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 little girl don't lie to me (judael)

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MessageSujet: little girl don't lie to me (judael)   little girl don't lie to me (judael) EmptyLun 21 Nov - 14:32

Patrouille de routine. Jude fait la gueule, enfoncée dans le siège de la bagnole, choisissant d'ignorer royalement son collègue qui tient l'volant. Il tente de lui faire la conversation, de lui raconter son plus bel exploit quand il a réussi à choper un p'tit jeune qui tentait un braquage – alors oui, son flingue était en plastique, mais quand même ça aurait pu être un vrai et il a agi sans l'savoir, quel héros. Quel con, surtout. Elle reste silencieuse, ses prunelles acérées scannant chaque rue dans laquelle ils passent au ralenti. Et elle rage à l'intérieur. Parce qu'ils ont même pas une voiture banalisée, parce que cet abruti est en uniforme. Pas elle. Techniquement, elle devrait ; en perdant sa plaque d'inspectrice, elle a également perdu le privilège de s'trimballer avec des fringues normales quand elle est en service. Mais tant pis. Elle n'en fait qu'à sa tête et si on lui a fait la remarque deux ou trois fois, personne n'a insisté, parce que tout l'monde sait qu'elle enfilera pas ce putain d'uniforme. Et c'est bien joli d'faire des patrouilles, mais ils risquent pas de croiser quoi qu'ce soit de croustillant comme ça. Leur caisse passe pas inaperçu et ça fait comme une alarme à des kilomètres à la ronde pour prévenir la vermine, les voyous risquent pas de faire une connerie en sachant qu'ils sont dans les parages. C'est contre-productif, si vous voulez son avis. Et ça commence sacrément à lui taper sur les nerfs. Alors elle finit par lâcher un profond soupir, passant une main sur son visage aux traits tirés, lassés, fatigués. « Arrête toi. » Elle le coupe dans son babillage sans même y prêter attention, et y a un instant de silence qui suit sa requête. Elle le sent tourner le regard vers elle, mais elle reste obstinément concentrée sur la route. « Pourquoi ? T'as vu quelque chose ? » Y a même une pointe d'excitation dans sa voix, qu'elle a envie de faire disparaître en lui collant une baffe. Mais ça s'fait pas, et sûrement qu'il le mérite pas vraiment. Alors elle finit par se tourner dans sa direction, le transperçant de ses pupilles d'acier. « Je t'ai dit de t'arrêter. » L'air un peu perplexe, il finit quand même par obtempérer, se garant à la première place libre qu'ils croisent. Sans un mot, elle ouvre la portière, prête à s'tirer. « Attends, on va où ? » Décidément, il comprend rien. Elle le jauge d'un air profondément blasé. « On n'va nulle part. Je me tire. » Il fronce les sourcils, visiblement un peu confus, en secouant la tête en signe de négation. « Mais tu peux pas. On a pas fini la patrouille, tu vas encore t'faire taper sur les doigts. » Peut-être que oui. Peut-être que non. Dans tous les cas, elle s'en contrefout. C'est pas ça qui va l'empêcher de le laisser en plan, et il le sait parfaitement. « T'as qu'à fermer ta bouche, si tu veux pas que j'me fasse engueuler. En attendant, je vais patrouiller toute seule. » Elle s'extirpe de l'habitacle alors qu'il recommence à parler, s'mettant à protester et lui expliquant qu'il peut pas mentir pour elle. Mais elle ne l'écoute même pas, lui claquant la portière au nez pour couper ce flot de paroles inutiles. Elle commence à s'éloigner quand elle l'entend l'interpeller, la forçant à s'retourner pour découvrir qu'il a ouvert la vitre et qu'il la fixe. « T'es vraiment une chieuse, Fincher ! » Probablement. Mais ça aussi, elle s'en fout. Alors elle affiche un rictus cynique, brandissant son majeur dans sa direction. Et puis elle lui tourne le dos, traversant la route pour aller se fondre parmi les badauds.

Maintenant, elle est dans son élément. Elle avance au milieu des gens et personne ne lui porte la moindre attention, personne ne la regarde. Elle se sent invisible au milieu du troupeau et ça lui plaît, ça lui permet de tous les observer en toute impunité. Elle laisse son regard glisser sur eux, à la recherche du moindre signe suspect, du moindre truc qui pourrait piquer son intérêt. Elle a besoin d'action. Elle a besoin d'se trouver une cible, même si elle n'est qu'en carton. Peu importe, tant qu'elle peut sortir de son ennui, avoir l'impression fugace de faire son boulot comme avant. Et son regard est vite attiré par une silhouette, qui sort d'une petite rue, de celles qui sont sombres et malfamées. Elle sait que des dealers vivent dans le coin, et son instinct lui gueule que cette gamine vient de faire un tour chez eux. Elle a l'air foutrement frêle, plus petite qu'elle et toute fine, des jambes allumettes et les cheveux emmêlés, le pas léger, presque aérien. Jude en est sûre. Cette gosse, c'est une bonne cible. C'est sûrement une camée ou une pauvre âme égarée qui s'fait manipuler par les voyous, peut-être pour jouer la mule. Peut-être même qu'elle est dealeuse elle-même – elle a l'air fragile mais on n'sait jamais, faut pas se fier aux apparences. Elle sait pas quel est son rôle exact, mais Jude la prend dans sa ligne de mire. Tellement en quête d'un peu d'action qu'elle jette son dévolu sur elle, sans avoir suffisamment de raisons valables. Elle s'met à la suivre, restant à quelques mètres derrière elle, histoire de voir si elle va s'trahir. Quelques minutes passent mais y a rien à signaler – la môme se contente de marcher. Et Jude, elle finit par perdre patience. Alors quand sa proie tourne dans une rue moins fréquentée, elle passe à l'attaque. Elle rabat sa capuche sur sa tête, enfonce une main dans la poche de son jean, et utilise l'autre pour taper doucement sur l'épaule de la gamine. Une fois qu'elle se retourne, Jude affiche un air un peu paumé, un peu pressé ; le même qu'elle a l'habitude de voir sur les drogués. « Excuse-moi, j't'ai vue sortir du coin, là-bas... » Celui d'la vermine, celui des dealers, des voyous de pacotille. Elle s'met à gratter frénétiquement son bras, baissant la voix, regardant autour d'elle comme si elle était inquiète qu'on l'entende. « J'suis en galère... T'aurais pas d'quoi m'dépanner ? J'peux payer. » Pour faire preuve de bonne foi, elle sort quelques billets d'sa poche, pour montrer qu'elle a de quoi. Et puis elle les range aussi vite qu'elle les a brandis, plantant son regard dans celui d'la gosse. Maintenant qu'elle la voit de face, elle trouve qu'elle a l'air encore plus perdue, avec ses traits de poupée et ses grands yeux qui puent la naïveté. Comme une Alice qui a perdu ses merveilles, une Alice version déglinguée.
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Jael Feliciano

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MessageSujet: Re: little girl don't lie to me (judael)   little girl don't lie to me (judael) EmptyDim 4 Déc - 23:12

J’me sens bien. Genre vraiment bien. Peut être que je plane un peu trop, mais au final je m’en fiche. Je suis bien, juste bien, et ça fait du bien. Ouais. Il fait beau, pas trop froid et aujourd’hui je fais une course. Je suis pas entrain de me peler les miches sur le sol à tendre la main comme une idiote. Aujourd’hui je fais une course pour Peter parce qu’il me fait confiance, et ça c’est quand même cool. En plus il m’a filé une écharpe avant de sortir. Genre une jolie écharpe, bleue, toute douce. Je peux y cacher mon nez dedans et ça me protège du froid, du vent.
Alors ouais je trottine, sautille, de pavé en pavé, j’évite les lignes, pour pas me faire bruler. Sur les passages piétons je marche uniquement sur les bandes blanches, un pied posé sur le noir m’arrache un cri imaginaire et je rigole. Dans ma poche ça s’agite, y a Ali qui bouge, et moi je bouge avec. On est bien là tous les deux, dans la ville sans contrainte, sans personne sur les talons. Je me sens grande soudain, un peu plus forte, différente. Un peu plus indépendante.
Je me dis que je chercherais bien Boo. Pour l’aider à chercher Bee. Parce que j’ai du temps aujourd’hui. Alors je sors rapidement mon téléphone et je pianote sur les touches, lui envoyant ma proposition avant de plaquer mes mains dans mes poches. Brrr. Fait peut être un peu froid finalement. Tant pis.
Coup d’œil à ma montre, oups. Faut que je me dépêche. Alors ni une ni deux je cours, je slalome entre les gens, j’évite les cons qui se poussent pas avec brio. J’ai jamais été très rapide, mais agile par contre, ça oui. Une vraie souris, comme Ali. Enfin Ali c’est un rat. Mais bon, je me comprends, c’est le principal je crois. Je cours, je cours, le vent dans les cheveux et mes pieds qui martèlent le pavé. J’ai l’impression d’avoir des ailes dans le dos et je me mets à rigoler parce que devant moi la route devient dorée. C’est beau, tellement beau, le monde, maintenant, la vie. Merde. C’est tellement beau.
Après vingt bonne minute de course je m’arrête enfin et je m’engouffre dans la ruelle. Pile à l’heure je suis un génie putain. Encore une preuve pour Peter, qu’il me fasse plus confiance, qu’il me laisse plus libre, qu’il sache qu’il peut compter sur moi. Bim. Y a le gars qu’est là, il se retourne et me regarde je le regarde, on se regarde. Zen Jael. Zen. Klimt ? Ah oui, c’est vrai Klimt. Putain. Moi et les surnoms. J’hoche la tête en enfonçant un peu plus le nez dans mon écharpe en essayant de me rappeler ce que Peter m’a appris. On s’enfonce un peu plus dans la ruelle, je lui tends l’argent il me tend le paquet et il se casse. Sans un mot ni rien. Et moi je revis. Ouf. Je range le paquet sans regarder dans une petite sacoche et je m’adosse un instant au mur. Je fouille dans mes poches et en tire le reste d’un joint que j’ai piqué à Curl ce matin et je l’allume. Pendant quelques instant y a plus rien autour de moi, comme un vide, un bruit blanc. Je me concentre juste sur la fumée qui s’élève, qui s’envole, la vapeur de ma respiration qui se mêle. J’aime bien fumer. C’est pas la chose qui m’apporte le plus de réconfort mais c’est déjà mieux que rien. Mieux que ce que je peux avoir en ce moment. Sauf si Tobias me recontacte. Je sais pas. Je sais pas si je veux qu’il me recontacte. Je sais pas si je veux subir la même chose que la dernière fois. Mais en même temps, quand je repense à l’aiguille dans mes veines y a un espèce de manque qui me crève le cœur. J’essaye de pas y penser. Je tire une dernière fois sur le joint avant d’écraser son cadavre au sol, sous mon talon. Tant pis pour l’environnement. Je ferme les yeux, un instant plus détendue et je m’écarte du mur. J’ai du temps, beaucoup de temps pour moi aujourd’hui. Jme dis que je vais passer voir Serena ou bien Leo, rigoler avec eux, m’amuser. Ou alors Boo mais elle répond pas. Peut être Quinn qui sait, l’entrainer sur les toits pour lui montrer la nouvelle vue que j’ai découvert y a quelques jours avec Sasha.
Perdue dans mes pensées je sors de la ruelle, pesant le pour et le contre de chaque personne. Une petite voix me dit qu’il faudrait que j’aille déposé le paquet à l’appart’, histoire de pas avoir de soucis, avant d’aller m’amuser. Il fait froid. Trop froid. Mince. J’aurais pas cru. Je remonte mon écharpe, lève les yeux vers le ciel, et quelqu’un me tapote l’épaule. Je sursaute. Proche de la crise cardiaque. Merde alors ! J’me retourne et tombe nez à nez avec une brune, l’air un peu stressée, pas vraiment zen tout ça. Excuse-moi, j't'ai vue sortir du coin, là-bas... heu. Oh. Prend un air détaché Jael. Prend un air détaché. Fais semblant que tu sais rien. Fais semblant et ai pas l’air suspicieuse. Putain c’est quoi pas avoir l’air suspicieux déjà ? Stupide Jael. Stupide, stupide Jael. « heu…de quoi ? pardon ? » je recule un peu parce qu’elle va me contaminer avec son stress c’est pas possible ça. J'suis en galère... T'aurais pas d'quoi m'dépanner ? J'peux payer. Oh. Ca. Je baisse ma garde instantanément et je la regarde sortir quelques billets. Je sais que je devrais pas, que je devrais l’envoyer bouler, mais y a quelque chose dans son air un peu désespéré qui me fait mal dans la poitrine. Moi j’aimerais bien que la prochaine fois que je suis en manque, on me file quelque chose et qu’on me laisse pas raquer sur le pavé. Je regarde autour de moi, personne et je me rapproche d’elle. « Peut être, mais t’as besoin de quoi ? Parce que je. Enfin. Je. » Respire Jael ça va aller, respire. Elle a pas l’air méchante. Juste mal. Comme toi y a quelques jours, à vomir dans ton lit et à te griffer. T’as encore les marques, sur tes avants bras, comme des morsures qui refusent de partir. « J’ai de quoi fumer ou sinon » sinon quoi déjà ? J’ai pas regardé dans le paquet. En fait je sais même pas ce que Peter a commandé. Et j’ose pas ouvrir, parce qu’il le verra et s’il voit que j’ai ouvert ça il va me tuer. Littéralement. Enfin peut être pas. Mais quand même…. « Juste de quoi fumer en fait….. désolé je. Enfin j’espère que ça t’ira. » Rapidement je pose mon sac par terre et sort de quoi rouler un joint, les mains rougies par le froid je me concentre sur ma tâche en espérant que personne n’arrive.
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MessageSujet: Re: little girl don't lie to me (judael)   little girl don't lie to me (judael) EmptyMar 13 Déc - 14:09

« Heu…De quoi ? Pardon ? » Elle a l'air encore plus paumée, la gamine. On dirait même qu'elle se met soudain à stresser sans raison apparente, avec son pas de recul et sa mine contrite, alors qu'elle tente désespérément de paraître détachée – c'est tellement mal imité que Jude a presque envie de s'marrer. Manifestement, elle l'a effrayée, comme une biche prise entre les phares d'une bagnole. Mais Jude continue sur sa lancée, elle garde son rôle de la camée en manque, de la pauvre fille paumée qui demande juste qu'on lui tende la main. Elle, elle tend des billets. Pour faire preuve de bonne foi, pour faire miroiter le fric dans les yeux d'la gosse, pour la faire croire qu'elle va pouvoir en empocher un p'tit paquet. Ça marche toujours, avec ces gens là. Ils crachent jamais sur un peu d'thunes, et le plus souvent, ils courent tout dépenser dans une nouvelle dose. « Peut-être, mais t’as besoin de quoi ? Parce que je. Enfin. Je. » Ça marche. Elle y croit, elle baisse sa garde, elle est prête à l'aider. C'est facile. C'est même tellement facile que Jude s'demande si elle est pas en train de se foutre de sa gueule. Normalement, ça lui demande plus d'efforts que ça. Ils sont tous méfiants ces cons, ça prend plus qu'un peu de stress et d'argent pour les amadouer. Mais cette petite, elle hésite pas. Elle lui fait confiance là, tout de suite. Elle la croit. Pour le coup, Jude s'y attendait pas. Profondément perplexe, elle la dévisage, à la recherche d'un signe qui lui montrerait que ça sent l'coup fourré, qu'y a un truc pas net qui l'attend. Mais non. Non, la blonde a l'air foutrement sincère. Sûrement trop pour son propre bien. « J'sais pas, n'importe quoi, j'ai juste besoin d'un truc là tout d'suite. » Son ton s'fait pressant, pour montrer l'urgence de sa situation, pour appuyer la détresse qu'elle continue de feindre. Elle veut la stresser, elle veut la forcer à céder, à fauter, à lui donner une bonne raison pour l'embarquer. Immédiatement. Elle a aucune envie d'attendre. « J’ai de quoi fumer ou sinon... » On y vient. Ou sinon.  C'est surtout ça, qui l'intéresse. Parce que des p'tits cons avec de l'herbe, elle en voit défiler tous les jours et ça l'emmerde. Ça sert à rien, ils peuvent jamais les garder bien longtemps et ils gagnent jamais assez d'infos sur les dealers. Elle s'en contrefout, de fumer. Ils arrêtent pas tous les gosses qu'ils sentent passer avec un pétard, sinon ils s'en sortent plus – d'ailleurs y a pas que les gosses. Ils arrêtent que ceux qui font chier, ou qui ont l'air d'avoir les poches pleines, pleines à en craquer. Non, là, il lui en faut plus que ça. Et à en juger par le regard furtif que la poupée lance à sa sacoche, elle a plus. Beaucoup plus. Mais elle a l'air d'hésiter, de pas vouloir en parler. Ça pique l'intérêt de Jude, qui s'met en tête de découvrir ce qui s'cache là-dedans, parce que son instinct lui gueule que ça sera bien mieux que de l'herbe. « Juste de quoi fumer en fait... Désolée je. Enfin j’espère que ça t’ira. » Elle s'rétracte. Elle a un truc à cacher, à protéger. Comme si elle changeait d'avis au dernier moment en s'rendant compte que c'était une mauvaise idée, qu'elle aurait pas dû avouer une seconde option, que ça doit absolument rester un secret. Sauf que Jude n'a aucune intention d'la laisser le garder.

Finalement, la gamine abandonne sa sacoche au sol en commençant à rouler un joint, concentrée sur sa tâche. Baissant complètement sa garde. C'est un peu surprenant, et c'est à s'demander si elle est vraiment naïve à ce point ou si elle a trois coups d'avance. Jude penche plutôt pour la première option. C'est l'moment ou jamais. D'un mouvement rapide, elle attrape la sacoche et l'ouvre avant que la gosse n'ait pu esquisser le moindre geste, les doigts pris dans son roulage. Sous ses yeux, un paquet. Un gros paquet d'ailleurs, qui n'laisse pas la place au doute. Elle en déchire un coin pour apercevoir ce qu'il recèle, découvrant d'la poudre. Elle devine rapidement que c'est de l'héroïne et l'ombre d'un sourire plane sur ses lèvres alors qu'elle lève son regard d'acier sur la gosse. Son rôle a complètement disparu et son visage retrouve son expression habituelle – dure, froide. « Juste de quoi fumer, hein ? » Elle referme la sacoche et la perche sur sa propre épaule, avant d'attraper le poignet d'la gamine pour éviter qu'elle ne tente de se barrer en courant. Elle serre sûrement trop fort, mais faut ce qu'il faut pour la garder là. « Tu mens très mal, gamine. » Très, très mal. Mais Jude ne dit pas qui elle est. Elle décide de n'pas révéler tout de suite qu'elle est flic, laissant planer le doute alors qu'elle continue de la tenir trop fermement, utilisant sa main libre pour téléphoner au collègue qu'elle a abandonné y a quelques instants. Elle lui demande de venir la chercher en expliquant où elle est, sans lui dire pourquoi. Elle sait que de toute façon, il obéira. « J'te déconseille de bouger, sinon je peux rendre tout ça très désagréable. Et t'as pas envie que ça devienne désagréable, pas vrai ? » À part la courser pour la rattraper, puis la faire chier en salle d'interrogatoire, elle pourra pas faire grand-chose de plus en vérité. Mais la gosse n'le sait pas forcément, et elle préfère la laisser s'faire des idées pour la dissuader de fuir. Un masque impassible collé sur la tronche, même si elle a un peu envie d'sourire. Parce que sa journée vient de s'éclairer grâce à la tête blonde ; elle devrait presque la remercier. Merci d'être aussi candide, aussi facile à piéger, merci de se trimballer avec autant de drogue dans la rue comme si de rien n'était. Pourtant elle sait qu'elle a pas utilisé les méthodes recommandées. Subtiliser sa sacoche comme ça pour la fouiller, elle avait pas l'droit. Mais en a-t-elle quelque chose à foutre ? Absolument pas. De toute façon, c'qui est fait est fait. Le plus important, c'est qu'elle l'a coincée. Et quand son collègue s'arrête à leur hauteur, elle tire sur le poignet de la gosse pour la forcer à approcher de la bagnole de police. Maintenant, elle sait ce qui l'attend – elle sait qu'elle est en train de s'faire arrêter. « Grimpe. Fissa. » Elle lui ouvre la portière et la pousse un peu à l'intérieur, refermant derrière elle avant d'aller s'installer sur le siège passager. Son acolyte la dévisage d'un air un peu perdu, et elle daigne lui adresser un sourire aussi acide qu'arrogant. « Tu vois, finalement j'suis même revenue avant la fin de la patrouille. » Il lui marmonne de la fermer avant de redémarrer. Et dans le rétroviseur, Jude lance des œillades à sa victime, qui a l'air tout sauf ravie d'être là. Tant pis pour elle. La prochaine étape, c'est le commissariat.
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MessageSujet: Re: little girl don't lie to me (judael)   little girl don't lie to me (judael) EmptyVen 6 Jan - 23:54

Je sais que je ne devrais pas. Je sais que je devrais juste détourner mon regard de cette femme, casser sans rien répondre. C’est ce que Peter m’a appris. Que c’est pas moi qui deal, que y a d’autres plus doués, du genre Lachlan ou bien Tinks. Mais pas moi. Chui trop gentille, trop naïve pour ça, ça me convient pas. La preuve, je sais même pas faire payer les gens avec qui je partage et quand Nash me rejoint pour planer, j’ai pas le cœur à lui demander un billet. C’est mieux comme ça. Tellement mieux. Je me sentirais tellement coupable je crois. Je sais pas. Je m’embrouille. Elle m’embrouille. J’ai envie de lui faire confiance. Non. J’ai envie de l’aider, j’ai envie qu’elle perde un peu de cet air désespéré qui se peint sur son visage. Je sais que c’est pas un cadeau que je lui fais d’accepter de lui filer un truc, mais la rue ça vous apprend à devenir impitoyable. Et moi j’essaye vaguement.  J’hésite à appeler Lachlan un instant pour lui demander son avis, une idée, comment agir mais je me retiens. C’est moi et moi seule qui gèrerais ça. Il faut. Il faut que j’apprenne, que je m’endurcisse, que j’arrête d’être cette foutue Jael poule mouillée. J'sais pas, n'importe quoi, j'ai juste besoin d'un truc là tout d'suite. Elle me stress. Terriblement. Je sais pas quoi faire. Je bafouille, je panique, fouille. Je sais combien les gens comme elles peuvent être instable quand ils sont en manque. Je sais parce que je passe par là régulièrement, rampant tant bien que mal pour récupérer ma dose auprès de Peter quand il est de mauvaise humeur. Bon. Fait un effort Jael. Respire, inspire. Je commence à réfléchir à lui proposer un joint. C’est simple un joint pas vrai ? Puis je m’embrouille je continue sur ma lancée avant de me ranger tout de suite après. Je peux pas parler du paquet. J’ai pas le droit. Si j’en parle elle va en vouloir et je sais même pas combien ça se vend normalement. Ni même si ça se vend en fait. Je lui offre un petit sourire désolé, le même sourire qui m’ouvre toutes les portes et qui me fait devenir invisible au reste du monde. Je me dis que ça va aller, qu’elle va prendre son foutu joint et me laisser tranquille, que je pourrais rentrer à la maison me réchauffer parce qu’il commence à sérieusement cailler.
Mais non.
Trop concentrée à rouler le joint du mieux que je peux au sol, je détourne mon attention de mon sac. Je sais. Je suis pas douée. Vraiment pas. Mais j’y peux rien si je pense toujours à dix mille choses à la seconde, si tout se superpose dans mon cerveau et que j’arrive pas à trier. Le truc c’est que j’ai pas vu venir la nana et en un instant elle a attrapé ma sacoche sans demander mon avis pour fouiller dedans. Je me redresse d’un bond pour essayer de la reprendre, c’est un magnifique échec de ma part, pour la énième fois ce mois-ci. « Hey ! Rend moi ça ! »  Peut être qu’en demandant gentiment elle le fera ? Non. Non. Ne rêve pas Jael. Ne rêve pas. C’est finis les contes de fées, ici y a que des méchants, que des mauvais. Je sens une boule se former dans la gorge quand elle commence à fouiller, découvrant que je trimballe autre chose en plus de quelques sachets d’herbe.  Juste de quoi fumer, hein ? Oui bah. Ca va hein. Je sais que je mens mal. Je sais que je suis trop naïve. Je sais que je suis pas douée. Par contre je savais pas que c’était de l’héroïne ce que Peter avait décidé de me faire transporter et ça, ça me sidère un peu. Parce que c’est bien la première fois qu’il me laisse faire ça. J’aurais pu sourire si la situation n’étais pas aussi grave. Mentalement je fais une estimation du prix du paquet et ça me fait grincer des dents. Je vais me faire tuer si je n’arrive pas à le récupérer. Je m’avance un peu pour essayer de récupérer ma sacoche, sauf que la brune à une longueur d’avance sur moi et soudain m’attrape le poignet. Pas le poignet. Merde. J’essaye de me libérer mais plus je me débat et plus elle serre, encore et encore et encore. J’ai mal. J’étouffe. Je déteste ça. Je déteste tellement ça. lâche moi, lâche moi, lâche moi. Soudain je m’en fiche de la drogue, je m’en fiche du sac, je veux juste retrouver mon poignet, je veux juste qu’elle me laisse filer. Chaque parcelle de sa peau me brûle, m’empoisonne. Je me sens partir et j’essaye de lutter, comme mon psy m’a appris, pour contrer la paniquer. Tu mens très mal, gamine. Je réponds pas. Je peux pas de toute façon, je suis paralysée. Je fixe dans le vide, inspirant, expirant pour me calmer, pour pas laisser la folie grimper.  Depuis l’enterrement c’est de pire en pire, et j’arrive plus rien à contrôler.
Je la sens qui s’agite à côté de moi, ses paroles volent dans l’air et frôlent mes tympans sans m’atteindre. J'te déconseille de bouger, sinon je peux rendre tout ça très désagréable. Et t'as pas envie que ça devienne désagréable, pas vrai ? Désagréable ? Ca l’est déjà, elle est sans doute trop stupide pour se rendre compte que je suis à deux doigts de tourner de l’œil tant le contact me dégoute. Je me contente juste de hocher la tête, incapable de faire autre chose que d’attendre que la crise passe. Attendre, toujours attendre. Je voudrais que Milan soit là à côté de moi, je voudrais qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me dise que ça va aller. Je voudrais qu’on se glisse tous les deux sous la couette et qu’on se raconte des histoires pourries comme on sait si bien le faire. Mais Milan n’est pas là, et moi je me suis faite pincer par une folle furieuse qui refuse de me lâcher. Pourquoi est-ce qu’elle prend pas le sac et qu’elle me laisse là ? Ça serait tellement plus simple, elle a bien vu que j’étais pas du genre à me débattre pas vrai ?
Soudain je me sens tiré en avant. Ca me sort légèrement de ma transe et je relève la tête. « Merde »  oui merde. Ça m’échappe. Parce que je me suis faite avoir comme un bleu. Parce que c’était pas une foutue nana en manque qui aurait pu éveiller en moi un peu de compassion. Non. C’est une putain de flic. Une flic. Non, non, non. Pitié tout mais pas ça. Je retrouve d’un coup mes esprits et le contrôle de mon corps « Lâche moi putain ! » que je m’exclame, tirant sur mon bras pour essayer de me dégager. Je veux pas. Je peux pas. Non. Et s’ils retrouvent tout ? Les Lost Boys ? Peter ? Cecilia ?? Grimpe. Fissa. « NON »  que je hurle en retour, me débattant comme je peux, soudain bien trop consciente de ma faiblesse et de la situation inévitable. Dans ma tête ça tourne à cent à l’heure, je cherche un moyen de m’échapper, de partir de là avant que tout ne dérape pour de vrai. Je peux pas. Je veux pas. La brune me fait rentrer de force et je me jette vers l’autre portière pour essayer de l’ouvrir. Peine perdue elle est fermée. Tout est fermé. Tu vois, finalement j'suis même revenue avant la fin de la patrouille. La sale menteuse. Je me mords la lèvre pour ne pas l’insulter, pour ne pas crier, je sais que ça ne servirait à rien de toute façon, tout juste à les énerver un peu plus. J’essaye de me souvenir de ce que Peter m’a dit de comment réagir et j’essaye d’attirer l’attention du policier. L’homme. Pas la femme. Elle je sais que c’est peine perdue. J’en tirerais rien. « Je sais pas ce qui se passe »  ma voix se fait tremblotante et mes yeux se brouillent. J’ai même pas besoin de forcer tellement je suis paniquée. « On va où ? Pourquoi vous faites ça… »  je porte mon poignet encore douloureux à la poitrine et je le masse doucement  « Vous avez pas le droit de me maltraiter comme ça. » je sais même pas ce que je dis, je sais même pas ce que je fais. Je sais même pas où je vais. Putain. Je suis tellement foutue. « Je savais même pas ce qu’il y avait dans ce sac, je suis sur c’est un coup monté. »  et là comme une gamine de dix ans, je me mets à chialer. Et je pleure et je pleure et je pleure, comme je sais si bien le faire. Je pleure en fixant dans le rétroviseur les yeux du conducteur.
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MessageSujet: Re: little girl don't lie to me (judael)   little girl don't lie to me (judael) EmptyVen 20 Jan - 12:48

« Hey ! Rends moi ça ! » Jude n'y prête pas la moindre attention et elle fait ce qu'elle a à faire, ouvrant la sacoche malgré les protestations de la gosse. Le butin est juteux et ça la ferait presque sourire, mais son visage reste désespérément figé dans une expression dure comme la pierre. Envolée, la comédie. Elle retrouve son comportement habituel et quand ses doigts se pressent autour du poignet de la gosse, elle la sent se paralyser. Ça la fait tiquer alors elle la quitte pas des yeux en téléphonant à son collègue, détaillant soigneusement les traits de la blonde. Elle a l'air angoissée, presque paniquée, complètement ailleurs. Comme si elle s'perdait dans des songes auxquels Jude n'a pas accès. Elle ne cherche pas à briser sa torpeur, se contentant de l'étudier en silence en espérant qu'elle ne lui fasse pas un malaise ou une connerie du genre. Puis le collègue arrive enfin, et déjà Jude la tire vers la bagnole. « Merde. » Ouais. Elle est dans la merde. « Lâche moi putain ! » La gamine tente soudain de se débattre et avec l'effet de surprise, elle réussit presque à se dégager. Mais Jude la rattrape in extremis, se faisant plus forte et moins délicate – déjà qu'elle l'était pas beaucoup. « Fais pas une scène. » Elle déteste quand ils font ça, putain. Ça sert à rien de se secouer comme des pruniers, ils finiront quand même au poste. « NON ! » Elle veut pas grimper, et elle commence sérieusement à l'emmerder. Jude finit par perdre patience et la fait entrer dans la voiture de force, claquant la portière avec fracas derrière elle. Elle retrouve sa place sur le siège passager, trouve le moyen d'faire râler son collègue, et en profite pour lancer des coups d'œil à leur prisonnière. « Je sais pas ce qui se passe. » La sale petite menteuse. Jude ricane, levant les yeux au ciel. Le coup de la victime aux grands yeux larmoyants ; classique. « On va où ? Pourquoi vous faites ça... » Personne ne répond, ni elle ni son collègue, mais elle le voit observer la gosse dans le rétroviseur avec un air perplexe. « Vous avez pas le droit de me maltraiter comme ça. » Elle s'tient le poignet comme si elle souffrait le martyr et Jude commence à s'agacer. Elle se tourne pour pouvoir la regarder dans les yeux, un air glacial placardé sur la trogne. « C'est bon Calimero, ça suffit les conneries. Je t'ai pas maltraitée, mais y a toujours moyen d'y remédier. » Si elle continue, ça va finir par arriver. Elle récolte un regard désapprobateur de son collègue, mais il tient sa langue pour l'instant. « Je savais même pas ce qu’il y avait dans ce sac, je suis sûre c’est un coup monté. » Ça y est, c'est le clou du spectacle. Elle s'met à chialer et comme un écho, Jude ricane à nouveau. La comédie ne prend pas avec elle. Son collègue n'a pas l'air d'y croire non plus, pourtant elle voit qu'il s'est tendu d'la tête aux pieds. Alors elle le fixe, comme une interrogation silencieuse, comme pour demander quel est son putain de problème. Il a dû le sentir, parce qu'il lui jette un regard furtif, avant de se reconcentrer sur la route. « Tu lui as lu ses droits et tout l'bordel ? Tu lui as expliqué la suite ? » Oh, le con. « Me dis pas que t'es sensible à son p'tit numéro ? Je te pensais pas aussi stupide. » Il soupire, visiblement agacé. « Non, arrête de me prendre pour un con. Mais j'sais pas pourquoi, je suis persuadé que t'as pas fait ça dans les règles. » Faut croire que sa réputation la précède. Elle répond pas, faisant mine de l'ignorer royalement. « Tu crains, Fincher. » Toujours aussi mutique, elle réserve son regard noir à l'asphalte. Et quand ils finissent par arriver au poste, Jude conserve ce silence empli de mépris, abandonnant son collègue avec la môme. Il se chargera de la mener en salle d'interrogatoire.

Fichée devant le distributeur, elle jette son dévolu sur un paquet de friandises chocolatées, prenant son temps avant d'enfin rejoindre la salle. Son collègue est là, la gamine aussi. Elle sait pas ce qu'ils se sont dit, mais elle espère que la tête blonde a bien profité – ça sera sûrement moins sympa maintenant qu'elle est là. « J'ai croisé l'boss, il a la gueule des mauvais jours et il te cherche. Paraît que t'as toujours pas fini ton rapport du weekend dernier ? » Elle le sait, mais pas grâce au boss. Juste parce qu'elle a encore fouiné partout. Elle n'a croisé personne mais il a pas besoin de le savoir. « Tu devrais t'y coller avant qu'il te trouve. » Elle le voit tergiverser quelques secondes, mais faut croire que l'idée de se prendre un sermon est suffisamment flippante pour avoir raison de sa volonté. Il s'approche d'elle et baisse la voix pour que la gamine n'entende pas. « J'te laisse, mais la traumatise pas. Tu sais que t'es déjà sur la sellette. » Ce qu'elle entend se résume à blablabla. Il se barre, c'est une victoire, et c'est tout ce qu'elle retient. Enfin seule avec sa proie. Elle esquisse un rictus qui n'a rien de rassurant, ouvrant son paquet pour en piocher une petite poignée qu'elle mange en silence. Elle s'approche, venant s'asseoir en face de la môme, la fixant un moment toujours sans rien dire. Comme si elle était au zoo et qu'elle observait tranquillement les animaux. Elle continue de manger lentement, comme si elle avait tout le temps du monde. « Ton nom. » Elle demande pas – elle exige. Elle imagine que la môme ne répondra pas ou mentira, mais elle s'en fout. Pour l'instant, elle a pas besoin de sa réelle identité. C'est simplement pour démarrer, sans avoir à questionner tout d'suite. Elle la jauge, la teste, elle veut voir à qui elle a affaire. Voir si elle est de ceux qui se murent dans le silence, ou ceux qui mentent avec un air insolent, ou ceux qui avouent tout en pleurant, ou ceux qui tentent de plaider leur cause, et ainsi de suite. Elle attend simplement sa réaction, pour s'adapter en fonction.
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Jael Feliciano

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MessageSujet: Re: little girl don't lie to me (judael)   little girl don't lie to me (judael) EmptyDim 19 Fév - 18:42

Fais pas une scène. Je fais une scène si je veux. Si j’ai envie. Je fais ce que je veux merde, si y a bien un truc que j’ai mérité dans tout ça c’est qu’on me foute un minimum la paix. Non ? Non. Pas d’après l’autre conne de policière qui me prend la tête. Ils me prennent tous la tête. Tous. J’ai rien demandé moi, j’étais pénarde en Suisse. Mais la vie ne se passe pas toujours comme on voudrait malheureusement. C’est comme ça. Pas le choix. Alors je finis par grimper dans la voiture, non sans me débattre.
Elle a un collègue. Peut être que le collègue il sera plus gentil. Ou peut être pas. Je tente ma chance, plaide non coupable, me met presque à chialer comme j’ai si bien appris. Au fond j’ai même pas besoin de forcer parce que j’ai vraiment envie de pleurer et j’ai vraiment mal aux poignets. Mais ça elle peut pas comprendre. Ils peuvent pas comprendre. Pas grand monde qui peut, faudrait avoir mon dossier médical et encore, je sais même pas où il est foutu.
Le truc c’est que ça marche pas vraiment, son collègue me regarde dans le retro mais c’est la brune qui semble dominer la situation. C'est bon Calimero, ça suffit les conneries. Je t'ai pas maltraitée, mais y a toujours moyen d'y remédier. « Allez-y, mais bon je pense qu’entre une brutasse comme vous et une gamine comme moi, amochée, par vous ? Je sais pas mais ça sent pas très bon. Donc la maltraitance on repassera» Ma voix tremble un peu encore mais je m’enfonce un peu plus dans le siège. J’en ai marre, ça fait trop longtemps que je me fais balloter, maltraiter, emmerder. Elle veut se joindre au jeu ? Qu’elle prenne un ticket et qu’elle fasse la queue, y a du monde avant elle qui veut taper de la Jael. J’ai toujours pas compris pourquoi, moi je me contente juste d’essayer de faire plaisir à tout le monde mais bon, apparemment ça marche pas vraiment. Et puis y a cette histoire de transaction, de Peter qui me donne un vrai job, qui accepte de me laisser transporter autre chose que de l’argent. J’étais fière quand il m’avait dit que c’était moi qui irait. Mais là tout de suite, j’ai juste honte, et je suis juste déçue. Terriblement déçue et triste, d’avoir encore tout fait foirer. Je sens les larmes poindre et j’essaye même pas de les arrêter. Tant pis. Je me met à sangloter à l’arrière de la voiture, parce que la dernière fois que j’ai mis les pieds dans un commissariat de police c’est quand on a retrouvé mon père mort et qu’on m’a demandé de venir témoigner. La fois d’avant c’était quand mon père biologique avait décidé de m’abandonner. Alors bon, comprenez bien que moi et les commissariat, c’est pas vraiment la joie.
Me dis pas que t'es sensible à son p'tit numéro ? Je te pensais pas aussi stupide. je les entends qui commencent à se disputer devant, entre le conducteur qui ne semble pas vraiment apprécier la brune et la brune qui ne fait que râler. Ils parlent de règles, d’arrestation en bonne et due forme et moi je note les informations dans un coin de ma tête. Je sais que pour le moment je suis vraiment dans la merde mais elle n’a pas été tout à fait réglo sur sa façon de m’embarquer et même si c’est sa parole contre la mienne…Je peux essayer pas vrai ? Je sèche mes larmes et me recroqueville sur moi-même, les genoux contre ma poitrine, attendant qu’on arrive au commissariat.
La voiture s’arrête et c’est l’homme qui m’entraine vers une salle. Surement pour m’interroger. Il est plus gentil, je préfère, je crois qu’il se sent un peu coupable de la façon dont … Fincher ? M’a arrêté. Mais bon je me fais pas trop d’illusion, les policiers ne seront jamais nos amis. Jamais. Inutiles, mauvais, méchants, ils ne m’ont pas aidé une seule fois. Se foutant de ma gueule quand j’étais venue crier au meurtre en accusant Cecilia.
Je le laisse me menotter à la table et le regarde s’asseoir en face de moi. Pour une fois je ferme ma bouche, parce que je suis assez intelligente pour me rendre compte de la merde dans laquelle je suis et qu’il vaut mieux que j’en dise le moins possible pour arrêter de dire des conneries. Alors à la place je regarde la salle, autour de moi, les murs blancs et vides de tout, la vitre sans teint en face de moi. Comme à la télé. Sauf que ce n’est pas la télé. J'ai croisé l'boss, il a la gueule des mauvais jours et il te cherche. Paraît que t'as toujours pas fini ton rapport du weekend dernier ? La porte qui s’ouvre et la brune qui débarque à nouveau. Je grimace, le policier en face de moi aussi. Personne doit l’aimer cette nana ici, elle est beaucoup trop antipathique. Et pendant un bref instant je plains son collègue. Un tout petit instant. Tu devrais t'y coller avant qu'il te trouve. Parce que le lâche me laisse seule avec l’espère de dragon qui vient s’asseoir en face de moi, mangeant ses sucreries comme si tout allait pour le mieux. Ton nom. « Je peux en avoir ? » des trucs au chocolat qu’il y a dans son paquet. Ca a l’air bon et j’ai faim. Je m’en rends compte que maintenant. J’ai pas mangé ce matin et mon ventre est trop vide. C’est souvent le cas. J’essaye pas de l’amadouer, je demande juste, honnête. Je fouille dans ma poche et en sors quelques pièces que j’ai gardé pour moi avant de donner le reste à Peter. « J’ai faim. » Je la dévisage. Est-ce qu’elle va empocher ma pièce et se casser ? Ca serait vraiment bas. Ou alors est-ce qu’elle me cherchera un truc ? Ou est-ce qu’elle ignorera. J’en sais rien, je m’en fous, j’ai juste faim. Et puis je gagne du temps. Dans ma tête sa cogite, à ce qu’il faut que je dise. « Jael. » c’est mon prénom. Le nom on verra plus tard. J’en ai trop qui me viennent à l’esprit. « vous savez c’est pas vraiment légale votre façon de faire. Et j’ai un bon avocat » ça par contre c’est vrai. Même s’il n’est pas vraiment mon avocat à proprement parler je sais qu’il pourrait m’aider. Peut-être. Un peu. Qui sait. « Et puis vous savez être aimable et polie parfois ça vous ouvre plus de porte que : ta gueule, fais ci fais ça gnagnagna » j’imite un instant son ton hautain, froid avant de laisser tomber mes mains sur la table et d’y poser ma tête dessus. Je ne la regarde plus. Je suis juste fatiguée. Et j’aime pas la sensation du métal sur mes poignets. Je déteste ça. J’ai l’impression que ça va finir par m’étouffer. Je ferme les yeux, espérant effacer tout ce qui se passe autour de moi, faire le vide, oublier, m’évader.
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