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1000 x 0 = kurt ▹ posts envoyés : 1146 ▹ points : 9 ▹ pseudo : fitotime ▹ crédits : tumblr (gif) sardaukar (vava) ▹ avatar : matt hitt ▹ signe particulier : fume des menthols
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| Sujet: dead signal (rivie) Sam 13 Oct - 19:50 | |
| En tant qu’ancien vice-président de la Korpo, plus particulièrement spécialisé dans le comité des fêtes étudiantes, c’est normal que j’me m’occupe de ça. J’ai connu plus festif comme événement, mais je suis sans doute le plus à même d’organiser la chose en gardant la tête froide. J’aime me dire que c’est parce que je suis médecin : rester calme en temps de crise, ça fait parti des obligations du métier. Le fait est que c’est pas spécialement le cas. Le truc c’est que c’est vide en moi, à ce sujet. J’ressens rien de particulier. Sans doute que je fais tâche parmi les mines défaites des colocs. Sans doute que j’devrais pas sortir des âneries le matin. Sans doute que j’devrais porter un genre de deuil. Un coloc ça compte. Et on a passé notre vie à se croiser tous les deux, à échanger deux trois mots, triper sur deux trois trucs, partagé un ou deux secrets. Il faisait partie du truc, on évoluait tous les deux dans le même environnement. On s’est parlé quasi tous les jours. Et au final, rien, nada. J’assimile peut-être pas bien. Je percute pas encore que c’est le deuxième membre dont la coloc est amputée cette année. Qu’on se sent terriblement seuls maintenant dans cet immense appartement. Ou bien c’est juste qu’on se connait pas assez lui et moi. Et pourtant j’me sens concerné. A la fac (j’ai dû y passer récupérer des papiers et passer le mot pour la veillée à son honneur) tout le monde est venu me demander si ça allait. Ouais, ça va, que je répond d’un air égal. J’ai organisé ça pour Miranda, surtout. Pour Nur, un peu. Pour la moitié de sa promo qui se souvient de lui. L’autre moitié qui veut juste participer à quelque chose de “touchant”. C’est pas tous les jours qu’un étudiant meurt dans des circonstances suspectes. De cette manière. Comme ça. On est des gens normaux. Rhoan, il l’était pas. Et tous ses silences trouvent soudain un écho. Mais en moi, silence total. Bref, c’est un genre de contre soirée. Histoire de pas se pointer -peu importe où est la veille funèbre officielle. Parce qu’on fait ça entre jeune, entre connaissance, pour la coloc. L’occasion de se revoir. On dit “en l’honneur de” mais c’est stupide. Les veillées sont faites pour les vivants, et par pour le mort. Du coup j’ai organisé ça comme un vrai goûter d’anniversaire en monochrome de blanc, parce que c’est la couleur quand un jeune claque. J’ai fais l’effort de porte une chemise. Et avant que tout le monde n’arrive, je me poste devant la porte entrouverte de sa chambre, un paquet de chips à la main. J’fais une drôle de moue et retourne au salon.
Les gens défilent, pas trop de monde, juste un peu. Y a quelques gars musicos, y a des gens de la fac, beaucoup de visage inconnus. On se rend compte, qu’au fond, on savait pas tellement de chose sur ce qu’il faisait, qui il fréquentait. On est assis dans le canapé avec Georg et un gars de notre promo qui nous dit tout un tas de truc sur Rhoan. J’pense qu’il l’a croisé trois fois en tout. On regarde le vide en acquiesçant comme si ça nous intéressait. Au final je pousse un long soupir et attrape les trois canettes vides. J’m’en reprend une, vous en voulez ? Georg secoue la tête, le gars de notre promo dit un grand oui. Peut-être bien qu’il rajoute “j’en ai besoin”. Je lève les yeux au ciel pour pas paraître impoli et acquiesce. Direction la cuisine, sur le chemin, je croise Fanny qui parle avec un mec au blouson en cuir. Quand elle me voit elle me cherche du regard. On dirait qu’elle veut littéralement s’infiltrer à l’intérieur de ma tête. Ca va ? qu’elle articule. Ouais, ça va. Que j’voudrais répéter pour la 150e fois. Je fais signe que je vais me chercher une autre bière. Elle reprend sa conversation.
J’attrape deux bières, mais sur le chemin retour du canapé, je me stoppe. Recule d’un pas pour me poster vers le couloir. J’aperçois quelqu’un, planté devant la porte de la chambre de Rhoan que j’ai fermé a clé histoire d’éviter les fouineurs. Y a encore des affaires à lui qui n’ont pas été récupérées. Je penche la tête sur le côté. Ce mec me dit un truc, vaguement. J’suis peut-être légèrement pompette parce que c’est ma quatrième bière, là. Et enfin, je percute. Le souvenir revient en flash dans ma tête. J’me souviens de cette nuit, de Rhoan qui frappait à ma porte, qui me tirait d’un réveil accusateur. Ce gars, drogué sous GHB, visiblement agressé. Ce type, le blond péroxydé. River qu’il s’appelle, voilà. Il est bloqué devant la porte de sa chambre. Je lance un coup d’oeil à Georg et au type. Puis fait demi-tour. Je marche droit sur le blond.
Hey. que je dis, ça le fait presque sursauté. Je tends la bière, initialement prévue pour le relou de service. Je m’adosse contre le mur du couloir et prend une gorge de ma propre bière. J’inspecte rapidement l’animal, et son regard cassé. On le croirait à bout de souffle, à bout de tout. Ca doit ressembler à ça, une réaction normale quand quelqu’un de proche de soit meurt. Au final, Rhoan et moi on était pas très proche. Je fais un petit sourire tristement poli. Comment ça va ? Il fixe toujours la porte. Peut-être bien que Rhoan lui gardait un truc. J’sais pas, j’ose même pas aborder le sujet. J’ai jamais su quelle était vraiment la nature de leur relation, à tous les deux. Et j’ai sans doute soigneusement évité de m’en mêler, parce que ça semblait être un truc galère. Et j’arrive pas à comprendre ce qui se passe dans la tête de ce gars. |
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fleuve ▹ posts envoyés : 2534 ▹ points : 6 ▹ pseudo : Kenny ▹ crédits : camille ♥ (avatar) ; sial (sign) + rhyssa (icn) ▹ avatar : Paul Craddock ▹ signe particulier : gueule de petit prince un peu cassé, naturellement stone
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| Sujet: Re: dead signal (rivie) Mar 4 Déc - 19:00 | |
| La porte s'ouvre et il met quelques secondes à comprendre qu'il ne s'est pas trompé d'adresse, quelques unes de plus à réaliser que c'est pour Rhoan que tous ces gens sont là. Il n'en connaît aucun. Il suit un autre nouvel arrivant à l'intérieur de l'appartement, comme s'ils étaient arrivés ensemble, comme s'il était un visiteur de plus. Il n'a même pas pensé aux colocs qui risquaient d'être là, peut-être en larmes dans les bras les uns des autres, peut-être déjà passés à autre chose, à la recherche d'un nouvel occupant pour la chambre vide. Rhoan ne lui a jamais paru particulièrement proche d'eux, mais au fond il le connaissait surtout dans le contexte de leur bulle à eux, pas tellement dans son quotidien. Il n'y a qu'Alice et Tito qu'il a croisés plusieurs fois, dans son entourage, et ils ne sont pas là aujourd'hui. Pas les mêmes cercles, sans doute, ou bien ils sont juste trop dévastés. Ici, il ne reconnaît qu'Arthur qui ne le voit pas entrer, coincé entre un bavard et un autre inconnu.
River ne cherche pas à attirer son attention ni celle de qui que ce soit. Il remarque quelques regards glisser sur lui mais aucun qui ne s'arrête. Chaque groupe doit penser qu'il fait partie de l'un des autres. Personne ne réalise qu'il est six pieds sous-terre, qu'à l'intérieur il a déjà rejoint Rhoan dans la tombe et qu'il n'est pas vraiment à sa place parmi eux. Au fond il ne sait pas trop ce qu'il fait ici. Y a des affaires à récupérer, et c'est une bonne excuse pour s'oublier dans son chagrin, c'est tout. Pour le moment c'est tout ce qu'il veut, qu'on le laisse s'y complaire, qu'on le laisse s'empêcher de ressentir la moindre chose positive. Comme un besoin de se flageller, de ressentir sa douleur encore plus fort, parce qu'il a toujours peur que ce ne soit pas assez.
Il se dirige doucement vers le couloir, l'oreille qui traîne sur les bribes de conversations qui se poursuivent tranquillement autour de lui. Certains parlent de Rhoan, d'autres de leurs cours ou d'autres choses banales qui n'ont jamais fait partie du banal de River. Il oublie souvent que ça faisait partie de celui de Rhoan. Les cours, ces gens-là. Ça dénote d'avec tout le reste. Mais il est sûrement celui qui le connaissait le mieux. Il a besoin d'y croire. Il sait sans l'ombre d'un doute qu'il est celui qui l'aimait le plus, en tout cas, mais ça ne le réconforte qu'à moitié. Il se demande qui d'autre ici ne s'en remettra jamais vraiment, il se demande qui ressent davantage qu'une tristesse superficielle. Il n'ose même pas imaginer l'état des réseaux sociaux des Stellarr505. Ils n'ont sûrement jamais été aussi populaires. Et dans quelques années ce ne sera plus qu'une anecdote, quand j'étais à la fac j'ai connu un mec qui est mort d'une balle dans la tête, des années après l'avoir reçue. Ça fait une bonne histoire, hein. Il n'est peut-être pas juste, y en a sûrement qui sont sincères et il ne peut pas demander à tout le monde d'avoir mal à en crever parce qu'un type qu'ils connaissaient à peine est mort. Mais il n'arrive pas à s'empêcher de les mépriser tous un peu. Il a envie qu'ils disparaissent, maintenant. Seulement la porte reste fermée quand il se décide enfin à entrer dans la chambre.
Sans prévenir son pouls s'accélère et il garde les yeux fixés sur la poignée réfractaire en essayant de se calmer. Il ne comprend pas ce qui lui prend, c'est comme s'il avait peur tout à coup mais il est incapable de savoir de quoi. Que le chambre soit vide. Qu'elle ne le soit pas. Il ne sait pas.
« Hey, » fait quelqu'un derrière lui. Il se retourne un peu trop vivement. Il ne l'avait pas entendu venir. Il lui répond d'un signe de tête et attrape la bière qu'il lui tend, le regard qui repart se fixer sur la porte de son propre chef. « Comment ça va ? » River se force à tourner le dos à la chambre qui l'appelle et regarde Arthur, les yeux un peu trop écarquillés pour être naturel. « Ça va... Et toi ? Merci pour la bière, » il ajoute en portant la bouteille à ses lèvres. Il n'a jamais eu le réflexe de boire pour oublier ses soucis mais ça lui parait un bon moment pour commencer. Il s'en enfile la moitié un peu trop vite. « C'est toi qui as organisé ça ? » Il pointe le goulot de sa bouteille vers le salon d'où s'élèvent les voix, toujours calmes. Les gens savent se tenir dans ce genre d'occasion. River n'y connaît rien, lui. Il n'avait assisté qu'à l'enterrement de son père jusqu'à celui de Rhoan, et il n'y avait pas vraiment eu de rassemblement après. « C'est... » Mais le mot ne vient pas. Gentil. Bien. Normal. Inutile. Artificiel. Il hausse les épaules. « J'y aurais pas pensé. J'les connais même pas. » En même temps, Rhoan n'aurait pas aimé être là, mais ce serait sûrement malpoli de le faire remarquer. River imagine comment il réagirait s'il était là en fantôme et ça le fait sourire légèrement. Il se retient de pleurer juste après. Il n'a pas envie qu'Arthur le voit encore une fois dans tous ses états. |
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