Sois cool, allez, s'teu'plait ! Pour toute réponse, le type se retourna vers Leo et lui fit un doigt. Leo décala de quelques centimètres son visage pour arrêter de le regarder à travers l'objectif et lui planter son regard le plus blasé. T'es au courant que les seules images que j'ai de toi depuis trois semaines ce sont tes mains. T'as de belles mains j'avoue, elles sont même carrément sexy mais... Ni une ni deux le gars s'est rué sur Leo et l'a prit par le col. T'AS DIS QUOI SALE PEDALE ? Un sourire en coin s'installa sur le visage de Leo. Trevor, 7 ans de prison et de multiples viols par son codétenu plus tard, était devenu assez frileux sur de pareils sujets. C'était la psy de la société de prod qui lui avait dit. Leo ne s'était jamais imaginé utiliser ça contre son acteur. Ledit Trevor, conscient de donner du pain béni au caméraman lâcha Leo et reparti de plus belle à travers la foule, Leo le suivit tout en continuant à parler. J'veux dire, c'est pas comme si tu le faisais exprès, d'être attirant, mais j'ai quand même constamment l'impression que tu me dragues. Trevor s'immobilisa une seconde mais repris sa course folle pour échapper aux caméras. Enfin, moi j'dis ça, mais c'est Remy le plus à plaindre, le type crois carrément que tu vas l'enculer de force la nuit... Trevor se retourna d'un coup sec. IL A DIT QUOI ? Putain c'était trop facile. Leo recula d'un pas pour garder un bon cadrage. Bah, apparemment tu lui fais des avances, enfin c'est lui qui me l'a dit, moi j'ai rien contre attention ! Et alors que Trevor s'apprêtait à cogner Leo il s'arrêta, respira lentement. Comme frappé par une illumination soudaine. T'es qu'un putain de mytho ! Qu'il cracha avant de s'enfuir parmi la foule. Putain merde, le con avait compris.

Il l'a suivit, le mec s'est rué dans la première porte ouverte. Les voici à zigzaguer parmi les sièges rouges et molletonné du théâtre. C'est l'agitation générale. Mais Leo n'en était pas impressioné, au contraire. Il ne perdait pas de vu sa proie. Jusqu'à ce que tout devienne surréaliste. bruit, gens, lumière qui pète, fruit qui se balade dans les airs. On se croirait dans une putain de partie de Ninja Fruits. Voilà qu'il se casse la gueule dans l'indifférence générale. MERDE, MERDE, MERDE ! Qu'il gueule comme ouf en tentant de remettre la main sur sa caméra. Mais des paires de pieds l'en empêche à chaque tentative. Putain, non il ne pouvait pas laisser sa caméra se faire piétiner, il ne pouvait pas ! NON ! Enfin le voilà qui glisse à plat ventre sur le sol jusqu'à son matériel et qui pose les mains dessus. Ouf. Il se mit à genoux pour l'observer, ça avait l'air d'aller. Et puis, dans son champ de vision, une main tendue. Leo leva ses yeux vagues pour tomber nez à nez avec une petite brune, l'air apaisant. Merci. qu'il marmonne en s'aidant de la main pour se relever. Il tenait la caméra du bout des doigts, mauvaise idée. Une tomate surgit de nulle part, tape dans la caméra, fait sursauter Leo qui la lâche dans la foulée. Bruit de verre brisé. NOAAAAAANNNN ! Qu'il gueule d'une voix si efféminée qu'il espéra que personne ne l'entendit. Manque de pot, l'agresseur et ses trois tomates contre les seins est là, à quelques mètres à se foutre ouvertement de sa gueule. NON MAIS T'ES MALADE ? C'EST QUOI TON PROBLEME ? PUTAAAAIN ! qu'il hurle soudain.

C'que tu fous ici ? T'en as franchement aucune idée. T'es dans un théâtre et franchement, c'est l'chaos. Pourtant tu t'tiens debout au milieu de tout ça, grand sourire aux lèvres. T'as l'impression que les bancs tremblent autour de toi, comme s'ils craignaient votre arrivée. La vérité c'est que t'as rencontré une bande de marginaux dans un parc et ils t'ont proposé une ligne, avec un joint et quelques gorgés d'Vodka. La meilleure des combinaisons, tu pouvais pas dire non. Alors tu t'es joins à eux et ils ont balancé cette idée, celle de gâcher l'plaisir des autres pour retrouver l'nôtre. Et t'étais complètement d'accord, parce que t'étais complètement stone. Alors vous êtes allés au super marché, vous avez acheté -ou plutôt volé- une tonne d’œufs et de tomates, espérant que votre plaisir serait aussi gros qu'le vol que vous veniez de faire. Et puis vous vous êtes infiltrez dans cette salle, vous vous êtes divisez les bombes que vous alliez lancés et vous vous êtes lancés. À la guerre comme à la guerre, tu t'es mis à lancer des œufs sur la scène. Parce que ça te marrait, parce que ça te défoulait, ça t'faisait du bien. Tu voyais bien le mécontentement dans les yeux et les hurlements des spectateurs et des acteurs, mais c'était rien comparé au bonheur qui t'parcourait le corps comme un choc électrique. Y'a un jeune garçon, tu l'vois rentré avec sa caméra sur l'épaule. Et t'as décidé d'en faire ta cible personnelle, tout simplement parce que tu voulais. Parce que c'était comme ça. Pour être heureuse, ce soir, tu voulais gâcher l'bonheur des autres. Alors t'attrapes une tomate dans ton sac et tu la balances en plein sur la caméra du garçon, qui hurle comme une fillette. Et tu peux pas t'empêcher d'rire. NON MAIS T'ES MALADE ? C'EST QUOI TON PROBLEME ? PUTAAAAIN ! C'que tu te marres. CALME TOI L'AMI, C'EST LA GUEEERRE ! Que tu hurles, en balançant une nouvelle tomate en plein son visage et en écrasant un œuf sur la tête de la jeune fille qui, apparemment, voulait l'aider à se relever. Y'a que toi qui a l'droit d'être heureuse.