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 Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]

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MessageSujet: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyLun 22 Aoû - 22:08

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5h du matin. Une musique résonne dans l’appartement. Tobias a toujours aimé se lever tôt pour profiter de l’aube. A New York, il se posait souvent à sa fenêtre et appréciait la tranquillité de la ville au matin. Il regardait du haut de son clocher les premiers travailleurs partir pour une journée de merde, alors que lui avait encore de longues minutes avant de décider, si seulement il était d’humeur, de descendre dans la nef de son église pour honorer ses rendez-vous. Avec l’expérience, il s’était rendu compte qu’observer les mouvements matinaux lui permettait aussi d’en apprendre un peu plus sur sa ville. Les connards qui quittaient leurs amants, les dealers qui sortaient de leur planque comme des rats après une nuit à baigner dans l’illégalité… Un paquet d’information gratuite.

Depuis qu’il était arrivé à Savannah, Tobias n’avait plus besoin de se lever à l’aube et la vue ne lui permettait plus d’observer les mouvements de la ville. Mais il continuait à mettre son réveil à 5h, car il aimait savoir que Jedediah, de l’autre côté du mur, entendait chaque matin l’Ave Maria résonner dans son appart. Savoir qu’il ruinait chaque jour quelques heures de sommeil du psy aidait Tobias à bien commencer la journée.

Tobias habitait chez Jed depuis plus de cinq mois. Son ancien frère d’affaire lui avait donné la permission ou du moins, il n’avait pas eu le choix. C’était ça ou crever et entre la peste et le choléra, Jedediah avait choisi d’héberger la peste. Comme une épidémie, Tobias s’était rependu petit à petit dans l’appart. Les premiers jours, même s’il avait la satisfaction d’avoir réussi son coup, le prêtre avait été surpris par la tenue de l’appartement d’Al. Grand, propre, avec des moulures au plafond. Tobias s’était préparé à vivre dans le taudis d’un vieil alcoolique en plein déni de sa propre dépression. Des tessons de bouteille par terre, des rasoirs dont on ne savait pas s’ils avaient servi à couper une barbe ou un bras. Il avait même acheté des petites lingettes désinfectantes en prévision. Squatter, d’accord, mais choper des mst laissées comme souvenir par les conquêtes de Jed, non merci.

« Putain il est devenu bourg’ » s’était dit Tobias en découvrant l’appartement. Avec le recul, il se rappelait que les mafieux avaient toujours eu un goût assez prononcé pour le kitsch et les grands espaces. Ils leur arrivaient même de claquer tout le fric d’un coup dans un nouveau papier peint cousu de fil d’or. *10 000 balles pour pimper un mur, ça me donne envie de gerber* Leurs femmes était pareilles, elles portaient la richesse sur leurs visages. C’était à celle qui brillerait le plus. Pourtant Tobias avait toujours pensé que Jedediah était loin de ces considérations matérielles. Il lui semblait qu’Al était plutôt porté sur la bonne chaire, les plats raffinés et les restos où il faut s’habiller comme un pingouin pour manger une bouchée au fond d’une assiette surdimensionnée, avant de complimenter le chef sur sa capacité à nous enculer.

Après la surprise des premiers jours, Tobias avait pris ses aises dans l’appartement. Jed avait eu la bonne idée d’avoir deux chambres et avait ainsi évité de finir sur le clic-clac du salon jusqu’à la fin de ses jours. Dans sa petite pièce, Tobias avait commencé par virer les tableaux. « Trop laid, t’as acheté ça à un vieux au marché pour lui faire plaisir et sentir que tu faisais une bonne action ? », avait demandé Tobias alors qu’Al l’avait surpris en train de brûler les toiles dans la baignoire.

Il avait aussi viré les meubles et installé une grande étagère en metal sur lequel il avait soigneusement rangé ses quelques affaires. En bas, les fringues et une boîte contenant son uniforme de prêtre, qu’il n’avait plus porté depuis des mois. Le reste était occupé par un nombre respectable de livres religieux qu’il avait acheté à Savannah. La plupart avait un double fond, où il rangeait ses couteaux, pistolets, munitions et ses réserves de drogue quand il faisait de bonnes affaires. Il lui semblait évident que Jedediah serait contre le fait d’avoir ce genre de marchandise chez lui, Tobias n’avait donc pas pris la peine de lui poser la question. Il lui arrivait de trouver des livres à des places différentes en rentrant. Il espérait que le psy ne regarde pas ce qu’ils contenaient, mais se renseigne plutôt sur les bienfaits de Jesus dans sa vie.

Petit à petit, Tobias avait apprivoisé sa chambre et se sentait assez à l'aise pour se balader librement dans l’appartement. Le prêtre avait confiance dans le fait que Jed ne soit pas gêné par le fait qu’il ne ferme pas la porte de la salle de bain. Il y a dix ans à New York, alors qu’il prenait sa douche, Tobias s’était déjà fait coincé par un tueur qui lui avait fait manger le carrelage un bon nombre de fois. Son nez s’en était remis, mais le prêtre ne se sentait plus en sécurité et préférait garder un œil sur les gens qui s’approchaient de la douche.

Tobias passait la plupart de son temps dehors à essayer de se refaire des relations ou à découvrir la ville. Mais il aimait aussi glander dans l’appartement de Jedediah, surtout quand ce dernier était dehors ou en consultation. Son activité favorite était de fouiller sa chambre ou, encore mieux, de consulter son téléphone. Il lui avait fallu deux mois pour trouver le mot de passe, 1895. Tobias aimait lire les sms de Jed, envoyer des messages ou passer des appels fantômes à ses contacts, juste pour imaginer les conversations gênantes que Jed pourrait avoir avec Anca. « Pourquoi tu m'as appelé cinq fois hier, contrôle toi bordel ». Ou avec Beau « Si c'est pour me dire que je suis une pute, tu peux garder tes sms pour toi... » Ou promettre des choses à Ivy, et voir Jed essayer de s’en sortir. « Alors, je peux passer demain à 23h comme tu m’as dit ? T’auras ma robe ? »

Tobias se doutait bien que le jeu ne durerait pas longtemps, mais cela lui avait permis d’en apprendre beaucoup plus sur Jedediah. Après avoir fait le tour de ses potentiels amis, il s’était attardé sur Elliot. Sa personnalité était trouble, sa relation avec Jed aussi. Pourquoi Jed avait l'air si sensible quand il lui parlait au téléphone ? Il avait l'air fou, consumé. La situation avait excité la curiosité du prêtre. Il avait soigneusement noté le numéro et s’était mis en chasse.

Tobias continuait à reconstruire son réseau, petit à petit et commençait à faire tourner ses affaires, un colis de temps en temps. Mais il restait obsédé par l’idée d’emmerder la première victime qu’il avait à portée de main. Il était sûr que seul un long travail de torture mentale lui permettrait de faire cracher au psy ses petits secrets, relations, planques, fournisseurs.

Un soir, Tobias entra dans le salon où Jedediah mangeait. Il s’installa sur le canapé juste en face. Le regard ailleurs, il sourit en lâchant un petit souffle.

« C’est marrant, je pensais pas qu’Elliot était une fille. »
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyMar 23 Aoû - 23:41



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Tobias pouvait se sentir un peu déçu. Jedediah n’était pas, par nature, quelqu’un de matérialiste : empiler des acquisitions au hasards d’étagères alignés à l’infini contre des murs couverts de motifs criards, il l’avait déjà cédé à ses deux femmes, et n’en avait jamais senti le besoins pour sa propre personne. Maintenant qu’il habitait seul, dans sa tranquillité enveloppée d’ennuie et d’angoisse, il n’achetait plus que le stricte nécessaire, et son appartement, d’un goût sobre, respirait le propre et l’ordre d’une vie secrètement mise sans dessus dessous.

Lorsque Tobias avait pénétré cet espace si personnel qu’il n’ouvrait qu’à quelques rares privilégiés, Jedediah avait ressentit un profond sentiment de dégoût et le besoins insupportable de casser la gueule au prêtre. Il s’était retenue, en échange du flingue braqué sur lui et sur toutes les connaissances auxquelles il tenaient un tant soit peu et, sagement, il avait fermé sa gueule tandis que Tobias se permettait, un ricanement mesquin scotché aux lèvres, de faire le tour du propriétaire.

Le sale petit rat avait commenté avec beaucoup d’esprit chacune des petites habitudes visibles de Jedediah. Ce dernier avait ressentit cette analyse comme un viol moral – voir un type comme Tobias critiquer ses choix en matière de meuble, ou la marque de son shampoing le plongeait dans un ineffable malaise. Bon, il l’avait regardé prendre ses marques – brûler dans sa baignoire une tripotée de tableaux auxquels il ne tenait pas autant que Tobias semblait le croire- sans commentaire, avec une simple moue lassée par avance.

Il était intéressant de noter que le premier rapport de Tobias à l’appropriation d’un lieu passait par la destruction de ce qui ne lui appartenait pas. La violence, chez lui, était décidément latente. Et Jedediah ne pouvait pas y faire grand chose : Tobias n’aimait pas un meuble de sa chambre ? C’était le meuble ou Anca. Le meuble finissait donc aux ordures. Tobias n’appréciait pas le contenu du frigidaire ? Le renouveler assurait pour l’instant la sécurité d’Ivy. Car Jedediah n’avait aucun doute sur le temps qu’il faudrait à Tobias pour mettre la main sur le noms de ses proches : il connaissait le système, il savait les moyens. Jedediah laissa donc passer les caprices absurdes du prêtre, bien conscient que le seul but était de faire de ses nerfs un fil tendu à l’extrême, et avait espéré pouvoir s’exiler à tout jamais dans un hôtel avant de trouver un nouvel appartement.

Tobias n’avait pas semblé l’entendre de cette oreille. L’insupportable raclure lui avait expressément demandé de rester près de lui, arguant qu’il ne pourrait décemment pas se passer d’une si agréable compagnie, qu’il risquerait de remplacer par la jolie jeune fille de son cabinet s’il osait seulement le défausser de sa présence. Jedediah l’avait insulté sans autre résultat que de s’irriter encore plus, mais avait fini par prendre son parti.

Les deux premiers mois, sa porte était systématiquement fermée à double tour, et sa main crispée sur son pistolet, jours et nuit, debout, assit, ou couché, dès que Tobias était dans les parages. Le rythme imposé par les vêpres matinales et la tension nerveuse qui troublait son sommeil ne l’aidait pas à se détendre et à garder les idées claires.

Le comportement de Tobias était profondément troublant. Outre le fait assez absurde que, régulièrement, Jedediah le surprenait en train de chier la porte grande ouverte, ou de prendre sa douche le rideau tiré avec une sorte d’oublie de pudeur total que remplaçait une paranoïa compréhensible, Tobias ne semblait pas du tout intéressé par la possibilité qu’il avait à chaque instants de lui trouer le ventre, d’une manière ou d’une autre. Il comprenait bien que Tobias mettait lentement en place une boucle perverse, entretenant le doute et la menace sans jamais passer à l’action. Jedediah, conscient de ses petites mises en œuvres, se méfiait de tout, en continuant à comprendre que c’était précisément le but que visait Tobias. La manœuvre était habile, et même si, psychologue de vocation, Jedediah supportait assez bien l’exercice, grâce à une prise de recule constante qui lui permettait d’analyser assez précisément ce que Tobias cherchait à mettre en place, il en vivait malgré tout les conséquences nerveuses parce que le doute ne pouvait jamais être totalement éradiquer : jusqu’à quand Tobias se complairait t-il dans cette petite colocation stupide avant de céder à ses instincts et de lui écraser sa bible sur le coin de la tempe ? Toute l’anxiété résidait dans cette question sans réponse.

Pour le moment, il avait chez lui un cafard suffisamment gros pour vider son frigo et envahir son espace vital. Tobias avait gagné sur un point, et même si Jedediah avait parfaitement compris le résultat de l’exercice, il ne pouvait que lui concéder l’ingéniosité du plan : il ne se sentait plus du tout chez lui.

Il se doutait que le prêtre avait tenté plusieurs fois de contrôler le plus petit aspect de sa vie privée, en passant notamment par son téléphone. Un oublie, une fois ou deux, puis la perte substantielle de son téléphone qui réapparaissait subitement sans aucune explication l’avait mis sur la voix. Il ignorait cependant si Tobias avait été assez malin pour craquer le code qu’il avait pris soin d’ajouter à son mobile dès que le prêtre avait fait irruption chez lui. Il se demanda même si, inconsciemment, il ne lui facilitait pas la tâche pour ressentir cette excitation intense du danger qui avait agit pendant trente ans comme une drogue et avait déserté sa vie depuis huit ans, y laissant, à la place, un vide remplie de néant.

Il prenait soin, par ailleurs, de ne répondre que très discrètement aux appels importants, mais n’ignorait pas s’être fait surprendre, en cinq mois, suffisamment de fois pour avoir laissé des ouvertures à Tobias. Généralement, il sortait de l’appartement pour décrocher, mais quelques situations d’urgence avaient rendus la manœuvre difficile et Tobias avait eu l’occasion de saisir des brides de conversations, avant de se recevoir une chaise dans la gueule, jetée par inadvertance.

La certitude que Tobias avait réussie à se saisir de ses données, et avait emmagasinée des informations que Jedediah pensait –naïvement, comprit-il par la suite- avoir réussis à lui dissimuler éclata un soir avec une évidence profonde et une violence absolue.

Jedediah était assit à la table du salon. Il s’était fait livrer, comme la plupart du temps, un plat commandé au restaurant trois étoiles qu’il affectionnait particulièrement, lorsque Tobias inséra le double de la clef qu’il s’était fait faire dans la serrure de l’appartement. Ce son crispait instantanément Jedediah, qui, s’il n’y réagissait plus physiquement, ne s’y était toujours pas habitué après cinq mois de cohabitation. Il ne salua pas Tobias, et se contenta de garder le regard fixé sur la baie vitrée de l’appartement qui leur offrait à tous les deux une vue qui, en d’autres circonstances, eu pu être d’un grand romantisme. Lumières vibrantes de Savannah, ciel sans étoiles bercées de nuages. Jedediah n’appréciait plus sa solitude ni son repas, car il détestait être dérangé pendant son dîner, encore plus lorsque Tobias était la cause de sa déconcentration.

Il plaça donc une certaine énergie, en premier lieu, à ne pas donner au prêtre ne serait-ce qu’une once de son attention. Il parvint très bien à le transformer en porte mentaux jusqu’à ce que l’insupportable imbécile n’ouvre la bouche.

« C’est marrant, je pensais pas qu’Elliot était une fille. »

Quelque chose implosa instantanément dans le cerveau de Jedediah, qui se transféra avec une violence fulgurante jusqu’à son cœur. Il faillit en lâcher sa fourchette, qui rebondit contre l’assiette dans un tintement de fin du monde. Il leva les yeux, avant de n’avoir pu s’empêcher de le faire, et fixait déjà Tobias alors qu’il commençait à s’admonester pour garder son calme.  Ses dents étaient deux étaux de fer vissés l’un à l’autre qu’il déploya avec un effort de volonté cosmique.

- Et moi j’ai remarqué que tu es un connard, qu’est ce que tu veux que ça me fasse ? »

Il refusait de se livrer, en ayant atrocement conscience de s’être déjà vendu, comme un imbécile, et avec la certitude que Tobias savait tout. Il espérait juste, avec un désespoir profond, que le prêtre n’avait pas réussit à mener ses investigations jusqu’à entrer en contact avec Elliot.
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyJeu 25 Aoû - 19:22

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Oui, Tobias était un connard, mais Jedediah ne pouvait pas y faire grand-chose. Il aurait mieux valu qu'il se taise et se contente de finir son repas sans répondre aux provocations de son colocataire.

Tobias regardait Al, le visage luisant, cuit par la vapeur de ses coquilles saint-jacques sauce champagne. Sérieux, ce gars se faisait livrer son repas de luxe dans des barquettes en plastique.

Tobias n'avait jamais eu d'attrait pour la bonne nourriture. Logiquement, il pensait qu’il était inutile de faire cuire sa bouffe pendant des heures quand un bol de riz lui apportait autant d’énergie. Plus que tout, il trouvait détestable que Jed ne soit pas capable de bouger son cul et se retrouve avec une nourriture si bien préparée à faire réchauffer. Tous les chefs cuisiniers du monde devait se retourner dans leur tombe.

« C'est drôle que tu me traites de connard », répondu Tobias en fixant le dessert que Jed avait dû payer plusieurs dizaines de dollars et qui ressemblait à une vieille mousse au chocolat à l’orange.

« Quelqu’un m’a dit la même chose hier. Je devais lui apporter trois pistolets contre trois milles balles, mais j’en avais que deux. J’ai essayé de négocier mais il m’a dit que s’il ne ramenait pas les trois à son boss il allait se faire buter. Comme je m’en foutais, il m’a traité de connard et je lui ai défoncé la gueule. »

Tobias avait dit tout ça avec un air excité, il était content d’avoir l’occasion de raconter ces histoires à Jed et espérait relancer en lui une petite flamme de jalousie.

« C’est quand même marrant, je suis venu ici pour te buter et partir loin et voilà que je suis sur ton canapé, que je dors dans ta chambre et que je mange ta bouffe. Et toi t’es là en pleine forme, le visage en bon état. Le plus étonnant c’est que je recommence les affaires. Tu savais toi, qu'il y avait plein de thunes à se faire dans cette ville ? Il y a quelques gangs mais ils sont trop discrets, le genre de braqueurs qui met de l’argent de côté. Du coup ils ne prennent pas de risques, enfin j’ai l’impression d’être plus subversif qu’eux alors que je n’ai fait qu’une dizaine de deals. »

Tobias se doutait que Jed aurait tout donné pour manger tranquille, mais il n’avait pas envie de s’arrêter, d’autant qu’il sentait l’attention de son interlocuteur augmenter à chaque phrase.

« Pour l’instant, j’ai essayé de voir si les armes marchaient et je dois t’avouer que c’est pas mal. Mais la Géorgie, ce n’est pas comme New York, les armes sont autorisées donc à part fournir à des mafieux déjà bien fichés, le marché n’est pas énorme. Mais toi et moi on le sait, ce qui rapporte le plus dans une ville où tout le monde déprime, a perdu ses parents ou se fait taper par son mec, c’est la drogue. Tout le monde veut un petit plus pour s’en sortir. »


Avec une expression de surprise mal jouée, le prêtre sortit de sa poche un petit sachet de poudre blanche.

« Tiens ça par exemple, cinquante balles à New York, cent ici. Parce qu’il n’y a pas assez de fournisseurs pour combler tous ces déprimés avides d’une ville meilleure. Les affaires vont être faciles et tu sais que je suis doué pour faire passer toutes sortes de substances. »

Tobias s’arrêta net et sortit de la pièce sans rien dire. Il réapparu trente secondes après, une fourchette à la main, tira une chaise et s’installa en face en Jedediah.

« A l’époque, c’est moi qui avait les meilleures planques »
, continua Tobias en plantant sa fourchette dans le dessert de Jed. Il se laissa une seconde pour profiter du goût. Pas mal, pas au point de payer vingt balles, mais pas mal.

Le prêtre continuait à jouer avec son sachet de poudre. « Et puis ça encombre moins que les armes, suffit de le planquer dans le faux plafond d’un endroit fréquenté comme un bar et j’enverrai des gens le récupérer, comme ça, ça fait plusieurs étapes entre moi et les ennuis.»

Tobias regarda Jed, puis posa sa fourchette à côté. « Tu te rappelles ? Il y avait plein de gens qui nous servaient d’intermédiaire à New York. C’était dangereux, la plupart se sont fait chopper et je peux t’assurer qu’ils sont encore en taule pour un bon moment. Mais tu sais, il y a quelque chose que j’ai toujours aimé chez eux, c’est qu’ils ne nous ont jamais balancé. »

Tobias acheva son discours. Pour lui, tout était clair, il allait reprendre les affaires, mais il avait de l'ambition. Il ne comptait pas continuer les petits deals, Tobias voulait taper fort et il voulait le faire vite. Et qu'importe s'ils devaient recommencer à toucher à de grandes quantités de drogue.

« Du coup, tu penses qu’Elliot pourrait porter une partie de la marchandise ? Elle m’a paru sympa quand je l’ai rencontré mais j’ai pas osé demander. »
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyDim 28 Aoû - 1:10



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La couleur douce des coquilles se reflète dans la transparence de l’assiette. Elles sont deux, finement cuites, leur chaire épaisse gonflée fond contre le palais exercé de Jedediah dans un délice de saveurs subtiles. Il croirait tenir enfermé contre sa langue la tendresse dans son état le plus pur. Il sent contre ses dents la souplesse du met qui se délite voluptueusement à l’impulsion qu’il lui donne, réceptive à sa caresse. Sombre et profonde, contraste bruyant de la crème vaporeuse des coquilles, les truffes laissent briller leur éclat. Enfermées entre deux morceaux coupés en lamelles, leur texture impalpable, cassante, leurs enivrants fumets de champignon précieux, s’allie à la douceur du coquillage comme un amant autoritaire. Sur les bords de l’assiette, pour en rehausser la couleur, une fine sauce de poivrons émincés, oranges brûlant, vient contredire la profondeur de la truffe et le blanc crémeux des coquilles, point de soleil lumineux qui met en relief la saveur du piment, glissé entre les fentes cachés de la chaire demoiselle.

Jedediah savoure avec délice, et oublie un instant Tobias venue gâcher, à grand coup de hachoir, un moment si agréable.

Car Tobias se trompe profondément lorsqu’il juge Jedediah qui, jamais, ne fait réchauffer ses repas. La nourriture pour lui a pris un tour si sacré que plusieurs années de relations étroites avec les meilleurs chefs de Savannah lui permettent désormais le privilège d’un repas frais livré chez lui aux heures de son choix. Le reste du temps, l’ancien membre de la mafia, trop expérimenté aux saveurs du palais, cuisine lui même, parfois pendant des heures, de savantes combinaisons de saveurs. Et jamais personne n’a osé troubler ces moments où, dans un silence absolu de concentration soulagée, Jedediah déguste ses mets avec un plaisir évident.

C’est pourquoi, lorsque Tobias se met à parler d’Elliot, il suspend son geste et cesse presque totalement de manger. Inconsciemment, et bien qu’ayant connaissance de cette manie, il ne peut associer un moment profondément désagréable avec la réception d’informations profondément perturbantes.

Il sait que Tobias n’a aucune idée de ce qu’il est en train d’interrompre, et que dans le meilleur des cas, il s’en fou. Le prêtre, étonnamment lui semble t-il, a toujours crée avec les plaisirs terrestres une relation non conventionnelles et très particulières : une espèce d’hypocrisie qui l’oblige à négliger des plaisirs simples comme ceux de la table au profit d’une perversion frustrée décuplée par sa fascination pour la violence et la manipulation. Un pervers, en somme, mais du type bête sauvage, très éloigné des modèles de raffinements dont Jedediah possède une intime connaissance.

Le vin est délicieux en bouche : Hermitage blanc, sec, sa légère agressivité permet à la saveur iodée des coquilles de se développer avec une force singulière. Jedediah en boit une gorgée tandis que Tobias disperse ses mots à tord et à travers, dans son langage fleurit et ses manières de phacochère. Eventuellement, Jedediah laisse couler sur lui un regard qui se veut profondément neutre, ce qu’il parvient à faire en se disant que déjà ces coups d’yeux sont de trop pour Tobias, qui semble interpréter ça comme un regain d’attention de sa part.

En vérité, Jedediah n’a pas besoins de se concentrer : toutes les fibres de son corps sont tendus dans la direction de Tobias et dans l’histoire qu’il lui raconte. Cela passe profondément inaperçu, car Jedediah se surveille avec une perfection innée. Il se sent tendu parce qu’il attend avec patience et appréhension le moment où Tobias décidera de remettre Elliot sur le tapis : ce n’est pas son genre d’aborder un sujet si sensible, en connaissance de cause cela va de soi, et de le laisser tomber.

Par contre, Jedediah connaît ses méthodes. En lui diffusant goûtes à goûtes d’autres éléments de son quotidien, profondément répréhensibles mais qu’il sait aussi profondément alléchante, le prêtre prépare ses nerfs à l’attaque finale qui lui a servit d’introduction. Briser un sujet, le remplacer par un autre tout aussi problématique, pour revenir en force sur son ticket d’or au moment critique.

Et cela ne manque pas. Peut être que vingt ans plus tôt, Jedediah aurait frappé la table avec violence en criant « ha, il y revient, l’enculé » » et lui aurait sauté dessus pour lui casser les dents. Mais des années de psychiatrie assidues l’ont assagie et il se contente de poser sa fourchette. La moitié d’une coquille Saint-Jacques est encore dans l’assiette, enfermant en elle comme un trésor la sombre lune de truffe. Lentement, il s’essuie les coins de la bouche. Lentement, il dévisage Tobias, qui mange sans délicatesse le dessert qu’il se faisait par avance un plaisir de consommer.

- Tobias… » Dit-il sans avoir l’air profondément concerné, avec la même neutralité qu’il utilise lorsqu’il a en face de lui un patient. « Tu sais pourquoi je suis ici, et toi en face de moi, depuis cinq mois. Tu le sais mais tu ne sais pas encore l’exprimer parce que tu n’es toi même pas encore capable de te l’expliquer clairement. »

Jedediah se ressert un verre, et avec une sorte de spontanéité polie, sort un verre pour Tobias, qu’il lui tend. La couleur du vin est clair et chaude à la fois, son jaune vibrant laisse voir en son travers comme la clarté d’un pétale.

- Tu as sans doute déjà dû entendre parler du syndrome de Stockholm. Ton incarcération a développé chez toi un trouble qui, sans en être une exacte définition, s’en approche étrangement. Durant ces quatre années, je suis devenue ton centre d’intérêt privilégié : tu t’es attaché à mon image et la haine qu’elle t’évoquait pour ne pas perdre ta combativité. Plutôt que la prostration ou la résignation, tu as préféré entretenir ta colère, c’est un comportement suffisamment classique pour ne pas être surprenant. » Jedediah faisait lentement balancer le vin dans son verre, le soleil couchant reflétaient dans sa lumière des éclats brusques qui couvraient Tobias par intermittence.  « Ce qui l’est nettement plus, c’est cette obsession que tu as développé à travers moi. Je suis devenue ton canalisateur absolu. Ta vengeance n’a d’autre prétexte que celui d’être ici, en face de moi. Parce que je suis devenue si intrinsèquement l’élément qui te permet de garder ta combativité, que sans moi tu ne saurais plus rien faire d’autres que t’asseoir dans un coin et te laisser mourir. » Jedediah lève les yeux vers Tobias, et alors que jusqu’ici son regard était occupé à suivre les courbes vives du vin, il se permet de plonger dans les iris orageuses de son ancien partenaire. « Pourquoi être venu à Savannah, alors que tu savais pertinemment que le terrain  serait modestement productif, la ville profondément inintéressante, alors que de très nombreuses possibilités t’ouvraient les bras ? Hum, Tobias ? Pourquoi ? » Il s’était légèrement penché en avant et se laissa aller contre le dossier de son siège avec la tranquillité de celui qui maîtrise la situation. « Parce que tu as besoins de moi, comme un type atteint du syndrome de Stockholm a besoins de son maître. Et tes atteintes n’y changeront rien, Tobias. Je suis le centre de ton monde. Anéantis moi, et tu t’anéantis du même coup. »  

Dans ses yeux brûle Elliot et le défi d’y faire encore mention.
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyDim 28 Aoû - 13:57

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Tobias s’attendait à se faire péter la gueule. Sentir la main puissante de Jedediah se poser sur l’arrière de son crane et son visage s’abattre sur la vérité dure de la table. Le geste aurait pu être précis. Comme un réflexe venu du passé d’Al, du temps où faire se rencontrer des visages et des tables étaient une activité quotidienne.

Le prêtre était sur ses gardes, il s’attendait à une réplique. Il savait qu'évoquer Elliot était un mouvement risqué, un pari sur son intégrité physique. Mais après cinq mois passé en compagnie de Jed, Tobias commençait à s’ennuyer de ses petites journées à l’espionner dans sa chambre, écouter ses conversations téléphoniques ou noter toutes ses allées et venues dans son carnet.

*18h02 : Jed sort. Téléphone avec une fille. Air heureux, porte une veste violette, bien habillé.
22h58 : Jed rentre. Air de chien battu. Chemise noire ouverte.*


Tobias venait de remplir la dernière page de son carnet. Il s'était rendu compte que Jedediah occupait la plupart des notes et en avait racheté un autre en se promettant d’y ajouter d’autres lignes que l’observation morne des journées du psy. Il sentait qu’il fallait remuer la bête. Le piquer doucement, mais de façon répétée là ou ça fait mal, jusqu’à le faire craquer. Il voulait voir Jedediah hurler, gueuler son répertoire d’insulte et retourner les meubles dans un excès de rage rarement vu chez cet animal plutôt calme.

Mais Jed resta impassible. Et au lieu du scénario attendu, il lui tendit un verre de vin. Un geste d’échange rare, le seul dont Tobias puisse se rappeler en cinq mois de colocation. Le prêtre avait pourtant tenté de faire des pas vers son hôte, en laissant des plats préparés dans la cuisine avec des petits mots.*Pour Jed*. Ce dernier n’avait jamais pris le risque d’y gouter et il avait raison, Tobias s’amusait à y mélanger la drogue qu’il trouvait, dans l’espoir dans tester leurs effets et leurs qualités sur son coloc.

Ce verre de vin était la solution la plus radicale pour interrompre l’infini discours de Tobias. Maintenant, il écoutait, attentif aux saloperies qu’il s’attendait à entendre sortir de la bouche de Jedediah.

« Je suis devenu si intrinsèquement l’élément qui te permet de garder ta combativité, que sans moi, tu ne saurais plus rien faire d’autres que t’asseoir dans un coin et te laisser mourir. »

Tobias cracha son vin.

« Tu as besoin de moi, comme un type atteint du syndrome de Stockholm a besoin de son maître. Tobias. »

Tobias toussa pour ne pas s’étouffer. Est-ce que Jedediah était vraiment en train de le psychanalyser ?

« Ca fera 50 balles la séance, c’est ça ? »

Le prêtre sentait les accusations de Jed le traverser comme des aiguilles brulantes. En un sens, il avait raison. Penser à lui lui avait permis de tenir. En prison, ce n’est pas la perspective de sortir qui donne envie de subir encore une autre journée. L’idée de retrouver l’air libre sans endroit où dormir, sans fric, avec juste un petit sac de fringues, était loin d’être motivante. Alors il lui avait fallu un ennemi à détester, à qui penser, de qui parler, quitte à accentuer les défauts de Jedediah pour s’attirer la compassion de ses camarades de cellule. Un syndrome de Stockholm en revanche, Jed allait un peu loin dans sa psychanalyse. Tobias rigolait. Il savait qu’Al ne pouvait pas être un bon psy et cette dernière phrase en avait été la preuve. Tobias n’avait jamais eu besoin de maître, il avait toujours préféré la compagnie de sa propre personne et Jed le savait. S’il était revenu à Savannah, ce n’était pas pour retrouver son centre du monde ou une autre merde de gens dépendant. Tobias était revenu parce qu’il avait estimé que faire souffrir Jedediah serait plus intéressant que de retourner seul à New York. La vengeance était un concept vide de sens. S’il s’était fait baiser, c’est juste que Jedediah avait été un meilleur joueur et Tobias ne lui enlèverait jamais ça. Mais ce n’était pas une raison pour ne pas retourner cet événement à son avantage. C’était à lui de jouer maintenant, et Jed allait devoir suivre le tempo.

« Je suis le centre de ton monde. Anéantis moi, et tu t’anéantis du même coup. »

Tobias s’était appliqué à écouter calmement le monologue de Jed, mais cette dernière phrase était de trop. Il était fatigué de voir le psy jouer au nihiliste désabusé. « Allez, que tu me tues ou pas, j’en rien à foutre de ma vie, je suis bien trop beau et talentueux de toute façon j’ai déjà tout, tu es à mes pieds. » Non.

Tobias envoya voler son verre à l’autre bout de la pièce et frappa un grand coup sur la table pour forcer Jed à plonger ses yeux dans les siens.

« Ta gueule Jedediah. Je vois bien ton petit jeu de merde et tu me fais chier à faire semblant que ta vie est parfaite. Tu ne trompes personne et surtout pas moi, je te connais trop bien. »


Il prit le couteau de Jed et le planta d’un coup sec à quelques millimètres de la paume du psy.

« Tu vois ce que tu ressens là ? Et depuis que je suis chez toi ? C’est l’excitation que tu n’as plus sentie depuis que tu t’es installé ici. Oui, j’ai eu besoin de toi pour me remettre des années de prison que tu m’as imposée, mais toi tu as besoin de moi ici pour relever un peu le niveau de vie de merde. »

Tobias prit une longue inspiration en baladant la pointe du couteau le long des veines de Jedediah.

« Alors, moi je suis là et je ne partirai pas. Tu as raison sur un point, je n’ai pas envie de te tuer ou du moins, pas encore. Ca viendra, parce que tu m’as fait est impardonnable, même pour un prêtre. Mais pour l’instant j’ai envie de te voir évoluer. En toute amitié, j’ai envie de te voir reprendre du métier. »

Il ressortit deux verres du placard et les remplit du reste de vin.

« Dans la Bible, il est dit que renier sa propre nature est impossible. Tu seras amené un moment ou à un autre à redevenir mafieux, parce que c’est dans tes veines et parce que tu es bon pour ça.  Ça te retombera dessus un jour et tu dois t'y préparer... Et si j’accélérai le processus en disant à toute la ville que tu profites de ton cabinet de psy pour faire du trafic d’enfant ? Ou en signant un meurtre avec ton ADN ? Oh non, pauvre petit Jed, ça serait vraiment trop triste de te voir en prison pour rien. Ou alors, tu t’y remets, tu sors les contacts, on utilise tes putes pour faire échanger notre marchandise et tu m’aides à reconstruire ce que j’ai perdu. »

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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptySam 3 Sep - 19:49



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Jedediah s’est implicitement promis de ne jamais réagir devant Tobias comme celui-ci s’y attend. Il se connaissent, mieux que ce qu’ils avouent : « Tobias Levi, nous avons travaillé ensembles », avait-il déclaré durant l’audience. « Il m’aidait à faire passer des tonnes de cocaïne de l’autre côté du mur. L’autel, chez lui, n’était pas dédié à Dieu mais à la sainte Trinité du rail. On coupait la drogue dans la crypte, entre Marie Jésus et Joseph. »  Ils avaient passé beaucoup de temps ensembles, tous les deux, dans l’ombre des arcades humides de l’église, à équilibrer de savant mélanges de poudres blanches, entre deux caisse de flingues revendus au marché noir.

Ils en avaient réglé, des comptes. Et de l’extérieur, personne n’aurait été capable de deviner l’animosité méfiante qui les animait l’un envers l’autre ; Jedediah considérait Tobias comme un partenaire de travail excellent. Inepte aux relations sociales, cependant. Il regardait avec un œil prudent les maladresses relationnelles et la perversion latente du prêtre, et s’en protégeait en attendant patiemment le moment où son acolyte s’engoncerait si profondément dans la merde qu’il n’aurait plus d’autres choix que de s’en désolidariser pour le jeter aux lions.

Jedediah avait fait un mauvais calcul, et il avait plongé en premier. Il s’en était sortit in-extremis, et Tobias s’était fait dévorer, comme prévu.

Jedediah le fixait du coin de l’œil. Il jubilait : le visage de Tobias se décomposait subtilement, traversé d’éclats de rage condensés dans l’étreinte de colère glacée qui semblait conventionnel chez le prêtre. Jedediah l’avait souvent vu animé des mêmes accès d’infatigable fureur. Il passait du calme sordide à l’euphorie incontrôlée suffisamment vite pour que Jedediah trouve ses métamorphoses fascinantes. Tobias était en vérité un formidable sujet d’étude.

Il l’avait toujours soupçonné d’être profondément instable. Engoncé dans un milieux trivial où les personnalités les plus sordides faisaient la loi, le prêtre avait réussis à passer relativement inaperçu : type solitaire, asociale sur les bords, d’une maladresse physique qui lui avait sans doute valu quelques rappels à l’ordre. Ici, à Savannah, entouré de personnes relativement saines en comparaison de ce qu’il avait pu côtoyer par le passé, l’atypisme de Tobias ressortait d’autant plus violement qu’elle apportait avec lui toutes les excitations d’une vie passée.

Chacun de ses gestes semblait déplacés. Chacune de ses expressions cacher un froid nocturne glacial, rempli de fantasmes dégénérés. Jedediah prenait l’air dégoûté face à la personnalité de son Némésis, lorsqu’en vérité il sentait au fond de lui le désir profond de laisser, lui aussi, éclater ces attitudes que Tobias ne cachait pas, et qu’il sentait terriblement proche de sa véritable nature.

Il voyait vivre Tobias depuis cinq mois. Cinq mois de cohabitations intimes, pendant lesquels il avait eu le temps de le voir dans toutes les phases de ses journées – même sous la douche, c’était dire. – et il employait son temps, secrètement, à l’insu de Tobias qui pensait faire preuve d’une grande intelligence en lui préparant des plats que Jedediah savait empoisonné, à faire du prêtre une analyse minutieuse.

Il savait qu’il avait raison. Il le voyait sur chaque rougeur tendue de la peau de Tobias, dans chacun de ses tressaillements. L’étouffement spontané, bien sur, était le graal de la traduction de ses réactions internes.

Lorsque le verre en cristal traversa la pièce pour se fracasser contre le mur, Jedediah se baisse subrepticement pour l’éviter dans un vieux réflexe d’habitude, et il ne pu contrôler un rictus d’intense satisfaction : sourire glacial figé sur les lèvres au travers des bris de verre.

Jedediah jubile, comme il n’a pas jubilé depuis, il lui semble, des années.

- Ta gueule Jedediah. » Il l’embrasserait, tant sa colère est un délice.

Bien sur que Jedediah sait être aller trop loin. Et il jouis pleinement de voir qu’il sait désormais exactement à  quel degrés Tobias implose. Il le tient. Pour l’instant, il le tient.

Le couteau se plante dans la table avec un bruit mat et sec. Jedediah n’a pas esquissé un geste. La proximité du couteau éveil chez lui un plaisir inconnu, à la limite de l’angoisse nerveuse et de l’excitation latente. Jedediah se sent inapte, mais sa pomme ne bouge pas. Son regard va de la lame, brillante dans la pénombre aux yeux étincelants de Tobias dans lesquels il s’immerge. Il en perçoit la folie, il en perçoit la violence, il en perçoit la frustration profonde. Et la réalité explose. Tobias n’est adapté à aucun autre monde que celui des  souterrains gorgés de sang sale, de drogue, de deal à la minutes mal conçus et dangereux. Tobias ne sait plus comment entrer dans un fast food et demander normalement un repas, Tobias ne sait plus comment assumer cette vie sans rebondissements que Jedediah vit au quotidien et dont il entretient le piment en se frottant à un troupeau d’âmes brisées.

Tobias doit chier dans son froc, se dit-il. Tobias doit se sentir comme ce pauvre gamin abandonné sur le bord de la route qui ne sait plus s’il doit aller à gauche ou à droite. Tobias s’accroche à lui parce qu’il a besoins de quelqu’un pour le guider.

Il le fixe dans les yeux, et il sourit.

- Vraiment, Tobias ? C’est moi, qui ai besoins de toi pour relever le niveau de ma vie de merde ? » Il sent la caresse du couteau contre sa peau. Il se demande si Tobias est assez en colère pour le lui planter brutalement dans la main. Il se demande aussi quelle sensation cela provoquerait, et il sent une goutte glacée glisser le long de sa nuque, jusqu’au creux de ses reins. Mais la sensation cesse lorsque Tobias interrompt son geste. Jedediah est fasciné par cette capacité qu’il a de passer de la colère sourde au calme apparent le plus total. Un genre de bipolarité subtile, un peu évolué, moins contraignante. Il l’envie un peu, lui qui ne vit qu’avec une douleur pleine de rage quotidienne. Il envie son égoïsme.

Le prêtre se sert dans l’armoire, comme s’il était chez lui, avec cette facilité d’intégration qu’il ne semble avoir développé qu’entre les quatre murs de son appartement. Jedediah le sent, Tobias n’est adapté qu’au centre d’un univers que Jedediah a crée de toutes pièces, parce qu’il est empreint d’un passé communs, de réflexes communs, de règles et de codes qui sont les seules que Tobias maîtrise. Jedediah se demande à quel point le prêtre est effrayé, au quotidien, de voir que ses réactions sont déplacées.

Il lui semble avoir en face d’un lui un aveugle qui vient de recouvrer la vue, et qui ouvre lentement les yeux face à un soleil éblouissants.

- Tu veux absolument que j’y retourne. Pourquoi ? » Interroge t-il d’un ton qu’il veut calme et mesuré. Mais il ne peut totalement en cacher les tremblements d’excitation interne qu’il ressent comme un fil tendu. « Tu peux y aller tout seul. » Il croise à nouveau le regard de Tobias. « Ou peut être que non ? Ha. Oui. » Lâche t-il. « Peut être as-tu besoins de moi parce que tu flippes. Ca te ressemblerait bien. Une petite branque, tu as toujours été une petite branque. Incapable de mettre le nez en dehors de ta nef sans te pisser dessus. Je m’en souviens, maintenant. Tu n’as jamais su gérer un conflit, jamais su traiter seul. » Jedediah a prit le couteau et joue avec, en considère la facture. Ce sont de très beaux couteaux. Lames en argent et manche en ivoire. « Je me demande, Tobias… Qu’est ce que ça fait d’atterrir dans un monde ennuyeux et morne comme le mien, après avoir passé quatre ans en prison ? Est ce que tu arrives à t’intégrer un peu ? Est ce que tu te sens capable d’avoir des réactions adaptées à ton environnement ? » Le couteau d’écrit un arc de cercle. « Ou bien te sens tu profondément troublé par ton incapacité à réagir correctement face à des types qui ne te valent pas au quart ? » Il ne rit pas, mais ses yeux sont pleins d’une satisfaction détestable. « Ce doit être complexant de se sentir inadapté à un monde rigoureusement méprisable. »
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyDim 4 Sep - 3:31

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Tobias s’empare du couteau, se déplace derrière la chaise de Jed et appuie la lame contre son cou. « Et ça, tu l’as psychanalysé ? » D’un coup sec, dans mouvement qu'il a longtemps répété, il tranche la gorge de Jedediah. Le sang coule rapidement, inondant la table. C’est bientôt toute la pièce qui se couvre de rouge. Le sang imprègne l'espace d'une odeur de fer. La porte est fermée, Tobias ne peut pas fuir. Le sang coule toujours, intarissable. Dans un ultime effort, le psy se met à rire. Glaçant. « Ta gueule » , lui hurle Tobias. Le sang atteint le plafond. Le prêtre prend sa respiration. Une minute. Deux minutes. L’air commence à manquer. Trois minutes. Tout devient noir. Quatre minutes. C’est la fin.

…absolument que j’y retourne. Pourquoi ? »

*Hein ?* Tobias avait déconnecté. Dix, peut-être vingt secondes, assez pour imaginer la mort de Jedediah une bonne douzaine de fois. La dernière ne s’était pas bien passé, mais il aurait préféré rester dans ses pensées, tant le ton moralisateur du psy lui vrillait les nerfs.

Tobias ne se souvenait plus vraiment comment la conversation avait commencé. Il était entré dans la pièce avec la vague idée  d’emmerder Jed. Il voulait le voir s’énerver et péter sa précieuse vaisselle. Le plan ne s’était pas déroulé comme prévu. La vaisselle avait effectivement subi les conséquences d’un excès de rage, mais pas ceux de la personne prévue. C’était lui qui était en train de s’énerver, répondant d’un ton énervé aux attaques du psy, franchissant à chaque seconde une nouvelle strate de l’inutilité. Il aurait dû le savoir. Ca finit toujours comme ça. Ils auraient dû sortir leurs flingues tout de suite. Un bon duel, à l’ancienne. Pan. Le gagnant récupère l’appart, le fric, les contacts. L’autre n'est plus là pour se plaindre.

Jedediah récupère le couteau, joue avec, sans attaquer. Pas de risque pour Tobias. De son point de vue, il estime que les petits bras frêles du psy ont peu de chance de lui porter une attaque vive et mortelle. Il peut rester à porté, à prier pour que la lame dérape et vienne se ficher au creux de la jugulaire d'Al. Tobias pourrait faire jouer le destin en cette faveur. Un petit cou de coude et la partie est finie. Il y gagnerait aussi un aller simple en taule. Pour la police, ce serait une énigme simple. Un salon, un couteau, un médecin décédé et un repris de justice. Pas besoin d’être un dieu du Cluedo pour deviner qui a pu tuer Jedediah.

Voir son coloc jubiler comme jamais n’arrangeait rien à la situation. Il avait l’impression qu’il était derrière lui, à lui chuchoter dans l’oreille « alors, t’es énervé ? a ta place je ragerai vraiment, ça ne doit pas être facile ». Il fallait respirer, prendre le temps, calmer le jeu. *Okay, tranquille* pensa Tobias en soufflant.

Jedediah n’avait pas cessé de le psychanalyser. Il était en train de travailler, regardant Tobias comme un drôle d’objet d’étude aux émotions contradictoires.

« Est ce que tu te sens capable d’avoir des réactions adaptées à ton environnement ? »

Tobias n’avait pas souvent l’occasion de prendre du recul sur lui même. Il préférait consacrer ses moments de libre à remplir les pages de son carnet ou à imaginer de nouvelles planques. Il n’avait jamais envisagé qu’il pourrait ne pas être adapté à son environnement. Il avait l’impression d’être quelqu’un de profondément logique. Quand on lui rendait service, il rendait à la même hauteur. Si on lui pétait les couilles, il faisait en sorte que le petit désagrément ne se reproduise plus jamais. A chaque situation sa réaction, mesurée, pensée, logique. Cette façon de penser l’avait porté jusqu’à ses 35 ans sans trop de cicatrices. Cette façon d’être lui avait permis de bien s’adapter en prison, tirant seulement quatre ans au lieu de l’éternité qu’on lui promettait. Il y avait été droit, froid, respectant toutes les règles, mettant de côté son appétit pour le business. Bien sûr, Jed n’était pas la première personne à remettre en cause la santé mentale de Tobias, mais le prêtre avait pris l’habitude de ne pas écouter ses bilans psychologiques. Il préférait regarder Jedediah sans comprendre. Pour lui, ses réactions étaient tout à fait adaptées, il était stable, les deux pieds bien ancrés au sol. Rien à redire.  

« T’es mignon Al mais j’ai pas besoin que tu t’inquiètes pour moi »
, répondit Tobias avec un air de mépris légèrement surjoué.

Il remplit les deux verres de vin et les bu sans en proposer.

« Désolé, j’ai pas écouté tout ce que tu disais, ton discours de vieil intellectuel me fatigue. Mais il me semble que tu touches un point intéressant en parlant du le monde ennuyeux et morne dans lequel tu vis »
, continua Tobias en jetant un coup d’œil à la pièce. Il avait toujours Elliot en poche, mais Jed ne semblait pas décidé à réagir. Il se contenait trop bien. Il avait eu tout le temps pour ça. Tobias n’avait pas de plan B. En fait, il n’avait pas de plan du tout et il refusait de se faire bouffer par les paroles d’Al. Il fallait réagir. C’était peut-être le moment pour jouer franc jeu, pour une fois, ça ferait de mal à personne.

La situation était simple. Tobias avait envie de voir Jed se pendre dans sa cuisine. Ce serait une belle conclusion à leur histoire et il pourrait gagner de l’argent en transformant la maison du psy en musée des horreurs. Pour 10 dollars, découvrez l’antre du monstre, là où le médecin psychopathe s’est suicidé. Mais plus que ça, il avait désespérément envie de le voir reprendre du service. Il serait efficace, sans pitié. Laisser une telle opportunité de se faire des thunes le rendait fou. Il voulait l’appâter, le forcer à voler, manipuler. Comme avant.

« Tu sais, arrête de te fatiguer à m’analyser, je vais te dire quel est mon problème. Je suis nostalgique », dit Tobias en croisant ses mains sur la table. « T’es en train de gâcher ta vie en faisant semblant d’aider celles des autres. Tu crois pas qu’à la place, tu pourrais tout leur prendre ? Avec moi ? »
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyJeu 8 Sep - 16:59



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Jedediah voit le couteau, au travers des yeux de Tobias, le sang qui gicle, la lame qui s’agrippe à l’os, il voit sa mort. Coupure nette, brève, colère intense et stupéfiante de Tobias qui sert les dent sous ses lèvres serrés et blêmes.  Jedediah poursuit, avec la certitude que le prêtre n’écoute pas la moitié de ce qu’il est en train de lui dire, avec cette certitude qu’il s’échappe dans ses rêves de vengeance, que son imagination néfaste trame une illusion capable de calmer ses nerfs mis à rude épreuve. Jedediah parcourt comme un funambule la corde tendue qui définie les limites de Tobias, et il jubile.

Il jubile de se sentir Alijah. Les sensations du passé lui reviennent en flots successifs. Il se remémore les séances de longues discussions, un type attaché sur une chaise, Jedediah dans un fauteuil. Autours de lui, des membres de son groupe gravitent, et agissent sur la psyché du patient comme une menace subtile. Alijah sourit et pose des questions, sa voix est lente, il n’est pas pressé. Les interrogatoires de ce type durent généralement entre quinze et quarante cinq minutes. Au bout de dix, le patient se contracte sous les questions. Au bout de trente, il chiale. A quarante cinq, il confesse à en vomir.

C’était son boulot, de faire cracher le morceau sans douleur. Au patient, on lui cassait la gueule après, si on ne l’enterrait pas vivant. Et les informations s’égrenaient durant ces longues séances de tortures psychologiques. Jedediah était le seul dans sa partie. Il avait étudié dans le but ultime de manipuler les autres au plus profond de leur inconscient. Dans le but ultime de les décrypter au plus profond de leur intimité. Dans le but ultime de mettre à jour publiquement leurs faiblesses inconscientes, et s’en faire un levier avec lequel, systématiquement, il pourrait écraser amis et ennemis.

Après avoir poussé son troisième patient au suicide, Jedediah avait été surnommé le Diable et sa place dans la mafia avait été assurée.

Il ressent face à la décomposition de Tobias, ses efforts évidents pour échapper à des propos qui le crispent, la frustration d’avoir débuté dominant et de s’être trouvé dominé en quelques minutes, toutes ces sensations à la fois anciennes et fraîches, lui donnent un coup de fouet et une profonde satisfaction. Il a l’impression ténue d’exploiter utilement son don en retournant sa propre haine contre Tobias. Il a l’impression d’utiliser ses compétences d’une manière qui lui est naturelle.

Et à la fois, comme jadis, il ressent au travers du plaisir de son empire un léger dégoût, comme une petite nappe de vase subtilement glissée sur les coins de son plaisir. Il se sent dépravé et naturel, sale et sublimement dans son bon droit, et reprend conscience de la dualité systématique qui l’envahit chaque jours de sa vie avec cette lassitude profonde qui remplit ceux qui, conscient de leurs travers, ne peuvent aller au delà de la rationalisation.

- T’es mignon Al mais j’ai pas besoin que tu t’inquiètes pour moi »

Son mépris est agréablement mignon. Jedediah lui rend un sourire précis, comme s’il le remerciait d’un compliment, avec ce regard acide et un peu insultant. Il ne se demande pas si quelqu’un s’est déjà inquiété pour Tobias. Certainement, avec ses traits tirés, son air de chien battu et cette mauvaise habitude de trembler toujours un peu, il se dit que Tobias a déjà du émouvoir une pelleté de ses pénitentes.

Mais il sait aussi d’expérience que le prêtre conçoit ses relations avec les instincts d’un animal sauvage. Solitaire, méfiant, spontané, il devient sans doute une véritable plaie dès que ses deux mains se retrouvent inoccupée. Jedediah le voit au fond de ses yeux : s’imaginer vivre une routine, chaque jours de sa vie, plonge Tobias dans une angoisse atroce. En sortant de prison, il n’a pas pu assumer l’idée de se retrouver dans la peau de monsieur tout le monde, parce qu’il en mourrait très probablement. Après avoir déterminé que sa haine s’était embrasée suffisamment pour désigner Jedediah comme quelqu’un d’inepte mais qui en valait la peine, il s’était donné pour mot d’ordre d’en faire son nouvel équipier. Pourquoi ? Jedediah butait toujours un peu sur cette question, qui l’inquiétait plus que le reste. Tobias l’avait-il trouvé suffisamment malin pour se dire qu’une seconde chance valait le coup, tant que cette chance lui restait profitable ? C’était-il dit que Jedediah supportait suffisamment sa vie actuelle, l’aimait suffisamment, pour vivre comme une punition que quelqu’un ose l’en tirer pour le replonger dans une série de sales coups ?

Tobias se trompait, mais Jedediah ne se l’avouait pas encore. Il était profondément prêt à embrasser ce que Tobias semblait définir comme son destin. Mais il se couvrait d’un voile bien-pensant totalement incongru pour un type de sa trempe.


- Tu sais, arrête de te fatiguer à m’analyser, je vais te dire quel est mon problème. Je suis nostalgique » Jedediah tiqua malgré lui devant l’honnêteté du prêtre, et s’interdit de sentir de ce mot, nostalgie, aucun échos. « T’es en train de gâcher ta vie en faisant semblant d’aider celles des autres. Tu crois pas qu’à la place, tu pourrais tout leur prendre ? Avec moi ? » Acheva Tobias en lui collant un regard par en dessous.

Jedediah prit son temps pour répondre. Sa première réaction fut de considérer longuement Tobias, et de graver dans sa mémoire chaque traits de son visage. Il tenta d’y décrypter l’hypocrisie latente, une moquerie quelconque, mais même la haine semblait avoir disparût derrière le point d’interrogation sincère. Jedediah reporta son attention sur son verre, qu’il trouva vide. Comme Tobias avait quasiment terminé la bouteille, il se leva pour en ouvrir une autre. Il se fichait de laisser voir à Tobias qu’il réfléchissait. Cinq mois de tensions commençaient à lui faire assumer sa propre violence interne, et calmer sa colère en acceptant sa vraie nature lui faisait du bien.

Lorsqu’il revint s’asseoir, il savait quoi dire.

- Est ce qu’on parle d’une association équilibrée, Tobias ? Ou sommes nous toujours dans le chantage ? » Il était très rare que Jedediah pose aussi directement ses questions lorsqu’il traitait, et Tobias le savait, parce que l’honnêteté directe n’était pas une valeur sure pour préserver sa vie. « Explique moi ce qui te pousse stupidement à faire confiance à celui qui t’as mis en taule. » Lâcha Jed. C’était la balle d’essais, il voulait voir jusqu’où Tobias pouvait ouvrir la porte qu’il avait légèrement entrebâillée. « Explique moi ça et j’écoute ton deal. » Jedediah semble très calme, mais Tobias n'a aucun moyens de savoir si c'est Alijah le manipulateur qui lui parle.
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyDim 11 Sep - 1:26

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Jedediah voguait naturellement entre insulte et sarcasme. A l’aise, dans son élément, il maniait ces crispantes capacités avec une aisance digne d’être inscrite au Guinness book record of assholes. A l’autre bout de la table, Tobias s’était fait une spécialité dans l’art d’émouvoir les gens avant de les poignarder dans le dos. Lui aussi était dans sa zone de confort quand il s’agissait de tromper, d’arnaquer, puis d’appeler des spécialistes pour tuer. Il aimait séduire avant de détruire. Plus son emprise était parfaite, plus il se sentait puissant. Le prêtre se shootait à ce sentiment de domination, mais ce jeu n’avait jamais marché avec Al. Al se foutait de tout. De nombreuses fois, Tobias avait essayé de prendre le dessus en menaçant à demi-mots ses amis, ses relations. Il aurait dû essayer la famille, mais il avait toujours pris soin de ne pas s’approcher si près de la gueule du loup. On a dit taré, pas suicidaire.

Nouvelle bouteille.

Est ce qu’on parle d’une association équilibrée, Tobias ? Ou sommes nous toujours dans le chantage

Tobias trouva sa main sur bouteille. Il ne se rappela plus quand il l’avait posé mais il profita de son réflexe pour se servir un autre verre. Le vin lui raclait la gorge. Il toussa.

Le prêtre réfléchit. Non il ne répondrait pas à la question de Jedediah. Il avait tout donné, il s’était ouvert en grand, le cœur à nu face à un ancien partenaire qui n’en demandait pas tant. Jed savait maintenant que son ennemi n’était pas juste un fou dangereux. C’était un putain de nostalgique, le genre à chouiner dans son lit le soir en serrant très fort le bout de son silencieux. Il existait une faille, un abîme de tristesse qui avait macéré pendant huit ans d’isolement et s’était transformé en haine intense. Mais Tobias était disposé à se reprendre en main. Pas avec une thérapie, pas question de se faire lobotomiser par un ancien mafieux qui se prenait pour un médecin. Mais pourquoi pas en oubliant. Dieu prônait le pardon et Tobias en comprenant enfin le sens. Il fallait passer à autre chose et déléguer sa vengeance au divin qui se chargerait de régler les dettes le moment venu. Il y avait de toute façon de fortes chances pour que Jedediah et Tobias finissent dans le même coin perdu de l’enfer. Il l’espérait.

Si Tobias voulait tirer un trait sur ses rancœurs, il restait déterminé à ne pas laisser Jed le manipuler. Au fond, il aurait aimé tout dire, tout donner, laisser Al lui donner des conseils dans sa nouvelle vie. Mais il savait qu’il y avait une chance, même infime, pour qu’il soit en train de se faire enculer. Au fond de Jedediah, l’homme qui était devenu psy, il y avait Al, celui qui avait dénoncé sa famille. Le connard dans l’ombre de l’homme honnête. Pas question de se faire bouffer. Pas maintenant. Il devait tout donner pour le business, pas pour une amitié déjà brisée.

Et puis Jed se trompait. Leur relation était équilibrée, mais elle l’était dans le chantage. Ils excellaient dans ce jeu et même le psy, qui aurait pu se rouiller en huit ans, maniait ce talent avec habilité. Pas besoin d’en rajouter.

Explique-moi ce qui te pousse stupidement à faire confiance à celui qui t’as mis en taule. Explique-moi ça et j’écoute ton deal.

Le stupidement était de trop. Rien n’était stupide dans l’attitude de Tobias. Tout était calculé, prévu à l’avance. Si Jedediah regardait son carnet, il pourrait y lire « trouver un moment pour s’asseoir à la table de Jed, l’emmerder, lui faire péter un câble et le ramener dans le business, quoi qu’il m’en coûte ». Pour l’instant, le plan était à peu près suivi. Surtout, Jedediah commençait enfin à parler de deal. Oh oui, il voulait en savoir plus. Petit con. Il voulait faire croire qu’il faisait une faveur à Tobias en lui accordant deux minutes de son temps pour expliquer ses affaires. Il voulait jouer à ce jeu. Allons-y.

« Je voudrais commencer par te dire, Jed, qu’il n’y a pas une seule seconde de ma putain de vie où je t’ai fait confiance. J’ai loué tes capacités, je les ai utilisées pour faire prospérer notre business, mais j’ai toujours vu le connard qui se cachait au fond de toi. Et tu ne m’as pas déçu. » Tobias se plongeait dans les yeux de Jed.

Tobias aurait aimé tout dire. Qu’il voulait faire confiance à Jedediah, qu’il appréciait sa compagnie malgré les coups de pute. Qu’ils se ressemblaient et que cette proximité avait un goût de trop peu. Il voulait y croire, mais il n’était pas connu pour être idéaliste. Il savait qu’Al attendait un moment pour lui péter la gueule. Tobias ne relâcherait pas sa garde. Il alla s’installer sur le canapé qui longeait la table.

« Je te l’ai dit, ça me soule que tu sois là, à ne rien faire. T’es aussi utile à Savannah que le bouton lu et approuvé en bas d’une liste de conditions d’utilisation. »
Il enchaînait les verres. « Je n’ai pas confiance en toi, mais je veux être avec toi parce que tu es le meilleur outil pour reconstruire ma vie. Alors, voilà, j’vais t’expliquer à quoi tu me sers. »

Tobias aurait aimé finir en lui assenant un bon « Prépares toi à kiffer », mais lui et Jed n’étaient pas encore assez proches. Et le prêtre était peut-être un peu vieux pour ce genre de connerie. Entre les deux, l’atmosphère n’était pas romantique et ça sentait mauvais dans l’air.  

« On va commencer tranquille, je vois bien que huit ans en Géorgie t’ont rendu violent… violemment mou. A moins que je ne me trompe, enfin, à toi de me faire changer d’avis », continua Tobias avec un large sourire. « Pour l’instant, c’est moi qui gère la came. C’est ma marchandise. Toi, tu n’es qu’un arriviste dans l’affaire, alors c’est moi qui deale. »

Tobias aurait aimé lui parlé des gens qu’il visait. Beau, Elliot, Iulia, peut-être. Mais il garderait ça pour lui, pour l’instant. Il ne fallait pas tout donner maintenant.

« Bien sûr, c’est dans ton intérêt de sortir ton carnet d’adresse et de me présenter des gens qui peuvent échanger, fournir, voir consommer. Mais c’est moi qui fait entrer de nouvelles personnes dans notre affaire. » Il prit un moment de pause. On arrivait au meilleur passage. « Ton rôle, si seulement tu l’acceptes, c’est de continuer à être psy… Ça va, tu suis jusqu’à là ? T’as la meilleure couverture qu’on puisse imaginer. Personne ne viendra chercher de la drogue dans le cabinet d’un médecin qui traite les esprits les plus détruits de la ville. Alors tu seras celui qui réceptionnera les paquets et planquera la drogue. »

Tobias tendit sa main vers Jed.

« Partant ? Je pense que tu apprécies le défi. Ou alors tu n’es pas l’homme courageux que je suis venu chercher. »
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MessageSujet: Re: Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias]   Do you fantasize about killing me ? - [Jedediah . Tobias] EmptyMar 13 Sep - 16:57

Tobias était charmant. D’une manière très personnelle, il dispensait autours de lui une essence rare qui intriguait et attirait aussi sûrement que du miel attire une guêpe. Sa nature sauvage, instinctive et brutale, transportait la curiosité et convertissait souvent la peur en excitation. Parce que Tobias était à la fois bestial et civilisé, animal et profondément humain, il laissait émaner de lui, sans doute de manière très inconsciente, une effluve de timidité craintive, qu’il dépassait souvent avec une maladresse agressive. Cette maladresse incluant l’apparence d’une certaine fragilité, le prêtre arrivait tout bonnement au résultat inespéré de sembler physiquement attirant, absolument vulnérable et parfaitement inoffensif.

Jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche, ou vous regarde dans les yeux.

Naturellement Jedediah savait que Tobias évitait les contacts visuels directs. Son regard errait au hasard des pièces, se posait sur les objets, sur ses mains, mais contournait avec habilité ses interlocuteurs. Jedediah le soupçonnait de vouloir dérober aux autres une porte trop directe sur ses véritables pensées.  Car Tobias cessait de fuir bien souvent lorsqu’il franchissait un point culminant dans une conversation, et avait besoins d’appuyer son propos d’une menace directe. Affleurait alors dans ses iris la folie ténue et violente, la promesse d’une stabilité partielle, et d’une maîtrise absolue. Regarder Tobias dans les yeux, c’était comprendre à quel point son incertitude et sa vulnérabilité n’existaient que dans certaines limites consciencieusement définies, mais que sa véritable nature, celle du prédateur dominé, s’en servait savamment comme une fleure toxique attire la caresse d’une main avant de la piquer au sang.

Tobias se servait de son apparence pour aguicher, manipuler, briser. Il s’en servait comme d’une couverture douillette. Mais ses talents d’acteurs s’arrêtaient dans son regard, et dans ses formulations incontrôlés. Dans certains de ses gestes, aussi. Ses attitudes mentaient sur sa gentillesse dès qu’il devait engager une conversation directe avec quelqu’un. Jedediah concluait que Tobias avait moyennement connaissance de la perception que les autres avaient de lui, car lui même étant incapable de juger correctement les autres –il ne fonctionnait pas comme la plupart d’entre eux- il ne faisait usage de ce charme spontané sans réelle conscience. Tobias savait être capable de manipuler, mais ne comprenait sans doute pas d’où lui venait cette facilité, lorsqu’il ignorait tout du contact social classique.

Tobias n’avait rien d’un leader : c’était un survivant. Et chacun de ses gestes, chacune de ses phrases acides le rappelait à Jedediah. Et lui qui était tout l’inverse, il ne pouvait s’empêcher de trouver dans la nature de Tobias quelque chose d’irrésistible, de fascinant. La proximité du prêtre l’irritait autant qu’il le rendait euphorique, comme si, enfin, la possibilité d’un changement radicale dans des habitudes devenues ennuyeuses prenait corps dans cette présence animale qui occupait sa vie à chaque instant.

Jedediah aurait préféré mourir, plutôt que d’avouer qu’il attendait avec une impatience contrainte d’avoir cette discussion. Il savait où Tobias finirait par en venir, parce qu’il avait fini par trouver logique que celui-ci, s’il avait eu la décence de ne pas se présenter comme un ami pour lui planter un couteau dans le dos la deuxième nuit passé dans son appartement, c’est parce qu’il avait un intérêt pour lui, et pour ses compétences. Après tout, Tobias connaissait tout : la réputation de Jedediah, ses exploits, ses réussites. Il connaissait tout et était le seul à Savannah capable de rendre honneur aux véritables talents d’un psychiatre suicidé dans la routine d’une vie que tous les deux jugeaient absurde : l’un en étant capable de la subir, l’autre en la rejetant de toutes les forces de sa terreur.

- Je voudrais te dire, Jed, qu’il n’y a pas une seule seconde de ma putain de vie où je t’ai fais confiance. J’ai loué tes capacités, je les ai utilisées pour faire prospérer notre business, mais j’ai toujours vu le connard qui se cachait au fond de toi. Et tu ne m’as pas déçu. »

Et Tobias le fixe, dans les yeux, frontalement, avec cette certitude de ne rien livrer mais Jedediah perçoit un tremblement infime qui lui fait douter que ses paroles sont transparentes et livrent toute sa pensée. Jedediah s’empêche de sourire, parce qu’il reçoit presque la vindicte comme un compliment. Un compliment au goût amer, mais un compliment malgré tout.

L’idée que Tobias puisse pardonner lui traversa l’esprit. Ce n’était pas une valeur qu’il pensait commune au prêtre, et surtout pas vis à vis de lui, qui l’avait fichu en taule, et lui faisait frôler la vie pathétique qui l’angoissait tant. Mais il se posa la question, sans briser leur échange de regard. Il ne trouva pas de réponse. Mais pour la première fois, il envisagea que Tobias puisse être beaucoup plus complexe dans la relation qu’il tissait avec lui, et que la vengeance ne soit qu’un outil verbal pour dissimuler quelque chose d’insaisissable.

Car quoi qu’il dise, Jedediah ne pouvait retirer à Tobias cette vérité profonde que tous les deux, dans l’opposition brutale de leurs caractères, partageaient les valeurs essentielles et profondes qui définie l’être et coordonne l’unisson de deux âmes.

- Je te l’ai déjà dis, ça me soule que tu sois là, à ne rien faire. T’es aussi utile à Savannah qu’un bouton lu et approuvé en bas d’une liste de conditions d’utilisation. » Jedediah saisit la métaphore.
- Ha … !
- Je n’ai pas confiance en toi, mais je veux être avec toi parce que tu es le meilleur outil pour reconstruire ma vie. » Jedediah su qu’il mentait : l’affirmation était absurde. Tobias avait divers moyens de recommencer à traîner ses savates dans la pègre, en quatre ans, on n’échouait pas sur tout un réseau. Mais le prêtre l’avait choisit lui. A cause de sa haine, à cause de son obsession, à cause de son respect passé et présent, sans doute, et à cause de l’estime étouffée qu’ils avaient mutuellement l’un pour l’autre. Cinq mois de proximités forcée avaient fait rejaillir chez l’un et l’autre ce besoins manifeste de compter sur leurs jugements respectifs. Ils étaient pour l’instant incapable de l’accepter, bien moins encore de mettre ce sentiment en pratique. Mais l’estime était là, nichée au coin de leurs yeux, prête à jaillir. Il fallait seulement passer un test, une étape. « Alors voilà. J’vais t’expliquer à quoi tu me sers. »

Jedediah se pencha légèrement en avant, très à l’écoute. Lentement, il posa sa main sur celle de Tobias pour l’obliger à lâcher la bouteille – le prêtre ne s’en rendit pas compte, tout comme il ne se rendait pas compte de remplir son verre machinalement dès que celui-ci était vide.- Jedediah se resservit à son tour, et croisa les bras. Il considéra la proposition de Tobias, le verre levé vers la baie vitrée, le regard plongé dans la robe auburn du pinot qui tournoyait dans les reflets du cristal.

- Je vois. » Lâcha t-il. "En somme, je suis ta bête de trait. Ta petite couverture sur qui il te sera fort pratique de rejeter les accusation si on venait à découvrir ton petit business. Je n'y gagne pas grand chose, et j'y perds beaucoup." Le plan de Tobias était idéal : peu de prises de risques, une adresse et un nom à balancer si les choses tournaient mal, et une vengeance à la hauteur exacte de ce que Jedediah lui avait infligé. c'était habile, et Jedediah en apprécia l'habilitée. Et il se demandait jusqu'à quel point, s'il acceptait le marché -il allait l'accepter, il le savait déjà - il serait capable de retourner l'intelligence de Tobias contre lui. Jusqu'à quel point leur guerre de manipulation pourrait se contrebalancer, surprendre, être imprévisible. Jedediah sentit l'envie puissante de tenter le jeu. Il voulait accepter d'entrer dans la partie, malgré les risques, malgré le handicap. Il n'avait pas peur. Il se sentait comme Alijah Feliciano.


Pendant un instant, ce fût tout. Il considéra, avec le même réflexe, la probabilité de se tromper sur le compte de Tobias. De la même manière que celui-ci craignait de voir l’apparente honnêteté du psy se transformer brutalement en grosse enculade, Jedediah se méfiait de ce charme puissant que Tobias affectait. Il savait y être réceptif, il savait être capable de se faire avoir par la vulnérabilité sincère du prêtre. Il fit défiler dans sa tête tout ce que son ancien compagnon d’arme serait capable de mettre en place pour lui nuire au travers de cette alliance. Bien entendu, Eliott était toujours dans un coin de sa tête, et si Tobias n’avait su tirer de lui aucune réaction valable, Jedediah n’était pas stupide au point d’oublier l’affront direct et la menace à peine dissimulé que celui-ci lui avait asséné comme une gifle. Il lui serait facile de mêler la jeune fille à ça. Tout comme il le serait facile d’y mêler beaucoup d’autres personnes.

Il se permit un sourire, abaissa son verre et dévisagea Tobias. Il penchait négligemment la tête, dans ces moments là. Les petits défis oraux de Tobias n’avaient sur lui aucun effet. Il bu lentement et posa son verre. Devant lui, la main de Tobias attendait, grande ouverte. Fraternelle et traitresse tout à la fois. Et parce que Jedediah ressentait profondément en lui l’envie de laisser parler sa nature, parce qu’il voulait toucher à nouveau à la saveur excitante d’un métier qu’il connaissait à la perfection, parce que Tobias le tenait par son chantage obscure, mais surtout par son charmes incroyable, Jedediah serra sa main, et le contacte électrisant qui lui parcourut les veines fût délectable. Le regard plongé dans celui de Tobias, serment mué de leur haine et de leur amour commun, il lui sourit en murmurant :

- Je suis toujours le même. »

Et, visible au fond de ses iris, son âme mise à nue était indescriptible.

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