MICKEY CRAVEN ✧ Au loin elle distingue les étoiles de la grande tente, les mêmes qui ont fait rêver Mickey plus jeune. Elles l'appellent, la douce Vannia, et la supplie de rejoindre la folie. La blonde s'aventure au dehors, se perds dans les jeux des équilibristes, se complaît dans la course folle des chevaux du cirque. Et puis quand le fil se dresse et qu'elle le voit, elle en a le souffle coupé. Vannia qui se laisse jamais aller, assiste au numéro du funambule. Elle se dit que c'est peut-être ça, ce qui lui manque, l'impression d'être toujours entre deux univers. Le jour et la nuit. Vannia et Mickey. La poupée dépensera encore et encore pour assister au spectacle, pour s'imaginer - l'espace de quelques heures - dans la peau de ceux qu'elle croit être libérés de tout. Mickey, il perd l'équilibre quand son regard croise celui de la blonde. Coup du destin dans sa gueule de gamin. Il s'accroche à son sourire pour ne pas tomber. Elle, elle se dit qu'il beau, le tutoyeur des étoiles.

Il faut de longs jours, de longs regards, pour que les deux osent enfin s'apprivoiser. Mickey lui parle des villes, des pays qu'il a traversé, invente même des histoires pour faire naître un sourire sur les joues de la gamine. C'est le coup du destin. Dans la caravane du funambule Vannia découvre l'amour, elle trace sur la peau du brun des signes, promesses de lendemain. Et ça dure, des mois, qu'ils passent le sourire accroché sur le visage.

Mais la vie c'est cruel, ça arrache le cœur et les larmes sur le bord des yeux. Mickey, l'âme divisée entre sa famille et sa folie, sépare ses doigts de la joue froide de Vannia. Il dit qu'il ne l'aime pas, il ment comme un arracheur de dent pour ne pas se faire rejeter par ceux qui lui ont donné une place, parce ceux qui voudraient qu'il reste attaché. Mais Mickey il aime Vannia comme il aime la vie, et les larmes sur ses joues salies quand elle s'en va, blessé, ne suffisent pas à lui faire voir la vérité.