lui sans doute, mais dans le genre tristesse c’était déjà pas mal. Llewyn n’osait imaginer ce qui pouvait être pire que d’assister à la perte d’un enfant. La disparition de Mason ne s’inscrivait pas dans l’ordre logique des choses. Rien n’était juste. Mais ce n’était pas le moment de se demander ce qui était juste ou non.
La discussion entre les deux amis suivait son cours, là juste au bord de ce trottoir, alors qu’ils venaient de se donner pour mission de traverser la route, pour prendre une collation juste en face dans ce petit boui-boui. « Avec plaisir ! Tant qu'on peut manger un bout et prendre un café, peu importe l'endroit ça me va », dit-il en hochant la tête, tandis qu’il rivait son regard à la chaussée et aperçut alors cette énorme et magnifique flaque marron – allant du bord du trottoir jusqu'à un tiers de la route. Il leur faudrait faire une certaine gymnastique pour éviter cette dernière. L’Anglais allait amorcer un pas sur la chaussée, là où la flaque semblait la moins profonde, quand soudain surgit de nulle part une énorme voiture noire – dont il n’arriva pas à identifier la marque, puisqu’il se fichait autant des voitures que de son premier bec bunsen. Les cages en métal sur roues, un truc de babouin pour lui, ou bien de mâle ayant besoin de compenser quelque chose. Le conducteur n’eut d’autre idée que de rouler dans la flaque, certainement parce qu’il était aveugle pour manquer cet étang au milieu de la route, ou bien tout simplement parce que ça devait être vraiment comique d'arroser deux pauvres handicapés - et de voir leur tête consternée dans le rétroviseur. C’est donc un tsunami d’eau croupie et boueuse qui s’abattit alors sur les deux jeunes hommes. « Enfoiré ! », hurla Llewyn alors qu’il se penchait pour ramasser un caillou avant de le lancer de toutes ses forces contre le pare-brise arrière de la voiture. L’espace d’un instant il reporta son attention sur ses vêtements et fit le constat des dégâts. Sa chemise blanche accusait sérieusement le coup et était maintenant constellée de tâches brunâtres, tout comme son pantalon (qui fort heureusement était déjà beige). Il sentit un liquide lui dégouliner le long du cou, qu’il essuya avec le revers de sa main. Ignoble sensation d’être trempé jusqu’à la moelle. Le Londonien se tourna alors vers son ami et éclata de rire. Jordan n’avait pas été épargné non plus. Trempé comme une soupe. Les deux hommes avaient l’air vraiment fin, peut-être était-ce le moment de lancer une nouvelle mode ou bien de s’inscrire à un concours de T-Shirt mouillé. « Je crois qu’on l’a bien mérité ce café ! Cette couleur marron te vas tellement bien au teint... d'ailleurs tu as un peu de boue dans les cheveux... C'est bon pour la peau, enfin il parait ! » Llewyn en avait certainement lui aussi, d'ailleurs il n'osa pas retirer la masse des cheveux de son ami, la scène aurait pu paraître étrange de l'extérieur. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mer 29 Mar - 21:39 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersDevant le découragement évident de mon ami concernant sa rééducation, sa situation, bref, concernant tout, j’avais le sentiment, je choisis de ne rien dire, me contentant de simplement poser ma main sur l’épaule de Llewyn, sans y mettre trop de poids pour ne pas le faire perdre pied ou quelque chose du genre. C’était peut-être idiot, complètement banal comme geste, mais mon métier m’avait appris que parfois, certains gestes étaient plus forts que des paroles, surtout avec des élèves qui, parfois, avaient de la difficulté à s’exprimer, comme ceux de ma classe. Là, par ce geste, je voulais lui signifier que je comprenais, en quelques sortes, ce qu’il vivait, concernant la rééducation en tout cas. Pour le reste, concernant son histoire personnelle, je la connaissais pas suffisamment, comme il ne connaissait pas complètement la mienne, pour lui dire que je comprenais, compatissais ou quoi que ce soit du genre. Viendrais-je à l’apprendre un jour ? Je n’en savais trop rien, mais une chose était certaine, c’était que jamais je ne pourrais me permettre de le brusquer ou quelque chose du genre par rapport à cela. Attendre, rester disponible, rester ouvert, voici le mieux que je pouvais faire dans le cas présent à mon avis. Cependant, compte tenu que cette conversation ne serait pas pour maintenant et que plus encore, je ne voulais pas provoquer un malaise par cette action, j’attendis quelques secondes, tout au plus, avant de retirer ma main de l’épaule de mon ami, me disant que le mieux que je pouvais faire à ce moment-là, c’était de lui proposer de nous mettre en route pour nous rendre dans un restaurant à proximité. Le choix de notre destination ne fut pas des plus simple, alors nous n’attendîmes pas plus longtemps pour commencer à marcher en cette direction. Sommes toutes, le chemin était simple; il nous fallait traverser la rue, marcher sur un demi-bloc, et le tour était joué. Cependant, quelqu’un décida de nous mettre des bâtons dans les roues alors que nous n’avions même pas mis un pied sur la chaussée, passant à toute vitesse dans une flaque d’eau boueuse non loin, nous éclaboussant inévitablement. De mon côté, j’eus un cri à la fois de surprise et de frustration, tandis que mon ami, lui, ne se gêna pas pour injurier le conducteur, qui n’avait très certainement rien entendu. Soupirant, découragé de me sentir aussi trempé, je tentai tant bien que mal de chasser le surplus d’eau sur mes vêtements, même si c’était peine perdue. Heureusement, j’étais un peu mieux placé que mon ami, puisque j’avais décidé de porter des vêtements plus foncés mais il n’en demeurait pas moins que ce n’état pas l’idéal. Frustré, je considérai mon ami avec un air sérieux, incapable de partager son rire dans un premier temps. Non pas que je ne le voulais pas, mais parce que, pour une raison que je ne m’expliquai pas, j’en fus incapable. Enfin, ça, ce fut au début, puisque sitôt qu’il en vint à passer un commentaire sur les effets bénéfiques de la boue pour la peau, ce fut sans réfléchir que je ris doucement, avant de passer une main dans mes cheveux et la secouer vigoureusement. Inutile de penser à me faire une mise en pli convenable, parce que non seulement, ce n’était pas dans cette condition que je pourrais le faire, mais de plus, ma dextérité n’étant pas encore au rendez-vous dans ce genre de situation, je ne pouvais même pas songer à attraper une petite mèche de cheveux pour la replacer, jamais je ne saurais la prendre entre mes doigts. Au final, je ne sus pas ce que cela donna, mais une chose était certaine, c’était que ça ne devait pas être de toute beauté, considérant que je n’avais pas pris le temps de me faire couper les cheveux depuis un bon moment maintenant, à croire que mes soucis actuels avaient pris le dessus sur les banalités du quotidien. Mais bon, heureusement, ce n’était pas l’important, alors je en m’y attardai pas trop, préférant regarder de nouveau mon ami et lui dire: « Il est vrai qu’on l’a mérité ! Allons-y ! » Puis, sitôt que je vis qu’aucune voiture n’était à l’horizon, je commençai à traverser, me moquant de la présence de l’eau restante. Au point où nous en étions, une chaussette de plus de trempée ne faisait plus de différence. Une fois que nous fûmes sur la chaussée piétonne, en sécurité, je me permis de reporter mon attention sur mon ami, et lui dire: « Au vu de la couleur de ta chemise, tu pourrais limite faire croire que tu t’es renversé tout un café dessus… » Et qui sait, peut-être pourrait-il en avoir un gratuit ? Je n’étais pas radin, mais bon, ça pourrait quand même être pas mal, pour le coup, et surtout un excellent réconfortant après cet incident.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Jeu 13 Avr - 18:33 | |
| Avant le passage de la voiture dans l’énorme flaque sur la chaussée, et avant la douche de boue, la conversation était tout ce qu’il y a de plus sérieuse, voire banale entre les deux amis. Il était question de remonter le moral des troupes par des paroles d’encouragement, des gestes également aussi anodins puissent-ils paraître aux yeux d’un quelconque spectateur. Llewyn se sentait légèrement mieux que quelques instants plus tôt. Le psychologique y était pour beaucoup. Et le geste de réconfort de Jordan venait agrémenter le tout. Dans leur malheur, ils avaient de la chance. La chance d’avoir croisé la route l’un de l’autre. Cette amitié représentait une sorte de lumière au bout du tunnel, même si pour le moment ils ne se fréquentaient pas forcément en dehors des séances de rééducation. Peut-être que cela viendrait à changer d’ici peu. C’est sur cette donnée potentielle que Llewyn avait voulu amorcer un pas sur le passage piéton, avant le tsunami boueux. Le conducteur n’avait nullement ralenti dans la flaque, bien au contraire. Le Pompier espérait bien avoir touché le pare-brise de cet empaffé en lançant son caillou. Après avoir jeté un coup d’œil chacun de leur côté sur leur tenue et fait le constat des dégâts, les deux acolytes se mirent à rire. Même si Jordan avait eu l’air légèrement plus surpris que lui. Il l’avait même entendu pousser un cri, mais Llewyn se garda bien de tout commentaire afin de ne pas froisser le blond. Il se contenta juste d’indiquer « Je vais me faire tuer par ma femme, mais tout va bien… Mais où est-ce que t’as été traîné ? Mais t’es pas possible, ça se voit que c’est pas toi qui fait la lessive… Tu t’amuses et c’est encore à moi de laver… T'as vraiment cinq ans d'âge mental », l’imita-t-il alors avec une voix aiguë et en faisant des gestes dans tous les sens. Comme si c’était encore de son âge de se rouler dans les flaques après avoir sauté dedans à pieds joints. Oh il la voyait bien à des kilomètres sa réaction. C’est vrai, Lullaby allait très certainement prendre ce nouveau prétexte pour lui faire une scène. Comme à peu près n’importe quoi depuis ces six derniers mois. Tout était bon pour lui passer un savon, à croire qu’elle lui reprochait même d’être né. Il sentait bien qu’il y avait quelque chose qui clochait dans le comportement de sa femme, outre ses accès de colère quasi inexpliqués, il y avait également les messages sur son téléphone à pas d’heure, les excuses qui ne tenaient pas la route avec justement bien trop de problème de voiture. Revenant à l'instant présent, L'Anglais traversa à la suite de son ami, en faisant attention à l'endroit où il posait les pieds. Mais trempé pour trempé, autant y aller franco et en finir une bonne fois pour toute avec cette maudite flaque. C'est donc d'un bon pas et les chaussures et chaussettes trempées qu'il parvint en même temps que Jordan de l'autre côté de la chaussée. Il écouta alors avec intérêt ce qu'avait à dire le blond. L'idée de faire croire qu'un café avait malencontreusement rencontré sa chemise était plutôt bonne. « C’est pas faux… c'est même plutôt une bonne idée... peut-être qu’on aura droit à des boissons gratuites, qui sait. Ce serait même une bonne consolation après ce qu'il vient de nous arriver ! ». Et c'est sur cette idée un peu tirée par les cheveux, qu'il amorça un pas de plus en direction du café. Il ne restait plus beaucoup de chemin à parcourir. Il demanda alors à Jordan « T'as jamais cette impression que le sort semble s'acharner quand on est au plus bas ? » ll venait de demander ça un peu comme ça, juste pour combler jusqu'au café. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Lun 17 Avr - 21:38 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersJ’aurais bien aimé être en mesure de rire légèrement, au du moins, sourire quelque peu, au moment où Llewyn se mit à imiter sa femme et sa potentielle réaction concernant son retour à la maison dans une tenue qui avait subi la tempête que nous avions subie. Cependant, je n’y parvins pas, raison étant que j’avais cette impression que cela trahissait quelque chose qui n’avait rien d’humoristique, une réalité plutôt triste d’une vie conjugale bouleversée. Je ne savais pas ce qui en était précisément concernant mon ami, mais j’espérais pour lui que qu’importe ce qui n’allait pas, ça allait s’arranger, parce que moi-même j’avais vu un mariage, mon mariage, tomber en morceaux petit à petit. Et l’accident n’en avait même pas été le catalyseur. Ça n’avait été que le point culminant, le point percutant qui nous avait obligés à prendre du recul, l’un comme l’autre, voir ce qui n’allait pas, voir ce que nous voulions faire chacun de notre côté concernant notre vie de couple. Ç’avait duré des semaines, voire des mois et encore aujourd’hui, les choses n’étaient pas encore au beau fixe. Il y avait du progrès, mais clairement, nous n’en étions pas encore au stade de se sentir à l’aise l’un avec l’autre. C’était frustrant, je ne pouvais le nier, mais je me refusais de brusquer quoi que ce soit pour, au final, faire une erreur et le regretter par la suite. Maia, je l’adorais, et qu’importe ce qui s’était passé, je restais quand même persuadé qu’elle était la femme de ma vie et de ce fait, je voulais tout dire pour tenter que ça aille mieux. Mais ça, ce n’était que moi, et ma situation n’avait probablement rien à voir avec celle de mon ami, d’où le fait que je ne m’imposai pas, je ne dis quoi que ce soit, sauf quand vint le moment de passer un commentaire un peu plus léger concernant notre petit incident, dans l’espoir de détendre l’atmosphère. Normalement, je n’étais pas le plus doué pour cela, mais visiblement, cette fois-ici, Llewyn avait accroché à la blague, se permettant de dire ce que moi, je n’avais pas osé dire, ce qui m’arracha sitôt un petit sourire et m’encouragea, bien indirectement, à poursuivre notre route en direction du restaurant, qui sera très certainement encore plus appréciable que prévu une fois que nous y serions, si, évidemment la traversée se passait au mieux que ça pouvait aller. Heureusement, les premiers pas ne furent pas trop difficiles, si bien que cela permit à Llewyn de reprendre la discussion, en venant à poser une question qui, dans un premier temps, me fit froncer les sourcils, mais malgré tout, je décidai de m’efforcer à fournir une réponse. Cela prit un bref moment de réflexion, mais je finis par dire: « Ouais, parfois. » Pour moi, il suffisait de songer à nos disputes, à Maia et moi, puis le soir où j’avais découvert sa grossesse interrompue, puis l’accident qui s’était ensuivi. Jamais je ne m’étais senti plus bas, plus misérable que ça dans ma vie. Mais au moins, j’avais eu la bonne idée de ne pas m’attarder qu’à cela, d’où le fait que je pus ajouter, dans un haussement d’épaules: « Mais après, quand on remonte, on s’encourage avec des choses simples, et soudainement, les coups durs deviennent plus faciles à encaisser… Il faut surtout du temps… » Suite à ces propos, je me permis d’adresser un léger sourire à mon interlocuteur, ne sachant pas trop si pour lui, ces propos feraient du sens, ou s’il verrai la véritable intention derrière ceux-ci, mais d’une certaine façon, je l’espérais. Au pire, ce ne serait que ma propre réflexion, et il pourrait en faire ce qu’il voulait. |
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| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mar 18 Avr - 18:49 | |
| Bizarrement, Jordan ne trouva même pas drôle son imitation de Lullaby. Peut-être qu’ils n’avaient tout simplement pas le même humour, ou bien effectivement ce n’était pas drôle du tout et l’Anglais avait oublié de manger un clown ce matin même au petit-déjeuner. Toujours est-il que le blond ne fit aucun commentaire là-dessus, aucun muscle de son visage ne sembla bouger. Rien, aucune réaction. Mais qui sait, peut-être que cela faisait également écho chez lui. Peut-être que c’était un sujet sensible pour lui et que Llewyn venait de mettre les deux pieds dans le plat sans même s’en rendre compte. Après tout, ce n’est pas comme s’ils avaient déjà réellement abordé le sujet. Non, c’était même plutôt le contraire. Peut-être qu’il trouverait là un nouvel allié, avec de vrais conseils à lui prodiguer. Peut-être. Sans vraiment réfléchir plus en avant à la question, il dit alors, d'une voix presque morne, la tristesse pouvait clairement se sentir « Je ne sais pas comment ça se passe chez toi, peut-être que c'est différent… mais depuis l’accident, c'est pas spécialement la fête à la maison. C'est le moins qu'on puisse dire même. Je ne sais plus si je te l'ai déjà dit ou pas, mais j'ai perdu mon fils dans un accident de voiture il y a six mois. D'où la béquille et la rééducation. Et depuis elle m'en fait baver en fait. Tout est bon pour me crier dessus et m'en faire voir de toutes les couleurs... Comme si j'étais responsable de tout ça. C'est l'enfer en résumé... » Et là comme ça, sans crier gare il avait lâché - telle une petite bombe – tout ce qu'il avait sur le cœur. Et il en avait gros. Tout en continuant d'avancer, Llewyn pensa à ses propres paroles. Tout était sorti d'un bloc, brut de décoffrage. C'était exactement ça, sa vie se résumait à l'enfer. Le Londonien laissa ensuite la phrase de Jordan rebondir contre les parois de sa boite crânienne. Prenant le temps d’analyser chaque mot, chaque lettre. Le temps, cette vile saloperie. Pour le moment le temps ne lui permettait pas encore de panser ses blessures « J’espère que tu as raison et que le temps finira par laver toutes les vieilles blessures, et que tout apparaîtra alors futile au regard de ce qui a pu se passer ! », il avait envie de croire très fort en ce que venait de dire son ami. La promesse d’un meilleur lendemain, qu’après la pluie, le beau temps pointerait enfin le bon de son nez. C’est sur cette note positive, remplie d’espoir qu’ils arrivèrent enfin devant le café, après toutes ces péripéties. A croire que même prendre un simple café cela devait se payer le prix fort. Le temps n’étant pas spécialement au beau fixe, Llewyn ne demanda pas si Jordan souhaitait s’installer dehors, cela coulait de source. Il se contenta donc de retenir la porte pour son ami et le laissa passer, tout en lui glissant au passage. « On s’installe où tu souhaites ! » |
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| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Sam 29 Avr - 1:51 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersJe ne pensais certainement pas que mes propos allaient susciter chez Lleweyn une envie de se discuter et se confier concernant sa relation avec son épouse. Cependant, je ne l’interrompis pas pour autant, me doutant que cela pourrait lui faire du bien. Enfin, si c’était le cas, tant mieux, mais autrement, je n’allais pas l’arrêter sur de fausses suppositions. Attentivement donc, je l’écoutai me parler de son accident, de la perte de son enfant. Précédemment, il l’avait laissé sous-entendre, mais jamais il n’en avait parlé de façon aussi élaborée. Malgré tout, ma réaction fut la même que si c’était la première fois que j’entendis cette histoire; un sourire triste apparut sur mes lèvres, signe de la confusion que je pouvais ressentir, de la compassion que je tentais d’exprimer à son égard. Parce que je comprenais très bien que c’était loin d’être facile, mais je ne pouvais pas aller jusqu’à dire que je ressentais la même chose. La peine de mon ami, je ne pouvais que la supposer, et encore là, j’étais persuadé que je n’étais pas près de la réalité, que j’en étais même très loin. Et malgré cela, sans trop réfléchir, j’eus la maladresse de lui répondre: « Je vois… » alors qu’en vérité, non, je ne voyais pas, je ne pouvais pas le savoir, parce que même si moi-même j’avais eu un accident de voiture, les circonstances étaient loin d’être les mêmes. Décidant de me rattraper, j’ajoutai: « Enfin, je me doute que c’est pas simple… Je suis désolé pour toi… » J’étais désolé qu’il ait perdu son enfant, j’étais désolé que sa vie de couple soit aussi difficile, et bien sûr, j’aurais voulu l’aider davantage, mais ne sachant comment et refusant de m’incruster dans sa vie personnelle, je me dis qu’au moins, je pouvais tenter de le rassurer avec quelques paroles. Je ne sus pas dire si dans un premier temps, celles-ci étaient bien placées, mais elles parurent suffisantes pour conforter un peu mon ami, ce qui me permit de lui adresser un sourire un peu plus rassuré tandis que je lui répondais à mon tour: « J’espère que ce sera ainsi pour toi… » Puis, tandis que nous continuons à marcher, lentement mais sûrement, vers le café, un silence s’installa, silence bref, mais pendant lequel je tentai de me convaincre de ne pas rester ainsi sans rien dire. Après tout, Llewyn avait été franc avec moi, m’avait parlé d’une situation que j’estimais particulièrement délicate. Et comme si je ne voulais pas qu’il pense que je parlais du temps pour panser les blessures comme ça, à tout hasard, je parvins à me convaincre de développer un peu plus sur le sujet, alors je lui dis: « Avec ma femme, ce n’était pas facile avant non plus. Puis, il y a eu l’accident, et ça a pris du temps, mais maintenant, on fait des efforts chacun de notre côté, et ça va mieux… C’est sûr que c’est pas parfait, mais je crois que nous sommes sur la bonne voie… » Après, quand viendrait le temps de reparler du fait d’avoir un enfant, que se passerait-il ? Ça, je ne saurais le dire, mais je me doutais déjà que ce serait sujet délicat, compte tenu de ce qui nous avait déchiré dans un premier temps, et la blessure que je pouvais avoir par rapport à cela qui n’était pas encore totalement guérie, mais pour le moment, je voulais tenter de nous faire confiance à nouveau, y aller au jour le jour, et voir ce qui se passerait ensuite. Mais ça, je ne le dis pas pour le moment à Llewyn, ne sachant pas si les circonstances étaient appropriées pour parler de mes problèmes, sans parler du fait que l’avortement de Maia dont je n’avais pas été mis au courant était encore quelque chose de délicat pour moi. Peut-être plus tard, dans le café, ça viendrait, mais pour le moment, je me concentrai plutôt sur la route nous restant à faire. Cette dernière ne fut pas des plus longues, et au final, nous parvînmes finalement à destination, ce qui me valut de dire à mon ami, à la blague: « Nous avons survécu ! » avant de finalement entrer dans le café. À la demande de l’homme qui m’accompagnait, je décidai de choisir une place à l’intérieur, mais non loin de la fenêtre, histoire que nous puissions profiter quand même un peu du bon temps. Puis, alors que nous venions tout juste de nous asseoir, ou presque, une jeune serveuse vint nous voir, prête à nous saluer, mais sitôt, elle s’arrêta dès qu’elle vit la douche de boue que nous venions de prendre. Trop peu doué pour réagir dans ce genre de situation, je tournai la tête vers Llewyn, attendant de voir comment lui, il allait réagir. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Ven 5 Mai - 18:39 | |
| Peut-être bien que Llewyn donnait l’impression de se plaindre plus que de raison à l’heure actuelle. Mais après tout s’était dans son droit de le faire. Et puis à quoi bon avoir des amis si s’était pour continuer à garder tout ça pour lui ? Il aurait eu tort de ne pas décharger un peu son sac, qui venait de se remplir plus que de raison, au cours de ces six derniers mois. D’avoir lâché ce pavé dans la mare, le soulagea presque automatiquement. Pourquoi ne l’avait-il pas fait plus tôt ? Parce qu’il avait peur du jugement d’autrui ? Parce qu’il avait peur de lire de la pitié dans le regard de Jordan ? Sans doute, oui. Et puis finalement il venait de craquer, le poids de ce même sac étant bien trop lourd pour ses pauvres épaules. Quelque part, il se sentait mieux, comme plus léger. Partager sa peine n’avait rien de dramatique. Bien au contraire. Llewyn n’avait plus à panser ses blessures seul, il n’avait plus à se terrer comme une bête sauvage blessée. Il y avait Jordan et Thea, qui l’aidaient à alléger un peu cette douleur. Lucy, sa fille, aussi bien entendu. Le blondinet l’écouta attentivement jusqu’au bout sans l’interrompre. Jordan était de ce genre-là, à savoir vraiment écouter les gens ; sans les interrompre, sans non plus les juger. Ce n’est qu’à la fin du monologue du Londonien qu’il intervint. Effectivement ce n’était pas simple à gérer. Il y avait bien entendu le deuil en rapport avec Mason, qui engendrait cette douleur qui ne se refermerait pas de si tôt. Mais aussi celui de la relation avec sa femme. Plus rien ne serait probablement comme avant. Chacun ayant perdu une part de lui-même le jour de l’accident. Cette même part qui constituait l’Anglais et qui semblait s’envoler de jour en jour, car bien trop fragile comme du pollen malmené par le vent. Cela lui apparaissait presque comme une fatalité, comme quelque chose qu’il prenait pour argent comptant. Llewyn devait-il pour autant accepter cela sans même broncher ? D’accepter de se faire rabrouer, enguirlander, humilier, par celle qui partageait sa vie depuis plus de 20 ans maintenant ? Non, d’ailleurs ce n’était pas ça être un couple. Ce n’était pas avoir la boule au ventre, en entendant la clef tourner dans la serrure et l’autre rentrer à la maison. Ce n’était pas attendre la prochaine frappe sournoise composée de mots piquants. Ce n’était pas non plus de dormir sur le canapé. Ce n’était rien de tout ça. L’essence même de leur couple avait elle aussi disparue. Il ne leur restait plus grand-chose et il s’en fallait de peu pour que tout implose. L’Anglais savait pertinemment que Jordan ne pouvait pas saisir toute l’ampleur du calvaire, mais le sourire qu’il lui adressa et ses paroles le réconfortèrent quelque peu. Il était heureux d’apprendre que les choses avaient pu s’arranger pour lui. « Comment vous avez pu gérer la crise ? Vous avez vu un conseiller peut-être ? » Même si Jordan avouait que tout n’était pas encore rentré dans l’ordre, au moins y avait-il un mieux. Ce qui était rassurant quelque part. « C’est fou … comment on a pu en arriver là… enfin j’imagine que t’es posé la même question aussi ! » Llewyn était curieux de savoir comment son ami avait réussi à remonter la pente. Le silence s’installa à nouveau entre les deux protagonistes, le temps qu’ils rejoignent sans encombre le café. Le graal était maintenant à portée de main. Les deux hommes s’installèrent à l’intérieur, Llewyn venait de suivre Jordan. A peine étaient-ils assis qu’une serveuse venait déjà à leur rencontre. On ne perdait pas de temps ici c’est le moins que l’on puisse dire. L’Anglais remarqua l’air que venait de prendre la serveuse, Jordan le laissa d’ailleurs se débrouiller en le regardant fixement. Sans se démonter et avec son bagou habituel Llewyn dit alors « On vient de participer au Mud Day de la ville d’à côté, faut surtout pas faire attention à nos tenues, nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous changer en fait… On aurait vraiment besoin d’un bon remontant…Je vais prendre un café double… » il laissa ensuite Jordan commander ce qu’il voulait. La serveuse ne fit aucune remarque mais avait un énorme sourire plaqué sur le visage. Ils venaient sans doute de faire sa journée, avec une explication aussi capilo-tractée. « Désolé, c’est raté pour le café gratuit je crois ! », dit alors Llewyn, tandis que la jeune femme partait chercher leur commande. La sensation était encore pire en étant assis, ses vêtements étaient tellement poisseux. « Je crois qu’on va ruiner les chaises sur lesquelles nous sommes assis… ». L’Anglais attendit alors sagement que la commande arrive, pour pouvoir discuter un peu plus tranquillement.
Dernière édition par Llewyn Bridges le Mar 16 Mai - 9:29, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Dim 14 Mai - 22:19 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersNormalement, ce n’était pas mon genre d’exposer quoi que ce soit sur ma vie privée, et c’était encore plus vrai en ce qui concernait cet horrible épisode que Maia et moi avions vécu il y a bientôt un an de cela. Cependant, dans le cas présent, ne pas en parler serait, en mon sens, égoïste. Ce n’était pas comme si je m’exposais à une personne qui ne saurait comprendre ce que je vivais. Je savais que Llewyn avait des soucis avec sa famille également, et si jamais lui raconter mon histoire lui permettait de trouver une façon de remonter la pente, alors qu’il en soit ainsi. Malgré cette résolution, il me fallut quand même prendre un petit moment pour réfléchir à ce que j’allais répondre à sa question. Enfin, surtout en ce qui concernait la première, puisque la seconde, concernant la visite chez un thérapeute, rapidement, je secouai la tête pour lui signifier que non, je n’en avais pas consulté. Peut-être aurions-nous pu, peut-être aurions-nous dû le faire, mais pour le moment, j’avais l’impression que ni elle ni moi ressentions la nécessité de transporter nos problèmes autre part. Voilà pourquoi, aussi, je n’en parlais pas, puisque je ne voulais que personne ne vienne s’en mêler. Pour la même raison, bien que je voulais aider, je choisis de demeurer vague dans mes propos au moment où je me décidai à dire: « Au début c’était lourd, on ne se parlait quasiment pas, on évitait toute conversation qui nous mènerait à parler de l’accident… » Et de l’avortement, et du fait qu’elle ne m’avait rien dit, bref, tout ce qui venait avec. Mais ça, je ne le dis pas, continuant mon discours en affirmant plutôt: « Je ne te cacherai pas que pendant un moment, je ne savais plus quoi penser de tout cela, ou bien ce que Maia pouvait penser. Puis un soir, je ne sais plus trop comment ça se fait qu’on est arrivés à parler de cela, on a crevé l’abcès. » C’était ce fameux soir que j’avais appris les raisons pour lesquelles elle avait agi comme telle, mais j’avais aussi appris quelque chose de plus important encore, soit: « Longtemps je me suis demandé si elle m’aimait encore, comme moi je l’aimais… Puis quand on a compris l’un comme l’autre qu’on ne voulait pas se séparer… On s’est promis de tenter de recoller les morceaux… » Au final, mon histoire sonnait un peu trop légère, je n’allais pas le nier, mais peut-être que notre couple à Maia et moi avait cette force nécessaire, et si c’était le cas, c’était tant mieux à mon avis. Après, si jamais ça ne fonctionnait pas, peut-être que la thérapie serait une option, mais je ne pensais pas que nous en étions là. Comme je l’avais dit plus tôt, ce n’était pas parfait, mais au moins, nous étions dans la bonne direction, et ça, c’était grâce à une chose que je jugeai importante de relever une nouvelle fois à mon ami, soit: « C’est clair que ça a fait mal, de se dire la vérité en face, mais c’est un mal pour un bien, je suppose… » Parce que qui sait, peut-être qu’ainsi, Llewyn pourrait tenter de se convaincre de confronter sa femme sur ses agissements ? Jamais je ne saurais lui imposer une telle chose. De toute façon, là tout de suite, je n’en aurais pas eu le temps, puisqu’à son commentaire qui suivit, j’eus un petit rire nerveux, puis je ne sus que lui dire, le plus sincèrement qui soit: « Plus d’une fois, oui… » En effet, je me l’étais demandé plus d’une fois, quand j’avais vu à quel point tout avait dégringolé comme ça, tout d’un coup, alors qu’avant cela, mon couple et mon mariage étaient les choses dont j’étais le plus fier au monde, probablement. Je ne disais pas que là, je n’en étais pas fier, mais le passage entre la lune de miel et la descente aux enfers avait été si rapide, si brusque, que j’en étais encore perturbé à certains moments, surtout quand je me gardais une retenue concernant Maia, que je ne m’osais pas à lui dire tout comme je le faisais avant, agir avec elle comme je me permettais de le faire avant. Est-ce que cela serrait différent plus tard ? Je l’espérais, grandement, à tous les jours, je ne pouvais pas le nier. Mais ça, je ne pouvais pas le faire ici et maintenant, compte tenu que ce serait malpoli à l’adresse de la serveuse, même si son regard n’était pas des plus chaleureux non plus. Après, il était quelque peu impossible de lui en vouloir, au vu de la tête que nous devions tirer. Heureusement pour moi, mon ami fut davantage en mesure que moi de gérer la situation, d’une façon même humoristique. En réaction, il me fallut faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire devant, à un tel point qu’il me fallut placer ma main devant ma bouche pour ne pas laisser paraître mon hilarité. Plus encore, je fus dans l’obligation d’inspirer un coup avant de passer ma commande, qui se résuma à un simple: « La même chose pour moi, s’il vous plait. » Compte tenu qu’elle n’avait pas demandé à Llewyn s’il voulait y mettre du lait ou du sucre et que tout le nécessaire était sur la table, je ne jugeai pas nécessaire d’apporter d’autres précisions, ce qui me permit de reporter mon attention sur mon ami et finalement, me permettre de rire comme je voulais le faire depuis un petit moment à son commentaire. Puis, je repris mon sérieux à son nouveau propos, me permettant de me redresser quelque peu, comme si je venais de réaliser la trace que nous allions laisser. Constatant que nous n’étions pas assis sur des chaises en tissu, je me rassurai un peu, puis je dis: « Ils vont sûrement s’en remettre. » Je ne connaissais pas l’historique de l’endroit, mais je me doutais bien que nous n’étions pas ce qu’il était arrivé de plus crasse à ce restaurant, quoique… Cela ne nous empêcha pas de recevoir nos cafés quelques instants plus tard, même si pour le coup, la serveuse fit exprès de ne pas s’attarder. En effet, ce fut limite si j’eus le temps de lui adresser un sourire pour la remercier qu’elle était déjà partie, si bien que je fronçai les sourcils, et dans une tentative de me montrer blagueur, je regardai Llewyn, et je lui demandai: « Tu crois qu’on empeste, en plus de ça ? » Après tout, la boue, ce n’était certainement pas ce qui sentait le meilleur au monde, bon pour la peau ou pas, même si pour le moment, je n’avais pas tant remarqué, bien que j’étais persuadé que sitôt rentré chez moi, j’irais à la douche, et que mon ami allait certainement faire la même chose de son côté.
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| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mar 16 Mai - 14:17 | |
| L’Anglais appréciait ce moment, cet échange, qui tendait à lui prouver qu’il n’était pas seul, qu’il n’était plus seul. Il n’avait plus à rester dans son coin, à attendre que la tempête se calme. Il avait une épaule sur laquelle s’appuyer, se reposer. En fait pour être franc, il en avait même plusieurs. D’ailleurs il avait aimé l’image employée par Anthea quelques temps auparavant. L’image de ce parapluie sous lequel s’abriter. Ses ami(e )s devenaient son garde-fou, son abri. Cette main tendue, sans même que Jordan puisse s’en rendre compte, lui faisait un tel bien. La compréhension entre les deux hommes était là. Chacun pouvait mesurer à sa manière ce que l’autre était en train de vivre. Llewyn écouta attentivement la réponse de Jordan à ses interrogations. Ce n’était pas de la curiosité mal placée, bien au contraire. Il souhaitait juste savoir de quelle manière les Oakley avaient pu se tirer de cette mauvaise passe. Peut-être que cela lui ferait voir les choses sous un autre angle par rapport à sa propre situation. Du moins c’est ce qu’il espérait, car il ne savait plus comment s’y prendre. Lullaby le tenait responsable de la mort de leur fils et ne semblait pas vouloir passer outre cette colère. Aucun des Bridges ne semblait réussir à entamer un processus de deuil. Tout était bon pour s’entre déchirer, tout ça pour ne plus avoir à penser à cette douleur liée à la mort de Mason. En réalité, tout cela ne faisait que l’empirer. Ils n’étaient plus réellement une famille, juste trois étrangers, trois fantômes vivant sous le même toit. Si de son côté Llewyn suivait également une thérapie psychologique, Lullaby elle refusait catégoriquement de voir quelqu’un, alors de là à accepter de voir un conseiller conjugal, c’était peine perdue. Le Londonien fût tout de même rassuré de voir que Jordan et Maia eux s’en sortaient sans. « Ca prouve que malgré les problèmes et les obstacles, rien n’est jamais insurmontable ! C’est réconfortant quelque part. » Llewyn se garda de faire remarquer à Jordan que tous les couples ne possédaient peut-être pas la même force pour parvenir à se sortir de situations difficiles. Il osait espérer que Lullaby et lui étaient de cette catégorie et non pas du pourcentage élevé de couples se séparant après le décès d’un enfant. « Je suis vraiment content de savoir que vous vous en sortez même si tout n’est pas toujours tout rose. C’est beau ce que tu dis… j’espère que nous parviendrons à faire la même chose. Pour le moment je pense que nous en sommes à ce même stade, à ne pas savoir si on s’aime encore… enfin surtout si elle m’aime encore ! » Un sourire triste accompagna les dernières paroles de Llewyn. Il se posait de sérieuses questions quant aux sentiments de sa femme à son égard. Il y avait bien entendu ses accès de folie inexpliqués, mais aussi et surtout tous les bobards inventés pour quitter subitement la maison, ou ne pas rentrer de bonne heure. Peut-être tout simplement qu’elle voulait éviter un maximum de le croiser. Jordan souligna quelque chose d’intéressant. Se dire la vérité en face, tout simplement. En soit ce n’était pas compliqué, cela semblait même être une bonne solution. Mais dans les faits cela se révélait être une toute autre paire de manches. « Crever l’abcès, c’est sûr que c’est sans doute la meilleure solution ! » encore faudrait-il qu’ils arrivent à se voir plus de quelques minutes. Autre parole rassurante de la part de Jordan, lui aussi s’était demandé pourquoi et comment il en était arrivé là. Il n’était pas le seul à vivre ce genre de chose, n’était pas le premier et encore moins le dernier. Le reste de la conversation devait attendre quelques minutes supplémentaires, le temps que la serveuse note les commandes de chacun, le tout en les regardant étrangement. Llewyn comme à son habitude avait voulu détendre l’atmosphère à l’aide d’une petite blague de son cru. Une blague qui sembla la dérider quelque peu. Jordan eut visiblement toutes les peines du monde pour passer sa commande et dû attendre le départ de la serveuse pour laisser libre court à son hilarité. Le pompier s’amusa lui aussi de tout cela. Il n’était jamais en reste lorsqu’il s’agissait de trouver des bêtises à raconter. Le sérieux revint ensuite, après quelques longues secondes. Enfin le sérieux, ou presque, puisque les deux hommes firent un commentaire sur les chaises qu’ils venaient de salir – enfin salir étant un terme bien trop faible pour décrire la scène. La serveuse revint, plus rapide que l’éclair. Ni l’un ni l’autre n’eut le temps de la remercier, puisqu’aussitôt que les boissons furent sur la table, la serveur s’en alla dans la foulée. Le trait d’humour de Jordan arracha une sourire à Llewyn, qui s’empressa de surenchérir en faisant mine de se renifler les dessous de bras. « C’est sans doute ça… je ne sais pas ce qu’il y avait dans cette flaque… Enfin sans doute vaut-il mieux ne pas le savoir. Ou alors on lui a fait peur, elle pense que nous sommes deux psychopathes évadés de l’asile le plus proche ! » Cela faisait un bien fou de ne pas se prendre au sérieux et de penser un peu à autre chose, le temps de quelques heures à peine. |
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| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Ven 26 Mai - 0:06 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersJe ne pouvais pas dire que j’avais été parfaitement à l’aise à l’idée de parler de ma vie personnelle, de ce qui s’était passé au sein de mon couple ces derniers mois, d’où le fait que j’étais resté plutôt vague, mais au final, cela avait semblé convenir. Et pour tout dire, je ne ressentais pas quelconque regret, parce que même si j’avais fait tous les efforts du monde, jamais je n’aurais pu en parler plus amplement. Après tout, cet accident, tout ce qui l’entourait, avait probablement été l’évènement le plus douloureux de ma vie, et ça n’avait pas qu’à voir avec ma condition physique. La douleur qui était la plus difficile à supporter, encore même aujourd’hui, c’était la douleur psychologique, cette douleur que je trainais encore parfois. Bien sûr, je tentais tant bien que mal d’en faire fi au quotidien, parce que je me devais de vivre au jour le jour, parce que je voulais faire tous les efforts que je pouvais faire pour reconstruire mon couple. Cependant, il m’était impossible de penser, de redouter le moment où il me faudrait parler d’avoir un enfant avec Maia. En effet, ce n’était pas parce que ma femme s’était faite avorter que mon envie d’être père était complètement partie. Plus encore, j’avais compris que cette volonté que j’avais avant les évènements d’avoir un enfant n’était pas superficielle, elle était réelle, ce qui avait fait encore plus mal. De ce fait, j’avais peur d’aborder le sujet de nouveau, même si je ne le ferais certainement pas maintenant. Et c’était là une trace qui resterait dans mon esprit et dans mon coeur pour encore très longtemps, une trace à propos de laquelle je ne parvenais pas à m’ouvrir pour le moment. Je ne savais même pas encore si je pourrais en parler un jour, dans un avenir rapproché ou plus lointain. Mais aujourd’hui, je n’en aurais pas besoin. Apparemment, ce fut suffisant pour être réconfortant pour mon ami, probablement plus que si j’avais commencé à me perdre dans les détails plus douloureux, qui seraient revenus à lui raconter ma vie, et non pas tenter de l’aider, en vérité. Satisfait de mon discours pour le coup, je me permis de lui sourire légèrement, histoire de lui montrer que j’étais content d’avoir pu l’aider, ne serait-ce qu’un peu. Après, il était évident que nous n’allions pas tout régler dans nos vies personnelles aujourd’hui. Plus que cela, nous n’allions même pas régler la question de notre apparence. Personnellement, cela ne me gênait pas tant. Enfin, bien sûr que je n’aimais pas vraiment être vêtu de la sorte, me sentir poisseux ainsi, mais pour le temps d’un café, je pouvais toujours vivre avec. De toute façon, j’avais pris l’habitude, de ne pas avoir une tenue parfaite constamment. Avec mon métier, je n’avais pas vraiment le choix. Décidant donc de prendre davantage la chose à la blague, je ne me gênai pas pour rire légèrement au commentaire de mon ami, même si je ne pus m’empêcher d’affirmer à la suite: « Selon moi, une douche sera bienvenue au retour à la maison… » Puis, sur ces mots, je voulus me replacer correctement sur ma chaise, histoire d’être un peu plus confortable pour boire mon café. C’est là qu’une légère douleur me prit dans les jambes, une raideur inconfortable que j’avais ressentie précédemment, mais qui ne me plaisait pas toujours pour autant. Grimaçant, je finis par ajouter à mon propos: « Ou un bain… » En effet, j’avais appris que ça, à condition de pouvoir s’y installer et s’en relever par la suite, n’était clairement pas de refus dans certains cas. Mais ça, ce n’était pas encore décidé me concernant, et ce n’était pas maintenant que j’allais le décider. Je choisis plutôt de poursuivre la conversation en regardant mon ami, et en lui demandant, on ne peut plus banalement: « Le kiné t’a dit pour combien de temps il te restait en rééducation ? » J’étais parfaitement conscient que ce n’était pas le sujet le plus intéressant qui soit, mais je me disais que c’était mieux que de ne rien dire. Et puis, cela pourrait peut-être aussi me donner une idée des occasions nous restant pour nous adonner à ce genre de rencontre, même si pour tout avouer, je n’avais pas nécessairement envie que notre amitié s’arrête qu’à cela, au vu de comment je m’entendais bien avec Llewyn.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mer 7 Juin - 18:55 | |
| La vie continuait donc. Il en était ainsi et l'histoire de Jordan et sa femme tendait à le lui prouver un peu plus. Malgré les drames personnels, les aléas de la vie, cette dernière était plus forte que tout. La vie l'emportait toujours sur tout le reste. Llewyn n'avait d'autre choix que de continuer cette vie qui était la sienne. Rien ne lui permettait de choisir de s'arrêter en chemin. Il n'en avait tout simplement pas le droit. Le pompier écouta attentivement les paroles de son ami. Paroles qu'il buvait comme du petit lait depuis le début de l'entretien. Jordan n'étant pas de ceux à parler pour ne rien dire, chaque parole prononcée valait son petit pesant d'or. En effet, les mots énoncés par son ami étaient soigneusement choisis, analysés, c'est aussi pour cette raison que Llewyn appréciait leurs échanges, qui étaient à chaque fois enrichissants. D'ailleurs Jordan ne tarda pas à faire remarquer que la douche s'imposerait une fois qu'ils seraient chacun de retour chez eux. Chose à laquelle le pompier rétorqua « La douche n'est même pas négociable, c'est une obligation ! J'ai l'horrible impression d'avoir trempé dans un pot de miel tout l'après-midi ! », remarque qui le fit rire lui-même. C'est vrai, ses vêtements lui collaient horriblement à la peau et commençaient même à le gratter légèrement. Pourvu qu'il n'y ait pas eu de bactéries dangereuses dans cette flaque boueuse. Tout en sirotant son café, Llewyn remarqua la grimace du blondinet. Suite à quoi il demanda, l'air légèrement inquiet « Tout va bien ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette. On ne va pas s'éterniser si tu veux... tu as raison un bain serait peut-être préférable ! Et cela te feras sans doute le plus grand bien après ce que nous venons de vivre, aussi bien à cause de ce chauffard que de nos kinés respectifs. » Un sourire assez triste accompagna la suite du discours du prof. Ce dernier lui demandait combien de séances il pouvait lui rester approximativement. Beaucoup trop à son goût. L'impatience de Llewyn avait d'ailleurs tendance à le rendre grognon à chaque séance, pourtant il était loin d'être ainsi dans la vie. « Le kiné est assez optimiste, bien plus que mon médecin en fait. Il me donne encore six mois, voire un an de rééducation dans le pire des cas. Chose qui me semble être une éternité... On va sûrement se croiser pendant quelques temps encore. Et toi alors ? J'imagine que tu es bientôt sur la fin de tes séances ! » |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) Mar 20 Juin - 23:43 | |
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✰ ✰ ✰ ✰ blood brothersPrendre une douche classique, sans aucun problème, voilà quelque chose de bien banal dans la vie mais que, jusqu’à récemment, je n’avais pas pu me permettre ces derniers mois. À ma sortie de l’hôpital, il n’était juste pas possible pour moi de rester debout trop longtemps. Ensuite, j’avais beaucoup trop craint de glisser ou quelque chose du genre. Après, je ne disais pas qu’un bain était plus sécuritaire, mais au moins, une fois que je m’y trouvais, j’étais assis, alors moins en danger à mon avis. Cela ne voulait pas dire que je préférais cette situation pour autant, mais dans le cas présent, je me doutais bien qu’au vu de ma condition, ce serait le plus approprié. Par contre, ce n’était pas pour autant que je voulais faire avance rapide sur cette petite sortie, et ça, je fus déterminé à le faire savoir à mon ami. D’abord, je secouai la tête négativement pour lui dire que cela ne me gênait pas de m’éterniser, et ensuite, quand j’eus trouvé les mots pour le faire, je justifiai ma réaction en affirmant: « Ça va aller, ne t’en fais pas. Il m’arrive parfois d’avoir des raideurs après la rééducation, mais ça passe après. » Je tentai d’esquisser un sourire pour lui confirmer mes propos, lui signifier qu’il n’avait pas à s’en faire avec ça. Et comme pour lui confirmer, je décidai de continuer la conversation en lui posant une question concernant ses séances de rééducation, non pas pour retourner le couteau dans la plaie, mais pour parler de notre point commun à tous les deux. Après tout, c’était comme ça que nous nous étions rencontrés, et tant et aussi longtemps que la conversation ne venait pas à tourner autour de sujets un peu trop délicats, ce serait convenable à mon avis. Heureusement, cela ne le devint pas. Tout banalement, Llewyn en vint à me parler du fait qu’il lui restait plusieurs mois en rééducation, voire un an. À ces mots, je ne me vis pas faire autre chose que grimacer. Ce n’était pas l’idéal, j’en étais parfaitement conscient, mais aurais-je pu sourire ou un truc du genre après une telle affirmation ? J’en doutais fort. La rééducation, ce n’était pas agréable, et moi-même, je commençais à en avoir assez, donc je ne voulais pas imaginer. En fait, si j’avais été dans une situation similaire, pour sûr, je ne serais pas aussi optimiste et du coup, je n’aurais pas été en mesure de répondre d’un ton affirmé à la question de mon ami. Mais là, même si je n’étais pas totalement certain de ce que j’avançais, je pus quand même lui dire: « Le médecin ne m’a pas dit combien de temps exactement et le kiné doit encore lui faire un rapport, mais selon moi, d’ici deux ou trois mois, ce sera chose du passée. » Et franchement, ce sera tant mieux, puisque je pourrai me concentrer sur autre chose, à commencer par le fait de reconstruire mon couple. Je ne disais pas que j’avais laissé complètement Maia de côté pour autant, mais peut-être pourrais-je prendre plus d’initiatives, tout faire pour remonter notre couple aussi bien que je le pouvais. Et aussi, peut-être pourrais-je mieux gérer mon emploi du temps, donner plus de temps aux gens que j’appréciais, à commencer par Llewyn, parce que clairement, je n’avais pas l’intention que laisser l’homme de côté pour autant. Et ça, je crus bon de lui faire savoir en affirmant: « J’espère que ça ne nous empêchera pas de nous voir quand même. » Un sourire timide vint compléter ce propos, puis je repris une autre gorgée de mon café, continuant la conversation avec Llewyn pendant un bon moment. Pas trop court, mais pas éternel non plus, puisque tous deux, j’en avais l’impression, avions envie de rentrer pour nous débarrasser de toute cette crasse. Et ce fut avec soulagement que je retrouvai ma demeure après tout, mais aussi satisfait de ce moment que je venais de passer avec mon ami, dans l’espoir que celui-ci ne serait pas le dernier.
Sujet terminé |
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| Sujet: Re: Blood Brothers (llewyn) | |
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