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 daddy's girl (madéo)

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Leonard River

Leonard River
et le château de sable, il est dans l'eau maintenant
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MessageSujet: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyMer 3 Aoû - 11:59

1 WEEK AGO
Mamie River avait l'air d'un Esmeralda qu'on aurait passé à l'essoreuse et qui aurait trop pris le soleil. Elle accueillit son petit-fils avec sa bonne humeur naturelle, ses fringues bariolées et l'odeur de cannabis qui flottait dans tout son salon. Ca va mon chéri ? Leo lui sourit et la prit dans ses bras avant de pénétrer dans la maison et de poser son skate dans l'entrée. T'as maigris non ? s'inquiéta mamie. Mais non ! assura Leo. Dans le salon, affalée sur le canapé, sa mère buvait une bière, les pieds sur la table. Leo s'approcha d'elle, lui piqua sa bière et la salua par une bise amicale :
- Salut Anna, t'vas bien ? demanda-t-il avant de se laisser tomber à côté de sa mère qui lui secoua les cheveux en riant.
- Et toi minus ?
- J't'emmerde, il est pas là ton keum ?
- Non, il bosse !
- Ou bien il baise ailleurs. un petit rire mesquin s'échappa des lèvres du blond, sa mère lui donna une grande tape sur l'épaule, choquée.
- Hey mais, écoute-le l'autre ! Va chier ! Et roule moi un pétard.
Bref, une après-midi tout ce qu'il y a de plus normale chez les River. Cela faisait longtemps que Leonard n'était plus venu chez sa grand mère, prendre un bon shoot d'amour familial comme il aimait le faire autrefois. Peut-être parce qu'aujourd'hui il se shootait à autre chose et que ça se voyait trop. Peut-être parce qu'il était obligé de porter un t-shirt manches longues en plein été pour masquer les traces de la passion un peu trop violente et et autodestructrice de l'autre fois, au foyer. Peut-être parce qu'il ne trouvait plus le temps. Quoi qu'il en soit, la petite famille, bankable mais pas moins unie qu'ils formaient étaient heureux de se retrouver. Ils fumèrent des nachos en parlant de tous et de rien. Mamie était assise sur un pouf par terre, Anna et Leonard sur le canapé. Ils partageaient tous les trois un pétard en écoutant de la bonne musique.
- Je suis désolé, mais tu ne sais pas ce qu'est un vrai concert temps que tu n'as pas dansé à poil sur du Bon Jovi au milieu d'un gang de motard à un festival de rock. Anna se boucha les oreilles en chantant "lalala" pendant que Leo partit dans un fou rire en récupérant le pétard que sa grand-mère lui tendait.
- Putain, tu veux qu'on fasse une crise cardiaque c'pas possible ? Il fouillait dans un vieux carton descendu de la chambre de sa mère pour choisir le prochain album. On met quoi ? Ooh sérieux, pas un seul album de reggae ? Anna tu crains !
- J'étais plutôt rock alternatif.
- C'quoi ça ? Levy...strauss. il sourit, pas mal. La pochette est cool, mamie, met ça !
- Noooon, non, arrêtes ! Arrêtes ! Leo, donne-moi ça ! Leo fronça les sourcils, l'album ouvert dans ses mains. Non mais c'était quoi ça ? Je déconne pas, range cet album ! supplia Anna. Mamie et Leo échangèrent un regard confus et le blond donna le CD à sa grand mère qui le mit dans la chaîne hi-fi.
- C'est quoi c'te crise sérieux ?
Anna arracha le pétard des lèvres de son fils boudeuse, elle avait l'air plus tendue qu'elle ne l'avait jamais été auparavant, priait intérieurement pour que le CD soit rayé à force de l'avoir trop écouté pendant son adolescence. Manque de bol, la première chanson s'enclencha aux sons des riffs de guitare qu'elle avait écouté bien trop de fois avant ça. Elle avait l'air au bord des larmes, mais personne ne s'en préoccupait, en fait Mamie se leva pour aller faire couler un café, et Leo était absorbé par la pochette de l'album. Il y retira le prospectus pour lire les paroles des chansons et quand il l'ouvrit, il tomba immédiatement sur une vieille photographie froissée. Il y reconnu sans mal sa mère, avec vingt-cinq ans de moins, à côté d'elle le chanteur du groupe qu'il avait reconnu de la pochette de l'album. Leonard explosa de rire. OH PUTAIN ! C'est pour ça ? Parce que tu t'es tapée le chanteur ! Hahahaha, sérieux ! Hey, faut t'en remettre ma pauvre ça dois faire... 100 ans, t'avais pas de rides à l'époque. Anna avait tressaillit et tentait de grimper sur son fils pour récupérer cette maudite photo. Leo, quant à lui tentait de lire la date inscrite au dos de la photographie. Alors, c'était eeeen... 19....8....9. déchiffra-t-il. Au même moment, Mamie revint dans le salon avec un plateau et trois tasses de café dessus. Ooooh, mais je m'en souviens de cette musique ! Tu l'écoutais en boucle quand t'étais enceinte. Un petit rire secoua Leo, et puis le rire se perdit dans le vide, son sourire s'effaça. Et merde.

PRESENT DAY
Il avait pris un bus, puis avait fait du stop, il s’était fait prendre par trois gars sous hallucinogènes et puis il avait enfin atterrit dans ce festival en plein air, non loin de Savannah, dans un immense terrain vague dont quatre ou cinq scènes différentes, des stands et des tentes avaient poussé du sol. Les festival de musique, alias son endroit préféré sur terre, Leo s’y sentait comme chez lui. Normalement, il était entouré d’ami, il montait une sorte de tipi et sortait des discours communiste à qui voulait l’entendre en fumant des pétards, puis il bouffait des tapas, il s’enchaînait quelques lignes et il allait danser au premier rang en hurlant les paroles. Sauf que là, on ne pouvait pas dire qu’il était dans la même ambiance que d’habitude. D’ailleurs, en règle générale il n’aurait jamais été à ce festival la programmation n’était pas ouf selon lui. A un détail près, son père passait sur la grande scène à 21h.

Ca faisait bizarre de le dire, et honnêtement, Leo n’en était pas vraiment sûr. Après tout, sa mère avait eu une réaction étrange et les dates collaient, mais est-ce que ça voulait vraiment dire quelque chose ? Après tout, étant donné les histoire qu’il avait entendu jusqu’ici sa mère n’avait rien d’une sainte et sa puberté avait commencé très tôt. Alors peut-être que son père était tout simplement un type qu’elle avait rencontré à un concert de Levystrauss, c’était possible ça, non ? De toute façon, qu’est-ce que ça pouvait faire ? Leonard n’avait jamais été franchement perturbé par l’absence de son père biologique, il n’était pas traumatisé, il ne souffrait pas d’une pathologie bizarre genre complexe de l’abandon ou on ne sait quoi. Bon après, il était accro à la coke, il avait passé des années à se faire vomir, il était incapable de s’engager dans quoi que ce soit et il avait une sexualité débridée genre un peu trop en fait, mais est-ce que ça avait vraiment un rapport ?

Seul moyen de le savoir, c’était de le voir. Le leader du groupe. Il le verrait, écouterait ses musiques. Manquerait plus qu’il soit pourri et dans ce cas, Leo oublierait son existence comme lui avait oublié l’existence de son fils pendant 26 ans. Mieux vaut ne pas avoir de père plutôt que d’en avoir un genre, vieux rockeur incapable de raccrocher (oui AXL Rose, je pense bien à toi. Non mais c’est quoi cette tournée avec AC/DC ?). Enfin bref, jean-slim déchiré, débardeur et grosse veste en jean sur le dos, turban dans les cheveux et bracelet du festival autour du poignet, Leo se frayait un chemin dans la foule pour atteindre les premières places et ainsi pouvoir apercevoir un peu plus distinctement le type de la cinquantaine passée remuer sur scène en gueulant. Bon, déjà il chantait bien, c’était important ça.

Contre la barrière de sécurité, tout devant dans la fosse, Leo leva les yeux une seconde sur son père enfin non, le type qui potentiellement pourrait avoir fécondé sa mère. Soudain il se demanda quelle appellation était la pire, l’un et l’autre étaient horribles. Il baissa donc les yeux et regarda autour de lui. Frappé par sa sobriété en voyant l’état des autres, il se rendit soudain donc que c’était son premier concert sans avoir consommé. Ressemblait-il vraiment à cette nana qui dansait dans tous les sens à contre-temps ? Peut-être. Leo l’observa de plus près quand il remarqua qu’elle avait un t-shirt du groupe entrain de jouer. Alors, elle ressemblait à ça les groupies de ce groupe ? Alors Anna River ressemblait à ça il y a vingt-six-ans-et-neuf-mois ? En regardant cette petite meuf qui hurlait les paroles comme s’il s’agissait de l’hymne américain le soir du superbowl, il s’aperçut soudain de l’énorme dédicace qui s’étalait sur la moitié de son t-shirt. Leo écarquilla les yeux. UNE PISTE. Il agrippa la gamine : hey, toi ! essaya-t-il de crier par-dessus la musique, il tira à nouveau sur le bras de la meuf. HEEEEY ! il eut enfin son attention. TU LES CONNAIS ? elle captait que dalle, quelle idée aussi de se foutre à côté des basses aussi ? LE GROUPE, TU LES CONNAIS ? JE… JE VOUDRAIS ME FAIRE DEDICACER MON ALBUM ! Super, maintenant il avait l’air d’un vieux naze. Il sortit de l’énorme poche de sa veste en jean le vieil album des années 1989 de sa mère et l’agita sous le nez de la jeune femme.
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Mads Levy

Mads Levy
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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyVen 12 Aoû - 20:44

- T'étais censée m'aider à nettoyer les chambres, Mads. Elle lève les yeux au ciel, exaspéré par la remarque de sa mère. Elle échappe un petit râlement plaintif et serre les poings tout en balançant sa tête en arrière. Elle finit par laisser tomber sa tête sur le côté, en direction de sa mère. Elle se met à la fixer avec intensité, irritée. - M'maaaaan ! Ça fait 6 mois que j'ai pas vu papa, franchement. Elle écarquille les yeux pour lui montrer qu'elle est sidérée par sa réaction, mais sa mère ne faiblit pas pour autant. Elle continue de passer le balais dans le couloir du motel. - N'empêche que tu m'avais promis. Mads vient se passer les mains dans les cheveux en faisant mine de les arracher, contrariée. Elle trépigne de rage et d'impatience et le calme olympien de sa mère ne fait que l'agacer encore plus. - Ouais, parce que j'avais oublié que le concert de papa était ce soir, sinon j'aurais rien promis du tout. Sa mère finit par s'interrompre dans son travail et relève la tête vers sa fille, fâchée, déçue. Au fond, elle n'a pas vraiment besoin de Mads pour faire les chambres. Elle les fait pratiquement tout le temps toute seule. Le truc, c'est que dès que son ex débarque en ville, la compétition s'installe. Mads l'éclipse et il n'y en a plus que pour lui. Et ça, elle ne le vit pas très bien. Déjà que Madusa refuse de quitter le nom de son père pour prendre le sien. Sa mère finit par secouer la tête de gauche à droite, froide, fermée. - Va-t-en, alors. Et Mads, cette idiote surexcitée, elle ne voit rien. Elle ne comprend pas le mal qui trouble sa mère. Elle ne s'offusque même pas de ses mots qui la chasse presque comme une malpropre. Elle bondit sur place et dévale les escaliers en hurlant. - MERCI M'MAN A DEMAIN ! Fille ingrate, trop stupide, trop centrée sur elle-même. Et sa mère soupire, blessée. Elle pensait l'avoir mieux élevée, cette gamine. Où est-ce qu'elle a foiré ?

Mads grimpe dans la voiture de sa mère et s'empare de son téléphone portable. Deux sms de Sid. Elle se mord la lèvre, elle hésite. D'ordinaire, elle l'invite toujours à se joindre à elle. Ou plutôt, elle l'oblige à venir. Mais Mads, elle ne fait pas trop la différence entre les deux. Mais cette fois-ci, elle ira sans lui. Leur relation est tendue ces derniers temps, ils se disputent plus souvent. Et puis quand Sid est là, son père passe pas mal de temps à le taquiner. Et Mads, ça la rend jalouse. Elle ne supporte pas que l'attention de son paternel ne soit pas à 100% pour elle. Alors elle zappe son ami pour cette fois-ci, il comprendra, elle en est convaincue. Et elle démarre en trombe, quittant le parking du motel comme une furie. Heureusement qu'elle ne conduit pas souvent celle-là. Un vrai danger public. Du genre à griller les STOP et les feux juste par impatience, à refaire le code de la route comme ça l'arrange et à téléphoner au volant en oubliant presque la route devant elle.

Mais elle finit par arriver à bon port, sans accident, sans même avoir utilisé son klaxon. Un fait suffisamment rare pour pouvoir le souligner. Elle abandonne sa caisse loin de l'entrée, car il n'y a déjà plus de places, tout est blindé, et elle finit sa course à pied. Mais elle n'emprunte pas le même chemin que les autres la gamine. Elle va derrière, plus loin, du côté des backstage. Et elle déboule dans la loge de son père, hystérique. Elle saute à son cou et il l'enlace furieusement, la faisant voltiger autour de lui, partageant son euphorie. Les câlins durent plusieurs minutes, accompagnés de bisous bruyants et d'éclats de voix. Puis, elle va saluer tout le reste de la troupe avec le même entrain, ravie de retrouver tout ce beau monde. Cet univers. Sa famille. Sa deuxième famille. - Et comment va ta mère ? Qu'il finit par demander, à chaque fois il demande, mais Mads, elle n'a jamais su si la réponse l'intéressait vraiment. Alors, c'est toujours la même rengaine. - Oh, comme d'habitude. Et les voilà qui s'marre après avoir échangé un regard complice. Elle n'est pas certaine de savoir pourquoi ils rient, elle doute aussi du fait que son père le sache lui-même. Mais au fond, ça n'a pas d'importance. Le sujet est rapidement éludé et Mads finit par les quitter pour rejoindre la foule. Devenir une groupie parmi les autres. Elle retrouvera son statut particulier à la fin du show.

Une heure plus tard, le concert bat son plein et Mads chante à tue-tête et se déhanche comme une forcenée. On pourrait presque croire que, comme la plupart des gens présents, elle a abusé de l'alcool et de la drogue. Mais non, elle est clean, sobre, rien dans le sang, comme bien souvent. Elle est juste emportée par ses émotions, par tout cet amour qui déborde pour son père, par cette admiration sans faille qu'elle lui porte. Elle, leur plus grande fan. Avec ce t-shirt à l'effigie du groupe que son père lui a donné y a des années et que toute la troupe a signé. C'est sa fierté. Un modèle unique qui a déjà fait des envieux par le passé. Et il faut croire que ce soir, l'histoire se répète. Elle sent quelqu'un qui lui agrippe le bras mais elle réagit à peine, habituée à se faire bousculer par la foule en délire. Mais la main se resserre autour de son bras, insistante et il lui semble entendre quelqu'un lui hurler non loin de l'oreille. Agacée, elle se retourne rapidement, les sourcils froncés, la mine renfrognée et elle tombe nez à nez avec un grand blond désarticulé. Presque trop maigre pour être réel. Elle le dévisage de la tête aux pieds et secoue son bras pour se libérer. Il veut quoi, lui ? Elle le voit remuer les lèvres mais elle ne perçoit que quelques sons. Elle vient tapoter sa propre oreille avec son index, pour lui faire signe qu'elle n'entend rien. Mais le mec n'abandonne pas. Le voilà qui revient à la charge. Il s'approche encore plus d'elle et réitère. - LE GROUPE, TU LES CONNAIS ? JE… JE VOUDRAIS ME FAIRE DÉDICACER MON ALBUM ! Elle se radoucit un peu, plutôt ravie de rencontrer un fan de son père. Y a même un petit sourire qui vient pointer le bout de son nez, un truc léger, mais suffisant pour lui ôter sa tronche de bouledogue en colère. Elle secoue la tête de bas en haut pour confirmer et s'empare de l'album qu'il lui montre. Elle se marre un peu en reconnaissant cette vieille pochette. Pendant longtemps, elle avait eu affiché sur les murs de sa chambre la photo de la pochette, en très grand, son père avait fait un tirage tout spécialement pour elle. Elle lui rend l'album et se hisse sur la pointe des pieds pour s'approcher de son oreille. - OUAIS, LE CHANTEUR C'EST MON PÈRE ! Elle se recule et le fixe, un immense sourire sur les lèvres, les yeux brillants de fierté. C'est plus fort qu'elle. Et elle ne se doute pas Mads, de ce qui l'attend. De qui il est vraiment. Elle revient vers lui et ajoute : - J'TE PROMET RIEN MAIS SI TU M'PAYES UN COCA JE POURRAIS PEUT-ÊTRE TE NÉGOCIER UNE RENCONTRE ! Elle perd pas l'nord Mads. Elle hausse les épaules, l'air de dire : c'est à prendre ou à laisser. Puis, elle se remet à danser tout en lançant des œillades vers la scène pour ne pas perdre une miette du spectacle. Elle finit par revenir une troisième fois vers lui. - OU EST-CE QUE TU L'AS EU CET ALBUM ? J'PENSE PAS QUE T'ETAIS EN MESURE DE TE L'ACHETER A SA SORTIE ET IL A PAS L'AIR TOUT NEUF POURTANT. Un héritage familiale ? Acheté d'occasion ? Elle s'demande simplement s'il est fan au point d'épier les ventes en ligne ou les brocantes pour trouver un truc sur eux, ou si c'est juste un truc qu'il a récupéré sur l'étagère de son père.
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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyDim 28 Aoû - 12:01

OUAIS, LE CHANTEUR C'EST MON PÈRE ! Qu'elle hurla à ses oreilles avec sa voix de gamine de douze ans et demi. SURPRISE CONNARD ! Elle s'éloigna de lui avec un sourire super fier sur son visage de poupée. Cette nana était canon, trop canon pour passer inaperçu, surtout avec ses danses désarticulées et à contre-temps. Cette nana était canon ouais, et aussi clairement dans sa tête, s'imprima l'autre affirmation : cette nana était sa soeur. Peut-être. Sûrement. Demi-soeur. Qu...Quoi ? qu'il hoqueta comme un teubé en la regardant fixement. Peut-être qu'elle se dirait qu'il était tellement fan de ce type qu'il n'en reviendrait pas d'avoir sa fille en face de lui. Ca semblait être la raison la plus logique. Personne ne se dit "ce gars c'est peut-être mon frère caché". Surtout qu'en vrai, ils ne se ressemblaient pas des masses. Ce genre de truc n'arrive que dans ces séries adolescentes. Et Leo n'avait jamais eu de télé, donc il ne savait pas en fait. Il était simplement frappé par la vérité. Il était frappé par ce qui se passait. Il s'était vaguement préparé à rencontrer un père, pas toute une famille. C'était un peu trop pour lui en si peu de temps. En tout cas, c'était trop pour le lieu sobre qu'il était. Il était perdu, muet et planté là comme un con. Il n'entendait même plus la musique. Voilà pourquoi il sursauta quand le guitariste fit brutaliser gémir sa guitare. Le son strident le renvoya sur Terre, lui qui avait été projeté sur Mars, le temps de checker Major Tom. J'TE PROMET RIEN MAIS SI TU M'PAYES UN COCA JE POURRAIS PEUT-ÊTRE TE NÉGOCIER UNE RENCONTRE ! Hein, quoi, qui me parles ? TA SOEUR DUCON ! Excusez-moi, pouvait-il arrêter de s'insulter intérieurement ? Merci, c'est gentil. Il savait qu'il avait été un putain de con de se rendre ici. Ne pouvait-il pas chercher dans l'annuaire le numéro de ce pseudo père, l'appeler, lui proposer de prendre un café comme tous les gamins abandonnés de cette Terre ? Bah non lui fallait qu'il s'assure en personne que son père n'était pas trop craignos comme musicien avant de tenter un face à face. Résultat des courses il se retrouvait avec ce qui était potentiellement sa soeur sur les bras. Bah génial, non mais franchement. Leo la fixait, elle ne semblait pas comprendre pourquoi il était d'un coup tendu comme un string. Du coup, il tenta de se remettre les idées en place en retirant le foulard qu'il avait dans les cheveux et en se les plaquant en arrière d'un main (l'autre tenait le CD qu'elle venait de lui rendre et qu'il avait attrapé sans y faire gaffe.) Ouais, ok... Un coca. qu'il répondit. Il avait bien envie de fuir comme le vent temps qu'il en avait encore l'occasion. Parce que d'un coup, il n'avait pas l'impression d'être un mec de 26 ans qui en a vu d'autres. Non, il se sentait un putain de prépubère encore surpris par ses érections matinales et qui ne sait pas comment gérer quoi que ce soit. Il se sentait petit, perdu, vulnérable. Il tentait de retrouver le courage qu'il avait toujours eu face à l'absence d'un père. Le courage qu'il avait eut quand il n'avait PAS cassé la gueule à Thomas McKinnon en 5e. Ce type lui avait dit qu'il était tellement nul que son père l'avait sûrement abandonné parce qu'il avait vu sa sale tronche. Leo avait haussé les épaules, avait rit franchement et avait lancé un "ouais, peut-être bien". Il en avait parlé le soir-même au diner. Sa mère, 27 piges à l'époque, avait aussi bien rit et avait annoncé que c'était la vérité, et c'était devenu une blague entre eux. Alors pourquoi hein ? Lui qui s'était toujours foutu comme de la dernière rechute de Britney Spears, de l'identité de son père, se retrouvait aussi con devant le fait accompli ? Hein ? Il n'en savait rien. Peut-être n'avait-il jamais été fort jusqu'ici et qu'il n'avait fait que le prétendre. Peut-être que c'était cette nana qui le perturbait. Après tout, il avait toujours su qu'il avait un père qui faisait sa vie quelque part. Par contre, on ne lui avait jamais parlé d'une soeur. On lui avait caché ça, on lui avait enlevé. Lui, fils unique qu'il était et qui avait toujours rêvé d'une grande fratrie. Il avala sa salive et laissa pendre le foulard enlevé de son crâne autour de sa nuque. Il avait chaud maintenant. OU EST-CE QUE TU L'AS EU CET ALBUM ? J'PENSE PAS QUE T'ETAIS EN MESURE DE TE L'ACHETER A SA SORTIE ET IL A PAS L'AIR TOUT NEUF POURTANT. Hein ? Putain il ne captait rien à ce qu'elle lui racontait. Il s'était détourné d'elle une seconde, le temps de regarder la scène d'un air désemparé, les bras ballants. Il regardait le chanteur qui agrippait le micro comme on s'agrippe à la vie, qui hurlait dedans de sa voix grave. Il regardait les mains des guitaristes, bassistes, batteurs qui jouaient de leurs instruments avec violence. Mais ni la voix, ni les riffs, ni les timbales ne parvenaient jusqu'à Leo. En fait, tout ce fichu festival était en mode muet. Manquerait plus qu'il pleuve et il serait en pleine scène finale d'un film romantique. Mais voilà, la voix de douze ans et demi lui parvenait. Elle était la seule qui entendait. Très clairement même, malgré le fait qu'il ne captait rien du sens. Elle parlait de quoi ? Il s'était retourné vers elle d'un air déconfit et suivit son regard. Elle regardait l'album usé, le CD rayé, le plastique cassé. L'album avait bien vécu, trop vécu même. Leo le regarda un moment. Où l'avait-il eu ? Ce truc était sortie de l'utérus de sa mère. Qu'il avait envie de répondre, mais ça ne serait pas correct. Je... on me l'a filé... elle n'avait pas entendu. Il s'approcha d'elle, posa une main sur son épaule et lui cria à l'oreille. QUELQU'UN ME L'A DONNÉ ! Qu'il répéta. Il aurait bien précisé qu'il s'agissait de sa mère, mais il resta interdit. Il avait envie de dire la vérité autant que ça lui faisait peur. Il craignait qu'elle ne le croit pas. Parce que c'était juste incroyable comme situation. Se sentant soudain oppressé dans cette foule il s'approcha à nouveau de la gosse. Hey, écoute je... je vais me poser au bar. Là... il tenta de capter son regard et indiqua du bout du doigt le genre de stand de boisson qu'il y avait en périphérie de la grande scène, puis il regarda à nouveau la gosse : Je t'attends là-bas ok. Tu sais, pour le coca. Il ne savait pas s'il tentait de se défiler ou s'il espérait vraiment qu'elle le rejoindrait. Quoi qu'il en soit, fallait qu'il sorte de cette foule, et plus vite que ça. Il mit l'album dans sa poche arrière. En partant, il percuta un type. L'album tomba ouvert sur la pelouse arraché, la photo de sa mère et le chanteur à quelques mètres de là, mais Leo se faxait déjà entre les festivaliers, trop loin pour entendre quoi que ce soit.

Devant devant le comptoir, il avait la tête dans ses bras croisés. Devant lui une Despé entamée et un coca encore entier. Il avait entre ses doigts un joint fumant. La barmaid le regardait d'un drôle d'air. Elle lui tapota sur l'épaule. hey, ça va ? elle était habituée aux mecs qui boivent trop, consomment trop et finissent par crever dans un coin mais elle espérait toujours secrètement qu'ils crèvent plus loin de son bar. Leo sursauta et se redressa, il regarda la meuf un moment. Il était à deux doigts de craquer. Il serrait ses lèvres de toutes ses forces pour s'en empêcher mais dans deux secondes il allait se mette à s'apitoyer sur son sort et raconter comment il était tombé PILE sur la fille du mec qui était probablement son père. Trois, deux, un... Il fit interrompu dans sa séance de psychanalyse improvisée par une main sur son épaule. Il se retourna. Ah, c'était la gamine de douze ans et demi. Putain, le concert était-il déjà finit ? Elle tenait dans sa main l'album qu'il avait fait tombé. Ah, oui, certes. Il l'attrape et l'envoya sur le comptoir de mauvaise grâce. Il aurait aimé ne jamais le trouver ce putain d'album. Mais il soupira, tenta de se calmer, fit un rapide sourire à la gosse. Il ne savait même pas pourquoi il l'appelait la gosse, cette nana était sûrement majeure. Il l'espérait en tout cas. Là, il tira sur son joint et attrapa le verre de coca qu'il lui tendit. Tiens. Ton coca. Elle le regardait bizarrement. Ah oui, merde. Putain. Il en but une large gorgée avant de le retendre à la gosse. Y a rien dedans. Qu'il assura donc avant de le poser devant elle. Ecoute, j'sais pas si c'était une blague ou quoi pour avoir un coca... mais pour ton père... Bref, j'comprendrais que ça t'emmerde de me le présenter. Tu sais quoi, c'pas si important au final. Gars trop bizarre ALERT. Il noya sa honte dans une bonne gorgée de Despé et une nouvelle taffe de son joint.
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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyLun 5 Sep - 21:49

Elle le voit bloquer un peu et balbutier ce qui s'apparente le plus à un "quoi", visiblement estomaqué. Et Mads, ça la fait rire. Les gens réagissent souvent comme ça, parce que personne ne s'attend spécialement à rencontrer la fille d'un de ses idoles là, comme ça, au beau milieu de la foule, si facilement accessible. Alors elle sourit de plus belle, complètement inconsciente de ce qui se trame véritablement derrière sa réaction. Elle balance ses cheveux avec ses mains, dans un geste de fierté excessif. Elle s'la pète la gamine, comme on dit. Elle a cette allure de petite peste de collégienne qui a le dernier truc à la mode avant tout l'monde. Elle n'est pas comme ça généralement Mads, surtout qu'elle n'a jamais rien avant les autres, sa mère n'a clairement pas les thunes pour lui payer quoi que ce soit à la mode. Mais quand il s'agit de son père, elle se métamorphose. Y a que lors de ses concerts qu'on peut la voir sourire comme ça. Le reste du temps, elle ne sourit pas Mads. Jamais. Elle fait la gueule, constamment. Même lorsqu'elle rigole devant un film, elle trouve le moyen de tirer une tête de six pieds d'long. Mais là, emporté par l'amour pour son père, par la musique et par l'ambiance, elle dévoile ses dents avec plaisir et ses yeux brillent, habités par cette euphorie grandissante. Elle se sent exaltée et le regard de l'inconnu sur elle ne fait qu'accroître cette sensation. Mais elle finit par ralentir ses mouvements de danse, jusqu'à s'immobiliser complètement. Elle le dévisage et fronce les sourcils, un peu étonnée malgré tout de le voir rester dans cet état de surprise aussi longtemps. Généralement, ça passait vite aux gens et rapidement ils devenaient hystériques et lui posaient pleins de questions. Mais là, non. Silence absolu. Elle le vit parler lorsqu'elle lui réclama un coca en guise de deal, mais, évidemment, elle n'entendit rien. Elle plissa les yeux et se rapprocha de lui pour essayer d'entendre, mais trop tard. Il semblait perdu loin d'ici. Elle finit par se redresser et lui envoyer un petit regard condescendant, ne pouvant s'empêcher de le juger intérieurement. Se disant que ça devait probablement être un crétin défoncé, ou une connerie de ce genre-là. Elle se détourna de lui quelques instants, se désintéressant subitement de sa présence qui ne semblait plus aussi attrayante désormais. Mais c'est pile à ce moment-là qu'il se décida à reprendre du mouvement et à répondre à sa question. Mais elle avait l'impression qu'il murmurait, qu'il le faisait exprès. Et sa voix se perdait dans la cohue. Mads soupira, exaspérée et lui fit signe qu'elle n'avait rien entendu. Il répéta alors, en hurlant cette fois-ci, il était temps. - QUELQU'UN ME L'A DONNÉ ! Une vague de déception vint s'écraser dans les prunelles de la jeune fille qui se dégagea rapidement de sa main sur son épaule, peu encline aux contacts physiques avec les inconnus. Seul Syd avait ce droit-là, même si elle feintant toujours l'agacement lorsqu'il s'y adonnait. Par pur esprit de contradiction. Rien que pour l'emmerder. Il s'approcha à nouveau et lui désigna le bar en lui indiquant qu'il l'attendrait là-bas, pour le coca. Mads lui offrit un sourire hypocrite et hocha la tête, histoire qu'il n'insiste pas, mais elle était déjà décidée à ne pas y aller finalement. Elle n'allait pas ramener un empoté pareil à son père, il avait clairement autre chose à foutre. Elle lança un dernier coup d'oeil en direction du blond lorsqu'il s'éloignait, comme pour s'assurer qu'il partait bien. Et c'est là qu'elle vit le fameux album tomber par terre. - Un fan, tu parles. Qu'elle marmonna entre ses dents, presque sidérée de voir le peu d'attention qu'il portait à cet album pourtant si précieux. Elle fendit la foule pour arriver à la hauteur de l'objet et se baissa pour le récupérer avant de retourner à sa place. Elle n'avait pas pu se résoudre à l'abandonner-là. De longues minutes s'écoulèrent et Mads avait simplement recommencé à se déhancher, oubliant cette rencontre ridicule. Cependant, lorsque son père annonça une pause, elle vint s'asseoir par terre et ouvrit la pochette de l'album pour regarder les vieilles photos de l'époque, qu'elle adorait. Mais lorsqu'elle se mit à feuiller les pages, une photo abîmée par les années tomber sur ses genoux. Elle l'attrapait, curieuse et la détaillait, reconnaissant sans mal son père. Avec une femme, inconnue au bataillon. Elle fronçait les sourcils et détaillait la photo pendant de longues minutes, comme si elle allait pouvoir trouver une réponse sur l'identité de cette fille. Une boule de colère vint lui nouer la gorge, alors qu'elle devinait sans mal qu'à cette époque, déjà, son père était avec sa mère. Elle le savait, parce que le t-shirt qu'il portait sur la photo, c'était le t-shirt que sa mère lui avait offert pour son premier anniversaire ensembles. Une montée de rage la secoua et elle bondit, se remettant vite sur pieds. Il fallait qu'elle retrouve le blond. Il pourrait probablement lui donner l'identité de cette greluche qui avait trouvé ça cool de se taper un mec casé. Comme si, sous prétexte que c'était une star, ça ne comptait pas. Elle fonça en direction du bar, priant pour qu'il y soit toujours, malgré le temps écoulé. Et par chance, il siégeait toujours là, le dos voûté, la mine toujours aussi dépitée que lorsqu'il l'avait quitté. Mais elle ne s'interrogeait pas sur ça, n'en ayant concrètement rien à foutre. Chacun ses problèmes. Elle ne se doutait pas encore une seule seconde que les problèmes du blond deviendraient bien vite les siens également.

Elle pris une grande inspiration et vint se planter à côté de lui, les yeux féroces, lui balançant devant lui l'album, comme si en faisant ça, il allait tout de suite deviner de quoi il s'agissait. Comme s'il allait pouvoir comprendre son trouble et sa colère. Mais non, il ne comprenait pas. Il se contenta de le repousser plus loin, comme s'il ne comptait pas. Elle trépigna d'impatience et de frustration, contrariée à l'idée de devoir verbaliser ce qui la mettait dans cet état. Au moins Syd, lui, il comprenait tout de suite. Elle n'avait pas besoin de dire un mot pour qu'il sache quel était le problème. Putain, fallait vraiment qu'elle arrête de comparer tous les mecs qu'elle rencontrait avec Syd, ça devenait ridicule et ça l'énervait. Quant au blond, tout ce qu'il trouva à faire, ce fut de lui tendre son coca. Elle fit les gros yeux, les lèvres pincées, les poings serrés. Putain, mais on s'en foutait du coca, pourquoi il ne voyait pas qu'elle allait imploser, là ? Elle fronça les sourcils lorsqu'elle le vit boire dans son verre, de pire en pire celui-là. - Y a rien dedans. Qu'il ajouta ensuite, sous le regard dépité de Mads, qui le prenait de plus en plus pour un foutu allumé de toxico de festivalier de merde. Et ça n'allait pas en s'arrangeant. - Ecoute, j'sais pas si c'était une blague ou quoi pour avoir un coca... mais pour ton père... Bref, j'comprendrais que ça t'emmerde de me le présenter. Tu sais quoi, c'pas si important au final. Ah bah là oui, de toute façon, il pouvait toujours rêver pour qu'elle lui présente son père désormais. Elle soupira bruyamment, exaspérée. Et ne pris même pas la peine de répondre à sa remarque. - T'as dit que c'est quelqu'un qui te l'avait donné, l'album, c'est ça ? Sous-entendu, quelqu'un qu'il connaissait probablement. Sinon, la personne n'aurait sûrement pas oublié la photo dedans. Elle imaginait, du moins. - Alors... Elle se hissa sur la pointe des pieds et lui passa devant pour récupérer l'album. Là, elle l'ouvrit et sortit la photo pour la lui poser sur le comptoir du bar, juste devant lui. Elle posa son index droit sur la femme sous le bras de son père et demanda froidement, presque agressive même. - .. c'est qui cette grosse pouf ? Elle décolla son doigt de la photo pour venir le poser sur le torse du grand blond, le tapotant avec par accoues. - Parce que ça s'fait pas d'se taper des mecs casés, putain. Alors tu lui diras d'ma part que c'est une sacré grosse pute et qu'elle mérite de finir sa vie toute seule et mal-aimée. Parce que c'est à cause de grosses salopes comme elle que mes parents se sont séparés. Et ça a toujours été le grand désespoir de la vie de Mads de voir ses parents faire leur vie chacun de leur côté. Quoi qu'il en soit, Mads elle refuse de mettre ça sur le dos de son père. C'est pas sa faute à lui s'il n'a pas su résister à la tentation. C'est de leur faute à elles toutes d'avoir créé la tentation. Elles ne pouvaient donc pas garder leur petite culotte à sa place, hein ? Elle fulmine la gamine, le regard plein de haine, de rancœur et de peine. A aucun moment la réalité de la situation ne la percute. Elle est à mille lieues de savoir ce qui va lui tomber dessus.
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Leonard River

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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyMer 7 Sep - 22:58

Elle avait rétrogradée de gosse de douze ans, à gosse de deux ans. Et oui, amputée de 10 années de maturité. Mais fallait voir la tronche qu'elle tirait. On aurait dit un bambin en pleine colère pour sa tétine ou un biberon. Elle avait les poings serrés, les sourcils froncés, les yeux écarquillés et les joues rouges. Vraiment c'était... ridicule. Histoire de la calmer et aussi d'honorer sa promesse, Leonard lui fila le coca (encore une preuve qu'elle était une gamine, sérieusement : UN COCA ?) qu'elle lui avait demandé précédemment. Vu qu'elle le fixait encore comme si elle allait lui trancher la gorge, il lui assura qu'il n'y avait rien dedans c'est vrai ça, sinon pourquoi était-elle dans un état pas possible ? Etait-ce simplement parce que Leo avait eut l'indélicatesse de jeter l'album devant lui sans faire attention ? Ou bien parce qu'il l'avait perdu par mégarde ? Vouait-elle une loyauté et une admiration aussi grande à son père ? Aucune importance, il n'avait même plus envie de le rencontrer ce type. Non, vraiment pas. Il se détestait d'être venu ici. Il détestait cette curiosité débile qui était en lui. Ce besoin de savoir, de voir, vous savez. Parce que celui qui a dit "ce que l'on ignore ne peut pas nous faire de mal" était un grand sage si vous voulez mon avis (et celui de Leonard au passage). Il aurait dû ignorer tout ça, ne jamais chercher à savoir. Il aurait dû écouter sa mère qui lui disait de ne pas mettre cet album dans la chaîne hi-fi. Ou bien il aurait dû en resté à se moquer d'elle et de son look de l'époque, ne pas chercher à faire coïncider les dates, ne pas... Et puis d'abord, quoi ? Ca faisait quoi si ce type était son père ? Ca faisait quoi si cette fille était sa soeur ? Il savait qu'une partie de son arbre généalogique lui était inconnu. Le type qui avait engrossé sa mère il y a vingt-six ans avait de toute façon forcément refait sa vie. Evidemment qu'il avait des frères, des soeurs là, quelque part dans le monde. Alors pourquoi ça l'étonnait tellement ? Pourquoi... ça le troublait tellement ? Il n'était ni le premier ni le dernier à découvrir l'identité de son père une fois adulte et tout ce qui en résulte. Un soupire agacé le sortie de ses pensées. Bon, par contre de toutes les demi-soeurs qu'il aurait pu avoir, il était apparemment tombé sur la chieuse de service. Avec lassitude et un petit air déprimé qu'on se le dise, Leo tourna la tête vers elle et tira sur son joint. T'as dit que c'est quelqu'un qui te l'avait donné, l'album, c'est ça ? Demanda-t-elle d'une voix suraiguë de meuf qui attend la moindre occasion pour faire une crise. [color=darkcyan]Ouais.[:color] confirma-t-il, la fumée du joint encore au fond de la gorge. Dès qu'elle eut la confirmation, elle se hissa sur la pointe de ses minuscules petits pieds. Non sérieux, cette meuf faisait du 34 ou quoi ? Elle attrapa l'album qu'elle ouvrit en évidence devant Leo. Ouais, ok, elle avait capté. Leo regarda la photo. La seule photo de ses parents, d'après ce qu'il savait. Il détailla sa mère à la veille des nineties, un crop top bien trop petit pour sa poitrine développée malgré ses 14 ans et quelques, sa chemise à carreau oversize, son jean déchiré, ses cheveux crêpés, son maquillage trop appuyé. Elle tenait par la taille ce grand type, ce chanteur transpirant de sueur, sans doute la photo avait été prise juste après le concert. Peu importe. Ces deux personnes, là, sous ces yeux, ces deux personnes étaient ses parents. Mais il n'eut pas le temps de les regarder d'avantage que le doigt de la gosse s'écrasa sur la tête d'Anna avec violence. On aurait dit qu'elle cherchait vraiment à écraser sa tête à travers cette photo. .. c'est qui cette grosse pouf ? Leo pouffa de rire sans pouvoir se contrôler. Pardon ?? qu'il s'exclama. Elle était sérieuse là ? C'était sa mère qu'elle insultait de grosse pouf ? Apparemment. Elle se mit à taper Leo avec la photo sur le torse. Autant vous dire que ça lui faisait autant d'effet que si une mouche tentait de lui rentrer dedans. Cependant, c'était vraiment chiant. Du coup, Leo se redressa de toute sa hauteur, et se planta devant elle d'un air menaçant : Tu peux arrêter ça s'il te plait ? Qu'il déclara de mauvais poil. Mais elle ne l'écoutait pas, vraiment pas. Il ne savait pas pourquoi elle réagissait de la sorte. Certes ce n'était jamais agréable de voir une photo de son père avec une ex mais.. attendez elle était au courant que les gens se tapent d'autre personne avant de se maquer, non ? Parce que ça s'fait pas d'se taper des mecs casés, putain. Alors tu lui diras d'ma part que c'est une sacré grosse pute et qu'elle mérite de finir sa vie toute seule et mal-aimée. Parce que c'est à cause de grosses salopes comme elle que mes parents se sont séparés. Leo haussa les sourcils et se remit à rire, complètement abasourdi. Trop de violence dans un si petit corps, ça faisait presque peur. Du coup, histoire qu'elle arrête de lui taper dessus il arracha la photo des mains et la posa sur le comptoir, comme si la gosse était privé de son jouet. Là il planta son regard dans le sien. Bizarrement, il cherchait une ressemblance, n'importe laquelle. Il n'en voyait aucune. Il n'était pas vraiment énervé contre elle. On avait insulté sa mère de catin pendant toute sa vie, et il faut avouer qu'Anna était une sacrée traînée. Il avait couché avec pas mal de copain de son fils, elle s'était bourrée la gueule devant lui, avec lui, il l'avait vu montrer ses fesses bien plus souvent que son cerveau ne voulait bien s'en rappeler... Bref, il savait tout ça. Il n'avait pas le coeur à être énervé. Pas contre elle en tout cas. La grosse salope de la photo c'est ma mère. Qu'il lâcha, comme ça, comme une bombe. Au moins, ça la calmerait direct. Mais ce n'était pas tout, non, fallait qu'il finisse l'histoire. Toujours en la regardant bien droit dans les yeux, il ajouta calmement : Plus ou moins neuf mois avant ma naissance. Au moins, c'était clair. Ca ne laissait plus de place au doute. Vidé de son énergie d'avoir déclaré à voix haute ce qu'il retournait dans sa tête depuis une semaine, il se rapprocha du comptoir et observa la photo plus en détail. Il rinça sa gorge sèche par de la despé. C'est en regardant le visage du rockeur qu'il se rappela que ce n'était peut-être pas contre la gosse qu'il en avait, mais contre cet homme. Ce mec absent. Se taper des mecs casés c'est peut-être pas super classe, mais engrossé des gamines de 14 ans, ça l'est encore moins tu vois. Donc à mon sens, ta mère a bien fait de larguer ton père. Notre père. Papa ? LOL. Il prit une taffe sur son joint, en laissant glisser la fumée au fond de sa gorge son regard se reposa sur la photo. De sa main libre, il la prit et la regarda d'un peu plus près. Il cracha la fumée du joint dessus, pour la faire disparaître de sa vision. Là il se retourna vers la gosse, toujours plantée là, et il lui tendit la photo. Tiens, tu donneras ça à ton vieux en souvenir du bon vieux temps. Passe lui bonjour d'Anna River et son gamin. Puisqu'elle ne prenait pas la photo il l'envoya simplement dans sa direction et continua à la regarder. Il regretta presque instantanément de s'être emporté. En règle général il n'aimait pas s'énerver. Il prenait toujours les choses avec philosophie. Mais c'était comme si cette photo, cette rencontre, les mots de cette fille, comme si tout ça mettrait en relief une faille à laquelle il n'avait jamais prêté la moindre attention. Mais aujourd'hui, la faille grandissait, comme la fissure sur la banquise qui craquelle tout le reste. Parce que Leo s'était construit sur un truc bancal, sur une histoire par clair. Il avait foutu l'idée de découvrir l'identité de son géniteur dans une toute, toute, petite boite, dans un tout, tout petit coin de son crâne. Maintenant que l'info était sortie de la boite, ça prenait toute la place dans ses pensées. Quoi t'es encore là ? T'as pas envie d'aller jouer ailleurs, j'sais pas.. Putain ! C'était sortit tout seul, sans même qu'il ne l'ait voulu. Les mots étaient arrivés trop vite sur sa langue et il n'avait pas réfléchit. Du coup, il s'en voulu un peu. Il avala sa salive, ferma les yeux une seconde et se passa la main dans ses cheveux. Après une dernière taffe de joint, il écrasa le mégot dans un cendrier sur le comptoir. Là il attrapa le poignet de la gosse pour la retenir. Excuse. déclara-t-il timidement en lui lâchant le poignet et en la regardant d'un air compatissant. Après tout, c'était peut-être tout aussi perturbant de son côté que du sien.
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Mads Levy

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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyDim 25 Sep - 0:01

Rire nerveux. - Pardon ?? Qu'il demande, dans un mélange d'amusement et de stupéfaction. Mais Mads elle ne répète pas, elle ne réagit même pas. Elle se contente de tapoter son index contre son torse, mécontente, furieuse même. Elle veut comprendre. Elle veut savoir. Encore plus jalouse que sa propre mère. Tigresse blessée dans son amour paternel. Cette photo viens juste de lui faucher le cœur et elle a un peu de mal à accepter la chose. Alors elle s'en prend à lui et à l'inconnue de la photo. Ce doit être une traînée, c'en est forcément une. Y a pas le choix. En tout cas, dans sa tête de gamine contrariée, c'est ce qu'elle est. La pire des traînées, même. Celle que tout le monde déteste dans les films américains stupides. La mean girl qui s'tape la célébrité casée, juste pour faire gonfler son égo et son carnet rempli d'noms de mecs insignifiants qui l'ont sauté. Putain, elle sait pas qui c'est cette gonzesse. Mais ce qu'elle sait, en revanche, c'est qu'elle la hait. Viscéralement. Comme si c'était son mec à elle qu'elle s'était tapée. Sauf qu'elle en a pas. Elle en a plus. Cody et elle, c'est finit. Parce qu'elle est trop bloquée pour accepter l'idée d'être aimée. Qu'importe. Elle se sent juste salement trahie et elle en veut au blond de lui avoir gâché sa soirée. Cette si magnifique soirée qui devait être parfaite, comme toutes celles qu'elle passe près d'son père. Alors pourquoi ça foire, ce soir ? Qu'est-ce qui tourne pas rond ? Elle veut savoir et pourtant, elle sait qu'elle va s'faire du mal. Mais elle sait pas à quel point, non. Comment pourrait-elle savoir ? - Tu peux arrêter ça s'il te plait ? Non, elle peut pas. De toute façon, elle ne l'écoute même pas. Ça ne l'intéresse pas. Et de toute façon, elle n'en fait toujours qu'à sa tête. Elle s'entête. Sale petite gamine capricieuse, trop gâtée, trop choyée par ce père absent qui ne lui dit jamais non. Et même la sévérité d'sa mère ne suffit pas à équilibrer le tout.

Mais le blond perd patience. Il continue de s'marrer fébrilement aux paroles agressives de Mads, mais il lui arrache la photo des mots, la coupant dans son élan, et la pose sèchement sur le comptoir. Comme si lui aussi était énervé. Sauf qu'il n'a pas de raison de l'être, lui. C'est pas lui qui vient de découvrir le visage d'une des catins qui a fait foirer le couple de ses parents. Ce couple qu'elle rêve de voir réuni depuis toujours, n'ayant jamais supporté l'idée de les voir séparés. Elle lance un bref regard à la photo avant de relever les yeux vers lui et de le darder de ses prunelles d'acier. Là, elle vient croiser ses bras sur sa poitrine pour bien exprimer son mécontentement. Elle serre les dents, pine les lèvres. Il s'prend pour qui, lui, à réagir comme ça ? A lui arracher les choses des mains impunément, comme s'il en avait le droit. Et ça la fout hors d'elle. Faut dire qu'il en faut peu pour l'énerver, elle a le sang chaud Mads et y a bien longtemps que sa raison a foutu l'camp. - La grosse salope de la photo c'est ma mère. Mais Mads réagit à peine. Parce que la vérité, c'est qu'elle s'en fout. Elle s'en tape royalement de l'avoir insultée dix secondes plus tôt. Elle n'est pas désolée une seule seconde. En fait, elle ne capte même pas vraiment ce qu'il vient de se passer. Elle se contente de le dévisager avec la même intensité meurtrière et de hausser un sourcil, l'air de dire : et alors ? Il est fier, peut-être, que sa mère soit une traînée ? Pauvre mec. Une vague de mépris non contrôlée passe sur son visage, le déformant l'espace de deux secondes à peine, avant qu'il ne reprenne son aspect fâché. Celui qu'elle a tout le temps, même quand on lui annonce une bonne nouvelle.

- Plus ou moins neuf mois avant ma naissance. Mais elle ne percute pas. Son esprit refuse d'entendre la vérité que le blond lui hurle. C'est trop dur, elle peut pas. Alors elle continue de le fixer sans broncher, comme si ses paroles lui passaient loin au-dessus. Comme s'il lui parlait de la pluie et du beau temps. Elle a toujours son air mauvais, on dirait un pitbull dans ses mauvais jours. - J't'ai pas demandé d'me raconter ta vie, tout l'monde s'en fout. Qu'elle lui aboie dessus, trahissant ainsi le fait qu'elle est encore loin de la réalité. Qu'elle est toujours perdue dans sa p'tite bulle de confort. Celle où elle n'a aucun demi-frère. Confortablement lovée dans un déni rassurant. - Se taper des mecs casés c'est peut-être pas super classe, mais engrossé des gamines de 14 ans, ça l'est encore moins tu vois. Donc à mon sens, ta mère a bien fait de larguer ton père. Mais là, là, ouais, elle n'peut plus. Elle ne peut plus faire semblant. Y a son cœur qui se froisse et ses sourcils qui s'froncent alors que les connexions se font lentement. Les infos remontent jusqu'à son cerveau qui s'met au travail, qui fait l'tri dans tout ce qu'il reçoit et le voilà qui met tout en place. Et là, c'est l'effroi qui la saisit à la gorge et qui lui glace le sang.

Non.

Juste, non. Sa bouche s'entrouvre mais aucun son ne sort. Abasourdie. Elle a l'impression d'avoir reçu une gifle énorme de la part d'un colosse. La tête qui tourne, douloureuse. C'est quoi cette blague ? Dans un mouvement de doute - ou de désespoir, allez savoir - elle s'met à regarder brièvement autour d'eux. S'attendant presque à voir des mecs sortir de tous les côtés avec des caméras en riant, "on vous a bien eu !" qu'ils diraient, avant de lui expliquer que tout ceci n'était qu'un canular. Et là, elle les traiterait de cons et elle s'en irait. Mais non, ils sont horriblement seuls. Aucun regard posé sur eux, tout l'monde s'en fout. Parce que c'est pas pour la télé. Parce que c'est réel. Et elle sait plus si elle doit s'mettre à rire ou à pleurer. Mais un rire nerveux, un rire vilain, qui fait mal et qui lui écrase la cage thoracique. Et plus elle comprend, moins elle comprend. Paradoxe logique. Elle est paumée, plus que jamais. Il lui tend la photo mais elle est incapable de bouger. Et de toute façon, elle n'en veut pas de cette maudite photo. Cette horreur. Elle voudrait la foutre au feu et cracher dessus. Elle voudrait qu'elle n'ait jamais existé. - Tiens, tu donneras ça à ton vieux en souvenir du bon vieux temps. Passe lui bonjour d'Anna River et son gamin. Et chacun de ses mots la heurte de plein fouet, elle a l'impression de trembler de tout son être, alors qu'elle est en réalité totalement figée. Elle ne bronche même pas quand il lui envoie la photo dessus. C'est pas possible, c'est pas possible. Elle refuse. Elle n'veut pas. Son père, une autre femme, un autre enfant, une autre vie ? C'est insupportable. Ça la brûle de partout. C'est un peu la pire nouvelle qu'elle pouvait apprendre. Elle finit par venir prendre appui contre le bar, toujours silencieuse et ça, ça n'arrive pas souvent. Sa main droite se glisse sur son front, puis dans ses cheveux.

- Quoi t'es encore là ? T'as pas envie d'aller jouer ailleurs, j'sais pas.. Putain ! C'est l'électrochoc qui la réveille. Le retour à la réalité. Elle s'écrase violemment par terre, mais elle se relève aussitôt. Guerrière, prête à mener cette guerre et à la gagner. Elle se décolle du bar dans un mouvement rageur et fusille le blond - son frère ? - du regard. Et avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, il lui attrape le poignet, la retenant prisonnière alors qu'elle n'a qu'une envie : fuir, loin d'ici. Et il s'excuse lamentablement. Elle ne sait même pas pourquoi il s'excuse. Et, la vérité, c'est qu'elle s'en fout. Elle n'veut pas savoir. Parce que ça n'a pas d'importance. Parce qu'il ment. Elle voit clair dans son jeu. Elle tire violemment sur son poignet pour le forcer à la libérer de son emprise écœurante. - Lâche-moi ! Qu'elle ordonne fermement, esquissant un pas de recul pour réinstaurer une certaine distance entre eux. Une distance sécuritaire. Le ton de sa voix augmente progressivement, alors qu'elle se sent perdre patience. Et tout son esprit qui refuse d'accepter ce qu'il vient de se passer. De croire en ce qu'elle vient de se prendre dans la gueule. Il ment. Il ment forcément. - Tu crois que j'sais pas ce que t'es en train d'faire ? Elle lui lance un regard de haut, ne pouvant cacher tout le dégoût qui l'anime à cet instant. - Tu s'rais pas le premier à t'faire passer pour un de ses gosses cachés, avec l'espoir de toucher un bout d'sa fortune ! Elle parle de plus en plus vite, de plus en plus fort. Le souffle court, les joues qui virent au rose, elle est tellement en colère. Contre lui, contre son père, contre absolument tout en fait. - Alors j'te conseille de vite arrêter ton p'tit jeu si tu veux pas que j'te fasse jeter d'ici par la sécurité ! Elle s'emballe, à cause de la panique qui grimpe et qui la fait perdre pied. Elle ramasse la photo et vient l'écraser contre le visage du blond, avant de la relâcher. - Alors tu prends ta photo d'merde et tu te casse d'ici ! Y a son cœur qui pleure alors qu'elle se sent au bord de la rupture. Y a la peur terrible qu'il dise la vérité qui vient marteler sa poitrine. - Mon père n'a pas d'autres enfants que moi, T'ENTEND ? Qu'elle finit par hurler, dans un mélange de doute et de désespoir. Elle veut pas l'partager. Elle veut pas qu'il puisse aimer quelqu'un d'autre qu'elle. C'est juste inconcevable. Alors ouais, cet inconnu sorti de nulle part, c'est forcément un charlatant, un profiteur, un sale voyou. Elle ne sait pas ce qui la retient de le frapper d'ailleurs. Ou de lui balancer son coca à la figure. Elle finit même par attraper le col du garçon et se mettre à tirer dessus pour le forcer à se lever. - TU TE CASSE ! Il ment, il ment. Il n'est personne.
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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyDim 6 Nov - 20:30

Elle refusait d'entendre. L'information ne se traitait pas dans son cerveau d'enfant. Elle était là, à s'impatienter, à le regarder, l'air mauvaise. Qu'est-ce qu'elle pouvait être exaspérante avec son petit air de caniche agressif. Et puis, deux de tension. La vérité sembla s'abattre sur elle comme une pluie torrentielle lors d'une belle journée d'été. Elle était foudroyée par cette information que son cerveau essayait de traiter. Leo était passé par les mêmes étapes, et peut-être que si elle n'avait pas été si désagréable avec lui peut-être qu'il aurait essayé de la rassurer. Peut-être qu'il aurait trouvé des mots pour la calmer, la rassurer, lui dire que ce n'était rien. Il lui aurait balancé qu'il n'avait jamais souffert du manque de son père, qu'il ne cherchait rien, que c'était juste par curiosité qu'il était là. Il aurait aussi pu lu dire que son père n'était pas un mec mauvais, qu'elle ne devait pas perdre foi en lui. Après tout, on fait tous des erreurs. Leo en savait quelque chose, sa mère en faisait des tas d'erreurs, tout le temps, elle continuait à en faire aujourd'hui, à 40 ans. Mais il était de ceux qui prenne les gens comme ils sont. Alors il avait accepté d'avoir cette maman là, une maman qui détestait qu'on l'appelle maman pour commencer. Une maman qui portait des décolleté provocant et adorait raconter combien les hommes l'aimaient. Une maman un peu folle, qui aimait bien boire, et fumer et aussi danser sur les enceintes en boite de nuit. Leo avait aussi accepté d'avoir un père sans visage, un père absent. Il lui avait inventé des identités au fil des années, se basant sur les maigres infos que sa mère lui avait donné au fil des ans. Il avait été un père adolescent qui n'avait pas voulu gâcher sa jeunesse, puis un homme marié qui avait fauté, un drogué, un playboy, un honnête homme. Parfois Leo avait imaginé qu'il y avait un tiroir où s'entassait des cartes d'anniversaires que sa mère ne lui aurait jamais transmis. Puis il abandonnait l'idée. Chaque scénarios étaient envisageables, jamais il n'avait ressentit de la colère. Son père n'avait pas été un sujet tabou, juste une zone d'ombre de son passé qu'il avait voulu éclaircir quand l'occasion s'était montrée. Alors voilà, il aurait aimé dire à cette gamine de relativiser, que ce n'était pas grave. Jouer pour la première fois le rôle d'un grand frère. Parce que les liens du sang ça compte malgré tout. Alors il l'avait retenu par le poignet, il s'était excusé, calmement. C'était dur à gérer tout ça, mais il tentait de le faire du mieux qu'il pouvait. Ses belles pensées humanistes tenaient la route malgré tout, il essayait de ne pas en vouloir, à personne. Ni à elle, ni à lui. La gosse ne lui rendait pas la tâche facile. Lâche-moi ! Qu'elle hurla en se reculant. Leo s'exécuta en levant les mains en l'air pour lui assurer qu'il ne la toucherait plus. Il la regardait, profondément. Il attendait de savoir ce qu'elle pouvait bien avoir à répondre. C'était entrain d'arriver, elle était sa soeur, il était son frère. Ils avaient le même père. Et ça semblait la rendre dingue vu la façon dont elle le regardait. Tu crois que j'sais pas ce que t'es en train d'faire ? Leo arqua un sourcil et rebondit immédiatement sur ce qu'elle disait : Et qu'est-ce que j'suis en train d'faire exactement ? il n'aimait ni sa façon qu'elle avait de le regarder, ni les sous-entendus dans sa voix. Comme si Leo n'était rien de plus qu'un menteur, qu'un manipulateur et qu'elle préférait mourir que de croire un mot qui sortait de sa bouche. Et effectivement, elle ne perdit pas de temps avant de le prendre pour un escroc : Tu s'rais pas le premier à t'faire passer pour un de ses gosses cachés, avec l'espoir de toucher un bout d'sa fortune !  Alors j'te conseille de vite arrêter ton p'tit jeu si tu veux pas que j'te fasse jeter d'ici par la sécurité ! Leo partit dans un grand rire, froid. Elle était sérieuse là ? Parce que ça arrivait souvent que des mecs disent être le gamin caché de ce vieux rockeur inconnu au bataillon ? Genre, c'était fréquent comme truc ? Encore une fois, sans réfléchir il répondit sur le coup par une vanne de mauvais goût : Bah ton père a l'air d'être un sacré queutard, je s'rais toi, j'commençerais à prendre tout ça au sérieux ! Il ferma les yeux la seconde d'après pour s'insulter intérieurement. Il ne pouvait pas s'empêcher de lui répondre, à cette peste. C'était genre, génétique. (d'ailleurs cela le fit s'interroger sur les relations fraternelles. C'est peut-être ça d'avoir une petite soeur : vouloir toujours lui faire fermer sa gueule et la prendre pour une petite peste capricieuse ?!) Evidemment, la vanne fut mal accueillie et la gosse lui foutu la photo en pleine tronche une minute plus tard pour lui ordonner de partir de sa petite voix suraiguë de chihuahua. Leo attrapa de mauvaise grâce la photo, sans trop réagir à la violence de cette gosse. Il se contentait d'attendre que ça passe, en soupirant bruyamment. Mon père n'a pas d'autres enfants que moi, T'ENTEND ? Qu'elle hurlait. Leo continuait de la regarder sans rien dire. Il semblait capter quelque chose dans le fond de ce regard de cocker, genre sa soeur avait peut-être un problème d'attention ou je ne sais quoi. Bref moment d'empathie, rapidement gâché quand elle l'agrippa par le t-shirt pour le forcer à se mettre debout. La weed n'aidant en rien, il tituba une seconde en jurant. Il attrapa les mains de la gosse et força sur ses poignets pour qu'elle le lâche. T'arrêtes de faire ta gamine, sérieux là ? demanda-t-il en perdant patience. T'as quoi, douze ans ? il était autoritaire, ce qui était nouveau pour lui qui n'avait jamais été responsable de qui que se soit dans sa vie. Il était du genre à s'en foutre, -trop d'ailleurs. Il respira profondément et leva les yeux au ciel. Putain elle l'énervait à le regarder comme ça. Ok, tu t'appelles comment ? demanda-t-il enfin, se rendant compte qu'il ne connaissait même pas le nom de sa propre soeur. Il reprit, calmement, en la regardant bien dans les yeux : Ecoutes, j'sais pas ce que tu crois, ou ce que t'imagines mais le fric de ton père je m'en fou. Je connaissais même pas son groupe y a une semaine. J'viens d'apprendre qu'il est certainement le gars qui a mis enceinte ma mère, j'ai cherché sur google, j'ai vu qu'il passait dans le coin jouer, j'ai voulu voir. Ca s'arrête là ok ? Loin de lui l'idée de rattraper les vingt-six dernier thanksgiving qu'il avait manqué. Il n'était même plus certain d'avoir envie de le rencontrer, de lui parler, de le regarder dans les yeux. C'était perturbant pour lui aussi, vous savez. Aussi ouvert d'esprit qu'il avait pu être toute sa vie concernant ce père absent, maintenant qu'il l'entendait chanter à quelques mètres de lui ça lui foutait les boules. Ce gars avait vécu sa vie de star, à quelques bornes de sa mère, de lui. Il ne savait pas quoi lui dire, il était 50 % de son ADN et il ne savait pas quoi dire à ce gars. J'voulais... savoir à quoi il ressemblait... Je pensais pas tomber sur sa fille. Sur ma soeur qu'il avait eut envie de dire, mais il sentait bien que c'était trop tôt pour elle. Il  la regardait fixement. Il croyait au destin, au karma, aux énergies, et à la volonté de l'univers qui l'avait sans doute poussée à parler à cette meuf dans cette foule. Mais il n'osait pas dire un mot de plus, il la regardait voilà tout. Et histoire de faire un premier pas vers elle, il ajouta timidement : J'm'appelle Leo. Sourire encourageant.
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Mads Levy

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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyLun 5 Déc - 11:50

- Et qu'est-ce que j'suis en train d'faire exactement ? Elle serre les dents. Ça l'insupporte qu'il joue à ce petit jeu là avec elle. Qu'il veuille faire le malin alors qu'elle, elle se sent juste paumée. Trahie. Que son palpitant n'arrive pas à encaisser la nouvelle. Qu'elle n'est pas foutue de savoir si c'est vrai ou pas. Ni même si elle aimerait que ce soit vrai ou non. Il est vrai qu'elle veut garder son père pour elle seule. Être privilégiée. Être l'unique. Ça lui plait bien quand il est là, d'être sa seule descendance. D'être l'unique à ses yeux. Mais quand il part, quand il s'absente, quand le manque s'insinue partout sous sa peau. Ouais, dans ces moments-là, la solitude l'étreint et avoir un grand-frère avec qui partager ça, elle ne dirait pas non. Alors elle ne sait plus. Pour l'instant, la colère a pris le dessus sur tout le reste et elle continue de lui beugler dessus. Elle ne peut pas réagir de façon mâture et raisonnable. Ce n'est pas son truc. Mads, elle râle, elle est égocentrique et capricieuse. C'est comme ça. C'est son truc. C'est même un peu son seul moyen de s'exprimer. Elle ne sait pas faire autrement. Elle passe du rire aux cris et des cris au rire. Y a pas vraiment d'entre-deux. De point d'équilibre. Parce qu'elle n'est pas équilibrée. C'est rien qu'une gosse, un peu dépassée par ses sentiments. Un peu seule, aussi. Y a pas grand monde qui la supporte, faut dire qu'elle n'est pas facile à vivre Mads. A part Sid, les gens ont vite fait de la laisser sur le côté. Personne ne veut s'imposer une grincheuse comme elle. Et même si elle offre sa meilleure version d'elle-même à son père, elle craint qu'il ne préfère un enfant plus facile à elle. Ça la terrifie. Si fort que ça lui fait mal et que ça lui coupe un peu le souffle. - Bah ton père a l'air d'être un sacré queutard, je s'rais toi, j'commençerais à prendre tout ça au sérieux ! Elle s'étrangle à moitié en entendant tout ça. Elle le dévisage, stupéfaite. Comment peut-on être suffisamment cruel pour sortir ce genre de choses ? Ça ne se voit pas assez qu'elle souffre actuellement ? Il a décidé d'en rajouter ? De l'enfoncer ? Jusqu'à lui foutre la tête sous l'eau et qu'elle se noie ? Elle détourne le regard, plus blessée que jamais. Elle finit par retrouver suffisamment de contenance pour lui hurler dessus, pour lui rappeler que c'est elle l'enfant de son père. Rien qu'elle. Personne d'autre. Mais le blond n'apprécie pas de se faire secouer de la sorte, il lui attrape les poignets et la force sans trop de mal à le lâcher. Elle grimace, grince des dents et tente de reprendre le dessus, mais malgré son état il reste plus fort qu'elle et la maintient tranquille. Elle fulmine à l'intérieur, hors d'elle. Comme un animal blessé, qui sait qu'il va mourir mais qui défendra sa vie bec et ongles jusqu'à son dernier souffle contre ses oppresseurs.

- T'arrêtes de faire ta gamine, sérieux là ? T'as quoi, douze ans ? Elle se braque, vexée comme un poux. Il se prend pour qui pour lui parler comme ça celui-là ? Hein ? Elle enrage, souffle, les narines dilatées et pourtant, elle ne répond rien. Comme une gamine qui s'avouerait vaincue face à un plus âgé qu'elle. - Ok, tu t'appelles comment ? Elle ne répond rien. Elle n'a pas envie de lui donner une quelconque information sur elle. Il n'a pas besoin de savoir, puisqu'il n'est pas son frère. Il n'est personne. Juste un inconnu dans une foule. Un inconnu qu'elle ne reverra plus jamais ensuite. Parce qu'il n'est pas son frère. Elle refuse l'idée, même si celle-ci commence lentement à faire son chemin jusqu'à son cerveau, s'imposant contre sa volonté. Elle fait la moue et le fusille du regard, pour lui faire comprendre qu'elle ne dira rien. - Ecoutes, j'sais pas ce que tu crois, ou ce que t'imagines mais le fric de ton père je m'en fou. Je connaissais même pas son groupe y a une semaine. J'viens d'apprendre qu'il est certainement le gars qui a mis enceinte ma mère, j'ai cherché sur google, j'ai vu qu'il passait dans le coin jouer, j'ai voulu voir. Ca s'arrête là ok ? Elle fronce les sourcils et plisse les yeux, le détaillant avec un certain intérêt, se montrant désormais plus méfiante que fâchée. - Et je suis censée te croire sur parole ? Qu'elle demande calmement. Les mots du blond ont au moins eut l'effet de dissiper quelque peu sa rage. Elle se sent surtout démunie à cet instant et complètement perdue, sans plus savoir quoi faire. Elle aimerait que Sid soit là. Qu'il l'épaule et qu'il lui dise quoi en penser et quoi faire. Probablement qu'elle l'enverrait chier et qu'elle ferait l'exact opposé, puisqu'elle déteste qu'on lui dise quoi faire. Mais étrangement, elle a quand même besoin qu'il joue ce rôle-là. Elle soupire et grogne à mi-voix. - Lâche-moi. Il s'exécute une seconde fois et elle le darde de ses prunelles assassines, pour bien lui faire comprendre qu'elle ne tolèrera pas qu'il lui choppe les poignets une troisième fois. Elle se les malaxe, non pas qu'ils soient douloureux, mais c'est surtout qu'elle en sait pas quoi faire de ses mains, de ses bras. Alors, ça l'occupe. - J'voulais... savoir à quoi il ressemblait... Je pensais pas tomber sur sa fille. Elle baisse les yeux, la moue boudeuse. Elle est troublée, il lui semble sincère mais quelque chose bloque quand même. Mads n'est pas vraiment le genre de fille qui fait aveuglément confiance au premier type qu'elle croise et qui lui semble honnête. Elle est trop sauvage pour ça. - Tu comptais aller lui parler après le concert ou pas ? Qu'elle demande, commençant à s'intéresser un peu à tout ça. - J'm'appelle Leo. Il s'est radoucit et il lui offre même un sourire, cherchant clairement à désamorcer la bombe. Mais Mads ne sourit pas. De toute façon, elle ne sourit quasiment jamais. Son expression naturelle, c'est de faire la gueule. Elle se contente de le dévisager de longues secondes, comme si elle était en train de prendre la décision de sa vie. Elle a le choix. Lui tourner le dos maintenant, s'en aller et ne pas croire à son histoire. Ou alors... - Mads. Qu'elle souffle en croisant les bras, les lèvres pincées. Elle accepte. Elle y met toute la mauvaise volonté du monde, mais elle accepte de jouer le jeu. Enfin, plus ou moins. - En fait, t'es même pas sûr d'être son fils, c'est ça ? Elle hausse un sourcil, l'interrogeant. En effet, d'après ses explications il n'avait pas l'air très sûr de quoi que ce soit concernant son lien avec le rockeur. Elle se redresse, le toise un peu, reprenant de l'assurance. - Je te propose qu'on fasse un test ADN tous les deux. Si on a des allèles en commun, c'est ce que c'est ton père. Et dans ce cas-là, on avisera. Sinon, si c'est pas le cas, tu disparais et tu nous fous la paix. Elle ne sait pas trop dans quoi elle s'embarque. Mais maintenant que le doute est là et qu'il ronge son cœur, elle a besoin de savoir. D'être fixée. De faire disparaitre le doute pour laisser place à la vérité. Elle tend sa main vers Leo. - Deal ? Elle ne sait pas si elle va le regretter ou pas. Elle n'a aucune idée de ce qui l'attend et ça l'effraie un peu. Mais si ce mec est bel et bien son frère... Elle a besoin de le savoir. D'en être sûre. Elle n'est pas certaine qu'elle le présentera à son, enfin, leur père. Peut-être qu'elle préfèrera le garder rien que pour elle. Mais elle n'en est pas encore certaine. Elle n'est pas convaincue de vouloir de lui dans sa famille. Il va devoir faire ses preuves. Il va devoir faire tomber ses barrières pour parvenir à l'atteindre. Parce que Mads, elle ne laisse pas n'importe qui prendre de l'importance dans sa vie. Faut le mériter. C'est comme ça.
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Leonard River

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MessageSujet: Re: daddy's girl (madéo)   daddy's girl (madéo) EmptyMer 4 Jan - 11:03

Et je suis censée te croire sur parole ? Elle est encore sur la défensive, avec sa moue boudeuse et ses sourcils froncés. Elle ne le croit pas, elle n'a pas envie de le croire. C'est compréhensible, après tout. Elle n'a sans doute jamais voulu de frère, elle n'a jamais voulu que son père ait des failles. Elle veut simplement que sa vie redevienne celle qu'elle était il y a une demi-heure. Redevenir une fille unique et chouchoutée, pleine d'admiration pour son héros de père. Leo aussi, se dit à ce moment-là qu'il aurait voulu ne jamais écouter cet album, ne jamais tomber sur cette photo, ne jamais voir le regard troublé de sa mère, ni la panique dans ses yeux. Il aurait aimé resté ce fils de femmes, et uniquement de femme. Elevé par une mamie et une maman, sans image paternelle, certes, mais sans aucune question non plus. Ca ne sera plus jamais le cas. Parce que : Oui, faut que tu me crois sur parole. Il n'y a rien pour prouver ce qu'il dit. Et peut-être bien que c'est déjà arrivé qu'un mec se fasse passé pour l'enfant caché de ce monsieur-là. Peut-être bien qu'il y a des menteurs. Mais Leo estime qu'il dégage assez d'honnêteté pour être cru. Il veut calmer le jeu, il est loin de vouloir briser une famille. Et soudainement, comme un genre de miracle, l'animosité chez la gosse commence à s'estomper, petit à petit. Elle se dissipe dans l'air, comme si, à chaque bouffée d'oxygène qu'elle prend, un peu de colère s'échappe par ses oreilles. Leo reste patient. Il parle calmement, met derrière lui toutes les remarques acerbes qui pourraient lui venir. Il veut la ménager, la petite, c'est instinctif. Et en plus de ça, il veut s'éviter une nouvelle crise de nerfs. Et ça marche, étonnamment bien. Tu comptais aller lui parler après le concert ou pas ? Elle attend une réponse, elle s'y intéresse. Et c'est à ce moment-là que Leo est sans voix. Parce qu'il ne sait pas ce qu'il veut. Il ne sait pas ce qu'il attend de cette relation. Il ne sait pas s'il veut juste le voir, ou bien lui parler. Lui dire la vérité, s'assurer qu'il le sache et puis ne jamais le revoir. Ca semble cruel, de bouleversé des vies sans pour autant en attendre lui. Il ne sait pas s'il est prêt a nouer un lien entre lui et son géniteur. Il ne sait pas s'il en a envie. Il sait juste que quelque chose l'a poussé à venir ici. Un besoin machinal de voir de ses yeux celui qui n'avait été qu'une ombre pendant les vingt-six dernières années. J'en... j'en sais rien je... Il essaie de se remémorer le mec qu'il était il y a une demi-heure lui aussi. Il veut se souvenir de l'état d'esprit dans lequel il était à ce moment-là. Avant de découvrir que ses actes n'auraient pas seulement une incidence sur lui et ce père, non. Il en aurait aussi sur cette nana, sur la mère de cette fille, sur sa mère à lui. Il était peut-être trop naïf, en venant ici. Peut-être qu'il aurait dû y penser avant. Mais c'est dans sa nature à Leo de croire en le meilleur avant d'anticiper le pire. Une attitude humaniste, optimiste, mais terriblement naïve ouais. J'ai pas réfléchis en venant et... et quand j't'ai vu avec ton t-shirt dédicacé j'me suis dis... j'sais pas que... peut-être j'pourrais lui parler mais... Mais est-il vraiment prêt à lui apprendre ? Est-il vraiment prêt à se tenir en face de ce mec d'une cinquantaine d'années et de lui dire "Salut, tu es mon père, je suis ton fils. Je voulais que tu le saches." Non, certainement pas en fait. Il veut dire à la gosse de ne pas parler pour le moment mais les mots restent au fond de sa gorge. C'est à son tour d'être perdu. Heureusement, les présentations se font et lui redonnent le sourire. Mads. Qu'elle annonce. Leo émit un petit rire, c'est pas pour se moquer, c'est juste qu'il trouve qu'elle porte terriblement bien ce nom. Elle croise les bras, signe irréfutable qu'elle reste méfiante. Mais au moins, elle tente de comprendre. En fait, t'es même pas sûr d'être son fils, c'est ça ? Qu'elle demande. Leo leva les yeux au ciel, plus pour réfléchir que parce qu'il est fatigué de devoir se justifier depuis trente minutes. Il prend un gorgée de despé et s'accoude contre le comptoir. Non, il n'en ai pas sûr, pas à 100%, ça c'est clair. Peut-être que ça lui plait aussi de rester dans ce flou, parce que si tout ceci n'est qu'une foirade complète il pourra toujours s'accrocher à l'espoir que ce ne soit qu'une blague et qu'il n'a toujours ni père ni déception amère. Non, pas vraiment... J'veux dire, j'pense que ma mère ne saura jamais exactement qui l'a mise enceinte tu sais. ce n'est de toute façon pas comme si Mads a une haute opinion de sa mère, pas la peine de la faire passer pour une sainte. Il n'a jamais voulu le faire. Sa mère il l'aime inconditionnellement, aussi barrée et pleine de défauts qu'elle puisse être. Mais les dates collent, ma mère et ma grand-mère semblent penser que c'est lui et... et il le pense aussi, parce qu'il le ressent, là au fond de lui. Il est sensible à ce genre d'énergie. Mais il n'ose même pas le dire, de peur qu'elle se foute de sa gueule en le prenant pour un taré de weedard. Mads ne lui laisse de toute façon pas le temps de développer davantage puisqu'elle reprit, avec une voix plus dure qu'il le pensait, et un peu de mépris, faut se l'avouer : Je te propose qu'on fasse un test ADN tous les deux. Si on a des allèles en commun, c'est ce que c'est ton père. Et dans ce cas-là, on avisera. Sinon, si c'est pas le cas, tu disparais et tu nous fous la paix. Leo la regarda un moment, les mots qu'elle vient de prononcer sont sans doute raisonnables, mais ils sont aussi terriblement réel. Il ancre tout ça dans du concret. Et si, à la suite de ces tests ADN il découvre que c'est bien son père il ne pourra jamais plus faire machine arrière. Tous ces mots scientifiques l'effraient. Car ils prouveront par A+B toutes les théories fumeuses sur ce passé, tout ce qui pour l'instant est entouré d'un flou artistique et rassurant. Il reste un moment interdit et puis, se tourne vers la serveuse. Il se rend compte par la même occasion que cette dernière les écoute, captivée, depuis le début. Et qu'elle se croit sans doute devant un feuilleton du dimanche après-midi. Leo la considère lentement et lui demande un stylo. Elle sursaute et fait semblant d'essuyer le comptoir avec son chiffon avant de se baisser pour chercher ce qu'il lui demande et de lui tendre un bic bleu. Leo la remercie et attrape une serviette en papier. Je vais te donner mon numéro, et mon adresse. prévient-il tout en commençant à noter. On se retrouve la semaine prochaine, tu m'appelles et on va faire ces tests. Il ordonne presque. Mais il ne lui demande pas ses coordonnées à elle, parce que d'un autre côté il veut lui laisser le choix. Le choix de l'oublier à jamais. Un droit de repli. Il lui tend la serviette en papier, et au moment où elle l'attrape il plonge son regard dans le sien. J'vous foutrai la paix quoi qu'il arrive, j't'assure. Sous-entendu, même si ces tests ADN se révèlent positifs, il ne cherchera pas à détruire leur vie, leur famille ou quoi que ce soit d'autres. Il avale sa salive et inspire profondément, il ne se sent pas très bien, troublé. Allez, tu vas pas louper tout le festival. Il lui indique du menton les gens entassés devant la scène principale et lui offre un sourire encourageant. J'vais rentrer moi, enfin j'pense. J'attends ton appel, on fait comme ça. Il cherche à terminer au plus vite cette conversation, pour ne pas lui laisser le temps de se raviser déjà, et pour s elaiser à lui le temps de souffler. Il a l'impression d'être en apnée. Dès qu'elle a fait demi-tour, il s'écrit soudain : Hey, Mads ! Elle se retourne vers lui. T'en parles pas, pour le moment. Pas à lui, ok ? Il semble qu'elle n'en avait de toute façon pas du tout l'intention. C'est le premier secret fraternel qu'ils doivent garder, qu'ils jurent de le faire d'un regard.
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