Les bras croisés autour de ses jambes, nichée dans un coin de la cellule, le visage caché derrière ses longs cheveux noirs, Elliot tire la gueule. Se retrouver ici, alors qu'elle sort à peine de 2 ans de prison, ça lui fout les boules. Et ça fait remonter de vieilles angoisses. D'autant plus que, pour une fois, ce n'est pas de sa faute. Elle s'est juste retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Elle s'est retrouvée happée bien malgré elle au milieu de cette énorme bagarre et elle n'a pas eu le temps que de gesticuler dans tous les sens, au risque de cogner quelqu'un, pour défendre sa peau et se protéger un peu. Alors, se retrouver à nouveau enfermée, pour ça qui plus est, ça la rend dingue. Mais elle essaye de ne pas le laisser paraitre. Elle essaye de ne pas exploser devant tout le monde. Elle se concentre sur sa respiration. Elle compte lentement. A 1 elle inspire, à 2 elle expire. Y a que ça qui marche, quand tout son corps rentre en ébullition, quand elle menace de jouer l'acte 2 du Vésuve. Son palpitant s'accélère et tous ses sens semblent être en alerte. C'est décidé, elle refuse de rester là, à attendre qu'on veuille bien la libérer. Ou non d'ailleurs, vu son casier judiciaire, il se pourrait qu'elle fasse un petit séjour prolongé ici. Et c'est hors de question. Elle finit par se lever d'un coup et s'approche de la porte, ignorant ses deux partenaires de cellule. Elle se met à observer ce qu'il se passe autour d'elle. Et c'est vraiment un gros bordel dans le poste de police. Des gens vont et viennent dans tous les sens. A première vue, il ne serait pas difficile de se mêler à la masse et de sortir par la grande porte. Si on oublie la porte de la cellule fermée à clefs et le gardien posté quelques mètres plus loin. Elle hésite trois secondes, avant de finalement se retourner vers les deux filles. - vous avez une épingle à cheveux ? Qu'elle demande subitement, alors qu'elle ne leur a pas accordé un seul regard depuis le départ. Elle n'en dit pas plus pour l'instant, pas encore décidée sur l'idée de les mêler à son évasion ou non. Elle hésite, elle les détaille de haut en bas, ne sachant pas vraiment à qui elle a à faire. Et bêtement, tout ce qui lui vient à l'esprit, c'est qu'elles sont trop jolies pour rester enfermées ici. Comme s'il n'y avait que les gens bizarres et à la tronche de travers qui commettaient des délits et méritaient d'être enfermés. Elle le sait, en plus, que c'est pas vrai. Elle en a vu des jolis minois en prison. Mais à chaque fois, elle se fait cette réflexion. C'est con.

Assise sur le banc de la cellule, Elina grommelle dans sa barbe. Une clope ça lui ferait du bien là. Enervée, déçue également de la bêtise des gens, elle se rend compte que comme partout, elle se fait toujours avoir. Elle n’a rien fait, rien demandé et la voilà coincée dans une cellule – de nouveau. Certes, ça sera sans doute de courte durée et certes, elle n’y ai pour rien, mais tout de même. Déçue d’avoir été mêlée à une bagarre géante, déçue de ne pas avoir méritée de se retrouver derrière les barreaux, déçue et dépitée. En manque de nicotine, elle commence à gigoter, ne restant pas en place, elle se lève pour faire les cent pas dans la cellule, les bras autour de sa poitrine. Elle connaît pas les nanas qui l’accompagnent et cracherait pas pour passer un peu de temps avec elle. Après tout, les menottes ont toujours réveillé de sombres fantasmes en elle, ne serait-ce pas le moment d’en profiter ? Un léger sourire éclair son visage, fugace instant dérisoire, avant de se faire de nouveau happer par sa mauvaise humeur. Décidément elle aurait vraiment besoin d’une cigarette. « Non j’en ai pas. » Répond laconiquement la blonde. Qu’importe de toute façon, elle va vraiment essayer de forcer la serrure ? D’une cellule ? Dans un poste de police ? Elle est défoncée ou ça se passe comment ?
Elle s’installe à nouveau sur le banc de la geôle, incapable de rester assise là sans rien faire. Au final, p’tête bien que c’est une bonne idée. Qu’importe. Elle s’en fout de toute façon, ici ou ailleurs, c’est pas comme si quelqu’un l’attendait, elle pourrait crever que tout le monde s’en fouterait. Son regard océan se déplace sur les demoiselles qui l’accompagne, elle ne se gêne pas pour les regarder, de son regard sans fond, sans âme, vidé de toute humanité. Elle s’en fout de savoir ce qu’elles penseront d’elle, mais quitte à passer plusieurs heures voire journées en leur compagnie, autant qu’elle profite de la beauté de ces dernières. Elle détourne le regard, croise celui d’un agent dans le couloir, puis finalement plante ses yeux sur ses pieds. Vieilles converses délavées. Elle ôte sa petite veste en cuir, dénudant ses épaules, laissant apparaître un vaste débardeur, qui ne cache pas grand chose de son corps. Qu’importe de toute façon, c’pas comme si elle avait une volumineuse poitrine à cacher. Son mini-short ne laisse pas suffisamment de place pour son paquet de clope, qu’elle a du paumer dans la bagarre d’ailleurs. Elle n’a même plus son téléphone, ils lui ont pris avant de la jeter dans la cellule. Qu’est-ce qu’elle se fait chier subitement. « Au fait, moi c’est Elina. » Si jamais ça vous intéresse, bien qu’elle se retint fermement de leur dire. Faudrait pas non plus qu’elle fasse mauvaise impression.

Tu n’sais pas trop comment tout ça a commencé. Tout ce que tu sais, c’est que t’as pas hésité à te mêler de la bagarre et que pour le coup, tu t’es retrouvé en taule avec deux inconnues. De belles inconnues, certes, mais ça te fait gravement chier d’être coincé ici alors que t’avais un paquet de choses de prévu pour la journée. T’es allongé dans le fond de la cellule à fixer le plafond depuis le début, c’est tout ce que t’as fais. Pas même un mot n’est sortie de ta grande gueule, pas même un regard s’est posé sur tes compagnes… tu ne penses qu’aux joints que les policiers ont saisis tout à l’heure. T’es pas sortie de là toi, ça c’est certain, et comme première visite en taule, t’aurais aimé y être sous un autre contexte qu’une simple bagarre. T’aurais pu être prise pour vol, ou trafic de stupéfiants, peu importe tant que ce n’soit pas à cause de quelqu’un d’autre. La rage boue en toi comme un volcan près à exploser, le manque commence déjà à se faire sentir dans ton humeur. La seule chose qui te garde calme en ce moment, c’est les deux joints que t’as fumé juste avant que la bagarre explose. Pourtant, t’as l’impression que tu n’es pas encore assez défoncé pour ça. Tu pries fort pour qu’un miracle se produise et qu’un kid mette la main sur un paquet de fric pour te sortir de là. « Vous avez une épingle à cheveux ? » Voilà la question idiote que t’attendais depuis le début. Tu te demandais justement quand est-ce que ça allait arriver, tu commençais à perdre espoir. T’aurais aimé qu’un de tes potes soit là, question de lancer un pari sur laquelle des deux allaient avoir l’idée en premier. Là, ça l'aurait valu la peine de perdre ta journée entre les barreaux, au moins t'aurais fais un peu de fric en pariant sur la brune. Une épingle à cheveux ? Vraiment ? Les gens sont vraiment aussi idiots que ça ? Tu secoues la tête en riant ironiquement face à la situation. Non seulement y’a aucun moyen de pouvoir défoncer une porte de prison avec une épingle à cheveux, mais en plus, y’a autant d’hommes en costume qui rôdent autour que de vaches dans un champ en plein été. Tu ne prends même pas la peine de vérifier dans tes poches de pantalon, tu sais très bien que t’en as au moins une qui traine dans le fond de celles-ci. C’est avec ça que tu compactes tes joints et avec laquelle tu défonces les cadenas de vélo qui traine sur le bord de la rue. Tu ne dis rien pour autant, même si ce n’est pas l’envie qui manque. T’es pas d’humeur pour l’aider à choper des années de prison au lieu d’un simple 24 heures. « Tu peux te rassoir princesse, c’est peine perdue pour ton plan de merde. » lances-tu sans aucune gêne ni retenue, ignorant les présentations d’Elina. T’es pas ici pour longtemps, alors tu vas encore moins commencer à jouer les gentilles demoiselles et te présenter à eux comme une fille respectable. C’est pas ce que t’es, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer.

- Non j’en ai pas. Répond la première. Elliot, elle hausse les épaules, comme pour lui signifier que c'est pas grave. Puis, elle tourne la tête vers la seconde, qui tire la tronche dans son coin, visiblement pas très encline à se sociabiliser elle non plus. Mais la première reprend de plus belle, elle est plus ouverte, plus chaleureuse que l'autre. Et qu'Elliot aussi. - Au fait, moi c’est Elina. C'est joli et ça sonne bien aux oreilles d'Elliot. Mais elle n'en montre rien. Parfaitement impassible, la brune se contente de répondre, avec toujours son visage à moitié caché par sa tignasse. - Elliot. Un peu de politesse, ça fait jamais de mal. Et puis Elliot, même si elle plane un peu dans son monde, elle a jamais joué les rebelles en colère. Elle est pas de ces filles révoltées. Non, elle est calme, imperturbable, courtoise. Juste trop effacée, trop imprévisible. - Tu peux te rassoir princesse, c’est peine perdue pour ton plan de merde. Elliot, elle ne se vexe même pas. Elle se contente de poser tranquillement son regard sur l'énervée. Elle comprend pas vraiment pourquoi elle lui crache des mots comme ça au visage. Comme si elles se connaissaient, comme si elle en avait le droit. Elliot s'approche d'elle et la questionne. - ça veut dire que tu en as, ou pas ? Elle se fiche pas mal de connaitre son avis à celle-là. Elle se sent pas concernée par ses états-d'âmes. - et si toi tu veux rester là, on va pas te supplier. C'est vrai après tout, qu'est-ce que ça peut bien lui faire à Elliot ? Si elle veut pas être mêlée à tout ça, c'est son droit. Son choix. Elliot, elle respecte ça. Mais qu'elle ne vienne pas briser son envie d'évasion. C'est plus qu'une envie en fait, à ce niveau là. C'est un besoin. Elle tourne à nouveau la tête vers la dénommée Elina, s'adressant à elle, cette fois-ci. - et toi, tu restes ou tu viens ? Elle pourrait être utile, finalement. Avec un minois pareil, elle est convaincue qu'elle pourrait faire diversion. Parce qu'Elliot, avec sa tronche d'enterrement, elle ferait pas envie même à un flic qui doit garder des alcooliques et des gros cons derrière les barreaux un 4 juillet. Autant être réaliste. Elle tend sa main vers la seule qui ne s'est pas présentée, comme pour réclamer son dû. Les serrures dans ce genre-là, Elliot, elle les connait trop bien. Elle a eu tout le loisir de les observer pendant ses deux ans en prison. Mais elle se garde bien de le préciser. C'est pas le genre de détail privé qu'on balance comme ça. De toute façon, tout le monde s'en fout.