À la rentrée, Riley aura la classe des tous petits, les premières années, ceux qui quittent sans doute pour la premières fois leurs parents. Elle sait d’avance que les pleurs de ses enfants âgés de trois ans vont lui briser son petit cœur, car s’il y a bien une chose qui rend Riley totalement faible, en dehors d’Ace, c’est bien les enfants, eux et leur petite bouille de bébé, les joues encore toutes rondes et rosées, leurs grands yeux pleins de malice et un tignasse sans doute plus claire qu’ils ne l’auront jamais en grandissant. Elle les aime tous les enfants, même les plus énervants, même avec leurs yeux larmoyants, leur capacité à pleurer pour un rien, celle à taper des crises pour un jouet. Un enfant, c’est un défi au quotidien, leurs apprendre, les former pour ce qui les attend plus tard et puis il y a rien de plus merveilleux que le regard d’un enfant qui vient de découvrir quelque chose pour la première fois. Riley est totalement attendrie devant eux, pourtant elle ne se laisse écraser par les plus têtues et réfractaires à l’apprentissage, justement, elle les préfère sans doute aux autres car elle doit user de stratagème pour les faire aimer et avec des tous petits, elle sait qu’elle sera responsable d’eux et sans doute de leur intérêt ou non pour l’école. Mais aujourd’hui, c’est quelque chose d’autre qui l’attend, un adulte qu’elle reçoit, pire un papa totalement angoisse à l’idée de savoir que sa fille quitte la maternelle pour la primaire et comme ce papa en question est un ami, Riley a décidé de le former, de le préparer à cette épreuve terrible et tant redouté par les parents que celle de la rentrée des classes. Entre le matériel à acheter, l’angoisse de laisser son enfant à un inconnu et peut-être incompétent car malheureusement il y en existe des enseignants incompétents et aussi redoutés. Les profs sont humains, parfois on a tendance à l’oublier, mais il faut faire avec leurs qualités et leurs défauts, parfois c’est épuisant et les parents ne se rendent pas compte que ce n’était pas volontairement contre leur fils si on l’a jugé un peu trop durement. Alors, elle se dit que c’est un bon entrainement pour elle aussi de s’occuper de la rentrée avec Keiran, car à l’école, on ne vous apprend pas à gérer les parents angoissés ou en en colère, les parents qui ont décidé de vous poser milles et une questions comme un inspecteur des travaux finis.  Aider Keiran, c’est aider sa fille à avoir une bonne année et aussi aider Riley à faire face aux parents, car si elle fond pour les enfants, les parents sont sa plus grosse source d’angoisse.

Elle avait donc invité Keiran à venir à l’appartement, elle avait fait un gâteau pour l’occasion, sortie ses jolies feuilles A3 et ses plus beaux feutres pour créer une sorte d’affiche. Il faut de l’organisation, et ça Riley en a revendre, elle avait aussi ses feuilles cartonnées qu’elle affichait partout dans l’appartement en période de révision qui vont lui servir à faire des listes de choses à acheter ou à faire, à prévoir. Elle avait étalé le tout sur table avec ses ciseaux, piquant celle pour droitier d’Ace, car Kieran ne parviendra jamais à découper avec ses ciseaux pour gaucher customiser avec de la fourrure synthétique, ça fait moins mal aux doigts avait-elle affirmé à Ace quand il avait vu le massacre. Après tout, elle a bien le droit d’avoir une passion pour les objets fantaisies non ? Lui, il aime les oiseaux, c’est vrai, c’est lui qui l’avait appelé mainate quand elle a fait les courses sur son dos. Elle y connait pas grand-chose elle en piaf, mais elle avait fait le rapprochement. Enfin, tout était prêt pour accueillir son ami-papa, elle était prête, sa paire de lunette sur le nez et le tee-shirt de l’équipe de basket préféré d’Ace sur le dos, elle avait dû mettre un bandeau pour cacher sa poitrine tellement les manches lui vont grandes, et un short en dessous, histoire de… Il fait trop chaud pour s’habiller correctement et même si elle n’a aucune inquiétude à avoir avec Keiran, elle s’imagine quand même la tête d’Ace si jamais il rentre du taff et qu’il voit Riley les fesses à moitié à l’air. Et puis il est l’heure, elle entend qu’on sonne à la porte et avec ses super-chaussons tête de panda, elle se précipite pour aller ouvrir, un énorme sourire sur le visage. « Hey ! Ça va ? Dis-moi que tu as apporté ce que je t’ai demandé ! » Une boule d’énergie Riley, et le matériel qu’elle avait demandé sont des paillettes, un cahier et quelques photos de sa fille qu’il affectionne particulièrement.

Riley c’est l’organisation sans faille, la femme aux post-it et aux listes bien organisé. À l’école, elle était cette gamine qui recopie ses cours sur une fiche cartonnée, toujours celle pour écrire d’une jolie écriture régulière et en italique, cette élève un peu frustrante qui réussit ses cartes de géographie du premier coup, l’élève au cours toujours impeccable. Riley est méticuleuse, elle n’aime pas laisser les choses au hasard, elle a un besoin de contrôle quasi permanent, c’est un peu moins vrai maintenant, depuis qu’elle est ici, à Savannah en compagnie d’Ace. Enfaite, Riley on lui a appris à cause de ses troubles du sommeil à limiter le stress dans sa vie, alors c’est devenu une maniaque de l’organisation, comme si elle remplaçait un trouble par un autre. Il a du bon son envie de contrôle quand elle reçoit Kieran, ce papa-ami inquiet, pour préparer la rentrée des classes. Elle, son entrain habituel, elle le salut sourire au bord des lèvres et il en fait de même. Riley pousse un peu plus la porte pour l’inviter à rentrer dans sa demeure. Elle répond d’un hochement de tête à sa question, oui, elle va bien. Riley le laisse s’avancer dans l’appartement, il n’est pas très extravagant mais elle s’y sent bien. En parlant d’extravagance… ses chaussons attirent le regard et comme à son habitude, elle agite ses petits pieds pour faire hocher les têtes de panda. « Tu trouves ? J’en ai aussi des verts en formes de pattes de dinosaure, ils sont géniaux ! » Sa qualité à être organisé ne l’empêche à ses touches extravagantes, disons que Riley a un faible pour les choses qui se voient, qui brillent et qui dénotent du quotidien, ses chaussons en font partie. Ace l’embête souvent à cause de ça, mais elle est persuadée que dans le fond, il les adore ses chaussons fantaisies.

Le voilà qui la remercie de l’aider, il espère ne pas la déranger. Riley, ce n’est pas une fille qui se force quand elle n’a pas envie. Elle aide par bonté, par envie de faire plaisir et d’aider ses proches. Elle sait aussi, mieux que personne, que la rentrée est une source d’inquiétude pour les enfants aussi bien que pour les parents. « Non, vraiment ça me fait plaisir. Vas-y assied-toi je t’en prie. » Elle désigne une chaise de l’index et prend place pour celle juste à côté. Riley en profite pour regarder le butin que Kieran lui a apporté. « Si je t’ai demandé un cahier, en plus de ceux demandaient par la maîtresse, c’est pour faire un cahier de suivi. Dans ce cahier, tu ou elle notera par la suite, ce qu’elle a à faire, ce qui a été fait ou ce qui n’est plus à faire. Ce n’est pas vraiment un agenda. Tu notes les choses importantes à retenir, des numéros de téléphones, des adresses. Je pense que ça peut être utile, surtout si la maman joue le jeu. C’est plus pratique de condenser toutes les infos au même endroit. » Elle s’amuse avec le pot de paillette. « Ça, c’est parce que les petites filles aiment les paillettes. » Enfin, même les grandes filles, du moins les femmes adultes, Riley aime toujours autant les paillettes que lorsqu’elle avait six ans. Riley attrape un cahier, c’est un des siens et elle le tend à Kieran. « Tu vois, tu peux en faire un pour toi aussi. Centraliser les infos importantes, un vrai petit bazar organisé. Ça t’aide à visualiser ce qu’il y a à faire. » Ensuite, elle s’empare des fiche A3 qu’elle pose devant elle. « C’est important d’établir une routine aussi. C’est rassurant pour l’enfant. J’ai déjà dessiné des cases pour faire des dessins dans lesquels on pourra faire des dessins de ce que  vous faites le matin et dans quel ordre. Le CP, c’est assez perturbant pour l’enfant, ils perdent beaucoup en loisir même si on essaye au mieux de les préparer. Il faut construire de nouveau repère. Si tu ne sais pas dessiner, tu peux trouver des petites vignettes à imprimer. » Riley s’interrompt, le temps de laisser les informations nouvelles d’être assimilées, si pour elle c’est évident ça ne l’est pas forcément pour tout le monde. « Tu veux boire quelque chose ? J’ai fait un gâteau aussi ! »