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| Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah | |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Lun 31 Oct - 0:30 | |
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Vingt et une heure. Journée éreintante. Jedediah rentre chez lui avec l’espoir d’y trouver le calme. Il pousse la porte d’entrée, dépose son manteau sur une chaise. Son regard, voilé de fatigue, évite soigneusement toutes ces petites choses abandonnées par Tobias qui ont tendance à lui irriter les nerfs. Des mois de colocations leur ont appris, à leurs dépends, qu’ils ne partagent ni leur notion de la propreté, ni celle du rangement. Le plus gros problème de Tobias restant, selon Jedediah, sa conception de l’espace vital. Tobias s’étale partout, malgré lui, inconsciemment. Comme un ados attardé, il semble incapable de confiner à la superficie de sa chambre ses peu de biens. C’est pire, depuis qu’il s’est acheté des vêtements. Depuis qu’il fait épisodiquement des courses. Jedediah retrouve souvent des déchets de nourritures abandonné sur la table – brique de lait exposée au soleil, boîte de conserve vide abandonnée sur le bord de l’évier, assiette à moitié entamée déposée sur sa propre table de nuit.- Tobias s’immisce partout, et laisse partout, consciencieusement, une trace de son passage : vêtements, condiments, plats, livres, serviette de bain utilisée, laissée bien en vue sur le canapé. Tobias ne semble posséder aucun désir de confiner sa vie privée à un espace décent, pour lui et pour Jedediah.
Ce dernier, d’une patience d’ange, commence à toucher du doigt l’éphémère acceptation de toutes ces conceptions de l’ordre foncièrement opposées aux siennes. Souvent, pour économiser son énergie, il se contente de ranger derrière Tobias. Mais ce soir, c’est peut être la fois de trop. Alors qu’il ouvre le placard pour prendre une assiette, ses doigts se posent sur une texture collante et grasse. Jedediah ferme les yeux, dégoûté par la sensation, préférant s’accorder cinq secondes avant de confronter directement le résultat de cet obscur touché. Il retire l’assiette, et constate que l’intérieur en est recouvert d’un film plastique sur lequel est encore visible quelques morceaux de saumons, un filet d’huile rance, et quelques herbes parsemés d’aneth. Jedediah grimace lentement.
- Tobias ! » Appelle t-il, traversé par un frisson de dégoût et sans lâcher l’assiette, craignant d’élargir son contact avec les restes de dîner du prêtre s’il tente de s’en débarrasser. « Pourquoi a tu rangé les déchets de ton repas dans le placard, Tobias ? Il y a une poubelle juste ici, Tobias ? » Il hésite d'ailleurs à y jeter l’assiette entière.
Dernière édition par Jedediah Innocente le Lun 31 Oct - 23:54, édité 1 fois |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Lun 31 Oct - 18:23 | |
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16H. Rien ne me force à me lever, sauf mon ventre hurle comme quelqu’un en train de crever. Ma tête pulse comme un lendemain de gueule de bois, comme si on m’avait fracassé la gueule contre un mur. C’est peut-être ce qu’il s’est passé cette nuit, mais je me souviens plus. Les seuls souvenirs qui reviennent, ce sont l’escaliers de l’appart, la douche que j’ai pris en rentrant et ma couette. Il devait être quatre ou cinq heures du mat. J’entend mon nom à travers la porte. Il a quelqu’un très très énervée de l’autre côté. C’est Jed dans ses mauvais jours. Il a du passer une sale matinée et il se défoule sur moi. Ca me dégoute, c’est injuste, mais je n’ai aucune envie d’aller le contredire. S’il veut que les choses soit propre autour de lui, il n’a qu’à les ranger les même. Il le fait très bien, quand il classe ses dossiers dans ses bibliothèques, quand il range par ordre de taille toutes les casseroles. Oh merde, hier je me suis essuyé avec sa serviette. J’espère qu’elle a seché dans la nuit, sinon il va encore péter un cable. Et la brosse à dent rouge, c’est la sienne ou la mienne déjà ? De toute façon, plus on bouffe des microbes, plus on est résistant. Jamais attrapé de maladie depuis dix ans, qui peut dire mieux.
Un jour je ferai des efforts. J’arrêterai de corner les pages de ses livres, je n’essuierai plus mes chaussures boueuses sur le tapis et j’utiliserai du produit quand je fais la vaisselle . En attendant, s’il veut régler ses comptes, qu’il vienne me chercher dans ma chambre.
Et qu’il m’explique enfin à quoi ça sert de partir en crise pour des choses si futiles. L’énergie malsaine qu’il déploie à tenir son appartement me rend malade. Ça cache surement des angoisses profondes. Une déprime chronique, la peur de mourir, ou juste une petite bite.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Lun 31 Oct - 19:38 | |
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Sa question reste sans réponse. Jedediah laisse tomber l’assiette dans l’évier. Son corps réprime un frisson de dégoût, il tente de ne pas imaginer ses doigts mêlés aux résidus de nourriture absorbés par la bouche de Tobias, mâchés, remâchés et…
Eurk.
Il considère l’assiette. Il considère l’assiette comme il considère sa vie : avec une grande lassitude. Il laisse couler de l’eau dessus. Il avise une carafe, posée sur la paillasse. Il la regarde longuement, et se demande s’il s’autoriserait à agir de manière stupide. En adoptant, par exemple, le même genre d’attitude que Tobias. Il se demande par quelle sublime magie il se retrouve dans une situation pareille, à enfoncer les mains dans la merde gustative consommée par un squatter uniquement là parce qu’il a décidé de le tuer dans son sommeil.
Jedediah soupir.
Il prend la carafe et la rempli d'un mélange d'eau et de glaçon, pas tout à fait à ras bord, car il se connaît, il connaît sa maladresse et s’en voudrait de gâcher ce précieux liquide sur la moquette qui n’a rien demandé. Il le réserve pour un but bien plus grand. Pour quelque chose de beau. Quelque chose de savoureux.
Lentement, un peu fatigué peut être, il se dirige vers la chambre de Tobias. Lumières éteintes sous la porte : le prêtre n’a pas dû quitter son lit depuis la matinée. C’est assez régulier, Jedediah a l’habitude. Il l’a entendu rentrer, au fond de son agonie. Trébucher contre les meubles, lâcher des brides de phrases suffisamment fort pour le réveiller dans le cas assez peu probable où il serait parvenu à s’endormir. Faire couler l’eau de la douche. Se brosser les dents. Jedediah est a peu près certain qu’il a prit n’importe quelle brosse à dent – et surtout pas la sienne- après avoir confusément enroulé sa propre serviette autours de ses reins.
Il toque, trois coups brefs. Ouvre la porte. Trace un rai de lumière sur la couverture amorphe qui avale Tobias dans ses profondeurs moelleuses. Il s’approche du lit, le longe, s’immobilise, repère la tête de Tobias, lève le bras, déverse le contenu glacé de la carafe sur le prêtre : en long, en large.
- Je te béni, au nom du père, du fils et du saint esprit. » Il secoue la carafe pour se débarrasser des dernières goûtes. « Amen. »
Ah, c’est puéril, mais quelle satisfaction.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Mar 1 Nov - 14:03 | |
| Un liquide coule sur sa nuque. La froid pénètre à travers la couette et mord sa peau nue. Il ouvre les yeux d’un coup. Un glaçon cogne sa pupille, un autre vient glisser sur son torse et finit sa course sur son flanc. Il entend un vague supplique sortir de la bouche d’un homme qui n’a rien à foutre dans sa chambre. Est-ce que Jedediah s’est enfin mis à prier correctement ? Non, il n'a jamais su faire. Ce baptême matinal réveille Tobias instantanément. « PUTAIN »Il est assis sur son lit, le visage trempé. Jed est débout à côté, la carafe vide entre les mains. Tobias n’a aucun souvenir d’une pareille situation. En général, Al prend bien garde à ne jamais entrer dans sa chambre, du moins pas quand il dort. Un peu de respect, de fraternité, merde. Le prêtre attrape son coussin et essuie les grosses gouttes qui coulent de ses cheveux. « Tu sais ce que Dieu en fait des putains d’hérétiques comme toi ? ». Il est enervé de s’être fait prendre comme un bleu dans son sommeil, étonné Jed n’ait plus peur de lui, au point d’oser provoquer sa colère. Il se lève d’un bond et bouscule son coloc vers le mur. Lui ne l’a jamais dérangé alors qu’il dormait. Il a écouté sous sa porte, espionné ses conversations, noté ses heures de sommeil, mais il n’a jamais interrompu ses nuits. La colère monte, ses mains tremblent. Il entre dans la cuisine, ouvre frénétiquement les placards et se saisit d’un grand pilon en fer. Il se voit déjà enfoncer la tête de Jed dans un placard. Mais il ne peut pas le buter. Son nom est encore sur le bail et Tobias n’a pas l’intention de se faire virer. D’un pas rapide, il laisse sa rage le mener dans la salle à manger. Le minibar au fond de la pièce l’appelle. Il l’ouvre et sort les bouteilles sur la table. Bollinger, Veuve Clicquot, Taittinger, Romanée-Conti, Montrachet. Le pilon vient à la rencontre de chaque bouteille. Le verre vibre et explose, en long, en large. La table bouillonne des bulles de champagnes en évaporation, le vin coule en longs filets rouge sang sur les murs, comme après un meurtre. Tobias a cet air fou, celui des mauvais jours. Fallait pas l’énerver. |
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Mar 1 Nov - 15:20 | |
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Tobias a froid, Tobias hurle, Tobias n’est pas content. C’est tellement agréable de le voir s’énerver dès le réveil – même s’il s’agit d’un réveil à seize heures.- Jedediah, qui a toujours évité soigneusement d’entrer dans son antre, par peur des microsystèmes qui auraient pu s’y développer sous la surveillance désintéressée du prêtre, estime que sa réaction valait la peine de prendre le risque, de rompre le serment tacite établit entre Tobias et Tobias de le laisser dormir – soit disant, puisque le prêtre se conduit régulièrement comme un éléphant en rut lorsqu’il pénètre dans l’appartement à des heures avancées de la nuit – et de ne jamais manquer de respect à ses heures de sommeils.
Sa réaction est un délice, jusqu’au moment où il se lève. Jedediah recule malgré lui, sous l'impulsion du prêtre. Il sait Tobias fort spontané, de fort mauvaise manière, lorsqu’il est de si mauvaise humeur, et particulièrement au levé. Il faut les voir, tous les deux, au réveil : Jedediah, qui hait cordialement de parler aux autres avant sa troisième tasse de café. Tobias, généralement de mauvaise humeur par l’effort qu’il a du faire pour se sortir des couverture, qui manifeste son état d’esprit en lançant des discussions désagréables auxquelles Jedediah répond par monosyllabes, conscient que le prêtre cherche juste à le mettre hors de lui, pour partager sa colère. Deux cas sociaux qui se regardent en chien de faïence, prêt à se jeter leur tasse bouillante au visage.
Jedediah pense très probable que Tobias va cherche à le frapper, mais l’imprévisible comportement de Tobias dément sa crainte. Celui-ci file en caleçon jusqu’au salon, et Jedediah le suit à distance respectueuse, la carafe à la main, suspicieux, craignant pour ses meubles. Et ça ne loupe pas. Tobias se saisit d’un pilon qu’il trouve dans le placard. Ha, souvenir du bon vieux temps : ces habitudes néfastes de tout casser pour se soulager et ne pas tuer quelqu’un. Il ouvre le mini bar. Au hasard, il aligne les bouteilles sur la table.
- Ho non. Non. Tobias. TOBIAS !! » Le pilon fait exploser le verre. Le vin se repend partout : sur la table, sur le sol, sur les murs, sur Tobias, exactement comme une trachée ouverte. Mais ce liquide là, il vaut des centaines et des centaines de dollars. Ce sont des œuvres d’art. Des raretés gustatives. Jedediah ferme les yeux. Se résigne. « Plus fort, Tobias. N’oublie pas le Volnay ! Allez, je suis sur que tu peux en détruire ENCORE PLUS. » C'est du sarcasme désespéré : pour une assiette sale, il aurait mieux fait de fermer sa gueule.
Le prêtre se calme, interromps son geste. Le gisement d’une dizaine de bouteilles est tout ce qu’il reste, désormais, de leur échange. Jedediah considère l’œuvre de Tobias avec la même lassitude qu’il a considéré l’assiette. Et certainement beaucoup plus de dépit. Il ferme les yeux. Il respire. Mais c’est trop de gâchis, trop de gâchis pour rien. D’un geste brutal, il arrache le pilon des mains de Tobias, et le brandit en direction de son visage. Il lui faut tout son self contrôle pour ne pas l’abattre en pleins milieu de sa face de petite raclure, pour éviter sa tête de quelques centimètres et le projeter contre le mur : une impacte marque la peinture. Il saisit Tobias par les cheveux et se sert de sa force insoupçonnée pour l’obliger à plier, et approcher son visage à quelques centimètres des tessons de bouteilles. « Qu’est ce que tu vois ? » Il appuie plus fort. « Répond. Qu’est ce. Que. Tu. Vois. »
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Mar 1 Nov - 19:42 | |
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Tobias n’a pas besoin de café pour se sortir de mauvaise humeur. Il ne croit pas à la caféine, car il n’a jamais eu l’intention d’être de bonne humeur. Son seul remède est de parler et son interlocuteur préféré est Jed, de loin. Il a pris l’habitude de lui expliquer la vie chaque matin, comme un cadeau offert pour bien commencer la journée. Il lui expose ses théories, sur la religion, la vie, les rapports humains, l’alignement des planètes. Dimanche dernier, il se rappelle lui avoir partagé ses doutes sur la justice. Comment des gens, même bardés de diplômes, pouvaient décider de l’innocence ou de la culpabilité d’un inconnu. Il se demandait sérieusement si le rétablissement des duels ne ferait pas de l’Amérique une société plus juste. Jedediah avait approuvé d’un grognement, les yeux embués dans les vapeurs qui sortaient de son mug Titi.
Tobias, le pilon dans la main, regarda le psy d’un air qui voulait dire : Tu devrais être content que ce soit du vin et pas ton liquide céphalo-rachidien qui coule sur les murs. S’il avait fermé sa grande gueule, s’il était resté sage, s’il avait gardé son rang et fait la vaisselle au lieu de râler, Tobias serait encore couché et les bouteilles seraient intactes. Jed en avait décidé autrement et le prêtre avait tout cassé. C’était presque une oeuvre d’art. Il avait envie de la signer et d’appeler ça Vengeance, une critique habile des émotions humaines.
Le psy observe le carnage. Il est là, la colère en train de monter, la carafe dans son poing serré. Sans prévenir, cassant son habituelle carapace de calme, il saisit Tobias par les cheveux. La pression est inattendue, Tobias plie sans avoir le temps de dire merde. Il voit le verre coupant foncer vers lui avant de s’arrêter à quelques millimètres de sa pupille. Il s’arrête de respirer, retient un « stop ». Il ne sait pas s’il est extrêmement chanceux ou si Jed a juste très bien maîtrisé la distance, mais son oeil est encore là. Dommage, ça lui aurait fait un point commun avec son avocat.
« Qu’est ce. Que. Tu. Vois. »
Tobias a mal, il obéit et regarde dans la flaque de champagne. « Je vois… » Sa mort qui approche, son œil qui éclate, ses regrets. « … Ta sale petite gueule. » Il se laisse tomber d’un coup, tournant sa joue vers la table. Les éclats de verre craquent sous son visage, entaillant sa peau. La main de Jed lui écrase le visage, le sang se mélange à l’alcool. Ca pique, l’odeur est délicieuse. « Putain, mais lâche moi Al. » Ca faisait longtemps qu’il ne l’avait pas appelé par son ancien nom, mais la situation lui rappelle de si bonnes bagarres. Il espère, que comme au bon vieux temps, Jed trouve un interêt à ne pas lui trancher la carotide tout de suite. « C’est que de l’alcool, pas une ‘tain de raison pour que je me mange toute ta violence refoulée. » Pour une fois, il avait l'impression de ne pas être celui qui fait dégénérer l'échange. Il pousse sur la table pour se dégager et fait basculer son agresseur en arrière. Il le plaque dos donc le mur, Jed ne lâche pas son visage. Tobias est fatigué par ce petit jeu. Il prend une grande respiration et mord les doigts qui musèlent sa bouche et sa gorge, comme un chien enragé.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Mar 1 Nov - 23:43 | |
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C’est rageant, ces conversations au petit matin. Car même si Jedediah n’est jamais bien disposé pour faire de la discussion quelque chose de réellement partagé, il tombe souvent d’accord, au travers de la brume de sommeil qui lui tourne autours, avec les principes de Tobias. Sur la justice, notamment. Sur certaines valeurs morales. Sur la disposition des Américains vis à vis de la politique. Sur le prix des produits laitiers. Sur l’absurdité des dates de péremptions sur les sachets de sels.
Sur des sujets profonds, également, mais plus fatiguant à aborder, avant la deuxième tasse. De toutes façons, Tobias monologue assez bien. Jedediah a fini par se dire que des années passées seul dans une église peuvent vous changer un homme. A tout jamais.
Il se demande aussi s’il entretient ce genre de soliloques avec Dieu.
Et si à cet instant, Tobias osait oraliser sa question, Jedediah pourrait lui assurer qu’il a tout à fait maîtrisé la distance. Il le cache bien, le psychiatre reconverti, mais menacer des gens, il apprit à le faire, suffisamment bien pour se faire respecter. Tobias en fait les frais. Tardivement, certes. Il a eu de la chance que Jedediah n’ai pas pris ses dispositions à moment où, par exemple, il aurait été en train de faire cuire des frites. Tobias a déjà vu quelque se faire ébouillanter par de l’huile de friture. Ils en gardent tous les deux un mauvais souvenirs, et beaucoup d’idées.
« Je vois… » Jedediah sait instantanément qu’il va dire une connerie. « … Ta sale petite gueule. » Et voilà. Il sent le prêtre lui échapper, une fraction de seconde. Sa main réagit en conséquence, et achève son geste en lui fracassant la mâchoire contre les bris de verre. Il appuie, fort, sans se soucier des morceaux qui pénétrant dans la chaire de Tobias. Il y trouve même un certain plaisir. Tobias a savamment évité le tesson. Si seulement ce n’était pas lui qui tenait sa tête vissé à la table, il le féliciterait de cet habile petit tour de passe-passe. « Putain, mais lâche moi Al. » Geint Tobias. Il n’a jamais su la fermer quand la situation l’exigeait vraiment. Ça leur avait causé tellement de soucis, réguliers. Ce cruel manque de tact qui fuse au moment ultime où une transaction difficile va être conclue. Comme ce type vraiment malpoli qui ose dire à voix haute que la sauce des pâtes est dégueulasse alors que c’est la première fois qu’on l’invite, et qu’il s’agit d’une recette ancestrale que personne ne supporte en secret. « C’est que de l’alcool, pas une ‘tain de raison pour que je me mange toute ta violence refoulée. » Tobias n’a pas totalement tord, Jedediah place dans sa poigne beaucoup de ses frustrations, actuellement, lui qui a si peu d’occasions d’exploser. Mais il a fait l’erreur terrible de ne pas regretter le gâchis dont il est responsable. Tobias évite une béquille de justesse en renversant la situation. Jedediah sent le mur s’opposer à son dos, maintient sa prise, et lâche un grognement sourd lorsque les dents acérées de Tobias s’enfoncent dans ses articulations. Il relâche la pression, mordu au sang, fait pivoter Tobias et lui assène une droite qui le force à lâcher sa prise. Déstabilisé, il recule en se tenant la main, sans considérer le prêtre qui s’est écroulé par terre, dans le vin et le reste de verre. « T’es vraiment la pire des saloperies, Tobias. » Jedediah considère les marques ensanglantées et se demande s’il aurait été capable de lui arracher un doigt avec la force de sa mâchoire. Il est persuadé que c’est le cas. « Tu m’as mordu. Comme une fillette. » Jedediah n’en revient pas.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Mer 2 Nov - 20:34 | |
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Le prêtre a muselé la main de son ami. Il tient ses doigts entre sa gueule, avec l’envie irrépressible de lui arracher un ou deux doigts. Il a des pulsions cannibales qui montent en lui, juste pour se venger, par pur plaisir de voir la moue satisfaite de Jed se transformer en pure expression de douleur. Tobias serre fort, il sent un filet de sang couler dans sa bouche. Ses canines ont le gout du fer. Finalement, le sang des connards a le même goût que celui des autres.
Tobias lâche sa prise, avance d’un pas, se retourne, juste à temps pour voir le poing de Jed s’approcher de sa mâchoire. Trop près, trop rapide pour éviter. Il sent ses doigts meurtris rencontrer sa joue. Les bouts de verre qui s’incrustent encore un peu plus, provoquant une douleur aiguë. Al ne rigole plus du tout, il grogne. Tobias est perdu, il voit son coloc perdre pied, se laisser aller à des excès de violence dont il s’est toujours privé. Il tombe, la tête la première sur le sol dur. On se distingue plus le vin du sang. Il se retourne, sonné.
« T’es vraiment la pire des saloperies. » Dit celui qui vient de lui foutre une droite, alors qu’il est à l’origine de cette situation merdique. « Tu m’as mordu. Comme une fillette. » Tobias passe fébrilement ses doigts ses blessures et dégage les éclats de verre, se coupant la surface des doigts. « On peut parler de ta droite ? Je suis toujours conscient... » Il se lève en s’appuyant sur la table et pousse à nouveau Jed vers le mur. Il parcourt les quelques centimètres qui les séparent, jusqu’à coller son adversaire, torse contre torse. Il crache à terre une gerbe de sang, cherche sa manche pour s’essuyer mais ne trouve que son bras nu. Il est en caleçon, au milieu d’un salon aux allures de scène de meurtre. Il regarde Jed, voit son pouls qui s’accélère. Il a envie de lui sauter à la gorge, d’arracher d’un coup de dent la fine peau qui protège sa jugulaire. Il a envie de s’abreuver du sang qui coule, comme un animal qui consomme sa proie.
Tobias sort de ses pensées. A défaut de l’arracher, il lève son bras et enserre d’une main puissante le cou d’Al. Il y va avec la volonté de mettre un terme à sa vie, rapide, sans souffrance, en le privant d’oxygène. Mais pourquoi maintenant ? Ses doigts lachent. Il avait eu tant d’opportunité de le tuer facilement, il n’avait pas plus de raison de craquer maintenant. Il ne savait toujours pas pourquoi il l’avait trahi et au fond, il avait toujours envie de reconstruire sa vie avec ses anciens amis.
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Jeu 3 Nov - 0:50 | |
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Jedediah voit la folie grimper dans l’iris du prêtre, serpent rampant (sneaky snake tmtc) du fond de ses tripes pour agiter ses membres et, éventuellement, tenter de le tuer. Il connaît ce regard, et se demande comment il va pouvoir empêcher Tobias de se laisser entraîner dans sa folie furieuse : celle qui, quand elle se déclenche, envoi des gens à l’hôpital ou au cimetière. Ils ont creusés des trous ensembles, en pleine nuit, à cause de cette folie. Les doigts du prêtre enserrent sa gorge. Jedediah attend, patiemment, jusqu’au dernier moments, en espérant que la raison de Tobias va se pointer à nouveau, lui éviter de sortir le flingue qu’il a agrafé à la poitrine, pour l’enfoncer entre les côtes du prêtre. Ce dernier, en caleçon, n’y pourra pas grand chose, et Jedediah sait combien le contact du métal froid sur une peau à nue peut rafraichir les passions les plus brûlantes. Instantanément.
Mais Tobias se calme tout seul. Lentement, il relâche la pression, abandonne son geste. Jedediah a eu le temps de voir défiler au fond de ses yeux bon nombre des questions logiques qui ont du faire leur cheminement entre sa rage et sa folie succincte. Pourquoi le tuer maintenant ? Pour s’être donné autant de mal pour l’achever sur une pulsion déclenchée par un conflit stupide ? Jedediah est absolument d’accord avec lui, d’autant plus qu’il n’aurait pas hésité à lui tirer dans les reins s’il lui avait fallut sauver sa vie. A regret. Il refuse de l’admettre, mais il n’aurait pas aimé ça du tout, et toute ce temps passé à attendre, les doigts crispés autours de sa jugulaire, sont la preuve inaltérable du désir qu'a Jedediah d’éviter à tout prix une conclusion de ce genre.
Il halète en reprenant son souffle, en s’appuyant sur la table où des morceaux de verre se sont éparpillés. Il se passe une main sur le cou. La force nerveuse de Tobias lui a fait mal et à imprimé sur sa peau une marque rouge. Il tousse légèrement. C’est la première fois qu’ils se battent réellement, depuis leurs retrouvailles. Jedediah a l’impression de se sentir soulagé de quelque chose, sans parvenir encore à mettre le doigt dessus.
- Range correctement derrière toi, s’il te plaît. » Lâche t-il comme s’ils ne venaient pas de se perforer la gueule à coup de tessons. C’est si habituel, dans leur passé commun, de reprendre normalement une discussion après s’être enfilé trois coups dans les reins, que personne ne s’en formalise jamais. « Je déconne pas. »
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Invité ☽ ☾
| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah Ven 4 Nov - 19:36 | |
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Tobias a choisi de lâcher la gorge de son ami. Il était partagé, il n’a pas eu le temps de réfléchir, mais ses envies d’amitié ont finalement pris le dessus sur les pulsions meurtrières. C’est le matin, et comme tout les matins, il était plus d’humeur à discuter avec Jedediah au fond du canapé, plutôt que de l’enterrer. Il avait eu de la chance. Son ami tousse, se gratte la gorge et lui intime de ranger ses merdes, pour en finir. Tobias est presque soulagé, son visage lui fait mal et les bouts de verre qui y sont incrustés refusent de sortir. Il sait qu’il va devoir se traîner à l’hôpital, ou harceler un quelconque médecin pour qu’il lui suture la joue en vitesse. Jed refusera de lui rendre ce service, il plaidera qu’il n’est pas ce genre de docteur. Hypocrisie.
Il a raison de donner l’ordre d’en finir. Ils se sont trop donnés pour aujourd’hui. Leur relation n’est de toute façon qu’un ultime recommencement, des petites scènes d’apocalypse qui s’empilent et s’oublient. Aujourd’hui, c’était l’étranglement, et vu la violence des coups et des paroles, Tobias sait qu’il leur faudra quelques jours de pause pour se remettre. Ils en profiteront pour discuter, manger ensemble et peut-être même rigoler, comme si rien ne s'était passé. Jed se laissera sûrement aller à quelques anecdotes sur ses dernières rencontres, brisant sa carapace le temps d’un instant. Et un matin, sans prévenir, les sales manières de Tobias lui taperont à nouveau sur le système, ou le dédain naturel d’Al provoquera un nouvel épisode de fureur chez le prêtre. Ils s’engueuleront comme jamais, balançant des insultes inédites avec la volonté sincère de s’entretuer. La crise sera grave, il y aura du sang, des tissus déchirés et des paroles qui blessent, au plus profond. Comme si ni Tobias, ni Jedediah, n’avaient envie de construire une relation normale. Comme s’ils avaient besoin de se détruire, inlassablement, pour mieux se retrouver, pour rejouer chaque jour la tragédie qu’était leur vie.
Fin du rp
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| Sujet: Re: Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah | |
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| | | | Tes slips ne vont définitivement pas dans le placard à vaisselle - Tobidiah | |
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